Je vous envoyai ma dernière le 9e d’avril, laquelle était de quatre grandes pages. Depuis ce jour-là, nous apprenons ici que nous avons heureusement ravitaillé Le Quesnoy. [2] Le prince de Condé [3] s’est retiré, ils n’ont osé attaquer nos gens qui marchaient avec du canon, 5 000 chevaux et 4 000 hommes de pied. De ces 9 000 hommes, l’on dit qu’il en demeurera 3 000 dans la place pour la défendre et que les autres reviendront dans leurs garnisons jusqu’à ce que l’on fasse l’armée pour aller en campagne. Ils n’ont point attaqué nos gens, d’autant qu’ils n’ont osé hasarder une bataille et qu’entre eux il y a grande division, et même que le prince de Condé y est méprisé.
Ce 13e d’avril. Le Parlement s’était assemblé de nouveau, pour examiner les édits que le roi [4][5] fit vérifier en sa présence la dernière fois qu’il fut au Palais, qui fut à la fin du carême. Cela a irrité le Conseil et défenses là-dessus leur ont été envoyées de ne pas s’assembler davantage ; et de peur que le roi ne fût pas obéi, il a pris lui-même la peine d’aller au Palais bien accompagné, où de sa propre bouche, sans autre cérémonie, il leur a défendu de s’assembler davantage contre les édits qu’il fit l’autre jour publier. [6] Il y en a plusieurs fort odieux et entre autres, un pour le papier des notaires afin qu’ils soient obligés d’en faire leurs actes publics, ce qui ne se peut exécuter sans bien du désordre et qui fera beaucoup de bruit. [1][7]
Ce mercredi 14e d’a[vril]. J’ai aujourd’hui fait ma première leçon dans la grande salle de Cambrai. [8][9][10] J’avais 52 écoliers qui écrivaient et quelques autres auditeurs. J’ai trouvé que c’était encore assez, vu que depuis la semaine sainte plusieurs s’en sont allés à cause qu’il y avait apparence que l’on ne ferait plus de dissections anatomiques. Je vous envoie une copie de l’affiche, avec la copie des manuscrits de Cardan [11] que le jeune Billaine [12] apporta l’an passé d’Italie. [2]
Le premier président au Parlement, qui est M. de Bellièvre, [13] et les présidents au mortier ont été saluer de roi dans le Bois de Vincennes, [14] touchant le voyage que le roi avait fait au Parlement. Ils y ont été fort bien reçus, le roi leur a promis de la modification pour tous ces édits, on s’y attend de deçà.
On parle ici de quelque brouillerie en Bretagne, [15] d’une autre à Toulouse [16] et d’une à Rouen ; [17] même, M. de Longueville [18] qui en était le gouverneur en est sorti et s’en est venu à Coulommiers en Brie [19] d’où il est seigneur.
Aujourd’hui 16e d’avril, le courrier est arrivé de Rome, lequel apporte nouvelles de la création d’un pape, savoir du cardinal Chigi qui a pris la qualité et le nom d’Alexandre vii. [20] Il a été nonce à Cologne, [21] où M. Riolan [22] l’a fait tailler [23] de la pierre autrefois. Il a aussi été plénipotentiaire à Münster. [24] J’ai de lui céans un livre de poèmes latins. [3] M. Ogier [25] le prieur l’a connu fort particulièrement à Münster, il le tient le plus savant homme de l’Italie. Les Parisiens se réjouissent de cette nouvelle à cause que l’on dit qu’il est bon ami du cardinal de Retz : [26] An qui amant ipsi sibi somnia fingunt ? [4][27] Tel était hier Français qui sera demain Espagnol, est animal varium et semper mutabile princeps. [5][28] Ce même jour, j’ai fait dans Cambrai ma seconde leçon à laquelle j’avais, de compte fait, 68 auditeurs. Comme j’ai vu que l’on m’écoutait avec joie, j’ai fait durer une heure entière mon explication et en suis sorti avec grand applaudissement. Devinez si je ne suis pas bien glorieux de vous écrire ces petites réjouissances miennes. Il y a ici un bruit de la mort de M. Des François, [29] cela vient de M. de Serres, [30] médecin du cardinal de Lyon. [6]
