L. 338.  >
À Charles Spon,
le 13 février 1654

Monsieur, [a][1]

Depuis ma dernière, laquelle fut le 30e de janvier, je vous dirai que dès le lendemain, qui fut un samedi, M. Huguetan [2] le libraire me vint voir et me dire adieu pour s’en aller faire un petit voyage à Lyon. Dieu le veuille bien conduire et le conserver, je dirais pareillement très volontiers, le ramener aussi car il dit qu’il reviendra bientôt, mais peut-être qu’il n’en sera pas besoin et que ses affaires prendront un autre train.

Depuis ce temps-là, il a ici paru une autre pièce touchant l’antimoine, [3] qui sont des vers latins qui ont été envoyés chez la plupart des docteurs le samedi 7e de février. Guénault [4] y est bien chargé, et Vallot [5] déchargé. J’aurais bien de la peine à vous dire de ce dernier le pourquoi. Pour Guénault, il a très bien mérité cela et davantage. Je ne sais rien de l’auteur. Si j’en apprends quelque chose, je vous le manderai par ma première. Je n’en ai encore qu’un léger soupçon contre un homme qui est bien capable de tout cela.

Au reste, je vous donne avis que tous nos docteurs antimoniaux sont si fort étourdis de la Légende [6] que, de honte qu’ils ont de se voir là-dedans, ils voudraient n’avoir jamais signé ; [1][7] et vous proteste que jamais on n’a donné si peu d’antimoine dans Paris que l’on a fait depuis trois mois. Ils n’en osent plus donner et plusieurs d’entre eux même m’ont dit qu’ils n’en donneront jamais, tant ils sont honteux de la faute qu’ils ont faite ; les charlatans [8] n’en donnent plus aussi. Pour les vers latins, desquels je vous ai parlé ci-dessus, en voilà une copie que je vous envoie.

Ce 9e de février. Pour réponse à votre agréable lettre datée du 30e de janvier, laquelle je viens de recevoir (elle a été dix jours en chemin et néanmoins elle n’a pas été ouverte), [9] je vous dirai que je me souviens fort bien de M. Seignoret, [2][10] qui est un homme d’honneur, comme aussi de M. de Toulieu, [11] que j’ai eu le bonheur de voir tous deux en cette ville. Le prince de Conti [12] est de présent à Fontainebleau où il attend les ordres du roi, [13] n’étant point encore d’accord pour les articles de son mariage avec la nièce de l’Éminentissime. [3][14][15][16] J’ai reçu votre paquet de causa Iansenistica [4] et vous en ai donné avis par ma dernière, je vous en remercie pareillement avec M. Gonsebac [17] à qui j’ai beaucoup d’obligations. Feliciter actum est cum vestro vulnerato Dano, sed vestrum est propiscere ne contabescat a tanto morbo[5] Un riche marchand de vin reçut un jour un coup de poignard entre deux côtes, par derrière ; un malhabile chirurgien y fut appelé qui pensa tout gâter, la fièvre survint dans un corps pléthorique ; [18] la sœur du malade m’y fit appeler, il étouffait de plusieurs causes : de fièvre, de sang enflammé, de gangrène [19] dans toutes les chairs des muscles, et de beaucoup d’eau dans la poitrine ; il fallut, à cause de la gangrène, couper beaucoup de chairs pourries et par ces incisions fut donnée issue à beaucoup de sérosités qu’il avait dans la poitrine ; unde feliciter evasit[6] et est encore vivant. Il était asthmatique et hydropique [20] du poumon lorsqu’il fut blessé, de sorte que ce coup de poignard fut apparemment cause de son bonheur, aussi bien que de sa blessure. Vulneris auxilium Pelias hasta tulit[7][21]

Je suis bien aise qu’ayez reçu le paquet de livres que j’avais délivré à M. Huguetan il y a tantôt quatre mois ; mais d’autant que vous en avez payé le port, je vous le veux rendre. C’est pourquoi je vous supplie de ne point manquer de me mander dans votre première que vous me ferez l’honneur de m’écrire quelle somme vous en avez délivré : cela doit être sur moi et non pas sur vous ; ce que j’en fais n’est point seulement pour vous dédommager (à quoi je suis néanmoins très obligé), mais aussi à cause de M. Huguetan avec lequel j’ai un compte à arrêter ; et hoc, ut mihi constet ratio tum expensi, tum accepti[8] c’est pourquoi je vous en prie derechef.

