L. latine 98.  >
À Johann Daniel Horst,
le 8 mars 1658

[Ms BIU Santé no 2007, fo 67 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Daniel Horst, archiatre à Darmstadt. [1]

Très distingué Monsieur, [a][2]

J’ai reçu ce 24e de février, c’est-à-dire avec bien du retard, la très agréable lettre que vous m’aviez pourtant écrite le 16e de décembre de l’an passé. Quelle qu’elle ait pu être, la raison de ce délai ne m’importe absolument pas : tous les postiers ne sont en effet pas des Ladas. [1][3] Puisse tout bien se poursuivre entre nous dorénavant ; mais en attendant, Dieu soit loué, et les Muses, grâce auxquels ceux qui sont éloignés l’un de l’autre et ne se sont jamais vus s’entretiennent amicalement et, à la manière des Anciens, sans fard, sans tromperies et simplement per ceram et linum, et literas animi interpretes ; [2][4] ce qu’à l’avenir, absolument sans aucun doute, je souhaite de ma part et espère de la vôtre, si je vous connais bien. Si votre fils aîné vient jamais en notre ville, je ferai tout mon possible pour lui faire comprendre quel grand cas je fais de vous. [3][5] Pour les dissections anatomiques, on travaille avec soin cette partie de la médecine durant les mois d’hiver, car la potence procure ici en abondance les cadavres des vauriens et des pendards qu’on y accroche, peine qu’on leur inflige pour mettre un terme à leur malédiction. [4][6][7] Au printemps et en été fleurit l’étude de la botanique ; hormis pour la connaissance des plantes, qui est nécessaire en vue de bien remédier, j’en fais pourtant moins de cas que du très grand profit que les philiatres recueillent tant des opérations chirurgicales qui se pratiquent ici très fréquemment, que des thèses [8] qui se disputent publiquement dans les Écoles de médecine, et que des leçons publiques données par quatre docteurs qu’on a élus : le premier enseigne la physiologie[9][10] le deuxième la pathologie[11][12] le troisième la chirurgie [13][14] et le quatrième la botanique[5][15][16] Il y a en outre quatre professeurs royaux qui enseignent en un autre lieu, qui est le Collège de France, c’est-à-dire le Collège de Cambrai : [17] le premier enseigne l’anatomie[18] le deuxième la chirurgie[19] le troisième et le quatrième la thérapeutique et ce qui touche aux fièvres ; [20][21][22] mais sans toujours l’assiduité et la diligence qu’ils devraient y mettre. L’an dernier, j’ai enseigné pendant six mois entiers, de mars à la fin d’août, avec grand concours d’auditeurs ; les trois autres ne l’ont fait que pendant à peine un ou deux mois. [6] Il y a encore un autre avantage qui convient parfaitement aux philiatres : il leur est permis de visiter les malades dans deux très grands hôpitaux, en présence de médecins à qui on a confié cette charge ; s’ils sont studieux, ils peuvent y recueillir chaque jour quantité d’exemples et d’observations variées, bien qu’en ces endroits on n’exerce pas la médecine aussi bien et aussi soigneusement que chez les nobles et les bourgeois, qui sont traités avec plus grande précaution. [7][23][24] [Ms BIU Santé no 2007, fo 67 vo | LAT | IMG] Vous connaissez ces vers de l’excellent Juvénal :

Curantur dubii Medicis majoribus ægri,
Plebs vel discipulo vivit contenta Philippi
[8][25][26]

Je ne pense pas que le fœtus se nourrisse par la bouche, quel qu’ait pu être le jugement de quelques auteurs modernes sur ce sujet ; et cette opinion est très commune, comme bien d’autres qui surabondent sur la reproduction de l’espèce, en ce siècle trop curieux et qui veut absolument innover. Je suis fort ami de Thomas Bartholin depuis des années. [27] J’ai ici connu il y a dix ans ce De la Courvée, je n’admire pas ce qu’il a écrit, ni ne m’y attarde. Ce livre n’est pas conforme à Hippocrate, chez qui il ne se trouve rien de semblable à ce qu’on y lit ; et je pense qu’il ne peut être juste, tant il en découle de faussetés et d’absurdités. [9][28][29][30][31] Je me souviens parfaitement de ce Conerding : [32] il était de grande taille et un peu obèse, presque cubique ; jeune homme de bonnes mœurs et savant, il a vécu ici il y a dix ans ; si vous lui écrivez, je vous prie, au nom de toutes les Muses, de le saluer de ma part et de lui promettre toute sorte de services. Vous ferez de même, s’il vous plaît, pour Christian Buncken de Hambourg ; je n’ai pas vu sa thèse de rheumatismo ; j’ai pourtant une bonne raison de l’attendre de son auteur, mon ancien ami, mais pense qu’elle ne me manquera pas. [10][33][34]

Chaque fois que du pus, ou de la sérosité, est évacué par les urines, même les plus éminents médecins croient ici ordinairement que cela se fait par la voie des artères, sinon toujours, au moins la plupart du temps ; je me souviens avoir vu ici de temps en temps quelques cas d’une telle évacuation {depuis 34 ans que j’ai exercé la médecine} et ne doute pas que la Nature elle-même se crée de nombreux passages, inconnus des meilleurs observateurs. [11][35]

Le prix des Opera omnia de Gassendi n’est pas encore arrêté et je pense qu’il ne le sera pas avant quatre mois. Je souhaite acquérir les Exercitationes anatomicæ de Lauremberg, si elles sont à vendre à quelque prix que ce soit ; [12][36][37] mais je ne veux pas que vous m’en envoyiez votre exemplaire personnel. Je m’évertue néanmoins à en acquérir un autre que le vôtre ; peut-être que M. Christian Buncken ou l’excellent Conerding nous y procureront-ils leur aide précieuse. Je sais bien que ce Lauremberg fut un très savant homme. Je vous remercie pour les livres de Conrad Victor Schneider, de Osse cribiformi, et de Rolfinck ; je les ai en effet déjà tous les deux, tout comme les Variæ lectiones de Reinesius, qui est un grand savant, de vaste instruction, et un écrivain méticuleux ; je n’éprouve que de nobles sentiments à l’égard d’un si grand personnage. [13][38][39][40][41] Je n’ai jamais vu ce qu’il a écrit d’autre, non plus que le livre de Grembs en faveur de Van Helmont ; [14][42][43][44] peut-être le fera-t-on venir dans cette ville, et j’en dirai librement O infelices chartæ cur tam male, tam misere periistis ! [15] L’impudence de ce siècle m’étonne fort : il existe un homme pour écrire en faveur de Van Helmont, vaurien maniaque, comme quelqu’un écrivit jadis une Apologia pro diabolo[16][45][46][47] J’ai ici les Resolutiones medicæ de Gaspar Bravo ; [17][48] j’approuve cependant votre jugement : il s’y trouve de bonnes choses à cueillir et à retenir.

Je divise la chimie en trois parties. [49] La première est naturelle, elle s’occupe à distiller les substances simples et composées ; je pense qu’elle n’est pas à dédaigner. La seconde est médicale, c’est cette partie de la pharmacie qui s’applique à la préparation soigneuse des médicaments, que connaissent nos apothicaires ; [50] elle a parfois son utilité dans le traitement des maladies, pourvu qu’on n’oublie pas qu’elle est {une servante} [18] un domestique et qu’elle ne se substitue pas à la légitime méthode de remédier, mais qu’elle est à son service, comme à celui d’une très noble dame. J’appelle la troisième métallurgique, c’est celle que pratiquent certains fripons pour fabriquer de la fausse monnaie, et leur industrie les conduit fréquemment à l’infamie du gibet. [51] Ceux-là déclarent très souvent que, pour guérir les maladies, ils détiennent et fabriquent des remèdes secrets dans leurs fourneaux ; ils falsifient l’or et l’argent, et traînent une misérable vie. J’abandonne cette troisième partie à ceux qui sont initiés à ses mystères. La première a son utilité, mais la seconde recèle de nombreux abus ; si on les en retranche et supprime, je pense qu’elle peut parfois être utile, pourvu qu’on ne l’institue pas comme un art en soi, mais seulement comme une partie de la pharmacie, qui est tout à fait différente et distincte de ces trois principes des chimistes. [19][52] Voilà ce que je pense de la chimie, ce qui n’est peut-être en rien différent de votre jugement ; mais je vous permets tout à fait de penser autrement, car ce vers du poète s’est depuis longtemps gravé dans mon esprit : Diversum sentire duos, etc[20] Il ne me déplaira pourtant pas de répondre brièvement à ce que vous m’avez exposé sur la chimie. [Ms BIU Santé no 2007, fo 68 ro | LAT | IMG] Elle procure, dites-vous, des remèdes très choisis, sans lesquels les maladies les plus graves ne peuvent être écartées ; je réponds à cela : Transeat major ; [21][53] nous nous passons facilement de ces médicaments très choisis, et ne les utilisons pas ; cependant, on combat ici avec succès les maladies les plus graves à l’aide de remèdes communs et simples, employés avec art et méthode. Tels sont pour nous la phlébotomie, un régime alimentaire convenable et la purgation très souvent répétée, [54][55][56] pourvu qu’on l’obtienne avec des médicaments bénins, comme casse, séné, rhubarbe, sirop laxatif de roses et de fleurs de pêcher ; [57][58][59][60][61] s’il y faut de plus puissants, nous en venons aux confections de scammonée, comme le diaprun laxatif, le diaphénic, le diacnicus, aux extraits de citron, de psyllium, de suc de roses ; [22][62][63][64][65][66][67] nous ne touchons presque jamais à la confection Hamech et la bénédicte laxative, [23][68][69][70] hormis peut-être dans les assoupissements et pour renforcer la faculté purgative des lavements. [71] Les corps de nos Français sont faciles à évacuer, mais particulièrement ceux des Parisiens : trois gros de séné et une once de sirop de roses tout au plus suffisent à les purger. Nous ne recourons presque jamais à la coloquinte, à l’élatérium et aux cathartiques de ce genre, qui sont dotés d’une grande puissance et d’une malignité suspecte ; [72][73] mais jamais à l’antimoine, que notre Faculté a condamné comme poison il y a 90 ans et à vrai dire, ce toxique métallique a parfaitement mérité une telle censure. [24][74] Pour sembler savoir proposer quelque chose de mieux que leurs autres collègues, certains vauriens agités ont récemment entrepris de le faire revenir des enfers ; mais il a si malencontreusement tué tant de misérables malades trop crédules qu’il a dû s’en retourner unde malum pedem attulerat[25][75][76][77] avec sa malignité. Certains d’entre eux ont prétexté qu’ils n’avaient pas bien compris la bonne manière de le préparer ; aucune ne nous a encore du moins paru inoffensive et dénuée de malignité évidente. C’est pourquoi nous n’utilisons pas l’antimoine, de quelque façon qu’on le prépare, et dans cette ville vivent plus de 80 docteurs qui tiennent l’antimoine en horreur. S’il en reste certains qui promettent à leurs malades quelque forme de secours en l’employant, on les considère ici communément comme mendiants, imposteurs, charlatans, adulateurs d’apothicaires, gens avides de nouveauté, ou sorciers, puisque ce médicament des Centaures n’a encore pris la place d’aucun autre. [26][78][79] Je sais que la diversité des remèdes, leur nouveauté et leur multiplicité ont leurs charmes chez les malades qui pâtissent d’être trop crédules ; à quoi les mène ou entraîne la scélérate, frauduleuse et maligne nation des pharmaciens, qui est la peste de la plus sainte médecine. Ces coureurs de profit entièrement corrompus, qui ne songent à rien d’autre qu’au lucre éhonté, tendent misérablement un piège aux bourses des malades qu’ils convoitent avidement ; et de manière fort peu chrétienne, ils concluent un pacte et une alliance avec certains médicastres, dont les magistrats ne devraient pas tolérer l’existence ; d’où viennent tant de larmes, de crimes et d’homicides. Je ne sais quand un juge en prendra soin ; tel est le fait de la trop grande philargyrie de ce siècle, qui a non seulement accaparé, mais aussi fasciné les esprits de nombreux médecins.

