L. 251.  >
À André Falconet,
le 2 décembre 1650

Monsieur, [a][1]

Permettez-moi de vous entretenir librement, comme j’ai de coutume avec vous et avec tous les honnêtes gens, vos semblables, qui me font l’honneur de m’aimer. J’ai la nuit passée, couché chez un de mes plus chers amis avec lequel je m’entretins hier au soir jusqu’à minuit des meilleures choses qui se puissent dire confidemment entre deux intimes. C’est un homme de considération qui n’est pas si fort malade qu’il est indisposé. [2] Il fait quelques remèdes par précaution. Il estime fort le secours que je lui rends en son mal, mais il prise bien encore davantage mon entretien, duquel, dit-il, il est tout consolé. Il dit à ses amis que je ne suis pas seulement son médecin guérisseur, mais aussi son philosophe et son docteur, et tout cela me fait honneur. Étant revenu au logis ce matin, j’y ai trouvé votre excellente lettre, laquelle m’a donné une nouvelle satisfaction et m’a accru la joie que j’avais eue hier que je fis mon festin à cause de mon décanat. [3] Trente-six de mes collègues firent grande chère, je ne vis jamais tant rire et tant boire pour des gens sérieux, et même de nos anciens ; c’était du meilleur vin vieux de Bourgogne [4] que j’avais destiné pour ce festin. Je les traitai dans ma chambre où, par-dessus la tapisserie, se voyaient curieusement les tableaux d’Érasme, [5] des deux Scaliger, [6][7] père et fils, de Casaubon, [8] Muret, [9] Montaigne, [10] Charron, [11] Grotius, [12] Heinsius, [13] Saumaise, [14] Fernel, [15] feu M. de Thou [16] et notre bon ami M. Naudé, [17] bibliothécaire du Mazarin, [18][19] qui n’est que sa qualité externe, car pour les internes, il les a autant qu’on les peut avoir. Il est très savant, bon, sage, déniaisé et guéri de la sottise du siècle, fidèle et constant ami depuis 33 ans. Il y avait encore trois autres portraits d’excellents hommes, de feu M. de Sales, [20] évêque de Genève, [1][21] M. l’évêque de Belley, [22] mon bon ami, Justus Lipsius [23] et enfin, de François Rabelais, [24] duquel autrefois on m’a voulu donner 20 pistoles. Que dites-vous de cet assemblage, mes invités n’étaient-ils pas en bonne compagnie ? [25] Et pour augmenter ma joie, je reçus sur la fin de notre dîner une lettre d’un autre de mes amis qui est en Hollande, qui est encore un parfait ami et qui ressemble fort en courage à M. Falconet de Lyon. Il n’a pas encore tant d’autres bonnes qualités qui vous revêtent, mais patience. Je puis dire de lui ce qui est dans Suétone [26] in Domiciano : εσται παντα καλως. [2] J’ai même un frère unique [27] bien loin d’ici, duquel je reçus dans la même heure une nouvelle consolation. [3] Que dites-vous de tant de joie ? Humanis maiora bonis creduntur[4][28] mais vous me reprocherez un si chétif entretien et pourquoi je ne vous réponds point : je parle à un de mes meilleurs amis, garrula res est amor, nequit tacere nec latere ; ignis est erumpens ut flamma[5]