Pour le bateau de Charenton, [22][23] c’est grande pitié. Cet accident m’a fort touché : un des compagnons de classe de mon troisième fils, [24] nommé Besset, [25] y a été noyé ; il était le meilleur de sa classe, mon fils en porte le deuil et nous en parle tous les jours avec grand regret. [9] La vie de l’homme est une triste et misérable chose, pleine de diverses calamités. Tous les éléments font la guerre à l’homme qui ne s’en amende pas, il ne laisse pas d’être méchant, fourbe, insolent, ingrat et méconnaissant, [10] et tout autrement porté au mal plutôt qu’au bien, si ce n’est à celui d’autrui.

Pour le sieur Lombard, [26] il est bien heureux d’être reçu. Je ne sais comment cela s’est fait ; peut-être que sainte Croix y a passé, laquelle passe bien ailleurs : omnia Romæ cum pretio[11][27]

Le livre du pulvis febrifugus de Chifflet [28] a été ici bien reçu. [12] La drogue [29] est éventée, elle ne fait plus ici de miracle, pene solos habuit præcones Loyolitas[13] Guénault dit que puisque l’antimoine n’est plus bon [30] et que la poudre des jésuites est déchue, qu’il faut trouver quelque autre nouveauté pour embarrasser le peuple qui veut être trompé, un charlatan en dirait-il davantage ? La fièvre en a quitté à quelques-uns, mais elle leur a repris tôt après. Guénault dit que ce livre est un coup de Chifflet qui a étourdi les cailles. [14] Je savais bien le passage contra stibium du livre de Petrus à Castro, [31] je vous en remercie, M. Riolan [32] en a bien de plus formels et de plus précis. [15]

Je vous prie de dire à M. Rigaud [33] qu’il n’a que faire de m’écrire pour s’excuser, il est tout excusé ; il me suffira ou qu’il commence l’impression comme il m’a promis, ou qu’il vous rende la copie ; [34] quand vous aurez le tout entre vos mains, novum consilium capiemus[16] J’ai fait vos recommandations à M. Garmers, [35] il vous en remercie. J’ai reçu de chez M. Lamy [36] vos prunes de Brignoles [37] et vous en ai par ci-devant remercié, et vous en remercie derechef. [17] Il court ici un sanglant livret contre l’Almanach que les jésuites ont fait faire en dérision des jansénistes ; [38] ce sont des vers français, je tâcherai de vous en envoyer un, il est intitulé Les Enluminures de l’Almanach des jansénistes, etc[18][39] Le fils de M. Moreau [40][41] est véritablement un gentil garçon, savant et adroit, mais il n’a que 28 ans et ne voit plus tantôt goutte ; et qui pis est, il est si fort ivrogne qu’à peine se passe-t-il un jour qu’il ne s’en donne au cœur joie. [19] Monsieur son père en a été fort averti ; moi-même je lui ai dit par deux fois ; res est omnibus nota[20] tout Paris le sait. J’ai peur que cette affliction ne fasse bien fort vieillir le bonhomme ; ceux qui les connaissent les en plaignent tous deux.

