L. latine 84.  >
À Johannes Antonides Vander Linden,
le 22 juin 1657

[Ms BIU Santé no 2007, fo 58 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Vander Linden, docteur en médecine et professeur à Leyde.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vous écris celle-ci pour vous aviser que je ne possède pas et n’ai même jamais vu votre Universæ Medicinæ Compendium, quinque centuriis etc., Franeker, Ulrich Balck, 1630, in‑4o, avec une Centuria, etc., tout comme la Medulla Medicinæ, ibid., 1642, in‑8o[1] Je m’en rapporte donc à vous pour me les procurer s’ils se trouvent à vendre ; je vous fais cette requête pour enfin les posséder. Comment M. Utenbogard, médecin d’Utrecht, se porte-t-il, et se souvient-il de nous ? [2] Je ne sais pas s’il a reçu une petite boîte où j’avais mis certaines graines ; j’ai confié le soin de les lui remettre au secrétaire de M. de Thou, notre ambassadeur auprès de vos Provinces-Unies. [2][3][4] J’ai appris que quelque ouvrage médical a été récemment publié à Utrecht. Avant un mois, nous aurons le Varanda in‑fo publié à Lyon. [3][5] Le Jupiter capitolin va mal à Rome, d’une rétention qui touche les intestins et la vessie ; s’il meurt, ce sera très mauvais pour les loyolites qui le possèdent tout entier corps et âme. [4][6][7][8][9][10] La peste n’est pas tout à fait éteinte à Rome, elle s’aggrave de jour en jour à Gênes et autour de Naples. [11] On imprime ici le livre de Simeo Seth in‑8o, grec et latin. [5][12] J’apprends qu’on trouve en Italie un excellent in‑fo qui n’est pas encore arrivé ici, ce sont les Consilia et responsa medicinalia de Silvatico, très savant médecin. [6][13] Un médecin de Bruxelles, nommé Robert de Farvacques, m’a récemment écrit et je lui ai aussitôt répondu, il se souvient de vous dans sa lettre. [14] Un certain Brito m’a aussi abordé, il a visité l’Italie et vous a connu à Leyde. Il est fort mélancolique, [15] sans pourtant être ignorant, mais il est avare [Ms BIU Santé no 2007, fo 59 ro | LAT | IMG] de louanges à l’égard des gens savants, et amateur de nouveauté. S’il avait osé, il aurait certainement loué en ma présence les délires et les opinions monstrueuses de Van Helmont, [16] le plus sot des vauriens et le plus réprouvé des écrivains ; mais par délicatesse, il s’est abstenu de recenser les mérites d’un si grand charlatan. [7] Le peuple est si fou qu’il affectionne les innovations, et s’en émerveille parce qu’il ne les comprend pas.

J’ai une autre question à vous soumettre : apprenez-moi, s’il vous plaît, ce que sont ces feuilles d’une certaine herbe d’Inde qu’on appelle le thé. [17][18] Quelle est cette plante, quelles sont ses facultés ? Beaucoup d’ignorants la recommandent ici et ils abusent plutôt qu’ils n’usent de sa décoction ; mais de fait, on ne lui assigne aucune force ou vertu qui soit certaine ou établie ; et pourtant, elle a de nombreux crieurs publics qui la vantent à pleine bouche au-dessus des autres médicaments. Les uns disent que cette herbe est indienne, les autres qu’elle est chinoise ; [19] certains soupçonnent un maquignonnage et une falsification, et pensent qu’elle n’est pas si exotique qu’on dit. On l’envoie ici de votre Hollande à nos boutiquiers ; ils en célèbrent les merveilles ; je n’en ai pourtant encore découvert aucune. Je n’ai pu l’approuver ni voulu la prescrire à l’épouse d’un magistrat ; le désir de cette nouveauté la saisissait et de là, sur la recommandation de quelques bonnes femmes, elle espérait qu’on la lui prescrirait pour remède. Quand on m’a demandé la raison de mon refus, j’ai répondu : « Toute ma vie je me suis éloigné avec effroi et abstenu de tout médicament nouveau et inconnu, tel qu’est ce thé, auquel je n’accorde encore aucun crédit ; et je ne l’approuverai jamais, sinon après que le raisonnement et l’expérience, à la fois solide et constante, m’auront prouvé ses vertus ; parce que si j’agissais autrement, en déclinant les avertissements des très sages et souverains juges de notre métier, et plus encore des maîtres que j’ai jadis profondément honorés, je me rendrais égal aux empiriques et aux imposteurs chimistes ; présage dont Dieu veuille bien m’écarter. » [20][21] Le très auguste magistrat a entièrement approuvé ma réponse, et son épouse, qui était pourtant touchée d’hydropisie, [22] a guéri heureusement, sans ce thé nouveau et inconnu. Je me remémore le distique populaire qu’on m’a dit et qui déplaît à nos pharmaciens, les plus misérables des grippe-sous : [23]

