L. 743.  >
À André Falconet,
le 13 février 1663

Monsieur, [a][1]

Je vous dirai que depuis quatre jours j’ai délivré à un libraire de la rue Saint-Jacques [2] qui faisait balle pour Lyon un paquet de livres pour être délivré à M. Spon, dans lequel il y a un livre de mon fils Charles [3] qui a restitué et augmenté le Fulvius Ursinus de Familiis Romanis, in‑fo[4] Il vous en fait présent avec une petite lettre latine écrite de sa main. Nous vous prions d’agréer sa bonne volonté, j’espère que dans deux mois vous en recevrez encore un autre de sa façon. [1][5] On attend ici de jour en autre le cardinal d’Este, [6] mais on ne dit rien de certain, ni de la guerre d’Italie, ni du pape, [7] ni de M. Fouquet, [8] ni des partisans. Il y a pourtant ici une nouvelle sûre, c’est que M. Merlet, [9] qui était l’ancien [10] de notre Faculté, sera ici demain enterré. Il mourut dimanche dernier, 11e de ce mois, le troisième jour de sa maladie, qui fut un rhumatisme interne [11] qui lui étouffa le poumon. Platon [12] a dit quelque part qu’un honnête homme ne doit point mourir qu’il n’ait passé 80 ans ; lui-même en a vécu 81, et M. Merlet en a passé 82. Il sera demain mis en terre dans Saint-Jacques-de-la-Boucherie [13] où déjà gisent les corps de Jean Fernel [14] et de Jean Haultin, [15] dont on imprime les Commentaires et les Observations choisies de la Pratique d’Houllier[2][16] avec la même pratique in‑fo qui pourra être faite dans six mois. Nous avons encore un autre collègue, nommé M. Du Clédat, [17] qui est de La Réole [18] près de Bordeaux, âgé de 75 ans, phtisique et asthmatique, [19] qui se meurt. Il ne fut jamais savant ni riche, néanmoins on dit que toute sa vie il a fait des Commentaires sur saint Matthieu[3] Le roi [20] a fait saisir quelques libelles qui s’imprimaient à deux lieues d’ici, dans un village nommé Montreuil, [4][21] pour M. Fouquet, par le soin de ses parents. Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 13e de février 1663.


a.

Bulderen, no cclxxxvi (tome ii, pages 342‑343) ; Reveillé-Parise, no dcviii (tome iii, pages 421‑422).

1.

Traité des tourbes combustibles {a} par Charles Patin, docteur régent en la Faculté de médecine de Paris. {b}


  1. V. notes [12], lettre 748, et [5], lettre latine 220 pour ces tourbes, ainsi que la préface et le contenu de ce livre, fortement inspiré par celui de Marten Schoock sur le même sujet (Groningue, 1658, v. note [2] de sa lettre datée du 12 aout 1656).

  2. Paris, Jean Du Bray et Pierre Variquet, 1663, in‑4o de 122 pages ; ouvrage dédicacé « À Monseigneur de Lamoignon, premier président » (en date du 27 février 1663).

V. note [11], lettre 736, pour le « Fulvius Ursinus sur les Familles romaines » de Charles Patin paru plus tôt la même année.

2.

V. note [14], lettre 738, pour ce livre réédité à Paris en 1664.

3.

La Réole, en Aquitaine (Gironde), se situe sur la rive droite de la Garonne, à une quarantaine de kilomètres au sud de Bordeaux, dans la région du Bazadais (dont les deux principales villes sont Bazas et Langon).

Aucun des catalogues que j’ai consultés ne contient de Commentaires sur saint Matthieu rédigés par Jean Du Clédat (v. note [19], lettre 242) ; il mourut le 29 juin 1663.

4.

Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), dans la banlieue est de Paris, est limitrophe de Saint-Mandé où Nicolas Fouquet possédait une splendide propriété.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 13 février 1663

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(Consulté le 28/03/2024)

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