L. 989.  >
À André Falconet,
le 25 juin 1670

Monsieur, [a][1]

La fille [2] de Vallot [3] est retournée aux Carmélites de la rue du Bouloi. [1][4] Il a quatre fils dont l’aîné est conseiller au Grand Conseil sans enfants, [5] le second est évêque de Nevers, [6] le troisième chanoine de Notre-Dame, [7][8] le quatrième capitaine aux gardes sans enfants, [9] < et > trois filles en religion. Sic transit gloria mundi[2] mais à qui passera tant d’argent acquis Dieu sait comment ? Que deviendront tant de secrets chimiques [10] et végétaux, tant de tartre vitriolé, [11] tant de préparations de laudanum [12] et de vin émétique ? [13] Que deviendra la fortune de ce géant ? Omnia pulvis erunt[3]

Le roi [14] se va baigner durant 15 jours à Versailles [15] avec une agréable compagnie. Mme la duchesse d’Orléans [16] est revenue de près du roi son frère. [4][17] On dit que M. le chancelier [18] empire, vix vivit propter summam virium imbecillitatem et vitream valetudinem[5] M. < Le > Pelletier [19][20] est homme de grand mérite et qui est dans l’approbation de toutes les honnêtes gens ; il est même cousin de M. Le Tellier, [21] secrétaire d’État[6]

J’ai eu aujourd’hui des nouvelles de mon Carolus. [22] Il est bien, Dieu merci, et en bonne santé à Strasbourg, où il voit souvent le fils de M. Spon. [7][23] Superanda omnis fortuna ferendo est[8][24] On examine chez M. le chancelier les articles du code criminel, [25] où M. Pussort, [26] qui l’a dressé, se défend fortement contre les objections. Ces Messieurs les députés ne < le > veulent point approuver. On croit qu’il est bien assuré de la faveur et que nititur iure suo ; [9] aussi veut-il que tout passe comme il est écrit. M. le lieutenant civil [27][28] n’avait que 37 ans. Natus parente podagrico, et ipse iam podagricus[10][29][30] il avait été débauché. Il est mort ex vomitu, abominabili quadam apositia cum febre lenta ; [11] et < par > une extrême avarice, par laquelle il voulait tout faire dans le Châtelet, [31] il était fort riche. Il pouvait ne se point tuer, Tam deest avaro quod habet, quam quod non habet, et hoc facit funestum pecuniæ desiderium eiusmodi hominibus, et Minus hanc optat qui non habet[12][32] Dieu soit loué de ce qu’il y a encore au monde d’honnêtes gens qui ne sont pas affamés et qui supportent plus facilement une douce pauvreté et même, qui soit fort éloignée de celle de Sénèque [33] qui avait plus de revenu que l’électeur de Saxe, [34] qui est le plus riche prince d’Allemagne. Ille parum in philosophia profecit, qui non audet paupertatem profiteri[13]

Je traite malade un des nôtres âgé de 73 ans, c’est M. Mentel, [35] fort malade. Il a de l’eau dans la poitrine. Il faillit à mourir l’an passé d’une cruelle dysenterie [36] atrabilaire. [14][37] Il est fort mélancolique [38] et abattu. Le cardinal Mazarin [39] mourut de cette même maladie. M. Blondel [40] et moi sommes les deux consultants ordinaires de M. Mentel, [41] il y vient pourtant d’autres médecins ses amis. On dit que Mme Colbert [42] a un frère conseiller de la Cour, nommé M. Charon de Ménars, [43] qui pourrait bien devenir lieutenant civil, mais je ne le crois pas. [15] La fortune de M. Colbert [44] va bien par-dessus toutes ces dignités populaires. M. le chancelier a eu depuis peu des douleurs néphrétiques [45] et a vidé des petites pierres. On dit aujourd’hui qu’il est mieux, sed constat de calculo latente in vesica, quod mihi videtur esse pessimum[16]

