L. latine 20.  >
À Thomas Bartholin,
le 28 mars 1652

[Ms BIU Santé no 2007, fo 20 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Thomas Bartholin, très savant médecin et professeur royal d’anatomie en l’Université de Copenhague. [a][1]

Je fus tout transporté d’une immense joie quand je reçus des mains de votre très cher et agréable frère, Érasme Bartholin, [2] votre lettre datée de Copenhague le 28e de février. [1] Elle m’apprend et votre bonne disposition, ce dont tous les hommes de bien louent le Créateur, et votre générosité à mon égard, sous la forme de plusieurs livres dont vous avez souhaité me gratifier et enrichir ma bibliothèque. [3] Je recevrai ceux-là ou d’autres quand Dieu voudra. Je n’ignore point en effet les difficultés que rencontreront en chemin les marchands qui doivent les voiturer jusqu’ici, en raison des tumultes de la guerre. [2][4] Dieu fasse aussi que vous receviez rapidement et sans dommage ceux que j’ai confiés il y a un mois à votre frère Érasme pour vous les porter au Danemark ; pour la même raison, difficultés et perturbations vous affecteront aussi. Ici chez nous, on imprime le nouveau livre de M. Riolan, le plus ancien maître de notre École. [3][5][6] Il aura deux parties et contiendra de nombreux traités sur des sujets fort divers : la transposition de la rate et du foie chez un sicaire qu’on avait arrêté au mois de novembre, au début de mon décanat, l’an de grâce 1650 ; [7][8] un traité spécial sur la circulation du sang, contre Harvey, médecin anglais, premier découvreur d’un si grand mystère ; [9][10] un autre contre M. Gassendi, professeur du roi et très savant homme ; [11] un autre contre Pecquet, anatomiste natif de Dieppe ; [12][13] un autre contre Nathaniel Highmore, auteur d’une récente Anatomie, et professeur en l’Université d’Oxford ; [14] un autre contre Markward Schlegel, très célèbre médecin de Hambourg ; [15] et d’autres encore. Il s’y trouvera aussi la seconde partie de l’Encheiridium anatomicum et pathologicum[4] L’édition de tout cela sera achevée avant le mois de juin. Le moment venu, je remettrai ce livre à votre frère Érasme pour qu’il vous l’envoie aussitôt, et encore tout frais sorti de la presse.

Puisque, m’écrivez-vous, vous prenez plaisir aux observations de l’art médical, et que vous me demandez de vous en communiquer, en voici une que je vous soumets. Si le loisir de les rédiger ne me manquait pas, je vous en fournirais bien sûr d’autres, tout aussi rares qu’insolites.

