L. 549.  >
À Charles Spon,
le 24 décembre 1658

Monsieur, [a][1]

Ce 4e de décembre. Je vous ai envoyé une lettre de cinq grandes pages le mardi 3e de décembre. Depuis ce temps-là, j’apprends que M. le chancelier [2] est encore dans Dijon [3] où on le garde de peur que le peuple irrité ne se jette sur lui. Enseignez-moi, s’il vous plaît, si le commentaire de Phrygius [4] sur les Histoires épidémiques d’Hippocrate [5] a été imprimé sur un manuscrit ou sur un livre imprimé en Italie, comme aussi de la seconde partie de ses commentaires. N’en avez-vous jamais ouï rien dire ? Feu M. Musnier de Gênes [6][7] m’avait mandé que lorsque notre armée se campa devant Pavie, [8] l’an 1655, le livre était sur la presse ; maudite guerre qui fait beaucoup de mal et qui empêche beaucoup de bien ! [1] J’apprends qu’il y a chez M. le président de Mesmes [9] un terrible deuil pour la mort de l’abbé de Mesmes, [10] et que l’on y déteste bien le vin émétique [11][12] qui leur a ôté un grand fils de 26 ans et 25 000 livres de rente en deux abbayes. Quand Guénault [13] eut reconnu que ce poison avait rallumé la fièvre et donné le grand assoupissement duquel ce pauvre abbé est mort, il lui fit boire du lait [14] de vache trois jours durant et puis après, de la tisane [15] laxative de séné [16] tout pur qui fit rage de vider, mais il n’en fut jamais soulagé. Copiosæ istæ deiectiones tantum valent quantum levant. Non est reposita artis nostræ dignitas in perpetua cacatione : venenum emeticum tetram labem impresserat visceribus, quæ deleri non potuit[2] Il faut que Guénault ait perdu l’esprit, d’avoir recours au lait en ce cas-là, quod fuit alterum venenum[3] Cela me fait connaître qu’il est forcené, d’antimoine et de malice.

On dit que l’empereur [17] menace la France de deux grandes et puissantes armées l’an prochain, dont l’une viendra en Champagne. Il y a encore du terme et peut-être que cela n’arrivera point. Il y a de la brouillerie en Angleterre : le Parlement prochain [18] menace la fortune des enfants de Cromwell [19] qui n’ont guère d’argent ; [4] pour à quoi remédier, on leur a envoyé d’ici 200 000 écus. Pour le roi de Suède, [20] il est chassé du Danemark avec grande perte d’hommes et de 18 de ses vaisseaux. Les Hollandais et l’électeur de Brandebourg [21] ont délivré Copenhague. [22]

On dit ici que le roi [23] est las de pérégriner en un si mauvais temps, qu’il veut revenir à Paris et que mardi prochain, qui sera le 10e de décembre, il partira de votre ville ; et de là on tire conjecture que l’affaire de Marseille [24] est accordée. On dit aussi que ce n’est point le mauvais temps qu’il fait qui est cause du retour du roi, mais plutôt le prince de Condé [25] à qui le roi d’Espagne [26] a envoyé la qualité de généralissime de ses armées en Flandres, [27] avec de l’argent. On dit que les marchands de Londres ont tant fait que le protecteur Richard Cromwell [28] a entendu à un traité de paix avec l’Espagne, qui est bien avancé. Voilà des affaires qui surviennent præter spem [5] et qui pourront obliger le cardinal Mazarin [29] de ramener le roi de deçà pour donner ordre à la frontière.

Ce 14e de décembre. Hier mourut ici Mme de Lillebonne, [30] femme d’un des fils [31] du vieux M. d’Elbeuf. [32] Il y a seulement quatre mois qu’elle était mariée, elle était grosse et est morte pulmonique. [6] Je viens de recevoir votre lettre que m’a rendue M. de Baumgartner [33] avec la boîte pour M. Joncquet [34] et une lettre de M. Gras. [7][35] Je vous remercie du tout, je porterai demain la boîte à son maître, etc. On fait une dissection, [36] à nos Écoles, d’un voleur. [8][37][38][39][40][41][42] M. Courtois [43] en est le docteur, comme professeur de nos Écoles. [44] Je l’y ai voulu mener avec un jeune Lyonnais nommé M. Bouge. [9][45] Ils m’ont répondu qu’ils y avaient été ce matin, et qu’il y avait trop de presse et trop de bruit (il est vrai qu’ils sont presque 300 spectateurs) ; qu’ils espéraient de faire une anatomie particulière dans une chambre secrète et ad quam pauci admittebentur[10] Je le veux bien. Ils m’ont promis de venir demain tôt après-dîner, je leur donnerai une heure de temps pour nous entretenir auprès du feu et tâcherai de découvrir ce qu’ils pèsent tous deux, quid valeant humeri, quid ferre recusent[11][46] Je pense que ce M. Bouge veut être quelque jour agrégé à votre Collège de Lyon. [47] Je vous prie de dire à M. Gras que je lui baise les mains et que je le remercie de sa lettre qu’il a donnée à M. Baumgartner. Il fait ici un cruel froid, je m’en vais me chauffer. Quelques-uns disent ici que le roi passera les fêtes à Lyon et qu’après il ira à Narbonne, [48] et qu’il y a quelque traité avec l’Espagne sur le bureau[49]

Ce 16e à neuf heures du soir. Je viens de recevoir votre chère missive datée du 10e de ce mois, laquelle m’a fort satisfait en ce qu’elle m’a donné de bonnes nouvelles de votre santé, quæ utinam in dies adaugiatur[12] M. Joncquet vous remercie bien fort pour sa boîte, et lui et moi vous prions de me mander ce qu’avez déboursé pour le port d’icelle depuis Grenoble jusqu’à Lyon. Il s’en va faire imprimer in‑4o un beau catalogue de toutes les plantes non vulgaires qu’il a en son jardin, qu’il a cultivées depuis quatre ans avec un soin incroyable, et lesquelles y sont en grand nombre. [13][50] Il a traité avec un libraire qui lui a dit que son ouvrage contiendrait 30 feuilles d’impression. Il dit qu’il y a près de 1 500 plantes dans son jardin, et espère que dans trois ans il aura tout ce que possèdent les plus curieux botanistes, et quelque chose plus qu’eux. Je vous remercie d’avoir parlé de moi à M. Eustache. [14] Quand vous lui écrirez, vous me ferez faveur de lui faire mes recommandations.

Mais à propos d’un si habile homme, l’on ne dit plus rien de Courtaud [51] ni de Montpellier : [52] y a-t-on fait des professeurs, qu’est devenu M. de Soliniac, [53] que fait aujourd’hui le fils de M. Sanche ? [54] Quel dessein a cet évêque, [15][55] veut-il ruiner cette Académie de laquelle ceux qui en viennent disent fort peu de bien, étant comme abandonnée et déserte, faute que l’on n’a pourvu aux chaires des professeurs vacantes ?

