L. 308.  >
À Charles Spon,
le 1er avril 1653

Monsieur, [a][1]

Je vous envoyai ma dernière datée du 7e de mars par la voie de M. Garnier, [2] votre confrère, auquel j’avais fait réponse pour une lettre qu’il m’avait fait l’honneur de m’écrire. Les Anglais avaient retenu prisonnier jusqu’ici le troisième fils de leur feu roi, [3] que l’on nomme le duc de Gloucester. [4] Enfin, ils l’ont mis en liberté et l’ont envoyé à Calais avec 50 000 écus qu’ils lui ont donnés. On dit qu’il ne vient point de deçà, mais qu’il s’en va en Hollande y trouver sa sœur la princesse d’Orange, [5] qui est veuve. Il y a un proverbe grec qui chante que Stultus ille est qui occiso patre sinit vivere liberos[1][6] mais les Anglais témoignent par ce fait qu’ils ne craignent rien. Ils lui ont défendu de rentrer de sa vie en Angleterre et que si on l’y trouvait jamais, ils le feraient mourir.

Le roi [7][8] a tant dansé pour son ballet qu’il en est devenu malade. [9] Il a été saigné [10] le dimanche 9e de mars pour la fièvre qui le tenait bien fort. Le même jour on l’a fait jouer, [11] il a gagné 3 000 pistoles, cela l’a si fort réjoui qu’il en est guéri. [2] Le Mazarin [12] a envoyé demander permission de manger de la viande ce carême [13] au curé de Saint-Germain-l’Auxerrois. [14] Il lui a refusé. Le Mazarin lui a renvoyé faire la même demande avec une attestation signée de deux médecins de la cour. Il l’a derechef refusée, alléguant qu’il ne connaissait point ces gens-là. Le même curé a été voir la reine [15] et l’a priée d’empêcher qu’en ce saint temps de carême on ne dansât plus le ballet. Elle ne lui a rien promis, mais elle a trouvé mauvais pourquoi il voulait empêcher les plaisirs et divertissements du roi. Le Conseil du roi a résolu d’assiéger Bellegarde, [16] on en fait ici les apprêts, les pionniers et mineurs sont ici qui n’attendent qu’après de l’argent. [3] On [a] déjà envoyé devant dix compagnies du régiment des gardes pour commencer, avec les troupes qui < se > joindront dans la province par les ordres de M. d’Épernon [17] et des états de la Bourgogne. [18] On [dit] pareillement qu’il faudra que Bordeaux [19] se rende bientôt au roi, étant enfermée tantôt [de] tous côtés. [4] On dit que le roi et la reine ne bougeront d’ici et que le Mazarin ira en Bourgogne à cause de Bellegarde, et delà qu’il passera à Bordeaux.

Ce 14e de mars. Mais Dieu merci, voilà que je reçois votre lettre du 7e de mars, laquelle m’a fort réjoui. Je suis bien aise de savoir des nouvelles de votre santé et vous remercie très affectueusement des quatre livres du P. Th. [20] que m’avez envoyés, et du petit cinquième pareillement. J’ai envoyé au coche de Lyon tout à l’heure mon second fils, [21] lequel sur-le-champ m’a apporté et rendu le paquet, lequel a été maltraité dans le coche par quelque ferraille qui a gâté six feuilles de l’in‑4o du P. Th., mais il n’importe. J’ai envoyé le tout à mon relieur sur-le-champ, et moi-même ai porté la lettre et le paquet à M. Moreau [22] que je pensais prendre à la fin de son dîner, mais il était déjà sorti. J’ai jeté l’œil sur l’in‑4o du P. Th. où je l’ai entre autres vu fort en colère contre le bon Érasme, [23] nec tamen miror, cum probe meminerim authorem libri esse hominem Loyoloticum : [5] ces gens-là sont liés par le ventre et n’osent dire la vérité malgré les supérieurs de peur que l’on ne les mette à la porte. Au reste, j’ai reçu le tout franc de port. Je vous prie de tenir compte pour moi, tant du prix que vous ont coûté lesdits livres que pour le port même, et de m’en envoyer le billet afin qu’en payant comptant, je m’acquitte envers vous de ce côté-là puisque je ne le puis faire de l’autre, vous étant trop particulièrement obligé en tant d’autres façons. Faites-moi pareillement le bien de me mander si ce P. Th. est aujourd’hui à Lyon ou en Savoie [24] et si l’on n’imprime rien de nouveau de lui à Lyon. Il a autrefois pr[omis] un livre de apostatis religiosis où il avait dessein de mettre Judas tout le premier. [6][25] Je pense que cet ouvrage serait fort curieux, il n’oublierait point là-dedans Érasme, qui a été en sa jeunesse moine de l’Ordre de Saint-Augustin[26][27] Buchanan, [28] ni Scaliger le père, [29] que Génébrard [30] et Scioppius [31] ont accusés d’avoir été cordeliers[32] et tant d’autres quos fama obscura recondit[7]

L’Histoire des conclaves sera un livre bien friand, mais l’imprimeur [33] qui le fera doit se garder que les loyolites, qui sont les janissaires du pape, ne le découvrent et ne le mettent en peine p[ar un] procès ; cela se ferait plus sûrement près du lac Léman. [8]

Si l’impression des œuvres de M. Rivière [34] est commencée, [9] vous me pouvez bien mander si c’est in‑fo et quels traités cet ouvrage contiendra : y aura-t-il quelque théorie, comme j’ai ouï dire ? Je voudrais qu’il y eût ajouté quelque belle pathologie avec une bonne méthode générale qui ne fût pas tant pharmaceutique et guère chimiste. Ces deux dernières pièces [10] donnent trop de mauvais exemples aux jeunes gens qui ne sont pas encore confirmés in fide neque in operibus artis[11] et qui en abusent trop légèrement, pessimo multorum detrimento et publico incommodo[12] Le Sennertus [35] in‑fo avance-t-il, en deux tomes, quand sera-t-il achevé ? M. Rigaud [36] ne travaillera-t-il jamais pour nous sur le manuscrit de notre bon et cher ami, feu M. Hofmann ? [13][37] On imprime quelque chose de lui à Nuremberg, [38] j’espère que M. Volckamer, [39] à qui j’ai écrit depuis peu, m’apprendra ce que c’est par sa première réponse ; il m’a mandé que c’étaient des questions de médecine.

Cette nuit dernière a été, par commandement du roi, arrêté prisonnier un conseiller de la Cour, nommé M. de Croissy-Fouquet. [40] Il était un des exilés, avec défense de rentrer dans Paris. On a découvert qu’il y était, caché chez un tonnelier, on l’a mené à la Bastille. [41] Il a jusqu’ici merveilleusement été du parti du prince de Condé, [42] cela met sa personne en plus grand danger. [14] On dit que le roi sortira de Paris au premier beau temps et qu’il ira prendre l’air à Fontainebleau, [43] mais que la reine demeurera à Paris. [15]

J’ai fait présent à M. Riolan [44] d’un petit livret fraîchement imprimé à Londres et fait par M. Caspar Bartholin, [45] de lacteis thoracicis[16] Il l’a, ce dit-il, lu avec grand plaisir et puis l’a réfuté. Il en a fait un petit livret d’environ quatre feuilles qu’il fera imprimer bientôt ; [46] c’est contre l’opinion de Pecquetus : [47] il dit qu’il a bien raffiné là-dessus et que ni Bartholin, ni Pecquet n’entendent pas ce mystère. [48][49]

M. Du Buisson, [50] libraire de Montpellier, est enfin arrivé, il étalera la semaine prochaine ses livres dans une boutique de la rue Saint-Jacques [51] qu’un libraire lui prête, aussi bien que son nom, afin de les pouvoir ici débiter impunément. [17] Je tâcherai d’y aller et vous manderai ce que j’en aurai vu ou acheté. Il s’est vanté d’avoir beaucoup de livres rares et curieux, et principalement d’histoires.