Cette industrieuse et onéreuse pharmacie, quelque puissance qu’elle prétende exercer en faveur des malades, n’est presque rien d’autre qu’une supercherie cachée et continuelle. Devant les médecins savants et sages, je puis vraiment déclarer à son sujet :

Cum bene se tutam per fraudes mille putavit,
Omnia cum fecit, Thaïda Thaïs olet

(Martial, livre vi, épigramme 93). [27][80][81]

Par une singulière faveur de Dieu, trois gros de feuilles d’Orient macérées pendant un quart d’heure dans un bouillon de viande m’ont suffi jusqu’ici pour demeurer en excellente santé. [28][82] Pourquoi donc réclamons-nous tous ces excréments des Arabes pour nous évacuer les intestins ? [83] La meilleure médecine est celle qui s’en tient à un petit nombre de médicaments, et qui n’incommodent guère la nature. Je sais bien sûr que les grands maux requièrent de grands, et même de très grands remèdes ; tout comme de plus drastiques chez les hommes plus forts : ceux qui conviennent aux Allemands sont plus puissants que ceux qui conviennent aux Français. J’en suis entièrement d’accord ; mais nous purgeons avec méthode et en toute sécurité, suivant ce précepte d’Hippocrate : Modo prosis ut non noceas[29][84] Il n’y a aucune sécurité dans l’antimoine, même le mieux purifié et le mieux préparé ; c’est pourquoi nous nous gardons d’en abuser ou même d’en user, nous en tenant prudemment à la sentence de l’excellent et très savant Lucas Stengel, médecin d’Augsbourg. J’ai ici le livre qu’il y a publié en 1569, dont nous louons et approuvons chacune des parties. [30][85][86] Et voilà pour la chimie ; tout ce que vous pourrez en penser d’autre ne me mécontentera jamais. Pierre-Jean Fabre est à l’évidence un médicastre du Languedoc et un imposteur chimique ; il a très mauvaise réputation dans nos contrées pour l’infinité de meurtres qu’il a commis avec sa médecine métallique et presque stygiale ; [87] il a produit quantité d’écrits chimiques, auxquels on n’accorde aucune valeur dans la France tout entière. [31][88] Après la Legenda Monachorum[32][89] où se lisent tant d’absurdités, les Français studieux et savants ne méprisent aucun livre plus que ceux des chimistes, car ce sont les pires des vauriens et les plus effrontés des donneurs de promesses. Par la témérité de leurs discours, ils mènent les philiatres à mépriser la doctrine hippocratique et galénique, [90] dont ils n’ont jamais compris la grandeur et le mérite, et ne les comprendront jamais s’ils persistent à délirer de si belle façon.

[Ms BIU Santé no 2007, fo 68 vo | LAT | IMG] Je n’ai pas besoin de cette Meteorologia du prince sérénissime écrite en allemand car je suis bien incapable de la comprendre ; [33][91] mais je ne refuse pas les autres opuscules s’ils se peuvent avoir, à quelque prix que ce soit. Je n’ai jamais vu l’Aerologia de Panarolo, mais j’ai ses Observationes[34][92] Notre collègue Guillaume Petit n’a jamais rien écrit, pas même sur l’éclipse, bien qu’il soit très savant ; mais celui qui en a écrit est un commissaire royal de l’Artillerie, très savant en mathématiques. [35][93][94][95] Rien ne me semble par nature être si absurde et si stérile que les promesses des chimistes, les révélations des moines et les prédictions des astrologues ; et voilà les trois sortes d’hommes qui mentent le plus. [96][97]

Dans la phlébotomie, qu’il convient de prôner et aussi de répéter fréquemment, chaque fois que la gravité de la maladie l’exige et que les forces du malade le permettent, nous suivons Hippocrate, Galien, Fernel, Botal, [98][99][100][101] et non sans profit, et même pour le plus grand avantage de nos malades. Je vous énumérerais en vain les mérites d’un si éminent remède, je ne doute pas que vous les connaissiez parfaitement ; au moins peuvent-ils être cherchés dans les auteurs que j’ai loués ci-dessus. Les corps de nos compatriotes sont sanguins, bilieux, bien engraissés et emplis d’une grande quantité de sang, gonflés d’excellent suc ; [36][102][103][104][105][106] on ne peut les rendre heureux sans la saignée, qu’on pratique ici hardiment, chez les enfants comme chez les vieillards, toujours avec bonheur, aussi longtemps que la gravité de la maladie est due à l’intempérie chaude des viscères et à la constitution pléthorique, qui toutes deux sont ici constantes. [107][108][109][110] Mais je m’arrête là ; je vous enverrai bientôt quelques thèses médicales qui vous feront comprendre à quel point la phlébotomie surpasse les autres remèdes. [111]

Je ne sais ce que vous entendez par les remèdes bézoardiques : [112] je pense qu’aucun altérant n’est meilleur que les bouillons rafraîchissants, la tisane commune ou l’eau froide toute simple, que Galien recommande toujours dans le traitement des maladies aiguës ; et je pense qu’elle est, avec la phlébotomie, le plus puissant cardiaque dans l’ardeur fébrile ou dans l’échauffement des viscères. [37][113][114][115][116][117] Cette pierre de bézoard, que vantent tant les pharmaciens, et les cardiaques des Arabes, ces débris qu’on dit précieux, sont de pures fictions et des moyens pour dépouiller les bourses, conçus pour voler les malades et enrichir les apothicaires. Tenez la fraude et l’imposture loin à l’écart de l’art le plus sacré. Un médecin doit être homme de bien, philosophe chrétien, irréprochable dans sa vie et pur de crimes ; à l’égard des malades, au moins doit-il se comporter sans déguisement ni imposture. Je préférerais être trompé que tromper quiconque.

Dans la podagre, [118] j’accuse moins les articulations, qui sont les parties réceptrices, que les viscères, en particulier le foie et parfois le cerveau, qui ont transmis aux pieds une sérosité virulente et maligne. Je n’ai pas le livre de Cnöffel contre Corrade ; [38][119][120] si vous voulez l’envoyer, il y aura à la prochaine foire de printemps de Francfort un certain libraire de Genève, du nom de Tournes, ou Tornæsius, qui acceptera de me le remettre, avec peut-être d’autres qui vous seront tombés sous la main. [121][122] Je vous enverrai une autre fois plusieurs de nos thèses. Je vous ai écrit sur l’organisation de l’Université de Paris au début de ma lettre. Pour la subsistance des étudiants, le prix des denrées est ici florissant, tout est très cher : vin, viandes, vêtements et livres ; surtout depuis 9 ans, après que Paris a été assiégée par le jeune roi, sur les conseils de la reine mère, de Mazarin et du prince de Condé. [39][123][124][125][126] Lui s’est depuis séparé du roi et vit aujourd’hui en Flandre, soumis aux Espagnols ; après avoir ici tout troublé et perturbé, il est aujourd’hui notre ennemi et s’est mis au service du roi d’Espagne ; à tel point que je puis dire de lui ce que Juvénal a jadis dit d’Hannibal, le chef borgne des Carthaginois : Magnus mirandusque cliens sedet ad prætoria regis, Donec Austriaco libeat vigilare tyranno[40][127][128][129][130] Pour la nourriture et l’habillement d’un jeune homme de bonne famille, afin qu’il ne manque de rien et s’applique diligemment aux études, il faut y consacrer une somme d’au moins deux cents de vos thalers, ce qui revient à presque six cents de nos livres tournois[41][131][132] < Hermann > Conerding, Christian Buncken, de Hambourg, ou M. Volckamer, de Nuremberg, vous renseigneront mieux que moi là-dessus. [133]

Mais avant de vous quitter, je vous prie de m’expliquer qui fut cet Oswald Crollius, auteur de la Basilica Chymica[42][134] On dit qu’il n’a jamais exercé la médecine, ce que je croirais sans peine ; ou du moins l’a-t-il exercée de la pire façon, étant donné qu’il ne l’a jamais comprise. Je pense la même chose d’Andreas Libavius. [135] Où et quand ces deux-là sont-ils morts ? Libavius a pourtant été un très savant homme, qui me semble être décédé [Ms BIU Santé no 2007, fo 69 ro | LAT | IMG] à Cobourg vers 1616 ; mais on dit que Crollius est mort à Prague vers 1609 ou 1614. [43][136] Ici chez nous, il n’y a plus d’autres chimistes que quelques pharmaciens qui se parent de ce titre pour persuader les nobles et les gens très riches qu’ils connaissent intimement de nombreux secrets contre certaines affections ; mais ce sans grand succès car on ne repousse pas les maladies par des secrets, mais par la méthode, quæ est summum Artis nostræ secretum[44] S’il existe d’autres chimistes, ce sont quasiment des mendiants et des scélérats, que le dénûment et le désespoir, ou l’ignorance de la plus pure médecine, ont poussés vers la chimie en vue de fabriquer de la fausse monnaie sous ombre de médecine, ce qui leur fait traîner une misérable vie jusqu’à parvenir au gibet, ou en vue d’attaquer et de ravager les vies des hommes, en se servant de leur art inconnu et en débitant des pilules, des poudres ou des distillations à tous ceux qui se présentent à eux, même au pauvre petit peuple, Ut faciant rem, si non rem, quocumquemodo rem[45][137] Certains de nos docteurs maîtrisent ces opérations chimiques et n’utilisent pourtant pas de médicaments chimiques. La phlébotomie emporte tous les suffrages dans le traitement des maladies, à moins qu’elles ne soient incurables ; c’est un remède noble et de premier ordre, et véritablement souverain, sans lequel la guérison ne se fait pas (voyez Francisco Valles dans sa Methodus) ; [46][138][139] on l’accompagne d’un régime alimentaire bien choisi et de la purgation douce avec séné et moelle de casse, quelque sirop cathartique, parfois de manne (médicament que je trouve fort suspect) [140] et des autres remèdes susdits. Au printemps, nous employons le lait d’ânesse nouveau ; [141] aux mois d’été, nous venons à bout de l’intempérie ardente par le bain ou le demi-bain d’eau tiède, [142] après que les remèdes universels que sont la phlébotomie et la purgation ont ouvert la marche. Nous recourons parfois, mais rarement, aux eaux minérales car elles ne font au mieux qu’échauffer et dessèchent très puissamment ; [143] c’est-à-dire quelles ravagent et anéantissent malencontreusement l’humide radical implanté dans les intestins, [144] car il est primordial pour la survie de ne pas dessécher les viscères.

Voilà pour vous une bien longue lettre qui vous fera connaître comment nous nous y prenons ici et de quelle façon nous pratiquons la médecine. Si ce que j’ai dit contre les chimistes vous semble trop rude, vous vous souviendrez que je condamne l’abus et veux anéantir l’erreur, mais que je n’ai pas de haine pour ces gens, surtout s’ils veulent dorénavant se repentir de leurs égarements et revenir à plus de bon sens. Pour le reste, gardez-vous de croire qu’il faille vous donner la peine de contester ce que j’ai dit : loin de nous cette affectation, succus iste lolliginis bonos viros non debet tangere[47][145] Je vous aime et admire comme une grande étoile de brillant éclat ; je m’indignerais donc vivement si cette diversité d’opinions répandait entre nous quelque division. Et sur ce vœu, je cesse d’écrire, mais non de vous honorer, ni de vous aimer. Vale, très éminent Monsieur, et aimez en retour, de tout cœur et en toute franchise authentique, celui qui honore et affectionne le nom des Horst et leur famille tout entière. Je salue votre fils aîné, et les deux miens vous saluent aussi et vous remercient pour votre livre. [146][147]

De Paris, le 8e de mars 1658.

