L. 514.  >
À Charles Spon,
le 5 février 1658

Monsieur, [a][1]

Ce 21e de janvier. Je vous envoyai ma dernière le vendredi 18e de janvier. Depuis ce temps-là, je vous dirai que j’ai rencontré M. Robert [2] qui m’a dit qu’il trouvait de la difficulté à la conclusion de son affaire et à l’exécution de l’accord qu’il a fait avec Basset, [3] son rapporteur ne voulant point rapporter cet accord comme il est minuté entre eux, et le président de la Chambre même lui ayant dit que cela ne pouvait être fait de la sorte qu’il la demande.

On dit toujours que Guénault [4] revient de Flandres, [5] mais cela ne se voit point, et même les lettres du pays ne portent point qu’il soit encore parti de Gand [6] pour venir à Bruxelles [7] où il doit amener son malade. Dicitur in hoc morbo latuisse aliquid αφροδισιαστικον, [1] et ce n’est pas malaisé à croire.

Et pour répondre à la vôtre datée du 15e de janvier, laquelle je viens de recevoir et qui m’a bien donné de la consolation, je vous dirai que derrière les Conseils de Fernel, [8] lesquels sont véritablement annotés (mais non pas de ma main, je n’ai jamais lu ce livre et n’en fais point d’état), il y en a de Thomas Erastus, [9][10] et c’est pourquoi je l’ai mis avec les autres traités du même auteur. Si M. Fourmy [11] vous eût montré le mémoire que j’en ai fait, vous l’y auriez remarqué. Voyez-les, s’il vous plaît, et y changez ce qu’il vous plaira ; j’aime mieux vous en croire qu’à moi-même. Isthæc Erasti Consilia ideo adiungenda putavi, ne quid videatur a me prætermissum ex tanti viri operibus[2] Il avait aussi fait un traité de Excommunicatione qu’il n’y faut pas mettre quia nulli placuit[3][12] combien que je l’aie céans. Pour le passage que m’alléguez du Duret sur les Coaques[13] page 164, linea 32, [14] la faute s’en peut amender fort aisément : il n’y a qu’à lire hypochondrium au lieu de hypochondriorum[15] etc. Cette faute n’est ni dans l’impression de 1588, qui est la bonne, ni dans celle de Meturas, [16] qui n’est pas trop bonne, mais dans celle de l’an 1621, laquelle est passablement bonne. [4] Il y en a une quatrième édition in‑8o de Strasbourg que je n’ai que vue, mais je ne l’ai point.

Touchant l’Emanuel ou Paraphrase évangélique, dont vous me demandez des nouvelles de l’auteur, je n’en sais rien, je m’en enquerrai. [5] Je baise très humblement les mains à ma chère et bonne amie, votre accouchée. [17] Je la remercie de son souvenir et la supplie de me continuer l’honneur de ses bonnes grâces. Je suis ravi qu’elle se porte bien et que votre petite fille ait un si beau nom. [6][18] M. Rigaud [19] ferait bien mieux d’imprimer un Fernel à la vieille mode, et tel que ce grand homme nous l’a laissé, que de prendre modèle sur celui de Hollande qui est plein de fautes, dont ils ont changé l’ordre et où ils ont ajouté plusieurs pièces quæ nihil spectant ad Fernelium, nihil ad rhombum[7]

Je souhaiterais que M. Rigaud n’entreprît point ce Fernel de la sorte, mais plutôt qu’il imprimât ce commentaire du médecin espagnol sur les Histoires épidémiques d’Hippocrate. [8][20] Des écrits et des leçons de feu M. Moreau, [21] nihil habeo. Quod tibi referam [9] son fils [22] est fort mon ami, à ce qu’il dit, mais c’est un terrible garçon : il va à l’Hôtel-Dieu, [23] il fait la débauche, il cherche de la pratique ; il est professeur du roi et ne fait point de leçons, il n’en fit que l’an passé, encore n’avait-il point d’écoliers. Pour feu Monsieur son père, il avait si peu de loisir qu’à peine faisait-il quelques leçons qu’il ne composait qu’à la hâte ; et lui-même s’en est plaint à moi fort souvent.

Je ne sais pourquoi M. Robert vous a mandé qu’il est venu dans l’assemblée de notre Faculté y parler de son affaire, je n’en ai jamais ouï parler et hoc puto falsissimum[10] Je ne sais pourquoi il ment en une affaire si sérieuse, je n’eusse pas cru qu’un tel homme que lui voulût mentir de la sorte. O pudor, o mores, o tempora ! [11] Il porte barbe au menton et il ment. [12]

Ce 24e de janvier. On dit que le prince de Condé [24] se porte mieux et que Guénault revient, mais que son mal de vessie et la suppression d’urine [25] lui ont repris ; à cause de quoi il a mandé de deçà un certain chirurgien de Paris nommé Fournier, [26] que je ne connais point, qui lui est allé au-devant et qui est parti depuis trois jours. [13] On dit ici assez haut que le mal de cet homme est une difficulté d’uriner qui ne lui provient que d’une chaude-pisse [27] invétérée, [14] qu’il a voulu et tâché d’arrêter mal à propos plusieurs fois. Voyez si ce n’est pas là un grand médecin, qui n’a pu se guérir de ce mal et qui néanmoins, a tâché d’avoir la réputation dans Paris d’être un médecin à guérir toute sorte de maladies et plusieurs autres ? On dit qu’il est demeuré malade à Péronne. [28]

