L. latine 30.  >
À Thomas Bartholin,
le 31 juillet 1654

[Bartholin a, page 545 | LAT | IMG]

À Thomas Bartholin, à Copenhague. [a][1]

Pour répondre enfin, après deux mois, à votre lettre datée de Copenhague le 26 avril, je voudrais vous faire savoir que, par une singulière grâce de Dieu, je suis vigoureux et en bonne santé. Si je vous ai écrit moins souvent qu’auparavant, c’est que je n’avais personne à qui confier mes lettres en toute sécurité. [Bartholin a, page 546 | LAT | IMG] J’ai ici vos Historiæ anatomicæ[1] pour lesquelles je sais gré à votre gentillesse. Nous n’avons pas encore vu ici votre Historia vasorum lyphaticorum ; [2][2][3] envoyez-la-moi, je vous prie, ainsi que votre Commentarium de Paralyticis N.T.[3][4] et vos autres ouvrages s’il en existe. Depuis bien des mois notre Riolan est en mauvaise santé. [5] Je souhaite qu’il se porte rapidement mieux et qu’il achève ce qu’il a entrepris, surtout parce qu’il avait grand dessein de faire une réponse à un certain Courtaud, non tant docteur que dissipateur de Montpellier, animal ignare des plus médisants et des plus effrontés. [6][7] Il doit aussi finir un traité de venenata chymistici stibii natura[4][8][9][10] contre tant d’imposteurs qui sévissaient ici ces derniers temps ; mais en assassinant nombre de nos concitoyens, ils se sont entièrement grillés eux-mêmes, tout autant que leur art de fondre les métaux ; à tel point que notre cité a jugé leur antimoine délétère et maléfique. Pecquet vit ici, il prépare une nouvelle édition de son livre, augmentée et enrichie de quelques nouvelles démonstrations. [11] Ensuite, il retournera en Occitanie avec son évêque d’Agde, dont il est le secrétaire. [5][12] Quant à vous, étoile et perle des amis, je désire vivement que vous viviez et demeuriez en belle santé. Vive, vale, et puis aimez-moi en retour, moi qui vous aime du fond du cœur et qui suis votre vieil ami. [Bartholin a, page 547 | LAT | IMG] Vale, mon cher Bartholin.

De Paris, le 31e de juillet 1654.

Vôtre en toute franchise, Guy Patin, natif de Beauvaisis, docteur en médecine de Paris.


a.

Lettre que Guy Patin a envoyée à Thomas Bartholin, imprimée dans Bartholin a, Centuria ii, Epistola xlvi, De Riolano et Pecqueto [À  propos de Riolan et Pecquet] (pages 545‑547).

1.

V. note [18], lettre 352, pour les deux premières centuries des Historiæ anatomicæ et medicæ rariores [Observations anatomiques et médicales plus que rares] (Copenhague, Amsterdam et La Haye, 1654).

2.

V. note [18], lettre 322, pour l’« Histoire des vaisseaux lymphatiques » de Thomas Bartholin : Vasa lymphatica nuper Hafniæ in animantibus inventa… [Les Vaisseaux lymphatiques récemment découverts chez les animaux…] (Copenhague, 1653).

Ce livre confirmait la découverte des voies du chyle par Jean Pecquet et la défendait contre les attaques de Jean ii Riolan, David et Goliath qui réapparaissent dans la suite de la présente lettre. Guy Patin avait des liens amicaux avec chaque parti de cette querelle et s’est toujours efforcé d’y sauver la chèvre et les choux, sans jamais écrire ce qu’il en pensait scientifiquement, sauf à dire qu’il n’y trouvait pas d’intérêt pour soigner les malades.

3.

Thomæ Bartholini Paralytici N.T. Medico et Philologico Commentario illustrati [Les Paralytiques du Nouveau Testament, éclairés par un commentaire médical et philologique de Thomas Bartholin] (Copenhague, Melchior Martzan, 1653, in‑4o ; seconde édition à Bâle, 1662, v. note [4], lettre latine 197) ; description et commentaires de trois guérisons miraculeuses de paralytiques relatées dans les Évangiles :

  1. Jean 5:1‑18 ;

  2. Matthieu 8:5‑14 et Luc 7:1‑10 ;

  3. Matthieu 9:1‑8, Marc 2:1‑12 et Luc 5:17‑26.

4.

« sur la nature vénéneuse de l’antimoine chimystique » : v. note [18], lettre 252, pour ce traité de Jean ii Riolan qui n’a jamais vu le jour.

Riolan n’a pas publié de suite à ses anonymes Curieuses recherches sur les écoles de médecine de Paris et de Montpellier contre Siméon Courtaud (Paris, 1651, v. note [13], lettre 177).

5.

V. note [4], lettre 360, pour les Experimenta nova antomica… [Expériences anatomiques nouvelles…] de Jean Pecquet (Paris, 1651 et 1654), dédiées à son protecteur, François Fouquet, évêque d’Agde et frère aîné de Nicolas.

s.

Bartholin a, page 545.

Epistola xlvi.

De Riolano et Pecqueto.

Thomæ Bartholino Hafniam.

Ut tuis Hafniæ datis 26. Aprilis, post duos
menses acceptis tandem respondeam, per
me scias velim, me singulari Dei gratia vige-
re et valere : si parcius ad Te scripsi, quam
antea, causa fuit quod neminem haberem cui
tutò

t.

Bartholin a, page 546.

tutò possem literas meas committere. Historias
tuas Anatomicas hic habeo, pro quibus grati-
as ago tuæ humanitati. Historiam tuam Vaso-
rum Lymphaticorum
, nondum hic vidimus :
mitte quæso, ut et Commentarium de Para-
lyticis N.T.
et alia si quæ sint. Riolanus no-
ster a multis mensibus malè habet : utinam
brevi convalescat, et inchoata perficiat : præ-
sertim quod maxime habet in animo, Respon-
sem ad quendam
Curtum non tam doctorem
quam decoctorem Monspeliensem : ignarum
animal maledicentissimum et convitiosissi-
mum : ut et Tractatum de venenata Chymistici
stibii natura
, adversus tot impostores, qui nu-
per hic grassabantur, quique frequenti civium
nostrorum nece, tam sibi quam arti suæ fuso-
riæ plenissimè decoxerunt, adeo deleterium
et maleficum stibium experta est civitas no-
stra. Pecquetus hic vivit, et alteram, sed au-
ctiorem sui operis editionem procurat, novis
aliquot experimentis illustratam et confirma-
tam : postmodum reversurus in Septimaniam,
cum Episcopo suo Agathense, cui est à secre-
tis. Te vero amicorum jubar et decus, sal-
vere valereque jubeo : Vive igitur, vive atque
vale, meque ex animo amantem, et veterem
amicum

u.

Bartholin a, page 547.

amicum redama. Vale carum caput. Parisiis
31. Julii 1654.

Tuus asse et libra,
Guido Patinus, Bellovacus, Doct.
Med. Paris.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Thomas Bartholin, le 31 juillet 1654

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1063

(Consulté le 19/05/2024)

Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.