Je vous remercie très humblement de vos nouvelles, lesquelles sont ici communes. On dit bien ici que le roi passera les fêtes à Lyon, mais beaucoup de gens croient que quand il en sortira, qu’il prendra le chemin de Narbonne ; quod si contingat[16] la campagne du Languedoc n’en peut que souffrir, ex tam magno comitatu principis, qui provincialibus gravis esse solet[17] Je suis en peine des nouvelles de M. Falconet [56] à qui j’ai plusieurs fois écrit, je ne sais si c’est la cour qui l’empêche d’écrire. Et in hoc momento[18] voilà que je reçois une des siennes par laquelle j’apprends qu’il a pris la peine de m’acheter huit tomes in‑fo, dont je l’avais prié : c’est Theatrum vitæ humanæ [57] de M. Huguetan qu’il a trouvé à meilleur marché chez M. Fourmy ; [19][58] je vous prie de faire en sorte qu’il soit bien empaqueté et emballé, et puis après de me l’envoyer, ou à part, ou dans quelque balle de libraire dont vous pourrez avoir quelque adresse et commodité chez MM. Devenet, Rigaud ou Fourmy ; mais n’en parlez point à M. Huguetan, [59] s’il vous plaît, cet homme n’est point raisonnable, il est sauvage, ce qu’il ne devrait pas être envers moi ; il me doit de l’argent de reste il y a 7 ans entiers, piscator ictus sapit, et ego sapiam in posterum[20][60] Je vous supplie donc de m’excuser de tant de peines que je vous donne, et in eam curam incumbere, ut cito tutoque fasciculus iste mihi reddatur[21] j’en paierai le port de deçà.

On parle ici d’un Espagnol nommé Pimentel, [61] que l’on dit être à Lyon et qui traite du mariage du roi avec l’infante d’Espagne, [62][63] et que pour cette affaire, l’on a envoyé un jacobin tout exprès à Madrid ; [64] que la reine [65] affectionne fort ce mariage, en quoi ceux qui n’en ont pas tant d’envie qu’elle lui forment plusieurs difficultés, lesquelles pourront bien empêcher le marché, combien que ce soit chose fort à désirer, vu que ce serait une reine de paix ; mais ce dernier mot est le chiendent, [22][66][67] car il y a bien des gens qui n’en veulent point et qui sont comme les pêcheurs, qui ne font jamais bien leurs affaires que dans l’eau trouble. [23] M. de Guise, [68] le Balafré, disait autrefois,

Par la guerre nous vient le crédit et le bien.

C’était ce duc de Guise qui fut chef de la Ligue [69] et que Henri iii[70] par un fort bon et généreux conseil, fit tuer à Blois, [71] l’an 1588, la veille de Noël. [24] Feu mon père, [72] qui haïssait la Ligue et les ligueurs, disait (j’étais encore fort petit) que ce massacre avait été le meilleur coup que fit ce roi en sa vie.

On dit ici que M. Alexandre Morus [73] a prêché dans Charenton [74] et qu’il a fait merveilles, qu’il a promis de demeurer ici mais qu’il veut retourner encore un coup en Hollande, à cause de quoi il a demandé et obtenu permission d’y faire un voyage, à quoi trois mois seront employés. L’Eusèbe de Scaliger [75][76] est réimprimé, [25] l’on en attend ici chez quelques libraires ; on dit qu’il y a une grande préface de laquelle ledit M. Morus est auteur, dans laquelle il a fait une comparaison de M. Descartes [77] avec Aristote, [78] et du P. Petau [79] avec Scaliger, etc. Hier furent ici arrêtés trois hommes, de ces braves qui entrent hardiment dans les maisons et qui, sous ombre d’être gens à craindre et d’avoir des poignards et des pistolets, demandent impudemment de l’argent. Le premier des trois était allé chez M. Colbert, [80] intendant de la Maison de Son Éminence, y demander 150 pistoles, le poignard à la main ; mais il n’eut pas ce qu’il demandait, ce M. Colbert le fit arrêter, et deux autres de ses compagnons qui furent pris en chemin. [26] On tient ici que voilà de la besogne pour le successeur du sieur Saint-Aubin, [81] qui était le bourreau de Paris l’an passé. [27]

Le cardinal de Richelieu [82] fit faire exprès le parlement de Metz [83] pour avoir des juges et des commissaires à sa poste, [28][84] afin de faire condamner à mort plus aisément le maréchal de Marillac. [85] Quelque temps après, à la prière du cardinal de La Valette [86] qui lors était fort son ami, il tira ce parlement de Metz et l’envoya dans Toul [87] où tous ces Messieurs ont été fort incommodés, à cause de quoi ils ont fait tout ce qu’ils ont pu depuis ce temps-là, envers les ministres, pour obtenir la permission de retourner à Metz ; ce qui leur a enfin été accordé par Son Éminence mazarine, moyennant 200 000 livres qu’ils lui ont données. Voilà comment un homme qui est en fortune tire avantage de tout, et fait d’un seul article plus d’argent que tous les alchimistes et faux monnayeurs [88] du monde. [29] Guénault dit qu’un grain de fortune vaut mieux que dix onces de vertu, c’est ainsi que parlent les avares et les enragés de gagner.

On dit ici que depuis que le roi est à Lyon, il s’est présenté à Son Éminence un jacobin espagnol qui avait charge de lui parler de la paix d’entre les deux couronnes ; sur quoi, ayant été ouï, on a trouvé à propos de l’envoyer en Espagne, après quoi, s’il est de besoin, on y enverra M. de Lionne [89] qui y fut pour le même sujet il y a deux ans. [22] On parle aussi de faire deux cardinaux pour < la > France, dont l’un sera un Italien Mancini [90] allié de Son Éminence et qui y sera notre protecteur ; pour l’autre, on dit que ce pourra être l’archevêque de Toulouse, M. de Marca : [91]

Curia vult marcas, bursas exhaurit et arcas,
Si bursæ parcas, fuge Papas et Patriarchas, etc.
 [30][92]

Je ne sais qu’a fait cet homme à Dieu pour être tellement et si vivement persécuté de la bonne fortune ; néanmoins, je le trouve bien vieux et quelque chose qui lui arrive, je ne pense point qu’il en jouisse jamais guère longtemps. Ces grande dignités non minus onerant quam ornant [31] quand elles viennent si tard. Iuvenes mori possunt, senes diu vivere non possunt[32] la mort vient qui emporte tout, et le marchand et la marchandise, et qui découvre tout ; après cela, le pauvre et le riche ont le nez fait l’un comme l’autre. [33][93][94]

Usque adeo res humanas vis abdita quædam
Obterit, et pulchros fascis, sævasque secures
Proculcare, et ludibrio sibi habere videtur
[34]

Je vous supplie très humblement de faire mes recommandations à M. Huguetan l’avocat, à MM. Devenet et Anisson, comme aussi à M. de la Poterie, [95] auquel vous direz, s’il vous plaît, que j’ai reçu de M. Henry, [96] par l’ordre de M. de Montmor, [97] les six tomes de feu M. Gassendi, [98] qui est un bel ouvrage, et que je le remercie de ce qu’il a contribué de sa part envers M. de Montmor afin que je l’eusse. [35]