Ce 27e de janvier. On parle fort ici de la maladie de M. de Candale, [29] qu’une fièvre continue [30] maligne a arrêté à Lyon. On dit qu’elle est accompagnée de fâcheux accidents, et entre autres d’un choléra morbus, [31] et qu’il est entre les mains de MM. Guillemin et Falconet. S’il en meurt, c’est une famille ruinée, dont l’établissement a autrefois horriblement coûté à la France. Si cela arrive, les parents du comte de Montrevel [32] diront Punition divine ! pour venger la mort du pauvre chevalier [33] de cette famille que ce M. de Candale fit misérablement massacrer ici il y a environ deux ans et dont la querelle n’est point encore apaisée. [15]

Ce 29e de janvier. Hier mourut ici un fort honnête homme nommé M. Molé de Jusanvigny, [34] président aux Enquêtes. Il est fort regretté de ses amis. Un fripon d’apothicaire nommé Lardier [35] l’a traité longtemps, lui tout seul, lui promettant guérison, et le malade avait grande croyance en lui. Le mal augmenté, Vallot [36] y est venu, qui l’a achevé, non absque dosibus aliquot vini emetici, per quas detrusit ad Orcum miserum et nimis credulum senatorem[16][37][38][39] Tout le monde en gronde ici, on en crie tout haut dans le Palais, mais cela ne le fera pas revenir : grande peccatum ipse peccavit [17] de s’être fié à un apothicaire sot et étourdi, et à un charlatan fort ignorant. Necesse est hæreses esse, ut probentur boni[18][40]

Guénault arriva hier de Flandres dans une litière [41] à cause de son incommodité. Il a dit à ceux qui l’ont vu qu’il fait trop froid de se faire tailler [42] et qu’il veut attendre au mois d’avril prochain. C’est que le compagnon sait bien que ce n’est point la pierre et cherche par là de se donner de la réputation, afin que ceux qui en auront du soupçon l’envoient quérir comme un grand Esculape qui se sera guéri d’un grand mal qu’il n’eut jamais. [19][43] C’est une pure bourde, que lui-même a fait courir, que les états de Flandres lui voulaient faire un présent d’un beau carrosse et de six chevaux, et de vingt mil livres d’argent pour avoir guéri M. le Prince. C’est une pure fourberie qu’il a lui-même inventée, tanquam dolorum artifex præstantissimus[20] car il n’en est rien ; joint que lorsqu’il arriva, le prince de Condé était hors de danger, son médecin Le Breton, [44] notre collègue, et M. Chifflet, [45] médecin de l’Archiduc [46] qui scripsit adversus imposturam pulveris Peruviani[21][47] l’avaient mis en bon état.

Je viens d’apprendre d’un marchand de soie en magasin une vilaine et triste nouvelle, savoir est que M. Cramoisy, [48] qui est le roi des libraires de la rue Saint-Jacques, [49] a fait banqueroute [50] pour plus de 300 000 livres. Cette nouvelle me surprend merveilleusement et m’étonne si fort que je ne sais plus à qui me fier de ces marchands négociants. Je ne sais comment cela peut être arrivé, mais je ne doute pas que cet homme, qui a tant imprimé de livres par le conseil des jésuites, [51] n’ait des magasins tous pleins de méchante marchandise et dont le débit n’a rien valu. Voilà un grand malheur sur la librairie, et néanmoins je ne pense pas que les carabins du P. Ignace [52] s’en mettent fort en peine car ces gens-là, quelque crédit en argent qu’ils aient, ne sont bons que pour eux et pratiquent finement le vieux proverbe : primo mihi, secundo […] michaud. [22] Tous nos libraires de la rue Saint-Jacques sont ici fort morfondus, mais voilà un coup qui les mortifiera encore bien autrement et qui diminuera bien fort le peu de crédit qu’ils avaient.

On dit que le roi s’en va faire sept nouveaux maréchaux de France ; que le Mazarin [53] a fait disgracier un premier valet de chambre nommé Chamarante [54] qui avait quelque part aux secrètes inclinations que le roi [55] a eues pour une des filles de la reine, [56] laquelle est fort belle, nommée Mlle d’Argencourt, [57] fille du gouverneur de Narbonne ; [58] que le jésuite confesseur du roi [59] lui a remontré que ces débauches des princes avaient provoqué l’ire de Dieu et que leurs états en avaient été ruinés. [23] Vous ne doutez pas que le bon roi David [60] n’y a pas été oublié, mais qu’on ne lui a pas dit le bon mot de saint Ambroise : [61] Peccavit, quod solent reges ; pœnitentiam egit, quod non solent reges, etc[24]

Ce 30e de janvier. On a dit, aujourd’hui au soir, qu’il était arrivé de Lyon un courrier à la cour qui a apporté certaines nouvelles de la mort de M. de Candale. Si cette nouvelle est vraie, voilà un tyran mort et une grande maison ruinée, éteinte et fondue ; voilà ce que le vieux d’Épernon [62] a gagné à ruiner la France pour bâtir sa fortune et agrandir sa Maison dans les bonnes grâces de Henri iii : [63][64]

De male quæsitis non gaudet tertius heres[25]

