L. latine 148.  >
À Johannes Antonides Vander Linden,
les 28 octobre et 7 novembre 1660

[Ms BIU Santé no 2007, fo 91 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johannes Antonides Vander Linden, docteur en médecine à Leyde.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Hier matin, j’ai reçu votre très agréable lettre par notre ami Strachan, noble et savant Écossais. Dieu veuille que beaucoup de jeunes gens et de philiatres lui soient égaux ! [1][2] Si tel était le cas, notre art sauverait chaque année bien des malades qui périssent misérablement par la faute manifeste de nos facultés, car elles confèrent sur-le-champ le doctorat à des étudiants fort peu doués, et elles ne refusent l’admission à presque personne pourvu qu’on les paie comptant. [2]

Il y a peu, j’ai acheté quelques opuscules au commis de M. Elsevier, [3] et lui ai donné un petit paquet à vous remettre ; Dieu veuille que vous le receviez le plus vite possible. Je salue de tout cœur et très courtoisement M. Rompf. [4] J’attends l’arrivée de votre ambassadeur pour avoir votre paquet. [5] Aujourd’hui, chez un Hollandais fort mal en point (en raison de la coloquinte que lui a hier administrée un fripon d’empirique), [6][7] j’ai rencontré un honnête homme français, qui est picard comme moi, nommé M. Caulier, que vous connaissez, comme j’ai appris, et qui vous salue ; [8] il m’a dit penser que votre ambassadeur a quitté votre pays et qu’il sera ici dans quelques jours, et il m’a promis qu’il préviendra M. Lootius pour mon paquet. [9] Je vous remercie infiniment pour tout ce qu’il contient. Il y a trois mois, vous m’aviez entretenu de certaines Epistolæ eruditorum virorum récemment publiées chez vous ; si elles se trouvent, envoyez-les-moi s’il vous plaît, ainsi que le 3e tome des Opera d’André Rivet ; [3][10][11] je vous en rembourserai le prix sans difficulté. Il me reste toujours quelque argent pour acheter des livres, mais aucun pour le cabaret ou pour les moines. [12] Vous y ajouterez notre Rabelais, s’il s’en trouve. [4][13]

La feuille du Gassendi qui vous manque si importunément me chagrine fort. [14] Dites-moi de laquelle il s’agit, et de quel tome, pour que je l’obtienne rapidement d’un ami que j’ai ici. Au sujet de l’Arétée, j’ai intercédé en votre faveur auprès de notre Mentel ; c’est un excellent homme et ami, mais morose et chagrin, en particulier quand il s’agit d’anciens livres manuscrits, qu’il tient pour de grands trésors. [5][15][16][17] Pour ce qui vous manque du Galien de Chartier, savoir le tome vii et un fragment du xi[6][18][19] j’irai voir sa veuve et les obtiendrai tous deux d’elle. [20] M. Hardi, conseiller au Châtelet de Paris, est en vie, mais ne se porte pas très bien ; je m’enquerrai auprès de lui des Mechanicæ d’Héron pour M. Golius, et vous en aviserai. ‡ [7][21][22][23] Je salue tous vos très savants collègues, en particulier M. van Horne, que je remercie pour son Botal, ainsi que pour son Microcosmos[8][24][25] Je lui écrirai une autre fois car je n’en ai pas le loisir. Vale, très distingué Monsieur.

Votre Guy Patin de tout cœur.

De Paris, ce jeudi 28e d’octobre 1660.

