L. 871.  >
À André Falconet,
le 22 juin 1666

Monsieur, [a][1]

La nouvelle est ici fort grande de la bataille gagnée sur mer par les Hollandais contre les Anglais. [2] On dit qu’elle a duré quatre jours et que les Anglais y ont perdu plusieurs vaisseaux, outre ceux qui ont été emmenés en Hollande avec 3 000 prisonniers. On attend de jour à autre un détail plus certain, mais néanmoins, on est ici fort réjoui de ce que les Hollandais ont eu gain de bataille car on espère que les Anglais feront plus aisément la paix. [1] J’ai vu ce matin M. le comte de Sehested, [3] ambassadeur extraordinaire du Danemark, lequel m’a dit qu’il ne croira rien de tout ce qu’on en dit qu’il n’ait reçu ses lettres de Calais, lesquelles il attend aujourd’hui. Il y a pourtant des relations à Paris qui sont venues depuis trois jours, lesquelles assurent que les Anglais y ont perdu 25 grands vaisseaux et qu’on leur a emmené en Hollande plus de 3 000 prisonniers ; mais quoi qu’on en dise, je suis d’avis de n’en croire que ce que les Anglais, naturellement glorieux, avoueront en être vrai. [2]

La reine [4] est grosse [5] et je le souhaite fort pour le bien de toute la France, il n’y aura jamais trop de fils d’un si bon roi [6] que le nôtre. [3] Ceux qui veulent excuser la perte des Anglais disent que leur malheur est arrivé de ce qu’ils ont divisé leur armée et qu’ils en avaient tiré 25 frégates qu’ils avaient envoyées contre M. de Beaufort, [7] mais j’ai ouï dire à d’autres que cela n’est pas vrai. [4] Notre M. Brayer [8][9] a aujourd’hui marié sa fille à un conseiller de la Cour nommé M. Leschassier, [10][11] neveu de M. le président Miron, [12] à laquelle il a donné 80 000 écus, argent comptant. Il en a bien de reste, et encore deux autres enfants qui en auront pareillement beaucoup. Ce M. Leschassier est fils d’un maître des comptes, excellent homme [13] qui aimait notre Carolus [14] comme son propre fils. Ils ont souvent étudié ensemble et ce jeune marié est très savant ; outre la belle jurisprudence, il sait l’Antiquité, le grec et les belles-lettres au delà de sa condition. [5]

Le roi a donné à M. de Ruvigny [15] 15 vaisseaux pour conduire Mlle d’Aumale [16] en Portugal et après, il a charge de s’aller joindre à l’armée de M. de Beaufort afin qu’il soit si fort que les Anglais ne le puissent attaquer. [6] Messieurs des États de Hollande ont pareillement envoyé plusieurs vaisseaux vers le Danemark afin d’empêcher que les Anglais n’aillent de ce côté-là faire quelque surprise. On dit que les Anglais ont fait faire des feux de joie sur ce qu’ils ont gagné la bataille sur mer contre les Hollandais, mais il fait bon battre glorieux : ils ont perdu 25 grands vaisseaux et les Hollandais n’y en ont perdu que quatre ; cependant, on amuse le peuple et on donne ainsi le courage à des misérables soldats de s’embarquer comme s’ils étaient sûrs d’en revenir. Jamais les Espagnols ne perdent de bataille que leurs fuyards n’aillent dans leurs villages crier Victoire contre ces gavaches de Français ! [7]

On dit que le roi s’en va faire faire une grande revue alentour de Fontainebleau [17] avec tout l’apparat d’un siège, ce qui coûtera beaucoup, mais c’est pour réjouir les dames de la cour. On dit que nous verrons bientôt cette grande réformation de la justice et qu’elle sera publiée le mois prochain, et que les procès en seront bien abrégés, avec grand retranchement de tant de chicane qui est aujourd’hui dans les parlement et dans les présidiaux de France. Fiat, fiat[8] mais cela ne se fera jamais qu’au grand regret de tant de gens qui en vivent et que cette chicane entretient avec tant de luxe. L’infante d’Espagne [18] est encore en Espagne. Quand elle sortira de là, elle viendra à Milan où seront les cérémonies ; et delà elle sera conduite en Allemagne jusqu’à Vienne. [9][19] La ratification du traité que le roi a fait avec ceux d’Alger [20] et de Tunis [21] a été reçue avec grande joie à Fontainebleau. [10] Ils nous rendront nos esclaves, nous y aurons toute la liberté du commerce, mais il ne faut guère se fier à ces gens-là qui n’ont d’autre religion que celle du profit, quorum Deus venter est[11][22] Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 22e de juin 1666.


a.