Le duc de Damville [52] est disgracié et congédié de la cour, on croit que c’est quelque soupçon que l’on a eu de quelque faveur du roi envers lui. [18] On parle de faire le procès de M. de Croissy-Fouquet : M. le chancelier [53] a été au Parlement, où ont été nommés des commissaires pour l’interroger ; c’est la garce de son valet de chambre qui l’a trahi et fait prendre ; on dit pourtant qu’il n’en mourra point, pour la crainte et la conséquence des représailles.

M. le chancelier est retourné au Parlement le 18e de mars y porter l’amnistie pour le comte Du Dognon [54] qui remet son gouvernement au roi moyennant un bâton de maréchal de France et 500 000 livres qu’on lui promet ; on n’en tient pourtant encore rien d’assuré. [19]

Le même jour, le roi est parti pour aller à Fontainebleau avec le Mazarin. [15] On dit que c’est pour divertir le roi de la pêche d’un étang ; d’autres, que le duc d’Orléans [55] s’y doit rendre ou tout au moins, y envoyer de sa part pour y faire son accord, sed omnia sunt incerta[20] il en est revenu trois jours après.

Je vous supplie de présenter mes très humbles recommandations à Messieurs vos confrères, MM. Gras, Garnier et Falconet. On a ici reconnu quelques capitaines de M. le Prince qui y ont été arrêtés et mis dans la Bastille. On nous promet ici un jubilé [56] pour quelque temps avant Pâques, c’est une consolation pour ceux qui y croient, et même pour ceux qui n’y croient point car il y a beaucoup de gens qui y gagnent.

< Ce > samedi 22e de mars. J’ai vu passer ce matin en grande pompe dans la rue un chariot couvert d’un deuil superbe, tiré de six beaux chevaux bien enharnachés, suivi de plusieurs cavaliers et de quelques autres carrosses à six chevaux qui prenaient le chemin de la rue de la Harpe. [21][57] C’est le corps de feu M. de Nemours [58] que l’on porte à Annecy [59] en Savoie [60] pour être mis dans le tombeau de ses ancêtres. C’est celui que M. de Beaufort, [61] son beau-frère, tua en duel [62] le mois de juillet passé. Et tout cela n’est que malheur et vanité de prince, sorte de gens qui ne font la plupart bien que lorsqu’ils meurent. S’il ne se fût point laissé tuer, il pourrait encore être en vie et avoir épargné toute la dépense de ses funérailles. Il n’est rien tel que de vivre, bonum est nos hic esse[22][63]

Je voudrais bien m’empêcher de vous donner des commissions, mais pardonnez-moi, s’il vous plaît, en voici encore une qui me presse : je vous supplie de me chercher un livre imprimé à Lyon intitulé Breviarium Chronologiæ sacræ et humanæ, auct. Theop. Raynaudo, cum Auctario Claudii Clementis, in‑fo grandi[64] et du même auteur, De Modo procedendi in Societate, in‑8o, Preces sanctorum, in‑8o, De sacra Synode Bisontina, etc., De origine Carthusianorum ; [23] et en même temps, je vous demande pardon de tant de peines que ma curiosité vous donne.

Ce 25e de mars. Le prince de Condé a ici envoyé un trompette en faveur du conseiller arrêté nommé M. de Croissy-Fouquet. Il était au Bois de Vincennes, [65] on l’a ramené à la Bastille ; l’on dit qu’il doit être examiné cette semaine, mais l’on doute si on ira jusqu’à la mort, pour la juste appréhension des représailles dont le prince de Condé menace. On tient ici pour mort votre cardinal de Lyon [66] et qu’il en est venu un courrier exprès à M. le maréchal de Villeroy. [24][67] On [dit] aussi que M. d’Aisnay [68][69] aura l’archevêché de Lyon, et que le Mazarin aura la charge de grand aumônier et ses abbayes : sic omnes fluvii currunt ad mare, quod numquam redundat[25][70]

On dit ici, après la reine, que le roi de Pologne [71] est mort de poison que ses sujets lui ont donné, [72] ayant reconnu qu’il avait envie de se rendre souverain dans son royaume. Il a un frère [73] qui pourra bien être son successeur comme fils de roi et frère des deux derniers rois. Ce dernier avait été jésuite, par après cardinal, enfin roi ; et puis le voilà mort : Omnia fuit, et nihil expedit[26][74] il est venu au gîte, comme tous les hommes y viennent tous les jours.

Je vous supplie très humblement de faire mes recommandations à M. Duhan, [75] libraire de Lyon, et de le remercier en mon nom du livre du P. Théophile, qu’il m’a envoyé. [5]

Je suis bien en peine de M. Musnier, [76] médecin de Gênes, [77] duquel je n’ai reçu aucune lettre il y a longtemps. Je vous prie de faire en sorte que M. Ravaud [78] vous délivre le paquet qu’il doit recevoir pour moi de ce pays-là et d’en payer tout ce qu’il faudra ; et puis après, nous aviserons du moyen de les faire venir de deçà tandis que vous l’aurez chez vous en votre garde. Je suis fort en peine de ce M. Musnier et en ai quelque sinistre opinion en l’esprit.

Votre Sennertus en deux tomes sera-t-il bientôt achevé ?[13] Imprime-t-on à Lyon en français ou en italien, in‑8o ou in‑4o, les conclaves des papes et depuis quel temps ?[8] A-t-il commencé devant 100 ou 200 ans en çà ? Ce livre doit être bien curieux et bien agréable.

On dit ici que ceux de Bordeaux se sentant fort pressés et se voyant en danger, commencent à vouloir se bien remettre au service du roi et à demander l’amnistie. [4] J’ai délivré la Vie de M. Dupuy[79][80] faite par M. Rigault, à un honnête homme lyonnais nommé M. de Caimis, [81] qui l’a mis dans sa valise et qui m’a promis de vous le faire délivrer dès que sa valise sera à Lyon. Voyez-y à la page 39 et 40 où le cardinal de Richelieu [82] est déchiffré ; [27] et recevez ce petit présent en bonne part en attendant que le paquet, que je vous envoie par la voie et dans une des balles de M. Jost, [83] vous soit rendu, comme il me promet que ce sera, avant la fin du mois présent.