Votre Guy Patin en toute franchise, docteur en médecine de Paris et professeur royal.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johannes Daniel Horst, ms BIU Santé no 2007, fos 67 ro‑69 ro.

1.

V. note [1], lettre latine 74, pour les deux champions grecs de course qui ont porté le nom de Ladas dans l’Antiquité.

2.

« par cette cire et par ce lin, et par ces lettres qui sont les interprètes de l’esprit », Plaute (Pseudolus, acte i, scène 1, vers 39‑41) :

Phœnicium Callidoro amatori suo
Per ceram et linum litterasque interpretes,
Salutem mittit et salutem ex te expetit
.

[Phénicie à son amant Calidore,
Par cette cire et par ce lin, et par ces lettres, mes interprètes, je t’adresse mon salut et sollicite le tien]. {a}


  1. Les Romains de l’Antiquité écrivaient leurs lettres avec un stylet sur une paire de planchettes de bois (tablettes, tabulæ) couvertes de cire. Elles étaient reliées entre elles avec un fil de lin, qui servait aussi à les fermer à l’aide d’un cachet de cire. Le procédé demeura en usage jusqu’à la vulgarisation du papier (v. note [8] du Naudæana 3).

3.

Georg Horst, fils aîné de Johann Daniel, était né à Giessen en 1641 et avait entrepris des études de médecine. Venu perfectionner ses connaissances à Paris en 1664-1665, il logea chez le chirurgien Louis Gayan (v. note [7], lettre 921) et fut auditeur de Guy Patin, qui prit tout particulièrement soin de lui et donna régulièrement de ses nouvelles à son père (mais sans lui confier qu’il le trouvait peu assidu aux études).

Ayant quitté Paris en août 1665, Georg obtint son doctorat à Bâle en octobre suivant (v. note [1], lettre latine 421), puis il exerça comme médecin de la ville de Francfort jusqu’à sa mort (dont je ne suis pas parvenu à trouver la date).

Johann Otto (mort à Iéna en 1711), frère cadet de Georg, devint lui aussi médecin et épousa une fille de Werner Rolfinck prénommée Maria Sophia. Certaines éditions des Lazari Riverii Opera medica universa [Œuvres complètes de Lazare Rivière] (v. note [1], lettre 734), parues au xviiie s., contiennent une lettre de Johann Daniel Horst à son fils Johann Otto, datée de Franfort le 1er août 1668, qui contient une admonitionem super eorum lectione [injonction à les lire].

4.

La saison froide était favorable à la conservation sans pourrissement rapide des cadavres pendant les longs jours que durait une anatomie complète, dans un amphithéâtre aux parois ajourées, généralement en bois, ouvert aux quatre vents (v. note [10], lettre 8).

Les anatomistes préféraient les pendus, dont la dépouille était intacte (contrairement à celle des roués). Le doyen de la Faculté de médecine disposait à sa guise des cadavres suppliciés (v. note [10], lettre 8). On épargnait la dissection du condamné aux familles des nobles qu’on décapitait.

5.

V. note [5] des Actes de 1650-1651 pour les professeurs des Écoles et les arcanes de leurs charges. Les quatre docteurs régents de la Faculté élus professeurs le 3 novembre 1657 pour l’année 1658 (Comm. F.M.P., tome xiv, fos 166 ro et 197 vo‑198 vo) étaient :

Guy Patin omettait Jean Garbe, professeur de pharmacie.

6.

VLes Leçons au Collège de France, pour d’abondants détails sur le zèle de Guy Patin à illustrer sa chaire royale d’anatomie, botanique et thérapeutique.

En 1658, ses trois collègues royaux médecins (moins assidus que lui, disait-il) étaient : Mathurin Denyau pour la chirurgie (v. note [27], lettre 392) ; Claude Seguin (v. note [12], lettre 5) et Jean Chartier (v. note [13], lettre 271) pour les deux branches de la médecine, thérapeutique et pathologie (fièvres).

La Correspondance recense néanmoins un troisième professeur royal de médecine actif en 1658 : Jean-Baptiste Moreau (mort en 1693) avait obtenu la survivance de son père, René Moreau, en 1654, et lui avait succédé en 1656 (v. note [12], lettre 155).

7.

Ces deux hôpitaux d’instruction étaient l’Hôtel-Dieu et La Charité (v. note [4], lettre latine 71). Guy Patin en a peu parlé (car il n’y participait guère), mais la formation pratique des étudiants (bacheliers et licenciés) au lit du malade était déjà une des forces de l’enseignement médical à Paris ; il leur arrivait aussi d’accompagner les docteurs régents au cours de leurs visites au domicile des malades.

Dans son survol des ressources de la capitale, Patin passait sous silence les enseignements médicaux, couvrant notamment la pharmacie (botanique et chimique), que dispensait le Jardin royal des plantes, rival de la Faculté (v. note [4], lettre 60).

8.

« Il faudrait de meilleurs médecins pour soigner des malades en péril ; mais le peuple vit en se contentant d’un simple disciple de Philippe » :

Curentur dubii medicis majoribus ægri,
Tu venam vel discipulo committe Philippi
.

[Il faudra de meilleurs médecins pour soigner des malades en péril ; mais toi, tu peux confier ta veine à un simple disciple de Philippe]. {a}


  1. Philippe d’Acarnanie, médecin d’Alexandre le Grand.

Cette adaptation d’un distique de Juvénal (Satire xiii, vers 124‑125) clôt un intéressant passage de Guy Patin, car il n’a nulle part ailleurs résumé aussi précisément l’enseignement de la médecine à Paris.

9.

V. note [19], lettre 418, pour Jean-Claude de La Courvée, son De Nutritione fœtus in utero Paradoxa [Paradoxe concernant la nutrition du fœtus dans l’utérus] (Dantzig, 1655) et ses idées saugrenues sur le sujet.

Le Corpus hippocratique est riche en considérations sur la croissance du fœtus et sur sa nutrition. Ce passage du traité Des Chairs correspond probablement à ce que pensait Guy Patin (Littré Hip, volume 8, pages 593‑595) :

« L’enfant, dans le ventre maternel, ayant les lèvres continuellement rapprochées, suce la matrice et tire l’aliment et l’air dans le dedans du cœur, car cet air est très chaud chez l’enfant, autant du moins que respire la mère ; or le chaud donne le mouvement à l’air et au corps, ainsi qu’à tout le reste. Si l’on demande comment l’on s’est convaincu que l’enfant dans la matrice suce et attire, on répondra ceci : l’enfant naît ayant des matières excrémentielles dans l’intestin, et il les rend aussitôt qu’il vient au monde, les hommes comme les animaux ; {a} or il n’aurait pas de matières excrémentielles s’il n’avait sucé dans la matrice, et à la naissance, il ne saurait prendre tout d’abord le mamelon si, dans l’utérus, il n’avait usé de la succion. »


  1. Cette première défécation porte le nom de méconium (v. note [10], lettre de Hugues ii de Salins, datée du 16 décembre 1656).

Dans ses Institutions anatomiques (v. note [27], lettre 152), Caspar Bartholin, le père de Thomas, avait au contraire défendu la juste opinion que la nutrition du fœtus se fait par les vaisseaux ombilicaux (Livre premier, chapitre xxxvii, Des vaisseaux ombilicaux).

10.

Christian Buncken : Disputatio medica inauguralis, de rheumatico affectu [Thèse inaugurale sur la maladie rhumatismale] (Iéna, Sengenwald, 1649, in‑4o), disputée sous la présidence de Gottfried Mœbius (v. note [14], lettre 523). Buncken allait mourir en 1659 sans avoir envoyé sa thèse à Guy Patin.

11.

Guy Patin a barré le passage traduit entre accolades.

La présence de pus dans les urines (pyurie) est généralement un symptôme d’infection des reins (abcès, v. note [9], lettre 673, pour l’avis de Jean Fernel sur la question) ou des voies urinaires basses (vessie) ou de leurs annexes (prostate) ; en lien inconstant avec une lithiase. Certains pensaient aussi qu’en l’absence de cause locale patente, le pus urinaire pouvait provenir d’une autre partie du corps, transporté vers les reins par la voie des artères ; ce qui semble aujourd’hui inconcevable (hormis métastase d’une endocardite infectieuse).

12.

V. notes [19], lettre 442, pour les « Œuvres complètes » de Pierre Gassendi (Lyon, 1658), et [11], lettre latine 87, pour les « Essais anatomiques » de Peter Lauremberg (Collegium anatomicum, Rostock, 1636).

13.

Conradi Victoris Schneideri, Medicinæ Doctoris et Profess. P. in Academia Wittebergensi, Liber de Osse cribriformi, et sensu ac organo odoratus, et morbis ad utrumque spectantibus, de coryza, hæmorrhagia narium, polypo, sternuatione, amissione odoratus.

[Livre de Conrad Victor Schneider, {a} docteur en médecine et professeur public en l’Université de Wittemberg, sur l’Os cribriforme, {b} sur le sens et l’organe de l’odorat, et sur les maladies qui les concernent tous deux : coryza, épistaxis, polype, éternuement, perte de l’odorat].


  1. V. note [15], lettre 752, pour ce médecin es sa série de sept volumes sur les catarrhes (Wittemberg, 1660-1664).

  2. En avant et au milieu de la base du crâne, l’os cribriforme (en forme de crible) ou ethmoïde (même sens en grec) forme les cloisons et le toit des fosses nasales ; au travers de sa partie supérieure (lame cribriforme proprement dite) passent les fins rameaux des nerfs olfactifs.

  3. Wittemberg, Jobus Wilhelmus Fincelius, 1655, in‑12.

V. notes [2], lettre latine 52, pour Dissertationes anatomicæ de Werner Rolfinck (Nuremberg, 1656), et [7], lettre 557, pour les « Leçons diverses » de Thomas Reinesius (Altenbourg, 1640).

14.

Grembsius (Franz Oswald Grembs, 1621-1658) est l’auteur d’un unique traité, dont le titre dit l’essentiel de ce qu’il faut savoir de ce médecin autrichien :

Arbor integra et ruinosa hominis, id est Tractatus medicus theorico practicus in tres libros divisus ; in quo sana et morbosa hominis natura ex archeis seu spiritibus innatis tanquam suis radicibus proveniens dilucidè demonstratur : ac simul De Rerum Principijs, seu Elementis, Meteoris, Lapidibus, Mineralibus, Vegetalibus, Animalibus ; de usu et defectibus Partium Humani Corporis, de Anima, de Febribus, Peste, Venenis, Vita longa, et brevi, et tandem de Remediis Paracelsicis, juxta consensum et dissensum Hippocratis, Galeni et Helmontii cum Exegesi Remediorum Galenicorum, et Chymicorum, Historiarumque Medicarum breviter, et accurate disseritur. Authore Francisco Oswaldo Grembs Medicinæ Doctore, illustrissimi et revenredissimi Principis Guidobaldi Archiep. Salisburg: Consiliario et Medico ibidem Ordinario.

[L’Arbre à la fois intact et ruiné de l’homme, qui est un traité médical théorico-pratique divisé en trois livres. Où est clairement montrée la nature saine et maladive de l’homme, provenant des archées ou esprits innés, qui sont comme ses racines. Où sont aussi brièvement et exactement traités : les principes des choses que sont les éléments, les météores, {a} les pierres précieuses, les minéraux, les végétaux, les animaux ; l’utilité et les défauts des parties du corps humain, l’âme, les fièvres, la peste, les poisons, la vie longue ou brève ; et enfin les remèdes paracelsistes, selon l’accord et le désaccord entre Hippocrate, Galien et Van Helmont, {b} avec une explication des remèdes galéniques et chimiques, et des observations médicales. Par Franz Oswald Grembs, docteur en médecine, conseiller et médecin de l’illustrissime et révérendissime Guidobald von Thun, {c} prince archevêque de Salzbourg]. {d}


  1. Mot à prendre dans son ancien sens de phénomène atmosphérique, v. note [20] de la Leçon sur la Manne.

  2. V. note [11], lettre 121.

  3. 1614-1668, cardinal en 1667.

