L. 972.  >
À André Falconet,
le 14 décembre 1669

Monsieur, [a][1]

Je vous ai ci-devant écrit d’un évêque de Vence, il y a en cet endroit de la faute : c’est l’évêque de Valence [2] en Dauphiné qui était ci-devant abbé de Cosnac [3][4] et premier aumônier de M. le duc d’Orléans ; [5] il fut disgracié il y a environ deux ans, il avait fait quelque brigue pour revenir à la cour, mais ses efforts ne lui ont pas réussi pour ce coup ; on dit que le roi [6] l’a envoyé en l’Isle-Jourdain [7] en Languedoc. [1][8] Le procès de M. de Courboyer, [9] gentilhomme normand de 40 000 livres de rente, est sur le bureau[2][10] On dit qu’il est cousin de M. le maréchal de Grancey. [11] L’envoyé du Turc [12][13] est toujours ici près à Issy [14] et le roi ne lui veut pas donner audience qu’on n’ait nouvelle de Constantinople [15] où l’on a envoyé un courrier. [3]

M. l’abbé Bossuet [16] est fait évêque de Condom, [17] c’est un digne personnage et très savant. [4] Notre M. Cressé [18] a reçu malgré soi un ajournement personnel par devant M. le lieutenant criminel, [19] sur quoi, par conseil d’avocats, il en a appelé et a évoqué au Parlement. Nous verrons dans quelques jours quel train prendra cette affaire qui fait ici bien parler du monde, qui veut que ce médecin ait été fouetté, velis, nolis, iure an iniuria ; [5] et néanmoins, on dit qu’il ne l’a pas été, mais le bruit n’en vaut rien : [20]

Fama malum qua non aliud velocius ullum :
Mobilitate viget, viresque adquirit eundo
[6]

Cela est capable de décrier et décréditer ici un médecin. On dit qu’il est riche, mais aussi est-il bien glorieux et ainsi haï de bien du monde, qui se moque de lui : tanti est sapere et abstinere[7]

Le bonhomme M. de La Chambre [21] est mort âgé de 76 ans. C’est lui qui a si bien écrit des Passions, de l’Iris ou arc-en-ciel, de l’Amour d’inclination, de l’Accroissement du Nil, sur les Aphorismes d’Hippocrate[22] etc. Il était de l’Académie française, et un des premiers et des plus éminents, tant à raison de sa doctrine, qui n’était point commune, que pour le crédit qu’il avait chez M. le chancelier ; [23] en vertu de quoi il était officieux et bienfaisant à ceux à qui il pouvait servir et qui avaient affaire en ce pays de chancellerie. Je viens d’apprendre d’un des nôtres que le sieur Griselle, [24] barbier, se défend fort bien contre M. Cressé, contre lequel il produit plusieurs pièces qui l’accusent d’incontinence, [8] et de quelques mauvaises rencontres qu’il a eues ci-devant en divers lieux pour même faute et de même nature. Ventura dies cetera docebit, et forsan peiora[9] Au moins M. Cressé a cet avantage que personne n’est de son côté et que, par provision, on s’en moque par tout Paris. Je ne sais ce qui en arrivera, mais plusieurs des nôtres sont déjà d’avis, par provision, qu’il faudrait le chasser de notre Compagnie, ce qui pourtant ne doit être fait qu’après que le procès aura été jugé à son désavantage. Aliter enim sunt oculati iudices quam vulgares homines ; [10] ce n’est point notre métier de faire le procès aux hommes, nous ne sommes que l’avocat du malade et la mort ou la nature en sont les juges.