Ce 13e de février. On dit que le prince de Conti est à Fontainebleau, tout prêt d’épouser une des mazarinettes ; qu’il doit ici arriver demain et lundi prochain, qui sera lundi gras, [21] devenir un des petits gendres de l’Éminence pourvu qu’on lui donne ce qu’on lui a promis, savoir 200 000 écus d’argent comptant avec un retentum de 50 000 écus de rente sur ses bénéfices qu’il quitte à son oncle prétendu. Sur cet article qu’on lui a promis, il intervient une grande difficulté, c’est que les experts et habiles jurisconsultes en matière bénéficiale consultés là-dessus ont répondu que cela ne se pouvait faire ; que jamais on ne l’obtiendrait du pape ; que telle chose ne s’est jamais faite et qu’il y a à cela trop de conséquence. Il faut donc travailler à raccommoder cet article et le récompenser en autre chose. On dit aussi qu’il y a longtemps que ces noces seraient faites, n’eût été que le prince de Conti tâchait en même temps de faire la paix de son frère le prince de Condé, [42] ce qui n’a pu réussir. L’évêque de Fréjus [43] en Provence est mort ; on dit que deux Italiens courent après, savoir le cardinal Grimaldi [44] et le sieur Ondedei [45] qui est un des secrétaires de l’Éminence. [22][46] Tous ces Italiens auront tout à la fin en s’engraissant des meilleurs bénéfices et des finances de la France.

Sardinii fuerant qui nunc sunt grandia Cete,
Sic alit Italicos Gallia pisciculos
[23]

Dans une assemblée d’évêques qui s’est faite depuis peu à Paris, plusieurs ont fortement parlé de procuranda libertate Cardinalis Retzii[24][47] et entre autres l’évêque d’Agen [48][49] qui, dès le lendemain, a reçu commandement de sortir de Paris et de se retirer en son évêché. [25] Si on en avait fait autant aux autres, on leur aurait fait plaisir, les renvoyant garder leur troupeau, où ils devraient être au lieu qu’ils ne sont ici la plupart qu’au bordel et à la comédie. À propos de comédie, cette grande qui se préparait au Louvre [50] pour les jours gras [51] ne se dansera pas sitôt, elle est remise après Pâques. [26][52][53] On dit que si le prince de Conti épouse la nièce, qu’au mois de mai on l’enverra vice-roi en Catalogne. [27][54] Hier fut ici enterré un de nos compagnons nommé de Saint‑Yon, [55] de la mort duquel je suis fort affligé : il était fort honnête homme, bon et sage, et du bon parti. [28] J’apprends que l’on imprime en Hollande un livre nouveau de M. Vander Linden intitulé Selecta quædam et difficilia Hippocratis loca, et ad ea Exercitationes[29][56]

Je me recommande à vos bonnes grâces et suis de toute mon affection, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce 13e de février 1654.

M. de Longueville [57] est parti ce matin pour s’en retourner à Rouen, ne voulant pas être présent aux noces de son beau-frère le prince de Conti.


a.

Ms BnF no 9357, fo 144 ; Reveillé-Parise, no cclv (tome ii, pages 111‑114) ; Jestaz no 108 (tome ii, pages 1183‑1187).

1.

V. notes [3] et [11], lettre 333.

2.

Étienne Seignoret, beau-frère de Charles Spon, v. note [1], lettre 280.

3.

V. note [46], lettre 337, pour le retour du prince de Conti à la cour. La nièce de Mazarin qu’il allait épouser était Anne-Marie Martinozzi.

4.

« à propos de la cause janséniste » ; il s’agissait du paquet et de la thèse de Zurich dont Guy Patin avait précédemment parlé plusieurs fois à Charles Spon (v. note [63], lettre 332).

5.

« Vous avez heureusement agi avec votre Danois blessé, mais il vous appartient de veiller à ce qu’il ne dépérisse pas d’une si grave maladie. »

6.

« dont il réchappa heureusement ».

7.

« La lance d’Achille a remédié à la blessure » : Ovide (Les Remèdes à l’amour, dernier des vers 44 à 48) :

Una manus vobis vulnus opemque feret.
Terra salutares herbas, eademque nocentes
Nutrit, et urticæ proxima sæpe rosa est ;
Vulnus in Herculeo quæ quondam fecerat hoste,
Vulneris auxilium Pelias hasta tulit
.

[La main même qui vous blessa saura vous guérir. Souvent le même sol produit des herbes salutaires et des herbes nuisibles ; près de la rose croît l’ortie, et la lance d’Achille {a} a remédié à la blessure qu’elle-même avait faite au fils d’Hercule].