Si sapis, ignotum noli præponere notis,
Cognita judicio constant, incognita casu
[8][24]

J’ai fréquenté jadis de très éminents maîtres : Nicolas Piètre, André Du Chemin, Jean Tournier et René Moreau ; [25][26][27][28] ils employaient peu de médicaments, mais éprouvés et choisis, et confirmés par un long usage ; et jamais sans art ni méthode, qui est l’âme des remèdes. Hélas, nos chimiatres auliques en font bien autrement aujourd’hui et s’écartent de cette voie royale ! [9][29] Mais je me plains en vain, quand ne reste aucun espoir à l’amendement dont a besoin cette époque, la pire et la plus misérable de toutes, où l’iniquité en tout genre règne publiquement et saccage impunément. Je voudrais savoir de vous si dans votre pays ne se trouve pas à vendre un livre dont j’ai trouvé mention dans votre Index : [30] Quadripartitum de simplicium medicamentorum facultatibus, etc., de Simon Pauli, natif de Rostock, in‑4o, 1639, auquel on a ajouté l’Oratio ad D. Professores ac Studiosos, etc. [10][31][32] Si vous le trouvez à vendre, achetez-le-moi s’il vous plaît ; je vous en rembourserai le prix que vous me demanderez. Je voudrais vous aviser que dans votre Index, page 198, au dernier article, s’est glissée une faute facile à corriger : ce Caspar Hoffmann qui a écrit de Thermis Hirsbergensibus n’est pas le même que le Caspar Hofmann qui fut notre ami et qui mourut en 1648 [Ms BIU Santé no 2007, fo 59 vo | LAT | IMG] à Altdorf en Bavière. [33][34] À la page suivante, 199, se trouve une autre faute de même nature, car les Consilia et Epistolæ Medicæ qu’on lit dans Lorenz Scholz [35] sont de l’autre C. Hoffmann, et non de notre ami. Ces deux noms d’écrivains devront donc être distingués l’un de l’autre dans une troisième édition : bien qu’ils se rencontrent en quelque façon pour la patrie et la nation, ils s’écartent néanmoins l’un de l’autre pour l’âge et l’époque où ils ont vécu ; en effet, notre ami n’a pas été médecin avant l’an 1605. Prenez donc soin de cela et, comme veut la coutume entre honnêtes gens, prenez mon avertissement en bonne et juste part. [11] Quand donc votre Celse verra-t-il le jour ? [12][36] Vale, très distingué Monsieur, et continuez de m’aimer comme vous avez fait jusqu’ici.

Votre Guy Patin de tout cœur, docteur en médecine et professeur royal.

De Paris, ce vendredi 22e de juin 1657.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johannes Antonides Vander Linden, ms BIU Santé no 2007, fos 58 vo‑59 vo.

1.

Les titres complets de ces deux ouvrages de Johannes Antonides Vander Linden (dont les références de lieu, éditeur, année et format fournies par Guy Patin sont exactes) sont :

Les titres complets de ces deux ouvrages de Johannes Antonides Vander Linden (dont les références de lieu, éditeur, année et format fournies par Guy Patin sont exactes) sont :

2.

V. les lettres à Christiaen Utenbogard des 22 et 29 mars 1657, pour les graines de diverses plantes que Guy Patin lui avait envoyées.

Ismaël Boulliau était le secrétaire de Jacques-Auguste ii de Thou, alors récemment installé ambassadeur de France auprès des Provinces-Unies.

3.

V. note [10], lettre 485, pour les Opera omnia [Œuvres complètes] de Jean Varanda (Lyon, 1658).

Je n’ai pas sûrement identifié ce « quelque ouvrage médical récemment publié à Utrecht » (iatricum aliquid nuper editum Ultrajecti) dont parlait Guy Patin, mais il pouvait souhaiter l’avis de Johannes Antonides Vander Linden sur la Medicina de Jean Fernel, qui y avait paru en 1656, dans l’édition des van Heurne (v. note [3], lettre 463).