Bulderen, no ccccx (tome iii, pages 169‑172) ; Reveillé-Parise, no dccxv (tome iii, pages 603‑605).

1.

La Four days Battle [bataille des Quatre Jours, ou raid sur la Medway], l’un des plus longs engagements navals de toute l’histoire, s’était déroulée du vendredi 11 au lundi 14 juin 1666 au large de North Foreland (extrémité méridionale de l’embouchure de la Tamise), entre les flottes britannique (79 vaisseaux menés par George Monck, duc d’Albemarle) et néerlandaise (84 vaisseaux, Michiel De Ruyter, v. note [1], lettre 876). Les Anglais, qui avaient déclenché les hostilités en attaquant les Hollandais regroupés devant Dunkerque, nièrent vigoureusement leur défaite, mais ils s’étaient retirés les premiers après avoir perdu dix navires, 2 000 morts et 1 800 prisonniers, contre quatre navires et 1 500 morts du côté hollandais. Nulle paix ne succéda à ce furieux combat.

La Gazette y a consacré deux extraordinaires :

2.

On avait pourtant entendu à Londres les coups de canon qu’échangeaient les navires, mais, comme l’a noté Samuel Pepys (haut fonctionnaire à la Royal Navy) dans son Journal (lundi 4 juin, 14 juin nouveau style, 1666, pages 337-338), on en niait la source à la cour :

« En arrivant {a} nous apprenons que le duc {b} est à Saint-James où il loge depuis peu. Alors, après avoir traversé le parc {c} où il y avait des centaines de gens à l’écoute, nous nous y sommes rendus ; on m’a montré une lettre datée d’hier soir où le gouverneur du fort de Douvres dit que le prince {d} est arrivé la veille avec sa flotte. Quant aux canons que nous lui écrivions avoir entendus, nous aurions confondu avec le tonnerre ; c’est vraiment miraculeux que vendredi, samedi et hier nous ayons tous entendu fort distinctement les coups de canon, alors qu’à Douvres hier soir il n’était pas question de bataille et qu’on n’entendait pas le canon. Voilà qui pourrait donner lieu à une grande discussion philosophique : comment l’entendions-nous et eux pas, alors que le vent qui nous l’apportait était le même qui aurait dû le leur apporter ? mais c’est ainsi. Après avoir travaillé avec le duc, je suis rentré […]. Je n’étais pas plus tôt arrivé chez moi qu’on m’annonce que deux hommes étaient venus pour me donner des nouvelles de la flotte. Je descends, et n’était-ce pas M. Daniel tout emmailloté, le visage noir comme la cheminée, tout couvert de boue, de poix, de goudron et de poudre, emmitouflé de loques sales et l’œil droit bourré d’étoupe. Il est arrivé de la flotte hier soir à cinq heures avec un camarade qui est blessé à l’autre œil. On les a débarqués ce matin à deux heures, en même temps que vingt autres blessés du Royal-Charles. […] je les ai laissés chez M. Coventry et je suis allé par le parc trouver le roi {e} pour lui annoncer que milord général {f} se portait bien hier soir à cinq heures, que le prince Rupert était arrivé avec sa flotte et s’était joint à lui vers sept heures. Le roi fut enchanté de mes nouvelles. Il me prit la main pour les commenter. Je lui fis le meilleur compte rendu que je pus ; alors, il me dit d’aller lui chercher les deux marins. Je les lui amenai et il écouta tout leur récit. Il tira de sa poche environ vingt pièces d’or qu’il remit à Daniel pour lui et son compagnon. Il ordonna qu’on eût soin d’eux, puis nous prîmes congé de lui. Je les laissai aller chez le chirurgien et je me rendis par la rivière à la Bourse pour raconter l’affaire aux uns et aux autres. Rentré vers quatre heures, suivi par plusieurs personnes qui voulaient savoir les nouvelles, et ce sont de bonnes nouvelles. Dieu veuille que nous apprenions l’heureuse issue de la bataille d’aujourd’hui. »


  1. Au palais royal de Whitehall.

  2. Saint-James Park.

  3. Le duc d’York.

  4. Rupert.

  5. Charles ii.

  6. Monck.

Louis xiv (Mémoires, tome 1, pages 145‑146, année 1666) resta dépité que les Hollandais n’aient pas attendu pour combattre le renfort de sa propre flotte, occupée à escorter au Portugal sa nouvelle reine : {a}

« […] je vous remarquerai que, de la part des Anglais, la vanité qu’ils avaient eue de se vanter trop tôt d’une victoire qu’ils n’obtinrent pas, les engagea dans un procédé tout à fait ridicule et les obligea de faire par toute leur île des feux de joie pour leur propre défaite, comme s’ils eussent en effet vaincu : feux qui, dans leur allégresse impertinente, ne découvrirent que trop clairement à toute la terre quelle était la mauvaise disposition de cet État, dans lequel, pour conserver un peu d’autorité, le prince {b} était contraint à se réjouir de ses propres pertes et à tenir ses sujets dans l’erreur pour les empêcher de tomber dans la rébellion.