Son grand-père a été un grand tyran et néanmoins, toujours aux bonnes grâces des jésuites ; son fils, [65] qui est le duc d’Épernon d’aujourd’hui, a causé des désordres horribles dans la Guyenne [66] et vit avec beaucoup de désordre dans sa maison où, tandis que sa femme [67] ne lui est de rien, il entretient devant elle deux sœurs et leur tante avec autant d’impudence que d’impunité. Son fils qui mourut à Lyon le dimanche 27e de janvier à sept heures du soir était le meilleur des trois, ou au moins le moins méchant ; mais il était encore jeune et peut-être que Dieu, ayant pitié de son âme, l’a retiré plus tôt de ce monde de peur qu’il n’y empirât comme font la plupart des autres. Vous savez mieux que moi l’Écriture sainte, je ne lairrai point de la citer puisque je suis en train de théologiser : Cito raptus est ne malitia mutaret intellectum[26][68] Néanmoins, il fit malheureusement massacrer, il y a deux ans, le pauvre chevalier de Montrevel dont le sang a crié vengeance au ciel.

Hier arrivèrent en cette ville quatre choses étranges : un gentilhomme toulousain, prisonnier dans le For l’Évêque, [69] s’empoisonna avec du sublimé [70] qu’il avait acheté et apporté d’Avignon ; [71][72] la maison d’un épicier fut brûlée au bout du pont Saint-Michel, [73] où il y a grande perte et entre autres, pour 10 000 livres de sucre ; [74][75] les bateaux de la Grève furent entraînés par les glaçons, [76] où tout le monde courait ; tandis que fut pendu à la Grève [77][78] un libraire-relieur d’auprès le Collège de Lisieux, nommé Le Moine, [79] que je ne connus jamais, pour plusieurs vols qu’il avait commis. Il a avoué dans son testament de mort qu’il en avait fait une infinité avec un jeune homme nommé Cramoisy, [80] que l’on dit être un fripon et qui a bien fait de se sauver ; c’est un des fils du jeune frère du grand Cramoisy. [27] Voilà double malheur pour une même semaine sur cette famille de M. Cramoisy qui a tant imprimé de livres en sa vie pour le troupeau du P. Ignace, sans les autres de différente nature.

J’ai ce matin rencontré en sortant de nos Écoles, où il y avait un acte public, votre M. Robert, en long manteau et soutane, [28] qui s’y promenait dans la cour avec un des nôtres nommé Mauvillain. [81] Il m’a fort salué et m’a dit que son affaire n’était pas encore conclue avec M. Basset ; je ne lui ai rien dit là-dessus, et satim recessi, vigebant enim me frigus et faves[29] Guénault n’est pas bien, ses amis disent qu’il y a 24 jours qu’il ne pisse que par le moyen d’une canule [82][83] et qu’il a grand regret d’avoir été en Flandres où il a pensé mourir. [30] C’est peut-être qu’il n’a été guère bien payé, aussi m’a-t-on écrit de Bruxelles que le prince de Condé était hors de danger quand Guénault y arriva et que c’est M. Chifflet qui a eu l’honneur de sa guérison. Le roi de Hongrie [84] doit arriver demain à Francfort. [85]

On parle fort ici de la gangrène [86] dans les fièvres continues, lesquelles ne durent guère : elles étouffent le malade en trois jours, sunt causi hyberni, quorum malignitas adaugetur per impeditam transpirationem, a frigore ambienti[31]

Le révérend abbé Bourdelot [87] a été fort malade d’une fièvre continue jusqu’à cracher du sang, et est encore fort mal pour une maigreur extraordinaire. Putabatur moriturus a multis[32] c’est pourquoi son abbaye a été courue et demandée. Ne serait-ce pas grande perte d’un tel apôtre et que, dans la disette que nous avons de gens de bien, celui-là vînt à mourir ? On dit qu’il est fort chagrin, qu’il peste fort contre sa maladie qui l’a presque empêché d’attraper encore une abbaye, dont il a grande envie, par le moyen et le crédit de sa patronne, la reine de Suède.

Aujourd’hui, chose remarquable est arrivée au Parlement : c’est que M. Molé de Champlâtreux, [88] président au mortier, fils du défunt garde des sceaux Molé, [89] a voulu faire recevoir dans le Parlement un sien beau-frère [90] pour conseiller, j’entends frère de sa femme. [91][92] Il a été refusé tout à plat sous ombre que son père était partisan et maltôtier, il s’appelait Garnier, [93] était trésorier des Parties casuelles, [94] etc. [33]

On continue de parler de la banqueroute de M. Cramoisy : l’aîné demeure, et son frère Gabriel [95] s’est enfui ; [34] quelques-uns disent qu’il est en la maison professe des pères de la Société, rue Saint-Antoine ; [96] on dit que la banqueroute est de 400 000 livres. Peut-être que l’Escobar [97] y trouvera quelque remède. [35] D’autres disent que M. Gabriel s’en est allé en Portugal où ils ont un grand magasin de livres dans Lisbonne. On dit que M. Cramoisy l’aîné allègue pour sa défense qu’il était associé avec M. Gabriel son frère pour la librairie, les impressions et les changes des livres, mais non pas pour les lettres de change et le négoce particulier que faisait ledit Gabriel. On croit que M. de Gastines de Marseille [98][99] y est fort engagé. On y met aussi dans le même rang un certain M. Compain, [36][100] marchand de Lyon. On soupçonne qu’il y a bien de l’imposture en cette affaire, mais que M. Cramoisy l’aîné, que j’ai toujours trouvé fort honnête homme et fort raisonnable, en sortira néanmoins par le grand crédit qu’il a chez M. le chancelier[101] chez M. le lieutenant civil [102] et les autres grands, y étant particulièrement aidé, comme il sera, du crédit des bons pères de la Société.