4.

V. note [6], lettre latine 37, pour la lithiase vésicale de Fabio Chigi (opéré de la taille en 1642, devenu pape sous le nom d’Alexandre vii en 1655, mort en 1667).

5.

V. note [28], lettre 477, pour l’ouvrage de Simeo Seth « sur les facultés des aliments » publié à Paris en 1658.

6.

V. note [7], lettre 406, pour les quatre centuries de « Consultations et réponses médicales » de Benedetto Silvatico (Padoue, 1656).

7.

Seule mention de ce Brito dans toute notre édition : il était amateur discret de Jan Baptist Van Helmont (v. note [11], lettre 121), mais on n’en sait rien de plus ; Guy Patin aurait sûrement parlé de lui autrement s’il s’était agi de son collègue Charles Le Breton, qui avait disparu de la liste des docteur régent de la Faculté de médecine de Paris depuis 1652 (v. note [16], lettre 251).

8.

« Si tu as du bon sens, alors refuse de préférer l’inconnu au connu. Le connu se fonde sur le jugement et l’inconnu sur la conjecture » (Dionysius Cato, v. note [4], lettre 490).

9.

La chimiatrie était la médecine chimique et les chimiatres, ceux qui la pratiquaient (comme font tous les médecins à présent).

10.

Simonis Paulli Med. D. et Profess. in Academia Rostochiensi, Quadripartitum de Simplicium medicamentorum Facultatibus ; ad Artis Medicæ ac Pharmaceutices Studiosos.

[Traité en quatre parties de Simon Paulli, {a} docteur et professeur de médecine en l’Université de Rostock, sur les Facultés des médicaments simples, destiné aux étudiants en médecine et en pharmacie]. {b}


  1. Simon i Paulli a correspondu avec Guy Patin.

  2. Rostock, Hallervordius, 1639, in‑4o, réédition identique ibid. et id. 1640 ; v. note [1], lettre latine 468, pour celle de Strasbourg, 1667.

    Le Simonis Paulli Med. D. Oratio ad Dn: Professores ac Studiosos omnium ordinum Academiæ Rostochiensis ; ab ipso habita cum reciperetur in Professorum numerum [Discours de Simon Paulli, docteur en médecine, à MM. les professeurs et étudiants de toutes les compagnies de l’Université de Rostock, qu’il a lui-même prononcé quand il a été reçu au nombre des professeurs] est imprimé à la fin des deux éditions de 1639 et 1640. Il est centré sur cette question :

    Cur fiat, Quod qualis Phidias inter Plastas vel qualis inter Pictores Apelles fuerit, talis inter Medicos Hippocrates celebretur, nemo vero hac ætate ei similis existat ?

    [Pour quelle raison et comment se fait-il qu’on célèbre Hippocrate parmi les médecins, de la même manière que Phidias parmi les sculpteurs ou Apelles parmi les peintres ? Personne ne l’a-t-il vraiment égalé à son époque ?]

    Trois citations figurent au frontispice de ces deux éditions.

    • Hipp. de decenti ornat. p. 20. Fieri non potest, ut Medicus percurrat omnia. Firma memoria teneto medicamenta, et simplices facultates, et descriptas si modo tales existant.

      [Hippocrate sur la Bienséance, p. 20. Il est impossible au médecin de tout savoir. Qu’il se contente d’avoir bien en mémoire les médicaments : et leurs propriétés simples et mises par écrit, pour autant qu’elles l’aient été].

    • Plato in Lachet. pag. 249. Tamdiu discendum, quam diu vivitur, neque sperandum a senectute mentem nobis datum iri.

      [Platon dans Lachès, p. 249. Il faut apprendre pendant toute la durée de notre existence, sans espérer que la vieillesse nous rendra intelligents].

    • Galen. Comm. i. aph. 1. pag. 7. Nemo nostrum satis esse potest ad artem simul et constituendam et absolvendam.

      [Galien, commentaire sur le premier aphorisme de la première section. {i} Nul ne peut à la fois instituer et maîtriser entièrement notre art].