Un gentilhomme champenois, intelligent et parfaitement accompli, pourvu d’un tempérament sanguin et mélancolique inné, [16][17] bien doté en savoir des sciences et des lettres, avait guerroyé plusieurs années au service de notre roi très-chrétien ; puis las de cette vie pénible, il s’était retiré pour étudier le droit civil. Il s’y était si sérieusement consacré qu’il y excellait en tout point avec facilité. Séjournant à Paris, au début de l’an 1650, il fut pris de fièvre avec des douleurs au dos et aux lombes, ainsi qu’un curieux tremblement de tout le corps (qui se dissipa heureusement en peu de jours) et qu’un écoulement hémorroïdal, certes lent et faible, mais dolent. [18] Après quelques jours, ces deux symptômes s’étant augmentés, on lui amena un savant praticien dont il refusa le secours, n’espérant aucun effet des prescriptions des médecins car il disait souffrir d’un mal incurable. Quand le médecin lui demanda pourquoi il jugeait ce genre de maladie désespéré et irrémédiable, il répondit que son affection était magique, qu’il était possédé par les maléfices des sorciers, qui abondaient dans une région où il avait combattu pendant quelques années [Ms BIU Santé no 2007, fo 20 vo | LAT | IMG] (il voulait dire la Lorraine, comme je l’ai compris aussitôt après sa mort). [19][20] Ayant dit cela, il renvoya ce médecin. Cependant, le mal empirant et la fièvre s’échauffant, je fus amené à son chevet sur les prières de ses amis et lui administrai des remèdes pendant quelques jours : [21] en raison de la fièvre pressante, on lui tira quatre fois du sang ; [22] il était fort impur et tout à fait corrompu, et de nature bien autre que celle du bon sang nourricier ; ce qui me fit augurer une issue incertaine et douteuse de la maladie. Il sembla néanmoins se porter un peu mieux. Aux saignées, dont on avait progressivement réduit le volume, succéda la purgation douce [23] avec moelle de casse, [24] séné [25] et sirop de roses pâles vieilli, [26] pour éviter tout irritation ; ce sirop, quand il est nouveau et fraîchement préparé, purge en effet à la manière des scammonées. [27] Cette évacuation le soulagea si bien qu’il en vint de bon cœur à espérer une convalescence et à ne plus tant tenir sa maladie pour incurable. Après avoir ainsi remédié on le purgea de nouveau à quatre reprises, en y ajoutant parfois une drachme de diaprun laxatif. [28] Il supplia alors qu’on lui accordât quelques jours de repos et me congédia. Ces jours-là, il prit une certaine eau distillée de chairs et de cœur de cerf qu’une bonne femme lui avait administrée d’autorité, comme étant le plus éminent contrepoison des arts magiques, et pour revigorer le cœur, comme disent les charlatans ; mais en vain et sans aucun succès, et même en empirant les choses. [5][29][30] C’est pourquoi, comme il avait beaucoup abusé du vin, et ce tout pur, [31] et que la fièvre augmentait, on me demanda de le revoir. Je découvris que tout avait fort empiré, avec en particulier un teint cadavéreux du visage et une puanteur du corps que nul ne pouvait supporter. Trois de nos anciens, Jean Riolan, prince des anatomistes et plus ancien maître de notre École, Jacques Perreau et René Moreau, professeur royal, hommes très sages et du meilleur conseil, se joignirent à moi pour une consultation ; [32][33] nous vîmes qu’il ne subsistait aucun espoir de salut en raison de l’extrême prostration des forces et d’une certaine obnubilation qui s’était emparée du patient avec délire intermittent, dont il mourut deux jours plus tard.

À la dissection du cadavre, [34] tous les intestins apparurent d’une extrême pâleur, par une ancienne intempérie bilieuse qui avait prévalu toute la vie durant, [35] mais sans la moindre altération de leur structure. En pressant légèrement les deux poumons, s’en écoulait une sérosité putride et fétide. La substance du cerveau baignait dans une abondance de sérosité semblable à du petit-lait, dont la couleur tirait sur le vert ; une partie s’en était écoulée dans l’épine dorsale, expliquant ce tremblement qui était survenu au début de la maladie. Quelle a donc été la cause de la mort ? C’était un énorme abcès qui était caché dans le pancréas, qu’il occupait en totalité, avec [Ms BIU Santé no 2007, fo 21 ro | LAT | IMG] quantité de pus et puanteur intolérable : un pus, dis-je, tout à fait putréfié et verdâtre, dont l’acrimonie engloutissait et avait dilacéré la glande tout entière. La véritable et certaine cause de la mort a donc été une horrible destruction et une putréfaction extrême de tout le pancréas, mais ni les maléfices, ni les enchantements, ni les arts magiques ; sornettes dont l’esprit humain a coutume de se torturer, qui sont des fictions et de pures fadaises. Il vous appartient, très savant Bartholin, de comprendre et de décider ce qu’il eût fallu faire, et par quel art ou quels autres remèdes on eût pu venir à bout d’un si grand mal. Pour moi, certes, je pense qu’il s’est agi d’une maladie tout à fait irrémédiable et mortelle en soi. [6][36] Si vous voulez bien, vous m’écrirez quelque jour ce que vous en pensez. Vale, vous qui êtes le plus agréable et le plus sincère des amis, et continuez de m’aimer comme vous faites.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin, natif de Beauvaisis, docteur en médecine de Paris et doyen de la très salubre Faculté.