Ce dimanche 18e d’avril. Et pour réponse à la chère vôtre que je viens de recevoir, datée du 13e d’avril (qui est le même jour, ou tout au plus tard ce sera le suivant, que vous aurez reçu ma dernière), je vous dirai que je vous rends grâces de toute mon affection de la peine que vous prenez de m’écrire et de plus, que j’attendrai patiemment la lettre que vous avez donnée à votre médecin de Strasbourg, [31] que je serai bien aise d’avoir l’honneur de connaître et que je servirai volontiers si j’en ai moyen. [7]
Je me souviens d’avoir ouï dire quelque chose de ce pauvre jeune homme nommé M. Moisson [32] à qui un fripon de compagnon barbier [33] a donné quelque poudre qui l’a tué. C’est qu’à Paris il n’y a point de police, outre que c’est la faute des malades mêmes qui se fient à toute sorte de gens ; aussi est-ce une chose honteuse combien ils en tuent ici tous les ans sans qu’aucun en soit châtié. Je ne sais s’il mourut le jour même, mais je suis très certain que Guénault [34] l’a vu et que l’on y parla de moi ; l’on fût même venu céans me quérir, n’eût été que j’étais trop loin ; peut-être aussi que Guénault l’empêcha. Je vous assure que nous haïssons à Paris les chirurgiens, [35] à l’égal et peut-être plus que les apothicaires, [36] vu qu’ils sont également insolents ; joint que ce sont des compagnons du pays d’Adieusias, [37] qui promettent merveilles de leurs secrets à ces pauvres jeunes gens, quos impura Venus ut plurimum momordit. [8]
Cette Histoire des cérémonies du siège vacant a pour auteur un jeune homme de Paris nommé de Monstreuil [38] qui a été secrétaire d’un ambassadeur à Rome ; au moins voilà ce que j’en ai ouï dire. [9] Je n’ai point encore ouï parler de ce qu’a fait le P. Fabri [39] adversus pulverem febrifugum Chiffletii ; [10][40][41] s’il en vient à Lyon, voilà de la besogne pour M. Barbier puisqu’il a imprimé l’autre. Je ne connais point ce M. Bary, [42] auteur de la Rhétorique française, mais je puis bien vous dire qu’il est ici en bonne réputation d’un honnête homme. [11] Pour le chimiste [43] Barlet, [44] il demeure dans le Collège de Cambrai, [45] dans quelque grenier où il a quelques fourneaux et où il tâche de gagner sa vie en faisant quelque cours de chimie. Il est de Dauphiné, c’est un bon petit homme âgé d’environ 53 ans, maigre, pâle et jaunâtre. Il peste fort contre les chimistes vulgaires, et dit que ce sont des ignorants et des bourreaux. Il ne fait point le médecin, ne donne ni ne vend des drogues ; il improuve fort l’antimoine [46] et appelle sa chimie l’Art de Dieu, la physique résolutive, etc. Il m’est venu voir deux fois céans et m’a donné son livre. [12]
Du Galien grec-latin [47] de M. Chartier, [48][49] cinq volumes restent à faire, savoir les 9e, 10e, 11e, 12e et 14e ; le 13e est fait. Après cela, il faudra une table, laquelle doit contenir un volume tout entier. [13] La maison est ruinée, ceux qui ont commencé ce grand dessein ne l’achèveront jamais. La veuve [50] est chargée de six enfants, elle est chicanée par trois autres enfants du premier lit, dont l’aîné, Jean Chartier, [51] est gueux comme un peintre : il n’a point du pain ; il est si misérable que pour épargner le louage de sa chambre, M. l’évêque de Coutances [52] lui a permis d’aller occuper une chambre dans le Collège royal, d’où les autres professeurs du roi veulent le chasser et plaident pour cet effet contre lui ; il doit cent fois plus qu’il ne vaut, ses gages de professeur du roi sont arrêtés et saisis, depuis quatre ans ils n’en ont reçu que six mois ; [53] il se dit médecin du roi, la charge en appartient à sa belle-mère, sauf à lui d’en donner 12 000 livres dont il n’a pas les douze premiers sols ; ils voudraient bien la vendre, mais ils n’en trouvent point de marchands et la vente n’en vaut rien ; depuis neuf ans, ils n’en ont rien reçu de leurs gages. Sa femme vend de la cendre, unde victitat et miseram vitam trahit. [14] Pour ce qui est imprimé, tout cela est fort imparfait ; et néanmoins, la veuve en demande 150 livres de papier fin, et de papier commun, 100 livres, sed fatuos non invenit. [15] Elle sera bientôt obligée d’en faire meilleur marché ou autrement, les créanciers feront tout vendre à non-prix. [16]