[Ms BIU Santé no 2007, fo 92 ro | LAT | IMG]

À Lyon sur la Saône, on a achevé l’édition en deux volumes in‑fo des Quæstiones medico-legales de Paolo Zacchias ; il n’y manque plus que les index et l’épître dédicatoire que les imprimeurs attendent d’héritiers vivant à Rome ; elle dédie tout l’ouvrage à son Jupiter Capitolin. Vous avez sans doute en mains celle d’Amsterdam ; je vous enverrai toutefois, si vous voulez, cette nouvelle parution quand elle nous sera parvenue. [9][26][27][28][29]

Je salue le très distingué M. Golius ; vous le préviendrez que M. Hardi, conseiller au Châtelet de Paris, est en vie, mais ne se porte pas bien : il souffre de dysurie en raison d’un calcul tapi dans la vessie, et n’ose pourtant pas se soumettre à l’opération de la taille. [30][31] Les Mechanicæ d’Héron sont prêtes à être publiées, mais on ne trouve pas de libraire qui veuille en entreprendre l’édition. [7]

La femme de Chartier, qui s’était absentée pour les vendanges, est revenue à Paris. Elle a son Galien à vendre, [6] mais en trois sortes et formats de papier différents. Indiquez-moi la longueur et la largeur du vôtre afin que nous obtenions les mêmes dimensions pour les tomes vii et xi, que je vous enverrai. Il en existe en effet des exemplaires dont le papier est de grand format, d’autres, moyen, d’autres, petit ; elle a pour chacun une note particulière qui lui permet de les distinguer. Notre Mentel vous salue ; il ne refuse pas de vous prêter son Arétée, bien au contraire, il vous l’offre, en me prenant pour garant ; [5] mais il m’a invité à en parler d’abord avec un certain M. Petit, [32] que je connais (il a été naguère précepteur des fils du très distingué M. de Lamoignon, [33][34] premier président du Parlement de Paris), étant donné qu’il s’était engagé à vous envoyer l’exemplaire qu’il a corrigé de sa main à partir de certains manuscrits, tâche qu’il avait entreprise à la demande des excellents MM. Bigot et Ménage, vos amis. [10][35][36][37]

Ne s’occupera-t-on pas chez vous d’une nouvelle édition des Epistolæ du très distingué Joseph Scaliger, enrichie par l’addition de nombreuses lettres ? [11][38] La Réplique de M. de Girac en faveur de Balzac, contre M. Costar, n’a-t-elle pas été récemment publiée chez vous ? Si c’est le cas, achetez-la s’il vous plaît et envoyez-la-moi dès que vous pourrez : c’est un livre en français, écrit non sans âpreté ni fiel, par un savant homme, en faveur de M. Balzac, homme de très élégant talent, contre les sarcasmes, les affronts et les invectives de M. Costar. [12][39][40][41] Je vous en rembourserai sans peine le prix, tout comme pour le Rabelais, si sa nouvelle édition est disponible. [4] Le fils de M. Vorst m’a remis une lettre de son très distingué père, pour laquelle je le remercie. [42][43] Je le salue avec vos savants MM. van Horne, Golius et Gronovius. [44] Ne pourrai-je pas voir l’Oratio qu’a prononcée chez vous David Blondel pour sa prise de fonction ? je pense qu’elle a été publiée à Amsterdam. [13][45] Quel jugement portez-vous sur la nouvelle édition, récemment parue chez vous, de l’Idea medicinæ philosophicæ du Danois Petrus Severinus, avec les Commentaria de l’Écossais William Davidson ? J’ai naguère connu celui-là, il exerçait ici la chimiatrie et était asinus ad lyram[14][46][47][48] un vaurien chimique, un agité, tant pur qu’impur, qui gagnait mieux sa vie en faisant le maquereau qu’en exerçant la médecine. Pourtant, afin de ne pas périr misérablement de faim, comme font ici tant de [Ms BIU Santé no 2007, fo 92 vo | LAT | IMG] médicastres, après avoir quitté sa femme qui menait différemment sa vie, il est parti en Pologne, en prétendant que la reine, qui est française, l’y avait fait venir. [49] Là-bas, il s’est acharné à rédiger cet ouvrage, étant peu, voire très peu appliqué aux opérations d’un métier qu’il n’a jamais compris. Ajoutez à cela qu’il ne sait pas le latin : il ne le parle pas, il le balbutie seulement et, pour ne pas dévoiler son ignorance, il fuit tant qu’il peut la compagnie des savants. S’il vit encore, il dépasse maintenant les 70 ans. Je suis donc certain aliena vitula arasse[15][50] et qu’il a employé la plume d’un autre pour cette édition. Je salue M. Stevartus, s’il est passé chez vous. [51] Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

Votre Guy Patin de tout cœur.

