L. 403.  >
À Charles Spon,
le 6 juin 1655

< Monsieur, > [a][1]

Pour nouvelles du pays de deçà depuis ma dernière du mardi 11e de mai après souper, un malheureux homme nommé Prévôt, [2] fils d’un procureur de la Cour, a tué sa femme tout froidement à coups de couteau sans querelle ni jalousie. [1] Le corps de la femme a été porté au grand Châtelet, [3] où il est prisonnier, pour lui être confronté. Le maréchal de Turenne [4] est parti ce matin pour s’en aller sur la frontière où il doit joindre son armée, et après on dira quelle ville ils ont dessein d’assiéger. [2][5]

1o M. Sarrasin, [6] est un bon homme, sed qui profitetur artem quam non intelligit ; [3] 2o le sieur Lémonon [7] est un grand homme de 63 ans qui est ou qui se dit médecin de M. de Longueville, [8] qui se connaît au métier dont il se mêle comme moi de faire un coffre ; [4] le troisième est un peu plus spirituel, savoir M. Du Four, [9] médecin de M. de Vendôme ; [10] tous trois réformés, Tantum religio potuit suadere malorum[5][11] Ce dernier n’a vu mademoiselle votre belle-sœur [12] dans sa maladie qu’une fois, le second assez et trop, et le premier, qui est un hémophobe [13] recuit, aura négligé les commencements d’une fièvre continue [14] avec une diarrhée bilieuse, [15] où il fallait saigner hardiment. Votre M. Sarrasin en a bien fait d’autres en ce pays, maximi et necessarii præsidii vim et dignitatem nunquam intellexit, interea patitur iustus[6] Paris est trop mal policé, le désordre vient du même endroit d’où nous devrions avoir le remède : ils se disent médecins du roi et des princes, et à cette amorce le peuple y est attrapé qui sæpe vult decipi[7] Je suis bien aise que M. Chesneau [16] vous ait vu et plu. L’on m’a dit ici, depuis qu’il en est parti, que c’est un fin et rusé personnage ; les Provençaux n’ont pas ici fort bonne réputation et multa vitia illis tribuntur, iure an iniuria nescio[8] qu’en dites-vous ?

Le roi, [17] la reine, [18] le Mazarin [19] et toute la cour sont partis d’ici le mardi 18e de mai pour aller coucher à Chantilly [20] et delà à Compiègne [21] où le roi demeurera quelques semaines. Avant que de partir, il a fait commandement à l’abbé Boisrobert, [22] âgé de 63 ans, de sortir de Paris pour divers jurements qu’il avait proférés du nom de Dieu après avoir perdu son argent à jouer [23] contre les nièces de Son Éminence. [24] On dit que le P. Annat, [25] jésuite et confesseur du roi, duquel il s’était moqué en le contrefaisant, a bien aidé à lui procurer cet exil, qu’il a bien mérité d’ailleurs. C’est un prêtre qui vit en goinfre, fort déréglé et fort dissolu. [9]

On a volé au cardinal Mazarin 4 000 pistoles en quatre sacs. Fur ipse nescitur[10] mais on a emmené prisonnier dans le Châtelet par le commandement de l’Éminence un sien domestique italien qui en est accusé. Le massacre de vos pauvres réformés est ici unanimement abhorré et détesté de tous : venimus ad fæcem sæculorum[11][26][27] Tous les princes d’Allemagne, tant ecclésiastiques que protestants, arment sans que l’on en sache la vraie cause. On a soupçon que c’est le roi de Suède [28] qui leur fait peur, qui a une grande armée sans que l’on sache à qui il en veut. Le roi a laissé ici 16 compagnies du régiment des gardes, lesquelles volent ici impunément aux bouts des faubourgs ceux qui entrent ou sortent de la ville.

Je viens de rencontrer M. Pecquet, [29] lequel m’a dit qu’il avait le brevet de la chaire de Montpellier [30] vacante par la mort de M. Rivière, [31] mais que son maître, l’évêque d’Agde, [32] ne voulait pas qu’il le quittât ni le laissât aller demeurer à Montpellier ; de quoi lui-même n’est point fâché à ce qu’il m’en a témoigné, disant que cela a servi d’occasion à faire parler son maître. [12]

N’imprimera-t-on rien à Genève de la mort de tant de pauvres innocents que le prince Thomas [33] a fait massacrer si malheureusement ? Il n’y a personne de deçà qui ne déteste cette cruauté, laquelle me semble tout à fait horrible. On dit même que le pape [34] d’aujourd’hui est si honnête homme, si bon et si modéré, qu’il n’approuvera jamais cette boucherie.

