L. 739.  >
À André Falconet,
le 26 décembre 1662

Monsieur, [a][1]

Le 22e de décembre. Pour réponse à la vôtre du 15e de décembre, que j’ai reçue ce matin, je vous remercie de la peine que vous avez eue de donner ma lettre à M. Ravaud, [2] comme aussi d’avoir si heureusement plaidé la cause pour M. le premier président[3] J’attendrai sa réponse et ce qu’il me doit envoyer sur cette affaire, laquelle je ferai réussir, tant qu’il me sera possible, à leur contentement. Je tiens pour certain qu’il est fort honnête homme et qu’il leur témoignera sa gratitude d’une façon ou d’autre. [1] Il est ici peu de malades, mais le grand froid est fort contraire aux vieilles gens. J’ai fait aujourd’hui donner l’extrême-onction [4] à une vieille femme âgée de 87 ans, c’est la bonne femme Mme Du Laurens, [5] de qui je suis médecin il y a 36 ans. Elle est mère d’un conseiller de la Cour [6] qui est fort homme de bien. Elle est veuve depuis 15 ans d’Antoine Du Laurens, [7] avocat au Conseil qui mourut âgé de 83 ans d’une fièvre quarte ; [8] il était le plus jeune frère d’André Du Laurens, [9] qui a écrit de l’Anatomie[2] Il y en a qui croient que M. Morisset [10] partira bientôt et qu’il n’a accepté cette condition que pour éviter l’importunité de ses créanciers. Je ne vous puis dire que cela est vrai, mais je tiens pour certain qu’il pourrait plus gagner à Paris qu’il ne fera en Italie où il y a meilleure mine que bon jeu, [3] peu d’argent et même peu d’estime pour les gens de lettres. Morisset est savant et habile homme, bon médecin, c’est tout dire ; il a 68 ans. Vous avez bien fait de ne point demeurer à Turin, [11] Lyon vaut mieux, où vous primerez et triompherez si vous voulez, [4] pourvu que la santé ne vous manque point, O sanitas ! tu maximum hominibus bonum, et tutissimum omnigenæ felicitatis humanæ fundamentum[5] M. Morisset peut bien enseigner les médecins hémophobes [12] italiens et leur apprendre ce qu’ils ne savent pas. Je lui parlerai devant qu’il parte de Paris et l’avertirai de ne point passer par Lyon sans vous aller saluer.

Ce que vous m’avez mandé de Rome et de notre affaire avec le pape [13] est vrai, M. le maréchal d’Estrées, [14] doyen des maréchaux de France, l’a dit tout haut à sa table. Il y a ici des politiques spéculatifs qui disent que nous n’aurons point de guerre en Italie et que ce que l’on en dit n’est qu’une feinte pour cacher le dessein du roi [15] qui veut, sous ce prétexte, faire passer des troupes en Provence et en Dauphiné pour aller assiéger Genève, [16] ou tout au moins les obliger de permettre une liberté de conscience ; mais cette pensée ne me semble point vraisemblable. [6][17] On ne dit rien ici de M. Fouquet [18] qui soit nouveau. M. le chancelier [19] va tous les jours, soir et matin, à la Chambre de justice. [1][20]

Hier mourut ici un grand et fameux partisan nommé M. Bonneau, [21] il était un des adjudicataires des gabelles [22] et avait 76 ans. Il a toujours dit avant que de mourir que la Chambre de justice lui coupait la gorge et qu’elle était cause de sa mort. Il était natif de Tours, [23] avait autrefois été marchand de passements, [24] et puis est devenu grand partisan. Il a eu des enfants qui lui ont bien coûté et il a encore un fils conseiller de la Cour ; [7][25] et néanmoins, quelqu’un de ses amis m’a dit aujourd’hui que par cette mort, sa maison est ruinée après une si grande fortune. On appelait sa femme [26] la reine des partisans ; peut-être qu’après la mort de son mari, elle sera réduite à sa première mesure. Il y a dans Martial [27] une épigramme fort gentille contre un nommé Cinnamus, qui avait autrefois été barbier, qui, par un changement de fortune, fut encore bienheureux de le redevenir :

Qui tonsor fueras tota notissimus urbe, etc.
Quod superest, iterum Cinname, tonsor eris
[8]

Ainsi, ce qui vient par la flûte s’en va par le tambourin, et ce grand feu de vanité et de richesses mal acquises s’en va en fumée, male parta male dilabuntur[9][28]