Je viens donc à votre lettre. Il est vrai que le vendredi 4e de novembre à neuf heures du soir, je vous écrivais du décanat sans le souhaiter et le matin du lendemain, à neuf heures, il me tenait au collet sans l’avoir brigué. Il est vrai que depuis dix ans on m’avait élu et nommé pour cela, et mis dans le chapeau trois fois, mais j’y étais toujours demeuré. Le sort a voulu cette fois que j’en fusse chargé, mais quoi qu’il en arrive, je ne manquerai pas pourtant de vous écrire quelquefois et de vous faire part d’une bonne nouvelle quand elle arrivera. Je n’ai point encore vu M. Duhan, [29] bien que je l’aie cherché ; il est allé faire un tour à Orléans [30] pour ses marchandises qu’il attend de Lyon par la Loire. [31] J’attends la Pratique de M. de Feynes [32] que vous m’avez envoyée par la voie de M. de Label [33] et je vous en remercie par avance ; je serai ravi de voir ce livre qui peut-être est curieux et bon. Je voudrais savoir en quel an cet auteur est mort à Montpellier. [6] Pour les deux livres de la Maison de Ville de Lyon, M. de Label me les rendit lui-même dès le mois de septembre et dès ce temps-là je vous en ai remercié ; que si vous n’avez pas reçu mes lettres, tenez pour certain qu’il y en a eu quelqu’une de perdue. [7] Je vous remercie pareillement de la Chimie de M. Arnaud, [34] laquelle j’examinerai de bon cœur dès que je l’aurai. [8] Je vous prie de trouver bon que je lui fasse mes très humbles recommandations, et de l’assurer que je veux être son ami et son serviteur, s’il l’a agréable. Ma thèse [35] ne doit point l’irriter contre moi, vu que je n’en veux qu’à l’abus de la chimie, [36] et au désordre que nos chimistes de deçà commettent tous les jours par leur effronterie et leur ignorance. Je n’ai garde de blâmer M. Arnaud que je ne connais point, mais c’est autre chose de l’antimoine [37] qui fait ici beaucoup d’homicides tous les jours. Il a tout fraîchement tué M. d’Avaux, [38] plénipotentiaire ci-devant à Münster [39] et le plus digne homme qui fût sur la terre ; [9] et depuis trois jours, Mme Gazeau, [40] Mme de Gillier [41] et M. de Mirepoix, [42] tous trois personnes de considération ; [10] sans compter ceux quos fama obscura recondit[11][43] L’on dit même que Mme la Princesse douairière [44] se meurt d’en avoir pris quatre fois par l’ordre de Guénault, [45] lequel n’épargne personne ut faciat unum proselytum ; [12][46] j’entends pour faire quelque maudite expérience. Si M. Arnaud veut, nous serons bons amis ; sinon, il fera ce qu’il voudra et moi, ce que je pourrai ; vous savez ce que je vous en ai écrit ci-devant. [13] Je viens d’apprendre que Mme la duchesse la douairière, qui est à Châtillon-sur-Loing, [14][47] a reçu l’extrême-onction [48][49] et que Guénault a écrit de delà qu’il n’en attendait plus rien que de la part de Dieu. [15] Si cela est vrai, voilà encore un coup de pied à l’antimoine qui est tantôt ici infâme et odieux à tout le monde. Un de nos collègues, nommé M. Le Breton, [16][50] m’est venu trouver et m’a montré une lettre que lui avait écrite M. Guillemin, [51] dans laquelle ledit sieur se plaignait de moi, de ce que je vous avais envoyé une attestation où je l’avais fort maltraité et l’avais appelé sciolus ; [17] que ledit Guillemin ne m’avait jamais offensé, qu’il me connaissait fort bien de réputation et pour mon mérite, mais qu’il me priait de le traiter plus raisonnablement. Je l’avertis sur-le-champ que je ne savais pas, lors de mon écrit, le nom de votre antagoniste, mais je lui dis que, qui que ce fût, il avait tort, vu que l’événement, qui est la grande et plus certaine preuve dont Hippocrate [52] même a fait tant d’état (et hoc indicat curatio), [18] favorisait tout à fait M. Falconet ; vu qu’outre les raisons qu’il a de purger [53] quelquefois avant le septième < jour >, qui sont dans les bons auteurs, Fernel, [54] Vallesius [55] et autres, le malade était guéri et hors de tout péril ; et qu’un événement si heureux devait imposer silence à tout homme médiocrement pacifique. Ledit M. Le Breton, qui est un bon enfant et d’un esprit doux, acquiesça à mes raisons ; principalement après que je lui eus fait voir qu’à Paris un homme passerait entre nous pour ridicule qui ferait ce qu’a fait en votre endroit M. Guillemin, de se plaindre d’un procédé et d’une façon de faire dont le malade serait guéri. Outre les raisons qui étaient contre lui, rien ne l’arrêta plus après que ce mot de sciolus. Je lui répondis que ce terme ne me revenait point en mémoire, mais que l’on pourrait bien dire pis de lui en ce fait-là ; et sur-le-champ, ayant cherché et trouvé le brouillon de mon attestation, je la lui ai baillé à lire. Je remarquai aussitôt sur son visage un changement de couleur et il me dit qu’il eût bien voulu que quelques mots n’y fussent point. Je lui dis absolument que M. Falconet était mon intime ami et que je vous étais très obligé, que je n’y pouvais rien changer, que c’était une affaire faite, quod scripsi scripsi, litera scripta manet[19][56] que c’était à M. Guillemin de ne pas remuer cette pierre, qu’il devait plutôt apaiser cette querelle qui aurait dû être assoupie dès son commencement puisque tout l’avantage, l’honneur et le profit étaient de votre côté. Il goûta fort mon avis et me promit de lui en écrire et de l’exhorter tant de ma part que de la sienne, et me pria de lui laisser prendre copie de mon billet, à quoi je consentis. Depuis il m’est venu un remords de conscience, savoir si j’ai bien fait, Dieu soit loué ; si mal, n’en soyez point fâché contre moi, l’action fut un peu précipitée et j’étais fort pressé d’ailleurs. Voilà le fait que je vous étale, jugez-en ac æqui bonique consulito[20] Quand ce M. Le Breton obtint de moi cette copie, j’avais une belle maison [57] dans la tête, dont le marché était prêt d’être conclu et qui l’a été aujourd’hui. Elle me coûte 25 000 livres. Il y a toute sorte de commodités, et entre autres une première chambre, ou salle, fort grande et fort claire, où je ferai mon étude[58] y seront commodément arrangés. Outre cela, il y aura une chambre de réserve qui sera celle des amis, dans laquelle je vous invite de venir loger si vous venez à Paris. Nous l’accommoderons tout exprès à cause de vous et y mettrons tous les ornements raisonnables, dont vous serez le plus grand. [21][59] Ma femme, [60] qui est fort réjouie de l’achat de cette maison nouvelle, dit que voilà pour la fin de cette année trois bonnes fortunes : mon mari doyen, mon fils aîné docteur et une belle maison achetée ; mais je suis importun, excusez mon babil.