Ce 19e de décembre. On dit que Son Éminence a envoyé un certain nommé Bartet [99] en Espagne ; [36] que le Catelan [100] offre de l’argent comptant pour l’élection d’un parlement nouveau à Bourg-en-Bresse, [101] mais que c’est un leurre dont on veut faire peur à ceux de Dijon, dont le premier président [102] et quelques conseillers doivent maintenant être à Lyon où ils ont été mandés ; [37] et que le roi a demandé trois millions aux états de Languedoc, [103] qui est une somme fort grande, et aussi ne sont-ils pas d’accord de la lui promettre. Ceux de Liège [104] sont menacés de l’empereur, à cause de quoi ils demandent secours à M. de Turenne. [105] D’ailleurs, le prince de Condé ramasse ses troupes, et fait peur et donne soupçon de quelque entreprise. Pour obvier à tels inconvénients, M. de Turenne a remandé toutes les garnisons qui sont en Picardie et en Normandie, que l’on dit être de 4 000 chevaux sans l’infanterie. On dit aussi que M. d’Épernon [106] a charge de prendre six compagnies du régiment des gardes et de les mener à Dijon pour tourmenter cette ville et les obliger de donner au roi ce qu’il leur demande. Nec mirum, dedecent ista duces et pastores populorum[38] c’est marchandise d’Italie et invention des partisans, de peur que les peuples ne crèvent de graisse, ad vitandam euexiam athleticam ; [39] joint que si l’on trouve par cette voie moyen de fléchir les Bourguignons, on tâchera de se servir de cet exemple pour le Languedoc, la Provence et autres pays, afin de tirer de l’argent pour faire la guerre en Italie et en Flandres la campagne prochaine ; si devant ce temps-là, Dieu ne nous envoie une bonne paix par le mariage du roi avec l’infante d’Espagne, qui serait une reine de paix et le seul but auquel nous pouvons espérer.

Il est ici arrivé un libraire de Hollande qui a apporté quelques livres d’humanités, et entre autres un Quintus Curtius variorum, Lucanus variorum, etc. [40][107][108][109] in‑8o ; et pour livres de notre médecine, un suivant fait par un Espagnol avec ce titre Casparis Caldeiræ de Heredia, medici et philosophi Hispaniensis, Tribunal medicum, magicum et politicum, pars prima, Lugduni Batav., apud Io. Elsev. Acad. typogr., 1658[41][110] Quelque libraire, en mon absence, en a apporté un céans, duquel il a dit qu’il voulait en avoir 10 livres en blanc. Je l’ai vu et considéré, il fera bien de le venir requérir car je ne sais qui il est et je ne veux point de son livre : c’est un chétif ouvrage, mauvais style, mauvais latin, pauvre science, vanité espagnole ; c’est un auteur qui est tout morgant et tout barbare, [111] dicto et facto[42] Il y a même bien des fautes en l’édition, MM. Elsevier [112] font tantôt aussi mal que les autres. Je ne suis point d’avis de me charger de ce méchant livre, j’en ai assez d’autres et n’ai point de place pour celui-là.

Quand est-ce que sera achevée l’édition de l’Histoire des comtes et ducs de Savoie faite par M. Guichenon [113] in‑fo en deux tomes, que M. Barbier imprime, de quel prix sera-t-elle à Lyon ? [43] J’ai aujourd’hui acheté deux livres en blanc de feu M. Ger. Io. Vossius, [114] dont l’un est intitulé Harmoniæ evangelicæ de passione, morte, resurrectione ac adscensione Iesu Christi, Salvatoris nostri, libri tres, 1656 ; l’autre est de Logices et Rhetoricæ natura et constitutione, in‑4o, 1658[44] On a depuis peu imprimé un commentaire de son fils [115] vivant in Pomponium Melam [116] in‑4o[45] mais que je n’ai point encore vu. Le père a laissé beaucoup de bonnes épîtres ad Germanos, ad Belgas, ad Gallos, ad Anglos[46] que je voudrais bien voir imprimées. Je crois qu’il y a là-dedans bien de bonnes choses ; au moins M. de Saron [117] me l’a dit autrefois ainsi. [47]

M. Caze [118] a aujourd’hui envoyé céans Monsieur son fils [119] me demander si je ne savais point où était logé un jeune homme nommé Seignoret, [120] garçon que M. Huguetan avait ici envoyé il y a quelques mois (c’est celui dont je vous ai écrit par ci-devant, mais je ne savais pas son nom). [48] J’ai répondu qu’il y avait plus d’un mois que je ne l’avais vu et qu’il fallait aller au Collège royal chez M. Bouillette [121] savoir s’il y tenait encore sa chambre et s’il y avait encore des livres, et que l’on pourrait aussi s’en enquérir chez deux libraires, MM. Léonard [122] et Piot. [49][123] M. Caze en est en peine pour quelque chose qu’on lui en a écrit de Lyon, je pense que c’est en conséquence de ce que je vous en ai par ci-devant mandé. Je vous envoie une lettre pour M. Saphos, marchand de Lyon ; [124] si vous ne le connaissez, vous n’aurez qu’à la donner à M. Gras, c’est lui qui m’en a donné la connaissance. Je vous prie de faire mes recommandations à M. Falconet et de lui dire que je ne lui écris point, faute de matière, que son écolier [125] se porte bien et étudie bien, et qu’il n’a que faire de s’en mettre en peine ni de s’en inquiéter, il ne manque de rien. Dans un mois sera achevée la nouvelle édition (qui est une seconde) du Lucrèce français de M. Marolles, [126] abbé de Villeloin, dans lequel il a beaucoup changé, ajouté et amendé[50] Aussitôt après il en fera autant de son Horace, et puis après il fera imprimer pour la première fois son Térence, duquel il a grandement bonne opinion et qu’il dit être plus difficile à tourner que le Plaute même.

Au reste, l’on dit ici que l’affaire de Marseille est accordée avec le roi, qu’il n’ira pas en Languedoc, mais qu’il reviendra de deçà pour être à Paris avant la fin de janvier. Faxit Deus ! [51] Nous voilà à la fin de l’année 1658. Je vous souhaite longue et heureuse vie, à vous, à Mlle Spon et à toute votre famille, pour l’année prochaine et plusieurs autres tout de suite, et vous prie de croire que je suis et serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce mardi 24e de décembre 1658.


a.

Ms BnF no 9357, fos 322‑323 ; Reveillé-Parise, no cccxl (tome ii, pages 443‑447).

1.

V. note [11], lettre 78, pour le commentaire de Phrygius, Pietro Francisco Frigio, sur les Épidémies d’Hippocrate, paru à Lyon en 1643, et dont Guy Patin espérait une seconde partie dont je n’ai pas trouvé trace (v. note [8], lettre 458).

2.

« Ces déjections copieuses n’ont de valeur que dans la mesure où elles soulagent. Une chiasse perpétuelle ne sied pas à la dignité à notre art : le poison émétique avait mis les viscères en un épouvantable délabrement qui n’a pas pu être corrigé. »

3.

« parce qu’il fut le second poison. »

4.

Le 13 décembre, le Conseil du Protectorat annonçait l’élection d’un nouveau Parlement, appelé à se réunir pour la première fois le 6 février (Plant).

5.

« contre toute attente ».

6.

François-Marie de Lorraine (1639-1720), prince de Lillebonne, troisième fils de Charles ii de Lorraine, duc d’Elbeuf (v. note [12], lettre 18), lieutenant général en 1651, avait épousé le 3 septembre 1658 Christine d’Estrées, dont Guy Patin annonçait ici la mort.

7.