Ce 4e de décembre. Le roi se trouve si bien à Saint-Germain, [25] et il s’y plaît tant qu’il y veut passer l’hiver et ne revenir à Paris qu’à la fin du carême. Dès que les juges après la Saint-Martin ont recommencé leurs exercices ordinaires, on a ici fait plusieurs exécutions [26] criminelles et entre autres, de plusieurs malheureuses femmes receleuses et larronnesses dont on a fait la dissection [27] en plusieurs endroits. Il y en a eu une en nos Écoles qui a duré jusqu’au 2d de ce mois ; et dès le lendemain, qui fut hier, j’ai recommencé mes leçons [28] au Collège royal [29] où j’eus près de 300 auditeurs, et ce de diverses nations, Anglais, Hollandais, Allemands, Flamands, Suisses, et même j’en eus deux de Moscovie. L’envoyé du Grand Turc n’est plus à Issy, il est aujourd’hui dans Paris, derrière la place Royale, [30] à l’hôtel de Vitry. [11] Il a été à Saint-Germain en cérémonie, mais on ne sait encore rien de particulier de ces affaires. Je vis hier M. Delorme [31] qui a encore l’esprit bien vert et une mémoire prodigieuse. Ces deux facultés sont en lui fort vigoureuses et ne sentent rien du vieillard ; mais pour le reste, je n’en réponds point, maximus est aretalogus[12] j’apprends qu’il n’a pas bonne main pour la pratique, nonobstant sa prétendue et assez mystique polypharmacie[32] Il est d’une puissante conversation, il sait beaucoup de bonnes choses et les débite merveilleusement bien, et qui plus est, il est fort retenu quand il est question de juger du mérite de plusieurs savants qui ont vécu en France depuis tantôt cent ans ; il y emploie heureusement son jugement et sa charité, nemini facit iniuriam, nulli quidquam detrahit debitæ laudis[13] À tout prendre, c’est un grand homme qui, pour ses perfections, a de grandes obligations à Dieu et à la Nature. Je voudrais seulement qu’il fût moins hâbleur quand il est question de louer quelqu’un qui le mérite moins, mais il me semble qu’il fait cela tout exprès, pour ne point passer plus glorieux et médisant ; et à quelque chose cette retenue est fort bonne.

Ce 8e de décembre. Hier samedi, par tout Paris, on ne parle que de ce qui devait être jugé ce jour-là, le procès de ce gentilhomme de Normandie nommé Courboyer, avec les deux prétendus faux témoins, l’un desquels fut mis à la question. [33][34][35] On envoya des archers en deux maisons différentes pour y prendre quelques dames qui ne se trouvèrent point. Le bruit courut tôt après qu’il était condamné à être décapité en Grève [36] l’après-dînée et ensuite, toutes les rues d’autour du Palais furent remplies de monde, tout le Pont Notre-Dame [37] jusqu’à la Grève. L’apparat d’une telle exécution y fut tout entièrement et même, on vit passer et aller au Palais deux troupes d’archers qui devaient assister à ce mystère de mort ; mais il y en eut bien de trompés car l’heure qu’on le devait tirer de la Conciergerie [38] pour être mené en Grève, un peu avant cinq heures du soir, il survint une nouvelle que le roi voulait prendre connaissance de cette affaire et qu’il y avait surséance ; et ainsi, chacun s’en retourna chez soi sans avoir vu que quelques archers passer et repasser. On dit que c’est une affaire qui est remise à la semaine qui vient, d’autant qu’il faut délibérer de nouveau sur diverses choses que cet homme a répondues à la question. [14]

M. Olier, [39] grand audiencier de France, est ici mort subitement. [15][40] On dit aussi que le pape [41] est mort et on ajoute à ce conte que les moines l’ont fait empoisonner parce qu’il voulait les réformer. [42] M. le président de Champlâtreux [43] est ici fort malade, vous savez bien qu’il est fils du défunt M. le premier président et garde des sceaux, M. Matthieu Molé. [44] En suite de la mort du pape, on dit que le roi a aussitôt mandé à M. le cardinal de Retz [45] de revenir en cour pour être envoyé à Rome avec M. le cardinal de Bouillon [46] à l’élection d’un nouveau pape. [16] Nous avons là aussi M. le cardinal Antoine, [47] grand aumônier de France, qui y est arrivé il n’y a pas longtemps. Si bien que voilà de nouvelles brigues dans Rome qui s’en vont nous donner un nouveau pape et ensuite, pro iucundo adventu ad Papatum[17] un nouveau jubilé. [48] Le vin nouveau [49] de l’an présent, qui est un jus tiré de la vigne, produira de plus sensibles effets dans la tête des hommes que cette nouvelle dévotion qui, en son espèce, ne revient que trop souvent. Ab adsuetis non adficimur[18] il n’en faut pas tant pour être trouvé bon, mais le monde est fait ainsi, populus vult decipi[19] Feu M. l’évêque de Belley, [50] Messire Jean-Pierre Camus, digne et savant prélat s’il en fut jamais, disait que Politica ars est non tam regendi, quam fallendi homines ; [20] je lui ai ouï dire une fois cela dans sa chambre en 1632, mais je m’en suis plusieurs fois souvenu depuis. Un abbé me vient de dire que M. le duc de Chaulnes [51] avait reçu commandement du roi de partir au plus tôt en poste pour arriver de bonne heure à Rome, pour travailler à l’élection d’un nouveau pape. [21]