Et à l’égard des Hollandais, je vous ferai observer qu’encore que cette entreprise leur ait réussi, l’on ne doit pas conclure qu’ils aient eu raison de la faire, parce que, pour juger sainement des conseils, il ne faut pas toujours s’arrêter aux événements […], vous verrez dans cette même année les mêmes flottes, combattant sur les mêmes principes, avoir un succès tout différent. »


  1. Mademoiselle d’Aumale,, épouse du roi Alphonse vi, v. note [3], lettre 782.

  2. Le roi Charles ii.

Une épigramme de Constantijn Huygens (v. note [14], lettre de Jan van Beverwijk, le 30 juillet 1640) a résumé la situation :

Two fight, and for their lives.
he one that caused the row
Is beaten, but survives.
And boasts: “ I’ve won it now! ”

[Deux se battent, et jusqu’au dernier sang. Celui qui a provoqué la querelle est battu, mais survit. Et le voilà qui se vante : « C’est moi qui ai gagné ! »].

3.

La quatrième enfant du couple royal, prénommée Marie-Thérèse, allait naître le 2 janvier 1667 ; elle mourut le 1er mars 1672. Le seul encore en vie était alors le fils aîné, Louis, le dauphin (né le 1er novembre 1661), sauf à croire que l’énigmatique Marie-Anne n’était pas morte en 1664 (v. note [1], lettre 799).

4.

Pendant les préparatifs de leur attaque, les Anglais avaient appris que la flotte de Louis xiv, menée par le duc de Beaufort, allait remonter la Manche pour rejoindre les Hollandais à Dunkerque. Ils envoyèrent donc le prince Rupert (neveu de Charles ier, v. note [4], lettre 924) bloquer le Pas-de-Calais, mais les Français ne se montrèrent pas. Rupert et sa vingtaine de navires ne purent entrer dans le combat qu’au 3e jour. La marine royale française, le fantôme de cette bataille, y joua pourtant un rôle décisif de diversion.

5.

Robert Leschassier, sieur de Méricourt (Paris 1637-ibid. 1723), était fils de Christophe Leschassier et de Marguerite Miron (v. note [14], lettre 190). Il avait été reçu avocat du roi au Châtelet en 1656 puis conseiller au Parlement en 1659, en la cinquième Chambre des enquêtes. Il monta à la Grand’Chambre en 1693. Le 11 juin 1666, il épousait en secondes noces Anne Brayer (morte en 1687, âgée de 47 ans), fille du médecin Nicolas Brayer (v. note [2], lettre 111) et d’Anne Josse (Popoff, no 1550). V. note [3], lettre latine 264, pour le décès de sa première épouse en 1663.

6.

V. supra seconde notule {a}, note [2], pour la nouvelle reine de Portugal, Marie-Françoise-Élisabeth de Savoie-Nemours.

Henri de Massué, marquis de Ruvigny (1610-1689), fils d’un gouverneur de la Bastille sous Henri iv, avait mené une brillante carrière militaire. Il avait reçu le titre de lieutenant général en 1652 et l’année suivante, celui de député général des Églises protestantes.

Saint-Simon (Mémoires, tome i, pages 358‑359) :

« bon, mais simple gentilhomme, plein d’esprit, de sagesse, d’honneur et de probité, fort huguenot, mais d’une grande conduite et d’une grande dextérité […]. Il fut, un grand nombre d’années, le député de sa religion à la cour et le roi se servit souvent des relations que sa religion lui donnait en Hollande, en Suisse, en Angleterre et en Allemagne pour y négocier secrètement, et il y servit très utilement. »

À la révocation de l’édit de Nantes, Ruvigny partit s’établir en Angleterre avec sa famille. Son fils Henri (1648-1720) se mit au service du roi Guillaume iii contre les intérêts de la France et devint comte de Galway.

7.

Gavaches (Ménage) : « les peuples montagnards du Gévaudan que César appelle Cabalos, et Strabon Gabalous, et Pline Gabales sont appelés Gavachos par les Espagnols ; et comme ces peuples vont en Espagne pour gagner leur vie, où ils exercent les métiers les plus vils, on y a appelé de leur nom les personnes sans cœur et mal vêtues. »

Samuel Pepys (Journal le 6 juin, 16 juin nouveau style, 1666) a relaté la liesse de Londres :

With them idled away the whole night till twelve at night at the bonefire in the streets. Some of the people thereabouts going about with musquets, and did give me two or three vollies of their musquets, I giving them a crowne to drink ; and so home. Mightily pleased with this happy day’s newes, and the more, because confirmed by Sir Daniel Harvy, who was in the whole fight with the Generall, and tells me that there appear but thirty-six in all of the Dutch fleete left at the end of the voyage when they run home. The joy of the City was this night exceeding great.