J’ai vu les vers premiers et seconds du P. Bertet, [54] et ce qui y a été changé : il est vrai qu’il n’y a eu de cette réconciliation qu’une proposition, dont la conclusion ne s’est point ensuivie ; mais on la tenait faite quand je vous l’écrivis. Je vous en dirai quelque jour davantage, il y a eu cause pour cela. [17][55][56]
J’ai vu ce catalogue des plantes du jardin de Blois [57][58] de M. le duc d’Orléans ; [59][60] même je pense l’avoir céans quelque part ; sed ista hihil faciunt ad artem, [18] ce n’est qu’un nomenclator. [19] Je baise très humblement les mains à M. Gras, à M. Falconet et à M. Huguetan, s’il vous plaît. Pour M. Pecquet, [61] je doute fort s’il voudrait quitter son maître [62] (qui aspire bien au-dessus de l’évêché d’Agde, qui est frère d’un surintendant des finances) [63] et avec lequel il est fort bien, pour être professeur à Montpellier. [64] Peut-être que ce Rivière, [65] qui est un homme affamé d’argent, voudrait lui avoir donné cette sienne profession pour quelque récompense présente. [20]
M. Gassendi, [66] qui vivote en attendant que le beau temps et chaud soit venu, m’a aujourd’hui appris que M. Blondel, [67] savant ministre, est mort à Amsterdam, [68] et Daniel Heinsius, [69] à Leyde. [21][70] Et en récompense de ces deux bons, en voici deux méchants et infâmes, dont l’un est Le Fèvre, [71] soi-disant médecin de Troyes, [72] bailleur de petits grains (lequel en donna au cardinal de Richelieu), qui mourut le 15e de ce mois à Troyes de deux prises de vin émétique [73][74] qu’il prit le jour d’auparavant ; l’autre est Mayerne Turquet, [75] lequel est mort en Angleterre ; tous deux grands fourbes, grands imposteurs et insignes charlatans. [76] Le Fèvre avait environ 57 ans, qui s’est traité soi-même comme il traitait les autres et qui en a bien tué en sa vie avec ses petits grains qui étaient de l’opium [77] fardé et déguisé.
Pour M. Blondel, c’est celui qui avait écrit qu’il n’y eut jamais de papesse. [78] Il avait aussi écrit des Sibylles in‑4o et un gros in‑fo intitulé De la Primauté en l’Église, et un autre latin, depuis peu arrivé ici, contre Chifflet, lequel se vend fort cher. [22]
Ce 20e d’avril. Un jeune homme de notre ville de Beauvais [79] nommé M. Mauger, [80] frère d’un jeune médecin [81] qui eut le bonheur de vous voir à Lyon il y a quelques années, [23] s’en va à Lyon pour s’y mettre chez quelque marchand. Son frère, qui est médecin à Beauvais, m’a prié de vous écrire en sa faveur, ce que j’ai fait par un petit mot qu’il vous rendra lui-même (dans dix jours ou environ car il sera bien cela sur les chemins) [24] avec un petit paquet contenant cinq pièces différentes touchant la controverse stibiale. Quelques-uns de nos antimoniaux [82] se sont sentis fort piqués de l’Alethophanes, [25] ils n’en ont pu rien découvrir, ni par justice, ni par menaces. Ils ont recours aux censures ecclésiastiques comme vous reconnaîtrez par une des pièces de ci-dessus. [26] Quelque chose qui en arrive, je ne participe point ni ne trempe en aucune façon dans ces monitoires [83] ou excommunications, [84] mais je trouve et crois fermement que quiconque a fait ledit poème dont < il > est question est un fort habile homme et sait beaucoup de vérités qu’il a étalées là-dedans fort hardiment. Et néanmoins il n’a pas encore tout dit : ces Messieurs stibiales tortores [27] en ont bien fait d’autres, dont ils ont pris de l’argent quand ils ont pu ; mais ils sont fort étonnés et étourdis du scandale que leur maudit remède a causé ici partout, où ils n’osent même le proposer ; joint que ces libelles augmentent leur infamie en la publiant, sans ceux qui suivront par ci-après.