Écrit à la hâte de Paris, le jeudi 28e de mars 1652. [7]


a.

Brouillon autographe (v. infra note [7]) d’une lettre que Guy Patin a envoyée à Thomas Bartholin, ms BIU Santé no 2007, fos 20 ro‑21 ro ; imprimée dans Bartholin a, Centuria ii, Epistola xxiii (pages 473‑478), De Morbo Magico [À propos d’une maladie magique].

1.

Cette lettre n’a pas laissé de trace. Érasme Bartholin, le plus jeune frère de Thomas, parcourait alors l’Europe pour étudier (v. note [17], lettre 236).

2.

La guerre civile, ou Fronde des princes, agitait alors gravement la France.

3.

Opuscula anatomica varia ac nova… [Opuscules anatomiques divers et nouveaux…] de Jean ii Riolan (Paris, 1652), dont le contenu complet est détaillé dans la note [30] de la lettre 282.

4.

V. note [7], lettre 272, pour la Corporis humani disquisitio anatomica [Exploration anatomique du corps humain] (La Haye, 1651) de Nathaniel Highmore, dont Guy Patin enflait le titre de sociétaire du Trinity College en celui de « professeur en l’Université d’Oxford » (Professor in Academia Oxoniensi).

La pars altera [seconde partie] de l’Encheiridium anatomicum et pathologicum… [Manuel anatomique et pathologique…] de Jean ii Riolan (Paris, 1648, v. note [25], lettre 150) est une dénomination énigmatique : ici, comme ailleurs dans ses lettres (v. notes [30], lettre 282, et [6], lettre 286), Patin appelait sans doute ainsi un traité particulier des Opuscula anatomica varia et nova (1652, v. supra note [3]), intitulé Anatome pneumatica [Anatomie pneumatique] (pages 167‑173, v. note [9], lettre 307), voire de l’ensemble des traités qu’ils contiennent. V. note [37], lettre 514, pour la réédition posthume de l’Encheiridium en 1658.

5.

La pharmacopée empirique employait le cœur de cerf, ou plus exactement l’os qu’il contenait (Dictionnaire raisonné universel de matière médicale…, Paris, Didot le jeune, 1778, in‑8o, tome premier, page 709) :

« De la largeur du bout d’un pouce, il est triangulaire et a peu d’épaisseur ; c’est une portion de l’aorte ossifiée ; aussi ne se rencontre-t-il que dans les vieux cerfs. […] Les anciens ont beaucoup vanté l’os de cœur de cerf ; ils ont dit que c’était un antispasmodique, un diaphorétique, {a} un alexitère, {b} un cordial. » {c}


  1. Sudorifique.

  2. Contrepoison.

  3. Ou cardiaque, v. note [28], lettre 101.

Autrement appelé croix de cerf (« petit cartilage en forme de croix, qui se trouve dans le cœur du cerf », Littré DLF), ce curieux médicament entrait dans la composition de la confection d’hyacinthe (v. note [9], lettre 5). La thèse de Charles Guillemeau sur la « Médecine d’Hippocrate » (Paris, 1648) contient une observation sur l’os du cœur d’un cerf, à laquelle Guy Patin a probablement mis la main.

6.

Ces descriptions cliniques et anatomiques suggèrent aujourd’hui un diagnostic de pancréatite aiguë (nécrose du pancréas), liée à une lithiase biliaire ou à un alcoolisme ; c’est une affection toujours grave, qui reste parfois mortelle.

Thomas Bartholin jugea la relation de Patin digne du plus grand intérêt car en plus d’imprimer sa lettre, il en a fait l’observation xxxix de la 2e centurie (v. note [8‑4], lettre 357) de ses Historiarum anatomicarum variarum (Copenhague et La Haye, 1654, v. note [18], lettre 352).

7.

La souscription est différente dans la lettre imprimée : Scripsit filius me dictante Parasiis, die Jovis 28. Martii, 1652 [Écrit par mon fils sous ma dictée, le jeudi 28e de mars 1652].