Ce 1erd’avril. J’ai reçu nouvelles ce matin de M. Musnier de Gênes, lequel a pensé mourir, il a été cinq semaines au lit. Son paquet de livres était encore à Gênes lorsqu’il m’a écrit, mais il me mande qu’il s’en va bientôt l’envoyer à Marseille. Les troupes du prince de Condé ont repris la ville de Sarlat. [28][84] Le P. Faure, [85] cordelier qui suis histrionicis concionibus [29] avait gagné l’an passé l’évêché de Glandèves, [86] a attrapé depuis quelque temps l’évêché d’Amiens. [87]

Un autre cordelier nommé le P. Ithier, [88] avec de l’argent qu’il avait touché de deçà, avait entrepris une conspiration dans Bordeaux pour remettre cette grande ville entre les mains de M. de Vendôme [89] et de M. de Candale, [90] qui étaient là tout près. Les moines et les moinesses étaient de la partie, mais le tout a été découvert. Le P. Ithier a été fait prisonnier, et même est déjà pendu si le prince de Conti, [91] qui autrement était perdu, n’a eu quelque respect pour la conséquence des représailles. [30]

On dit que les Espagnols menacent Calais [92] du siège, on y a envoyé d’ici quelques troupes. Le procès de M. de Croissy-Fouquet va fort lentement, il y a grande apparence qu’on ne lui fera rien. C’est peut-être de peur que le prince de Condé ne se venge de deçà sur quelqu’un qui serait innocent. Le Mazarin a le cordon bleu [93] et est grand aumônier à la place de votre défunt cardinal, [31] mais on ne dit point encore assurément qui aura l’archevêché de Lyon ; néanmoins, on croit que ce sera M. l’abbé d’Aisnay. [25] Unum mihi superest quod scribam : [32] faites-moi la faveur de me conserver en vos bonnes grâces et de croire que je serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce 1er d’avril 1653.


a.

Ms BnF Baluze no 148, fos 64‑65, « À Monsieur/ Monsieur Spon,/ Docteur en médecine,/ À Lyon » ; Jestaz no 88 (tome ii, pages 1044‑1053). Note de Charles Spon au revers de l’enveloppe : « 1653/ Paris 1 avril/ Lyon 6 dudit./ Rispost./ 15 dud. »

1.

« Est insensé celui qui, ayant tué le père, permet à ses enfants de vivre » (Aristote, v. note [29], lettre 86).

Henry, duc de Gloucester (v. note [5], lettre 277), troisième fils de Charles ier d’Angleterre et de Henriette de France, était frère de Marie, veuve de Guillaume d’Orange depuis le 6 novembre 1650 (v. note [11], lettre 252). Le jeune prince avait lui-même demandé au Parlement la permission de quitter l’Angleterre, qui la lui accorda. Pour Cromwell, c’était mettre fin à la tentation d’asseoir Henry sur le trône et assumer implicitement la charge de Lord Protecteur qu’il allait recevoir en décembre 1653. Selon Fraser (page 516), Gloucester ne reçut que 500 livres sterling pour financer sa traversée de la Manche.

2.

V. note [39], lettre 307, pour le ballet que jouait alors Louis xiv. Antoine Vallot (Journal de santé du roi, pages 80‑81, année 1653) a fourni des précisions sur sa maladie :

« Le roi s’étant échauffé à danser et répéter son ballet, fut saisi, le huitième jour de mars après avoir soupé, de frissons par tout le corps qui lui durèrent plus d’une heure et furent suivis d’un accès de fièvre très considérable qui lui dura toute la nuit avec beaucoup d’inquiétudes. Tous ces accidents se trouvèrent arrêtés fort heureusement et sans retour après une saignée qui fut faite le lendemain matin. Le jour suivant, Sa Majesté prit un lavement et le lendemain une médecine qui fut préparée de la manière qui suit :

Bouillon purgatif pour le roi

Recipe :
   Crystalli mineralis, Cremoris tartari, ana
℥j.
   Mannæ,
℥jß.
   Folliculorum senæ,
℥ij. {a}
Bulliant leviter in infusione carnis vituline, herbis refrigerantibus attente. Fac colaturam. Sumende mane in aurora. {b}

Ce remède a purgé le roi si doucement et avec tant de succès que j’ai pris la résolution de ne purger jamais Sa Majesté que de cette manière, à moins qu’il n’arrivât quelque maladie considérable qui demandât une autre purgation ; et comme le roi s’est fort bien trouvé de ce remède, il y a de l’apparence qu’il en ressentira les mêmes effets quand il aura besoin d’être purgé, étant certain qu’il n’a pu se résoudre à prendre une médecine selon les préparations ordinaires, outre qu’il n’a aucune répugnance maintenant en l’opération dudit remède. N.B. – Je me suis bien trouvé en la suite des temps et en plusieurs occasions de l’effet de ce bouillon. »


  1. « Prenez : de cristal minéral, de crème de tartre, une once de chaque ; de manne, une once et demie ; de feuilles de séné, deux onces. »

  2. « Faites bouillir légèrement dans une infusion de viande de veau et d’herbes rafraîchissantes. Filtrez et prenez le matin à l’aube. »

Le cristal minéral n’était pas de l’antimoine, mais « du nitre mis dans un creuset et dans un fourneau, qu’on fait fondre, sur lequel on jette diverses fois une once de fleur de soufre, qu’on y fait brûler et consumer » (Furetière).

Le même Journal relate que sur la fin du même mois de mars 1653 survint un « flux de ventre du roi, fort opiniâtre, qui approchait de la dysenterie et de la nature du flux mésentérique [v. note [4], lettre 69], lequel dura plus de huit mois ». Vallot attribuait cette maladie à un abus de breuvages sucrés et artificiels, particulièrement de limonades, et d’oranges du Portugal, et à ce que le roi « voulut à son ordinaire, et contre les avis que j’avais donnés, garder religieusement le carême; » après la survenue des premiers symptômes. Cette dysenterie prolongée peut évoquer une amibiase ou une typhoïde (v. note [1], lettre 717). Le roi en guérit enfin, probablement moins par le fait des multiples remèdes qu’administra Vallot, que des bons effets d’une solide nature.

3.

V. note [27], lettre 307, pour le siège de Bellegarde (Seurre en Bourgogne). Pionniers et mineurs représentaient aux armées ce qu’on appelle aujourd’hui le génie.

4.

Journal de la Fronde (volume ii, fos 198 vo et 199 ro) :

« De Bordeaux, du 10e de mars. Jeudi, {a} M. le prince de Conti eut peine à faire mettre sous les armes les compagnies, chacun disait qu’il voulait recevoir l’amnistie ; mais comme il n’y avait point de parti formé, on n’osa pas se déclarer ouvertement. Il se trouva sous les armes sept à huit cents hommes dont la plupart étaient résolus de dire hautement, si on les eût interrogés, qu’ils voulaient la paix. M. le prince de Conti monta à cheval et M. Marchin, et tout ce qu’ils purent faire fut environ 150 chevaux. Il fit passer ces troupes-là sur les fossés de la Maison de Ville et après, sur les fossés du Chapeau-Rouge. {b} On cria “ Vive le roi ! ” sans autre chose. Ils n’osèrent pas leur demander d’autres explications, mais les jurats les plus séditieux de l’Ormée et les capitaines de la Ville étant tous à lui, {c} comme je vous ai dit ci-devant, et < étant donné > que de l’autre < parti > il n’y a pas de chefs, cela leur a baillé la liberté d’envoyer des passeports à environ 27 personnes de la ville pour sortir. Il y en a déjà quelques-uns qui sont déjà sortis, d’autres demeurent dans leur maison et d’autres disent ouvertement qu’ils ne veulent pas sortir.

Vendredi, les capitaines qui étaient mandés pour aller en garde à l’hôtel de ville et au Chapeau-Rouge, qui sont les lieux où on fait garde, ayant fait battre la caisse, ne trouvèrent personne qui les voulût suivre, disant qu’ils ne voulaient plus aller à la garde.

