L. 92.  >
À Claude II Belin,
le 12 septembre 1643

Monsieur, [a][1]

J’ai donné à M. Sorel l’épître que vous désiriez ; voilà aussi que je vous envoie les derniers vers de M. de Bourbon. [2] Pour mon plaidoyer, [3][4] je n’ai garde de vous l’envoyer. [1] Je n’y ai rien fait depuis un an, j’ai toujours eu depuis ce temps-là trop d’occupations et en ai encore. J’ai pourtant bonne espérance de l’accommoder quelque jour, et de l’achever et de le faire voir à mes amis, in quorum meliori ordine ducis familiam[2][5] Il n’y aura que la mort qui m’empêchera de ce faire ; mais pour le présent, je suis si fort embarrassé que je n’ai pas le loisir de me tourner. [3] Il me faut donner le bonnet un de ces jours et faire d’autre latin pour celui qui suit, comme c’est la coutume. Il me faut aussi présider à mon rang l’hiver qui vient, et néanmoins je n’ai pas encore commencé ma thèse ; [6] outre que nous voici en une saison qui ne nous donne pas peu d’affaires, et laquelle à peine me laisse respirer. [4] Et ainsi vel tempus mihi aufertur, aut surripitur, aut excidit[5] J’ai céans illustrium medicorum vitæ P. Castellani[7] il n’est point mauvais. [6] M. Moreau [8] n’a pas fait le sien et ne le fera jamais. Castellanus a fait d’autres petites œuvres qui toutes sont bonnes. Pour monsieur votre fils, [9] totus est mihi commendatissimus[7] et ferai en sa considération ce qui me sera possible. Le sieur de Saint-Germain [10] est en cette ville, mais je ne sais à quelles conditions ; et même je doute, combien que je n’en aie ouï parler à personne, s’il y a ici grande sûreté pour lui parce que voilà le temps qui tourne et la faveur qui change. La reine, [11] au lieu de donner le chapeau de cardinal à M. l’évêque de Beauvais, [12] son ancien serviteur, comme elle avait témoigné vouloir faire, sans qu’il lui ait jamais rien demandé en récompense des services qu’il lui a rendus depuis 25 ans, lui a envoyé un commandement de se retirer en son évêché ; ce qu’il a fait fort content et fort constamment, étant déjà bien las de la cour. [8] L’évêque de Lisieux, M. Cospéan, [13][14] a reçu pareil commandement ; [9] et tout cela se fait en vertu de la haute faveur du cardinal Mazarin, [10][15] et ainsi vous voyez que nos maux ne sont pas finis, vu que dès que nous sommes hors d’un, nous retombons dans l’autre : [16]

… Uno avulso non deficit alter
Ferreus, et simili mulctatur Gallia monstro
[11]

On imprime à Lyon Institutiones medicæ Hofmanni[12][17] Je ne suis pas encore assuré de leur bonté, mais l’auteur d’icelles est un grand personnage et le plus savant qui ait été en Allemagne depuis cent ans, si unum Thomam Erastum excepero[13][18] Je vous baise très humblement les mains, à Mlle Belin, à Messieurs vos frères, à MM. Camusat et Allen, et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.

De Paris, ce 12e de septembre 1643, die fatali infelici, Thuano, ante annum pari die, tyranni iussu, necato[14][19][20]

Vous trouverez, avec les vers de M. de Bourbon, une requête et un factum du Gazetier qui sont d’un étrange galimatias. Par ces deux pièces, vous jugerez aisément si ce Gazetier est sain d’esprit ; nebulo iste hebdomadarius indiget elleboro, aut acriori medicina, flamma et ferro[15][21]


a.

Ms BnF no 9358, fo 83 ; Triaire no xciv (pages 325‑327) ; Reveillé-Parise, no lxix (tome i, pages 108‑109).

1.

Contre Théophraste Renaudot, le 14 août 1642 (v. note [3], lettre 90). V. note [2], lettre 100, pour les vers de Bourbon. L’épître demandée par Claude ii Belin, est celle que Guy Patin avait placée en introduction du Sennertus (v. note [12], lettre 44) et où Renaudot trouva les griefs pour l’attaquer en justice.