Notre M. Le Gagneur [35] est parti pour s’en aller en Languedoc trouver son maître le prince de Conti [36] qui lui a fait toucher 1 000 écus avant que de partir. Je pense qu’il vous aura visité en passant. Notre M. Vacherot [37] est à Rome auprès de son maître, le cardinal de Retz, [38] qu’il ne veut point quitter. On lui a offert la première charge de professeur de Bologne, [39] laquelle il a généreusement refusée ; il en est très capable, mais je pense qu’il espère mieux de son patron et en attendant, se tenir coi et se reposer à Rome qui est une ville dont le séjour est doux et agréable ; joint que le bon seigneur est frère de la papimanie, unde facilius et melius ei conveniet cum monachis totaque Romana colluvie[13]

On ne fait ici que pendre et rompre : avant-hier, fut pendue une femme qui avait tué son enfant ; [40] aujourd’hui, a été rompu dans la Grève [41][42] un méchant voleur de grand chemin entre Chartres [43] et Paris, il avait été clerc n’y a pas longtemps chez un procureur du Châtelet. Un conseiller m’a dit aujourd’hui qu’il y en aura encore deux autres la semaine prochaine, lesquels volaient sur le grand chemin de Rouen.

On a fait mettre en prison un mathématicien qui s’est avisé de prédire que le mois prochain il y aura un grand changement dans la fortune du Mazarin. Le cardinal de Retz a mandé à ses amis de deçà qu’ils ne se mêlassent plus en aucune façon de son affaire, que le pape avait pris ses intérêts de si bonne sorte qu’il s’en fallait fier et attendre à lui tout seul. Le pape a refusé de donner les bulles [44] de l’évêché de Langres [45] à l’abbé de La Rivière, [46] et a dit pour cause de son refus ces propres termes : Mutet mores, tollat simoniam[14][47] Le pape a supprimé trois grandes et éminentes charges de l’État ecclésiastique qui coûtaient trop à entretenir et qui ne servaient de rien. Il a aussi écrit au roi, à la reine et au Mazarin pour la paix générale et leur a mandé comment le roi d’Espagne [48] lui en avait envoyé la carte blanche. [15] Je pense que le Mazarin n’aime point cette nouvelle, et qu’elle est fort contraire à son dessein et à son profit, il gagne plus à la guerre qu’il ne peut faire à la paix. Le roi consent que le pape fasse la paix, mais à la charge qu’auparavant le roi d’Espagne mettra le duc de Lorraine [49] en liberté, que le pape renverra prisonnier dans le Bois de Vincennes [50] le cardinal de Retz et qu’il ne se mêlera pas des affaires du prince de Condé. [51]

Nous avons ici tout nouveau un petit livret de M. Le Noble, [52] médecin de Rouen, touchant l’opinion de M. Pecquet, qu’il dédie à M. Riolan, [53] sur la fin duquel le même M. Riolan a ajouté une épître. [16] Hier moururent ici deux hommes fort remarquables en leur sorte : l’un conseiller de la Grand’Chambre, âgé de 81 ans, nommé M. Le Nain ; [54] l’autre est un fameux partisan nommé Launay Gravé. [17][55] Le gouverneur d’Arras, nommé Montdejeu, [18][56] que le Mazarin y a mis, fait le méchant dans la place : il n’a pas voulu y laisser entrer M. Le Tellier ; [57] il a su ou cru qu’on lui voulait ôter le gouvernement ; il menace, même on doute qu’il ne soit d’intelligence avec le prince de Condé ou avec les Espagnols qui voudraient pour grand’chose pouvoir retenir cette place ; cette nouvelle a alarmé la cour.

