L. 625.  >
À André Falconet,
le 27 juillet 1660

Monsieur, [a][1]

Le roi [2] et la reine [3] sont arrivés au Bois de Vincennes. [1][4] Le cardinal Mazarin [5] y est malade d’une douleur néphrétique, [6] il a déjà été saigné [7] cinq fois. Vallot [8] y est bien empêché car il tient la queue de la poêle, [2] il a eu grandes prises avec M. Esprit [9] en présence de la reine et de Guénault [10] qui s’en moquait. Le cardinal a été purgé[11] mais on ne dit rien de sa convalescence. Vallot n’est pas bien en cour, s’il perd une fois son patron il est mal en ses affaires et sera renvoyé comme un ignorant. Les degrés du Louvre sont fort glissants, il faut avoir le pied bien ferme pour s’y tenir longtemps.

Pour nos médecins qui déclament contre la saignée [12] et la purgation, je tiens pour certain qu’ils n’iront pas loin avec de si méchants souliers. J’ai souvent dit à mes écoliers qu’ils ne doivent point avoir peur de telles gens : les charlatans [13] ne font point de miracles, si ce n’est en la présence des ignorants. Guénault, qui se rendrait volontiers chef de quelque nouvelle secte pourvu qu’il y eût à gagner, a dit quelquefois chez des malades qu’il n’y avait en tout notre métier que trois bons remèdes : la saignée, les petits grains, ce sont des pilules pour faire dormir qu’il porte en sa pochette, [3][14][15] et le vin émétique ; [16] mais son vin émétique n’a pas le mot pour rire, [4] on y a été si souvent attrapé qu’il est ici en horreur dans l’esprit de la plupart ; plusieurs le haïssaient déjà, mais la mort du duc d’Orléans [17][18] l’a mis en détestation par tant d’officiers qui en ont été ruinés. Pour la saignée, on ne s’en peut pas passer à cause des débauches et de la bonne chère où l’on s’abandonne dans les grandes villes comme Paris et Lyon.

On dit que le cardinal Mazarin se porte un peu mieux. S’il guérit, n’est-ce point une marque certaine que Dieu l’aime ? J’ai autrefois ouï dire au sermon, à un certain P. Binet, [5][19] que la porte du paradis était dorée et que les riches ne devaient point désespérer de leur salut. Je le crois ainsi : parce qu’ils ont de l’argent, tout leur est promis ou permis ; du moins, bien des gens que vous connaissez se servent de ce leurre pour tirer finement de l’argent de ceux qui les croient et ne sont point chiches de promettre le paradis dont ils n’ont pas la clef. [6][20][21]

Je vous rends grâces de ce que vous m’avez mandé touchant le séné. [22] En attendant que vous m’en marquiez davantage, je vous dirai ce que nous en savons ici. Les Marseillais nous en envoient de deux sortes : l’un vient d’Alexandrie [23] qu’ils appellent séné de La Palte, n’est-ce point un nom corrompu de Ripalta, qui est une île près d’Alexandrie où pourrait croître ce bon séné (mais nos marchands disent que La Palta ne veut dire autre chose que la maltôte ou le parti qui est sur le séné qu’on nous envoie d’Alexandrie), qui est petit et pointu comme le fer d’une pique et qui est excellentissime quand il est vert ? l’autre est nommé séné de Seide, qui est l’ancienne ville de Sidon dont il est parlé dans la Bible. [7][24] Celui-ci est grossier, impur, à feuilles plates et plus grandes, c’est un séné bâtard et une espèce de colutea ; [8][25] il n’est pas si bon de la moitié que l’autre, quoique la teinture en soit plus belle. Quelqu’un m’a dit aussi qu’il y en a une autre espèce de séné en Perse et aux Indes, [26] mais je n’en sais rien de certain. L’an 1634, j’en vis ici de beau, grand, à feuilles plates, que l’on vendit pour sa beauté 100 sols la livre, tandis qu’on donnait le petit d’Alexandrie pour 32 sols ; nous l’éprouvâmes et trouvâmes qu’il purgeait véritablement, mais moins que l’autre petit.

Nos apothicaires [27] sont ici fort secs et ne font presque rien. Ces bonnes gens sont à rouer, ils voudraient bien que les chirurgiens [28] fussent aussi abattus afin d’avoir des compagnons de leur misère ; ils haïssent fort ces estafiers de Saint-Côme [29] parce qu’ils font les pharmaciens et leur ôtent la pratique ; ils ne savent à quel saint se vouer. Y en aurait-il quelqu’un en paradis qui voulût aider à des gens qui font chaque jour tant de fourberies aux pauvres malades ?