Denis Joncquet, natif de Dourdan (Essonne), avait été reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1639. Il avait l’esprit rétif, comme en témoigne l’anecdote rapportée par l’Encyclopédie méthodique :

« Le 29 mars 1632, Joncquet étant à l’examen du baccalauréat, fut interrogé à son tour. L’examinateur lui ayant demandé, Quid est lassitudo ?, {a} il répondit Is est status in quo sum {b} et s’en alla. Le 10 mars 1636, il se représenta à l’examen et fut admis le 25 du même mois. »


  1. « Qu’est-ce que la lassitude ? »

  2. « C’est l’état où je me trouve ».

En 1663, Joncquet devint démonstrateur de botanique au Jardin royal (v. note [4], lettre latine 291). Il mourut en 1671. La trace qu’on trouve de lui dans les dictionnaires spécialisés est la plante tropicale qu’on nomma en son souvenir : la Joncquetia paniculata, synonyme de la Tapiria guianensis.

V. note [10], lettre 547, pour la boîte qui venait de Grenoble.

8.

Guy Patin ne parlait ici que d’une assez banale dissection à la Faculté de médecine quand venait d’y exploser une querelle de la plus haute importance : le premier d’une série continue d’accidents et de disputes qui marqua le décanat du fulminant François Blondel. Cet événement, dont Patin ne fut apparemment pas acteur, ni même témoin direct, vaut d’être rapporté car il aide à comprendre la longue période de dissensions qui allait embraser la Faculté jusqu’à la victoire finale du clan antimonial.

Le jeudi 12 décembre 1658, Antoine Jean Morand, qui avait disputé la veille son acte pastillaire, présidait, selon la coutume, sa première thèse quodlibétaire : An homo extra uterum gigni potest ? [L’homme peut-il être engendré hors de l’utérus ?] (conclusion négative, bachelier Antoine Ruffin). Présents au début de l’acte, deux des neuf examinateurs convoqués (domini doctores disputaturi), Philippe Hardouin de Saint-Jacques et Armand-Jean de Mauvillain, ayant à s’occuper ailleurs d’affaires « dont la remise de délai ne se pouvait faire », prièrent deux de leurs collègues, respectivement Mathurin et Alexandre-Michel Denyau (v. note [8], lettre 983), père et fils, de disputer pour eux en leur lieu et place et à l’heure qui leur était prescrite.

La suite se lit dans la requête que les trois régents condamnés déposèrent devant le Parlement dès le lendemain, 13 décembre (Comment. F.M.P., tome xiv, fos 406‑408) :

« Saint-Jacques se retirant auparavant l’heure que ledit Denyau l’aîné devait disputer pour lui, s’est approché de M. François Blondel, des mains duquel il a reçu sans difficulté quelconque le droit {a} qui lui était dû pour son assistance. Et quelque temps après, ledit de Mauvillain, se voulant retirer pareillement auparavant la dispute que ledit Denyau le jeune devait faire pour lui, s’est aussi approché dudit sieur Blondel, doyen, pour recevoir son droit d’assistance, dont il lui a fait refus ; de la cause duquel s’étant informé, ledit Blondel lui a reparti une chose qu’il n’avait point opposée audit sieur de Saint-Jacques, savoir qu’il lui refusait son droit d’assistance puisqu’étant présent, il ne disputait pas ; à quoi il {b} a répliqué qu’il ne prétendait pas le droit pour la dispute et qu’il appartenait audit Denyau le jeune qui devait disputer pour lui, ses affaires ne lui permettant pas d’attendre l’heure de sa dispute ; mais que son droit d’assistance, qui est autre que celui de la dispute, lui devait être baillé, ainsi qu’au sieur de Saint-Jacques […] ; et dans cette conférence étant arrivé que le bonnet dudit Blondel est tombé de sa tête, ledit Mauvillain l’a dans sa chute recueilli de ses mains ; mais cet office, qui était de civilité et courtoisie, a été pris pour injure par ledit Blondel, mettant en avant que ledit Mauvillain lui avait ôté le bonnet de la tête. Et sur ce y ayant eu du bruit, Hureau et Denyau le jeune {c} ayant témoigné que le droit d’assistance ne pouvait et ne devait être refusé audit de Mauvillain, non plus qu’au sieur de Saint-Jacques, cela a pareillement été pris pour injure par ledit Blondel ; lequel à l’instant s’est levé, a interrompu l’acte et de violence, commanda aux bedeaux {d} de le suivre ; < et > accompagné de MM. Nicolas Cappon, François Le Vignon et autres docteurs de ladite Faculté, s’est porté près dudit Hureau et voulant lui-même < se > venger et se faire justice de la prétendue injure qu’il disait lui avoir été faite par ledit Hureau, il l’a violenté, pris par sa robe d’écarlate, icelle déchirée, < pour > le mettre hors de sa place et < de > son rang de dispute, le chasser et expulser honteusement de l’École, et fait plusieurs outrages dont toute l’assistance a été scandalisée et offensée. Et n’ayant pu réussir tout à fait dans cette mauvaise entreprise, il s’est remis en sa place, témoignant qu’il s’était suffisamment bougé ; mais ce n’était qu’en apparence, parce que lors dans la salle de la dispute il n’<y > avait pas présents et n’étaient pas encore venus les docteurs de sa faction et de sa cabale, qu’il a attendus. Ce fait, s’est retiré de sa place sans dire mot pendant la continuation de l’acte ; et ayant fait avertir secrètement aucuns des docteurs de sa faction, ils sont montés dans la salle haute, et prétendant s’être assemblés […], pendant la continuation dudit acte où assistaient plusieurs docteurs, ils ont voulu mettre en question ce qui s’était passé dans la salle de la dispute, sur le récit desdits Blondel, Le Vignon et Cappon, leurs parties intéressées, et en présence des docteurs qui n’avaient point assisté ni vu ce qui s’était passé. De laquelle assemblée clandestine l’avis ayant été donné au sieur Denyau l’aîné, au moment de sa dispute finie, il serait monté en haut revêtu de sa robe rouge ; et entré dans cette prétendue assemblée, < aurait > déclaré qu’il s’opposait à icelle, demandant à être ouï avec ledit Denyau son fils et que l’affaire fût remise dans une assemblée légitimement convoquée ; mais on a refusé de l’entendre, et même < il > a été repoussé de force et de violence par lesdits Cappon et Le Vignon, de même par le sieur Merlet {e} qui lui a par trois fois porté le poing à la poitrine. Et ce fait, ledit Blondel a lui-même prononcé un prétendu décret par lequel, et sur les suppositions y contenues, ils ont exclu et interdit de l’entrée de l’École ledit de Mauvillain pendant quatre ans et lesdits Hureau et Denyau le jeune pendant deux ans. Et ensuite ledit Blondel étant descendu, rentré et < ayant > repris sa place dans la salle de la dispute, et voyant que ledit Denyau le jeune disputait, lui a commandé de se taire et se retirer < pour > attendre le prétendu décret susdit, dont néanmoins on ne savait encore rien dans ladite salle ; ce qui a surpris ledit Denyau le jeune, lequel continuant sa dispute en sa place, ledit Blondel a commandé au bedeau de prendre ledit Denyau par les oreilles et par sa robe, le tirer et le chasser de l’École ; auquel commandement ledit bedeau ayant obéi, s’est approché dudit Denyau le jeune, et honteusement et avec scandale l’a voulu tirer de sa place en laquelle néanmoins il s’est maintenu pour continuer sa dispute, laquelle a été interrompue par le désordre causé de la part dudit Blondel, en sorte que Me Michel de La Vigne a continué la dispute, et l’acte s’est parachevé. »