Messieurs les princes [61][62][63] sont tous trois dans Le Havre. [64] La reine [65] est ici au lit malade. Le Mazarin [66] partit hier pour la Champagne, ce voyage est mystérieux, on ne sait point encore ce que c’est. On a présenté ce matin une nouvelle requête au Parlement pour les princes. [22] Je demeure, etc.

De Paris, ce 2d de décembre 1650.


a.

Bulderen, no l (tome i 142‑148) ; Reveillé-Parise, no cccxc (tome ii, pages 570‑574). Les éditions Bulderen, (lettre xlix à Charles Spon ; i, pages 139‑140) et Reveillé-Parise, (lettre ccclxxxix à André Falconet ; ii, pages 568‑570) contiennent une lettre datée du 18 novembre 1650. Elle est omise ici car il s’agit d’une fabrication extraite des lettres à Spon du 8 octobre 1649 (no 206 ; v. note [12], lettre 201) et du 16 novembre 1649 (no 212 ; v. notes [23] et [36], lettre 207).

1.

François de Sales (canonisé en 1665, v. note [3], lettre 585), né au château de Sales, à Thorens, près d’Annecy (Haute-Savoie), en 1567, mort à Lyon le 28 décembre 1622, avait été sacré évêque de Genève en 1602 ; fondateur de la Visitation Sainte-Marie en 1610, il a laissé une longue liste d’ouvrages imprimés, consacrés à la théologie, la dévotion et la prédication.

2.

« dans Domitien : “ Tout ira bien ” » ; ultime chapitre (xxiii) de la Vie de Domitien, le dernier des douze Césars dont Suétone a écrit les vies :

Ante paucos quam occideretur menses cornix in Capitolino elocuta est : Εσται παντα καλως. Nec defuit qui ostentum sic interpretaretur :

Nuper Tarpeio quæ sedit culmine cornix,
“ est bene ” non potuit dicere, dixit “ erit ”
.