Je vous donne avis que dans la fin de ce mois sera achevée une nouvelle édition, et sera la quatrième, Encheiridii Anatomici et Pathologici D. Io. Riolani[103] Elle est in‑8o, il y aura environ 44 feuilles de cicéro, vous y verrez plusieurs augmentations. [37] Aussitôt qu’elle sera achevée, je vous en enverrai cinq exemplaires, savoir pour vous, avec un livre de Balzac, [104] MM. Gras, Falconet, Guillemin et Garnier ; et vous supplie de leur faire mes très humbles recommandations, comme aussi à M. de La Poterie, [105] s’il vous plaît. Et le plus tôt que vous pourrez à tous, mais particulièrement à ce dernier, qui ne me traite pas en ami à ce que j’apprends, sans pourtant en savoir la cause ; mais soit, je vous supplie seulement de lui faire bonne mine. Ce n’est pas que je m’en soucie ni que j’y prenne aucun intérêt, quamvis, ex divo Augustino, vir bonus debeat habere rationem suæ famæ : [38][106] il n’est point capable de m’empêcher de courir, et canis allatrat Lunam nec Luna movetur[39] Prenez seulement garde, s’il vous plaît, à la mine qu’il vous fera lorsque vous me nommerez à lui. Je vous baise les mains, à Mlle Spon, à M. et à Mlle Seignoret, et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce mardi 5e de février 1658.

On m’a dit aujourd’hui que M. Alexandre Morus, [107] natif d’Orange, [40][108] ne veut pas venir demeurer à Paris, qu’il feint être malade et qu’il se moque de ces Messieurs de deçà qui le mandent pour y venir.


a.

Ms BnF no 9357, fos 294‑295 ; Reveillé-Parise, no cccxxiv (tome ii, pages 372‑375).

1.

« En cette maladie, dit-on, a été caché quelque chose de vénérien » ; François Guénaud était parti à Gand soigner le prince de Condé, qui souffrait de troubles urinaires (v. infra note [14]).

2.

« C’est pourquoi j’ai pensé que ces Conseils d’Erastus devaient être ajoutés, pour qu’on ne croie pas que je les aie omis dans les œuvres d’un si grand homme. » V. note [1], lettre de Charles Spon, le 15 janvier 1658, pour sa méprise sur la main qui avait annoté une copie des Consiliorum [Consultations ou Conseils] de Jean Fernel (Paris, 1582, pour leur première édition), que Guy Patin avait jointe au colis contenant des textes d’Éraste qu’il envoyait au libraire lyonnais Christophe Fourmy.

Il est fort surprenant de voir Patin, grand admirateur de Fernel, écrire ici : « je n’ai jamais lu ce livre et n’en fais point d’état » ; car il a émis un jugement, certes mitigé, à son propos dans sa lettre 409 (v. ses notes [5][7]), et a en outre prêté grande attention à six consultations qui y ont été ajoutées, car elles sont attribuées à Simon ii Piètre ou à son père (v. note [5], lettre 732).

3.

« parce qu’il n’a plu à personne » :  :

Explicatio quæstionis gravissimæ : utrum excommunicatio, quatenus Religionem intelligentes et amplexantes, a Sacramentorum usu, propter admissum facinus arcet ; mandato nitatur Divino, an excogitata sit ab hominibus. Autore Clarissimo viro Thoma Erasto D. Medico. Editio Nova secundum exemplar ex ipsius Autoris autographo Pesclavii primo excusum Anno 1589. Operis Calcem adjectæ sunt Clarissimorum aliquot Theologorum Epistolæ ; partim ad ipsum Autorem scriptæ, partim ad alios, quibus suum rogati, de hac re judicium ac sententiam proferunt. Cum indice copiosissimo.

[Explication de la question très grave de savoir si l’excommunication, dans la mesure elle écarte des sacrements ceux qui comprennent et professent la religion, en raison de la mauvaise action qu’ils ont commise, ressortit à une prescription divine, ou si elle a été inventée par les hommes. Par le très brillant M. Thomas Éraste, docteur en médecine. {a} Nouvelle édition conforme à la première édition imprimée à Poschiavo en 1589. {b} À la fin de l’ouvrage ont été ajoutées quelques lettres de très distingués théologiens, adressées soit à l’auteur, soit à d’autres, où ils ont été priés d’exposer leur jugement et leur sentence sur ce sujet. Avec un très copieux index]. {c}


  1. V. notule {b}, note [2], lettre de Charles Spon datée du 15 janvier 1658, pour la formation et compétence d’Éraste en théologie.

  2. Puschlaf [canton suisse des Grisons], Baotius Sultaceterus, in‑8o de 390 pages.

  3. Amsterdam, Georgius Trigg, 1649, in‑12 de 425 pages.

4.

V. note [4], lettre de Charles Spon, le 15 janvier 1658, pour la question de syntaxe qu’il posait sur ce passage de Louis Duret sur les Coaques d’Hipocrate (Paris, 1631, v. note [10], lettre 11).