  1. Jeton de présence.

  2. Mauvillain.

  3. Germain Hureau et Alexandre-Michel Denyau.

  4. V. note [1] des Actes de 1650‑1651 dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris.

  5. Jean Merlet.

Le même jour, avertis de cette plainte, le doyen et la Faculté renouvelèrent leur décret contestable de la veille. Cette mauvaise querelle fit plusieurs allers et retours entre le Parlement et la Faculté jusqu’au 20 février 1659 où, devant l’assemblée des docteurs régents et deux conseillers au Parlement, Michel Ferrand et Charles de Saveuse, (fo 419) :

« ledit de Mauvillain entré en nos présences a déclaré qu’il se désiste de l’appel par lui < interjeté > et y acquiesce, et supplie le sieur Blondel et la Faculté de lui faire grâce, et a demandé pardon audit sieur doyen et à la Faculté de ce qui s’est passé. Ce fait, ledit Me François Blondel, doyen, a dit et déclaré qu’il n’a poursuivi la cause que pour la dignité de la Faculté, et non pour son intérêt particulier, qu’il a toujours volontiers remis et remet encore et consent, en tant qu’à lui est, que ledit Mauvillain soit dès à présent rétabli, et que la Faculté a consenti tout d’une voix dont acte et ont signé lesdits Mauvillain, Hureau, Denyau et Blondel. »

Mauvillain en conserva une vive rancœur à l’encontre de Blondel (qui était borgne) : quand il fut à son tour élu doyen, en novembre 1666, il fit frapper sur son jeton décanal l’allégorie d’Ulysse aveuglant le cyclope Polyphème (v. note [51] du Borboniana 9 manuscrit), terrassé, avec une torche enflammée : Vero lumine cœcat [Il aveugle par la lumière de vérité]. La devise frappée sur le jeton de Blondel était Crescit in adversis virtus [La vertu s’accroît dans l’adversité]. Celle que Patin avait mise sur le sien était Felix qui potuit [Heureux qui a pu, v. note [6], lettre 438].

Christian Warolin (page 121) a supposé que l’amitié de Mauvillain et Molière date de cette période :

« Molière, de retour à Paris en 1658 après un long séjour en province, devint le protégé de Gaston d’Orléans dès la représentation devant Louis xiv du Docteur amoureux, le 24 octobre. Or Mauvillain, fils du chirurgien de Monsieur et très au fait des réalisations botaniques princières au château de Blois, avait accès à l’entourage de l’Altesse royale. Une rencontre entre le célèbre comédien et le médecin fort courroucé de son exclusion de la Faculté cette année-là, était donc possible dès cette époque. »

V. notule {a}, note [23] de Thomas Diafoirus et sa thèse, pour les sérieux doutes de Georges Forestier sur cette question.

9.

Les deux jeunes gens que Guy Patin voulait mener à la dissection de l’École étaient Tobias Baumgartner et Bouge, originaire d’Antibes, dont la suite de la correspondance a reparlé.

10.

« et à laquelle peu de gens seront admis. »

11.

« ce que leurs épaules peuvent ou ne peuvent pas soutenir » (Horace, L’Art poétique, vers 39‑40) :

versate diu quid ferre recusent,
quid valeant humeri
.

[Tourne longtemps en ton esprit ce que tes épaules peuvent ou ne peuvent pas soutenir].

V. note [39] du Faux Patiniana II‑1 pour un plus long extrait.

12.

« dont Dieu fasse qu’elle s’améliore de jour en jour. »

13.

Dionysii Joncquet, Medici Parisiensis, Hortus, sive Index onomasticus plantarum quas excolebat Parisiis, annis 1658 et 1659. Accessit ad calcem Stirpium aliquot paulo obscurius denominatarum officinis Arabibus, aliis, per Casparum Bauhinum explicatio.

[Le jardin de Denis Joncquet, médecin de Paris, ou l’Index onomastique des plantes qu’on cultivait à Paris dans les années 1658 et 1659. S’ajoute à la fin une explication, d’après Caspar Bauhin, {a} de certaines plantes auxquelles les écoles arabes et d’autres ont donné des noms quelque peu obscurs]. {b}


  1. V. note [7], lettre 159.

  2. Paris, Franciscus Clouzier, 1659, in‑4o de 140 pages avec annexes. V. note [7], lettre latine 280, pour la dédicace de ce livre à François Guénault.

14.

Eustache (déjà cité, v. note [14], lettre 547) était peut-être un membre de la famille d’apothicaires montpelliérains de ce nom (Dulieu).

15.

V. la lettre de Guy Patin sur ce sujet, datée du 28 septembre 1657, à François de Bosquet, évêque de Montpellier.

16.

« et si cela arrive ».

17.

« de la si grande suite du prince, qui d’habitude est pesante pour les habitants des provinces. »

18.

« Et à cet instant même ».

19.

V. note [36], lettre 155, pour « [le grand] Amphithéâtre de la vie humaine… » de Laurens Beyerlinck.

20.

« pêcheur piqué sait à quoi s’en tenir, et moi je le saurai à l’avenir. »

Piscator ictus sapiet (avec le verbe au futur, sapiet, saura, au lieu du présent, sapit, sait) est un adage commenté par Érasme (no 29) :

Cum piscator quispiam piscibus, quos intra rete tenebat, manum admovisset a scropio psice feriretur, ictus, inquit, sapiam.

[Comme le pêcheur approchait la main des poissons qu’il tenait dans son filet et fut piqué par un scorpion de mer, il dit je saurai à quoi m’en tenir].

« Chien échaudé craint l’eau froide », dirait-on en français.

21.

« et de vous charger du soin que ce colis me soit délivré vite et sûrement ».

22.

« On dit proverbialement, quand on est dans le plus difficile d’un ouvrage, que c’est le chiendent, ce qui donnera le plus de peine » (Furetière).

L’infante d’Espagne, Marie-Thérèse d’Autriche (v. note [27], lettre 287), était le seul enfant survivant du premier mariage (en 1615) de Philippe iv et d’Élisabeth de France, fille de Henri iv, morte en 1644. Guy Patin avait une parfaite compréhension de la « comédie », capitale pour l’avenir du royaume, que Mazarin venait de faire jouer à Lyon (v. note [5], lettre 542). R. et S. Pillorget :