La nuit du jeudi au vendredi, M. de Vendôme {d} brûla un navire flamand devant Bourg, qui était aux Espagnols, et leur prit leur caravelle qui est une espèce de barque dans laquelle ils faisaient d’ordinaire venir leur argent et autres provisions de Saint-Sébastien. Les Irlandais qui étaient aux Chartreux ont été envoyés < en > Entre-Deux-Mers à cause que les habitants ne les ont pas voulu recevoir, disant qu’ils sont capables de se garder. Le parlement continue ici d’entrer, mais ils ne sont que neuf. On nous assure qu’à Agen {e} ils entrent au nombre de 22. M. de Conti envoya hier vers Périgueux et Bergerac pour porter environ dix mille livres pour payer quelques troupes qui se voulaient débander pour n’être pas soudoyées.

M. de Beauvais arriva en cette ville venant de Stenay. Il publie partout que M. le Prince est plus fort que jamais et qu’il a 14 000 chevaux et 8 000 hommes de pied, sans y comprendre les troupes d’Espagne. Ils disent aussi que le secours de Saint-Sébastien doit arriver pour Bordeaux, tant par mer que par terre, et tout cela pour abuser le peuple. Ceux de < La > Réole ont envoyé demander 800 boisseaux de blé toutes les semaines, à faute de quoi ils se rangeront au parti du roi. »


  1. Le 6 mars.

  2. V. note [1], lettre 244.

  3. Conti.

  4. César Monsieur, qui combattait la flotte pour le roi.

  5. Où étaient alors les conseillers du parlement fidèles au roi.

5.

« et je n’en suis cependant pas surpris car je ne perds nullement de vue que l’auteur du livre est homme loyolitique ».

Dans les Erotemata [Interrogations] du P. Théophile Raynaud sur les « bons et mauvais livres » (Lyon, 1653, v. note [7], lettre 205) où Guy Patin avait « jeté un œil », la critique d’Érasme (1466-1536, v. note [3], lettre 44) se trouve aux pages 22‑23, dans la Partitio i (Libri Atheorum, num damnandi [Livres des athées à condamner maintenant] Erotemata iv (Libri eorum proscribendi ; ac primum impie facetorum, ut Rabelesii, atque Erasmi [Leurs livres qu’il faut proscrire, et en premier ceux dont les facéties sont impies, comme Rabelais et Érasme]) :

Locum sibi suum, in hac classe scurratum, de sapientissimorum hominum sententia, vendicat Desiderius Erasmus. Nam quamvis aliis præterea, nec tenuibus maculis sordent eius pleraque scripta, tamen eo nominatim ex capite reprehensioni proborum patuit, quod de rebus sanctissimis, tam iocularia, et ridicula chartis commisit, ut alter Lucianus audiret, mysteriis Christianæ fidei, et dogmatibus Christianis impia dicacitate et facetiis, eodemplane modo ac more exagitatis, quo Lucianus Deos suos derisit : de quo idcirco Eunapius in proœmio operis de vita Sophistarum et Philosophorum, illud breviter, ac vere dixit : [Lucianus Samosatensis, homo ad concitandum risum factus.] Quanquam Lucianus eatenus laudari poterit, quod specie dicacitatis, et urbanitatis, polytheismum acriter insectatus est, ut propterea Platonici eum valde commendarent : soli autem Poëtæ, tanquam Deorum suorum obscœnissimorum exagitatorem proscinderent, referente Isidoro Pelusiota lib. 4 epist. 55. At Erasmus, circa ipsa Sancta egit morionem. Gravissime, et merito, quoad Erasmum, de hoc expostulavit Albertus Pius, et in Antapologia pro Pio, Genesius Sepulveda, retundens diligenter, quæ Erasmus in Moria, (cuius plusquam viginti millia voluminum cusa, ipsemet Erasmus gloriatur in Apologia ad Iacobum Stunicam ;) itemque in libris colloquiorum, impiis illis iocis scatentium, ad suam qualemcumque purgationem protulerat.

Expostulat quoque Petrus Canisius lib. 5 de Deipara, cap. 10 Erasmum dum in rebus sacris Momum agit, magnam simul fenestram Luthero, et aliis erronibus aperuisse, ad religionem universam innovandam, eosque tumultus concitandos, quibus Christiana religio misere conscissa est ; non enim aliud fere Lutherus habuit, cuius exemplo ad audendum moveretur, quam Erasmi licentiam iocularem ; nisi quod Erasmus, callide duntaxat, non aperte, et ita ut iocos potius captare videretur, rem Christianam appetivit ; Lutherus, (ut erat proiectissimæ audaciæ,) abiecta persona, qua Erasmus nequitiam tegebat, manifeste ac palam grassatus est.

[Au jugement des hommes les plus sages, Érasme mérite bien sa place dans cette classe de flagorneurs. Quoique beaucoup de ses écrits, par-dessus ceux de quelques autres, soient souillés d’erreurs à ne pas tenir pour mineures, il a nommément donné prise au blâme capital des honnêtes gens car il a mis en ses livres tant de plaisanteries que de bouffonneries sur les plus saintes choses ; à tel point que ses plaisanteries et sa causticité impie à l’encontre des dogmes chrétiens et des mystères de la foi chrétienne le font sonner comme un autre Lucien : {a} il les a éreintés en recourant aux mêmes façon et manière que celles dont Lucien s’est servi pour railler ses dieux ; sur quoi Eunape, dans l’introduction de son ouvrage sur les Vies de sophistes et de philosophes, {b} a justement et sèchement dit « Lucien de Samosate, cet homme acharné à exciter le rire ». Quoique Lucien puisse être loué, au point que les platoniciens tout particulièrement l’ont fort recommandé pour avoir fustigé énergiquement et sans relâche le polythéisme en usant de la causticité et de la plaisanterie. Comme a dit Isidorus Pelusiota (livre 4, lettre 55), {c} les poètes sont les seuls à pouvoir déchirer celui qui tourmente leurs propres dieux les plus obscènes. Mais Érasme a agi en bouffon sur les questions saintes elles-mêmes. Avec beaucoup de gravité et avec raison, Alberto Pio s’est plaint là-dessus jusqu’auprès d’Érasme, {d} et Iohannes de Sepulveda, dans l’Antapologia pro Pio, {e} réprime avec soin ce qu’Érasme avait proféré, comme pour se purifier par tout moyen, dans son Éloge de la folie (laquelle Érasme lui-même, dans l’Apologie pour Iacobus Lopis Stunica, s’est glorifié d’avoir imprimé à plus de vingt mille exemplaires) ainsi que dans ses Colloques, livres qui fourmillent de ces passages impies.

Petrus Canisius (de Deipara, livre 5, chapitre 10) {f} se plaint aussi d’Érasme quand il a agi en Momus à propos des choses sacrées, {g} comme s’il avait ouvert une grande fenêtre à Luther et à d’autres vagabonds de son espèce, {h} pour renouveler la religion universelle et pour inciter au tumulte ceux qui ont mis la religion chrétienne en pièces ; c’est qu’en effet Luther n’a presque rien employé d’autre que la drôlerie effrénée d’Érasme, sur l’exemple de qui il aurait puisé son audace ; avec cette différence qu’Érasme a attaqué la chrétienté avec habileté seulement, non ouvertement, de sorte qu’il a plutôt paru chercher à plaisanter, quand Luther (car il était pourvu d’une audace sans limite), personne vile dont Érasme couvrait la fourberie, l’a quant à lui pourfendue ouvertement et manifestement].