Je viens d’apprendre que votre M. Moisson ne mourut que neuf jours après avoir pris cette poudre de ce malheureux barbier. J’en suis pourtant bien marri, à cause de lui, et de vous aussi puisqu’il avait l’honneur d’être votre parent. [28] Il arrive souvent de tels malheurs par la trop grande crédulité des malades qui s’adressent à des garçons chirurgiens, apothicaires, charlatans, opérateurs, et autres animaux ignorants et affamés de gain, et notez que la plupart de ces coureurs sont provençaux, languedociens et gascons, ou des provinces voisines ; ce qui ne se fait ici que faute de police et par la faute de nos juges qui in tales nebulones, circumforaneos et impostores non animadvertunt, quo nomine abutuntur impunitate et iniquitate sæculi. [29] On a ici grande espérance de la paix d’Angleterre en vertu de quelques lettres qui en sont venues.
Il y a ici un autre livre nouveau, aussi barbare [85] que le dernier contre M. Guillemeau. [86] Plusieurs de nos docteurs y sont nommés : MM. Guillemeau, Riolan, Merlet, [87] Perreau, [88] Moreau, [89] Mentel, [90] Pijart, [91] Du Clédat, [92] Puilon, [93] Cappon, [30][94] et moi aussi quelquefois. Il en veut aussi à M. Du Prat [95] et à l’Alethophilus du livre de M. Pecquet, qu’il traite mal en deux endroits où il fait allusion au nom de M. Sorbière, [96] qu’il appelle par mépris Gymnasiarcham Oransiensem. [31] Il y a sur la fin des vers français aussi mauvais que le latin qui est devant, tout y est barbare. On dit que Jean Chartier est auteur des vers français et qu’un pauvre diable de charlatan, qui se dit conseiller et médecin ordinaire du roi et docteur de la Faculté de Montpellier, nommé Ant. Madelain, [97] en est l’auteur. Medicinam ille non profitetur, sed ex arte lenonia victum sibi quærit cum uxore iam vetula, [32] et cela est aussi vrai que je vous l’écris, nous le savons de bonne part. Il n’y a que des injures et du mauvais latin, et quelque chose de la vie de M. Héroard, [98] mais obscur et peu intelligible. On ne croit point ici que ces deux derniers livres contre M. Guillemeau viennent de Montpellier, mais que c’est le bonhomme M. Courtaud [99] d’ici qui les fait faire à Madelain, qui lui en paie la façon et qui les fait imprimer, croyant que cela soit bien fait et que cela tourne fort à l’honneur de son frère de Montpellier [100] et de feu M. Héroard, leur oncle. [33] Si celui de Montpellier ne fait autre chose et tout autrement mieux, les Courtaud ont perdu la bataille, et le champ de la victoire en demeurera à M. Guillemeau qui méprise fort ces libelles pleins d’injures atroces et de médisances très peu convenables à ceux contre lesquels elles sont dites. Tout le monde s’en moque ici, et moi pareillement. Ce dernier livret est de 17 feuilles, ces pauvres gens sont bien mal conseillés de si mal employer leur argent. J’aimerais mieux voir en français la vie de M. Héroard faite par M. Courtaud de Montpellier, du même style que sa lettre que vous me fîtes l’honneur de m’envoyer l’an passé ; [34] il y aurait quelque secret touchant l’histoire du temps qui pourrait servir à quelque chose, mais à ces deux derniers livres il n’y a rien du tout à apprendre, j’entends celui qui est intitulé Lenonis Guillemei Apotheosis, et ce dernier Genius, etc. [35] Je ne sais si M. Guillemeau voudra se donner la peine de réfuter ce dernier. En vérité, il n’en vaut point la peine, mais je sais bien qu’il a quelque chose tout prêt à mettre sur la presse qui fera deux volumes.
Ce 21e d’avril. J’ai ce matin consulté chez M. Languet, [36][101][102] trésorier de l’Extraordinaire des guerres, [103] avec M. Moreau le bonhomme que j’y ai fait appeler ; je lui ai promis de vous faire ses recommandations par celle-ci. Il m’a dit qu’il aura bientôt quelque chose pour vous envoyer, je me suis offert de m’en charger pour vous le faire rendre.