  4. Francfort, Johannes Georgius Spörlin,1657, in‑4o.

Ce livre irritait fort Guy Patin ; ce qui justifie de nous attarder sur son curieux frontispice. Il représente un arbre dont la frondaison est divisée en deux parties avec deux personnages à son pied : ses branches droites portent des feuilles et l’homme qui se tient au-dessous est jeune et vigoureux ; les branches gauches sont nues et l’homme est un vieillard à longue barbe ; au bas des marches qui montent vers l’arbre, cette légende :

Arbor Integra et Ruinosa Hominis. In Novo Helmontianæ Doctrinæ fundo plantata Helmontiano et Galenico succo vivida fructibus ad conservationem vitæ longæ tam per selectiora remedia practica, quàm arcana Paracelsica fœcunda, quos fructus collegit, ac public bono opposuit Author Franciscus Oswaldus Grembs Medicinæ Doctor, Illustrissimi et Reverendissimi Principis Guidobaldi Archiepiscopi Salisburgensis Consiliarius et Medicus ibidem Ordinarius.

[L’Arbre à la fois intact et ruiné de l’homme. Planté dans le sol nouveau de la doctrine helmontiste, la sève helmontiste et galéniste l’a vivifié de fruits pour la conservation d’une longue vie, tant par la grâce de remèdes pratiques très choisis que par celle des féconds secrets paracelsistes. L’auteur qui a cueilli ces fruits et les a mis à la disposition du bien public est Franz Oswald Grembs, docteur en médecine de Salzbourg, conseiller et médecin ordinaire de l’illustrissime et révérendissime archevêque de la même ville, le prince Guidobald].

Trois statues représentant les archées (esprits vitaux dans la médecine chimique) bordent chaque côté de l’escalier. On trouve au début du livre une Emblematis explicatio [Explication du frontispice] qui décrit chacune des six statues et fournit un intéressant éclairage sur la théorie helmontiste des archées :

Archeus de natura gas est, à primordiali genituræ adumbratione incæpit, solarique lumini adæquatur, immediatum animæ instrumentum, à qua potestativam vim habet, extra animam in semine humano huiusmodi spiritus Typis, seu Idæis rerum agendarum dotati sunt, sic etiam simplicibus, mineralibus, est vis mirabilis à Domino Deo tributa, plus vel minus tam in commodum quàm in incommodum hominis. Mulieres autem arbori astantes, designant nobis Archeos humanos. Prima mulier cuius iste titulus est Archeus mitis blas iucundum movens, velatam faciem habens, designat nobis Archeos inculpatos, qui suavi ac placida actione munia sua peragunt, nec se sinunt facilè à passionibus moveri ; maior enim pars hominum, quæ passionibus subiacet, ad morbos magis proclivis est.

Altera fœmina quæ portat : Archeus ens cælicum in se habens. Significat Archeum, qui se ad Syzygiam solis, id est, cursum, inclinationem seu influentiam componit, sicuti enim sol perambulat totum hemisphærium, et suo lumine calido cuncta semina ad promotionem maturationemque solicitat, ita in homine, qui est microcosmos, motus huiusmodi spirituum Archeorum seu membrorum insitorum, analoga similitudine, motibus siderum correspondent, unde dicti Archei vitalitate suâ luminosa calida instar solis cuncta promovent, figurant, augent, transmutant, et ad decidentiam seminis faciunt.

Tertia fœmina cui in clypeo inscriptum est : Archeus retractor in primam rei materiam, Archeum designat, qui lunæ Syzygiam æmulatur. Luna etenim astrum est, quod cuncta vegetabilia suo lumine frigido et peculiari influentiâ retrahit in primam rei materiam (sed hæc non est illa Philosophorum, sed quæ in se præter semen, externum quid coniunctum non habet) et facit fermenta (quæ sunt instrumenta Archeorum et eorum activitatum) quiescere, ut ii ex activitatibus non tam cito aboleantur, sed ex quiete vigorentur, hinc homini somnus est necessarius, ubi aliqua fermenta quiescunt.

Ex sinistra parte arboris exsuccæ prima mulier cui in clypeo notatum est : Archeus furibundus, tempestuosum blas movens, veluti Megæra, designat nobis Archeos spiritus membrorum furiosos, qui fabricant morbos, motus enim inordinati naturæ, nil nisi furores horum spirituum et Archeorum sunt

Proxima mulier denudato pectore, cuius clypeus fert : Archeus lascivus, munia negligens, designat nobis Archeum membrorum, lascivum, voluptuosum, luxuriantem, qui etiam sponte, etsi à causa occasionali irritatus non sit, in se fabricat entia morbosa, dum fit devius, et à vitalitate se ipsum exuit, et in illa pingit imagines, quæ sunt proprietates specificæ gravissimum morbum constituentes, qui in vitam durat, et perenniter vel pro spatio affligit, vel qui statim interimit.

Tertia fœmina in cuius clypeo hæ sententia est : Ens morbosum vitam exsufflans, draconem in medio sinu gerit, per istud monstrum morbus notificatur, et in medio iacet, nam omnes morbi à stomachi originem ducunt ; est autem morbus ens quoddam ex devio spiritu membrorum factum instar veneni proprietates habens, sicuti enim sunt diversa genera venenorum, ita etiam diversi morbi, sunt autem hi potestativi, quemadmodum venena cito hominem e medio tollunt, ita etiam morbi vitam exsufflando adimunt.

[Une archée a la nature d’un gaz, {a} elle a commencé par l’esquisse primordiale de la créature et est assimilée à la lumière solaire ; c’est l’instrument direct de l’âme, qui lui confère une force effective ; en dehors de l’âme, ces esprits sont contenus dans la semence humaine, dotés de figures ou formes des choses agissantes ; ainsi existe-t-il, même dans les corps simples et dans les minéraux, une force admirable que Dieu, notre Seigneur, a plus ou moins généreusement attribuée, tant pour le bonheur que pour le malheur de l’homme. Les femmes qui s’alignent devant l’arbre nous représentent donc les archées humaines. La première, {b} dont l’emblème est L’archée gentille qui met en mouvement le blas doux, {c} a le visage voilé et nous représente les archées irréprochables qui accomplissent leurs fonctions par leur action douce et calme, et ne se laissent pas facilement émouvoir par les passions ; la majeure partie des hommes, qui est soumise aux passions, est en effet fort sujette aux maladies.

La deuxième femme, dont la devise est L’archée qui porte en elle l’entité céleste, figure l’archée qui se consacre à la syzygie {d} du Soleil, c’est-à-dire à sa course, à son inclinaison ou à son influence : de même en effet que le Soleil parcourt l’hémisphère tout entier et provoque par sa chaude lumière l’avancement et la maturation de toutes les semences, de même, chez l’homme, qui est un microcosme, les mouvements des esprits de ces archées, ou parties implantées, correspondent par analogie aux mouvements des astres ; ce qui fait que lesdites archées, par leur énergie vitale, chaude et lumineuse, à l’instar du Soleil, promeuvent, façonnent, accroissent, transforment toutes choses et aboutissent au détachement de la semence.

La troisième femme, sur l’écusson de laquelle est écrit L’archée qui rétracte dans la première substance de l’être, représente l’archée qui cherche à imiter la syzygie de la Lune ; la Lune est en effet l’astre dont la lumière froide et la particulière influence rétractent tout ce qui vit dans la première substance de l’être (celle-là n’est pourtant pas celle des philosophes, mais celle qui, hormis la semence, ne s’exprime par rien d’extérieur) et mettent en repos les ferments (qui sont les instruments des archées et de leurs activités), de sorte qu’ils sont moins tant soustraits rapidement à leurs activités qu’ils ne sont revigorés par le repos ; c’est ce qui fait que le sommeil est nécessaire à l’homme car il met en repos tous ses ferments.

À la gauche de l’arbre, la première femme, {e}, celle qui est desséchée et dont l’écusson porte ces mots, L’archée furibonde qui met en mouvement la tempétueuse force impulsive, semblable à Mégère, {f} nous représente les archées furieuses des parties, celles qui fabriquent les maladies ; les mouvements désordonnés de la nature ne sont en effet rien d’autre que les fureurs de ces esprits et archées.

Sa voisine, qui a la poitrine dénudée et dont l’écusson porte L’archée lascive qui néglige ses charges, nous représente l’archée langoureuse, voluptueuse, luxurieuse, des parties ; même sans être excitée par une cause favorable, elle engendre spontanément des êtres maladifs, quand elle s’écarte du droit chemin et se débarrasse elle-même du principe vital, et en dépeint les apparences ; ce sont les propriétés spécifiques qui composent une très grave maladie, laquelle dure toute une vie pour soit rechuter éternellement, soit emporter d’un coup.

La troisième femme, dont l’écusson porte ces mots, L’entité maladive qui emporte la vie d’un souffle, abrite un dragon en son sein ; ce monstre personnifie la maladie et il gît en plein centre car toutes les maladies tirent leur origine de l’estomac ; la maladie est une entité qui se forme à partir d’un esprit perverti des parties dont les propriétés sont semblables à celles d’un poison ; comme les poisons, les maladies sont en effet diverses ; et les maladies sont investies d’un pouvoir car, de même que les poisons viennent rapidement à bout de l’homme, elles tuent en emportant la vie d’un souffle].


  1. Mot passé dans le langage courant, que Van Helmont a forgé à partir du flamand geest, esprit.

  2. À la droite de l’arbre.

  3. Blas est le mot que Van Helmont avait fabriqué pour désigner la force impulsive.

  4. Du grec συζυγος, conjonction.

  5. Qui a la tête chauve et hérissée de serpents.

  6. L’une des trois Furies (v. première notule {d}, note [35], lettre 399).

15.

« Quelle infortune pour vous, ô livres qui avez disparu si malencontreusement, si misérablement ! » : citation que Guy Patin a attribuée à Martial dans sa lettre française du 3 novembre 1651 (v. sa note [20]), mais que je n’ai pas trouvée chez cet auteur, non plus qu’ailleurs).

16.

Apologiæ pro discipulo et magistro, Luthero et Diabolo, a Lutherano superintendente Frid. Balduino, editæ, Alogia, per Nicolaum Serarium, Societatis Iesu presbyterum, SS. Theologiæ Doctorem, monstrata.

[Alogie {a} de l’Apologie pour le disciple et le maître, Luther et le diable, publiée par Friedrich Balduin, {b} surintendant luthérien, démontrée par Nicolaus Serarius, {c} prêtre de la Compagnie de Jésus, docteur en très sainte théologie]. {d}


  1. Absurdité.

  2. Friedrich Balduin (Dresde 1575-Wittemberg 1627, théologien luthérien allemand) : Hyperaspistes Lutheri adversus maledicam orationem Nic. Serari [Le Protecteur de Luther contre le discours médisant de Nicolaus Serarius] (Leipzig, 1603, in‑4o).

  3. Nicolaus Serarius (Rambervillers 1555-Mayence 1609, jésuite lorrain), théologien, philosophe et exégète biblique.

  4. Mayence, Balthasar Lippius, 1605, in‑8o.

    Ce que disait Guy Patin de cet ouvrage montre qu’il ne l’avait pas lu et en avait mal compris le titre.


17.

V. note [6], lettre 324, pour les « Réfutations médicales » de Gaspar Bravo de Sobremonte Ramirez (Lyon, 1654).

18.