2.

« dont vous menez la famille au meilleur rang. »

3.

On dirait sans doute aujourd’hui : « je n’ai pas même le temps de me retourner ».

4.

Dans cette période de 1643, Guy Patin, qui était censeur de la Faculté, a participé à de nombreux actes (vespérie, doctorat, pastillaire, v. note [14], lettre 54), consignés dans le tome xiii des Comment. F.M.P. :

Son tour étant aussi venu de présider une thèse quodlibétaire, Patin s’attelait à rédiger celle que le bachelier Paul Courtois allait disputer le 17 décembre 1643 : Estne totus homo a natura morbus ? [Par nature, l’homme n’est-il pas tout entier maladie ?].

5.

« ou le temps m’est concédé, ou il m’est retranché, ou il m’anéantit. »

6.

Vitæ illustrium medicorum qui toto orbe ad hæc usque tempora floruerunt, Authore Petro Castellano, in Academia Lovaniensi Græcarum Literarum Professore.

[Vies des médecins illustres qui ont fleuri par tout le monde jusqu’à présent, par Petrus Castellanus, professeur de littérature grecque en l’Université de Louvain]. {a}


  1. Anvers, Guilielmus à Tongris, 1617, in‑8o de 255 pages avec index.

Pierre du Châtel (Petrus Castellanus, Pieter van de Casteele ; Gertsberg, Flandre 1585-1632) fit ses humanités à Gand, à Mons et à Douai, puis se rendit à Orléans où il étudia la langue grecque. Étant retourné en Belgique, l’Université de Louvain lui confia une chaire de grec en 1609. Il s’appliqua aussi à la médecine et prit le bonnet de docteur en 1618 (J. in Panckoucke).

Ses autres ouvrages sont : Ludus, sive convivium saturnale [Le Jeu, ou le festin saturnal] (Louvain, 1616, in‑8o) ; Eotologion, sive de Græcorum festis syntagma [Eotologion, ou fondement des fêtes des Grecs] (Anvers 1617, in‑8o) ; Laudatio funebris Alberti pii Belgarum principis [Oraison funèbre d’Albert le pieux, prince des Belges] (Louvain, 1622, in‑4o) ; De Usu carnium libri quatuor [Quatre livres sur l’emploi des viandes] (Anvers, 1626, in‑4o).

V. note [1], lettre 22, pour le projet avorté de René Moreau sur les vies des médecins illustres.

7.

« il m’est entièrement et très hautement recommandé ».

8.

Mme de Motteville (Mémoires, page 62) a fourni des détails sur l’éloignement d’Augustin Potier (v. note [6], lettre 83), évêque de Beauvais, aumônier d’Anne d’Autriche :

« La disgrâce du duc de Beaufort {a} fut suivie de celle de l’évêque de Beauvais, qui ne put pas tenir contre un compétiteur aussi puissant que l’était le cardinal Mazarin. Le chapeau {b} qu’on avait demandé pour lui fut contremandé et il parut quitter la cour sans regret, pour aller dans son évêché de Beauvais la faire à un meilleur maître que les plus grands et les meilleurs rois du monde ne le peuvent être, où il a vécu saintement le reste de sa vie.
Ce prélat était si peu habile qu’il fut aisé à ses ennemis de lui faire perdre l’estime de la reine. Le cardinal Mazarin se servit d’une chose dite par lui trop légèrement, pour la persuader qu’il était incapable d’aucun secret. Après la prison du duc de Beaufort, cet évêque dit à M. le Prince qu’il s’étonnait qu’il eût consenti à cette détention ; M. le Prince, qui n’en était point affligé, lui répondit : “ Et vous, Monsieur, qui êtes le ministre de la reine, comment ne l’avez-vous pas empêchée ? – Je l’aurais fait, lui dit l’évêque de Beauvais et je l’aurais averti si je l’avais su. ” M. le Prince, qui trouva cette réponse indigne d’un homme employé dans les affaires d’État, s’en moqua et la conta à quelques-uns de ses familiers. […] Cette imprudence contribua beaucoup à le faire éloigner ; mais par elle-même, {c} avait aperçu qu’il n’était pas capable de lui aider à soutenir le sceptre dont la pesanteur l’incommodait. La reine n’était pas habituée au travail et les continuelles fonctions de la régence lui faisaient peur, elle désirait un homme habile et intelligent qui pût la soulager, et ne le trouvant point en la personne de l’évêque de Beauvais, elle choisit le cardinal Mazarin qui lui parut avoir toutes les qualités qui sont nécessaires à un grand ministre. »


