L. latine 49.  >
À Christiaen Utenbogard,
le 2 juillet 1656

[Ms BIU Santé no 2007, fo 42 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Christiaen Utenbogard, docteur en médecine à Utrecht.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Étant fort inquiet de l’état présent de vos affaires, je vous écris celle-ci par l’intermédiaire d’un jeune homme, mon compatriote et voisin qui s’en va en votre Hollande pour raison de commerce. Je désire au moins savoir si vous êtes en vie, si vous vous portez bien et si vous avez reçu le paquet que je vous ai fait parvenir il y a six mois par M. Vander Linden, professeur de médecine à Leyde. [2] Si vous me rassuriez sur tout cela, vous me lieriez assurément à vous par une immense faveur. Dites-moi aussi comment va votre très savant professeur de théologie, M. Gisbertus Voetius, à qui je souhaite les années de Nestor, [1][3][4] pour sa singulière érudition et ses connaissances infinies. J’ai ici deux très gros et précieux tomes de ses Disputationes theologicæ ; pensez-vous qu’il y en aura un troisième et que je doive l’espérer ? [2] J’entends dire qu’on a chez vous fraîchement mis sous la presse un recueil des Epistolæ Latinæ de notre incomparable Claude Saumaise ; je souhaite que cette édition soit vite terminée. [3][5] Mais dites-moi, je vous prie, comment se porte cette dixième Muse, la Demoiselle Maria van Schurman, honneur et singulier ornement de votre patrie. [4][6] Écrivez-moi, je vous prie, sur chacun de ces sujets, et aimez-moi. Vale, très distingué Monsieur, et tenez-moi pour

votre Guy Patin, de toute son âme.

De Paris, le 2d de juillet 1656


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Christiaen Utenbogard, ms BIU Santé no 2007, fo 42 ro.

1.

Très longue vie (v. note [31], lettre 146).

2.

V. note [8], lettre 534, pour les cinq tomes des « Discussions théologiques » de Gisbertus Voetius, dont le troisième a paru en 1659.

La franche admiration de Guy Patin pour ce théologien rigoriste d’Utrecht allait provoquer une vive et fort instructive réponse de Christiane Utenbogard : vsa lettre du 21 août 1656.

3.

V. note [12], lettre 392, pour la publication posthume des « Lettres latines » de Saumaise à Leyde en 1656.

4.

Outre quelques lettres imprimées, la très savante Anna Maria van Schurman (v. note [74], lettre 150) avait dû sa réputation à deux livres :

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 42 ro.

Clarissimo viro D. Christiano Utenbogardo, Doct. Medico, Utrajectum.

Per adolescentem popularem et vicinum meum, in Bataviam vestram,
mercaturæ causa abeuntem, ecce ad Te scribo, vir clarissime, de præsente rerum tuarum statu
valde anxius, an nimirum vivas, an valeas ; an Fasciculum à me Tibi transmissum
ante sex menses per D. Vander Linden, Leidensem Medicinæ Profess. acceperis : de
quibus singulis si me certiorem feceris, immenso certè beneficio me devinxeris :
ut et quî valeat eruditissimus vester Theologiæ Professor D. Gisbertus Voetius,
cui propter singularem eruditionem et infinitam lectionem Nestoreos annos exopto :
hîc habeo duos illius prægrandes ac pretiosos Disputationum Theologicarum tomos :
quid putas de tertio ? censésne mihi expectandum ? Audio nuper prælo vestro
subjectam fuisse Collectionem quandam Epistolarum Latinarum Incomparabilis
nostri Cl. Salmasij : utinam hæc editio ad umbilicum citò perducatur. Sed
dic sodes : quî se habet decima illa Musa, D. Maria à Schurman, patriæ vestræ
decus et ornamentum singulare ? de singulis illis scribe quæso, et me ama.
Vale, vir clarissime, ac me reputa,

Tuum ex animo Guidonem Patinum.

Parisijs, 2. Iulij, 1656.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 2 juillet 1656

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1082

(Consulté le 19/04/2024)

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