M. le chancelier a été sondé, [46] on a senti la pierre qui n’est pas aisée à tirer. À tel âge tout y est à craindre, Luctus ubique, pavor, et plurima mortis imago[17][47] M. le duc d’Enghien [48] a eu deux fils qui sont deux princes du sang, deux beaux et précieux rejetons de saint Louis, [49] dont l’aîné, qui est M. le duc de Bourbon, est ici fort malade. Ardentibus votis exopto ut feliciter convalescat[18] mais je le tiens en danger duplici nomine, nempe ratione morbi, qui est prava diathesis viscerum cum febre, et ratione medici, qui non sapit quantum satis est[19] j’entends M. Bourdelot, [50][51] qui est extravagant et grand hâbleur. Ces gens-là sont ordinairement trop bien reçus chez les princes, et bien souvent non sans regret, imo non sine pænitentia[20] pour me servir ici d’un terme que Cicéron [52] n’a jamais employé, ni prononcé, et cui nec nomen Tullius ipse dedit[21][53] à ce qu’en a dit un des plus beaux esprits du siècle passé, qui a été Alciat in Emblemata[54] qui méritait bien un chapeau de cardinal, mais un vieux renard le trompa. [22] Nous n’avons ici pour toutes maladies que quelques fièvres tierces [55] et des fluxions sur la poitrine qui sont de deçà en usage dès le mois de décembre passé, ex quo morbi genere multi perierunt ; [23] mais la plupart de nos malades ont les jambes enflées et les pieds œdémateux, ce qui me fait appréhender l’hydropisie, [56] ex prava diathesi viscerum[24] pour l’automne prochain ; et l’hiver suivant, les doubles tierces et les quartes [57] ne manqueront pas aussi car tout le monde est ici fort mélancolique.

Ce 24e de juin. Je viens de voir notre M. Mentel, son mal le presse et le menace trop souvent. Outre les mauvaises nuits qui lui sont trop ordinaires, il a toujours les jambes et les pieds enflés, et sæpe tentatur vomitu, præsertim irritato ventriculo a medicamentis purgantibus, quorum usu etiam frequenti tamen levatur[25][58] Il est ici mort un vieux médecin nommé M. Du Puy, [59] âgé de 86 ans. Il l’était de Mme la princesse Palatine, [60] il n’était point de notre Faculté, il avait autrefois demeuré à Nevers. [61] C’était un homme sage, fin, déniaisé, fort savant et bon philosophe, il raisonnait bien en notre métier, en bon français, artem vitæ intellexit ; [26] et pourtant, il est mort aussi bien que Patrocle. [27][62] J’ai vu quelque chose du manuscrit qu’il avait fait, qui partait du bon endroit. [28] Il pouvait avec raison dire après Martial, [63] Hominem pagina nostra sapit[29] On ne parle ici que de M. le chancelier qui fait souvent des pierres. Lapis templum Domini destruit, lapis adstruit, sit nomen Domini benedictum[30] Le roi fait bâtir à Versailles [64] où il y a quantité de bons ouvriers en toutes sortes de bâtiments et d’ornements de maisons royales. On purge [65] M. le chancelier avec soulagement. Calor nativus infirmior in senibus, magnum facit excrementorum proventum, inde maior frequentis purgationis necessitas[31] Je vous baise très humblement les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 25e de juin 1670.


a.

Bulderen, no dxxiii (tome iii, pages 386‑390) ; Reveillé-Parise, no dcccxiv (tome iii, pages 753‑756).

1.

V. notule {a}, note [6], lettre 758, pour le couvent carmélites de la rue Bouloi à Paris.

2.

« Ainsi passe la gloire du monde » : sorte de Memento mori [Souviens-toi que tu es mortel] qu’on adressait rituellement au souverain pontife lors de son élévation pour lui rappeler la fragilité de toute puissance humaine.

Ferdinand Vallot, chanoine de Notre-Dame et docteur en théologie, fut reçu conseiller clerc au Parlement de Paris en 1677 (Popoff, no 2414) ; son frère, conseiller au Grand Conseil, se prénommait Léon (ibid., 2013) ; v. note [2], lettre 988, pour Édouard, évêque de Nevers. Je n’ai rien trouvé de plus sur leur frère, capitaine aux gardes.