J’ai ouï ici parler d’une nouvelle histoire de Dauphiné [30][31] en deux volumes in‑fo et d’une nouvelle histoire de Lyon in‑4o faite par un jésuite. [9] Prenez, s’il vous plaît, la peine à votre loisir d’en parler à M. Barbier et d’en savoir des nouvelles, et même de me les acheter en blanc ; je pense qu’il vaut mieux faire ainsi que de s’attendre à nos libraires qui n’en reçoivent que tard et qui ne les veulent vendre que beaucoup trop cher à cause de la nouveauté. Quand vous les aurez chez vous, il ne les faut pas envoyer par M. Troisdames, [32] ils sont trop gros ; il vaut mieux en faire un paquet et le délivrer à M. Spon, notre bon ami, qui prendra soin de me les faire tenir dans quelque balle de M. Devenet ou de M. Huguetan. On pourrait y ajouter pareillement le S. Georgius Cappadox du P. Théophile Raynaud [33] si alors il est achevé. [10] Il est arrivé à Paris tant de monde de tous côtés, et même des provinces étrangères, pour voir l’entrée du roi que les rues ne sont pas assez larges pour tout contenir ; on n’y peut passer, outre que l’on bâtit en plusieurs endroits. M. Troisdames, lieutenant de la colonelle de M. de Lamoignon, [34] comme il est notre bon ami, m’a prié de lui donner une devise pour faire mettre sur un drapeau neuf qu’ils font faire, et a désiré que ce fût sur la paix [35] et sur le mariage du roi. Voilà ce que mon fils Carolus [36] lui a fourni sur ce sujet : Coeunt iam fœdere certo pax et amor[11] Êtes-vous d’avis des approbateurs ? Il n’y a mot qui ne revienne bien au sens de la saison présente et de l’état présent de nos affaires : le mariage du roi éteint une guerre grande et longue, qui dure il y a 25 ans ; la paix semble bien assurée par la bonne intelligence qui est entre les deux royaumes, aussi bien qu’entre les deux rois, comme aussi entre le roi et la reine. Son Éminence se porte mieux, mais on dit que ses jambes s’exténuent fort, unde metuenda videtur species cuiusdam hydropis[12][37]

L’imprimé que je vous ai envoyé touchant le fait de la dame Constantin [38][39][40] a été brûlé par la main du bourreau à la Croix du Trahoir, [41][42] par ordonnance du lieutenant civil ; [13][43] mais il y en a grand bruit au Châtelet [44] contre lui, qui l’a fait sans ordre, sans aucun consentement, sans en avoir parlé à personne et sans sentence ; même ceux qui s’y sont déclarés contre lui sont amis des révérends pères ; on dit que l’affaire en ira jusqu’au Parlement. Les magistrats ont bien de la lâcheté et de la bassesse de souffrir que ces pères passefins aient tant de crédit pour les opinions extravagantes et dangereuses qui sont dans leurs livres et leurs apologies : voilà ce qu’a produit la paulette. [45][46]

Le roi a député un évêque et deux abbés pour se transporter aux prisons du Châtelet [47] < et > de la Conciergerie [48] pour voir à combien se monterait la somme due par les prisonniers que le roi veut mettre en liberté. Elle va bien à 100 000 écus, on tâche de diminuer la somme afin de les délivrer à l’entrée du roi. On dit que si Son Éminence était en état, on l’enverrait aux eaux de Bourbon. [49] Elles ne lui valent rien, elles sont trop chaudes, joint que l’on dit qu’il a pissé du sang, ce qui serait un signe trop certain calculi in vesica delitescencis[14] Il se plaint fort de Vallot [50] qui lui a promis de lui adoucir ses douleurs et qui n’en fait rien. Le pauvre archiater est en danger d’être chassé de la Cour si quid humanitus contingat in viro purpurato[15] car il n’y a que celui-là qui le maintienne, tous les autres sont contre lui, et même le roi et la reine.