La mère de M. le chevalier La Pome [29] n’est point à Paris, elle est allée trouver son mari en sa garnison. Mon fils aîné [30] lui mandera que son fils est parti pour Malte, [31] d’où il reviendra s’il peut et si Dieu veut. [10] Mes deux fils vous baisent très humblement les mains et vous remercient de votre bonne affection. J’ai céans un des livres de Carolus, [32] de Familiis Romanis[11][33] pour vous, et un autre pour M. Spon, que je vous enverrai à la première occasion. Ce livre lui a acquis beaucoup de réputation, et il la mérite car il étudie toujours. On dit que M. Jeannin de Castille, [34] ci-devant trésorier de l’Épargne [35] et maintenant prisonnier dans la Conciergerie, [36] est un homme ruiné ; et que, quand le roi lui laisserait la vie en lui pardonnant tout ce qu’il a fait de contrebande en sa charge, qu’il ne peut être que malheureux à cause qu’il doit à plusieurs particuliers plus de sept millions. La Chambre de justice a donné arrêt pour faire vendre des meubles et des terres de plusieurs partisans que l’on a saisis de tous côtés.

Parum abfuit quin uxor mea nobis misere perierit : nonnihil iracunda et biliosa incidit febrem continuam, cum dolore lateris punctulo, rheumatico tamen potius quam pleuritico, qui feliciter desiit post tertiam venæ sectionem, sed translata materia in pulmonem, eum accendit, ac pene perdidit ; sputa cruenta multa prodierunt, ingens fuit febrile incendium, summa anhelitus difficultas, vigiliæ iuges, pulsus pene nullus. Tandem singulari Dei beneficio evasit per octies sectas venas superiores, saphenamque semel, post depleta maiora vasa[12][37][38][39] Sa soif était presque inextinguible. Maintenant nous la purgeotons [40] avec casse [41] et séné, [42] et elle est Dieu merci hors de danger. Debet illa gallum Æsculapio [13] pour être réchappée d’un tel mal, duquel cent autres seraient mortes. Vive la bonne méthode de Galien [43] et le beau vers de Joachim du Bellay : [44] Ô bonne, ô sainte, ô divine saignée ! In dies aliquo modo levatur, quotidie nam apparent signa coctionis manifestiora et dilucidiora, nempe morbi imminutio, et symptomatum remissio, quæ sunt certissima media recurrentis melioris valetudinis[14] Je voudrais bien qu’elle fût guérie et qu’elle fût moins colère à l’avenir. [45] On dit que la loi salique [46] est fondée sur ce vers suivant, Provida consilia quia nescit Curia matrum[15][47] Mon fils Carolus a été son principal médecin, elle a voulu se fier particulièrement à lui plus qu’à moi et à son frère aîné. [48] Pourtant, elle ne l’a aimé que depuis qu’elle a connu que tout le monde l’aimait car naturellement, elle n’aimait que son aîné.

Vous trouverez ici incluse une lettre pour M. Torrini, [16][49] médecin de M. le duc de Savoie, [50] laquelle je vous prie de lui faire tenir à votre commodité. C’est la réponse à celle qu’il me fit l’honneur de m’écrire l’été passé, qui, par je ne sais quel malheur, s’était égarée sur ma table ; il vaut mieux tard que jamais. Je ne lui parle en aucune façon de M. Morisset. Je vous baise très humblement les mains et suis de toute mon âme votre, etc.

De Paris, ce 26e de décembre 1662.


a.

Bulderen, no cclxxxiii (tome ii, pages 332‑337) ; Reveillé-Parise, no dcv (tome iii, pages 413‑417).

1.

Le premier président Guillaume de Lamoignon devait alors avoir bien d’autres soucis en tête que la dédicace du Cardan qu’on préparait à Lyon chez Huguetan et Ravaud (v. note [8], lettre 749).

Le 11 décembre, le roi, le trouvant trop modéré dans ses sentiments à l’égard des personnes incriminées (et notamment à l’endroit de Nicolas Fouquet, v. note [4], lettre 712), avait donné au Chancelier Séguier l’ordre de venir tous les jours à la Chambre de justice.