De Paris, le 7e de novembre 1660.

Je reprends la plume pour vous prier de ne pas m’acheter ni m’envoyer le livre de M. de Girac contre Costar, ni les Epistolæ doctorum virorum qu’on imprime chez M. Blaeu. [16][52] Un de mes amis me les a promis tous deux. C’est celui par qui je vous écris ; et par cette même voie, si vous voulez, vous me répondrez quand il vous plaira. En attendant, je verrai M. Petit et lui parlerai pour votre Arétée manuscrit. Vive et vale, et aimez-moi.

Votre Guy Patin de tout cœur.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johannes Antonides Vander Linden, ms BIU Santé no 2007, fos 91 vo‑92 vo : long texte fragmenté, avec redites, qui porte deux dates différentes, mais qu’il est impossible de scinder avec assurance en deux lettres distinctes.

1.

George Strachan, gentilhomme écossais mort en 1634, fit de nombreux voyages en Orient, exerça la médecine, et s’acquit une réputation de poète latin et de mathématicien. Le jeune et brillant philiatre (étudiant en médecine) dont parlait ici Guy Patin pouvait être un de ses descendants.

2.

Paris se gaussait de ceux-là en les appelant docteurs « à la petite mode », gradués à la va-vite (quelques mois seulement séparant le baccalauréat du doctorat) à Montpellier et dans la plupart des autres facultés provinciales (v. note [52] de L’ultime procès de Théophraste Renaudot…).

3.

V. notes [2], lettre 657, pour les « Lettres de savants hommes (arminiens) » (Amsterdam, 1660), et [27], lettre latine 88, pour les deux ouvrages d’André Rivet sur L’Exode et Le Décalogue (Leyde, 1634 et 1637), qui n’eurent pas de suite.

4.

V. note [4], lettre 574, pour le Rabelais des Elsevier (Amsterdam, 1663).

5.

V. note [10], lettre 449, pour l’édition d’Arétée de Cappadoce que méditait Johannes Antonides Vander Linden.

Jacques Mentel devait conserver dans sa riche bibliothèque un très rare exemplaire de l’Arétée publié par Adrien Turnèbe (Paris, 1554, v. note [2], lettre latine 64), venu de la bibliothèque de son oncle, Gabriel Naudé, et couvert d’annotations manuscrites ou, moins probablement, d’une copie manuscrite intégrale : dans sa Bibliothèque parisienne de Gabriel Naudé en 1630. Les lectures d’un libertin érudit (Genève, Droz, 2007), Estelle Bœuf recense (page 146, article 534) un Arétée de 1554.

6.

V. note [4], lettre latine 138, pour ces deux tomes des œuvres d’Hippocrate et Galien éditées par René Chartier.

7.

Fils de Sébastien (v. notule {b}, note [24] du Borboniana 3 manuscrit), Claude Hardi, ou Hardy, (Le Mans vers 1604-Paris 1678), conseiller au Châtelet de Paris (Senator in Prætorio Parisiense dans le manuscrit) en 1626, mathématicien et orientaliste érudit, ami de René Descartes et de Pierre de Mersenne, avait participé dans les années 1630 à une polémique sur la quadrature du cercle : Seconde Réfutation de la prétendue quadrature du cercle. Remise au jour és [aux] pages 130 et 131 du livre intitulé Propositions mathématiques de Monsieur de La Leu, démontrées par I. Pijos, imprimé en l’an 1638. Où il est démontré que le carré des huit neuvièmes du diamètre du cercle est plus grand que la figure des trente-deux côtés circonscrits (Paris, Robert Sara, 1641, in‑4o).