  1. Lucien de Samosate : v. note [15], lettre 300.

  2. Eunape de Sardes, v. note [56] du Patiniana I‑4.

  3. Isidorus Pelusiota, théologien ascétique d’Alexandrie au ve s., auteur de 2 000 lettres recueillies en 4 volumes.

  4. Alberto iii Pio, comte de Carpi (1475-1530), prince humaniste italien lié aux Médicis et neveu de Pic de La Mirandole (v. note [53] du Naudæana 2), auteur de Tres et viginti libri in locos lucubrationum variarum D. Erasmi Roterdami quos censet ab eo recognoscendos et retractandos [Vingt-trois livres sur les passages des diverses élucubrations (v. note [2], lettre de François Citois datée du 17 juin 1639) d’Érasme de Rotterdam, qu’il estime devoir réviser et révoquer] (1531).

  5. Juan Ginés de Sepulveda (Cordoue 1490-1573), humaniste et théologien dominicain espagnol : Antapologia pro Alberto Pio in Erasmum Roterodamum [Antapologie (Anti-apologie) en faveur d’Alberto Pio contre Érasme de Rotterdam] (1532).

  6. Pierre Kanijs, jésuite hollandais (1521-1597) : Commentariorum de verbi Dei corruptelis Tomi duo. Prior de venerando Christi Domini præccursore Ioanne Baptista, posterior de sacrosancta Virgine Maria deipara disserit… [Deux tomes de commentaires sur les corrupteurs de la parole de Dieu. Le premier disserte sur la vénération de Jean-Baptiste précurseur du Christ notre Seigneur, le second sur la Vierge Marie, sainte et sacrée mère de Dieu…] (1583).

  7. V. note [37], lettre 301, pour Momus, dieu de la raillerie et des bons mots.

  8. Martin Luther (1483-1546), v. note [15], lettre 97.

V. note [15], lettre 745, pour un autre extrait de ce chapitre contre Érasme.

6.

V. note [15], lettre 300, pour le livre du P. Théophile Raynaud « sur les religieux apostats ».

7.

« qu’un nom obscur a laissé oublier » (Virgile, v. note [11], lettre 251).

Gilbert Génébrard (Riom 1537-Semur-en-Auxois 1597) entra dans l’Ordre des bénédictins puis se rendit à Paris où, sous les meilleurs maîtres du temps, il étudia le grec, la philosophie et la théologie. Reçu docteur en théologie (1563), il fut appelé à occuper une chaire d’hébreu au Collège royal (1566). Plus tard, Génébrard se jeta dans le parti de la Ligue dont il devint un des champions les plus exaltés, attaqua avec acharnement Henri iv dans des sermons remplis de provocations séditieuses et obtint du duc de Mayenne, en récompense de son zèle fanatique, l’archevêché d’Aix. Lorsque la Ligue fut vaincue à Paris et en Provence, il se réfugia à Avignon où il composa et publia un traité De sacrarum electionum Iure [Du Droit des élections sacrées] (1593) où il établissait que les évêques devaient être élus par le Clergé et le peuple, et non point nommés par le roi. Sur l’ordre de Henri iv, le parlement d’Aix condamna ce livre aux flammes et bannit l’auteur qui obtint cependant d’aller finir ses jours au prieuré de Semur.

Rien n’autorise à affirmer que Jules-César Scaliger ait été moine cordelier, mais le fait semble avéré pour George Buchanan (v. seconde notule {b}, note [7], lettre 414). Érasme eut une jeunesse ecclésiastique : ses parents étant morts, on l’envoya à neuf ans (1475) étudier à l’école capitulaire de Deventer (Overijssel), puis à Bois-le-Duc ; en 1487, il entra au cloître des Augustins de Steyn où il prononça ses vœux en 1488 et fut ordonné prêtre en 1492 par l’évêque d’Utrecht. V. note [25] du Borboniana 9 manuscrit pour un distique latin attaquant le monachisme d’Érasme.

8.

Guy Patin allait reparler de ce projet dans une lettre datée du 28 octobre 1663 ; il n’était alors toujours pas édité. Une histoire des conclaves a paru à Genève, en italien, en 1667 (v. note [1], lettre 943).

9.

Lazari Riverii Praxis medica…, v. note [6], lettre 302.

10.

Matières.

11.

« dans la foi ni dans les œuvres de l’art ».

12.

« pour le plus grand préjudice de beaucoup de gens et au désavantage du public. »

13.

V. notes [33], lettre 285, pour les Opera de Daniel Sennert (édition de Lyon, 1656) et [1], lettre 274, pour l’édition des Chrestomathies de Caspar Hofmann confiée au libraire lyonnais Pierre Rigaud.

14.

Antoine Fouquet de Croissy (v. note [13], lettre 202), fidèle partisan de Condé, avait été l’un des parlementaires exilés en octobre 1652 (v. note [33], lettre 294). Revenu clandestinement à Paris, il y était arrêté aussitôt que découvert.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 198 ro et vo, 18 mars 1653) :

« Le 16, MM. des Enquêtes firent des petites assemblées secrètes pour le sujet de la détention de M. de Croissy-Fouquet (qui fut transféré le même jour de la Bastille au Bois de Vincennes) et résolurent d’aller à la Grand’Chambre demander l’assemblée pour y délibérer ; et comme la plupart étaient d’avis de demander que le procès lui fût fait et que tout le Corps prenait grand intérêt en cette affaire, le Conseil, qui croit avoir de quoi le faire condamner, résolut de prévenir le dessein du Parlement ; où M. le Chancelier entra hier au matin, et ayant fait assembler les chambres et rendu deux lettres de cachet qu’il portait, l’une à la Compagnie et l’autre à Messieurs les Gens du roi, fit récit du sujet pour lequel il est venu ; et ayant fait arrêter que le procès serait fait à M. de Croissy suivant l’intention du roi, fit nommer 3 {a} commissaires pour l’interroger et travailler aux informations, savoir M. le Chancelier, {b} le président de Bellièvre, et MM. Doujat et Sevin, conseillers de la Grand’Chambre, lesquels en feraient leur rapport à l’assemblée, qui le jugera. Au reste, il n’est pas vrai qu’on l’ait trouvé chargé d’aucun papier parce que la porte de la Chambre étant barricadée lorsqu’on le fut prendre, il eut loisir, pendant qu’on l’enfonçait, de brûler tout ce qu’il pouvait avoir de suspect ; mais on l’accuse d’être auteur d’un manifeste de M. le Prince dont M. de Vineuil {c} se trouva chargé, et quelques-uns assurent même qu’il est écrit de sa main et apostillé de celle de M. le Prince en marge. »


  1. Sic.

  2. Pierre iv Séguier.

  3. V. note [41], lettre 307.

15.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 198 vo, 18 mars 1653) :

« ce matin Sa Majesté est partie, avec M. le cardinal pour aller à Fontainebleau voir pêcher un étang, {a} d’où elle reviendra après-demain. La reine et Monsieur sont demeurés ici. »


  1. V. infra note [20].

16.

Thomas Bartholin (et non Caspar i, son père, comme l’écrivait ici Guy Patin) :

De Lacteis thoracis in homine brutisque nuperrime observatis, Historia Anatomica : publice proposita Respondente M. Michaele Lysero.

