L. latine 154.  >
À Gerardus Leonardus Blasius,
le 28 janvier 1661

[Ms BIU Santé no 2007, fo 94 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Gerardus Blasius, professeur de médecine à Amsterdam.

Très sage Monsieur, [a][1]

Oh que me voici heureux et fortuné ! Quand je ne savais même pas que vous existiez, j’ai pourtant mérité votre affection ; ce que je reconnais tant par votre lettre fort érudite que par les deux livres que vous m’avez envoyés. Je vous en remercie infiniment, en attendant de trouver une occasion convenable pour vous rendre la pareille ; ce que je ferai sans retenue si j’en suis capable. Je me félicite profondément et vous remercie de cet amour que vous avez manifesté à mon égard dans la publication de ces deux ouvrages, savoir l’Encheiridium de M. Riolan et le Syntagma de Johann Vesling. [1][2][3] Tel était mon destin de recevoir faveur et louanges d’hommes que je ne connais pas et dont j’ignorais même l’existence. Qui plus est, vous me demandez de vous inscrire dans l’album de mes amis : il serait assurément ridicule que j’en prenne ombrage, alors même qu’il m’incombe de rechercher cette faveur de vous ; et si je pouvais l’obtenir, je m’en trouverais très heureux. Rex sum, dit ce personnage de Plaute, si hunc hominem ad me pellexero ; [2][4] mais surtout, je m’estime heureux et m’estimerai tel dorénavant, et proclamerai partout mon bonheur d’une voix de stentor, [3][5] si vous me concédez cette faveur, comme vous faites, de vouloir être mon ami et de faire longtemps durer cet amour très précieux que vous me portez, dont la faveur m’échoit sans que j’aie rien fait pour la mériter.

Je vous félicite du fond du cœur pour la chaire de botanique que vous avez obtenue dans votre Université. [6] J’occupe ici la même depuis sept ans dans le Collège royal de Cambrai[7][8] à la place de feu le très brillant M. Riolan : [9] bien que je fusse indigne d’une charge si considérable, il m’a choisi pour successeur, de son vivant et par provision, avec le bienveillant agrément de notre roi très-chrétien, et avec édit royal, comme il aime à faire dans de tels cas. [10] [Ms BIU Santé no 2007, fo 96 ro | LAT | IMG] À mon enseignement de la botanique se joignent néanmoins deux autres compagnes, qui sont l’anatomie et la pharmacie. Pour exercer les trois et remplir ma charge, j’ai coutume de m’y appliquer chaque année depuis le mois de mars jusqu’à août. [11] Nous avons ici Denis Joncquet, collègue dont j’ai jadis présidé le doctorat, il y a 23 ans, qui possède un petit jardin empli d’un grande diversité de plantes. [4][12][13] Il a quelquefois Patin:[iii-a] Guy:Rencontres avec ses correspondants:André Falconet:1656 à M. Vorst, professeur à Leyde, qui est fort son ami. [14] Si vous pensez qu’on peut trouver ici chez nous certaines graines que vous désirez, écrivez-moi, car j’espère pouvoir vous les obtenir, soit gracieusement soit en payant, pour vous les envoyer, comme je ferai très volontiers. J’en ai déjà expédié à Utrecht, à mon grand ami M. Christiaen Utenbogard, éminent docteur en médecine, excellent homme et parfaitement digne de l’affection de tous les honnêtes gens. [15] Si vous le connaissez, je le salue de tout cœur ; sinon, vous ne serez peut-être pas dépité d’avoir fait sa connaissance. C’est en effet un homme très remarquable et, pour vous le dire à la manière d’Homère, πολλων ανταξιος αλλων. [5][16] Je vous le recommande, et le déclare et signale donc comme étant digne de votre affection. J’ai encore d’autres amis en Hollande qui me sont très chers, savoir MM. Vander Linden [17] et Vorst à Leyde, le jeune Rompf à La Haye, [18] M. Isaac de La Fontaine à Amsterdam, [19] M. Stevartus, [20] Nicolaas Heinsius, [21] et d’autres. Je leur souhaite à tous une santé de lutteur.