Petitfils c (page 402) :

« Colbert […] reprochait à Lamoignon son préjugé en faveur de Fouquet. Une reprise en main s’imposait. Le seul moyen était de remplacer ce rigide magistrat par son supérieur hiérarchique, le Chancelier Séguier, vieillard de 74 ans, dont nul ne pouvait contester le zèle pour le pouvoir ni l’aversion pour l’accusé. Le 10 décembre < 1662 >, à peine revenu de sa visite à Dunkerque rachetée aux Anglais en partie grâce au million de Fouquet, Louis xiv fit venir Lamoignon : “ Cette affaire tourne en longueur, lui expliqua-t-il, je veux l’accélérer ; le Palais vous occupe et vous ne pouvez tout faire. J’ai dit au chancelier d’entrer dorénavant à la Chambre de justice, ce qui ne doit pas vous empêcher d’y aller quand vos occupations vous le permettent. ” »

Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome ii, page 29, année 1662) :

« Le vendredi 22 décembre, M. le premier président, après avoir donné une heure à Nanteuil {a} pour commencer son portrait, alla à la Chambre de justice. Il n’y entre {b} plus les matinées, mais il y va les après-dînées. Il y a diversité de sentiments s’il doit continuer ainsi ou n’y plus aller du tout. Quelques-uns croient qu’il doit cesser d’y aller absolument, devant profiter de cette occasion pour se retirer, et de la Chambre et du procès, et se décharger d’un poids fort pesant ; qu’on a eu dessein de lui faire injure, et la cour {c} ayant fait connaître qu’elle n’avait ni confiance ni considération pour lui, cette injure lui tournait à gloire, comme étant un magistrat ferme et indépendant de la cour ; que, s’il persévère à vouloir entrer, il fera paraître ou trop d’affectation ou trop de faiblesse ; qu’il s’expose à recevoir tous les jours des déplaisirs car on lui ôtera la connaissance de toutes les affaires que l’on voudra et l’on le fera juge, malgré lui, des autres, et alors il sera trop tard de se déclarer, au lieu qu’à présent l’occasion lui est avantageuse. Il peut survenir des difficultés dans la suite où l’on aura besoin de lui et s’il se trouve hors de la Chambre, il faudra le rechercher par toutes les voies, au lieu que, s’il continue, on le chargera des affaires, sans faire aucune avance et comme s’il avait toujours présidé.

Les autres croient qu’il doit dissimuler l’injure qui lui est faite par ce changement et ne faire paraître aucun dépit ; que s’il cesse d’entrer, il paraîtra être malcontent, et qu’il ne doit pas donner cet avantage à ses ennemis ; qu’il se décharge du procès, n’entrant pas les matinées, et néanmoins il paraît être toujours de la Chambre, y entrant les après-dînées ; que, de cette sorte, il choisira les affaires et se trouvera déchargé de tous les inconvénients qui peuvent arriver. »


  1. V. note [14], lettre 490.

  2. Vient.

  3. Le roi.

2.

V. notes :

3.

« On dit bonne mine et mauvais jeu, pour dire ne pas faire paraître tous les chagrins qu’on a dans l’âme, ou cacher ses méchantes affaires » (Furetière).

4.

« Primer se dit aussi, au jeu de paume, de celui qui est meilleur joueur, à qui on laisse prendre le service. Ce joueur est bon à primer, et celui-là à seconder » (Furetière).

Nommé médecin de la nouvelle duchesse de Savoie, Françoise-Madeleine d’Orléans, Philibert Morisset (v. note [31], lettre 152), récent doyen de la Faculté de médecine de Paris empêtré dans des affaires de dettes, allait accompagner la princesse à Turin. André Falconet avait apparemment décliné l’offre ; mais en décembre 1663, ce fut lui qu’on appela auprès de Madame Royale, fille de Henri iv et belle-mère de la jeune duchesse de Savoie, pour l’assister dans sa dernière maladie. Le séjour de Falconet en Piémont fut utile à cette contrée car ses représentations déterminèrent Charles-Emmanuel ii, duc de Savoie, à faire réparer l’établissement des eaux minérales d’Aix-les-Bains qui était abandonné depuis longtemps et presque entièrement ruiné.

5.

« Ô santé ! toi le plus grand bien donné aux hommes, et le fondement le plus sûr de toute félicité humaine. »

6.

Louis xiv estimait que la tolérance religieuse ne s’appliquait pas au Pays de Gex (situé dans l’actuel département de l’Ain, aux confins de la Franche-Comté, de la Savoie et de la République de Genève) parce qu’il avait été annexé par la France en 1602, quatre ans après la promulgation de l’édit de Nantes. Le 23 août 1662, le Conseil du roi avait ordonné la destruction des temples calvinistes qui y étaient établis, ce qui fut promptement exécuté. Les Genevois poussèrent de hauts cris, et la France menaça de les châtier en investissant leur ville.