La sage-femme est toujours prisonnière. On dit que ce ne sera que pour la semaine prochaine et M. le procureur général [51] en appelle contre elle de sa sentence a minima, [16] qu’il veut donner de rudes conclusions contre elle, qu’elle devrait être brûlée toute vive si elle ne nomme tous ses complices ; mais puisque vous avez trouvé si beau le passage de Tertullien [52] contre elle, je vous en veux indiquer un autre du même auteur, au livre de Anima, cap. 25. edit. Rigaltii anni 1641. pag. 328 : Atquin et in ipso adhuc utero infans trucidatur necessaria crudelitate, cum in exitu obliquatus denegat partum, matricida, ni moriturus. Itaque et inter arma Medicorum et cum organo, ex quo prius patescere secreta coguntur tortili temperamento, cum anulocultro, quo intus membra cæduntur anxio arbitrio, cum hebete unco, quo totum pecus extrahitur violento puerperio. Est etiam æneum spiculum, quo iugulatio ipsa dirigitur cæco latrocinio : εμβρυοσφακτην apellant de infanticidii officio, utique viventis infantis peremptorium, etc. optima, ac Tertulliano digna. [17] Je suis bien aise que vous soyez satisfait de M. Marquis, [53] je le connais, je l’ai vu en cette ville, c’est un esprit chaud et bilieux [54] qui a bien étudié ; outre cela, il est gentil et éveillé. Paiera-t-il les cent écus ? [18] Que sont devenus vos deux autres, Lucques [55] et Bouge ? [56] Notre licencié [57] qui est si savant s’appelle Dodart, [58] il est fils d’un bourgeois de Paris fort honnête homme. C’est un grand garçon fort sage, fort modeste, qui sait Hippocrate, Galien, Aristote, Cicéron, Sénèque et Fernel par cœur. C’est un garçon incomparable, qui n’a pas encore 26 ans, car la Faculté lui fit grâce au premier examen de quelques mois qui lui manquaient pour son âge, sur la bonne opinion qu’on avait de lui dès auparavant. [19] Noël Falconet [59] a reçu vos lettres. Il a délivré à M. Morange [60] la sienne, mais M. l’archevêque [61] n’est pas à Paris, il est au Bois de Vincennes ; [62] s’il ne vient bientôt ici, il l’ira chercher là. Quand il sera de retour, nous prendrons temps de l’aller saluer par l’entremise de M. Morange. Je vous prie d’assurer Mlle Falconet [63] de mes très humbles services, je ferai tout ce qui me sera possible pour celui qu’elle aime tant, qui serait bien aimable s’il voulait, [20] mais j’espère qu’il le sera quelque jour. Un homme de qualité m’a aujourd’hui demandé Les eaux de Bourbon sont-elles bonnes à Son Éminence ? Je lui ai répondu sur-le-champ, Comme le vin émétique au feu duc d’Orléans. Y aurait-il apparence que cette pensée entrât dans le cœur des médecins de la cour, que les eaux de Bourbon < ne > fussent < pas > bonnes à tant de maladies et de symptômes qui ne proviennent que de chaleur, ex tanto fervore, et siccitate viscerum, cum iugibus vigiliis, qua pravam diathesim impresserunt singulis partibus alvinæ regionis ? [21][64] Je viens d’apprendre qu’il est bien malade et encore pis qu’hier, tant pour sa gravelle que pour ses hémorroïdes [65] et son exténuation, tant des jambes que des cuisses, qua est via ad hydropem ; [22] sur quoi je brise. [66] Je vous baise très humblement les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 27e de juillet 1660.

Les Chambres ont été assemblées au Parlement hier et aujourd’hui pour y faire lire et enregistrer tous les articles de la paix ; cela a reculé le jugement de la dame Constantin.


a.

Réunion de deux lettres :

1.

Le couple royal avait quitté Fontainebleau le 19 juillet pour déjeuner à Vaux chez le surintendant des finances, Nicolas Fouquet, puis gagner Soisy (Soisy-sur-Seine, Essonne) et y passer la nuit chez le président de Bailleul. Il était arrivé à Vincennes dans la journée du 20 juillet.

Ce détail oblige à revoir la date du 31 août que les précédentes éditions ont donnée à cette lettre.

2.

« On dit qu’il n’y en a point de plus empêché que celui qui tient la queue de la poêle, pour dire qu’il est plus difficile de conduire une affaire que d’en parler ou de la contrôler » (Furetière). « Prises », qui suit, est à prendre au sens de querelles.

3.

Grains d’opium.

4.

On dit « je ne sais où est le mot pour rire de cette affaire, quand elle a mal réussi » (Furetière).

5.