Traduction entre accolades du mot ancillam [servante] que Guy Patin a barré dans le manuscrit et remplacé par ministrum [domestique].

19.

Furetière :

« Les chimistes ne connaissent que trois principes : le sel, le soufre et le mercure. Il n’y a proprement que deux sels en la nature, l’acide et l’alcali, {a} dont tous les corps sublunaires {b} sont composés. Ce sel des chimistes reste ordinairement mêlé parmi la terre après la distillation et est de couleur blanche, et de consistance sèche et friable »


  1. Nom arabe d’une plante marine (salsola soda, soude commune) dont les cendres procuraient le « sel lexivial » (obtenu par lessive), aujourd’hui carbonate de soude (qu’on a aussi tirée du goémon). L’adjectif alcalin qualifie à présent les bases : corps chimiques capables de réagir avec un acide pour donner un sel et de l’eau.

  2. Appartenant à la terre et à son atmosphère.

Le principal objet de cette longue lettre était la chimie (alors indistincte de l’alchimie et de ses pratiques magiques), que Guy Patin tenait pour une dangereuse hérésie médicale, en étant navré de savoir que son ami Johann Daniel Horst était d’un avis différent du sien.

20.

« Être deux à avoir un avis différent, etc. », v. note [3], lettre 172.

21.

« Passons sur la majeure ».

Transeat (Trévoux) :

« terme de l’École et du Palais qui est purement latin et signifie “ passe ”, “ posé que cela soit ”, quand on ne veut pas nier ou accorder une proposition. On dit en proverbe, Transeat, Graecum est, non legitur : {a} on prétend que cela vient de quelques anciens commentateurs ou glossateurs du droit civil qui, n’entendant pas le grec, passaient tout ce qu’ils trouvaient de mots grecs, sans les expliquer. »


  1. « Passons, c’est du grec et je ne sais pas le lire ».

Transeat major était une locution de la logique scolastique chère aux théologiens de la Sorbonne (J.‑Ferréol Perrard, Logique classique, d’après les principes de la philosophie de M. Laromiguière…, Paris, Brunot-Labbé, 1827, tome premier, page 339) :

« Si une proposition, une majeure, par exemple, renfermait du vrai et du faux, et qu’on ne voulût pas s’arrêter à la discuter, on disait transeat major ou esto major, puis on s’attachait à l’examen de la mineure ; {a} et quand la réponse était donnée, on rappelait le transeat pour faire voir qu’on aurait pu attaquer la majeure. Ces transeat étaient toujours une petite offense pour l’argumentant, {b} parce qu’ils supposaient que dans ses majeures il partait de principes au moins douteux, et ils étaient en même temps un triomphe de plus pour le répondant. »


  1. V. note [19], lettre 376, pour la mineure et la majeure d’un syllogisme.

  2. Argumentant (disputator) : « celui qui dispute et fait des arguments contre quelqu’un qui soutient quelque thèse publiquement [répondant, respondens] » (Trévoux).

Dans ses anonymes Recherches des Recherches et autres Œuvre de Me Étienne Pasquier, {a} le R.P. François Garasse {b} a cruellement illustré cette locution scolastique (section xiv, pages 955‑956, Très grands hommes loués excessivement par Maître Pasquier, savoir Clément marot, François Rabelais et Théodore de Bèze) :

« Pour les louanges que vous donez à Clément Marot, pource que c’est un badin, je n’en dis mot ; {…] mais quant à celles que vous donnez à Rabelais, elles sont excessives et considérables, car vous ne le citez jamais qu’avec éloge d’honneur et ressentiment {c} de la dévotion que vous portez à son génie. C’est, à votre dire, le gentil, le parfait, le nonpareil, le judicieux, l’incomparable ; et en somme, pour clore avantageusement votre discours, vous le comblez de ce témoignage : De ma part, je reconnaîtrai franchement avoir l’esprit si folâtre que je ne me lassai jamais de le lire, et ne le lus oncques {d} que je n’y trouvasse matière de rire et d’en faire mon profit tout ensemble.

En ces paroles, je reconnais trois propositions qui sont un syllogisme in Balordo : {e} 1. que vous avez l’esprit folâtre, 2. que jamais vous ne vous lassez de lire Rabelais, pour rire, 3. que vous y profitez toujours. Or à ce syllogisme pour répondre dûment et en forme, je dis Transeat maior, concedo minorem, nego consequentiam. {f}


  1. Paris, 1622, v. note [29], lettre 396.

  2. Garasse tenait Parquier pour un parangon du libertinage.

  3. Expression émue.

  4. Jamais.

  5. « dans la bouche d’un balourd ».

  6. « Passons sur la majeure [1], je vous concède la mineure, [2] je nie la déduction [3]. »

Guy Patin était convaincu que, dans toutes les maladies et sans perdre en efficacité, on pouvait toujours substituer un remède conventionnel à un médicament chimique. Transeat major était pour lui une manière académique et polie, sinon aimable, de dire à Johann Daniel Horst que son principal argument méritait à peine d’être considéré, tant il était faible.

22.

Proche du diacartami (v. note [6], lettre 503), le diacnicus était un sirop de graines de carthame (v. notule {b}, note [10], lettre de Caspar Hofmann, datée du printemps 1646), puissamment purgatives.

23.

La confection Hamec (Hamech) ou diacolocynthidos était un électuaire drastique à base de coloquinte. Elle tenait son nom de Hamech (altération de Ahmed), « médecin arabe fort ancien » (Furetière), qui ne serait autre que Rhazès (v. note [24], lettre 101). Elle contenait plusieurs autres ingrédients en quantités variables : séné, rhubarbe, agaric, scammonée, myrobolans (v. note [6] du Mémorandum 7).

La bénédicte est un « électuaire laxatif qui purge bénignement. Il est composé de 24 ingrédients, sans y comprendre le miel. On l’appelle ordinairement la bénédicte de Nicolas de Salerne [v. note [3], lettre 15], du nom de son inventeur » (Trévoux).

24.

Décret du 30 juillet 1566, v. note [8], lettre 122.

25.

« là d’où il nous était malencontreusement venu » (Catulle, v. note [104], lettre 166).

26.

Peuple sauvage des montagnes de Thessalie, les Centaures étaient (Fr. Noël) des :

« monstres fabuleux, demi-hommes et demi-chevaux, nés d’Ixion et de la nuée que Jupiter substitua à Junon. […] Hercule, Thésée, Pirithoüs {a} en tuèrent un grand nombre et obligèrent le reste à quitter le pays. D’autres {b} les font périr en partie dans le combat contre les Lapithes, qui troubla les noces de Pirithoüs et d’Hippodamie ; en partie sous les coups d’Hercule, qui extermina jusqu’au dernier. » {c}


  1. Roi des Lapithes.

  2. Tel Ovide, au livre xii des Métamorphoses, vers 210 et suivants.

  3. V. note [3], lettre de Reiner von Neuhaus, datée du 21 octobre 1663, pour Hercule.

    Sans égard pour le bienfaisant centaure Chiron, l’un des symboles de la médecine (v. note [5], lettre 551), Guy Patin prenait centaures dans son sens le plus péjoratif. Toutefois, il exagérait beaucoup, à son avantage, la majorité des docteurs régents qui étaient ennemis de l’antimoine : en 1658, elle était très inférieure à 80 sur quelque 120, et s’était même inversée (61 sur 111) dès 1652 (v. note [3], lettre 333).


27.

« Quand, après mille artifices, elle se croit bien protégée, quand elle a tout épuisé, Thaïs sent toujours Thaïs » ; deux derniers vers de l’épigramme citée, dont les dix premiers expliquent la fin :

Tam male Thais olet quam non fullonis avari
testa vetus, media sed modo fracta via,
non ab amore recens hircus, non ora leonis,
non detracta cani Transtiberina cutis,
pullus abortivo nec cum putrescit in ovo,
amphora corrupto nec viviata garo.
Virus ut hoc alio fallax permutet odore,
deposita quotiens balnea veste petit,
psilothro viret aut acida latet oblita creta
aut tegitur pingui terque quaterque faba
.

[Thaïs sent plus mauvais que le vieux pot d’un foulon avare qu’on a brisé dans la rue ; qu’un bouc après les amoureux ébats ; que la gueule du lion ; qu’une peau de chien écorché au delà du Tibre ; qu’un poulet qui pourrit dans un œuf avorté ; qu’une amphore de saumure corrompue. Afin de déguiser cette puanteur sous une odeur tout autre, chaque fois que, pour prendre un bain, Thaïs se déshabille, elle s’enduit la peau de psilothrum {a} verdâtre, ou se cache sous un liniment de craie dissoute dans un acide, ou se fait donner trois ou quatre couches de pommade de fèves grasses].


  1. « Dépilatoire, ou qui est propre à faire tomber le poil, comme sont la lessive forte, la chaux vive, les œufs de fourmi, la sandaraque, l’arsenic, l’orpiment » (Trévoux).

28.

La feuille d’Orient [folium Orientis] est l’autre nom du séné, seule invention des Arabes (avec le sirop de roses pâles, v. note [2], lettre 68) dont Guy Patin reconnaissait (à contrecœur) les vertus (v. note [6], lettre 15), puisqu’il l’utilisait lui-même pour se maintenir en belle santé.

29.

« Sois utile sans nuire » : maxime médicale antique proche du fameux Primum non nocere [En premier, ne pas nuire], qui se dit aussi Si non prosis, saltem non noceas. L’index du Littré Hip n’en procure pas d’autre source hippocratique que cette phrase du traité De l’usage des liquides (vol. 6, page 121) :

« Dans les choses qui peuvent nuire ou servir, il faut d’un côté rester en deçà du dommage, de l’autre aller jusqu’à l’utilité. »

V. note [22], lettre 504, pour la reprise de ce précepte par Scribonius Largus.

30.

V. note [16], lettre 516, pour l’Apologia de Lucas Stengel contre l’éponge d’antimoine (Augsbourg, 1565 et 1569).

31.

Pierre-Jean Fabre (1588-1658), médecin de Castelnaudary (Aude), docteur de Montpellier en 1614, était un défenseur obstiné du paracelsisme et de la spagirie. Il a laissé une vingtaine d’ouvrages, tous consacrés à la chimie et à l’alchimie.

V. note [12], lettre latine 29, pour stygial (stygius en latin), adjectif qui qualifie ce qui est relatif au Styx et aux enfers, avec jeu de mots sur stibial (antimonial).

32.

Aucun livre de l’époque ne porte ce titre de « Légende des moines » ; le seul titre approchant que Guy Patin ait cité dans sa Correspondance est la Légende de l’antimoine, pamphlet antistibial paru en 1653 (v. notes [11], lettre 333, et [55], lettre 348). Probablement s’agit-il d’une étourderie de sa plume.

33.

V. notule {b}, note [25], lettre latine 87, pour l’Historia meteorologica [Histoire météorologique] (Cassel, 1651) d’Uranophilus Cyriander, pseudonyme du landgrave Hermann iv de Hesse-Rotenbourg, rédigée en allemand.

34.

Domenico Panarolo (1587-1657), professeur de botanique puis d’anatomie à Rome :

35.

V. notes [46], lettre 442, pour le médecin parisien Guillaume i Petit, et [36], lettre 469, pour l’Observatio eclipsis solis, quæ contigit Parisiis anno 1652… [Observation de l’éclipse solaire qui survint à Paris l’an 1652…] de Pierre Petit (imprimée à Paris, 1660).

36.