Héron d’Alexandrie, dit le Mécanicien, ingénieur et mathématicien du ier s. de notre ère, a laissé divers traités, dont une Μηχανικη [Mécanique] en trois livres, qui n’avaient pas encore été imprimés en 1660.

Le double obèle (‡) qui suit cette phrase est un renvoi in pagina sequenti [à la page suivante] (fo 92 ro), où Patin allait revenir sur Hardi, sur le savant hollandais Jacob Golius (v. note [5], lettre latine 66) et sur d’autres sujets.

8.

Jan van Horne avait offert à Guy Patin ses deux derniers livres parus.

9.

V. notes [18], lettre 279, pour la précédente édition des « Questions médico-légales » de Paolo Zacchias (Amsterdam, 1651) et [10], lettre 568, pour celle de Lyon (1661) qui porte cette dédicace :

Sanctissimo D.N. Alexandro vii Pontifici Optimo Maximo, felicitatem precatur Lanfrancus Zacchias.

[Lanfranco Zacchias (jurisconsulte romain, neveu de Paolo) prie pour la félicité de notre très saint père Alexandre vii (le « Jupiter Capitolin »), tout-puissant pontife].

Ce qui suit reprend, avec des détails complémentaires, ce que Guy Patin avait déjà écrit dans la première partie de sa lettre.

10.

Ce prêt ne se fit pas : Pierre Petit préféra se lancer lui-même dans une édition d’Arétée (qui ne parut qu’en 1726, à Londres, v. note [3], lettre 731) ; ce qui affermit Johannes Antonides Vander Linden dans son dessein d’en faire autant (v. supra note [5]), mais il ne put en venir à bout.

11.

V. notes [5], lettre 34, pour les « Épîtres latines » de Joseph Scaliger qui ont enfin été rééditées, en 2012, après leur double parution en 1627 à Leyde et 1628 à Amsterdam (vBibliographie).

12.

La Réplique de M. de Girac à M. Costar, où sont examinées les bévues et les invectives du livre intitulé Suite de la Défense de M. de Voiture (Leyde, sans nom, 1660, in‑8o, réédition augmentée à Paris, Louis Billaine, 1664, in‑4o) prolongeait la vive querelle littéraire engagée en 1650 entre Thomas Paul, sieur de Girac, l’abbé Pierre Costar, Jean-Louis Guez de Balzac et Vincent ii Voiture (v. notes [5], lettre 323 et [4], lettre 542).

13.

V. note [11], lettre latine 130, pour ce « Discours » inaugural de David Blondel (Amsterdam, 1651).

14.

« un âne devant une lyre », v. note [5], lettre 439.

V. note [4], lettre 631, pour l’« Idée de la médecine philosophique » de Petrus Severinus (Bâle, 1571, pour la première édition) et pour les « Commentaires » de William Davidson sur ce livre (La Haye, 1660).

15.

« qu’il a labouré avec la génisse d’un autre », pour dire utiliser à son profit les moyens des autres ; adage tiré de la Bible (Juges, 14:18) :

Si non arassetis in vitula mea, non invenissetis propositionem meam.

[si vous n’aviez pas labouré avec ma génisse, vous n’auriez pas trouvé la réponse]. {a}


  1. Reproche de Samson aux jeunes Philistins à qui il avait soumis une énigme : « De celui qui mange est sorti ce qui se mange et du fort est sorti le doux ». Il s’agissait du miel que les abeilles avaient produit dans la carcasse d’un lion que Samson avait tué quelque temps auparavant. Par ses câlineries, la jeune Philistine que Samson venait d’épouser lui avait extorqué la réponse et l’avait donnée à ses compatriotes.

16.

L’imprimeur d’Amsterdam Jan Blaeu (v. note [13], lettre 428) n’a mis son nom ni sur la Réplique de Costar, ni sur les « Lettres de savants hommes » (v. supra notes [12] et [3]).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 91 vo.

Clar. Viro D. Io. Ant. Vander Linden, Med. Doctori, Leidam.