[Description anatomique des Lactifères du thorax récemment observés chez l’homme et les bêtes : publiquement proposée, Michael Lyser {a} répondant]. {b}


  1. Ami et préparateur de Thomas Bartholin.

  2. Copenhague, Melchior Martzan, 1652, in‑4o.

    Il s’agit de la première description du mouvement du chyle chez l’homme, illustrée par un impressionnant dessin : il s’agissait d’un condamné à mort qui s’était compieusement alimenté cinq heures avant son exécution ; avec dédicace au roi du Danemark, Frédéric iii, qui avait autorisé cette expérience.

    V. note [15], lettre 280, pour les Experimenta nova anatomica… [Expériences anatomiques nouvelles…] de Jean Pecquet (Paris, 1651, rééditées en 1654) où il avait relaté sa découverte de ces voies chez le chien en 1647. Bartholin ne l’a pas ignoré, comme en témoigne notamment le titre de son chapitre v (pages 12‑16) : Novum Pecqueti Lactearum complementum in hominibus a nobis observatum [Nouveau complément sur les lactifères de Pecquet, par nous observé chez l’homme].


La riposte de Jean ii Riolan à Thomas Bartholin est contenue dans sa troisième série (v. note [7], lettre 51) d’Opuscula anatomica :

Opuscula nova anatomica : Iudicium novum de venis lacteis tam mesentericis quam thoracicis, adversus Th. Bartholinum. Lymphatica vasa Bartholini refutata. Animadversiones secundæ ad Anatomiam reformatam Bartholini. Eiusdem Dubia Anatomica de lacteis thoracicis resoluta. Hepatis funerati et ressuscitati Vindiciæ. Authore Ioanne Riolano.

[Opuscules anatomiques nouveaux : Nouveau jugement sur les veines lactées, tant mésentériques que thoraciques, contre Thomas Bartholin ; réfutation des vaisseaux lymphatiques de Bartholin ; secondes animadversions contre l’Anatomie révisée de Bartholin ; résolution de ses doutes sur les lactifères thoraciques ; Revendication du foie qui a été enterré, mais que voilà ressuscité. Par Jean Riolan]. {a}


  1. Paris, veuve de Mathurin Dupuis, 1653, in‑8o ; achevé d’imprimer le 8 novembre 1653.

    On trouve sous la même reliure, chez le même éditeur, la même année et au même format, cinq réimpressions des opuscules de Bartholin sur le sujet :

    1. Thomæ Bartholini doctoris et prof. Regii Dubia anatomica, de lacteis thoracicis, a Ioanne Riolano resoluta ; et demonstratum hepatis funus immutare medendi methodum. Hepatis funerati et ressuscitati Vindiciæ [Doutes anatomiques de Thomas Bartholin, docteur et professeur royal, sur les vaisseaux lactés du thorax, résolus par Jean Riolan ; et les funérailles du foie qu’on a démontrées ne modifient pas la méthode pour remédier. Défense du foie enterré et que voilà ressuscité] (pages 71‑97) ;

    2. Commentatio adversus novum de venis lacteis commentum [Commentaire contre le nouvel examen des vaisseaux lactés] (pages 99‑111) ;

    3. l’Historia anatomica [Histoire anatomique] citée au début de la présente note, mais sans son illustration (69 pages) ;

    4. Thomæ Bartholini vasa lymphatica, nuper Hafniæ in animantibus inventa, et hepatis exsequiæ [Les Vaisseaux lymphatiques de Thomas Bartholin récemment découverts à Copenhague sur les animaux, et les obsèques du foie (v. note [18], lettre 322)], avec dédicace, Ioanni Riolano Maximo Orbis et Urbis Parisiensis Anatomico S.D. (salutem dicit) Thomas Bartholinus [Thomas Bartholin adresse son salut à Jean Riolan, le plus grand anatomiste du monde et de la ville de Paris] (33 pages) ;

    5. Thomæ Bartholini Doctoris et Professoris Regii, Dubia anatomica de lacteis thoracicis, et an Hepatis funus immutet Medendo Methodum [Doutes anatomiques de Thomas Bartholin, docteur et professeur royal, et si les funérailles du fois transforment la méthode pour remédier] (36 pages), avec dédicace à Guy Patin (v. notule {b}, note [19], lettre 325).

      Patin en a remercié Bartholin, sans grande effusion, au début de sa lettre du 12 septembre 1653 (v. sa note [1]) puis à nouveau, mais plus disertement, dans celle du 26 septembre suivant.


17.

Étaler : « Exposer de la marchandise en vente, la mettre à l’étalage à la vue du public » (Furetière).

Le système du prête-nom et de « prête-officine » avait été fixé par un édit de décembre 1649 : tout marchand forain devait présenter pour contrôle ses balles au syndic de la Communauté des libraires ou à ses adjoints ; il ne pouvait débiter ses livres à Paris que par l’intermédiaire d’un libraire de la capitale ; son séjour ne pouvait excéder trois semaines (Jestaz).

18.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 198 ro, 18 mars 1653) :

« M. le duc de Damville ayant refusé la démission du gouvernement de Limousin {a} et le Conseil étant d’ailleurs, comme l’on dit, mal satisfait de lui, M. de Brienne lui porta, le 14 du courant au soir, l’ordre de se retirer à Bourdeaux de Vigny {b} qui est une maison appartenant à Mme de Ventadour, sa mère, située trois lieues au delà de Pontoise. Aussitôt qu’il eut reçu cet ordre, il fut prendre congé de la reine et l’assura que, quelque disgrâce qu’il eût, il serait toujours bon serviteur du roi, qui a témoigné le regretter ; mais on ne jugea pas à propos de lui permettre de le voir. Il partit le lendemain, 15 au matin, et M. l’archevêque de Bourges {c} l’ayant accompagné, l’on croyait d’abord qu’il eût le même ordre, mais il n’avait été donné qu’à ce duc. Cette disgrâce fit d’abord appréhender celle du maréchal de Villeroy, mais on n’en voit pas encore beaucoup d’apparence, ni aucun effet de celle de M. de Joyeuse, qu’on croyait aussi pour ce qu’il s’est plaint de ce qu’on a ôté le gouvernement de Provence à M. d’Angoulême, son beau-père. »


  1. Le duc (v. note [48], lettre 294) avait refusé d’abandonner son gouvernement de Limousin en faveur du maréchal de Turenne. Il finit par le lui céder en décembre 1653.

  2. Aujourd’hui Vigny-en-Vexin dans le Val-d’Oise.

  3. Anne Lévis de Ventadour (v. note [14], lettre 443), auquel son frère, le duc de Damville, avait confié son gouvernement.

19.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 198 vo, 18 mars 1653) :

« Ce matin, le Parlement a vérifié l’amnistie qui a été accordée au comte Du Dognon {a} ensuite de son traité, par lequel on lui accorde le bâton de maréchal de France, 200 mille livres d’argent comptant, le gouvernement de Saumur et la permission d’acheter le duché de Mayenne pour être duc ; moyenant quoi, il remettra ses gouvernements de Brouage et du pays d’Aunis entre les mains du roi qui lui permet d’y demeurer jusqu’à l’exécution des choses qui lui ont été promises. » {b}


  1. V. note [3], lettre 207.

  2. Rien n’était donc trop cher pour allier à la cour un tel partisan de Condé et un si redoutable défenseur de Bordeaux.

20.

« mais tout cela est incertain. »

Il n’y eut alors pas de réconciliation entre le roi et son oncle, Gaston d’Orléans. Pêcher un étang, c’était, tous les trois ans, le vider pour y ramasser tous les poissons qu’on y avait élevés.

21.