  1. V. note [14], lettre 93.

  2. De cardinal.

  3. La reine.

9.

Philippe de Cospéan (ou Cospeau, Mons 1571-château de Loges, près de Lisieux, 8 mai 1646) avait suivi d’abord les leçons de Juste Lipse puis était venu à Paris, où il fut réduit pour vivre à se faire valet d’un régent du Collège de Navarre. La protection du duc d’Épernon lui avait valu en 1607 l’évêché d’Aire, d’où il était passé à celui de Nantes en 1622. En 1627, le cardinal de Richelieu l’avait chargé de préparer François de Montmorency à la mort. Il avait obtenu l’évêché de Lisieux en 1636 et assisté Louis xiii à son lit de mort (v. note [1], lettre 82). Il s’acquit une grande réputation comme prédicateur, et on lui fait honneur d’avoir purgé la chaire du fatras des citations profanes et de lui avoir substitué l’Écriture Sainte et les Pères (G.D.U. xixe s.).

Tallemant des Réaux a consacré une historiette à M. de Lisieux (tome i, pages 526‑527) :

« Quand on lui donna Lisieux au lieu de Nantes, quelqu’un lui dit : “ Mais vous aurez bien plus grande charge d’âmes. – Voire, répondit-il, les Normands n’ont point d’âme. ” »

Mme de Motteville (Mémoires, pages 63‑64) a commenté la disgrâce de Cospéan :

« Dans le même temps {a} ou peu après, on fit commandement à tous les évêques de s’en aller à leurs diocèses. Cet ordre fut donné afin que l’évêque de Lisieux se retirât dans le sien. Il était dévot, grand prédicateur et libre à dire la vérité. Il était le saint de la cour. Il avait toujours appelé la reine sa bonne fille et la reine avait, toute sa vie, marqué l’estimer infiniment. Le feu cardinal, {b} quoiqu’il ne l’aimât pas à cause qu’il était bon ami de la reine, ne l’avait jamais voulu chasser, et avait toujours quelque vénération pour sa vertu et pour sa barbe grise ; mais enfin, il fallut qu’il s’en allât bientôt, aussi bien que les autres. Il devina aisément que le commandement général n’était donné que pour lui et que la fortune du ministre, {c} plutôt que la piété de la reine, l’envoyait satisfaire à ses obligations. Il était intime ami des princes de Vendôme, il logeait dans leur maison, et parlait librement à la reine ; si bien que le cardinal, le craignant avec sujet, fut bien aise de s’en défaire. Il vint trouver la reine un matin pour prendre congé d’elle ; elle était à sa toilette, qui s’habillait ; et ne sachant que lui dire, dans l’embarras que la présence de ce bon homme lui causait, elle le pria fort succinctement de se souvenir d’elle dans ses bonnes prières. Pour lui, il ne lui parla point ; il lui voulut montrer sans doute, par son silence, qu’il obéissait sans estimer le commandement. J’y étais, et je le remarquai avec peine pour la reine et pour celui qu’elle chassait si doucement. La reine ensuite, étant au Val-de-Grâce, dit à la marquise de Maignelai, {d} dame de grande qualité et de grande vertu, amie de cet évêque, qu’elle avait été obligée par beaucoup de considérations de l’éloigner ; mais qu’elle lui jurait, par le Dieu qu’elle venait de recevoir (car elle sortait de la sainte communion), qu’elle en avait été très fâchée et qu’elle avait eu autant de peine à se résoudre à le perdre que s’il eût été son véritable père. »


  1. Que le renvoi de l’évêque de Beauvais.

  2. Richelieu.

  3. Mazarin.

  4. Tante du coadjuteur, futur cardinal de Retz.

10.