Dimanche et lundi, qui furent deux fêtes, [22] on ne fit rien au Palais. Le mardi 10e de décembre, on remit sur le bureau le procès de ce faux témoin qui avait failli d’être exécuté samedi dernier. L’échafaud fut encore remis dans la Grève, et le peuple encore en grand nombre assemblé jusqu’au Palais ; et avant les cinq heures du soir, il y eut encore une surséance à cause de plusieurs papiers trouvés dans un coffre qui ne peuvent être visités qu’avec grand soin et beaucoup de temps ; ce coffre appartient au marquis de Courboyer. Cela empêcha encore une fois l’exécution et les badauds, qui s’attendaient à voir passer ce criminel sur le Pont Notre-Dame, n’eurent que la peine de s’en retourner. Dicuntur in istis foliis continenti multa horribilia et cruenta[23] si bien que ce malheureux faux témoin est encore en prison. On dit qu’il avoue qu’il a bien mérité la mort. Vivit tamen, et fruitur etiam Diis irratis, interea victrix provincia plorat ; [24][52] toutefois, on dit ici que bientôt s’ensuivra l’exécution criminelle.

Le pape, avant que de tomber malade, a fait sept cardinaux nouveaux, dont il y a un feuillant[53] nommé le P. Bona, [54] les autres sont officiers de la Rote. [55] On dit que ce feuillant est honnête homme, qu’il est janséniste. [56] Quelques-uns disent qu’il n’est pas feuillant, mais de l’Ordre de Cîteaux, duquel sont sortis les feuillants sous Henri iii[25][57] Le jeudi 12e de décembre, un des faux témoins a été décapité en Grève en présence de 200 archers et d’une effroyable quantité de monde ; il était normand, aussi bien que les deux autres. [26] On parle ici de la mort de la reine d’Espagne [58] et du rétablissement du commerce en Angleterre, et même que l’Anglais renonce à la Triple Alliance ; [59] quod utinam esset verum [27] car les Suédois seraient bientôt de notre parti. Si cela est vrai, caveant sibi Batavi[28] de peur que cette nouvelle république, qui s’est ci-devant et avec notre moyen si heureusement élevée contre son souverain, ne périsse et ne s’en aille à vau-l’eau avec ses barques de pêcheurs.

Le marquis de Courboyer, gentilhomme normand de 40 000 livres de rente, pour plusieurs crimes, a eu en Grève la tête coupée, [2] [60] âgé de 54 ans. Il est mort huguenot, [61] trois docteurs de Sorbonne [62] y ont perdu leur latin. À considérer la vie et la mort de ce malheureux homme, je crois qu’il était enragé. Plura alias[29] je vous baise très humblement les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 14e de décembre 1669.


a.

Bulderen, no dv (tome iii, pages 343‑350) ; Reveillé-Parise, no dccxcvii (tome iii, pages 720‑726). J’ai changé la date du 13 au 14 décembre, date de l’exécution qui est annoncée dans le dernier paragraphe.

1.

Le passage erroné des Lettres à propos de l’évêque de Vence (Antoine Godeau, v. note [10], lettre 133) est aujourd’hui perdu.

Daniel de Cosnac (Cosnac, Corrèze 1627-Aix-en-Provence 1708), premier gentilhomme du prince de Conti en 1652, avait été nommé évêque de Valence par Mazarin le 24 juin 1654. Il était premier aumônier de Monsieur, Philippe ier d’Orléans, depuis 1658 et devint archevêque d’Aix en 1687. Ses mémoires, publiés en 1852, fournissent quelques précieux détails sur les motifs de la condamnation de Charles Patin (v. les Déboires de Carolus).

L’abbé de Choisy a consacré à Cosnac, le livre viii de ses Mémoires (pages 36‑96) : confident de Madame, Cosnac avait fini par s’attirer la vive inimitié de Monsieur pour avoir manigancé l’exil en Italie de son favori, le chevalier de Lorraine (v. note [4], lettre 976) ; en mai 1668, Cosnac avait choisi de résigner sa charge de premier aumônier pour se retirer dans son diocèse de Valence.