Étienne Binet (Dijon 1569-1639), auteur jésuite ascétique, fut recteur des principales maisons de sa Compagnie en France. Deux de ses ouvrages les plus réédités sont :

6.

En écrivant ces phrases, Guy Patin pensait sans doute à l’argument de Blaise Pascal contre le P. Binet, dans la 9e Provinciale :

« En vérité, mon Père, je sais que les dévotions à la Vierge sont un puissant moyen pour le salut, et que les moindres sont d’un grand mérite quand elles partent d’un mouvement de foi et de charité, comme dans les saints qui les ont pratiquées. Mais de faire accroire à ceux qui en usent sans changer leur mauvaise vie, qu’ils se convertiront à la mort ou que Dieu les ressuscitera, c’est ce que je trouve bien plus propre à entretenir les pécheurs dans leurs désordres, par la fausse paix que cette confiance téméraire apporte, qu’à les en retirer par une véritable conversion que la grâce seule peut produire. Qu’importe, dit le père, par où nous entrions dans le paradis, moyennant que nous y entrions ? comme dit sur un semblable sujet notre célèbre P. Binet, qui a été notre provincial, en son excellent livre De la Marque de prédestination, n. 31, p. 130 de la 15e édition. {a} Soit de bond ou de volée, que nous en chaut-il, pourvu que nous prenions la ville de gloire ? comme dit encore ce père au même lieu. {b} J’avoue, lui dis-je, que cela n’importe ; mais la question est de savoir si on y entrera. »


  1. Ouvrage anonyme d’Étienne Binet : Marque de Prédestination. Tirée de l’Écritue Sainte, et des aints Pères. Quinzième édition. Revue, corrigée et augmentée par l’auteur (Paris, Jean Petit-Pas, 1620, in‑12 de 233 pages), no 31, page 130. La dédicace « à Madame la présidente de Bernières » est signée « E.B.I.D. » [Étienne Binet Iussu Dei (sur le commandement de Dieu)].

  2. Ibid. page 131.

La question de la grâce étant au cœur des disputes entre jansénistes et Rome, {a} le titre choisi par le R.P. Binet m’a intrigué. Le début de son Épître nécessaire au lecteur catholique semble dissiper ma perplexité :

« Ami Lecteur, c’est la chose au monde qui chatouille le plus la sainte curiosité de nos âmes, que le point de la prédestination ; le malheur du siècle porte plus de gens à débattre et disputer ce point qu’à se mettre en devoir de rechercher les moyens d’être de ce nombre l’or des élus. Nos disputes sont de prédestination, et bien souvent nos vies sont de réprobation. {b} Il est assuré que personne ne peut savoir assurément s’il est prédestiné, sans une révélation particulière : c’est un secret réservé au cabinet de Dieu, il n’y a point de passeport pour nos curiosités, curiosités néanmoins qui ne désirent rien avec plus de passion que de pouvoir atteindre là où elles ne peuvent atteindre, qui toujours et toujours tâchent de rendre l’impossible possible. Or n’ayant aucune assurance, si {c} avons-nous pourtant de belles marques qui nous montrent à peu près ceux qui sont écrits en ce divin livre de vie. Nous ne les saurions apprendre en autre école qu’en celle du Saint-Esprit, à savoir les Saintes Écritures et les saints docteurs de l’Église. Parmi tant d’autres, j’en ai choisi une des plus aisées et des plus assurées pour t’en faire un présent. Saint Augustin discourant sur ce sujet, nous défend la curieuse recherche de ce grandissime secret, et nous conseille de nous servir d’un beau moyen pour y parvenir : Nondum traheris ? ora ut traharis, “ Ne te sens-tu point tiré ? prie que tu sois tiré. ” {d} Après Dieu, il n’y a personne à qui nous puissions mieux adresser cette tant importante prière qu’à la Vierge Marie. » {e}


  1. V. note [50], lettre 101.

  2. « Une grande marque de réprobation, c’est quand un pécheur endurci ne sent plus aucun remords » (Furetière).

  3. Aussi.

  4. 26e traité sur l’Évangile de Jean (référence indiquée dans la marge) : en citant saint Augustin, Binet voulait subtilement rappeler au lecteur (janséniste) la nécessité de la prière et des offrandes, seul moyen d’obtenir la grâce divine ; soit le recours au libre arbitre (sans le nommer).

  5. Tout bien considéré, Binet veut montrer les tourments où la prédestination plonge le chrétien, ce dont doutait Pascal (tout comme Patin).