« Avons traîné par les rues à regarder les feux de joie jusqu’à minuit. Non loin, des gens passaient avec des mousquets et en ont tiré deux ou trois salves en mon honneur, et leur donnai une couronne pour aller boire ; puis rentré à la maison. Fort ravi des heureuses nouvelles de cette journée, d’autant qu’elle a été confirmée par sir Daniel Harvy qui était avec le général Monck pendant toute la bataille, et me dit qu’à la fin de la croisière, quand ils sont rentrés au port, la flotte hollandaise paraissait réduite à 36 voiles. La joie de la City était cette nuit débordante. »

8.

« Advienne que pourra ».

9.

Préparatifs du mariage de Marguerite d’Espagne avec l’empereur Léopold ier.

10.

Un traité de paix entre la France et le royaume d’Alger avait été signé le 17 mai précédent. La cour séjournait à Fontainebleau depuis le 2 juin. Le 31 juillet, trois Turcs, domestiques du bassa d’Alger, y vinrent présenter au roi deux lions, une autruche et plusieurs curiosités de ce pays (Levantal).

11.

Saint Paul, Épître aux Philippiens (3:18‑19) :

Multi enim ambulant quos sæpe dicebam vobis nunc autem et flens dico inimicos crucis Christi, quorum finis interitus quorum deus venter et gloria in confusione ipsorum qui terrena sapiunt.

« Car il en est beaucoup, je vous l’ai dit souvent et je le redis aujourd’hui avec larmes, qui se conduisent en ennemis de la croix du Christ : leur fin sera la perdition ; ils ont pour dieu leur ventre {a} et mettent leur gloire dans leur honte ; ils n’apprécient que les choses de la terre. » {b}


  1. Emprunt de Guy Patin.

  2. Traduction de l’École de Jérusalem.

Mémoires de Louis xiv (tome 1, pages 159‑162, année 1666) :

« Les habitants de Tunis, fatigués des continuelles alarmes que leur donnaient mes vaisseaux, désirèrent de faire la paix avec moi ; et ceux d’Alger, passant plus avant, m’offraient encore de me servir contre l’Angleterre. Je ne voulus pas accepter cette dernière proposition. Mais au surplus, touché du désir de procurer la liberté à tant d’esclaves chrétiens que ces barbares tenaient en leurs fers, et de donner moyen à tous les fidèles de trafiquer sûrement sous la bannière de la France, je fis partir Dumoulin, qui, en peu de temps, termina l’un et l’autre traités avec des conditions plus avantageuses qu’aucun autre prince de l’Europe en eût jamais obtenues de ces nations.

Il arriva néanmoins un incident au traité de Tunis, qui en rendit la conclusion difficile, car le roi, {a} avec qui les articles avaient été concertés, ayant été emprisonné par une sédition, ses ennemis, qui avaient toute l’autorité dans l’administration de la république, auraient sans doute rompu cet accord, comme ils firent tous les autres actes faits durant le règne de ce prince, si la terreur de mes armes ne les eût obligés à l’accomplir ; et le premier fruit que j’en recueillis fut de voir plus de trois mille esclaves français retirés des mains de ces infidèles.

J’étais dès lors si considéré sur la mer Méditerranée que les Espagnols, ayant à faire passer l’impératrice en Italie, n’osèrent l’entreprendre sans me demander passeport, lequel je leur accordai incontinent avec toute l’honnêteté dont je pus l’accompagner. Car je donnai ordre en même temps sur toutes mes côtes qu’en cas que l’impératrice fût obligée d’y aborder, on la traitât avec les mêmes respects que l’on m’eût pu rendre à moi-même. Ces ordres furent pourtant sans effet à l’égard de l’impératrice qui, ayant eu le temps favorable, arriva sans danger en Italie ; mais ils furent fort utiles à sept galères espagnoles qui, ayant un jour rencontré Vivonne, commandant les miennes, refusèrent de baisser l’étendard au commandement qu’on leur en fit. Car Vivonne, qui était le plus fort, et en nombre et en équipage, les renvoya par ce seulement qu’elles étaient chargées des hardes {b} de l’impératrice. »


  1. Le bey de Tunis.

  2. Bagages.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 22 juin 1666

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(Consulté le 28/03/2024)

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