      1. Premier aphorisme d’Hippocrate : « la vie est courte, l’art est long… » (v. note [3], lettre 154).

Johannes Antonides Vander Linden avait cité cet ouvrage à la page 542 de ses deux livres de Scriptis medicis [sur les Écrits médicaux] (2e édition, Amsterdam, 1651, v. note [3], lettre latine 26), qui étaient ce que Guy Patin appelait son Index.

11.

Guy Patin faisait deux pertinentes remarques sur la notice concernant son ami vénéré Caspar Hofmann (natif de Gotha, Thuringe, en 1572) dans les deux livres de Scriptis medicis [sur les Écrits médicaux] (l’Index) de Johannes Antonides Vander Linden (1651, v. supra fin de la note [10]).

Le Chronici Chronicorum Ecclesiastici Liber ii [Second livre des Chroniques de chronique ecclésiastique…] (Francfort, Officina Aubriana, 1614, in‑8o) fournit deux précieux renseignements biographiques sur l’autre Caspar Hofmann (ou Hoffmann), dont la bibliographie est détaillée dans les deux notules {c} supra.

Pour être plus complet, l’Epistolarum Philosophicarum, Medicinalium, ac Chymicarum a Summis nostræ Ætatis Philosophis ac Medicis exaratarum Volumen… [Volume de lettres philosophiques, médicales et chimiques écrites par les plus grands philosophes et médecins de notre temps…] recueilli par Lorenz Scholz (Francfort, héritiers d’Andreas Wechel, Claudius Marnius et Johannes Aubrius, 1598, in‑fo) contient quatre lettres datées de 1575 à 1583 et signées Hofmannus ou Hoffmannus.

12.

V. note [20], lettre de Charles Spon, datée du 28 août 1657, pour le Celse de Johannes Antonides Vander Linden paru à Leyde en automne 1657 (épître dédicatoire à Guy Patin datée du mois d’août).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 58 vo.

Cl. viro D. Vander Linden,
Med. Doct. et Prof. Leidam.

Ecce pauca scribo, Vir Cl. ut Te moneam me non habere nec unquam
vidisse tuum Universæ Medicinæ Compendium, quinque centurijs etc. Franekeræ,
apud Ulr. Balck, 1630. in 4. Addita est Centuria, etc. ut et Medullam
Medicinæ, ibid. 1642. in 8.
quæ ideo Tibi refero, ut per Te obtineam, si væ-
nales prostent : pro ijs itaque Te rogo, ut tandem habeam. Quî valet
et meminit nostri D. Utenbogardus, Med. Ultrajectunus ? nescio an
accepit quandam pyxidulam, in qua erant inclusa quædam semina,
quæ illi reddenda commisi Œconomo D. Thuani nostri apud vestros
Ordines Legati. Audio iatricum aliquid nuper editum Ultrajecti. Ante Intra
mensem habebimus Varandeam, in folio, Lugduni editum. Iupiter
Capitolinus malè habet Romæ ex læsa retentione intestinorum et
vesicæ : si pereat, malè plurimum erit Loyolitis, à quib. totus corpore
et animo possidetur. Non omnino desijt lues pestilens Romæ, quæ in dies
exacerbatur Genuæ, et circa Neapolim. Hîc typis mandatur liber
Sim. Sethi, GræcoLatinus, in 8. Audio in Italia prostare optimum
quendam librum, nempe Sylvatici, doctissimi Medici Consilia et
Responsa Medicinalia, in fol.
quæ huc nondum appulerunt. Nuper
ad me scripsit quidam Medicus Bruxellensis, dictus Rob. Farvaque,
cui statim respondi : Ille tui meminit in sua Epistola : ad me quoque
accessit quidam Brito, qui antehac vidit Italiam, qui Te Leidæ
novit : est valdè melancholicis, nec tamen ignarus : sed parcus eruditorum

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 59 ro.

virorum laudator, et novitatis amator : certè si ausus fuisset, ineptissimi
nebulonis et damnatissimi scriptoris Van Helmontij deliria et mon-
strosas opiniones me præsente laudasset : sed præ pudore abstinuit à
laudibus recensendis tanti agyrtæ : adeo desipit humanum vulgus, et
novitates amplectitur atque miratur quia non intelligit.