3.

« Tout redeviendra poussière. »

4.

Madame était revenue d’Angleterre le 12 juin.

Mlle de Montpensier (Mémoires, seconde partie, chapitre xi, pages 137‑138) :

« On retourna à Saint-Germain. Madame arriva d’Angleterre. Monsieur ne fut point au-devant d’elle et empêcha le roi d’y aller, il l’en pria instamment. Le soir qu’elle arriva, elle était belle comme un ange, si honnête, si civile ; tout le monde en fut fort satisfait ; le roi la reçut parfaitement bien. Monsieur n’en fit pas de même. Le lendemain elle garda le lit, elle était fatiguée de son voyage. Tout le monde la fut voir, elle me parut fort chagrine. Je ne lui parlai point en particulier, toute la cour y étant. Je lui demandai des nouvelles du roi d’Angleterre et du duc d’York. Elle me dit qu’elle leur avait fait mes compliments et qu’ils étaient tous deux toujours fort de mes amis ; que la reine d’Angleterre lui avait paru une bonne femme, qui n’était pas belle ; mais qu’elle était si honnête, si complaisante, que cela la faisait aimer ; que la duchesse d’York {a} avait infiniment de mérite et qu’elle en était fort contente. »


  1. Anne Hyde, v. note [2], lettre 647.

5.

« il survit à peine, en raison d’une extrême débilité des forces et d’une santé fragile comme le verre. »

6.

Claude Le Pelletier (1631-1711), seigneur de Villeneuve-le-roi, avait été reçu conseiller au Châtelet en 1652, puis au Parlement de Paris (1654) en la quatrième Chambre des enquêtes, qu’il présidait alors ; élu prévôt des marchands de Paris en 1668, il se maintint dans ce poste jusqu’en 1676. Louis Le Pelletier, père de Claude, était par sa mère, Magdelaine Chauvelin, cousin germain de Claudine Chauvelin, la mère de Michel Le Tellier (Popoff, nos 132 et 1950). Claude Le Pelletier avait été candidat malheureux à la succession du lieutenant civil Simon Dreux d’Aubray en 1666 (v. note [5], lettre 877) ; par nouveau crime de la marquise de Brinvilliers (v. note [3], lettre 987), la charge, transmise à Antoine D’Aubray, redevenait vacante, et sans doute Le Pelletier la briguait-il une seconde fois.

7.

L’annexe sur Jacob Spon et Charles Patin, premiers éditeurs des Lettres (1683) contient plusieurs extraits de leur correspondance, éditée par Yves Moreau. La lettre 27 (pages 118‑119) de sa thèse (Lyon, 2013, v. notre Bibliographie) est celle que Charles a écrite à son ami, {a} datée de Neustadt (Bade-Wurtemberg) le 17 février 1670 :

« […] J’espère vous aller voir dans quinze jours. Je ne sais si MM. Paulli et Brackenhoffer {b} m’auront arrêté une maison. Je m’y allai pourtant, ma femme prétend y avoir dès que j’y serai. {c} Je voudrais avoir un jardin, et ensuite nous nous accommoderons de meubles et de divertissements le mieux que nous pourrons. Si vous voulez bien vous en mêler un peu et les presser, l’affaire avancerait encore davantage. On peut traiter et à mon arrivée, je ratifierai. Surtout, la condition des trois mois ne doit pas être oubliée afin que, si par un prompt retour de France ou autrement, j’étais obligé de quitter cette maison, j’en fusse quitte pour mon quart d’an, consentant pourtant de les payer par avance, de quartier en quartier, si cela était prêt. {d} J’irais descendre tout droit en arrivant à Strasbourg ; j’y fais partir un lit, une tapisserie et quelques hardes que j’ai en différents endroits. Je ne sais s’il n’y aurait aucune diligence à faire pour avoir la protection de la ville. M. Frid {e} m’a dit qu’il n’y avait aucune difficulté, mais je n’ose vous donner cette peine de vous en mêler. […] »


  1. Jacob Spon (v. note [6], lettre 883) séjournait alors à Strasbourg.

  2. Simon ii Paulli, libraire-imprimeur de Strasbourg, a correspondu avec Guy Patin. Andreas Brackenhoffer était ammeistre (échevin) de cette même ville.