Le brouillon était autographe, mais en dépit de son impeccable présentation, Guy Patin avait préféré qu’un de ses fils le recopiât. Peut-être voulait-il le conserver, tant il jugeait précieuse l’observation qu’il contenait. C’était sans doute pure coquetterie de sa part de dire qu’il l’avait rédigée raptim [à la hâte]. Sa qualité et son originalité n’échappèrent d’ailleurs pas à Thomas Bartholin qui l’a publiée sous deux formes (v. supra note [6]). Force est de convenir qu’elle reste remarquable, même avec le recul du temps.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 20 ro.

Clarissimo viro D. Thomæ Bartholino, Medico eruditissimo,
et in Hafniensi Academia Anatomes Professori regio.

Non mediocriter exultavi præ gaudio, quum à carissimi et suavissimi
Fratris Erasmi Bartholini manibus literas tuas accepi Hafniæ datas
28. Febr. per quas et duobus docere, de tua nimirum valetudine, de qua
sit laus omnium bonorum auctari : et de tua in me liberalitate, pluribus nempe
libris, quibus me beare voluisti, et Bibliothecam meam locupletare. Eos aut alios
quum Deus voluerit accipiam ; neque enim ignoro quantæ sint itinerum difficul-
tates propter bellicos tumultus, pro mercibus ad nos usque devehendis. Eos verò
quos Erasmo fratri tibi in Daniam mittendos commisi, ante mensem, utinam
quoque brevi et feliciter accipias : eadem nomine difficultates et turbamenta
vos æquè respiciunt. Hîc apud nos currit sub prælo novus liber Dom.
Riolani, Antiquioris Scholæ nostræ Magistri, cujus erunt duæ partes, et
multi tractatus ex admodum varia materie : ut de inverso situ lienis et
hepatis in quodam sicario, mense Novembris deprehenso, 1650 initio mei
decanatus, anno Christi, 1650. Tractatus peculiaris de Circulatione
sanguinis, adversus Harvæum, Medicum Anglum, primum tanti mysterii
repertorem : alter adversus Dom. Gassendum, Professorem regium, et virum
eruditissimum : alter adversus Pecquetum, Diepensem Anatomicum :
alter adversus Nathanaelem Higmorum, nuperum Anatomes scriptorem,
et Professorem in Academia Oxoniensi : alter adversus Marquartum Slegelium,
Medicum Hamburgensem celeberrimum, et alios. Habetitur quoque Encheridii
Anatomici et Pathologici pars altera. Quorum singulorum editio ad
finem deviniet ante Iunium mensem : Eum librum ubi prodicerit, statim
tibi mittendum, et adhuc à prælo sudantem, Erasmo fratro committam.

Quod autem Medicæ artis Observationibus te delectari scribis, et ex ijs
nonnullas à me postulas, en unam tibi subjicio, alias quidem suggesturus,
si eas describendi otium suppeteret, planè raras ac insolentes.

Vir quidam nobilis, Campanus, ingeniosus et ad unguem factus,
sanguineo et melancholici temperamento ab ortu præditus, multijugæ erudi-
tionis et literaturæ, postquam per plures annos pro Christianissimo Rege
nostro militavit, laboriosæ illius vitæ pertæsus, ad studia Iuris Civilis
regressus est, quibus tam acriter incubuit, ut iis, imò et in singulis facilè
excelleret. Dum Lutetiæ moratur initio hujus anni 1650. incidit in
febrem, cum dolore quodam ad dorsum et lumbos, et totius corporis tremore
insolito, (qui post paucos dies feliciter desiit) et fluxu hæmorrhoidali,
lento quidem et pauco, sed dolorifico :post aliquot dies utroque symptomate
adaucto, eruditus quidam Medicus ad eum deducitur : cujus auxilium recusat,
nullam à Medicorum præceptis opem sperans, incurabili quodam, ut ajebat,
affectu laborans : Rogatus à Medico, cur istud morbi genus desperatum et
άνίατον censeret ? respondit morbus esse magicum, pravis Magorum
artibus sibi immissum, quo abundabat illa regio in qua per aliquot annos

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 20 vo.