[Quelques mois avant son assassinat, une corneille fit entendre au Capitole les mots suivants : « Tout ira bien ». {a} Et il ne manqua pas de se trouver quelqu’un pour interpréter de la sorte ce présage :

« La corneille qui s’est récemment posée sur le mont Tarpéien n’a pas pu dire que “ tout va bien ”, elle a dit “ tout ira bien ”. »


  1. En grec dans le texte : estaï panta kalôs.

L’ami qui écrivait de Hollande pouvait être Marc-Antoine Ravaud, le libraire lyonnais.

V. note [16] (3e extrait du Floretum d’Antoine Le Roy), lettre 240, pour une description du précieux portrait de Rabelais qui ornait la bibliothèque de Guy Patin.

3.

V. note [19], lettre 106, pour François ii Patin, frère unique de Guy, qui vivait aux Pays-Bas.

4.

« Voilà ce qui passe pour préférable à tous les biens du monde » (Juvénal, Satire x, vers 137).

5.

« l’amour est chose bavarde [v. note [21], lettre 642], elle ne peut se taire ni se cacher ; c’est un feu qui jaillit comme la flamme. »

6.

V. note [12], lettre 252, pour la Medicina practica de François Feynes, dont Guy Patin désespérait de ne toujours pas connaître la date de mort.

7.

Ces deux livres, que Hugues de Label avait remis à Guy Patin de la part d’André Falconet, n’ont pas réapparu dans la correspondance. En remplaçant livres par feuilles, il pourrait s’agir de La Maison de Ville de Lyon avec les armes, blasonnées par Hacheur, de Monseigneur le marquis de Villeroy… et de ceux de sa Maison, ensemble des prévôt des marchands et échevins… depuis l’an 1595… Dédié à Messieurs de l’année 1650. Nicolas Auroux fecit [Par Nicolas Auroux] (sans lieu, ni nom, ni date, deux feuilles in‑fo). La Maison de Ville de Lyon était le nom qu’on donnait alors à son hôtel de ville (construit en 1646 sur la place des Terreaux).

8.

Introduction à la chimie ou à la vraie physique. Où le lecteur trouvera la définition de toutes les Opérations de la Chimie ; La façon de les faire, et des exemples ensuite très rares sur chaque opération ; et le tout dans un très bel ordre. Par E.R. Arnaud, Docteur en Médecine. {a}


  1. Lyon, Claude Prost, 1650, in‑8o de 112 pages ; réédition ibid. et id. 1655.

La dédicace est à « M. Pierre de Sève, baron de Fléchères, seigneur de Fareins, Grelonges, etc., conseiller d’État, lieutenant général en sénéchaussée et président au Siège présidial de Lyon ».

La préface Au Lecteur, longue de 16 pages, est une défense de la chimie médicale telle qu’elle était professée par l’Université de Montpellier, sur les traces de Paracelse et de Fernel, « sans contredit le plus savant médecin qui ait jamais été en France, qui parle en termes plus glorieux de la chimie que jamais Paracelse en ait parlé, et qui témoigne […] qu’il a été un des plus savants chimistes qui ait été depuis Hermès » ; {a} les ennemis de la chimie n’y sont ni nommément désignés, ni même directement attaqués. Toute la suite du traité est une description très technique des opérations de chimie où il n’y a pas place pour la polémique.

La Table des auteurs cités en cet ouvrage ne contient pas le nom de Guy Patin ; le seul docteur régent de Paris en activité que cite le livre (Au Lecteur, 5e page) est Charterius : {b}

« Que si l’on veut quelque chose de plus fraîche date, {c} il ne faut que voir la proposition que M. Chartier […] a faite {d} au public le 7e de février de cette année 1650 en ces termes : Deo duce, et Auspice Christo. Ioan. Chartier, Cons. Medicus Regis, ac in Chirurgia Professor regius. Fracta Ossa, aut luxata reponere ; Vulnera, ac Ulcera conglutinare ; Igne, Ferro, Medicamentis, etiam Chemicis mederi etc. Edocebit, etc. » {e}


  1. Hermès Trismégiste, v. note [9], lettre de Thomas Bartholin, datée du 18 octobre 1662.

  2. Jean Chartier (v. note [13], lettre 271).

  3. En faveur de la chimie médicale.

  4. Par affiche.

  5. « Sous la conduite de Dieu et la protection du Christ, Jean Chartier, conseiller médecin du roi et professeur royal en chirurgie enseignera comment réduire les fractures et les luxations, fermer les plaies et ulcères, soigner par le feu, le fer, les médicaments, même chimiques, etc. »

Je n’y ai pas vu l’ombre d’une attaque contre Patin : le Patinus fustigatus [Patin fouetté] (v. note [3], lettre 243), libelle d’Arnaud contre la thèse de Patin sur la Sobriété (v. note [6], lettre 143), avait bel et bien avorté (s’il avait jamais été réellement conçu).