  3. Sic, sans doute pour : « Je m’y en irai pourtant, ma femme prétend y aller dès que j’y serai » ; v. note [1], lettre 744, pour Madeleine Patin, née Hommetz, épouse de Charles.

  4. Charles ne voulait s’engager que pour un bail reconductible tous les trois mois (trimestre ou quartier), dans l’idée qu’il pourrait avoir à déménager inopinément, avec même l’espoir toujours bien vivace de pouvoir rentrer en France.

  5. Syndic de Strasbourg, qui avait sans doute garanti à Charles d’y séjourner sans être inquiété par la condamnation aux galères du roi de France qui lui pesait sur les épaules.

8.

« Quelle que soit la fortune, il faut la surmonter avec patience » (Virgile, v. note [2], lettre 46).

9.

« il [Pussort] s’appuie sur son autorité ».

10.

« Né d’un père podagre, et lui-même déjà podagre ». V. note [3], lettre 987, pour l’assassinat par empoisonnement de Simon Dreux D’Aubray, lieutenant civil du Châtelet ; son hérédité goutteuse et son passé de débauche n’y avaient vraiment compté pour rien.

11.

« de vomissement et d’une sorte d’abominable dégoût des aliments, avec une fièvre lente ».

12.

« “ Il manque à l’avare autant ce qu’il a que ce qu’il n’a pas ”, {a} et pour ce genre d’hommes, cela crée un désir funeste d’argent ; mais “ celui qui n’en possède pas en a moins le désir ”. » {b}


  1. Proverbe latin, notamment cité par Quintilien (Institution oratoire, livre ix, chapitre 3, § 64), comme exemple de sunoïkeïôsis (rapprochement rhétorique entre deux termes contraires).

  2. Juvénal, Satire xiv, vers 140.

13.

« Qui n’ose pas professer la pauvreté a peu tiré profit de la philosophie. » Comme Guy Patin, quantité de critiques ont blâmé Sénèque le Jeune pour le contraste entre son immense fortune et la rigueur stoïque de sa philosophie ; à commencer par Tacite (Annales, livre xiii, chapitre xlii) :

Nec Suillius questu aut exprobratione abstinebat, præter ferociam animi extrema senecta liber et Senecam increpans infensum amicis Claudii, sub quo iustissimum exilium pertulisset. Simul studiis inertibus et iuuenum imperitiæ suetum livere iis, qui vividam et incorruptam eloquentiam tuendis civibus exercerent. Se quæstorem Germanici, illum domus eius adulterum fuisse. An gravius æstimandum sponte litigatoris præmium honestæ operæ adsequi quam corrumpere cubicula principum feminarum ? Qua sapientia, quibus philosophorum præceptis intra quadriennium regiæ amicitiæ ter milies sestertium parauisset ? Romæ testamenta et orbos velut indagine eius capi, Italiam et provincias immenso fœnore hauriri : at sibi labore quæsitam et modicam pecuniam esse. Crimen, periculum, omnia potius toleraturum, quam veterem ac domi partam dignationem subitæ felicitati submitteret.

[De tempérament violent et suffisamment âgé pour être libre de ses propos, Suillius {a} ne ménageait ni plaintes ni reproches. Il blâmait Sénèque pour en avoir voulu aux amis de Claude, {b} à cause de l’exil auquel cet empereur l’avait très légitimement condamné. Il le disait habitué aux études insipides et à l’aise face à l’inexpérience des jeunes gens, mais jaloux de ceux qui consacraient leur vigoureuse en intègre éloquence à la défense des citoyens. Quand Suillius avait été le défenseur de Germanicus, Sénèque avait été le corrupteur de sa maison. {c} Était-ce donc pire crime de percevoir la récompense d’un travail honorable, que de souiller la couche des princesses ? Quelle sagesse, quels préceptes des philosophes, avaient appris à Sénèque l’art d’entasser, en quatre ans de faveur, trois cents millions de sesterces ? À Rome, il capturait, comme en ses filets, testaments et vieillards sans héritiers ; les immenses profits de ses usures épuisaient l’Italie et les provinces. Pour lui, le labeur acharné n’était source que d’argent mendié et méprisable ; accusation, danger, il tolérait tout, préférant délaisser l’ancien renom qu’il s’était acquis chez nous pour s’enrichir rapidement].