Avant pourtant d’achever ce billet, si vous permettez, je vous dirai quelque chose de votre Commentarium sur le Syntagma de Vesling, que j’ai l’intention de lire entièrement quelque jour, ce que je ferai après que je l’aurai fait relier ; mais en attendant, je vous sais infiniment gré d’y avoir très souvent nommé et loué notre très distingué M. Riolan. Ce fut en effet un excellent homme, très savant, très zélé pour l’anatomie, au point d’être parfaitement digne de l’affection et de la bienveillance de tous les gens instruits. [6]

Page 34, Sic Annibal aceto saxa comminuit, et ita sibi iter fecit : cela se lit dans Juvénal, le plus vigoureux des satiriques ; [7][22][23] mais je crains que ce ne soit une image poétique, car ce fait semble impossible et d’autres n’en ont pas fait état, en particulier Polybe, écrivain des plus sérieux ; [8][24][25] en outre, bien des gens digèrent bien sans avoir du tout d’acide dans l’estomac. [9]

{Page 36, peu après le milieu, je préférerais Empyricis à Hydropicis ou Empyematicis.} [10][26][27]

Au bas de la page 46, j’ai souvent vu des cas de volvulus à Paris : je n’admets aucun dédoublement à son origine et j’affirme que cela n’en est pas la cause, car c’est une disposition inflammatoire de l’intestin qui provoque cette maladie. Beaucoup en viennent à bout par la phlébotomie, les cataplasmes tièdes, le demi-bain d’eau tiède et les lavements émollients. [28][29][30][31] Si la mort survient, ce qui résulte principalement d’un défaut de traitement au début de la maladie, on trouve à l’ouverture du cadavre un intestin entièrement noir, corrompu et parsemé de gangrène ; [32] mais nul n’a jamais pu voir ce dédoublement imaginaire ; lequel, quoi qu’on dise, ne pourrait provoquer un tel délabrement et entraîner une si grave affection. Pour moi, l’inspection des cadavres fait foi, avec la recherche de la cause morbifique qui ne m’a jamais abusé. Fuyez les souffleurs chimiques et autres médicastres qui, sous prétexte de dédoublement imaginaire, recommandent les petites boules d’or ou les pilules de plomb dans une telle maladie et envoient les malheureux malades en enfer par ignorance de la véritable et propre cause. [11][33][34][35][36] [Ms BIU Santé no 2007, fo 96 vo | LAT | IMG]

Page 76, in quodam Parisijs dissecto, etc., j’ignore, très distingué Monsieur, qui vous aura dit qu’il fallait m’attribuer cette observation. [12][37] Voici comment cela s’est passé : au mois de décembre 1650, au début de mon décanat, [38] trois sicaires ont été condamnés au supplice de la roue pour avoir assassiné dans un carrosse un homme en vue ; [39] comme c’est la coutume, par arrêt du Parlement, en tant que doyen, j’ai accordé un des trois cadavres à maître Pierre Régnier, docteur en médecine de Paris et professeur de chirurgie, pour l’employer à démontrer les opérations chirurgicales. [40] On y trouva dans les deux hypocondres [41] une position inversée des deux viscères : la rate occupait le côté droit et le foie, le gauche ; et chaque organe possédait ses vaisseaux propres et distincts. À propos d’un fait si remarquable et si rare, mais qui n’est pas nouveau, M. Riolan a Patin:[iii-a] Guy:Rencontres avec ses correspondants:André Falconet:1656 un traité particulier, qui se trouve dans ses Opuscula varia et nova, publiés ici en 1652 ; [13][42] si vous ne l’avez pas, je vous l’enverrai sans peine afin que l’ayant vu, vous en éclairiez votre texte, dans l’espoir et l’attente que vous le rééditiez.