« Deux ans auparavant, des contacts secrets franco-espagnols avaient eu lieu à Madrid. Hugues de Lionne y avait rencontré don Luis de Haro, neveu du comte-duc d’Olivares et son successeur. Philippe iv et son principal ministre savaient que la première condition de la paix avec la France serait le mariage de Louis xiv avec l’infante aînée, Marie-Thérèse. Or il n’existait pas de loi salique {a} en Espagne : les femmes, à défaut d’héritier mâle, accédaient à la couronne ; et Philippe iv n’avait qu’un fils, Felipe Prosper, si faible, si fragile que l’on ne pouvait guère espérer qu’il vivrait. La cour de Madrid se refusait à donner à celle de France l’espoir qu’une reine française régnerait un jour sur l’Espagne. Or à Paris, Anne d’Autriche tenait passionnément à ce mariage, dont elle espérait une réconciliation définitive de ses deux patries. Il en était de même de Mazarin, pour d’autres raisons : des droits à la couronne d’Espagne constitueraient pour les Bourbons un précieux capital. Il fit habilement courir le bruit qu’en raison du refus, ou tout au moins des atermoiements du roi d’Espagne, Louis xiv, qui venait d’avoir 20 ans, se disposait à épouser une autre de ses cousines germaines, Marguerite Yolande de Savoie. {b} Un rendez-vous fut fixé à cette princesse et à sa mère, à Lyon. Toutefois, aucune promesse ne fut faite : on convint que le mariage n’aurait lieu que si la jeune fille plaisait au roi. Celui-ci arriva à Lyon le 24 novembre, en compagnie d’Anne d’Autriche et de Mazarin. Louis, depuis quelque temps déjà, était amoureux de Marie Mancini, la jolie nièce du cardinal ; {c} cependant, il s’entretint longuement et gaiement avec sa cousine. Et la “ comédie de Lyon ” réussit admirablement : Philippe iv redoutait la continuation de la guerre, une offensive française en Italie et l’impossibilité de vaincre les Portugais, toujours en révolte ; il envoya donc en hâte à Lyon le marquis don Antonio de Pimentel {d} qui offrit à Louis xiv “ le mariage et la paix ” ; le roi dit alors adieu aux dames de Savoie, qui firent à la mauvaise fortune aussi bon visage qu’elles purent ; et la cour rentra à Paris en janvier 1659. La négociation entre Mazarin et Pimentel y fut poursuivie discrètement. {e} Elle s’avéra délicate. Cependant, une suspension d’armes de deux mois fut signée le 8 mai. Elle fut suivie de préliminaires de paix le 4 juin, et renouvelée. »


  1. V. note [15], lettre 739.

  2. Fille de Madame Royale, Christine de France, duchesse de Savoie et elle-même fille de Henri iv ; v. note [9], lettre 378.

  3. Qui était aussi du voyage.

  4. V. note [40], lettre 345.

  5. V. note [3], lettre 553.

La paix des Pyrénées et le contrat de mariage de Louis xiv avec de Marie-Thérèse furent signés le 7 novembre 1659. Le mariage eut lieu le 9 juin 1660.

Les princesses savoyardes ne furent pas les seules dupes de la « comédie de Lyon » ; Marie Mancini, dans ses Mémoires (page 108) paraît n’en avoir pas compris tout le fin et s’être un peu vite réjouie du retour de son royal galant à Paris :

« On parla de marier le roi avec la princesse Marguerite de Savoie, fille de Madame Royale, qui fut depuis la duchesse de Parme, princesse assurément d’un très grand mérite ; et cela obligea la cour de faire le voyage de Lyon. Cette nouvelle était capable de donner bien du trouble et de la peine à un cœur. Je le laisse à penser à ceux qui ont aimé, quel tourment ce doit être, la crainte de perdre ce qu’on aime extrêmement, surtout quand l’amour est fondé sur si grand sujet d’aimer ; quand, dis-je, la gloire autorise les mouvements du cœur, et que la raison est la première à le faire aimer. Comme mon mal était violent, il eut le destin des choses violentes ; il ne dura pas longtemps et ce mariage du roi se rompit avec la même promptitude qu’il avait été entamé. Ce fut à don Antonio Pimentel que j’eus cette obligation, qui étant arrivé, dans le temps qu’on l’allait conclure, avec les propositions d’un traité de paix dont il avait lui-même le projet, Leurs Altesses s’en retournèrent en Savoie et mon âme reprit en même temps sa première tranquillité. Les courtes peines, et qui sont suivies de bonheur, ne détruisent pas le goût des plaisirs ; au contraire, elles l’aiguisent. Ainsi, ayant le cœur délivré de toutes les peines passées, les témoignages sensibles que le roi me donnait de son amour avaient pour moi des charmes plus grands que jamais. »

23.

« On pêche en eau trouble, quand on fait bien ses affaires dans le désordre de celles d’autrui » (Furetière).

24.

V. notes [1], lettre 463, pour Henri ier de Lorraine, duc de Guise, surnommé le Balafré, et [8], notule {i}, lettre 423, pour la devise que lui prêtait Guy Patin (mais c’était à son frère, le duc de Mayenne, que l’attribuaient les vers de 1586 contre la Ligue).

25.

V. note [23], lettre 535, pour le Thesaurus temporum Eusebii Pamfili… de Joseph Scaliger (réédité à Amsterdam, 1658).

26.

Jean-Baptiste Colbert (Reims 1619-Paris 1683), ministre de Louis xiv en 1661, était alors en pleine ascension.

Fils aîné vivant et deuxième des 18 enfants de Marie Pussort et de Nicolas Colbert de Vandières, bourgeois aisé établi dans le commerce des draps, Jean-Baptiste s’était initié aux affaires en travaillant chez des banquiers et notaires rémois.

En 1640, appuyé par son cousin Jean-Baptiste Colbert de Saint-Pouange (v. note [16], lettre 748), le jeune Colbert était entré au service de l’État, qu’il ne quitta plus, en obtenant une charge de commissaire des guerres. En 1645, il était devenu commis de Michel Le Tellier, secrétaire d’État à la Guerre ; les affaires militaires des méandres de la Fronde lui avaient donné l’occasion unique, qu’il n’avait pas manquée, de servir avec zèle le plus haut niveau de l’État menacé ; il s’y fit très favorablement remarquer par la régente, Anne d’Autriche, et plus encore par son principal ministre, Mazarin.

Exilé en février 1651, le cardinal avait confié la surveillance de ses immenses biens à Colbert, devenu son intendant, c’est-à-dire son homme de confiance et son principal agent de renseignements au travers d’une correspondance soutenue au jour le jour. Ayant donné toute satisfaction dans ces circonstances ardues, Colbert fut confirmé dans sa fonction au retour de Mazarin aux affaires (janvier 1652) et demeura aux côtés du ministre jusqu’à sa mort (9 mars 1661).

Héritier spirituel du cardinal, Colbert fut alors aussitôt nommé intendant des finances. Ayant obstinément œuvré à la chute de son seul rival, le surintendant Nicolas Fouquet (arrêté le 5 septembre 1661), Colbert se mit alors à cumuler les charges ministérielles pour gouverner la France aux côtés du roi, mais sans possibilité d’accéder au rang de principal ministre que Richelieu puis Mazarin avaient occupé avant lui, car Louis xiv demeura bien résolu à garder en mains les rênes du pouvoir.

Guy Patin a amplement évoqué tout cela dans la suite de sa correspondance. Les malheureux brigands dont il parlait ici ne s’étaient probablement pas imaginé qu’ils attaquaient l’un des personnages les plus puissants de l’État.

27.

Les Guillaume, dits Saint-Aubin, étaient bourreaux de Paris de père en fils depuis 1594 (v. note [57] du Borboniana 10 manuscrit) : à Jean i, avaient succédé Jean ii, puis Noël Guillaume.

Les auteurs du temps en ont parlé.

28.

« Poste se dit figurément en morale des choses qui sont disposées à notre fantaisie, qui sont à notre gré : il a choisi un confesseur à sa poste ; il fait toutes choses à sa poste, à sa manière ; pour exécuter ce mauvais dessein, il a trouvé des gens à sa poste, prêts d’exécuter ce qu’il voudrait » (Furetière).

29.