Sur le manuscrit, un des lecteurs de la lettre a raturé les mots « du cardinal Mazarin », mais ils sont restés lisibles ; ils n’ont pas été reproduits dans les éditions antérieures à Triaire.

11.

« … Quand un [premier ministre] a été arraché, un autre, de fer lui aussi, ne manque pas de surgir, et la France est punie d’un monstre tout pareil. » C’est un pastiche de deux vers de Virgile (Énéide, chant vi, vers 143‑144) :

… Primo avulso non deficit alter
aureus, et simili frondescit virga metallo
.

[Quand un premier rameau a été arraché, un autre, d’or lui aussi, ne manque pas de surgir, et la tige se couvre de feuilles du même métal].

12.

Caspari Hofmanni, Philosophi ac Medici præstantissimi, necnon apud Altorfinos Medicinæ Profess. publ. primarii, Institutionum medicarum libri sex, cum duplici indice copiosissimo.

[Six livres d’Institutions médicales de Casparus Hofmannus, {a} très éminent philosophe et médecin, ainsi que premier professeur public de médecine à Altdorf, avec un double index très bien fourni]. {b}


  1. Caspar Hofmann a correspondu avec Guy Patin.

  2. Lyon, Jean-Antoine i Huguetan, 1645, in‑4o.

L’Épître dédicatoire de Charles Spon à Nobilissimo ac Perillustri Viro, D. Iacobo Cousinot, Doct. Medic. Parisiensi, Profess. Regio, Christianisimi Regis Ludovici xiv. in utroque consistorio Consiliaro et Archiatron Comiti dignissimo [Me Jacques Cousinot, homme très noble et très illustre, docteur en médecine de Paris, professeur royal, très digne premier médecin et conseiller du roi très-chrétien Louis xiv en ses deux conseils] célébrait aussi les noms de Charles Bouvard, René Moreau et Guy Patin (v. note [15], lettre latine 17).

13.

« si j’en excepte un seul, Thomas Éraste. »

14.

« jour fatal et malheureux, le même où l’an dernier, [François-Auguste] de Thou a été tué, par ordre du tyran. » Le mot tyranni a été caviardé dans le manuscrit.

15.

« ce vaurien qui sévit toutes les semaines a besoin d’ellébore [v. note [30], lettre 156] ou d’une médecine plus énergique, la flamme et le fer. »

Les fanfaronnades de Guy Patin visaient un factum de Théophraste Renaudot contre la Faculté de médecine de Paris (v. note [9], lettre 96) et la Requête présentée à la reine par Théophraste Renaudot en faveur des pauvres malades de ce royaume (sans lieu, ni nom, ni date [1643], in‑fo de huit pages). Après la mort de Richelieu, la Faculté avait repris de plus belle les hostilités contre Renaudot. Le 9 janvier 1643, elle avait décidé d’adresser au roi et à son Conseil une supplique qui viserait les entreprises du Gazetier. Elle avait chargé Patin, alors censeur, et son collègue Antoine Charpentier de rédiger cette pièce que le doyen, Michel i de La Vigne, et sept docteurs étaient allés porter au chancelier le 12 juillet 1643 :

« Sire, Les doyen et docteurs en médecine de la Faculté de Paris vous remontrent très humblement qu’encore que leur profession mérite pour son importance d’être réglée avec grand soin, particulièrement en la ville de Paris, capitale du royaume, et en laquelle il y a l’Université des plus célèbres de l’Europe, néanmoins le désordre y serait plus grand dans ladite profession qu’en aucune autre ville ; plusieurs étrangers sans titre, sans degré, sans lettres et sans aveu entreprenant impunément ledit exercice sous prétexte des assemblées et consultations charitables du Bureau d’adresse, par lesquelles on abuse de la crédulité des simples au grand préjudice du public ; dont les suppliants ayant cru être obligés par devoir d’informer le prévôt de Paris, juge naturel des parties et auquel la connaissance des points de police appartient, lui auraient présenté requête sur laquelle commission leur aurait été accordée pour faire assigner M. Théophraste Renaudot, auteur de ces désordres et patron de toute la cabale ; lequel, au lieu de s’y prêter et pour faire connaître qu’il n’est aucunement méthodique, se serait pourvu au Conseil où par divers arrêts d’icelui, des 4e de juin et 9e de juillet 1641, il aurait fait retenir la connaissance du différend des parties et ordonné qu’elles contesteraient au principal pour leur être fait droit. »