Le sang, assimilé à l’air, était l’une des quatre humeurs classiques du corps humain (v. note [4], lettre de Jean de Nully, datée du 21 janvier 1656), avec la bile jaune, la bile noire (atrabile ou mélancolie) et le flegme (ou pituite). Jean Fernel a consacré le chapitre viii, livre vi de sa Physiologie (traduction française parue à Paris en 1655, v. note [1], lettre 36) à montrer Que le sang contenu dedans les veines est mêlé non de trois, mais de quatre humeurs, et combien il y en a de différentes (pages 577‑586) :

« Le sang, quel qu’il soit, est appelé chyme, {a} c’est-à-dire suc, qui est quelque fois bon, comme dedans l’euchymie, c’est-à-dire dedans la bonne complexion, et quelquefois mauvais, comme dedans la cacohymie, c’est-à-dire la mauvaise complexion ; {a} et d’autant que l’un et l’autre étant répandu dedans la substance des parties, par le moyen et la vertu, il se caille et se prend, et il est dit nourrir. {b} […]

Il y en a quelques-uns qui ont estimé que tout le sang était composé non de quatre, mais seulement de trois sucs mêlés ensemble, lesquels ne pensent point que le sang soit autre chose qu’une mixtion ou un mélange médiocre et tempéré {c} des trois humeurs ; et qu’outre iceux, il n’y a pas un quatrième sang pur contenu dedans les veines ; et même, ils soutiennent que cela ne se peut pas concevoir dedans notre esprit, étant surtout appuyés sur cette raison que les trois humeurs sont séparément mises et disposées, et qu’il n’y a aucun sang pur. Ils ajoutent que quand le sang se corrompt, il se change et convertit du tout {d} en ces trois humeurs, et qu’il n’y aucun sang qui subsiste à part ; et quand donc ces trois sucs sont également augmentés, ils disent que le sang domine en ce temps-là ; et quand ils sont inégalement engendrés, celui qui surmonte les autres, ils veulent que d’icelui le tout soit seulement dit ou pituiteux, ou bilieux, ou mélancolique ; enfin, qu’il en est de même que dedans le lait, qui est seulement composé de trois substances, {e} outre lesquelles il n’y en a point de quatrième qui soit désignée et appelée du nom de lait, mais tout ce qui est composé de ces trois substances bien tempérées prend le nom de lait. {f}

Mais si nous considérons attentivement des yeux et de l’esprit les parties du chyle, {g} et si nous observons et leur substance et le mélange de leurs qualités, il y en aura non seulement trois, mais quatre différentes, dont aussi proviendront quatre sortes de sucs. Bien plus, si l’on examine la diversité des parties qu’ils doivent nourrir : comme il s’en rencontrera quelques-unes auxquelles les trois autres humeurs peuvent être accommodées et appropriées ; de même, il s’en trouvera d’autres chaudes et humides, comme la chair, d’autres tempérées comme la peau, qui ne peuvent pas être nourries sinon du plus pur sang. C’est pourquoi il est du tout {d} nécessaire qu’outre les trois autres, il y ait aussi dedans les veines un pur sang, et lequel surpasse de bien loin et de beaucoup les autres humeurs. Il faut donc estimer la comparaison du sang avec le lait sotte et ridicule ; et quand le sang se corrompt, toute sa substance ne se change pas et ne se convertit pas en bile jaune ou noire, mais aussi il y en a une certaine partie qui demeure, ou qui n’est pas corrompue, ou qui ressemble au sang corrompu. C’est pourquoi le sang qui est renfermé dedans les plus grandes veines est rempli de ces quatre sucs, mais en cette proportion que, dedans la constitution tempérée et médiocre, le pur sang surpasse beaucoup et domine sur tous les autres ; puis en après, la pituite, parce qu’elle est douce, et qu’elle peut être changée et convertie en sang, et qu’elle est nécessaire à nourrir certaines parties ; en troisième lieu, le suc mélancolique ; et celle qui est en la moindre quantité de toutes est la bile jaune ; tant à cause des raisons présentement déduites, comme aussi d’autant que l’on remarque dedans nous que son réceptacle et son réservoir est plus grand et plus ample, {h} et que si, après la saignée, on garde le sang, il tombe au bas et au-dessous plus de boue et d’humeur terrestre et mélancolique qu’il ne surnage pas au-dessus de la bile. Et telle est certainement la mixtion et le mélange des quatre sucs dedans le sang. » {i}


  1. Le chyme désignait généralement tout liquide organique (humeur, suc, khumos en grec) du corps humain, desquelles Fernel tenait ici le sang pour la plus vitale. V. note [1] du Traité de la Conservation de santé, chapitre x, pour le sens digestif du mot chyme, qu’il est le seul à avoir aujourd’hui conservé.

  2. Mélange équilibré des humeurs du corps, l’euchymie était le contraire de la cacochymie (v. note [8], lettre 5).

  3. Fernel et les dogmatiques considéraient que, à l’instar de celui qu’on recueillait dans une poêlette pendant la saignée (v. note [7], lettre 70), le sang se coagulait dans les organes du corps pour leur servir de nourriture.

  4. Moyen et équilibré.

  5. Absolument, entièrement, tout à fait.

  6. Butyreuse ou beurreuse, caséeuse ou fromageuse, et séreuse (petit-lait).

  7. Avec cette comparaison, Fernel rejetait l’idée que le sang ne fûit qu’un mélange de bile, d’atrabile et de pituite, sans être lui-même une authentique humeur.

  8. Sic pour « chyme » ; le traducteur n’a pas corrigé l’erreur qui est curieusement présente dans la source latine (Medicina, 1578, page 122, ligne 12‑13) : At vero si partes chyli [pour chymi] intentis oculis…

  9. Sans parler des artères, qu’on tenait encore alors pour à peu près vides, le sang avait pour réservoir l’ensemble du compartiment veineux.

  10. Tout le génie de Fernel ne pouvait convaincre un lecteur tant soit peu doué de sens critique. Ses arguments fumeux et spécieux, visant à démontrer que le sang était bien une humeur en soi (et la plus précieuse des quatre), prouvent surtout que la théorie humorale, socle de la médecine dogmatique héritée d’Hippocrate et de Galien, ne tenait déjà plus debout à la fin du xvie s. : Paracelse et ses adeptes l’avaient déjà renversée ; mais elle ne s’écroula pourtant que deux siècles plus tard.

Sanguin (Furetière) : « qui est d’un tempérament où le sang et la chaleur prédominent. Les sanguins sont braves et de belle humeur. Les sanguins ont besoin souvent d’être saignés. »

Le même précieux dictionnaire a brièvement caractérisé les trois autres tempéraments liés aux humeurs :

Comme tous les médecins dogmatiques de son époque, Guy Patin était fort attaché à cette classification « humoriste » des individus (c’est-à-dire selon l’humeur qu’on pensait prédominer en eux), qui justifiait quantité de déductions diagnostiques et thérapeutiques. Parfaitement désuètes aujourd’hui, les quatre humeurs ont pourtant laissé maintes traces dans le langage courant, et les philologues en font leurs choux gras.

37.

Galien, De methodo medendi [La Méthode de remédier] (livre ix, Kühn, volume 10, page 624) :

Maxima vero continentium febrium remedia hæc duo sunt, venæ sectio et potio frigida. Verum illa omni tempore, modo vires sustineant, hæc frigidæ potio quum et in pulsu et urinis concotionis evidentes cernuntur notæ, febris autem est maxima.

[Les plus grands remèdes des fièvres continues sont en vérité au nombre de deux : la phlébotomie et la boisson froide ; la première à tout moment, pourvu que les forces du malade la tolèrent ; la seconde quand on discerne des signes évidents de coction {a} dans le pouls et dans les urines, et quand la fièvre est très élevée].


  1. Seconde des trois phases dans la maladie hippocratique, la coction succède à la crudité, et précède la crise.

38.

V. note [33], lettre latine 87, pour la querelle entre les médecins de la cour de Pologne, Andreas Cnöffel et Augustin Corrade, sur le traitement des fièvres malignes.

Pour ce qu’on appelle aujourd’hui la goutte (v. note [30], lettre 99), la science moderne a plutôt donné raison à Guy Patin : c’est une maladie métabolique générale liée à une perturbation du métabolisme des purines (composants azotés des acides nucléiques contenus dans les cellules du corps lui-même et dans les aliments) ; elle aboutit à un excès d’acide urique (produit par le foie et l’intestin grêle) qui cristallise dans les articulations pour provoquer les accès goutteux.

39.

V. la longue lettre de Guy Patin à Charles Spon, le 20 mars 1649, pour le récit et les commentaires du siège de Paris (janvier-mars 1649) pendant la Fronde.

40.

« Cet illustre, cet extraordinaire client reste assis près du prétoire royal jusqu’à ce qu’il plaise à un tyran d’Autriche de s’éveiller » ; adaptation de Juvénal (Satire x, vers 159‑162) :

O gloria, vincitur idem
nempe et in exilium præceps fugit atque ibi magnus
mirandusque cliens sedet ad prætoria regis,
donec Bithyno libeat vigilare tyranno
.

[Ô gloire ! le voilà vaincu, ce même Hannibal, il fuit précipitamment en exil ; et là, cet illustre, cet extraordinaire client reste assis près du prétoire royal jusqu’à ce qu’il plaise à un tyran de Bithynie de s’éveiller].

41.

Il est raisonnable de penser que cette somme élevée s’appliquait aux frais d’une année de séjour parisien pour un jeune homme de bonne famille. Ces renseignements touchaient au dessein que Johann Daniel Horst avait d’envoyer son fils Georg (v. supra note [2]) étudier à Paris. Les frais incombant à la scolarité (v. note [60] des Décrets et assemblées de la Faculté de médecine en 1651-1652) n’y étaient pas inclus, dans la mesure où il ne venait pas pour y être gradué.

42.

V. notes [9], lettre 181, pour la « Chimie royale » d’Oswald Crollius (Francfort, 1609) et [5], lettre 340, pour sa traduction en français (Lyon, 1624).

43.

Cobourg est une ville de Haute-Franconie, en Bavière : Andreas Libavius (v. note [2], lettre latine 279), né en 1550, y était mort le 25 juillet 1616.

Oswald Crollius, né vers 1560, était mort à Prague le 25 décembre 1609.

44.

« qui est le plus grand secret de notre métier », v. note [2], lettre latine 43.

45.

« Pour faire fortune, honnêtement, ou sinon par quelque moyen que ce soit » : Horace (v. note [20], lettre 181).

46.

V. note [4], lettre 245, pour la Methodus medendi [Méthode pour remédier] de Francisco Valles (Venise, 1589).

Valles était un sage défenseur de la saignée ; au livre ii, chapitre iv (pages 99‑100, réédition de Paris, 1651), il recommandait par exemple cette utile précaution :

Ob has igitur causas arteriarum attrectatio ad censendum de facultate pro mittendo sansguinem est maxime necessaria, ac præterea, quia venæ sectio vitali facultati magis, ac prius nata est officere per effusionem sanguinis et spirituum, quæ eius facultatis instrumenta propria sunt : qua de causa magis etiam quàm ulla alia evacuatio videtur facultatis constantiam desiderare. Missurus ergo sanguinem aut expurgaturus, considerabis dicta omnia, præcipue vere pulsum, neque ante vacuabis, quam iudicaveris esse virtutis robur, non id solum, quod præsentem evacuationem ita sustineat, ut du mea agitur anima non deficiat, sed etiam quod imposterum sit futurum satis ad perferendum morbum, et transigendam totam eius constitutionem. Eadem igitur causa, qua cum morbum fore longum suspicaris, minus audes cibum detrahere, debes et copiosas et multas evacuationes magis timere, alioqui, in brevibus ad utrumque esse audax, inediam dico et evacuationes.