J’apprends que l’on a imprimé depuis peu en Hollande un poème de cinq ou six cents vers contre le Mazarin. Je ne l’ai point encore vu et ne sais pas quand je le verrai ni qui en est l’auteur, mais je tiens qu’il serait dangereux d’être saisi de telle pièce. Il n’est pas même aisé de deviner de quelle part vient ce poème car cet homme possède une place que tant de gens envient que je ne m’étonne point s’il a des ennemis ; outre qu’il oblige fort peu de monde en son ministère, duquel il retient et garde pour soi-même le profit. [58]

Summus nempe locus, nulla non arte petitus,
Votaque numinibus non exaudita malignis
[19]

M. Guillemeau [59] m’a parlé de son Histoire avec joie. La reine sait bien son dessein, qu’elle a fort approuvé. Le temps viendra qu’il la verra à son retour de la campagne et qu’il conférera de quelques points de très grande importance avec elle, comme de l’affaire de Chalais [60] qui eut la tête coupée à Nantes [61] l’an 1626, [20] et les desseins de Buckingham, [62] pour lesquels il vint à la cour, comment ils furent éludés et lui trompé ; amabat Iunonem [21][63] et fut attrapé. Je suis de tout mon cœur, Monsieur, votre très humble, etc.

De Paris, ce 6e de juin 1655.


a.

Reveillé-Parise, no cclxxi (tome ii, pages 178‑182).

1.

V. note [58] du Faux Patiniana II‑1 pour une plaisante remarque de Tertullien sur la jalousie maladive des maris dans L’Esprit de Guy Patin.

2.

Ce fut Landrecies (v. note [1], lettre 236), alors occupée par les Hispano-condéens (Montglat, Mémoires, page 307) :

« La conquête du Quesnoy, faite l’année passée {a} après la journée d’Arras, occupa toutes les garnisons de la frontière durant l’hiver à y faire passer des convois, qui étaient difficiles à y conduire à cause de Landrecies, qui était entre cette place et la France. C’est ce qui fit prendre résolution au roi de s’en rendre maître ; et dans ce dessein, le maréchal de Turenne étant entré dans le pays par le côté de Guise, investit Landrecies le 18e de juin, où le maréchal de La Ferté se trouva le jour même avec son armée, qui venait de Lorraine. En huit jours, les lignes furent achevées ; et le 26e, la tranchée fut ouverte par le régiment des gardes. » {b}


  1. 1654.

  2. Landrecies se rendit aux Français le 14 juillet. La campagne continua par le siège de Condé-sur-l’Escaut, le 15 août.

3.

« mais qui professe un art qu’il ne comprend pas » (v. note [18], lettre 290).

Un paragraphe ayant sans doute été escamoté dans la transcription de Reveillé-Parise, il faut imaginer que l’énumération qui commence ici est la réponse que Guy Patin apportait à la question que Charles Spon lui avait posée dans une précédente lettre, au sujet de trois médecins princiers, tous protestants et originaires de Lyon, qui avaient soigné sa belle-sœur, Marie Seignoret, lors de son séjour à Paris.

4.

« On dit d’un homme qui fait mal une chose qu’il s’y entend comme à faire un coffre ; ce qu’un menuisier de Nevers a dit agréablement de ses poésies » (Furetière).

Claude Joly (v. note [3], lettre 91) a mentionné le médecin protestant Abraham Lémonon dans son Voyage fait à Münster en Westphalie, et autres lieux voisins, en 1646 et 1647… (Paris, Pierre Promé, 1670, in‑8o, page 188) :

« Le 16 novembre 1646, le sieur Porquier le Jeune, trésorier de M. de Longueville, et moi allâmes nous promener à Warendorf {a} avec le sieur Lémonon, médecin de Son Altesse, qui avait été prié par le gouverneur de cette ville-là, nommé Monsieur d’Arques, d’aller visiter sa femme, qui était malade. »


  1. « Warendorf est une petite ville de la grandeur de Saint-Denis en France [v. note [27], lettre 166], sise à cinq lieues de Münster » (Joly).

    Herni ii d’Orléans, duc de Longueville, beau-frère du Grand Condé (v. note [22], lettre 39), représentait alors la France dans les négociations du traité de Münster (V. note [10], lettre 149).


5.

« Tant la religion a pu inspirer de crimes » (Lucrèce, v. note [12], lettre 334).

V. notes [3], lettre 253, pour Jacques Sarrasin, [10], lettre 348, pour Henri Du Four, et [36] des Décrets et assemblées de 1650‑1651 dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris pour l’interdiction faite à ses docteurs régents de consulter avec Abraham Lémenon et Du Four en août 1651.

6.

« il n’a jamais compris la force et la dignité de cet immense et nécessaire secours, {a} et pendant ce temps le juste souffre. » {b}


  1. La saignée.

  2. V. note [44], lettre 176.

7.

« qui souvent veut être trompé. »

8.

« et on leur impute maints défauts, à tort ou à raison, je ne sais. » V. note [1], lettre 400, pour Chesneau, médecin de Marseille.