Loret, Muse historique, livre xiii, lettre xlix, du samedi 16 décembre 1662, pages 582‑583, vers 119‑146 :

« Autour, ou proche de Genève
(dont la susdite ville endêve), {a}
Messieurs les huguenots de Gex,
Assez tumultueux sujets,
Donnant aux leurs mauvais exemples,
Avaient fait bâtir plusieurs temples,
Et bien au delà des édits
Qu’on fit en leur faveur jadis ;
Mais Bouchu, qui sous notre prince
Est intendant de la province,
Par ordre de Sa Majesté,
En a fait raser quantité
Dans l’enclos d’icelui bailliage,
De quoi maint prédicant enrage ;
Il voit par ce grand abatis
Tous ses pauvres sens abrutis,
Il voit sa famille angoissée,
Il voit sa table renversée,
Et sa cuisine en désarroi ;
Mais il faut obéir au roi.

Par les soins et la vigilance
De ce magistrat d’intendance,
Dont partout les faits sont prisés,
Vingt-trois temples furent rasés,
Mais avec tant de promptitude,
Et même tant d’exactitude,
Conformément à son souhait,
Qu’en quatre jours cela fut fait. » {b}


  1. Endêver : enrager, avoir du dépit.

  2. Les temples avaient été détruits à la fin de 1662, en n’épargnant que ceux de Sergy et de Ferney (aujourd’hui Ferney-Voltaire).

    Théodore Claparède, « ministre du Saint Évangile », a procuré de riches détails sur cette affaire dans la Seconde Période de son Histoires des Églises réformées du Pays de Gex (Genève, Joël Cherbuliez, Genève et Paris, 1856, in‑8o).


7.

Charles Bonneau, cinquième fils de Thomas Bonneau (v. note [19], lettre 198), sieur du Plessis, avait été reçu conseiller au Châtelet, puis au Parlement de Paris en 1645, en la cinquième des Enquêtes. Il mourut sans enfants de son mariage (1647) avec Jacqueline-Eugénie Marin, fille de Denis Marin, seigneur de la Châtaigneraie, secrétaire du roi, fermier général puis intendant des finances (Popoff, no 662).

8.

« D’abord le barbier le plus connu de tout Rome, etc. Ce qui demeure, Cinnamus, c’est que tu redeviendras barbier » : v. note [79], lettre 332.

9.

« bien mal acquis se dissipe en mauvaise part » (Cicéron, v. note [6], lettre 714) : version latine du proverbe de la flûte et du tambourin (v. note [41], lettre 297).

10.

Jacques de La Pome avait été reçu chevalier de l’Ordre de Malte en 1662.

11.

« sur les familles romaines » : v. note [11], lettre 736.

Gilles Banderier a publié un article intitulé Charles Patin et le cardinal de Retz : une lettre inédite (French Studies Bulletin, 2005 ; 26 : 12‑14) où il reproduit un billet de Retz à propos de ce livre, datée de Commercy, le 12 avril 1663 :

« Monsieur,

J’ai reçu et lu avec bien de la joie le livre que vous avez eu la bonté de m’envoyer ; et par la nature de l’ouvrage qui m’a paru très beau et très savant, et par la satisfaction que j’ai eue de recevoir des marques de l’amitié d’une personne que j’estime autant que vous. Je vous en remercie de tout mon cœur et je vous prie de croire que je ressens comme je dois celle que Monsieur votre père et vous m’avez toujours conservée. Je vous prie de l’assurer de cette vérité et de croire que j’aurais bien plus de joie de vous pouvoir témoigner par des effets à l’un et à l’autre que je suis et serai toujours très véritablement, Monsieur, votre très affectionné à vous faire service. »

V. notule {a}, note [4], lettre 720, pour un premier témoignage des relations brumeuses qui ont certainement existé entre Retz et les Patin. Cette lettre à Charles m’incite à spéculer que le cardinal a correspondu avec Guy, lequel aurait conseillé à son fils d’envoyer un exemplaire de son livre au cardinal. Là s’arrête ce que j’ose me hasarder à en écrire.

12.