J’appris hier que M. Rigaud, [104] qui a notre manuscrit de M. Hofmann, [105] se prépare à faire bientôt ici un voyage. Je vous prie de lui toucher un mot de ma part que s’il ne veut imprimer ce manuscrit, qu’au moins, puisqu’il vient de deçà, qu’il prenne la peine de me le rapporter. Que fait-on de nouveau à Lyon et à Genève pour les livres ? Je me recommande à vos bonnes grâces et suis de toute mon âme, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Guy Patin.
De Paris, ce mardi 21e d’avril 1655.
On dit que nous sommes d’accord avec Cromwell, [106] et que cette paix est prête d’être signée. Demain, le Parlement sera assemblé touchant les édits dernièrement vérifiés. Vale et me ama, iterumque vale. [37]
1. |
Le 13 avril, Louis xiv était directement revenu de Vincennes au Palais pour un nouveau lit de justice, suivant de peu celui qu’il avait tenu le 20 mars. Dans son essai intitulé Le Timbre à travers l’histoire (Rouen, Émile Deshays, 1890, in‑4o illustré de 126 pages), Léon Salefranque, « sous-inspecteur de l’Enregistrement, des Domaines et du Timbre », a relaté ces faits, et expliqué leur contexte politique et fiscal (Introduction du timbre en France, pages 19‑22) : « La guerre de Trente Ans, la fronde, la mauvaise administration de Mazarin avaient remis les finances dans l’état déplorable d’où les avit tirées Sully au siècle précédent. L’usage de dresser chaque année le budget des dépenses et des recettes, inauguré par ce ministre et auquel d’Effiat s’était toujours conformé sous Richelieu, était tombé en désuétude ; il n’y avait plus de règle financière ; il n’était pas tenu de comptabilité. Les coffres de l’État étaient vides ; les recettes escomptées à l’avance, étaient grevées d’assignations. Il fallait cependant d’importantes ressources pour continuer la guerre contre l’Espagne. Montglat a relaté ces deux lits de justice (Mémoires, page 306) :
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2. |
V. notes [35], lettre 392, pour l’affiche annonçant le cours de Guy Patin au Collège royal (situé dans les locaux du Collège de Cambrai, v. note [15], lettre 153), et [9], lettre 395, pour les manuscrits de Jérôme Cardan. |
3. |
Fabio Chigi (Sienne 1599-Rome 22 mai 1667), fils d’un neveu du pape Paul v, avait été évêque de Nardò en 1635. Nonce apostolique à Cologne de 1639 à 1651, il avait participé aux conférences de Münster de 1644 à 1648. Pendant son séjour à Cologne comme médecin de la reine exilée, Marie de Médicis, Jean ii Riolan avait soigné Chigi : il lui fit tailler la vessie en 1642, comme en atteste la lettre de Guy Patin à Johann Georg Volckamer, datée du 11 juin 1655 (note [6]). Secrétaire d’État au Vatican depuis 1651, Chigi avait été promu cardinal en 1652. Élu pape à l’unanimité le 7 avril 1655, il fut couronné le 18, prenant le nom d’Alexandre vii. Guy Patin a commenté dans ses lettres deux événements majeurs de son pontificat :
Guillaume de Furstenberg, évêque de Münster, avait édité les Musæ iuveniles [Muses juvéniles] (Anvers, Balthazar Moret, 1654, in‑8o) de Fabio Chigi sous le pseudonyme de Philomathe. |
4. |
« Ceux qui aiment ne se forgent-ils pas des songes à plaisir ? » (Virgile, Bucoliques, églogue viii, vers 108). |
5. |
« un prince est un animal qui toujours varie et change » : Varium et mutabile semper/ femina [La femme est être qui toujours varie et change] (Virgile, Énéide, chant iv, vers 569‑570). Tout le jeu politique romain (pontifical) consistait à osciller perpétuellement entre les deux grands royaumes catholiques, Espagne et France. |
6. |
7. |
Guy Patin a plus tard dénommé Müller (prénom inconnu) ce médecin de Strasbourg que lui recommandait Charles Spon. |
8. |