À l’automne 1669, Cosnac avait obtenu du roi une permission de se rendre en Limousin, dont il avait profité pour venir incognito à Paris rencontrer Madame qui avait besoin de son aide pour organiser sa mission auprès de son frère, Charles ii, roi d’Angleterre. Ce voyage fut un complet fiasco : arrivé dans la capitale en novembre, l’évêque trouva par hasard refuge dans la maison d’un tireur d’or et fut arrêté comme faux-monnayeur sans avoir été reconnu ; on le mena à la Bastille où le quiproquo fut découvert ; attisée par Monsieur, son frère, la colère du roi éclata ; et sans avoir pu voir Madame, M. de Valence fut exilé à l’Isle-Jourdain en Gascogne (chef-lieu de canton du Gers) et ne fut rappelé dans son diocèse qu’en 1672.

2.

Cette affaire compliquée émut alors tout Paris. Guy Patin l’a évoquée du début à la fin de sa lettre et Olivier Le Fèvre d’Ormesson en a donné un récit plus explicite (Journal, tome ii, pages 579‑580, samedi 14 décembre 1669) :

« Ce même jour, le sieur Courboyer, gentilhomme, eut la tête coupée en Grève pour une calomnie dont l’histoire mérite d’être écrite. La Gudagne, dame de bonne famille, fille de Mme de Saint-Pater, sœur de M. le Premier, {a} mais femme très débauchée, avait marié sa fille cadette à un nommé La Motte, sieur d’Aunoy, homme sans naissance, qui avait fait sa fortune auprès de M. le duc de Vendôme et qui était riche. Cette fille était aussi débauchée que sa mère, qui l’y avait engagée, et elles vivaient ensemble l’une et l’autre dans le désordre. Elles avaient tiré, par le moyen de Courboyer, une obligation de cent huit mille livres de d’Aunoy avec une contre-lettre ; {b} et depuis, Courboyer avait retiré par artifice sa contre-lettre afin de pouvoir chasser d’Aunoy et se mettre en possession de son bien. Ils crurent qu’il fallait encore, pour le perdre, l’accuser d’avoir mal parlé contre le roi et lui faire son procès. En effet, le nommé Moizière, garde du corps, et le nommé Lamières, gentilhomme, qui ne savaient pas tout le mystère, en donnèrent avis à M. Colbert. D’Aunoy, qui s’était retiré à Luxembourg pour une taxe, est mis à la Bastille ; Moizières et Lamières, qui avaient déposé, lui furent confrontés. Ce misérable {c} se récriant que c’était une calomnie fait que Lamières se contredit parlant de Courboyer et enfin, avoue être faux témoin et que sa déposition et celle de Moizière étaient fausses. L’un et l’autre sont arrêtés, et Courboyer ensuite. L’instruction faite au Châtelet, ils sont tous trois condamnés à la mort avec assez peu de preuves. Sur l’appel, les juges se trouvèrent fort empêchés. Au Parlement, Courboyer, qui était bien allié, avait de puissantes sollicitations en sa faveur. L’affaire rapportée, Lamières, qui seul avouait son crime, fut aussi seul condamné à la mort, et les deux autres réservés à juger. Ce gentilhomme, qui était le moins criminel mais le plus sincère, dit, avant que d’être conduit au supplice, quantité de circonstances importantes contre Courboyer et Moizière, en sorte qu’il fallut chercher MM. Hervé et La Barroy, conseillers et commissaires, pour l’entendre ; ce qui dura, et l’heure de l’exécution étant passée, on la remit. Cependant, il témoignait une fermeté et un calme d’esprit admirables, souhaitant la mort et parlant de son exécution comme d’une chose étrangère ; il faisait pitié à tout le monde et M. le marquis de Villeroy venant voir à la Conciergerie Courcelles, l’ayant vu, en fit un rapport au roi à Saint-Germain. Pendant le dimanche et le lundi, jour de la Notre-Dame, {d} on découvrit de nouvelles preuves contre Courboyer. Le mardi, l’exécution de Lamières fut encore remise, pour la seconde fois, par ordre du roi. Le mercredi, Moizière fut jugé, condamné à la mort et exécuté après le dîner ; il confirma toutes les preuves contre Courboyer, qui fut jugé et condamné à mort. Lamières n’a point été exécuté et sa peine a été commuée par lettres. Le roi, toute la cour et tout Paris furent contents de cette justice, chacun ayant une extrême indignation d’une calomnie si noire, si méditée, si importante, et qui faisait injure au roi. »


  1. Henri de Beringhen, premier écuyer du roi.

  2. Acte secret, par lequel on déroge en tout ou en partie à ce qui est porté par un premier acte public.

  3. D’Aunoy.

  4. 9 décembre.