9.

Claude de Mesmes, comte d’Avaux (v. note [33], lettre 79), était mort le 19 novembre. Guy Patin a fourni de plus amples détails sur ce décès antimonial dans sa lettre du 6 décembre 1650 à Charles Spon.

10.

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, page 344) :

« Mme Gillier {a} morte d’une fièvre maligne cette nuit du mercredi au jeudi, {b} enterrée le samedi en la paroisse de Saint-Louis en l’île Notre-Dame. {c} Melchior de Gillier, son mari, conseiller du roi en ses conseils d’État et privé, et maître d’hôtel ordinaire ; elle < est née > Joly. Son corps a, de Saint-Louis, après le service, été porté à Saint-Jean-en-Grève, inhumé avec ceux de ses prédécesseurs, derrière la chaire du prédicateur. »


  1. Marie de Gillier, dame de Marconnay.

  2. 1er décembre.

  3. Aujourd’hui l’île Saint-Louis.

V. note [16], lettre 252, pour le peu qu’on sache de Mme Gazeau, fille d’un maître des comptes.

Le marquis Jean de Mirepoix était le deuxième fils d’Alexandre de Levis, seigneur de Mirepoix (mort en 1637 lors du siège de Leucate par les Espagnols), et de Louise de Roquelaure.

11.

« qu’un renom obscur a laissé sombrer dans l’oubli » (Virgile, v. note [22], lettre 117).

12.

« pour gagner un prosélyte ». L’expression (dont Guy Patin expliquait ensuite le sens qu’il y mettait) vient des Évangiles (Matthieu, 23:15, première malédiction de Jésus aux scribes et aux pharisiens) :

Væ vobis scribæ et Pharisæi hypocritæ quia circuitis mare et aridam ut faciatis unum proselytum et cum fuerit factus facitis eum filium gehennæ duplo quam vos.

[Malheur à vous, scribes et pharisiens {a} hypocrites, qui parcourez mers et continents pour gagner un prosélyte, {b} et quand vous l’avez gagné, vous le rendez digne de la géhenne {c} deux fois plus que vous].


  1. V. note [14], lettre 83.

  2. Pour convertir un païen au judaïsme.

  3. V. note [11], lettre 285.

V. note [26], lettre 248, pour la venue de François Guénault au chevet de Mme la princesse de Condé, la mère.

13.

Lettre à André Falconet du 4 novembre 1650, lettre 248.

14.

Châtillon-sur-Loing est aujourd’hui Châtillon-Coligny (Loiret), une vingtaine de kilomètres au sud de Montargis.

15.

L’extrême-onction était le sixième et dernier sacrement de l’Église romaine, qu’on donnait aux agonisants avec des huiles sacrées, dont on oignait « les parties où les cinq sens résident, et par où on a pu pécher » (Furetière). Elle pouvait s’accompagner, mais on la distinguait du viatique qui était la communion qu’on portait aux personnes gravement malades.

16.

Charles Le Breton avait été reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1642 (Baron). Son nom a disparu des registres de la Faculté après le décanat de Patin (novembre 1650-novembre 1652). Médecin du duc d’Enghien en 1653, il quitta Paris pour Bordeaux puis suivit les Condé dans leur exil aux Pays-Bas.

17.

« demi-savant » ; v. lettre du 16 août 1650, pour la querelle entre La Guilleminière et André Falconet qui remuait alors le Collège des médecins de Lyon. Guy Patin était peut-être de bonne foi en disant avoir tardivement appris de Charles Le Breton que La Guilleminière était un autre nom de Pierre Guillemin.

18.

« et la guérison en fait foi ».

19.