« que la plupart du temps l’impure Vénus a mordus » : euphémisme pour dire que ceux qui se faisaient soigner par d’autres que les médecins avaient le plus souvent une maladie « vénérienne » (de Veneris, génitif de Venus). |
9. |
L’Histoire des cérémonies du siège vacant, ou la Relation véritable de ce qui se passe à Rome à la mort du Pape. Ensemble la forme et manière de procéder dans le conclave pour l’Élection du nouveau Pape. Suivant les Constitutions et Cérémoniaux. Avec le couronnement et la cavalcade qui se fait à la prise de possession. {a}
Ouvrage anonyme, attribué à N. de Monstreuil (ou Monstreul) sur la foi de ce qu’en disait ici Guy Patin (Antoine-Alexandre Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes… 1823, volume 2, page 104). Quoi qu’il en soit de l’auteur, il intéresse le lecteur quand il dévoile un peu le dessous des cartes (pages 39‑40) :
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10. |
« contre la poudre fébrifuge [le quinquina] de Jean-Jacques Chifflet » (Lyon, 1654, v. note [9], lettre 309). Guy Patin annonçait ici l’ouvrage pseudonyme du P. Honoré Fabri, jésuite, {a} intitulé : Pulvis Peruvianus vindicatus, de ventilatore eiusdemque suscepta defensio ab Antimo Conygio hortatu Germani Poleconii. |
11. |
La Rhétorique française. Où l’on trouve de nouveaux Exemples sur les Passions et sur les Figures. Où l’on traite à fond de la Matière des Genres Oratoires. Et où le Sentiment des Puristes est rapporté sur les usages de notre langue. Par René Bary {a} Conseiller et Historiographe du Roi. Seconde édition, corrigée et augmentée. {b}
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12. |
Annibal Barlet n’a laissé qu’une mince trace dans les biographies. Docteur en médecine, il ne pratiqua apparemment jamais, mais consacra sa vie à enseigner et étudier la chimie à Paris. Guy Patin, qui le tenait en bonne estime, {a} parlait ici du : Vrai et méthodique Cours de la Physique résolutive, vulgairement dite Chimie. Représenté par Figures générales et particulières. Pour connaître la théotechnie ergocosmique, c’est-à-dire l’Art de Dieu en l’Ouvrage de l’Univers. Par Annibal Barlet, D. Méd. {b} et Démonstrateur d’icelle. {c} |
13. |
V. note [13], lettre 35, pour la publication alors inachevée des œuvres de Galien par René Chartier. |
14. |
« d’où vient qu’elle vit et traîne une misérable existence. » V. notule {a}, note [3], lettre 258, pour la cendre de gravelée. |
15. |
« mais elle ne trouve pas de pigeons. » |
16. |
« Non-prix, se dit au Palais pour signifier bas prix, vil prix : cette terre a été adjugée à non-prix, à trop bon marché » (Furetière). |
17. |
V. note [14], lettre 387, pour la Soteria du P. Jean Bertet sur la maladie de Pierre Gassendi, dont j’ai consulté deux versions : celle qui a été imprimée en à Lyon en 1654 et celle que Balthazar de Monconys a reprise dans son Journal (ibid. 1666). La différence porte sur les vers parlant de Jean-Baptiste Morin, auteur d’âpres et incessantes attaques philosophico-astronomiques contre Gassendi. {a}
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18. |
« mais ces choses n’apportent rien à l’exercice de notre art. » V. note [74], lettre 332, pour l’Hortus regius Blesensis [Jardin royal de Blois] d’Abel Brunier, médecin du duc d’Orléans (Paris, 1653 et 1655). |
19. |
Nomenclateur (de nomen, nom, et calare, appeler) était au sens premier « chez les Romains, celui qui accompagnait les gens qui briguaient les magistratures et qui leur suggérait les noms de tous les citoyens qu’ils rencontraient afin de les saluer en les appelant par leur nom ; ce qui était la manière la plus civile de le faire. On le nommait aussi protocole » (Furetière) ; le sens s’est étendu à « celui qui impose des noms, qui s’applique à la nomenclature en chimie, en histoire naturelle, etc. » (Littré DLF). |