Hypochondria – les hypocondres, qui sont les parties droite et gauche de l’abdomen situées immédiatement sous les côtes – est un nom neutre pluriel, dont le génitif est hypochondriorum. Hypochondrium n’en représente en principe aucun cas ; mais par nécessité anatomique, le jargon médical a dû créer cet accusatif singulier. La phrase d’Hippocrate traduite du grec par Duret est :

At vero tumor in hypochondriis durus quidem ac dolorificus, pessimus est, si sit ab omnibus partibus. Eorum vero qui sunt unius partis, periculi minus habet qui e sinistris assurgit.

[Un gonflement dans les hypocondres, dur et douloureux, est très mauvais s’il est bilatéral ; le moins dangereux des gonflements unilatéraux est celui qui occupe le côté gauche].

Fidèle à sa source, Duret a là soigneusement évité de mettre hypochondria au singulier (hypochondriorum au lieu de in hypochondriis), bien que sa phrase eût gagné en clarté et en élégance ; mais il ne s’est pas privé de cette facilité dans son commentaire :

Ergo non omnis meteorismus dolorificus hypochondriorum, {a} denunciat viscerum inflammationem : quoniam abdominis musculi dolere possunt atque tumere, concepta in ipsis causa doloris, atque tumoris, per distensionem propriam, et eximiam intemperiem. Nam quæ a visceribus inflammatione aut scirrho obsessis, tensio duritasque incidit in hypochondrium, {b} per oppressionem accidit : nisi fortasse excusatio sit apostematis e visceribus in hypochondria {c} abscedentis. Sed hypochondriorum externorum vitia, suis quæque notis certissimisque argumentis, a visceribus hypochondriacis {d} distinguuntur.

[Tout gonflement douloureux des hypochondres ne traduit donc pas une inflammation {e} des viscères : les muscles de l’abdomen peuvent devenir douloureux et enfler ; ils contiennent alors la cause à la fois de la douleur et de la tuméfaction, par leur contraction propre et par une intempérie sortant de l’ordinaire. De fait, quand une inflammation ou un cancer affecte les viscères, une tension et une induration s’installent dans l’hypocondre, ce qui arrive par oppression ; sauf peut-être quand l’explication vient d’un abcès qui se forme dans les hypocondres à partir des viscères. Mais les atteintes des parties superficielles des hypocondres, chacune d’elles ayant ses signes propres et sesdémonstrations très certaines, sont à distinguer de celles des viscères qu’ils contiennent].


  1. Hypochondriorum : génitif pluriel qui devait être nominatif singulier, hypochondrium, dans l’édition fautive de 1621 qui déroutait Spon.

  2. Hypochondrium : accusatif singulier.

  3. Hypochondria : accusatif pluriel.

  4. Hypochondriacis : ablatif pluriel de l’adjectif dérivé, hypochondriacus ; viscera hypochondriaca sont les viscères contenus dans les hypocondres (foie à droite et rate à gauche, chacun avec ses organes de proche voisinage).

  5. V. note [6], lettre latine 412.

V. note [6], lettre 673, pour la maladie qu’on appelait hypocondrie et les hypocondriaques qu’elle affectait.

5.

V. note [14], lettre de Charles Spon, le 15 janvier 1658, pour ce livre de Philippe Le Noir (Charenton, 1657), dont le titre orthographie bien Emanuel avec un seul m.

6.

Le prénom de la petite fille qui venait de naître chez les Spon, Dorothée (v. note [16], lettre de Charles Spon, le 15 janvier 1658), signifie littéralement don de Dieu (doron et théos en grec).

7.

« qui n’ont rien à voir avec Fernel, tout à fait hors de propos. » Nihil ad rhombum est une locution latine qui signifie littéralement « rien à voir avec un turbot », poisson que les Romains tenaient pour le plus exquis des poissons (v. note [69] de la thèse de Guy Patin sur la Sobriété).

V. note [3], lettre 463, pour l’édition de l’Universa Medicina [Médecine universelle] de Jean Fernel publiée à Utrecht en 1656, avec les commentaires de de Jan i et Otto van Heurne.

8.

V. note [19] de la lettre de Charles Spon, le 15 janvier 1658, pour ce commentaire de Pedro Miguel de Heredia sur les Épidémies d’Hippocrate, dont Charles Spon avait parlé à Guy Patin et qui fut imprimé à Lyon en 1665.

9.

« je n’ai rien. Je vous dirai que ».

10.

« et je pense que c’est complètement faux. »

11.

« Quelle honte ! quel temps ! quelles mœurs ! » (Cicéron ; v. note [52], lettre 292).

12.

« On dit qu’on doit être sage quand on a la barbe au menton » (Furetière). V. note [20], lettre de Charles Spon, le 15 janvier 1658, pour le mensonge d’Antoine Robert.

13.

Denis Fournier, natif de Lagny (Oise), mort en 1683, chirurgien de Saint-Côme, était spécialement réputé pour ses talents en chirurgie prothétique. Il a inventé plusieurs instruments, et publié plusieurs ouvrages d’anatomie et de pratique chirurgicale (Index funereus chirurgicorum Parisiensium page 62).

Le plus curieux aujourd’hui est sa Réponse aux calomnies inventées et formées contre D. Fournier, maître chirurgien à Paris, et opérateur lithotomiste, touchant l’opération de la pierre qu’il a faite le 3e de novembre 1660, en l’Hôtel-Dieu de Paris, en la personne de Nicolas Marguerite, natif de Langres, âgé de vingt-deux ans (pièce in‑4o, sans lieu, ni nom, ni date) : le patient était mort au 12e jour suivant l’opération et on avait accusé Fournier d’en être responsable par les fautes opératoires qu’il avait commises.