  1. Publius Suillius Rufus était un redoutable orateur romain, que Tacite qualifiait de corrompu.

  2. Empereur romain (v. note [64], lettre 215), prédécesseur et père adoptif de Néron, dont Sénèque a été le précepteur.

  3. V. note [4], lettre 1001, pour Germanicus, époux d’Agrippine l’Aînée et grand-père de Néron.

14.

V.  le dernier paragrapge de la lettre à André Falconet datée du 8 septembre 1669.

15.

Jean-Jacques ii Charon, marquis de Ménars (mort en 1718), fils de Jean-Jacques i (v. note [10], lettre 740) et frère de Marie (v. note [4], lettre 956), épouse de Jean-Baptiste Colbert, avait été reçu conseiller au Parlement de Paris en 1665, en la deuxième Chambre des enquêtes. Plus tard, sans en effet avoir été lieutenant civil (la charge échut à Jean Le Camus en septembre 1671), il devint maître des requêtes (1674), puis président à mortier (1691) (Popoff, nos 77 et 894).

16.

« mais on convient qu’il y a un calcul tapi dans la vessie, ce qui me semble la pire des choses » (j’ai remplacé par constat le constare des premiers transcripteurs).

17.

« Partout l’épouvante et la mort aux multiples visages » (Virgile, v. note [11], lettre 149 ; avec Multus pour Luctus dans les précédentes éditions).

18.

« Je souhaite de tous mes vœux qu’il guérisse heureusement ».

19.

« pour deux raisons, dont la première vient de la maladie, qui est une mauvaise diathèse [disposition, v. note [4], lettre latine 17] des viscères avec fièvre, et la seconde du médecin, qui n’a pas le sens de la modération ».

Le duc Henri de Bourbon, premier fils du duc d’Enghien (Henri-Jules de Bourbon-Condé, fils du Grand Condé), né le 5 novembre 1667 (v. note [4], lettre 927), allait mourir le 5 juillet 1670 ; son frère cadet, futur « Monsieur e Duc », portait le même prénom que son père (v. note [2], lettre 946).

20.

« et je dirai même non sans repentir ».

21.

« et à quoi Tullius {a} n’a pas même donné de nom ».

Je n’ai pas trouvé celui de ses 212 Emblemata [Emblèmes], ou celui des ses autres ouvrages, où André Alciat {b} a déploré l’absence totale du repentir chez Cicéron. En revanche, dans l’épigramme xii d’Ausone, {c} intitulée In simulacrrum Occasionis et Pænitentiæ [Sur une statue des déesses Occasion et Repentance], Pænitentia répond à qui lui demande qui elle est (vers 10) :

Sum Dea, cui nomen nec Cicero ipse dedit.

[Je suis la déesse à qui Cicéron n’a pas même donné de nom].


  1. Cicéron.

  2. Au xvie s., v. note [19], lettre 229.

  3. Au ive s., v. note [9], lettre 335.

22.

Ce « vieux renard » était le pape Paul iii (v. note [45] du Naudæana 3) qui aurait essayé de faire venir André Alciat à Rome ; mais, dit Bayle, il préféra continuer d’enseigner le droit à Bologne, Ferrare puis Pavie, plutôt que se laisser séduire par une vaine promesse de chapeau rouge.

23.

« genre de maladie dont beaucoup ont péri ».

24.

« par mauvaise diathèse des viscères » : v. supra note [19].

25.

« et il est souvent incommodé de vomissement, surtout parce qu’il a l’estomac irrité par les médicaments purgatifs, dont l’usage répété le soulage pourtant. »

Jacques Mentel {a} mourut le samedi 26 juillet 1670, et fut enterré le lendemain en l’église Saint-Étienne-du-Mont, {b}

cum magna funebri pompa, expectans resurrectionem mortuorum ; pro illius animæ salute more solito obitus celebratus fuit in sacello Scholarum die Sabbathi 2 Augusti 1670.