Un édit du roi Louis xiii, daté du 15 janvier 1633, avait créé le parlement de Metz. D’abord limité aux Trois-Évêchés (Metz, Toul et Verdun, v. note [52], lettre 150), son ressort s’était étendu à toute la Lorraine à partir de 1637. La même année, à l’issue d’une longue querelle de pouvoir avec le duc Bernard de La Valette (v. note [13], lettre 18), puis avec son frère, le cardinal Louis de La Valette (v. note [12], lettre 23), gouverneurs successifs de la province, le Parlement avait été transféré de Metz à Toul.

Emmanuel Michel (Histoire du parlement de Metz… Paris, 1845, v. note [8], lettre 20), pages 138‑139 :

« Le vendredi 22 novembre 1658, la Cour se réunit pour entendre M. Le Gendre {a} qui venait rendre compte de sa mission. Il s’était transporté à Dijon où se trouvait le roi et avait obtenu l’ordre du rétablissement du parlement dans la ville de Metz ; cet ordre était daté de Dijon, du 15 novembre, et contresigné par M. de Loménie. Ce résultat heureux fut vivement applaudi, mais il n’avait été obtenu qu’à l’aide de grands sacrifices. M. Le Gendre s’était engagé au nom de la Cour à verser dans les mains du trésorier de l’Épargne à Paris une somme de deux cent mille livres, dont la moitié payable au 1er janvier 1659 et l’autre moitié payable au 1er avril suivant. On trouve dans un almanach des Trois-Évêchés une note de la main d’un ancien bénédictin de l’abbaye de Saint-Épyre indiquant qu’une somme de vingt mille livres fut donnée en cadeau au cardinal Mazarin. Les registres secrets ne font pas mention de cette circonstance : le fait, eût-il eu lieu, ne pouvait pas être consigné. La cupidité de Mazarin pourrait y faire croire et cette circonstance aurait pu arriver par tradition à la connaissance d’un religieux d’une abbaye qui peut-être a employé son influence sur le cardinal Mazarin pour faciliter les démarches du Parlement. Ce fut avec une grande pompe que la Cour se transporta à Metz. Elle partit de Toul le 30 novembre sous l’escorte de deux cents mousquetaires et de cinquante chevaux commandés par le comte de Pas de Feuquières, gouverneur de Toul, et vint coucher à Pont-à-Mousson. […] Le dimanche 1er décembre 1658, elle se rendit à Metz […]. À son entrée dans les murs de la cité, elle fut saluée par des volées de coups de canon. Le lendemain, 2 décembre, après avoir entendu une messe du Saint-Esprit à la cathédrale, le Parlement alla prendre séance au palais de justice. »


  1. Son procureur général.

V. note [17], lettre 10, pour le maréchal Louis de Marillac, lieutenant général des Trois-Évêchés, condamné à mort le 8 mai 1632 par une commission spéciale que Richelieu avait nommée et réunie à Verdun (mai 1631) puis à Rueil (mars 1632) ; il avait été décapité à Paris deux jours plus tard. Ce procès inique a précédé d’un an la création du parlement de Metz. Après l’avoir confondu avec Cardin Le Bret (v. note [13], lettre 389), Guy Patin se souvenait ici, entre autres et sans le nommer, d’Antoine de Bretagne, conseiller au parlement de Dijon, qui avait été l’un des rapporteurs au procès de Marillac. Pour récompense de sa soumission, Richelieu le nomma premier président à la création du parlement de Metz. Un des premiers actes du parlement de Metz, en 1633, fut le procès et la condamnation à mort de François Alfeston, accusé d’être le principal auteur d’un complot pour assassiner Richelieu (v. note [8], lettre 20).

30.

« La curie veut des écus, elle vide les bourses et les coffres ; fuis les papes et les patriarches si tu veux ménager ta bourse, etc. » (v. note [9], lettre 318).

Francesco Maria Mancini, frère de Michele Mancini, le beau-frère de Mazarin, devint cardinal en 1660 (v. note [14], lettre 605), mais Pierre de Marca, alors archevêque de Toulouse, n’eut jamais cet honneur.

31.

« ne pèsent pas moins qu’elles ne flattent ».

32.

« Les jeunes peuvent certes mourir, mais les vieillards ne peuvent pas vivre longtemps » ; v. note [9], lettre 145.

33.

Pour dire que les squelettes n’ont plus de nez, quand la camarde (qui en tire son surnom) a fauché.

34.

« Tant il est vrai qu’on ne sait quelle puissance secrète semble broyer les destinées humaines et fouler aux pieds les glorieux faisceaux des haches redoutables, dont on dirait qu’ils sont ses jouets » (Lucrèce, La Nature des choses, livre v, vers 1232-1234).

35.

V. note [20], lettre 528, pour les Opera omnia de Pierre Gassendi.

36.

Isaac Bartet était un Béarnais d’origine tout à fait modeste. Fort entreprenant, il était devenu un agent entièrement dévoué à Mazarin, au point qu’on l’a surnommé son éminence grise. Il avait été résident du roi de Pologne à la cour de France (v. note [24], lettre 224). Devenu secrétaire du Cabinet du roi, il tomba en disgrâce à la mort du cardinal (1661). Bartet acheta en 1669 à la Grande Mademoiselle le marquisat de Mézière-en-Brenne et mourut plus que centenaire en 1707.

37.

Lettre du roi à Nicolas Brulart premier président du parlement de Bourgogne (Choix de lettres inédites écrites par Nicolas Brulart…, par M. de Lacuisine ; tome i, Dijon, J.‑E. Rabutot, 1859, page 81) :

« Ayant ordonné à ma Cour de parlement de Dijon de députer vers moi un président et quatre conseillers pour me rendre compte de ce qui s’est passé en l’arrêt par elle donné contre M. Joly de Cutigny, greffier en chef, je ne doute pas que madite Cour n’y ait satisfait et que lesdits députés ne soient en chemin pour me venir trouver. Mais comme je désire être informé par votre bouche de quelques particularités concernant cette affaire, {a} je vous fais cette lettre pour vous dire qu’incontinent après l’avoir reçue vous ayez à partir pour vous rendre incessamment auprès de moi ; et me promettant que vous ne manquerez d’accomplir ce qui est en cela de mon intention, je ne vous en ferai la présente plus expresse ni plus longue que pour prier Dieu qu’il vous ait, Monsieur Brulart, en sa sainte garde. Écrit à Lyon, le 7e jour de décembre 1658, signé Louis, et plus bas, LeTellier. ».


  1. V. note [2], lettre 545.

38.

« Ne vous étonnez point si chefs et pasteurs des peuples manquent à s’en offusquer ».

39.

« pour éviter l’euexie athlétique ». L’euexie est un vieux terme de physiologie signifiant la bonne complexion, la bonne santé. C’était, dans la Grèce antique, une des qualités prisées chez les athlètes, ευεξια.

40.

« un Quinte-Curce, et un Lucain, de divers commentateurs » :

41.

« Le Tribunal médical, magique et politique de Gaspar Caldeira de Heredia, médecin et philosophe espagnol, première partie, à Leyde, par les presses académiques de Jean Elsevier, 1658. ».