7.

La Bible fait souvent mention de Sidon (v. notule [b}, note [16], lettre 586), « mère des villes phéniciennes » ; la Genèse (10:15‑18), par exemple, la dit fondée par Sidon (Tsidone), fils de Chanaan et petit-fils de Cham (v. notule {c}, note [34], sur la triade 63 du Borboniana manuscrit).

V. note [6], lettre 15, pour les feuilles qui composaient le séné, petites et pointues (cassia lanceolata), ou larges et arrondies (cassia obovata). Les tiges coupées des plantes qui servaient à préparer le séné étaient mises à sécher au soleil ; on les emballait ensuite dans des feuilles de dattier, puis on les transportait au Caire, soit de la Thébaïde (région de Thèbes, v. note [15], lettre 868) ou de Syène (ancien nom d’Assouan), soit de La Mecque par Suez.

« Les marchands sont obligés de les vendre à la palte. Les paltiers du Caire ouvrent les ballots qu’ils reçoivent, séparent les tiges, les feuilles et les follicules, et en reforment de grosses balles de 500 à 600 livres qui sont expédiées à Alexandrie et de là en Europe. Le dépôt du séné dans cette dernière ville explique le nom d’Alexandrie qu’on lui donne quelquefois, bien qu’il n’en croisse pas dans son territoire » (Mérat in Panckoucke, 1821). La palte était le nom d’une taxe (maltôte) turque à laquelle était soumis le séné (Littré DLF). Du commerce du séné, Furetière écrit : « Le consul français résident au Caire en tenait ci-devant le parti, moyennant un présent de 30 000 ducats [v. note [52] de l’Autobiographie de Charles Patin] qu’il faisait au nouveau bassa [pacha]. Quand il l’avait tout amassé, il en faisait trois lots, dont il en brûlait deux [pour garantir la rareté et la cherté du produit] et envoyait le troisième en Europe ; mais M. Bernier nous apprend que ce sont les juifs qui font maintenant tout ce négoce. »

« Riva Blancha, Ripalta, anciennement Leucogæus, Leuce Acte, bourg ou petite ville de Barbarie, est sur la côte du royaume de Barca [en Libye, sur le golfe de Sidra], vers les confins de l’Égypte » (Moréri).

8.

Colutea (Furetière) :

« nom latin du baguenaudier qui est un petit arbre portant des baguenaudes ; {a} ses fleurs sont jaunes, et sa graine jaune, ronde et lisse ; il devient assez grand quand il est parfait en sa quatrième année ; sa feuille est semblable au sénégré {b} et sa graine est de la grosseur d’une lentille, dont s’engraisse fort la moutonnaille. »


  1. « Il y a dans ce fruit, outre les semences qui y sont contenues, du vent renfermé qui sort avec éclat quand on le presse : halicacabus, solanum, vesicaria » (Trévoux).

  2. Fenugrec, v. note [3], lettre 490.

9.

Nicolas Chorier (1612-1692, avocat au parlement de Dauphiné) : Histoire générale du Dauphiné (Grenoble, Philippe Charvys, 1661, in‑4o de 874 pages, pour le premier de deux tomes, dont le second a paru à Lyon en 1672).

V. note [4], lettre 679, pour l’Histoire de Lyon du R.P. Jean de Saint-Aubin (publiée en 1666).

10.

V. note [16], lettre 605, pour le « Saint Georges de Cappadoce » du P. Théophile Raynaud (Lyon, 1661).

11.

« Par un pacte assuré, paix et amour marchent enfin main dans la main ».

12.

« d’où il est à redouter qu’on ne voie l’apparence de quelque hydropisie. »

Mazarin, rongé par la goutte, s’enfonçait dans les affres de l’insuffisance rénale ; Mme de Motteville (Mémoires, page 499) :

« La cour ayant été sept ou huit jours à Fontainebleau, la reine mère vint à Paris, et le cardinal aussi. Le roi et la reine demeurèrent à Vincennes pendant qu’on préparait leur entrée. Le cardinal, dont la santé était alors mauvaise, eut les gouttes : elles rentrèrent par les bains qu’on lui fit, à cause qu’il avait aussi la gravelle. {a} Ses gouttes rentrées lui causèrent de grandes douleurs dans les entrailles, qui lui donnèrent la fièvre et des convulsions qui firent douter de sa vie. Un jour, le roi, qui venait souvent à Paris, lui demandant conseil sur quelque affaire, il lui dit : “ Sire, vous demandez conseil à un homme qui n’a plus de raison et qui extravague. ” Le roi connaissant en effet qu’il avait des moments de rêverie, touché d’une vive douleur, s’en alla dans une petite galerie qui était < près > de l’appartement du cardinal, et là il pleura cet homme qui lui avait servi de tuteur, de gouverneur et de ministre tout ensemble. Il n’avait pas connu tous ses défauts, et ses derniers services lui avaient fait voir sa capacité et ses bonnes intentions. »


  1. V. note [2], lettre 473.

13.