La rue de la Harpe (dont il subsiste un tronçon dans le ve arrondissement de Paris) était alors une importante artère du Quartier latin. Elle suivait le tracé de l’actuel boulevard Saint-Michel, montant depuis la rue Saint-Séverin jusqu’à la porte Saint-Michel (actuelle place Edmond-Rostand, au niveau de la rue Soufflot).

22.

« il est heureux que nous soyons ici » (Marc 9:5, paroles de Pierre à Jésus lors de sa transfiguration).

V. note [42], lettre 292, pour le duel où le duc de Beaufort tua son beau-frère, Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours.

23.

Je n’ai identifié que trois ouvrages du P. Théophile Raynaud dans cette liste :

Sommervogel n’a pas recensé et les index (19e tome) des Opera omnia ne contiennent pas de titres correspondant aux trois autres sujets : « de la manière de réussir dans la Compagnie [de Jésus] », « du concile sacré de Besançon » (tenu en 444, qui aboutit à la déposition de Célidonius, évêque de Besançon qui avait épousé une veuve), et « de l’origine des chartreux ».

24.

Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu, frère aîné du cardinal-duc de Richelieu, cardinal-archevêque de Lyon était mort d’hydropisie le 23 mars. Le maréchal de Villeroy (v. note [5], lettre 133) était alors gouverneur du Lyonnais.

25.

« ainsi tous les fleuves vont-ils à la mer, qui jamais ne déborde. »

Guy Patin s’inspirait sans doute ici d’une diatribe du luthérien Johann Leonhard Weidner, {a} qui est imprimée dans le féroce recueil intitulé :

Elixir Iesuiticum sive Quinta Essentia Iesuitarum ; ex variis, inprimis Pontificiis, authoribus Alembico veritatis extracta ; quæ Mundi theatro exhibetur, continens, i. Epitheta et periphrases Iesuitarum. ii. Catalogum, vel quasi Testium Veritatis de Iesuitis. iii. Similitudines et Apophthegmata de Iesuitis. iv. Theses et Positiones ex nova-antiqua veritate desumptas, Patribus Iesuitis ad ventilandum proximis diebus Saturnalibus, et qui eos sequentur usque ad carnis privium, vel præter propter, propositas. Collectore Gratiano Leosthene Saliceto.

[L’Élixir jésuitique, ou la Quintessence des jésuites, extraite de l’alambic de la vérité par divers auteurs, et surtout par les papes. Mise au jour par le théâtre du monde, elle contient : i. les Épithètes et Périphrases des jésuites ; ii. un Catalogue, qui est comme celui des témoins sur les jésuites ; iii. les Analogies et Dits célèbres au sujet des jésuites ; iv. les Thèses et Questions, tirées de la vérité ancienne comme nouvelle, que les pères jésuites ont proposées au débat, aux jours proches des saturnales, {b} et ceux qui les suivent tant bien que mal jusqu’à s’abstenir de viande. Recueilli par Gratianus Leosthenes Salicetus]. {c}

Le latin repris par Patin est aux pages 353‑354 de la partie intitulée Vaticinium Hildegardis Jesuitis accomodatum per J.L.W.O.P.C.N. etc. quæ suo tempore addam [Prophétie d’Hildegarde {d} que J.L.W.O.P.C.N, {e} a accommodée aux jésuites, que j’ajouterai le moment venu] contre les jésuites comme « insatiables prédicateurs » :

comparavi eos peræ mendicorum, quæ nunquam potest impleri ; comparavi mari, in quod quanquam omnia flumina influant, tamen nunquam redundat ; comparavi hydropicis.

[je les ai comparés à la besace des mendiants qui jamais ne peut être remplie, à la mer qui jamais ne déborde bien que tous les fleuves s’y déversent ; je les ai comparés aux hydropiques]. {f}


  1. V. 2e notule {b}, note [6], lettre 114.

  2. V. note [1], lettre 859.

  3. Sans lieu ni nom, 1645 (Anno primi Iubilæi Iesuitici. Loco Iesuitis minus repleto, sed melioribus mentibus dedicato [En la première année du jubilé jésuite. En un lieu peu rempli de jésuites, mais consacré à des esprits de meilleure trempe]), in‑12 de 429 pages, latin et allemand.

    Le frontispice de ce livre porte le titre d’Elixir Iesuiticum. Secunda cura et parte augmentatum, una cum vaticinio Hildegardis Isesuitis accommodato. pars prima. Autjore et Collectore I.L.W.O.P. [Élixir jésuitique. Seconde édition augmentée d’une partie, et de la prophétie d’Hildegarde, arrangée pour les jésuites. Première partie. Écrite et recueillie par I.L.W.O.P.]. Il est orné de haur en bas par :

    • une crucifixion, où le Christ ressemble à Ignace de Loyola, entouré de deux jésuites qui figurent les larrons ;

    • deux jésuites debout dont l’un lit et l’autre prie ;

    • trois vignettes représentant ceux qui ressemble aux assassinats des rois de France Henri iii et Henri iv et à la conspiration des poudres.

  4. Hidegarde de Bingen, une mystique bénédictine allemande du xiie s., sainte et Docteur de l’Église.

  5. Initiales de Johann Leonhard Weidner natif d’Ottersheim dans le Palatinat (J.L.W.), sans explication que j’aie trouvée à leur suffixe (C.N.).

  6. V. note [12], lettre 8.

Le frère cadet du maréchal de Villeroy, Camille de Neufville (Rome 1606-1698), abbé d’Aisnay (Ainay ou Esnay), allait être nommé par le roi archevêque et comte de Lyon le 28 mai 1653, puis sacré à Lyon le 29 juin 1654 (Gallia Christiana).

Mazarin prenait les deux abbayes de Saint-Étienne de Caen et de Saint-Victor de Marseille rendues vacantes par la mort du cardinal de Lyon, Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu. Quant à sa charge de proviseur de Sorbonne, « Messieurs de Sorbonne ont élu en sa place le cardinal de Retz, quoique prisonnier » (Journal de la Fronde, volume ii, fo 200 vo, 28 mars 1653).

26.

« Il a tout été, et ça ne lui a servi à rien » : Omnia fui et nihil expedit, paroles de Septime Sévère (Histoire Auguste [v. note [31], lettre 503], Severus, chapitre xviii, § 11, page 333).

En tête de ce paragraphe, Guy Patin a ajouté falsum [c’est faux] : Jean ii Casimir, roi de Pologne, après avoir été jésuite et cardinal (v. note [12], lettre 263), mourut en 1672 à Nevers, ayant abdiqué en 1668. Son frère cadet, Charles Vasa (1613-1655), duc de Ratibor, quatrième fils de Sigismond iii (v. notule {f}, note [31], lettre 211) et de Constance d’Autriche, était évêque de Breslau (v. note [6], lettre de Charles Spon, datée du 24 avril 1657). Au début du paragraphe, « après la reine » signifie probablement que la fausse nouvelle émanait de l’entourage d’Anne d’Autriche.

27.