9.

François Le Métel, seigneur et abbé de Boisrobert (Caen 1592-Paris 1662), d’abord avocat à Rouen, était venu à Paris fréquenter la cour de Marie de Médicis et s’y faire remarquer par son brillant esprit. Protestant de naissance, il avait abjuré en 1621 puis s’était fait tonsurer en 1623. Devenu abbé de cour, il avait la réputation d’être athée et libertin : « on l’a accusé d’aimer les pages », dit Tallemant des Réaux dans l’historiette qu’il lui a consacrée (tome i, pages 392‑417). Favori de Richelieu, pratiquement son secrétaire aux commandements littéraires, Boisrobert a joui de nombreux bénéfices, écrit de nombreuses comédies et épîtres en vers, et joué un rôle de premier plan dans la création de l’Académie française.

Son étoile avait pâli après la mort du cardinal, mais il continuait à fréquenter les grands et à scandaliser par ses fréquents écarts de conduite. Celui que rapportait ici Guy Patin se trouve aussi dans Tallemant des Réaux (pages 411‑412) :

« En ce temps-là, les dévots de la cour rendirent de mauvais offices à Boisrobert et le firent exiler comme un homme qui mangeait de la viande le carême, qui n’avait point de religion, qui jurait horriblement quand il jouait, et cela est vrai. Au retour, il ne put s’empêcher de dire que Mme Mancini, qui avait fait sa paix < avec  lui>, ne l’avait fait revenir que pour être payée de 40 pistoles qu’il lui devait du jeu. »

Se mêlaient en effet à une partie malheureuse où Boisrobert avait perdu 10 000 écus, les méchantes imitations qu’il avait faites du P. Annat. Menacé d’être poursuivi par le Parlement, Boisrobert se retira à Rouen, adressant ces vers à la précieuse Ennemonde Servient, marquise de Saint-Ange :

« Pour six mois me bannir
C’est bien souffrir, belle Ennemonde,
Je n’en murmure ni n’en gronde,
On m’a cru justement punir. »

Revenu à Paris en décembre 1655, Boisrobert mit du temps à rentrer en grâce : il ne put reparaître à la cour qu’en février 1658 (Adam).

10.

« On ne sait exactement qui est le voleur ».

11.

« nous atteignons la lie des siècles » (v. note [4], lettre 134).

Guy Patin faisait allusion à de graves événements survenus en Piémont. Pour des raisons économiques et politiques, la Savoie catholique tolérait de moins en moins le protestantisme de ses sujets vaudois : non pas les habitants du canton de Vaud, mais les Piémontais qui étaient adeptes du valdisme, instauré par le Lyonnais Pierre Valdo (Valdès ou Vaudès, 1140-1217) au xiie s. ; ils s’étaient depuis rapprochés du calvinisme. Ayant promulgué un édit qui leur intimait de se convertir sans délai à la religion romaine, le duc Charles-Emmanuel ii de Savoie avait envoyé dans les vallées en avril 1655 de fortes troupes qui comptaient bon nombre de rebelles irlandais catholiques chassés de leurs terres par Cromwell. L’occupation tourna rapidement au massacre, ce furent les Pâques piémontaises. Une résistance des vaudois s’organisa autour de Josué Javanel et une guerre s’engagea entre les deux partis. Les nations protestantes, Angleterre en tête, s’émurent du sort qu’on faisait dans les Alpes à leurs coreligionnaires. John Milton tint la plume de Cromwell pour des lettres vibrantes et laissa ce fameux sonnet (traduction donnée par Raymond de Véricour, Milton et la poésie épique…, Paris, Delaunay, 1838, page 125) :

On the Late Massacre in Piedmont.
Avenge, O Lord, thy slaughtered saints, whose bones
Lie scattered on the Alpine mountains cold;
Even them who kept thy truth so pure of old,
When all our fathers worshiped stocks and stones,
Forget not: in thy book record their groans
Who were thy sheep, and in their ancient fold
Slain by the bloody Piedmontese, that rolled
Mother with infant down the rocks. Their moans
The vales redoubled to the hills, and they
To heaven. Their martyred blood and ashes sow
O’er all the Italian fields, where still doth sway
The triple Tyrant; that from these may grow
A hundredfold, who, having learnt thy way,
Early may fly the Babylonian woe
.