« ce que j’ai écrit est écrit, {a} la lettre écrite reste ». {b}


  1. Respondit Pilatus quod scripsi scripsi [Pilate répondit « Ce que j’ai écrit est écrit »] (Évangile de Jean, 19:22).

  2. Verba volant, scripta manent [Les paroles s’envolent, les écrits restent], célèbre adage latin.

Le manuscrit de cette attestation de Guy Patin en faveur de la prescription d’André Falconet a disparu, mais la mention de son brouillon est un argument pour croire que Patin ne rédigeait pas ses correspondances du premier jet : comme il l’a écrit ailleurs et comme en fait foi le Manuscrit 2007 de la Bibliothèque interuniversitaire de santé (recueil Peÿrilhe), pour ses lettres latines, il en gardait la trace ; cela explique le peu de ratures (hormis celles des précédents éditeurs) dont on peut s’étonner dans les manuscrits de ses lettres, ainsi que la fidèle mémoire qu’il conservait de ce qu’il y avait dit.

20.

« et contentez-vous-en. »

21.

Les premiers transcripteurs des lettres, comme ils faisaient souvent (pour ne pas rebuter le lecteur), ont probablement traduit ici en français un passage d’une lettre latine où Joseph-Juste Scaliger invitait Isaac Casaubon à venir le voir à Leyde :

« Vous verrez si vous pouvez venir en plein hiver. Nous le chasserons d’ailleurs en faisant un bon feu, qui ne manquera jamais dans votre chambre, que j’ornerai exprès pour vous ; pourtant ce sera vous qui en serez le principal ornement. » {a}


  1. V. note [1], lettre 839, pour la reprise du passage complet (avec le texte latin).

VLa maison de Guy Patin, place du Chevalier du Guet, pour le logis qu’il était sur le point d’acheter (en se couvrant de lourdes dettes).

22.

Journal de la Fronde (volume i, fos 328 vo, vendredi 2 décembre 1650) :

« Ce matin, le Parlement s’étant assemblé, MM. de Beaufort, de Brissac, le coadjuteur et de L’Hospital s’y étant trouvés, le premier président et l’avocat général Talon ont harangué et ont exhorté l’assemblée de ne faire point de bruit dans les conjonctures présentes afin que les ennemis de l’État n’en puissent pas profiter ; ensuite de quoi, M. Deslandes-Payen a pris la parole, < disant > que hier à neuf heures du soir il fut chargé d’une requête de la part de Mme la Princesse, {a} dont on fit lecture. Elle contenait en substance qu’ayant été contrainte de se sauver avec M. le duc d’Enghien, son fils, de Chantilly à Montrond {b} pour y chercher une sûreté contre les persécutions violentes du cardinal Mazarin, elle < a > encore su qu’on avait fait avancer les troupes pour la prendre là, ce qui l’avait obligée de se réfugier dans Bordeaux, {c} où elle avait été reçue sous la protection du parlement ; qu’après la paix, elle avait été à Bourg {d} se jeter aux pieds de la reine et lui demander la liberté de Messieurs les princes ; que Sa Majesté lui avait fait espérer qu’elle considérerait la prière qu’elle lui en faisait après qu’elle se serait mise en état de recevoir cette grâce ; qu’ensuite elle avait obéi ; que depuis, Sa Majesté a été détournée de la bonne volonté qu’elle en pouvait avoir par le cardinal Mazarin qui avait fait transférer Messieurs les princes au Havre, le lieu le plus incommode qu’il avait pu imaginer, et les avait soustraits par ce moyen de la juridiction de Messieurs du Parlement de Paris qui sont leurs juges naturels ; les suppliait d’ordonner que le roi serait très humblement supplié de les faire ramener à Paris dans le Louvre pour être jugés aussitôt. Il a été résolu tout d’une voix que cette requête serait communiquée à Messieurs les Gens du roi et qu’en l’assemblée, on en délibérerait mercredi prochain. » {e}


  1. La fille.

  2. Le 11 avril, v. note [15], lettre 226.

  3. 31 mai, v. note [5], lettre 234.

  4. 3 octobre, v. note [4], lettre 246.

  5. 7 décembre


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 2 décembre 1650

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(Consulté le 19/04/2024)

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