[avec grande pompe funèbre, en attendant la résurrection des morts ; comme de coutume, un obit {c} a été célébré pour le salut de son âme, en la chapelle des Écoles, le samedi 2 août 1670].


  1. V. note [6], lettre 14.

  2. Comment. F.M.P., tome xv, page 396, Obitus Doctorum, v. note [5], lettre 967 ; v. note [4], lettre 318, pour Saint-Étienne-du-Mont.

  3. Messe en souvenir d’un défunt.

26.

« il a compris l’art de la vie ».

Michel de Marolles, abbé de Villeloin, a parlé du médecin Jean Dupuy (ici Du Puy) dans ses Mémoires, {a} à la Généalogie des Dupuy, au pays de Forez, d’où je suis issu, à cause de Magdelaine Dupuy, dans la descendance de Louis Dupuy (génération v, page 410) :

« En troisièmes noces, étant âgé de cinquante-huit ans, il épousa Mademoiselle Jeanne Aumaistre, de Marcigny, {b} qui était encore vivante en l’an 1637, âgée de 78 ans ; et Louis Dupuy décéda à Marcigny âgé de 83 ans, el 12e jour de juin 1609, maissant de son épouse quatre fils, savoir,


  1. Les Mémoires de Michel de Marolles, abbé de Villeloin. {a} Divisés en trois parties. Contenant ce qu’il a vu e plus remarquable en sa vie, depuis l’année 1600. Ses entretiens avec quelques-uns des plus savants hommes de son temps. Et les Généalogies de quelques familles alliées dans la sienne, avec une brève description de très illustre Maison de Mantoue et de Nevers. {b}

    1. V. note [72], lettre 183.

    2. Paris, Antoine de Sommaville, 1656 et 1657, in‑4o en deux volumes de 448 et 272 pages, reliés ensemble.
  2. Petite ville du Nivernais dans l’actuel département de Saône-et-Loire.

  3. V. note [11], lettre 18, pour Charles ier de Gonzague, duc de Nevers, de Rethel, de Mantoue et de Montferrat, et pour sa fille Louise-Marie, surnommée la Princesse Marie, qui devint deux fois reine de Pologne.

  4. Anne ou Anne-Marie de Gonzague-Mantoue (v. note [10], lettre 533) sœur cadette de la princesse Marie et épouse d’Édouard de Bavière.

27.

Patrocle, écuyer et ami d’Achille, en dépit de toute sa bravoure, mourut au combat de la main d’Hector. V. notule {d}, note [19] du Grotiana 1 pour de plus amples détails sur les mésaventures d’Achille, héros grec de la guerre de Troie.

28.

Endroit « se dit figurément des choses incorporelles, pour signifier le côté le plus beau, le plus brillant. Un panégyrique fait voir les gens du beau côté, par le bel endroit. Il ne faut pas regarder ce livre par le style, mais par sa doctrine solide, c’est son bel endroit » (Furetière).

Je n’ai pas trouvé trace imprimée du manuscrit de Jean Du Puy dont Guy Patin parlait avec éloge.

29.

« c’est véritablement à l’homme que s’intéresse notre livre » : Martial, Épigrammes, livre x, iv, vers 10.

30.

« “ Une pierre a détruit le temple du Seigneur, une pierre l’a bâti ”, {a} que soit béni le nom du Seigneur. »


  1. Devise gravée au-dessus du porche de l’église Saint-Étienne-du-Mont à Paris (v. supra notule {b}, note [25]), par allusion à la lapidation du saint éponyme, qui fut le premier martyr de la chrétienté.

31.

« La chaleur innée [v. première notule {a}, note [14], lettre 150] est plus faible chez les vieillards ; elle a provoqué une grande production d’excréments, ce qui rend la fréquente purgation fort nécessaire. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 25 juin 1670

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0989

(Consulté le 25/04/2024)

Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.