  1. Pelias hasta (la lance du mont Pélion) est dans la mythologie la « lance que le centaure Chiron [v. note [5], lettre 551] avait coupée sur le sommet du Pélion et dont il fit présent à Pélée le jour de ses noces [v. note [48] du Borboniana 9 manuscrit]. Il s’en servit dans les combats et la donna à son fils [Achille] qui la rendit célèbre. Achille seul de tous les Grecs, pouvait en faire usage » (Fr. Noël).

Guy Patin pensait ici que les coups de poignard, malgré la gangrène qu’ils provoquèrent, avaient guéri le blessé en vidant l’hydropisie du poumon (sans doute un épanchement liquide de la plèvre) dont il souffrait. L’aiguille creuse de gros calibre qu’on utilise pour drainer la plèvre fait aujourd’hui office de lance d’Achille.

8.

« et ce, pour garder l’égalité entre ce que j’ai reçu et ce que j’ai dépensé ».

9.

V. note [30], lettre 337, pour le naufrage du bateau de Charenton ; le troisième fils de Guy était Pierre Patin (v. note [29], lettre 106).

10.

Méconnaissant : contraire de reconnaissant.

11.

« à Rome tout s’achète » (Juvénal, Satire iii, vers 183‑184).

Guy Patin a parlé plusieurs fois dans ses lettres précédentes du jeunes chirurgien Lombard, il le soupçonnait maintenant d’avoir obtenu sa réception au Collège de Lyon en se convertissant du protestantisme au catholicisme.

12.

V. note [9], lettre 309, pour le traité de « la poudre fébrifuge » (quinquina ou poudre des jésuites) de Jean-Jacques Chifflet.

13.

« à peine a-t-elle encore en sa faveur les panégyristes loyolites. »

14.

Jeu de mot sur Chifflet et sifflet, probablement par allusion au courcaillet, « cri que font les cailles » et « aussi un petit sifflet qui imite le cri des cailles et qui sert d’appeau pour les attirer. Il est fait de cuir qui se plisse en rond, qui s’étend et qui se resserre pour former ce bruit » (Furetière).

15.

Pedro de Castro, né en 1603 à Bayona (Galice), était le fils d’un médecin juif converti au christianisme. Vers 1639, après avoir étudié la médecine et l’avoir exercée en Avignon, il était venu s’installer à Vérone et s’était affiché comme juif sous son vrai prénom d’Ezequiel (Ezechiele en italien). Environ dix ans plus tard, il se reconvertit au catholicisme et prit le surnom de Pedro, sous lequel il signa ses livres à partir de 1650 (Yosef Hayim Yerushalmi, De la cour d’Espagne au ghetto italien… Paris, Fayard, 1987).

Castro était premier médecin du duc de Mantoue, membre du Collège de Vérone et de l’Académie des Curieux de la Nature (v. note [1] de la biographie de Philipp Jakob Sachs von Lewenhaimb) ; il mourut le 14 septembre 1663. Il n’avait alors publié sous le prénom de Pedro qu’un traité intitulé Febris maligna puncticularis aphorismis delineata. Petro a Castro Bayonate auctore [La Fièvre pourprée maligne décrite par aphorismes, par Pedro de Castro, natif de Bayona] (Nuremberg, Endter, 1652, in‑12, édition établie par Johann Georg Volckamer ; Padoue, Matthæus Cadorinus Bolzetta, 1653, in‑12 ; première édition à Vérone en 1650).

Le passage « contre l’antimoine » est dans le chapitre xix (pages 175‑176) de la section vii (Pharmacia), Agitur de lenientibus præparantibus, alterantibus, potu aquæ frigidæ, purgante medicamento radicativo, minorativo ; et occasiones exhibendi perpenduntur [Où il est question des préparations lénitives, altérantes, de la boisson d’eau froide, du médicament purgatif radical et minoratif ; et où sont soigneusement évaluées les occasions d’y recourir]. L’auteur recommande les purgatifs doux au début du typhus :

Nam multos invenietis, qui statim ingruente febre, indistincte et sine delectu omnibus exhibent violentissima pharmaca : Ut pulveres Algarotti, Cornachini, crocum Metallorum, Gratiolam herbam, semina Lathyridis, et similia.