14.

Chaude-pisse est le nom populaire de la gonorrhée virulente ou blennorragie, écoulement douloureux de pus ou de mucosité (blenna en grec) par la verge, dû à une infection vénérienne par le gonocoque (v. note [8], lettre 402, pour celle qui affligea Louis xiv en 1655). La forme chronique (invétérée) est responsable de rétrécissement de l’urètre gênant le passage de l’urine.

V. note [11] du Traité de la Conservation de santé, chapitre viii, pour l’ancien sens de spermatorrhée qu’on donnait à la gonorrhée indolente.

15.

V. notes :

16.

« non sans se priver de quelques doses de vin émétique, par lesquelles il a précipité le misérable et trop crédule magistrat vers la mort. »

Orcus est le nom d’un dieu latin assimilable à Pluton, divinité des enfers.

Édouard Molé, seigneur de Jusanvigny, avait été reçu en 1627 conseiller au Parlement de Paris en la première Chambre des enquêtes, dont il était devenu président en 1628. Il avait épousé, avec dispense du pape, sa cousine, fille de Mathieu i Molé, premier président puis garde des sceaux (mort en 1656, v. note [52], lettre 101), prénommée Jeanne-Gabrielle (Popoff, no 123).

17.

« il a lui-même commis la grande faute ».

18.

« Les hérésies sont nécessaires pour que les bons soient reconnus », saint Paul (Première épître aux Corinthiens, 11:19) :

Nam oportet et hæreses esse ut et qui probati sunt manifesti fiant in vobis.

[Car il faut bien qu’il y ait des hérésies pour pouvoir reconnaître ceux d’entre vous qui sont vraiment fidèles].

19.

V. note [5], lettre de 551, pour Esculape, dans le sens (ironique) de médecin.

20.

« en tant qu’éminentissime créateur de fourberies ».

21.

« qui a écrit contre l’imposture de la poudre du Pérou [le quinquina, v. note [9], lettre 309]. »

Jean-Jacques Chifflet était le médecin de l’archiduc Léopold, gouverneur des Pays-Bas espagnols.

22.

« d’abord pour moi, ensuite [pour toi ?] michaud » : sur le manuscrit, une tache d’encre ou une épaisse biffure séparant secundo de « michaud » rend obscur ce qu’a voulu dire Guy Patin (le soulignement, qui indique le latin, passe sous le pâté, mais non sous « michaud »).

Michaut est un « terme d’imprimerie, qui se dit ironiquement aux compagnons, lorsqu’ils sont accablés de sommeil » (Furetière) ; peut-être une réminiscence du métier d’imprimeur qu’aurait pratiqué Patin dans sa jeunesse… Néanmoins, cela s’assortit mal au « vieux proverbe » latin qui dit primo mihi, secundo tibi [d’abord pour moi, ensuite pour toi], car il s’agit de brocarder les jésuites.

Dans la transcription de Reveillé-Parise, Michaud (avec initiale majuscule) oriente, peut-être plus justement, vers « Frère Michaud », pauvre diable ; un homme mécontent du traitement qu’on lui fait, dit de lui-même (Le Loyer des folles Amours, 1533) : {a}

« Le cœur me faut, {b}
Tant je suis malade ;
Et que j’ai chaud !
Tout me tressaut, {c}
Tant je suis fade.
Voilà l’aubade,
Et la gambade,
Qu’on bailla à Frère Michaud. »


  1. Les quinze joies du mariage. Ouvrage très ancien ; auquel on a joint le Blason des fausses Amours, le Loyer des folles Amours, et le Triomphe des Muses contre Amour (La Haye, A. de Rogissart, 1726, in‑12), page 321.

  2. Fait défaut.

  3. Fait tressaillir.

23.

V. notes [14], lettre 363, pour Clair-Gilbert d’Ornaison comte de Chamarante (ou Chamarande) et [15], lettre 295, pour le P. François Annat, jésuite, alors confesseur du roi.

Cette maîtresse éphémère de Louis xiv se nommait Lucie de La Motte-Argencourt (Mlle de Montpensier, Mémoires, première partie, volume 3, chapitre xxx, pages 195‑196) :

« Ce soir-là {a} le duc de Lesdiguières donnait à souper à toute sa famille, qui est assez nombreuse et belle pour composer une assemblée. Le roi et Monsieur y furent en masque ; Mme de Navailles y était, et trois ou quatre filles de la reine. Le roi mena et parla toujours à La Motte-Argencourt, qui était entrée en la place de La Porte chez la reine, et cela fit un bruit nonpareil. Il fut cinq ou six jours à ne faire qu’entrer et sortir à l’hôtel de Soissons, et même n’y allait pas tous les jours ; il causait sans cesse avec cette fille et témoignait beaucoup plus d’amour pour elle qu’il n’avait jamais témoigné pour la comtesse de Soissons. {b} Il gagna un mouchoir de point de Venise à une loterie, et à une autre, des galanteries propres aux demoiselles, qu’il lui donna. […] On ne parlait dans le monde que de cette nouvelle amitié ; tous les hommes en étaient fort réjouis, ils espéraient que cette affaire-là irait plus loin et que cela servirait au roi à le rendre plus gaillard. M. le cardinal revint de Vincennes, {c} il fut trois heures enfermé avec Leurs Majestés et au sortir de là, le roi ne regarda plus La Motte. »