Contestant la validité juridique de ces deux arrêts favorables à Renaudot, la Faculté concluait en demandant au roi de tenir le Conseil hors de ce différend et que les parties se pourvoient désormais « devant le prévôt de Paris et par appel au Parlement » (Comment. F.M.P., tome xiii, fo 179). C’était traîner Renaudot devant des juges, amis de la Faculté, qui n’auraient aucune bienveillance pour lui. Le 7 août, le Conseil avait rendu un arrêt donnant gain de cause à la Faculté et renvoyant le procès par devant le prévôt de Paris. Le 12 août, le doyen avait fait signifier cet arrêt à Renaudot. Il se sentit perdu ; comme on avait ressuscité contre lui une vieille affaire compromettante pour Anne d’Autriche, qu’il avait publiée en 1633 dans la Gazette par ordre de Richelieu (v. note [9], lettre 96), il pensa que cette accusation n’avait pas été étrangère à l’arrêt pris contre lui et il adressa sa Requête… à la régente, dont voici le début :

« Madame, La douceur par où votre régence a commencé suffirait à me donner la hardiesse de me jeter aux pieds de Votre Majesté pour implorer sa faveur, quand je n’aurais point de mon côté sa justice et ne serais point fondé en exemple ; mais la cause que je soutiens n’étant pas moins juste que favorable et en ayant usé de la sorte envers le roi défunt, qui a eu agréable que je lui dressasse mes très humbles requêtes en la même forme que le servais et son État, qui est cette-ci, je n’en espère pas moins de votre bonté et m’assure qu’elle excusera les pauvres malades pour lesquels je parle si, leurs haillons n’osant approcher de votre cabinet quand leur faiblesse le pourrait permettre, ils empruntent ma plume pour se faire entendre en cette cour sur la créance que, quelques-uns de leurs langoureux accents étant recueillis et fidèlement rapportés à Votre Majesté, ou bien elle les exaucera, ou du moins, ayant fait mes petits efforts pour la conservation de leurs droits, j’éviterai le blâme de prévaricateur en la charge de Commissaire général, dont je suis pourvu, il y a 25 ans ; reproche que je mériterais en taisant à Votre Majesté l’état de leur affaire. »

Renaudot demande à la reine de tenir l’engagement que le roi avait pris de faire bâtir un établissement pour recevoir les pauvres malades (« et toutefois ne sont pas assez misérables pour se faire porter à l’Hôtel-Dieu »), propose ses bons offices à la reine et se justifie auprès d’elle des quelques maladresses commises dans la Gazette en 1633, concluant en ces termes :

« Il est vrai, Madame, que je me sens coupable en une chose, de ce que mon style trop bas n’a su et ne saurait jamais atteindre au faîte de vos héroïques et royales actions. Mais le grand nombre de mes complices, qui sont tous les écrivains de ce siècle, rendent ma faute plus excusable : ne se trouvant point de plume qui vole si haut qu’elle puisse égaler la hautesse de vos louanges qui vont faire suer mes ouvriers et gémir mes presses : premièrement par le grand nombre de vos victoires et ensuite, par cette glorieuse paix qui fera bientôt dire de Votre Majesté dans mes feuilles, au grand contentement de tout le monde, ce que disait l’empereur Sévère, J’ai trouvé l’Empire troublé de guerres et je l’ai rendu tranquille par une paix générale. »

Insensible à cette supplique et peut-être bien contente de prendre sa revanche sur le Gazetier de 1633, la reine abandonna Renaudot à son sort en faisant donner une suite favorable à la requête de la Faculté contre lui.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 12 septembre 1643

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(Consulté le 25/04/2024)

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