[Il est vrai que vous en trouverez beaucoup qui, dès que la fièvre attaque, prescrivent à tous, sans distinction ni jugement, les médicaments les plus violents, comme sont scammonées et préparations d’antimoine : poudre d’algarot, poudre cornachine, safran des métaux, gratiole, graines d’espurge, et semblables remèdes]. {a}


  1. V. notes :


Guy Patin a plusieurs fois parlé précédemment du « centon de plus de 200 auteurs » que voulait colliger Jean ii Riolan pour en faire un pamphlet contre l’antimoine.

16.

« nous en délibérerons de nouveau. » Toujours les interminables atermoiements du libraire Pierre Rigaud de Lyon pour l’édition des Chrestomathies de Caspar Hofmann : v. note [1], lettre 274.

17.

V. notes [56], lettre 223, pour Pierre Lamy le libraire et [7], lettre 336, pour les prunes de Brignoles.

18.

Les Enluminures du fameux Almanach des P.P. jésuites intitulé La Déroute et la confusion des jansénistes. Ou Triomphe de Molina jésuite {a} sur saint Augustin. {b}


  1. V. note [10], lettre 263.

  2. Sans lieu ni nom ni date, in‑8o de 100 pages, « Enluminé pour la première fois le 15 janvier, et pour la seconde fois le 8 février 1654 ».

Attribué à Louis-Isaac Le Maistre de Sacy (v. note [5], lettre 867), ce pamphlet commence par une « Description exacte du fameux Almanach, intitulé la déroute et confusion des jansénistes ». Il s’agit de deux gravures, reproduites à la fin du préambule, dont la seconde montre le Saint-Esprit, le pape, son Église et le roi refoulant Jansenius et les jansénistes vers les bras de Calvin, avec ces trois quatrains :

« Le Pape
Puisque du S. Esprit l’Église illuminée
D’une fausse doctrine accuse les auteurs,
Par la puissance enfin que Dieu nous a donnée
Nous condamnons la secte et tous leurs sectateurs.

Le Roi
Poussés par la concorde et mus d’un divin zèle,
Qui maintient nos sujets dans l’esprit d’union,
Prêtons pour abolir une erreur criminelle,
Le bras de la justice à la religion.

Les Jansénistes
Ah ! que deviendrons-nous, malheureux jansénistes !
Il faut à nos erreurs renoncer à la fin,
Ou nous joindre au parti des docteurs calvinistes
Car le nôtre aussi bien tient beaucoup de Calvin. »

Le texte du livre est composé de 18 enluminures en octosyllabes français qui commentent l’Almanach avec d’abondantes notes marginales.

19.

« On dit s’en donner au cœur joie, pour dire se saouler d’une chose agréable » (Furetière).

20.

« la chose est de notoriété publique ».

21.

V. note [1], lettre 340.

22.

Pierre Camelin, évêque de Fréjus, avait été enterré le 4 février (v. note [9], lettre 298). Le cardinal Gerolamo Grimaldi (v. note [15], lettre 311) allait succéder au frère de Mazarin (Michele, mort en 1648) sur le siège archiépiscopal d’Aix-en–Provence.

Giuseppe Zongo Ondedei (Pise 1608-Fréjus 1674), docteur en droit civil et canonique, avait accompli diverses missions pour le pape au Portugal, en Avignon, à Rome et en Allemagne. Louis xiv le nomma évêque de Fréjus en octobre 1654, mais l’opposition de Rome l’empêcha d’en prendre possession avant février 1659. Parent de Mazarin et son ami de longue date, Ondedei avait accompagné le cardinal avec ses neveux et nièces dans son exil à Brühl, et lui servait de secrétaire.

23.