Avant cette relation, Olivier Le Fèvre d’Ormesson (ibid. page 576) a noté cette curiosité médicale et parlementaire :

« Le jeudi 28 novembre, je fus au Parlement pour entendre plaider M. de Bâville sur la transfusion de sang. {a} Il y avait un très grand monde […]. Le plaidoyer fut fort beau et prononcé de très belle grâce. »


  1. Bâville était Chrétien-François de Lamoignon (v. note [5], lettre 816). V. note [5], lettre latine 452, pour les premiers pas de la transfusion sanguine.

3.
V. note [16], lettre 970, pour le séjour de Soliman Aga à Issy.
4.

Jacques-Bénigne Bossuet (Dijon 1627-Paris 1704), surnommé l’Aigle de Meaux, avait été reçu docteur en théologie à la Sorbonne et ordonné prêtre en 1652. D’abord chanoine à Metz, il avait commencé à établir sa réputation en prêchant le carême de 1659 aux Minimes de la Place Royale, puis l’avent de 1661 devant Louis xiv qui était tombé en admiration devant son éloquence. Il avait volé ensuite pendant plus de dix ans de triomphe en triomphe, répandant des torrents d’éloquence du haut des chaires de Paris et de la cour. Nommé en 1669 évêque de Condom (v. note [25], lettre 98), Bossuet se démit de ce siège (où il ne résida jamais) pour se consacrer tout entier à l’éducation du dauphin, dont le roi le nomma précepteur en 1670. L’éducation du prince terminée, Bossuet devint premier aumônier de la dauphine, puis évêque de Meaux (1681) (G.D.U. xixe s.).

5.

« que tu le veuilles ou non, à tort ou à raison ».

6.

« La renommée est de tous les maux le plus véloce : la mobilité accroît sa vigueur et la marche lui donne des forces » : Virgile, Énéide, chant iv, vers 174‑175.

7.

« mieux vaut en tirer la leçon et s’en tenir à l’écart. »

8.

Incontinence : « vice opposé à la tempérance. Il faut des eunuques, des doubles grilles pour brider l’incontinence des femmes » (Furetière).

Au début de ce paragraphe, Guy Patin avait cité quatre ouvrages de Marin Cureau de La Chambre : {a}

9.

« L’avenir nous en apprendra d’autres, et peut-être de pires. »

10.

« Les juges sont autrement clairvoyants que de simples hommes ».

Charles Patin, après avoir été condamné par contumace aux galères perpétuelles, avait été radié de la Faculté de médecine de Paris le 10 février 1669 (v. les Déboires de Carolus).

11.

Les éditions précédentes parlent ici de « l’Hôtel de Ville », mais il n’est ni proche, ni derrière la place Royale (place des Vosges, dans le Marais). Je l’ai remplacé par « l’hôtel de Vitry », qui se situait à l’angle des actuelles rues des Minimes et de Turenne (ive arrondissement de Paris) et semble mieux correspondre. Cette demeure, aujourd’hui détruite, appartenait alors à Nicolas de Catinat (beau-frère de Claude Pucelle, v. note [9], lettre 589), qui fut maréchal de France en 1694.

12.

« c’est un grand charlatan ».

13.

« il ne fait injure à personne, il n’ôte à aucun la gloire qui lui est due. »

14.

Celui qui échappait à la décapitation, ce 7 décembre, n’était pas le marquis de Courboyer, mais Lamières, un des deux faux témoins qu’il avait soudoyés (vsupra note [2]).

15.

Nicolas-Édouard Olier, sieur de Fontenelle, etc., avait été conseiller du roi en ses Conseils d’État et privé, puis secrétaire du roi et de ses finances, avant de recevoir de son père l’office de grand audiencier de France en 1632. Popoff (no 1880) date sa mort subite du 27 novembre 1669. Sa sœur Marie et son beau-frère Simon Dreux d’Aubray (v. note [8], lettre 180) avaient tous deux été empoisonnés en 1666 par la marquise de Brinvilliers, leur fille (mais Olier n’a pas été une de ses victimes reconnues).