20. |
L’anatomiste Jean Pecquet appartenait alors à la suite de François ii Fouquet (v. note [52], lettre 280), évêque d’Agde et frère aîné de Nicolas Fouquet, l’un des deux surintendants des finances du moment. La chaire de chirurgie et pharmacie de Montpellier était vacante depuis la mort de Lazare Rivière, survenue le 16 avril 1655 (v. note [5], lettre 49), qui en avait été titulaire depuis 1620. En dépit de ses immenses mérites, Pecquet ne fut jamais nommé professeur de l’Université de Montpellier, dont il était docteur. |
21. |
David Blondel, ministre protestant français (v. note [13], lettre 96), était mort le 6 avril, et Daniel Heinsius, humaniste hollandais (v. note [4], lettre 53), le 23 février. |
22. |
V. notes :
Son livre contre les nombreux écrits généalogiques adulateurs de Jean-Jacques Chifflet, {a} médecin de Besançon au service des gouvernants espagnols flamands et franc-comtois, s’intitulait : Genealogiæ Francicæ plenior assertio. Vindiciarum Hispanicarum, Novorum Luminum, Lampadum Historicarum et Commentorum Libellis, Lotharingia Masculina, Alsatia vindicata, Stemma Austriacum, de pace cum Francis ineunda Consilium, de Ampulla Remensi disquisitio, et Tenneurius expensus, a Joanne Jacobo Chiffletio inscriptis, ab eoque in Francici nominis iniuriam editis inspersorum, omnimodo eversio. Auctore Davide Blondelo. Tomus primus. |
23. |
24. |
Dix jours étaient le temps estimé qu’il fallait pour aller à pied de Paris à Lyon. |
25. |
V. note [6], lettre 394, pour l’Alethophanes de François Blondel. |
26. |
Guy Patin faisait sans doute expédier à Charles Spon le libelle intitulé : Apologia Approbatorum Stibii seu Carmen Elegiacum. Α′μοιβαμον, in quo Veterum et Recentium Medicorum Authoritatibus, Ratione et Experientia probatur Stibium non esse Venenum. Authore M. Iacobo Thevart, Doctore Medico Parisiensis, et R.M. La querelle stibiale y était en effet comparée à celle des jansénistes et des jésuites sur la grâce, comme en atteste, page 18, ce poème latin :
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27. |
« les bourreaux antimoniaux ». V. note [17], lettre 398, pour ce qu’étaient les monitoires. |
28. |
Cette indication n’a pas permis d’identifier précisément l’infortuné Moisson. |
29. |
« qui ne châtient pas de tels fripons, charlatans et imposteurs, au nom de quoi ils jouissent de l’impunité et de l’iniquité du siècle. » |
30. |
V. notes [13], lettre 22, pour François Pijart, et [19], lettre 242, pour Jean Du Clédat. Gilbert Puilon (ou Puylon), originaire de Clermont-Ferrand, docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1631, mort le 5 mai 1673, eut deux fils docteurs régents, prénommés Denis (reçu en 1660, doyen de 1670 à 1672, v. note [16] du Diafoirus et sa thèse) et Claude (reçu en 1670, doyen de 1684 à 1686, v. note [155] des Déboires de Carolus). Nicolas Cappon (ou Capon, mais il signait avec deux p) avait été reçu docteur régent de la Faculté de Paris en 1637. Ces quatre régents adhérèrent au parti antistibial. |
31. |
« le gymnasiarque d’Orange. » Samuel Sorbière, sous le pseudonyme de Sebastianus Alethophilus, est tenu pour l’auteur d’une lettre à la gloire de Jean Pecquet (v. note [5], lettre 390). Il était alors principal (« chef du gymnase ») du collège protestant d’Orange, Arausio en latin, qui donne Arausiensem, et non Oransiensem, comme l’écrit de manière un peu barbare l’auteur du Genius Pantoulidamas… (v. infra note [35]) en deux endroits.
Les reproches du Genius n’étaient pas infondés, comme le montrent ces deux courts extraits (pages 169‑170) de la lettre d’Alethophilus où il malmène allégrement les deux idoles de la médecine dogmatique, mais où le latin n’est intelligible qu’à condition de ne tenir aucun compte de la syntaxe.