Heri mane suavissimas tuas accepi, Vir Cl. per Strachanum
nostrum, nobilem et eruditum Scotum. O utinam multos juvenes
et Philiatros haberet pares ! quod si esset, multos ægros quotannis
Ars nostra servaret qui miserè pereunt, manifesto nostrarum
Academiarum reatu, quæ vel tenuissimè viaticatos statim ad
Doctoratum promovent, nec fere quemquam à suo limine amandant,
modo habeant fuerint præsentes nummos nummis.

Nuper tradidi famulo D. Elseverij, à quo libellos aliquos emi,
exiguum quendam fasciculum Tibi reddendum : utinam illum accipias
quamprimum. D. Romphium ex animo et officiosissimè saluto.
Vestri Legati adventum expecto, ut habeam tuum fasciculum.
Hodie offendi apud quendam ægrum Hollandum, qui pessimè habet,
(ex colocynthide heri assumpta manu cujusdam nebulonis Empirici,)
honestum quendam virum, Gallum, eúmq. ut et ego, Picardum, qui dictum
D. Caulier, Tibi notum, ut accepi, quique Te salutat ; ille mihi
retulit se ratum habere, Legatum vestrum à vobis discessisse, eúmq.
cis paucos dies hîc adfuturum ; séq. moniturum mihi promisit
D. Lotium, pro meo fasciculo : De singulis in eo continentis gratias ago
quam maximas : Ante tres menses egeras mecum de quibusdam
Epistolis eruditorum virum apud vos recenter editis : quænam illæ
sunt ? earum non meministi in tuo Indice : si prostent, eas mihi
si placet emito, ut et 3. tomum Operum A. Riveti : utriusque
pretium facilè refundam. Superest mihi semper aliquid pecunia-
rum ad emendos libros, pro caupona, vel pro Monachis numquam.
Quib. addes, si prostet nostrum Rabelæsum.

De folio D. Gassendi, tam miserè amisso, fortiter doleo :
indica mihi quale sit istud folium, et cujus tomi, ut illud citò
recipiam per amicum quem hîc habeo. De Aretæo pro Te
agam cum nostro Mentelio, viro quidem optimo, et amico, sed
moroso et difficili, præsertim ubi agitur de MS. libris veterum,
quos æstimat magnos thesauros. Quod tibi deest de Galeno Char-
terij, tomo nempe 7. et fragmento xi.
adibo illam viduam, et ab
ea utrumq. accipiam. Dominus Hardi, Senator in Prætorio Paris.
vivit, sed non admodum valet ; inquiram ex eo de Mechanicis Heronis,
pro D. Golio, et vos monebo. ‡ in pagina sequenti. Omnes tuos Collegas, eruditissimos viros saluto,
præsertim D. Van-Horne, cui gratias ago, pro Botallo suo, ut et Microcosmo.
Aliàs ad eum scribam : neq. enim licet per otium.Vale, vir cl.

Tuus ex animo Guido Patin.

Parisijs, die Iovis,
28. Oct. 1660.

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 92 ro.

Lugduni ad Ararim est perfecta editio Quæst. Medico-Legalium P.
Zacchiæ
, duob. tomis in folio : soli restant Indices absolvendi, et Epistola
quam expectant Typographi Lugdunenses ab heredib. Romæ degentibus,
per quam totum Opus Iovi suo Capitolino consecratur. Penes Te habes haud
dubiè Amstelodamensem editionem : et tamen, si volueris, novam hancce ad
Te mittam, quum ad nos pervenerit.

Cl. virum D. Golium saluto, quem monebis D. Hardi, Senatorem in
Prætorio Paris. vivere, sed non valere : laborat dysuria à calculo latente
in vesica, nec tamen audet sectioni se subjicere. Heronis Mechanica sunt ad
editionem parata, sed deest Bibliopola qui velit editionem suscipere.