  1. Veille du jour des Rois.

  2. Olympe Mancini dont Louis xiv s’était entiché.

  3. Où Mazarin s’était rendu après la mort accidentelle de son neveu, Alphonse Mancini (v. note [3], lettre 513).

24.
Ambroise de Milan (Aurelius Ambrosius, 340-397), saint, docteur et Père de l’Église, fut évêque de Milan de 374 à sa mort. Guy Patin citait le chapitre iii de sa Seconde Apologie du prophète David :

Igitur peccavit sanctus David, nullo ambiguo vos tenebo, fecit adulterium, commentus est homicidium, et commentus est et peregit. Peccavit, quod solent reges : sed pœnitentiam gessit et flevit, quod non solent reges. Rogavit veniam, non arrogans potestatis, sed infirmitatis suæ conscius : prostratus in terram cilicio se operuit, oblitus imperii, et memor culpæ.

[Le pieux roi David a donc péché, je vous le dirai sans aucun détour, il a commis l’adultère, il a prémédité un homicide, et l’a même accompli. {a} Il a péché, ce que les rois ont coutume de faire, mais il a fait pénitence et il a pleuré, ce que les rois n’ont pas coutume de faire. Il a demandé pardon, sans tirer arrogance de son pouvoir, mais en étant conscient de sa faiblesse. Prosterné sur le sol, il s’est couvert d’un cilice, ayant oublié son empire, mais conservé le souvenir de sa faute].


  1. David, le roi prophète des juifs (v. note [17], lettre 151), commit l’adultère avec Bethsabée, femme d’Urie, et pour l’épouser, trouva moyen de faire périr Urie dans un combat contre les Ammonites. Le prophète Nathan lui prédit que ses crimes recevraient bientôt leur punition et lui annonça toutes sortes de malheurs. Un des fils du roi viola sa sœur, ensuite le frère assassina le frère ; le roi lui-même fuit devant Absalon qui tentait d’arracher la couronne et la vie à son propre père, et que tout Israël encouragea dans son parricide ; David fut contraint de vaincre et de tuer ce fils criminel. Il dissipa plus aisément la rébellion de Péba, mais pour avoir voulu dénombrer son peuple, il vit 70 000 de ses sujets mourir en trois jours de la peste (G.D.U. xixe s.).

25.

« La troisième génération ne jouit pas de ce qui a été mal acquis » ; dicton latin que Rabelais a mis à sa sauce (Tiers Livre, chapitre i) :

« Car les choses mal acquises mal dépérissent. Et ores qu’il {a} en eût toute sa vie pacifique jouissance, si toutefois l’acquêt dépérit en ses hoirs [héritiers], pareil sera le scandale sus le défunt et sa mémoire en malédiction, comme de conquérant inique. Car vous dictez en proverbe commun : “ Des choses mal acquises le tiers hoir ne jouira. ” »


  1. Bien qu’il.

Fils unique de Bernard de Nogaret de La Valette, duc d’Épernon, encore en vie, le comte Louis-Charles-Gaston de Candale, duc de La Valette en 1649 (v. note [40], lettre 229), qui venait de mourir à Lyon, était le troisième et dernier descendant de la lignée des ducs d’Épernon. Il était petit-fils du duc Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d’Épernon (1554-1642) qui avait été l’un des derniers mignons de Henri iii (v. note [18] du Borboniana 6 manuscrit). Veuf en 1627, Bernard, duc de La Valette, s’était remarié en 1634 avec Marie de Coislin (morte en 1691).

26.

« tôt enlevé de peur que la malice n’altérât son intelligence » (Livre de la Sagesse, v. note [4] du Faux Patiniana II‑2).

27.

« On appelle testament de mort les déclarations ou dépositions d’un criminel depuis qu’on lui a prononcé son arrêt » (Furetière).

Simon Le Moine avait été reçu libraire en 1634. Installé rue Saint-Jacques Aux trois Couronnes, il avait été exécuté le 29 janvier 1658 (Renouard).

Le frère benjamin du Grand Cramoisy (Sébastien) se prénommait Claude (v. note [1], lettre latine 134) ; il avait épousé François Patelé (ou Paslé) qui lui avait donné cinq enfants, dont trois fils, prénommés Claude (né en 1633, probablement le criminel dont il était ici question), André et Sébastien ; ces deux derniers devinrent à leur tour libraires-imprimeurs.

V. inra note [34], pour Gabriel, un autre des frères Cramoisy.

28.

Soutane : « habit long et descendant jusque sur les talons, que portent les ecclésiastiques et les gens de justice [et ici un médecin] sous leurs manteaux et sous leurs robes » (Furetière).

29.

« je me suis aussitôt éloigné, le froid et la faim me tenaillaient en effet. »

30.

Canule est ici pris au sens de sonde vésicale, {a} car au sens strict (Furetière), c’est un :

« petit tuyau que les chirurgiens laissent dans les plaies qu’ils n’oseraient fermer parce qu’elles suppurent toujours, et qui sert d’une espèce de tente. {b} Elle est faite d’or, d’argent ou de plomb, et est trouée afin que la sanie {c} puisse entrer et tomber sur une éponge trempée en vin et eau-de-vie qu’on met à l’orifice pour tenir chaudement l’ulcère et empêcher que l’air extérieur n’entre au-dedans. »


  1. V. note [10], lettre 464.

  2. Drain.

  3. V. note [11], lettre de François Rassyne, datée du 27 décembre 1656.

31.