16.

Le pape Clément ix (élu le 20 juin 1667) venait tout juste de mourir à Rome, le 9 décembre. Pour le savoir cinq jours plus tard à Paris, Guy Patin devait être en intime relation avec des personnes parfaitement informées : le premier président Guillaume de Lamoignon, voire le cardinal de Retz (v. notule {a}, note [4], lettre 720). La Gazette a diffusé la nouvelle dans son ordinaire no 150 du 21 décembre, et le nonce Bargellini vint en informer officiellement le roi à Saint-Germain le 31 (Levantal).

17.

« pour l’heureux avènement à la papauté ».

Bertière b (page 519‑520) :

« Le 29 novembre 1669, il {a} fut atteint d’un mal si violent que les médecins ne lui donnaient que quelques jours de vie. L’ambassadeur prévint le roi {b} qui écrivit à Retz par courrier exprès : […] “ Vous vous mettrez en chemin […] avec le plus de diligence qu’il vous sera possible, surmontant, pour la considération de mon service, toutes les difficultés qui pourraient s’opposer à ce dessein, pour l’exécution duquel je veux espérer que Dieu vous donnera les forces et toute la santé nécessaires. ” »


  1. Le pape Clément ix.

  2. Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome ii, pages 578) : « Le lundi 9 décembre […]. Ce jour même, un courrier arriva de Rome avec nouvelles que le pape était à l’agonie. »

18.

« Ne soyons pas esclaves des habitudes ».

19.

« le peuple veut être trompé » (v. note [7], lettre 794).

20.

« La politique est l’art non tant de diriger que de tromper les hommes » (v. note [38], lettre 99).

21.

Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome ii, pages 578‑579) :

« Le samedi 14 décembre, M. le duc de Chaulnes avec M. de Bouillon {a} partirent pour Rome, le roi ayant envoyé au premier dix mille écus, au cardinal de Retz six mille, et au cardinal de Bouillon quatre mille. »


  1. Et le cardinal de Retz.

En dépit de sa piètre santé, Retz quitta Paris le 14 décembre et voyagea en compagnie du cardinal de Bouillon, par terre (jusqu’à Marseille) puis par mer, pour arriver à Rome le 16 janvier 1670 alors que le conclave était déjà commencé. Il n’aboutit cependant que le 29 avril suivant avec l’élection du cardinal Altieri (Clément x), favorable aux intérêts français.

22.

En 1669, la fête de la Conception de la Vierge tombait le dimanche 8 décembre ; on en reporta donc la célébration au lendemain (Levantal).

23.

« On dit que ces papiers contiennent beaucoup de choses horribles et sanglantes » ; second ajournement de l’exécution de Lamières, faux témoin repentant dans l’affaire Courboyer (v. supra note [2]).

24.

« Il vit cependant, et il jouit de la présence des dieux en colère, tandis que la province victorieuse se lamente » : Juvénal, v. note [19], lettre 247.

25.

Nommé cardinal le 29 novembre 1669, Giovanni Bona (Mondovi, Piémont 1609-Rome 1674) était entré au noviciat des cisterciens réformés de saint Bernard d’Italie à l’abbaye de Pignerol en 1625, puis s’était adonné à l’étude approfondie des Pères de l’Église. Il avait été élu en 1651 abbé général de sa congrégation (ordre qui avait pris en France le nom de feuillants, et pour qui le roi Henri iii avait fondé un couvent au faubourg Saint-Honoré en 1587).

Malgré la position du P. Bona en faveur du Formulaire (v. note [9], lettre 733), plusieurs de ses écrits lui valurent la sympathie des amis de Port-Royal ; il passait d’ailleurs pour favorable à leur traduction contestée du Nouveau Testament, et c’est pour cela que Guy Patin le qualifiait à tort de janséniste (Dictionnaire de Port-Royal, pages 190‑191).

26.

Exécution de Moizière (v. supra note [2]).

27.

« ce que Dieu veuille être vrai ». La reine mère d’Espagne, Marie-Anne d’Autriche (v. note [27], lettre 287), ne mourut qu’en 1696.

28.

« que les Bataves prennent garde à eux ».

29.

« Plus une autre fois ».


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 14 décembre 1669

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(Consulté le 28/03/2024)

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