[Il est donc absolument nécessaire de palper les artères pour décider s’il est possible de saigner et, en outre, quel mode opératoire choisir, parce que la phlébotomie affecte puissamment la faculté vitale et que sa première fonction est d’agir par soustraction de sang et d’esprits ; plus que tout autre mode d’évacuation, elle paraît donc requérir de vigoureuses fonctions corporelles. Avant de soustraire du sang, vous prendrez donc tout cela en considération et, en tout premier lieu, la qualité du pouls ; {a} et vous n’exécuterez pas la saignée si vous n’estimez pas le malade robuste ; c’est-à-dire qu’il sera non seulement capable de la supporter dans l’immédiat sans en mourir, mais qu’ensuite, il restera assez fort pour endurer jusqu’au bout sa maladie et que sa constitution s’en accommodera tout du long. Quand vous suspectez que la maladie va être longue, de même que vous n’oseriez pas suspendre l’alimentation, vous devez vivement redouter les évacuations copieuses et itératives ; sinon et à court terme, l’un comme l’autre, jeûne et saignées excessives, s’avéreront téméraires]. {b}


  1. Un pouls ferme et bien frappé est le reflet d’une masse sanguine et d’une pression artérielle adéquates, permettant de saigner sans risque de provoquer un choc hémorragique (collapsus).

  2. Comme il l’a écrit plus haut (2e paragraphe de la page précédente) et souvent ailleurs, Guy Patin suivait ce sain précepte, en ne prônant la saignée que « chaque fois que les forces du malade le permettent », quotiescumque vires sinunt ; mais cette appréciation est subjective, et on a reproché à Patin de s’y montrer parfois téméraire, notamment dans les derniers jours de Pierre Gassendi en 1655 : v. note [20], lettre 528.

47.

« ce suc de calmar ne doit pas affecter les hommes de bien » ; Horace (Satires, livre i vers 100‑105) :

Hic nigræ succus lolliginis, hæc est
ærugo mera ; quod vitium procul afore chartis,
atque animo prius, ut siquid promittere de me
possum aliud vere, promitto liberius si
dixero quid, si forte iocosius, hoc mihi iuris
cum venia dabis
.

[Ceci est du noir suc de calmar, une rouille pure. C’est un vice qui sera toujours écarté de mes écrits et de mon esprit ; je le promets, si je puis promettre quelque chose qui dépende de moi. Si je parle trop librement, si parfois je plaisante outre mesure, il faut m’en donner le droit, me le pardonner].

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 67 ro.

Clarissimo viro D. Io. Dan. Horstio, Archiatro, Darmstadium.

Suavisimas tuas seriùs tardiùs accepi, Vir Cl. die nimirum 24. Febr. à Te
tamen scriptas die 16. Dec. anni nuper elapsi : cujus moræ quæcumque ratione fuerit,
nihil admodum moror : neq. enim omnes tabellarij sunt Ladæ : ut ut sit, gratias ago
Tibi singulares pro tam grata epistola, in qua mutuis bene fidum pectus amoribus
lætus agnosco, et t amoris in me tui thesaurum quem optaveram reperio. Bene
sit utriq. nostrum in posterum : interea v. sit laus Deo et Musis, per quas absentes
et ignoti, sibi invicem amicè, et more majorum sine fuco, sine fallacijs, et candidè
colloquuntur, per ceram et linum, et literas animi interpretes : quod certè et haud
dubiè futurum 2 de Te spero, 1 de me voveo, si bene Te novi. Si Filius tuus major
natu in hanc Urbem unquam veniat, quantum quod in me erit efficiam ut intelligat
quanti Te faciam. Quod spectat ad studium Anatomicorum, pars illa Medicinæ
diligenter hîc excolitur mensib. hyemis, propter copiam cadaverum quæ hîc
suppetunt per strangulationem tot nebulonum et suspendiosorum, quorum
miseriæ per hanc viam finis imponitur : vernis et ac æstivis mensibus viget
studium Botanicum, quod tamen minoris facio, si necessarium ad bene medendum
stirpium notitiam excipias, præ maxima illa utilitate quam decerpunt
Philiatri, tam ex Operatoinib. Chirurgicis quæ sæpius celebrantur, quàm
ex Disputationibus publicis quæ habentur in Scholis Medicorum ; et Præ-
lectionibus publicis, à 4. selectis Doctorib. quorum 1. docet Physiologiam,
2. Pathologiam : 3. Chirurgiam : 4. Botanicem : Sunt et alij 4. Professores
regij, in alio docentes loco, nempe in Auditorio regio, i. Schola Camerensi :
quorum 1. docet Anatomem : 2. Chirurgiam : 3. et 4. Therapeuticem, et
de Febribus
 : sed non ea qua deberent sedulitate et diligentia : anno supe-
riore per sex integros menses docui, à Martio usque ad finem Augusti, magna
auditorum frequentia, tres alij vix per unum aut alterum mensem. Est et
aliud commodum Philiatris convenientissimum, per quod eis licet in duob. amplissimis
Xenodochhijs ægros invisere, præsentib. Medicis in ad hoc officium deputatis,
unde multa exempla et variæ Observationes si studiosi fuerint, quotidiè
possunt colligi : licet in his locis non æquè bene et accuratè fiat Medicina,
quàm apud Magnates et cives qui majori cautela tractantur.

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 67 vo.

Nosti illud optimi Iuvenalis.

Curantur dubij Medicis majoribus ægri,
Plebs vel discipulo vivit contenta Philippi.

Embryonem per os nutriri non puto, quidquid super ea re senserint
aliqui Recentiores : et hæc opinio cum alijs multis luxuriantis [de gentis]
fætura est valde frequens hoc curioso nimis et novaturiente sæculo. Thoma
Bartholinus
est à multis annis mihi amicissimus : illum de la Courvée
hîc olim novi ante decennium : ejus scripturas nec moror nec miror. Iste
liber non est Hipp. apud quem tale quid legitur : nec verum illud esse puto
ex quo tot sequuntur falsa et absurda. Conerdingij illius apprime
memini ; erat excelsæ staturæ et obesulus, ac prope quadratus : eruditus bene moratus
adolescens ac eruditus : hîc vixit ante decennium : si ad illum scripseris, rog[o]
Te per omnes Musas, ut illi meo nomine salutem ninties, et omne officium polliceari.
Idem si placet præstabis Christiano Buncken, Hamburgensi : cujus dispu-
tationem de Rheumatismo non vidi : quam tamen jure quodam meo ab ipso Aut[hore,]
amico olim meo, expecto, nec puto mihi defuturum.

Quotiescumque per
urinas pus aut serum excernuntur, hîc vulgo creditur etiam à præstantissimi[s]
ista feri per arterias, si non semper, saltem ut plurimum : taliam evacuation[em]
aliquot exempla memini me hîc interdum vidisse : ab annis 34. quib. facie[bam]
medicinam :
nec tamen dubito Naturam ipsam multos meatus sibi facere, etiam ocul[a-]
tissimis incognitos.

De pretio Operum omnium Petri Gassendi nondum constat,
nec puto constabit ante 4. menses. Laurembergij Exercitationes Anatomic[as]
utinam videre possim, si quovis pretio prostent : sed noli tuas mittere : satag[o]
tamen ut alias habebam quàm Tuas : ad hoc forsan utilem operam nobis conferet D.
Christianus Buncken, vel optimus Conerdingius. Scio ejusmodi Laurembergium
fuisse virum eruditissimum. Pro libro de osse cribriformi Conr. Vict. Sneideri,
et ut et Rolfinckij, gratias Tibi ago ; utrumq. enim habeo : ut et Reinesij
varias lectiones
 : vir est eruditissimus, multæ lectionis, accuratus scriptor
nec nisi magnificè de tanto Viro sentio : quid aliud scripsit, numquam vidi : ut nec
Grembsium pro Helmontio, qui forsan in hanc Urbem devehetur : et de quo liberè
dicam, O infelices chartæ cur tam malè, tam miserè perijstis ! nec minùs miror
impudentiam sæculi, exstare hominem qui scribat pro Helmontio, nebulone maniac[o]
cùm olim quidam scripserit Apologiam pro Diabolo. Casp. Bravo Resolutiones Me[dicæ]
hîc habeo : tuam interea sententiam laudo, bona ex illis esse seligenda et probanda retinenda.

Chemiam triplicem facio : primam Physicam, quæ in simplicium et mixtorum
distillationibus versatur, quam nec spernendam esse non puto : secundam, Medicam
quæ pars est Pharmaciæ, in exquisitiori medicamentorum præparatione posita, nost[ris]
Pharmacopolis cognita : quæq. interdum suum habet usum in morborum curatione
modò se ancillam ministrum esse meminerit, legitimæq. medendi methodo se subjiciat ac
ancilletur tanquam heræ dignissimæ : tertiam, metallicam nuncupo : ea
est quam nebulones quidam exercent in adulterina moneta conficienda, et cujus
ope tandem ad infame patibulum pendtrahuntur : quod non rarò contingit.
Sæpius illi profitentur se habere ac componere secreta in suis fornacibus ad
morborum curationem, qui aurum et argentum adulterant ad miseram vitam protr[a-]
hendam : et illam tertiam suis mystis relinquo. Prima suum habet usum : secund[a]
multos abusus continet, qui si rescindantur ac tollantur, aliquando utilis ess[e]
potest, modò peculiarem Artem non constituat, sed dumtaxat Pharmaciæ partem, à
tribus illis Chymicorum principijs planè alienam, et segregatam. Habes de Chymia qu[æ]
sentiam, à tua sententia nil fortè diversum : quod si aliter sentire volueris, cert[è]
per me licet : jamdudum enim mihi animo insedit illud Poetæ. Diversum sentire duo[s]
etc.
Paucis tamen respondere non pigebit illis quæ de Chymia subjecisti.
Selectissima

u.

Ms BIU Santé no 2007, fo 68 ro.

Selectissima, inquis, de Chemia, dat remedia, sine quib. gravissimi morbi averrunca[ri]
vix possunt
. Ad hoc respondeo. Transeat major : Selectissimis iliis medicamentis facilè
caremus, nec utimur ; et tamen gravissimi morbi feliciter apud nos averruncantur, beneficio
vulgarium et simplicium remediorum, cum arte et methodo adhibitorum : ea nobis sunt
venæ sectio, victus ratio conveniens, et purgatio sæpius repetita, modò ex benignioribus medicamentis
concinnata, cassia, sena, rheo, manna, syr. rosar. solut. et de florib. mali persicæ :
si validiora requirantur, ascendimus ad scammoniatas confectiones, qualia sunt diaprunum
solutivum, diaphænicum, diacnicu, de citro, de psyllio, de succo rosarum : confect. hamech et
benedictam laxativam vix unquam attingimus, nisi forsan in affectib. soporosis, et ut fiat
intensior facultas purgatrix enematum : Gallorum nostrorum corpora facilè solvuntur,
præsertim v. Parisiensium civium : quib. utplurimum repurgandis sufficiunt ʒiij. foliorum senæ,
et syrupi diarhodon ℥j. Colocynthidem, elaterium, et ac ejusmodi majoris efficaciæ, et
suspectæ malignitatis cathartica, vix unquam in usum revocamus : stibium numquam, à Facultate
nostra tanquam venenum ante annos 90. damnatum ; et re vera talem censuram
summo suo merito obtinuit metallicum istud toxicum : quod nuper quidam male feriati nebu-
lones, ut supra cæteros Collegas aliquid sapere viderentur, ex Orco revocare conati sunt, sed
tot misellos ægros nimis credulos tam infeliciter jugulavit, ut eò revertendum ei citò
fuerit, unde malum pedem attulerat, cum sua pernicie : quidam ex illis causantur non
intellectam ejus præparationem : saltem nulla adhuc nobis apparuit innoxia et manifestæ
malignitatis expers : itaq. stibium quomodocumque paratum non usurpamus : et in hac
Urbe vivunt Doctores Medici plusquam 80. qui à stibio abhorrent : quod si sint qui
ab ejus usu suis ægris aliquid auxilij polliceantur, hîc vulgò æruscatores, impostores,
agyrtæ, pharmacopolarum adulatores, novitatis aucupes aut venefici reputantur : ^ cùm centaurica isthæc/ medicatio nulli adhuc/ successerit.
Scio remediorum medicamentorum varietatem, novitatem ac multiplicitatem apud ægros nimia credu-
litate laborantes, suas habere illecebras, ad quod vel inducuntur vel trahuntur
per pharmacopolarum gentem, sceleratam, fraudulentam et malignam, sanctioris Medicinæ pestem ;
lucriones enim isti putidissimi nil nisi turpe lucrum meditantes, pravis artib. ægrorum
loculis miserè insidiantur, ac inhiant, et parum Christianè cum quibusdam medicastris fœdum, nec
nec magistratibus tolerandum syncretismum exercent, unde tot lacrymæ, cædes et homicidia : de quib.
nescio quando curabit Prætor : et hoc facit nimia ejus sæculi φιλαργυρια, quæ
etiam multorum Medicorum mentes non solùm occupavit, sed etiam atrocissimè effascinavit.