« Jadis des Sardinis désormais de grandes baleines, c’est que la France nourrit les petits poissons italiens. »

Guy Patin a plus tard attribué ces deux vers au Chancelier Michel de l’Hospital (v. note [14], lettre 513).

On le trouve un peu différent dans les Mémoires-journaux de Pierre de L’Estoile (édition de Paris, 1875, tome 1, page 20), en date de septembre 1574 :

« Du même jour, sur ces deux grands partisans, Sardini et Adjacet, fut publié le distique suivant, rencontrant proprement sur leurs noms :

Qui modo Sardini, iam nunc sunt grandia Cete :
Sic alit Italicos Gallia pisciculos
 » {a}


  1. Avec jeu de mots entre Sardini (Scipione Sardini [v. note [13], lettre 513] et consorts, affairistes italiens) et sardinæ (les sardines), mot latin d’origine grecque, sardênê, diminutif de sarda, sorte de thon qu’on pêche en Sardaigne.

24.

« qu’il fallait s’occuper de la liberté du cardinal de Retz ».

25.

Barthélemy d’Elbène (diocèse de Sens vers 1606-Agen 4 mars 1663) avait été nommé évêque d’Agen en 1636. En 1651, aux côtés de son frère Alphonse, évêque d’Orléans (v. note [15], lettre 444), il était intervenu en faveur de l’Augustinus de Jansenius (v. note [7], lettre 96) et des théologiens amis de Port-Royal.

Dictionnaire de Port-Royal (page 385) :

« En janvier 1654, Barthélemy d’Elbène intervient à l’Assemblée du Clergé “ avec beaucoup d’esprit et de vigueur ”, selon Godefroi Hermant, pour demander à ses confrères d’adresser des remontrances à la cour sur la question de la détention du cardinal de Retz. Il est suivi par les évêques de Sens, de Comminges et de Beauvais, Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, Gilbert de Choiseul et Nicolas Chouart de Buzenval, mais non par l’ensemble des évêques. “ La générosité de M. d’Agen, conclut Hermant, lui attira un ordre du roi pour se retirer dans son diocèse. On publia faussement que l’on en avait donné un semblable à MM. de Sens, de Comminges et de Beauvais. Le cardinal Mazarin se laissa persuader par ceux qui accusèrent les disciples de saint Augustin comme auteurs de cette délibération, ce qui était achever de les perdre dans son esprit, et il ne s’en détrompa jamais. ” »

26.

V. note [8], lettre 348, pour le ballet des Noces de Pélée et de Thétis. Le ballet des Proverbes fut dansé au Louvre les 17 et 23 février, et on y joua Le Cid le 22 (pièce de Pierre Corneille qui avait été créée en décembre 1636) (Levantal).

27.

Les fiançailles du prince de Conti et d’Anne-Marie Martinozzi furent célébrées au Louvre le 21 février par l’archevêque de Bourges, Anne de Lévis de Ventadour (v. note [14], lettre 443), dans la chambre du roi qui leur offrit ensuite un bal. Le lendemain, le même prélat les maria dans la chambre de la reine en présence du roi (Levantal).

28.

Jean de Saint-Yon, natif de Paris, avait été reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1647 (Baron) ; il n’était pas des 61 docteurs qui avaient signé en faveur de l’antimoine.

29.

« Certains passages choisis et difficiles d’Hippocrate, et leurs études » :

Johannis Antonidæ Vander Linden, Doct. et Professoris Medicinæ Practicæ ordinarii in Academia Lugduno-Batava, Selecta medica et ad ea exercitationes Batavæ.

[Morceaux médicaux choisis et essais hollandais à leur sujet par Johannes Antonides Vander Linden, docteur et professeur ordinaire de médecine pratique à l’Université de Leyde]. {a}


  1. Leyde, Louis et Daniel Elsevier, 1656, in‑4o.

    Cet ouvrage est divisé en 16 livres de morceaux choisis correspondant chacun à un classique du genre, surtout tiré d’Hippocrate, mais aussi de Galien, d’Athénée de Naucratis ou de Plaute.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 13 février 1654

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(Consulté le 24/04/2024)

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