Uxor D. Charterij ex vindemijs quò secesserat, in Urbem recessa est ;
habet Galenum suum vænalem : sed triplex est chartæ species atque
magnitudo : indica mihi tui Galeni longitudinem et latitudinem, ut
parem habeamus, pro tomis septimo et undecimo, quos ad Te mittam :
sunt enim quædam exemplaria majoris chartæ, alia mediæ, alia minoris :
quarum unaquæq. suam habet privatam notam qua distinguatur
à cæteris. Mentelius noster Te salutat : suum Aretæum non recu-
sat, imò illum Tibi offert, me sponsore : sed monuit priùs agendum
esse cum quodam D. Petit, quem novi, (qui antehac fuit præceptor
filiorum Cl. Viri Domini de Lamoignon, Principis Senatus Paris.) utpote qui antehac in se
receperat Tibi mittendum esse exemplar sua manu emendatum, ex
quibusdam Codicibus MS. quam quidem provinciam susceperat monentibus
viris optimis, DD. Bigot et Mesnage, amicis tuis.

Procuratúrne apud vos nova editio Epistolarum Viri Cl. Io. Scaligeri, multarum
Epistolarum accessione locupletata ? Prostátne apud vos nuper edita
Responsio D. de Girac, pro Balzacio, adversus D. Costard. Si
prostet, eme si placet et mitte quum potueris : liber est Gallicus,
non sine acerbitate et felle scriptus ab erudito viro, pro elegantissimi
ingenij viro, D. Balsacio, adversus dicteria, contumelias et convitia
D. Costard. Totum pretium facile refundam, ut et pro Rabelæso,
si nova ejus editio prostet. Cl. Dom. Vorstij filius Cl. Parentis Epistolam mihi
reddidit, pro qua gratias ago, eúmq. saluto cum vestris eruditis D.D.
Horne, Golio et Gronovio. Nónne possem videre Orationem quam habuit apud
vos David Blondellus, initio suæ Professionis ? puto illam fuisse editam
Amstelodami. Quid censes de nova editione Ideæ Medicinæ Philosophicæ Petri Severini
Dani,
apud vos nuper facta, cum commentarijs Gul. Davissoni, Scoti, quem
hîc olim novi : agebat hîc Chymiatrum, et erat asinus ad lyram, nebulo Chy-
micus, purus et impurus ardelio, qui magis ex arte lenonia quàm ex
Medicina rem faciebat : qui tandem, ne mala fame periret, quod hîc faciunt tot

u.

Ms BIU Santé no 2007, fo 92 vo.

Medicastri, relicta uxore, quæ res suas aliter agebat, secessit in
Poloniam, quasi illic accersitus à Regina, quæ gente Galla est : ubi
conseruit, in hujus Operis confectione : nunc enim si adhuc vivit, annum.
ætatis superat 70. parum vel minimè versatus in operibus artis,
quam numquam intellexit : adde quod Latinè nescit, nec loquitur,
balbutit dumtaxat, et quantum licet, ne detegatur ejus inscitia,
fugit eruditorum consortium : habeo itaque pro certo, eum aliena vitula
arasse, et alieno calamo usum esse in hujus libri editione. D. Stevartum
saluto, si apud vos fuerit. Vale, Vir Cl. et me ama.

Tuus ex animo Guido Patin.

Parisijs, 7. Nov. 1660.

Ecce iterum scribo ut Te rogem, ne mihi emas neq. mittas
librum D. de Girac adversus Costardum, neq. Epistolas doctorum viro-
rum
quæ excuduntur apud Dominum Blaeu : amicus quidam meus
utrumque mihi pollicitus est : ille est per quem ad Te scribo ; et per
eamdem viam si volueris, rescribes quum licuerit. Interea, videbo et alloquar D. Petit, pro tuo Aretæo MS. Vive, vale, et me ama.

Tuus ex animo Guido Patin.

Parisijs, die Veneris, 12.Nov. 1660.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johannes Antonides Vander Linden, les 28 octobre et 7 novembre 1660

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(Consulté le 16/04/2024)

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