« Il s’en est fallu de peu que ma femme ne meure misérablement : quelque peu irascible et bilieuse, elle présenta une fièvre continue, avec un petit point de côté douloureux, d’allure pourtant plus rhumatismale que pleurale, qui se dissipa heureusement après la troisième saignée ; mais de la matière se transporta dans le poumon, et elle faillit périr. Elle cracha beaucoup de sang, il y eut un intense accès fébrile, une extrême gêne respiratoire, de continuelles insomnies, un pouls presque éteint. {a} Cependant, par la grâce insigne de Dieu, elle s’en sortit grâce à huit saignées des bras et à une saignée de la saphène, {b} après que les grands vaisseaux eurent été désengorgés. »


  1. La description évoque une pneumonie grave.

  2. V. note [22], lettre 544.

13.

« Elle doit un coq à Esculape » : v. note [12], lettre 698.

14.

« La voilà en tout point soulagée de jour en jour ; quotidiennement maintenant apparaissent des signes plus manifestes et éclatants de coction, et une rémission des symptômes, qui sont les apparences les plus certaines du retour à une meilleure santé. »

Guy Patin citait un vers emprunté à un sonnet de Joachim Du Bellay (Liré, Maine-et-Loire 1522-Paris 1560) intitulé De la saignée qui lui ôta la fièvre :

« Si cette pâle et vieille rechignée,
Cruelle fièvre, horreur des siècles vieux,
Par les Romains mise au nombre des dieux,
Sur leurs autels eut sa place assignée,

Tu as chassé de mes os la froideur,
Tu as éteint de mes veines l’ardeur,
Tu as repeint l’honneur de mon visage ;

Pourquoi de nous seras-tu dédaignée,
Toi seule clef du trésor précieux
Que la santé nous apporte des cieux,
Ô bonne, ô sainte, ô divine saignée ?

Tu as refait la force de mes bras,
Tu as rassis la marche de mes pas,
Tu m’as rendu la force et le courage. »

Joachim était fils de Jean Du Bellay, cousin germain de Guillaume, le militaire et diplomate (v. note [18], lettre 925), et de son frère, le cardinal Du Bellay (v. notule {b}, note [15] du Faux Patiniana II‑3).

15.

Vers de Martianus Minneus Felix Capella, écrivain latin du ve s., sans doute avocat à Carthage ; De Nuptiis Philologiæ et Mercurii [Les Noces de Philologie et de Mercure] {a} (livre vi, La Géométrie, § 573, vers 26‑31) :

Arcibus urbanis veteres tibi templa dicarunt,
Quod ratio amplificet quodque illa elatior urbe est.
Hinc de patre ferunt sine matris fœdere natam,
Provida consilium quod nescit curia matrum,
Consultisque virum præsis, hinc dicat virago.
O sacra doctarum prudentia fontigenarum
.

[Sur les collines des villes, les anciens t’ont {b} consacré des temples, pour glorifier la sagesse et pour qu’elle fleurisse dans la cité. Ton père, dit-on, t’a donné naissance sans l’alliance d’une mère, {c} parce qu’un sénat avisé ne prend pas en compte les avis des mères ; si tu régissais les décisions des hommes, alors ce serait une virago {d} qui déciderait. Ô la sainte sagesse des savantes Muses !].


  1. Le dieu Mercure (v. note [7], lettre latine 255) supplie Jupiter, son père, de le laisser épouser la savante vierge Philologie.

  2. À toi Pallas (Athéna ou Minerve, déesse de la Sagesse et des Arts, v. note [13], lettre latine 6).

  3. Dans la mythologie, Pallas est sortie du crâne de Zeus (Jupiter), après qu’il eut mangé Océanide ou Métis, mère de la déesse.

  4. Femme qui agit en homme, amazone.

La loi salique est primitivement un code juridique établi vers le vevie s. pour les Francs dits Saliens. À partir du xive s., on a appelé loi salique un des articles de ce code, De Allodis [Les Biens héréditaires] (titre lxii, art. 6), pour interdire aux femmes de succéder au trône de France :

De terra Salica nulla portio hereditatis mulieri veniat, sed ad virilem sexum tota terræ hereditas perveniat.

[Pour la terre salique, aucune portion de l’hérédité n’en sera recueillie par les femmes ; mais l’hérédité tout entière en sera dévolue aux mâles].

16.

Giulio Torrini était premier médecin du duc de Savoie, Charles-Emmanuel ii, dont la mère, Madame Royale, fille de Henri iv, était alors gravement malade. On a une lettre de Torrini à Guy Patin, datée du 19 juillet 1662, ainsi que le brouillon de la réponse latine de Patin, le 26 décembre 1662 (transcrite et traduite dans la note  [6] de cette lettre).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 26 décembre 1662

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(Consulté le 23/04/2024)

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