V. note [8], lettre 620, pour ce libelle anonyme accusant la morale des jésuites ; le lieutenant civil du Châtelet était Simon Dreux d’Aubray.

14.

« de calcul se cachant dans la vessie. ».

15.

« si l’homme empourpré [Mazarin] venait à mourir [v. note [2], lettre 227] ».

16.

V. note [12], lettre 180, pour l’appel (ou sentence) a minima contre une condamnation insuffisante.

17.

« De l’Âme, chapitre 25, édition de Rigault, l’an 1641, page 328 : {a} “ Et pourtant une nécessaire cruauté oblige à massacrer l’enfant, tandis qu’il est encore dans l’utérus, lorsque, présenté de travers, il empêche l’accouchement, la mère allant mourir s’il ne meurt pas. Ainsi donc dans cette circonstance tourmentée, les médecins sont forcés de recourir à leurs secrets instruments, d’abord par le moyen d’une sonde recourbée qui leur sert à briser les membres en une opération pleine d’incertitude, puis avec un crochet émoussé qui sert à extraire le fœtus entier en un enfantement cruel ; il y a même un dard d’airain pour exécuter à l’aveugle le massacre proprement ; ils qualifient d’embryosphakte {b} l’obligation d’infanticide, qui est, quoi qu’on dise, le meurtre d’un enfant vivant, etc. ” chose excellente et digne de Tertullien. » {c}


  1. Citation textuelle des Opera Tertulliani [Œuvres de Tertullien] (Paris, 1641, v. note [13], lettre 195).

  2. Embryotomie.

  3. V. note [3], lettre 623, pour le passage de Tertullien que Guy Patin a précédemment cité sur le même sujet.

18.

V. note [2], lettre d’André Falconet datée du 20 juillet 1660, pour le dénommé Marquis, docteur de Valence qui postulait à l’agrégation au Collège des médecins de Lyon, dont les nouveaux statuts exigeaient l’acquittement d’un droit d’entrée de 100 écus (300 livres).

19.

V. note [1], lettre 621, pour les mérites de Denis Dodart.

Le premier examen de la Faculté de médecine était le baccalauréat et Guy Patin rappelait ici l’article xxiii des Statuta F.M.P. (pages 80‑81) :

Candidati Medicinæ non admittantur ad Examen Baccalaureatus, nisi Vigesimum quintum suæ ætatis annum attingerint (solis exceptis Doctorum Parisiensium filiis,) cujus ætatis fidem facere publico testimonio teneantur.

[Que les candidats de médecine ne soient pas admis à l’examen du baccalauréat s’ils n’ont pas atteint leur 25e année d’âge (sauf pour les fils des docteurs de Paris), {a} âge dont ils seront tenus de faire foi par témoignage public].


  1. Article viii des Statuta qui abrégeait d’une ou deux années la préparation des fils de régent parisien au baccalauréat qui, sinon, demandait quatre ans (v. note [2], lettre 39).

Cela mettait à 24 ans révolus l’âge minimal ordinairement requis pour la licence. Ce règlement fit qu’à l’automne 1662, Noël Falconet, seulement âgé de 18 ans (v. note [2], lettre 388), dut partir à Montpellier (où on était bien moins strict qu’à Paris en la matière) pour y être reçu bachelier de médecine en décembre suivant.

20.

Nouveau témoignage discret de la brouille qui devait exister entre Noël Falconet et sa mère (v. note [20], lettre 605).

21.

« d’une ferveur et sécheresse des viscères, avec des veilles perpétuelles, si grandes qu’elles ont imprimé une mauvaise diathèse [disposition, v. note [4], lettre latine 17] à chacune des parties de la région alvine [du bas-ventre] ».

22.

« qui est le chemin menant à l’hydropisie ».


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 27 juillet 1660

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(Consulté le 24/04/2024)

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