Cet ouvrage au titre exubérant est composé de 2 parties en un volume in‑fo :

  1. Tribunal, Apollini sacrum, medicum, magicum, et politicum, in Publico orbis Scientiarum Theatro Atheniensi, decisiones ex supremo Apollinis Consilio : Consiliariis, Hippocrate, Erasistrato, Galeno et Diocle ; Supremo Consilio assistunt, Serenissima Libertas ex Coo, Prima et suprema Græciæ Academia : in Pergamo secunda, Galeni Academia : tertia utriusque orbis Salmanticensis : quarta aula Regia Apollinea, Serenissima : quinta Majestuosa Doctorum Hispalensium Academia : Et secundum merita, Omnes aliæ Hispaniæ, Galliæ, Bataviæ, Italiæ et Angliæ Serenissimæ : Ac tandem, Ab Apollinis Consilio in Parnasso, Medica, Magia et Politica, Viri Excellentissimi. Opus certe perutile, Medicis, Philosophis, Theologis et Iure peritissimis : et omnibus qui amæna et varia eruditione delectantur, ut Politioris literraturæ viris. Auctore Caspare Caldera de Heredia, Medico ac Philosopho Hispalensi, illustrissimæ Domus de Caldera,

    [Le Tribunal médical, magique et politique, consacré à Apollon : {a} décisions tirées du Conseil suprême d’Apollon dans le Théâtre athénien public du monde des Sciences par les conseillers, Hippocrate, Érasistrate, Galien et Diocles ; assistent au Conseil suprême la sérénissime Liberté venue de Cos, qui est la première et plus haute Académie de Grèce, la seconde, qui est l’Académie de Galien à Pergame, la troisième, qui est celle des deux Salamanque du monde, {b} la quatrième qui est la sérénissime cour royale apollonique, la cinquième qui est la majestueuse Académie des docteurs de Séville ; et selon leurs mérites, toutes celles de l’Espagne, de la France, de la Hollande, de l’Italie et de la sérénissime Angleterre ; et enfin, les hommes tenus pour excellentissimes par le Conseil d’Apollon dans le Parnasse médical, magique et politique. Par Gaspar Caldera de Heredia, médecin et philosophe de Séville, de l’illustrissime Maison de Caldera] ; {c}

  2. Casparis Calderæ de Heredia, Civitatis Hispalensis Medici Ordinarii, Tribunal magicum, quo Omnia quæ ad Magiam spectant, accuratè tractantur et explanantur, seu Tribunal Medici pars altera,

    [Le Tribunal magique de Gaspar Caldera de Heredia, médecin ordinaire de la Cité de Séville, où est précisément traité et expliqué tout ce qui concerne la Magie ; ou la seconde partie du Tribunal médical]. {d}


    1. V. note [8], lettre 997.

    2. Celle d’Espagne et celle du Mexique.

    3. 534 pages et 3 index.

    4. 194 pages et 2 index.

Gaspar Caldeira de Heredia, né en 1591 dans la province de Trás-os-Montes au nord-est du Portugal, était médecin et protégé du cardinal François-Marie Brancacio et exerçait à Séville au milieu du xviie s. Outre ce Tribunal medicum… (Leyde, Jean Elsevier, 1658, in‑fo), Caldeira de Heredia a écrit des monographies sur l’introduction du chocolat (v. note [31], lettre 150) et du quinquina (poudre fébrifuge) en Europe.

42.

« dans la forme et dans le fond ».

43.

V. note [26], lettre de Charles Spon, datée du 28 août 1657, pour l’Histoire de Savoie de Samuel Guichenon (Lyon, 1660).

44.

La traduction et les références de ces deux titres latins de Gerardus Johannes Vossius (v. note [3], lettre 53) sont :

45.

V. note [32], lettre 527, pour le livre d’Isaac Vossius « sur Pomponoius Mela » (La Haye, 1658).

46.

« à des Allemands, des Belges, des Français, des Anglais ».

47.

V. note [11], lettre 390, pour François Bochart, seigneur de Saron et de Champigny, maître des requêtes, intendant de justice à Lyon.

48.

César Caze (né à Lyon en 1641), fils aîné du financier lyonnais Jean Caze (v. note [24], lettre 277) et de Marie Huguetan, devint fermier général des domaines (1676-1680) avant d’essuyer vers 1682 une banqueroute qui le ruina (Dessert a, no 95). Il pouvait aussi s’agir ici de Jean-Jacques Caze, frère cadet de César (né en 1644). V. note [7], lettre 547, pour son cousin Étienne Seignoret.

49.

Étienne Seignoret était probablement logé chez Macé Bouillette, libraire et relieur parisien né en 1605, reçu en 1644, établi au Collège Royal (Renouard), qui a notamment imprimé l’ouvrage de Guillaume Du Val {a} intitulé :

Le Collège royal de France, ou Institution, établissement et catalogue des lecteurs et professeurs ordinaires du roi, fondés à Paris par le grand roi François ier, Père des Lettres, et autres rois ses successeurs, jusques à Louis xiv, Dieudonné. Avec la révérence et requête des lecteurs du roi, qui sont à présent en charge, faite et prononcée par le doyen de leur Compagnie, le 16 juillet 1643. {b}


  1. V. note [10], lettre 73.

  2. 1644, in‑4o de 124 pages, les professeurs sont classés par chaire, avec quelques portraits.

V. notes [17], lettre 411, pour Frédéric Léonard, et [53], lettre 348, pour Jean Piot, ses confrères de la rue Saint-Jacques.

50.

Les six livres de Lucrèce de la Nature des choses. {a} Traduits par Michel de Marolles abbé de Villeloin. {b} Seconde édition, {c} revue, corrigée, et augmentée de tables et de remarques nécessaires. À quoi sont ajoutées les petites notes latines de Gifanius {d} et la Vie d’Épicure {e} contenant la Doctrine de ce Philosophe tirée de Diogène de Laërce. {f}


  1. V. note [131], lettre 166.

  2. V. note [72], lettre 183, traduction en prose française avec les vers latins juxtalinéaires.

  3. V. note [1], lettre latine 18, pour la première édition (Paris, 1650).

  4. V. note [15], lettre 727.

  5. V. note [9], lettre 60.

  6. Paris, Guillaume de Luyne, 1659, in‑8o de 536 pages, dédié à Guillaume de Lamoignon (v. note [43], lettre 488).

Vie de G.P. (fos 75 vo‑76 ro) :

« M. de Marolles, abbé de Villeloin, parle ainsi de Guy Patin dans sa traduction de Lucrèce imprimée en 1659, à l’article des diverses éditions de Lucrèce, après la préface : {a} “ La dernière de toutes les éditions considérables de Lucrèce est celle de Florence en 1647 in‑4o, accompagnée d’animadversions de Jean Nardi, {b} que j’ai eue sur la fin de mon ouvrage, dit-il, par la courtoisie de M. Patin, docteur en médecine et professeur royal, qui compte entre les meilleures heures de sa vie celles qu’il emploie toujours si généreusement pour obliger ses amis, soit qu’on le consulte aux choses de son art, soit qu’on implore le secours de ses belles connaissances en toute sorte de littérature, ou qu’on ait besoin des livres de son excellente bibliothèque ; de sorte qu’en cela même, pour marquer son bonheur, il ne pourrait mieux choisir que ces paroles qu’il a prises pour devise, Felix qui potuit. ” » {c}


  1. Seconde page des Diverses éditions de Lucrèce.

  2. V. note [9], lettre 283.

  3. « Heureux qui a pu » (Virgile, v. note [6], lettre 438).

51.

« Dieu le veuille ! »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 24 décembre 1658

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(Consulté le 29/03/2024)

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