« ce sont des fièvres hivernales, dont la malignité est accrue par le froid ambiant qui empêche la transpiration. »

32.

« Beaucoup croyaient qu’il allait mourir ». L’abbé Bourdelot mourut en 1686.

33.

Mathieu Garnier, conseiller au Grand Conseil puis trésorier des parties casuelles, avait épousé la fille de l’apothicaire De Vougues. Leur fille aînée, Madeleine (morte en 1661), avait épousé en secondes noces le fils de Mathieu i Molé, Jean-Édouard Molé de Champlâtreux. Tallemant des Réaux lui a consacré une historiette (Mme d’Orgères, tome ii, pages 476‑479). Antoine Adam a déniché ces vers qui couraient sur Mathieu, dans un libelle intitulé Les Amours de Mme de Brancas, dirigé contre une autre des filles de Garnier, prénommée Suzanne :

« Vêtu d’une étroite culotte,
Son père, faiseur de calotte,
En vendit, dit-on, à Lyon
Quasi pour près d’un million.
Ainsi se voyant en avance,
Il se mêla dans la finance
et tout le reste de ses ans,
Fut un des plus gros partisans. »

Ses offices divers et prestigieux n’empêchèrent pas Garnier d’intervenir dans plusieurs traités signés avec le roi entre 1635 et 1653 (Bayard, page 40).

34.

Gabriel Cramoisy, frère benjamin de Sébastien et Claude, avait été reçu libraire en 1629. Il exerça d’abord avec son frère Sébastien, puis s’établit en 1661 dans la cour du Collège de Clermont. Il mourut le 5 octobre 1663 (Renouard).

35.

V. note [22], lettre 446, pour le P. Escobar, jésuite devenu prototype de l’accommodement des cas de conscience les plus épineux.

36.

D’après ce qu’a écrit Charles Spon dans sa lettre datée du 12 février 1658 et les renseignements que m’a aimablement fournis l’historien lyonnais Yves Moreau (vBibliographie), ce marchand était Pierre Compain. Banquier qui avait ses affaires à Lyon et à Rome, il était frère du R.P. Mathieu Compain (v. note [1], lettre 803). Le Claude-Gaspard Compain qui figure à l’année 1675 dans le Journal des principales audiences du Parlement… (Paris, Jean de Nully, 1733, tome troisième, page 89) était probablement un fils de Pierre ; comme son père, il maniait des finances entre Lyon et l’Italie (où son correspondant était Jean Bouvier, banquier à Rome).

37.

Encheiridium Anatomicum et Pathologicum, in quo, ex naturali constitutioe Partium, recessus a naturali satu demonstratur : Ad usum Theatri Anatomici adornatum. A Ioanne Riolano, Filio,… Editio quarta, renovata, illustrata, variis Tractatibus locupletata, et emendata. Cum triplici Indice, Tractatuum, Capitum, ac Rerum, accuratissimo.

[Manuel anatomique et pathologique où, à partir de la constitution naturelle des parties du corps, est montré ce qui s’écarte de l’état normal. Conçu pour la pratique de l’amphithéâtre d’anatomie. Par Jean Riolan, le Fils,… Quatrième édition {a} revue, lustrée, corrigée et enrichie de divers traités. {b} Avec un triple et très soigneux index : des traités, des chapitres et des matières]. {c}


  1. V. note [25], lettre 150, pour la précédente impression de ce livre (Paris, 1648).

  2. V. note [5], lettre latine 37, pour la liste complète de ces huit traités.

  3. Paris, Gaspard Meturas, 1658, in‑8o de 610 pages ; traduit par le Sr Sauvin sous le titre de :

    Manuel anatomique et pathologique, ou Abrégé de toute l’anatomie, et des usages que l’on en peut tirer pour la connaissance et pour la guérison des maladies. Par Me Jean Riolan, ancien doyen de la Faculté de médecine de Paris, {i}, doyen des professeurs du roi, et premier médecin de la reine Marie de Médicis, mère du roi Louis xiii. Nouvelle édition corrigée et augmentée de la sixième partie, sur les mémoires et livres imprimés de l’auteur. {ii}

    1. Sic : Riolan a été ancien (doyen d’âge), mais n’a jamais été doyen (directeur élu) de la Faculté.

    2. Paris, Gaspard Meturas, 1661, in‑8o de 779 pages ; Lyon, Antoine Laurens, 1672, in‑8o ; v. note [8], lettre 307, pour la précédente édition de 1653.

38.

« bien que, selon le divin Augustin, un homme de bien doive ménager sa réputation » ; saint Augustin (sermon 355) :

Qui confidens conscientiæ suæ neglegit famam suam, crudelis est.

[Celui qui, ayant confiance en sa conscience, néglige sa réputation, est un homme cruel].

39.

« et le chien aboie à la Lune, mais la Lune ne s’en émeut pas » ; v. note [8], lettre 34.

40.

Méprise de Guy Patin, Alexandre More (v. note [63], lettre 211), prédicateur protestant de grand renom, n’était pas natif d’Orange, mais de Castres.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 5 février 1658

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0514

(Consulté le 25/04/2024)

Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.