[Sur le récent massacre de Piémont.
Grand Dieu, tes saints sont massacrés, venge-les, venge-les ! Leurs ossements sont éparpillés sur la glace des montagnes. Ne les oublie pas, eux qui ont gardé ta foi pure et sans tache quand le reste du monde s’agenouillait devant des pierres et des idoles ! Écris dans le livre de vie leurs soupirs et leurs larmes ! Troupeau sacré égorgé dans ces antiques vallées par le poignard piémontais ! De rocher en rocher on a vu tomber et rouler la pauvre mère tenant son enfant serré dans ses bras ; et leurs cris ont éveillé l’écho des vallées, et l’écho des vallées les a renvoyés au Ciel vengeur ! Fais germer dans toutes les plaines de l’Italie, que le triple joug opprime encore, le sang des martyrs et leurs cendres fécondes : qu’elles fructifient et que des générations naissent, ardentes à fuir la chaîne de la Babylone nouvelle].

La France fut même contrainte d’intervenir diplomatiquement, mais sans doute plus pour ménager ses alliances protestantes que pour secourir les infortunés vaudois. L’affaire dura jusqu’en février 1664 où un compromis fut enfin trouvé.

V. note [84] du Faux Patiniana II‑7 pour le hussisme, apparenté au valdisme et né au début du xve s.

12.

Après bien des atermoiements, la chaire de chirurgie et pharmacie laissée vacante par la mort de Lazare Rivière n’échut à Pierre ii Sanche qu’en 1659 (v. note [4], lettre 397). Jean Pecquet aurait été pressenti, mais n’en aurait pas voulu (v. note [20], lettre 399).

13.

« ce qui fait qu’il s’accorde mieux et plus facilement avec les moines et toute l’ordure romaine. » : appliqué à Retz (« le bon seigneur »), « frère de la papimanie » est ici à prendre comme voulant dire cardinal.

14.

« Il corromprait les mœurs et favoriserait la simonie » (v. note [4], lettre 586).

V. note [1], lettre 391, pour la succession de l’évêché-duché de Langres en faveur de Louis Barbier, abbé de La Rivière, à la mort de Sébastien Zamet.

15.

« Donner la carte blanche à quelqu’un pour dire lui donner un papier blanc signé pour le remplir de ce qu’il lui plaira » (Furetière).

16.

V. note [30], lettre 398, pour les deux lettres de Charle Le Noble sur les vaisseaux lactés (chylifères), en faveur des opinions de Jean ii Riolan et contre celles de Jean Pecquet.

17.

Jean Le Nain, seigneur de Beaumont, secrétaire du roi en 1597, avait été reçu conseiller au Parlement de Paris en 1604, en la quatrième des Enquêtes. Monté à la Grand’Chambre en 1636, il mourait sous-doyen du Parlement. V. note [59], lettre 166, pour Jean de Gravé, sieur de Launay.

18.

V. note [11], lettre 365, pour Jean de Schulemberg, comte de Montdejeu.

19.

« Sinon le rang suprême brigué par tous les moyens et leurs vœux extravagants exaucés par les dieux jaloux » : Juvénal (Satire x, vers 110‑111, v. note [48], lettre 348), où le 2e vers exact est magnaque numinibus vota exaudita malignis.

20.

Henri de Talleyrand-Périgord, comte de Chalais (1599-Nantes 19 août 1626), favori de Louis xiii et amant de la duchesse de Chevreuse, fut complice de la première conspiration que Monsieur Gaston fomenta contre son frère, Louis xiii, et contre Richelieu (v. note [16], lettre 13). Chalais fut décapité pour crime de lèse-majesté. Ses amis avaient fait enlever le bourreau et les juges avaient dû confier l’exécution à un gibier de potence gracié pour l’occasion. L’exécuteur improvisé avait dû frapper 29 coups avant d’achever son patient qui cria jusqu’au vingtième coup Iesus Maria ! [Jésus Marie !] et Regina Cœli ! [Reine du Ciel !].

L’Histoire de Charles Guillemeau est restée à l’état de projet (v. note [3], lettre 391).

21.

« il était amoureux de Junon ».

Les amours d’Anne d’Autriche (surnommée Junon, v. note [3], lettre 286) et de George i Villiers, premier duc de Buckingham (ou Bouquinquant en français, 1592-1628), favori des rois d’Angleterre Jacques ier puis Charles ier, sont connues de tous depuis qu’Alexandre Dumas en a fait l’intrigue principale de ses Trois Mousquetaires.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 6 juin 1655

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(Consulté le 20/04/2024)

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