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32. |
« Celui-là ne professe pas la médecine, mais exploite son talent de maquereau en vue d’obtenir de quoi manger pour lui et son épouse déjà bien vieille. » V. note [30] de L’ultime procès de Théophraste Renaudot… pour Antoine Madelain. |
33. |
Siméon Courtaud, doyen de Montpellier, et son frère aîné Jacques, « le bonhomme Courtaud », étaient neveux de Jean Héroard, le défunt médecin de Louis xiii. |
34. |
V. note [12], lettre 384, pour la lettre de Siméon Courtaud que Charles Spon avait communiquée à Guy Patin, datée du 17 septembre 1654. |
35. |
V. note [2], lettre 380, pour l’« Apothéose du maquereau de Guillemeau, etc. ». L’autre livre, Genius Παντουλιδαμασ ad diam Scholam apud Parisios Empirico-Methodicam in cauto nuper igne raptam in Lyra [Le Génie Pantoulidamas (maître absolu de tout) en faveur de la dive École empirico-méthodique, qui était sur ses gardes, mais qu’un poème a récemment enflammée à Paris] (Paris, sans nom 1654, in‑4o de 133 pages, soit à peu près 17 feuilles) porte en sous-titre deux vers empruntés (sans le dire) à Hésiode (Les Travaux et les Jours, chant i, vers 263-264) : « L’injure que l’on fait aux autres revient à son auteur, et tout jugement inique accablera son juge » (traduction de L. Coupé, 1834). La prose latine de cette virulente attaque des Montpelliérains s’assortit de nombreux vers français et grecs. Pages 36‑42, est imprimée une partition à quatre voix (dessus, haute-contre, taille et basse), qui chante par anticipation la mort de Charles Guillemeau :
Pages 47‑48, c’est un assaut contre le Rabat-Joie de l’Antimoine triomphant de Jacques Perreau :
Page 75, les attaques nominales s’aiguisent sous le couvert d’anagrammes transparentes :
Jean Merlet est directement attaqué pages 113‑114 (où, comme dans les suivants, chaque point remplace une lettre du nom de la personne attaquée) :
Guy Patin était qualifié de Parisiensis ganeo loquacissimus conviciorum pater disertissimus, quiescente Sponio [le plus bavard coureur parisien de tavernes, père fort habile d’invectives qu’il confie au paisible Spon] (page 30) ou de incultarum rerum inordinato ordine munitus et obrutus [rempart et ruine de choses en friche sens dessus dessous] (page 76). Il recevait aussi quelques flèches bien décochées (page 114) dans le long poème français qu’il attribuait à Jean Chartier :
Preuve que la querelle de Montpellier dépassait celle de l’antimoine, François Guénault n’échappait pas non plus aux saillies du versificateur quand il défendait Antoine Madelain (pages 99 et 107‑108) :
Page 133, le Genius Pantoulidamas s’achève sur « L’ombre du lion Le Tourneur, {a} jadis physicien, apparu le 21e décembre … {b} à son École, sur la perte mortelle de ses ongles arrachés par le chien Tourne-broche, et sans queue, de Charles Guillemeau son collègue, et dont il est décédé » qui laisse fort à penser que Siméon Courtaud en est l’inspirateur, sinon l’auteur :
Ce curieux ouvrage contient aussi la précieuse version latine de la vie de Jean Héroard (v. note [30], lettre 117), écrite par les Montpelliérains (pages 48‑60). Elle complète et contredit celle qui se lit dans le Cani miuro de Charles Guillemeau (Paris, 1654, v. note [14], lettre 258). Toutes deux sont transcrites et traduites dans Les deux vies de Jean Héroard, premier médecin de Louis xiii. |
36. |
Guillaume Languet (mort en 1666), fils d’un avocat de Chalon-sur-Saône, était lui-même devenu avocat en Parlement et secrétaire ordinaire du prince de Condé. Promu avocat aux Conseils et secrétaire du roi (1634-1659), il participait très activement à la vie financière en prenant de nombreux partis dans les affaires extraordinaires, dans les fermes générales des gabelles et dans les cinq grosses fermes (Dessert a, no 289). Il est réapparu dans les lettres en 1665 (v. note [3], lettre 847). |
37. |
« Vale et aimez-moi, et encore une fois vale. » |
a. |
Ms BnF no 9357, fos 168‑169 ; Reveillé-Parise, no cclxix (tome ii, pages 168‑174). |