Operosa illa et sumptuosa pharmacia, quidquid virium prætendat in ægrorum gratiam,
nil penè est aliud quàm latens et perpetua fallacia : de qua cujus indole, apud eruditos et cordatos
Medicos, verè possum profiteri :

Cùm bene se tutam per fraudes mille putavit,
Omnia cum fecit, Thaïda Thaïs olet.
Martialis, lib. 6 epigr. 93.

Mihi adhuc, singulari Dei gratia, valentissimo, sufficiunt ʒiij. fol. Orient. maceratæ
per horæ quadrantem in jusculo carnium : cur igitur tot Arabum fæces imploramus,
ad vacuandam alvum ? Optima est illa Medicina quæ paucis constat medicamentis, et à quibus
natura parum afficitur. Scio quidem magnis morbis magna, imò majora deberi
remedia : ut et fortiorib. viris fortiora : Germanis quàm Gallis validiora convenire :
concedo totum : sed cum methodo et securitate purgamus : ex decreto Hipp. eo modo
prosis ut non noceas :
nullas est in stibio etiam excoctissimo atque præparatissimo
securitas, ideóq. prudenter ab ejus vel usu vel abusu abstinemus : et tuti premanemus
in sententia eruditissimi optimiq. viri Lucæ Stenglij, Physici Augustani, cujus librum
hîc habeo editum Augustæ Vindelic. anno 1569. quem ex omni parte laudamus
atque probamus. Et hæc de Chemia : de qua quidquid aliter censureris, numquam
mihi displicebit. Petrus Io. Faber in Gallia Narbonesi Medicaster, planus est
ac impostor Chymicus : qui per infinitas cædes ^ ex Medicina sua metallica/ et prope stygia, in illa regione pessimè audit :
multa scripsit Chymica, quæ in tota Gallia nullo habentur in pretio : post Legendam
Monachorum
, in qua tot leguntur absurda, nulli libri 2 magis in Gallia, studiosis ac
eruditis viris, referta, 1 spernuntur quam Chymici, cùm ipsi scriptores sint pessimi
nebulones, ac impudentissimi pollicitatores, verborum suorum temeritate Philiatros
deducentes ad contemptum doctrinæ hippocraticæ methodique Gallenicæ, cujus majestatem
atque dignitatem numquam intellexerunt, nec intelligent [si]
[pergent tantis modis] insanire.

v.

Ms BIU Santé no 2007, fo 68 vo.

Meteorologiam illam serenissimi Principis Germanicè scriptam, non requiro,
cùm à me nullo modo intelligi possit : alios libellos non recuso, si quoquo pretio
haberi possint. Panaroli Aerologiam numquam vidi : habeo tamen ejus Observationes.
Gul. Petit
Collega noster nihil scripsit quidquam, nequidem de Eclipsi : licèt
sit eruditissimus : qui a. scripsit de Eclipsi, Quæstor est regius in re tormenta-
ria, in rebus Mathematicis doctissimus. Nihil mihi videtur tam absurdum, tam incultum in natura,
quàm Chymicorum pollicitationes, Monachorum revelationes, et Mathematicorum
prædictiones : et hæc tria tres sunt mendacissimorum hominum species.

In venæ sectione celebranda et multoties etiam repetenda, quotiescumque
morbi magnitudo postulat, et vires sinunt, sequimur Hipp. Gal. Fernelium,
Botallum, nec sine fructu, imò summo ægrorum nostrorum commodo. Tanti
præsidij dotes frustra Tibi enumerarem : non dubito eas Tibi esse perspectissimos :
saltem repeti possunt ex authoribus supra laudatis : Civium nostrorum corpora
sanguinea, biliosa, bene saginata, et multo sanguine distenta, optimo succo turgentia, beari
non possunt absque sanguinis missione, quæ hîc audacter celebratur et in
pueris, et in senibus, cum prospero semper successu, quamdiu pendet morbi
magnitudo ab intemperie viscerum præfervida, et plethorica constitutione,
quæ duo hîc semper occurrunt : Sed desino, posthac Theses aliquot Medicas
Tibi mittam, per quas intelliges quantum cæteris præsidijs antecellat venæ sectio.

Per bezoardica nescio quid intelligas : alterantia nulla meliora esse puto jusculis
refrigerantibus, ptisana vulgari, vel ipsâ frigidâ, toties à Galeno in acutorum
morborum curatione commendata : quæq. in æstu febrili aut viscerum fervore,
cum venæ sectione est potentissimum cardiacum. Lapis ille bezoardicus à
pharmacopolis tantopere decantatus, et cardiaca Arabum, fragmenta
illa pretiosa dicta, sunt mera figmenta, et crumenarum aucupia, ad
emungendos ægros et ditandos pharmacopæos excogitata. Apage fraudem
et imposturam ab arte sanctissima ; Medicus debet esse vir bonus, Philosophus
Christianus, integer vitæ scelerisque purus ; saltem debet agere cum ægris
sine fuco et fallacia impostura : mallem decipi quam quemquam decipere.

In podagra
non tam articulos ipsos accuso, quæ sunt partes recipientes, quàm ipsa viscera,
præsertim hepar, et quandoque cerebrum, quæ serum virulentum ac mali-
gnum transmissunt ad pedes. Cnöfelij librum contra Corradeum non habeo :
si voulueris mittere, proximis vernalibus nundinis erit Francofurti Bibliopola
quidam Genevenis dictus de Tournes, vel Tornæsius, quo illum mihi reddendum
accipiet, et forsan cum alijs quæ Tibi occurrent. Disputationes nostras plures
aliàs mittam. De statu Academiæ Parisiensis scripsi initio Epistolæ. De victu
studiosorum, hîc viget annonæ pretium, et est summa omnium caritas, vini,
carnium, vestium et librorum ; præsertim à 9. annis, postquam obsessa fuit
Lutetia per Regem juniorem, suadentib. Regina matre, Mazarino et Principe
Condæo, qui postea defecit à Rege, et hodie vivit Hispanis addictus in Belgio,
qui postquam hîc multa miscuit atque turbavit, hodie nobis inimicosus, Hispaniæ
regi famulatur : adeo ut de illo possim pronuntiare, quod olim Iuvenalis de lusco
Carthaginensium duce Annibale. Magnus mirandúsq. cliens sedet ad præ-
toria regis, Donec Austriaco libeat vigilare tyranno
. Pro victu et vestitu
ingenui adolescentis, ut nihil illi desit, et gnaviter incumbat literis, minor
summa vix requiritur quàm duocentorum Imperialium vestrorum, quæ redit
ad pr sexcentes prope libellas Turonenses nostras : de quo tamen Te certiorem
facient Conerdingius, Christ. Buncken, Hamburgensis, vel aut D. Volcamerus,
Medicus Noribergensis
.

Sed priusquam Te dimittam, fac quæso ut
intelligam, quis fuit ille Osvaldus Crollius, author Basilicæ Chymicæ : dicitur
numquam fecisse Medicinam ; quod facilè credo : aut saltem pessimè fecit,
utpote quam numquam intellexit : idem credo de Andrea Libavio : ubinam et
quando uterque obierit : fuit tamen Libavius vir doctissimus, qui videtur obijsse

w.

Ms BIU Santé no 2007, fo 69 ro.

Coburgi circa annum 1616. Crollius v. dicitur Pragæ mortuus circa annum 1614. aut
1609. Vix hîc apud nos alij sunt Chymistæ quàm Pharmacopoli quidam, qui
titulum illum ambiunt, ut Magnatibus et locupletioribus persuadeant se multa
callere secreta adversus quosdam morbos : sed parum feliciter illis succedit : neq. enim
depelluntur morbi per secreta, sed per methodum, quæ est summum Artis nostræ
secretum. Si qui sint alij Chymistæ, mendicabula penè sunt ac scelera hominum, quos
inopia, ac desperatio, aut purioris Medicinæ ignoratio ad Chymiam redegit, ut Medicinæ
prætextu adulterinam monetam conficiant, quo miseram vitam trahant usque ad
furcas patibulares ; vel ut impure grassentur, ac sæviant in vitas hominum, ignotam
sibi artem tractando, et pilulas, pulveres vel extracta quædam divendendo, obvijs
omnibus, etiam tunicato popello, Ut faciant rem, si non rem, quocumquemodo rem.
Quidam ex nostris Doctorib. Chymicas illas operationes intelligunt, nec tamen Chymicis
utuntur medicamentis : omne ferunt punctum in curatione morborum, nisi fuerint ανιατοι,
venæ sectio, princeps ac generosum præsidium, et verè ηγεμονικον : verè principalissimum,/ et sine quo non fit/ curatio : (vide Franc./ Valesium, in Methodo :) cum victus
lege exquisita, et blanda purgatione, ex folijs, medulla cassiæ, syrupo
aliquo cathartico, interdum manna, (suspectissimo mihi medicamento :) et alijs blandio-
ribus suprà allati. Vere novo lac asininum usurpamus : æstivis mensibus
balneo vel semicupio ex aqua dulci, fervidam intemperiem debellamus, post-
quam præcesserunt universalia remedia, venæ sectio et purgatio : metallicis aquis
interdum, sed rarè utimur, quia ut plurimum calent, et potentissimè exsiccant,
id est, humidum primigenium visceribus nutritijs insitum miserè depopulantur
et absumunt : maximi a. est ad vitam momenti, viscera non exsiccari.

Ecce habes, vir cl. longiorem epistolam, per quam Tibi innotescet agnosces, quid hîc aga-
mus, et quomodo Medicinam faciamus. Si quid in Chymistas asperiùs dictum Tibi
videatur, memineris me abusum damnare, et errorem interficere velle, homines a.
non odisse, præsertim v. si velint ad meliorem mentem reverti, et in posterum resi-
piscere. In cæteris cave putes contradicendi studio quidquam à me prolatum : absit
à nobis isthac cacozelia, succus iste lolliginis bonos viros non debet tangere :
amo Te et suspicio tanquam magnum sidus, eximiæ claritatis : ideòq. seriò
indignorer si ab ejusmodi opinionum varietate alicujus 2 dissidij causa 1 inter nos
pullularet. Et in hoc voto finem facio scribendi, sed non colendi, non amandi.
Vale, Vir præstantissime, et me ex animo horstianum nomen, totamq. familiam
colentem et amantem seriò redame, ^ et candore Germanico : ^ Filium tuum majorem/ natu saluto : mei quoq./ Te salutant, et pro/ libro gratias agunt. Dabam Lutetiæ Paris. 8. Martij, 1658.

Tuus ære et libra totus, Guido Patin, Doctor Med. Paris. et Prof. regius.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Daniel Horst, le 8 mars 1658

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(Consulté le 20/04/2024)

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