L. 1031.  >
À Johann Caspar I Bauhin,
le 20 mars 1670

M. Bauhin.

Monsieur, [a][1]

Je vous souhaite le bonjour et ne vous écris la présente que pour vous assurer de mon très humble service. Nous n’avons ici rien de nouveau, sinon que l’on parle de la mort du roi de Danemark, et même de celle du roi de Portugal. [1][2][3] Nous n’avons ici rien qui vaille en livres, ôté une troisième édition des opuscules de M. Chicot, qui est tout autrement meilleure que la première. Author ipse adhuc vivit[2][4] il a été plusieurs années médecin du roi par quartier, il a plus de 80 ans. Non omnibus datum est habere nasum[3][5] personne n’est assuré d’aller si loin. Depuis l’an 1624 que vous étiez ici, j’en ai vu mourir 108 plus vieux que moi, et 64 plus jeunes. Quoi qu’il en arrive, j’espère d’aller jusqu’au bout, il y en a encore six devant moi. [4][6][7] Toto animo Tibi opto longævitatem[5] et l’honneur de vos bonnes grâces. Adieu Monsieur, et croyez que je serai toute ma vie, de toute mon affection,

Tuus et suus, Guido Patin[6]

De Paris, ce 20e de mars 1670.


a.

Universitätsbibliothek Basel, cote Handschriften. SIGN.: G2 I 9:Bl. 96 (v. note [a], lettre 1020) : autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite « À Monsieur/ Monsieur [Johann Caspar i] Bauhin,/ Docteur en Médecine, et/ Professeur en l’Université/ À Bâle » ; annotation du destinataire au coin supérieur gauche de la feuille, « 1670. Martii 30. [30 mars julien “ ancien style ”/ 9 avril grégorien, “ nouveau style ”]/ M. Patin ».

1.

Roi de Danemark et de Norvège depuis 1648 (v. note [34], lettre 219), Frédéric iii était mort à Copenhague le 9 février 1670, laissant la couronne à son fils Christian v.

Destitué pour incapacité en 1667 et relégué aux Açores, le roi du Portugal, Alphonse vi (v. note [8], lettre 457), ne mourut qu’en 1683.

2.

« Cet auteur est encore en vie ». V. note [7], lettre 990, pour la 3e édition des Epistolæ et dissertationes medicæ de Jean Chicot (Paris, 1669).

3.

« Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir le nez fin » : Martial, v. note [2], lettre 736.

4.

Accablé de dettes et de chagrins en sa 69e année d’âge, Guy Patin ne caressait plus que l’espérance lucrative et honorifique de devenir le plus ancien maître (antiquior magister), le doyen d’âge (decanus senior) ou l’ancien, comme on disait plus brièvement (v. note [20], lettre 17) : Dieu seul le choisissait pour la Compagnie des docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris ; il jouissait de doubles émoluments et il avait son nom en tête de leur catalogue annuel.

L’ancien était alors (tableau du 14 novembre 1669) Pierre de Beaurains (v. note [15], lettre 336), reçu docteur régent en novembre 1618, soit neuf ans avant Patin, qui était séparé de lui par (2) François Pijart, (3) Claude Quiquebœuf, (4) Philippe Hardouin de Saint-Jacques, (5) Hermand de Launay, (6) Philibert Morisset, (7) Jacques Thévart.

5.

« De tout cœur, je vous souhaite longue vie ».

6.

« Vôtre et sien [à l’adresse de Hieronymus, fils de Johann Caspar i Bauhin], Guy Patin. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Caspar I Bauhin, le 20 mars 1670

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1031

(Consulté le 29/03/2024)

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