L. 865.  >
À André Falconet,
le 24 avril 1666

Monsieur, [a][1]

J’ai vu aujourd’hui M. le comte de Königsmarck, [2] ambassadeur de Suède, qui n’est que médiocrement malade. Ces Messieurs du Nord ne sont pas sujets à de si grandes chaleurs que nous en avons eu depuis un mois, mais ils ne sont pas si réglés que des capucins ; [3] ils sont souvent malades de la maladie polaire, qui est de trop boire. On fait ici en deux tomes le recueil de toutes les comédies de Molière. [1][4][5] Enfin, M. de Mézeray [6] approche de la fin de son Abrégé de l’histoire de nos rois ; il est à Henri iv et finira à l’an 1635 quand le cardinal de Richelieu [7] fit déclarer la guerre au roi d’Espagne, [8] rompant la paix de Vervins [9] que MM. de Bellièvre [10] et de Sillery [11] avaient si bien faite ; [2] mais il faut qu’il y ait des fous et des méchants par le monde, comme il est des singes, des limaçons et des grenouilles ; autrement le monde finirait. Adieu.

De Paris, ce 24e d’avril 1666.


a.

Du Four (édition princeps, 1683), no cxliii (pages 402‑403) ; Bulderen, no cccciii (tome iii, pages 155‑156) ; Reveillé-Parise, no dccix (tome iii, page 593).

1.

Les Œuvres de Monsieur Molière… (Paris, Louis Billaine, 1666, 2 volumes in‑12) ; v. note [11], lettre 776, pour l’Abrégé de François Eudes de Mézeray (Paris, 1667).

Dans ses lettres, Guy Patin a souvent parlé des pièces Molière (Jean-Baptiste Poquelin, Paris 1622-ibid. 1673), aujourd’hui le plus célèbre littérateur français du xviie s., mais fort peu de sa personne. V. note [45] du Patiniana I‑4 pour le mal qu’il pensait de sa vie privée.

2.

Le traité de Vervins (Aisne) avait été signé le 2 mai 1598 entre les rois de France et d’Espagne, Henri iv et Philippe ii, après la prise d’Amiens par les Français. Les plénipotentiaires de Henri iv étaient le Chancelier Pomponne i de Bellièvre et le futur Chancelier Nicolas Bruslart, marquis de Sillery. On se rendit réciproquement tout ce qu’on avait conquis depuis la paix du Cateau-Cambrésis en 1559.

Le 19 mai 1635, Richelieu et Louis xiii avaient rompu la paix de Vervins en déclarant la guerre à l’Espagne et en entrant ainsi dans la guerre de Trente Ans (v. note [1], lettre 20).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 24 avril 1666

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(Consulté le 24/04/2024)

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