La censure a établi des différences entre les pages 39 et 40 des deux éditions (1652 et 1653) de la Vita Petri Puteani [Vie de Pierre Dupuy] de Nicolas Rigault (v. note [7], lettre 307) :

Ab eo tempore Puteanus in Urbe mansit, nisi quod brevibus interdum excursionibus in Camplatrosum Molæi sui prætorium rebus prolatis rusticandi gratia secedebat, unde mox recurreret ad nota vitæ officia privatæ ; per quæ nihilominus publicis utilitatibus ita serviebat, ut penes eum perpetuus esse videretur in privati persona magistratus. Hæc vero tunc fuit ævi condicio. Excusso de regni gubernaculis Concinio nebulone, obtritis nimio Conestabilitatis pondere Luinæis ;

[À partir de ce moment, Dupuy demeura à Paris, hormis quelques brèves excursions, de temps à autre, au château de Champlâtreux où il allait visiter le président Molé qui occupait son temps libre aux champs, et d’où il revenait bientôt pour se livrer aux charges ordinaires de sa vie privée ; il ne se mêlait plus du tout des affaires publiques, au point que les magistrats le considéraient comme en étant définitivement écarté. Telle était alors à vrai dire la situation de l’époque : le vaurien de Concini ayant été dessaisi des rênes du pouvoir, elles avaient écrasé de leur trop grand poids le connétable de Luynes] ;

Haud ignoravit Puteani nomen, nec parum sibi fore ad gloriam ratus si laudatissimo viro uteretur, studiorum eius fautor haberi, et honoraria quotannis præstari voluit.

[Il n’ignora pas le nom de Dupuy, et songea fort à l’avantager, voulant, s’il avait pu le mettre au service entier de sa gloire, se faire le protecteur de ses études et lui verser une belle rente annuelle].

V. note [3], lettre 325, pour une autre altération du texte entre les deux éditions.

28.

Guy Patin était mal informé car c’était tout le contraire : Sarlat (aujourd’hui Sarlat-la-Canéda, Dordogne) se délivrait des condéens. Marchin, à la tête d’une armée frondeuse, avait entrepris le siège de la ville le 25 décembre 1652. Malgré une résistance farouche, Sarlat s’était rendue le 1er janvier 1653 sans voir arriver le secours promis par la Couronne. Marchin avait repris sa campagne en laissant dans la ville une garnison de 1 200 hommes formée des régiments d’Enghien et de Marchin placés sous le commandement de François de Chavagnac. Ayant habilement conspiré, les Sarladais avaient chassé leurs occupants le 23 mars avec l’aide des forces royales (vicomte G. de Gérard, La Fronde à Sarlat, Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1910, tome 37).

Journal de la Fronde (volume ii, fo 205 ro et vo, Bordeaux, 275 mars 1653) :

« Avant-hier, M. le prince de Conti fit passer la rivière {a} à toute la cavalerie qu’il avait fait venir ici. L’on disait qu’il l’envoyait à Sarlat où l’on craignait une révolte ; mais on a été prévenu. La nouvelle étant venue hier, les habitants {b} joints au régiment de Marchin qui était en garnison, ont égorgé les régiments d’Enghien et de Conti ; qu’ils y avaient fait aussi prisonnier Chavagnac qui les commandait. »


  1. La Gironde.

  2. De Sarlat.

29.

« qui par ses harangues bouffonnes » ; v. note [13], lettre 298, pour les évêchés successivement attribués au P. François Faure.

30.

Principal auteur de ce complot fomenté à la cour, le P. Berthod, agent de Mazarin, en a donné un récit détaillé dans ses Mémoires (pages 600‑612).

Le P. Jean-Dominique Ithier, ancien confesseur d’Anne d’Autriche, y joua le rôle d’agent double auprès du prince de Conti et de Mme de Longueville dont il s’était acquis la confiance. Le plan capota au dernier moment.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 202 ro et vo, 6 avril 1653) :

« Les lettres de Bordeaux du 24 du passé portent qu’il s’y était découvert un dessein qui aurait fait rentrer Bordeaux dans l’obéissance du roi s’il eût réussi ; que le supérieur des cordeliers de cette ville-là, nommé le Père Ithier, avait fort travaillé pour cet effet à disposer les bourgeois, et particulièrement les principaux de l’Ormée, à se soulever contre M. le prince de Conti et à se saisir de sa personne, et de celles de Mme la Princesse et de Mme de Longueville ; que pour cet effet, il avait fait tous ses efforts pour gagner un des plus accrédités de l’Ormée, nommé Villars, par le moyen d’une religieuse carmélite {a} qui est sa sœur, laquelle lui avait porté parole de grandes récompenses et entre autres, de 15 000 livres par avance en argent comptant ; dont Villars avertit aussitôt ce prince qui, voulant dissimuler la chose, l’obligea de promettre l’exécution de ce qu’on lui demandait et de prendre ce qu’on lui offrait. Aussitôt, ce père cordelier fit payer les 15 000 livres à Villars qui les reçut ; et ensuite, M. le prince de Conti ayant fait approcher des troupes et fait entrer 300 chevaux dans la ville, fit arrêter ce père, le président d’Affis, les sieurs Des Bordes et Castelnaut, conseillers au parlement, un avocat et le curé de Saint-Rémi. Le premier ayant été convaincu d’abord, fit voir un nombre de lettres de la cour qui témoignaient l’ordre qu’il avait eu de faire soulever tous les quartiers de la ville, dans laquelle M. de Vendôme devait faire entrer des gens de guerre par la rivière, et M. de Candale par terre en même temps ; qu’on devait tuer le général Marchin et quelques autres. Plusieurs officiers de l’Ormée demeurèrent hier toute la journée assemblés avec cent bourgeois de l’Ormée sur ce sujet ; et il s’y parla de juger militairement tous ces prisonniers, desquels on prétend faire un exemple mémorable. »


  1. Mère Angélique.

Le P. Berthod parvint à s’échapper, mais Ithier fut arrêté prisonnier. Il ne fut pas condamné à mort, mais sa punition n’en fut pas moins rude (ibid., fo 205 ro, de Bordeaux du 25 mars) :

« Le 24e du courant, le Père Ithier, supérieur des cordeliers, fut jugé par le général Marchin, par le comte de Maure, assistés de quelques capitaines de cavalerie et de six des plus hardis de l’Ormée, et quelques autres. Il fut condamné à faire amende honorable à Leurs Altesses et à être mis entre quatre murailles, réduit au pain et à l’eau. Hier l’exécution en fut faite. Il y avait deux compagnies en armes et tout le guet. On le sortit de l’hôtel de Ville et on le mit sur une charrette après l’avoir rasé et dégradé, couvert d’un méchant habit de pays, la torche au poing, la corde au col, les mains liées et conduit par le bourreau. Les religieux de son couvent sortirent tous revêtus de [mot manquant] et portant des cierges blancs allumés, furent à l’hôtel de Ville pour s’opposer à cette exécution ; mais ils furent repoussés avec violence par ceux de l’Ormée qui les menaçaient de les massacrer s’ils ne se retiraient. Delà, il fut conduit à Saint-André chez M. le prince de Conti, chez Mme la Princesse et chez Mme de Longueville pour y faire l’amende honorable ; et ensuite il fut remis dans l’hôtel de Ville. Après quoi, ce prince envoya chasser tous les religieux du couvent à son de trompe ; et les ayant fait passer la rivière, fit mettre cent hommes de garde dans leur couvent. »

En récompense de ses services à Bordeaux, le P. Ithier fut nommé évêque de Glandèves en juin 1654 ; il y siégea jusqu’à sa mort, en 1672.

31.

Le cardinal Mazarin ne fut nommé ni chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit, ni grand aumônier de France. Ces honneurs échurent à son compatriote le cardinal Antonio Barberini.

32.

« Il me reste une seule chose à vous écrire ».


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er avril 1653

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(Consulté le 20/04/2024)

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