Aliud habeo quod Tibi proponam : doce me si placet quænam sint illa
folia cujusdam herbæ Indicæ quæ Thè vocatur ? quænam est illa herba,
quænam ejus facultates ? hîc à multis idiotis commendatur, qui ejus
decocto non tam utuntur quàm abutuntur : nec enim certa aut definita ali-
qua vis aut virtus ejus designatur : et tamen multos habet præcones, qui eam
plenis buccis extollunt supra cætera medicamenta. Quidam faciunt eam herbam
Indicam : quidem Sinensem : aliqui mangonium et adulterium suspicantur,
neq. tam exoticam esse putant : ex vestra Batavia hîc mittitur ad
nostros Seplasiarios : qui mira de illoa prædicant, de quib. tamen nihil
adhuc mihi compertum est. Cujusdam Senatoris uxori quæ ab ejusmodi
novitatis desiderio afficiebatur, indéq. sibi medelam sperabat, ex quarumdam muliercularum
commendatione, nec probare potui, nec præscribere volui : rogatus causam res-
pondi, me tota vita abhorruisse et abstinuisse ab omni medicamento novo
et incognito, quale est illud Thé, de quo nihil adhuc mihi constat :
nec unquam me illud probaturum, nisi postquam ratione ac experimento, idque
certo ac sæpius repetito, vires ejus perspectas mihi fecerim : quod si
aliter agerem, à sapientissimorum Artis nostræ Dictatorum, imò et mihi
colendissimorum olim Præceptorum monitis receddeflectendo, cum Empiricis et
impostoribus Chymistis paria facerem : quod omen Deus avertat.
Responsum
meum valde probavit Senator amplissimus, cujus tamen uxor ex hydrope
decumbens, ^ absque illo novo/ et incognito Thé, feliciter convaluit. Mihi dictum reputo vulgare distichum,
quod valde displicet pharmacopolis nostris, lucrionibus miserrimis.

Si sapis, ignotum noli præponere notis,
Cognita judicio constant, incognita casu.

Præceptores olim nactus sum viros præstantissimos, Nic. Pietreum,
Andr. du Chemin, Io. Tournier, et Ren. Moreau : qui paucis, sed
probatis et selectis, multóq. usu confirmatis utebantur medicamentis, sed
numquam absque arte et methodo, quæ est anima remediorum. Eheu ! quàm
hodie aliter agunt, et à regia illa via recedunt nostri aulici Chymiatri ! Sed
frustra conqueror, cùm nulla nobis spes supersit emendationis requisitæ
pessimis hisce atque miserrimis temporibus, queis publicè dominatur et impune grassatur
iniquitas omnigenæ naturæ.

Scire velim ex Te an apud vos vænalis prostet liber
quidam cujus meministi in tuo Indice : Sim. Paulli, Rostochiensis Quadri-
partitum de simplicium medicamentorum facultatibus, etc. in 4. 1639. cum subjuncta
Oratione ad D. Professores ac Studiosos, etc.
si vænalem reperias, eme mihi
si placet : pretium refundam quale volueris.

Te a. monitum velim in Tui
illius Indicis pag. 198. postremo articulo irrepsisse mendum facilè emen-
dandum : ille nempe Gaspar Hofmannus qui scripsit de Thermis Hirsbergensibus
non est ejusdem idem illiuse G. Hofmannis, qui fuit amicus noster, et qui obijt 1648.

u.

Ms BIU Santé no 2007, fo 59 vo.

Altorphij Noricorum : seq. pagina 199. ejusdem naturæ aliud mendum
legitur : Consilia enim et Epistolæ Medicæ quæ leguntur apud L. Scholzium
sunt alterius G. Hofmanni, non v. Amici nostri. Debent igitur in
tertia editione inter se distingui Scriptores illi duo cognomines, qui
quamvis patria et natione quodammodo conveniant, ætate tamen et tempore quo vixerunt
inter se dissident : nec enim fuit Amicus noster Medicus ante annum 1605.
Vide ergo de illis, et ut bonis viris in more positum est, monitum meum
æqui bonique consule. Celsus tuus quandonam lucem videbit ? Vale,
Vir Cl. et me quod hactenus fecisti, amare perge.

Tuus ex animo Guido Patin, D. Med. et Pr. R.

Parisijs, die Veneris, 22. Iunij, 1657.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johannes Antonides Vander Linden, le 22 juin 1657

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(Consulté le 20/04/2024)

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