militaverat (Lotharingiam subaudiebat, ut ab ejus obitu intellexi :)
quibus dictis Medicum illum dimisit. Ingravescente tamen affectu, et
febre incandescente, amicorum precibus inductus, ad eum accessi, eique
per aliquot dies Medicinam feci : ratione febris urgentis quater fuit
illi detractus sanguis, impurus admodum planè putris, et ab alimen-
tarij sanguinis natura omnino alienus : unde ^ dubium et ancipitem/ morbi eventum non/ obscurè ominatus sum :/ nihilominus tamen paulò melius habere sibi
visus est : venæ sectioni, per quam singula mitiore facta fuerunt,
successit blanda purgatio, ex cassiæ medulla, cum foliis Orientalibus
et syrupo diarhodon veteri, ad vitandum irritamentum, purgat enim
ad instar scammoniatorum recens paratus et novus ille syrupus :
ex illa catharsi adeo levatus fuit ut in convalescentiæ spem lubens
devenerit, ne amplius incurabilem morbum esse reputaverit. Post-
quam tali remedio pluries fuerit quater fuit repurgatus, etiam interdum addita
diaprunis solutivi ʒj. quietis dies aliquot sibi indulgeri postulavit,
meque dimisit : inter hos dies stillatitiam quandam aquam ex car-
nibus et corde cervi à principe quadam fœmina sibi subministra-
tam assumpsit, quasi præstantissimum adversus magicas
artes, et ad conciliandum cordi robur, ut agyrtæ loquuntur,
alexiterium : sed frustra, et nullo successu, imò pessimo : ideóque
cùm multo vino eóque meraciori usus esset, ac invalescente febre,
ad eum revocatus fuissem, omnia longè deteriora deprehendi, præ-
sertim v. colorem in facie cadaverosum et fætorem corporis nulli
ferendum : mecum adscitis in consilium tribus in nostris Senioribus,
Io. Riolano, Anatomicorum principe, et Antiquiore Scholæ
nostræ Magistro : unà cum Iac. Perreau, et Ren. Moreau,
professore regio, viris sapientissimis et consultissimis, nulla salutis
spes nobis superesse visa est, propter summam illam virium pro-
strationem, et ἀναισ[θ]ησίαν quandam quæ hominem detinebat
cum fugaci delirio, à quibus pos biduum extinctus est.

In dissecto cadavere apparuerunt omnia viscera nutritiva supra modum
pallida, à veteri intemperie biliosa, quæ toto vitæ decursu
dominatum obtinebat, sed absque ullo eorum substantiæ vitio. Ex
utroque pulmone leniter compresso, serum putre et fætidum deflu-
ebat : substantia cerebri serum multum instar seri lactis subvires-
cens innatabat : cujus portio in spinam dorsi decidua, tremorem
illum initio morbi concitavebat. Quanam igitur mortis causa
fuit ? ingens abscessus in toto pancreatu latitans, cum

u.

Ms BIU Santé no 2007, fo 21 ro.

multo pure et fætore intolerabili : pure inquam putidissimo,
et subviridi, cujus acrimonia gladosum corpus pene universum
excedebat atque discerpserat. Hæc est vera certaque mortis causa, tetra
nimirum labes et putrilago summa totius pancreatis : non autem
veneficia, non incantamentum, non magicæ artes, humani ingenii
talibus nugis seipsum excruciare soliti, figmenta atque mera ludibria.
Tuum erit, eruditissime Bartholine, dispicere et decernere quid facto
fuisset opus, et qua arte quibúsve alijs præsidijs potuisset tantus
affectus expurgari : ego quidem planè immedicabilem et naturâ suâ
lethalem fuisse puto. Tu verò quid sentias aliquando scribes, si volueris.
Vale, amicorum suavissime et candidissime, et me quod facis, amare
perge.

Tuus ex animo Guido Patinus, Bellova-
cus, Doctor Medicus Parisiensis et saluberrimæ
Facultatis Decanus.

Scribebam raptim Parisiis, die
Iovis 28. Martii, 1652.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Thomas Bartholin, le 28 mars 1652

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(Consulté le 24/04/2024)

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