Même page, on doit lire Posthii, Iessenii, de La Chambre[14][43][44][45][46]

Page 77, Erasistratus et non Erisistratus[15][47][48] Partout et très souvent, votre imprimeur a commis des fautes dans les noms propres. Vous avez parfois loué deux vauriens qui ne méritent d’être ni nommés ni réfutés : ce sont Paracelse, infâme imposteur, et Van Helmont, autre charlatan. [49][50][51] Qu’ils aillent se faire pendre, et que ces défenseurs des fourberies et des tortures chimystiques s’occupent donc de leurs affaires, car la nôtre n’atteste aucun des jugements que illi asini ad lyram ont porté sur nos controverses. [16][52] Le fait est manifeste pour tous ceux qui connaissent la vie de Van Helmont. J’aurai triomphé de Paracelse dès qu’on aura pris soin de lire Thomas Éraste, [53] Gesner, [54] Sennert, [55] Freitag, [56] Soner [57] et bon nombre d’autres Allemands qui ont très exactement dépeint ce brigand. [17] En un mot, ces deux vauriens ne sont dignes ni d’être loués, ni même d’être blâmés par les dogmatiques. [58]

Page 79, la Nature est fort capricieuse et crée beaucoup de variations dans les vaisseaux des reins, dans les uretères et dans les vaisseaux spermatiques. Il n’y a là rien d’étonnant ; on découvre aisément cette diversité en disséquant les cadavres et je me rappelle l’avoir très souvent constatée moi-même. [18]

Page 80, à propos de Beverwijk : il est certain que parfois, quand un rein est affecté, l’autre est bientôt entraîné à l’être pareillement ; mais cela n’est pas constant. En effet, j’ai vu beaucoup de gens qui ont copieusement et abondamment pissé jusqu’à la fin de leur existence en n’ayant pourtant qu’un seul rein sain, l’autre étant épuisé, corrompu, pourri, ulcéré, anéanti, etc. ; et j’en ai souvent Patin:[iii-a] Guy:Rencontres avec ses correspondants:André Falconet:1656 à M. Jan van Beverwijk, mon intime ami. [19][59][60] Notre Riolan a abordé la même question à la page 144 de son Anthropographia[20][61][62][63] [Ms BIU Santé no 2007, fo 97 ro | LAT | IMG]

Page 84, pour Schenkio, Florentino, etc., qui est ce Florentinus, s’agit-il de Nicolas ? Au même endroit, n’est-ce pas plutôt Mundella que Mundanella ? Fungos pour Nic. Florentius, ne s’agit-il pas de Florentinus ? {Semen anii, ou anisi} ? [21][64][65][66][67]

Page 85, ligne 14, je préférerais cystotomia à lithotomia, car c’est la vessie qu’on taille, et non la pierre elle-même. [22][68]

Même page, ligne 22, Volcherus[23][69][70][71][72] Le dimanche 23e d’octobre 1650, j’ai observé une vessie de taille presque incroyable chez un marchand de 36 ans, M. B., qui souffrait d’une fièvre continue maligne. [73] Bien qu’il fût capable d’uriner, on lui a introduit une sonde, en raison d’une tuméfaction ronde et douloureuse située au-dessus de l’hypogastre. [24][74][75] Vers dix heures du matin, cinq livres d’urine malodorante, [25] et même un peu plus, s’en sont écoulées d’un seul et même jet, sans aucune impétuosité ni douleur. Le même jour vers neuf heures du soir, en ma présence et sur ma prescription, il en a rendu de nouveau la même quantité par le même procédé. Et ce symptôme, savoir une émission très diminuée d’urine directement liée à une faiblesse et atonie de la vessie, a persisté 15 jours durant ; période pendant laquelle Jean Girault, praticien très expérimenté, l’a visité trois fois par jour pour lui vider la vessie à l’aide d’une sonde. [26][76] Enfin, la fièvre ayant cessé et les organes s’étant affermis, il a guéri grâce à de copieuses saignées, la purgation maintes fois répétée, un régime alimentaire convenable et l’emploi du demi-bain ; [77][78][79] ensuite, il a repris ses affaires et jouit encore aujourd’hui d’une santé de lutteur et d’athlète.

Page 89, j’ai connu un {prêtre} Flamand qui n’avait qu’un seul testicule, tout en étant ivrogne et paillard. J’en ai connu un autre qui en avait trois et était fort lubrique et extrêmement gaillard[27][80]

Page 94, lisez Sanchez, c’était un médecin de Toulouse, marrane. [28][81][82]

Page 96, ligne 2, dilatatione ; au même endroit, peritonæo[29] Ligne 16, Mundelli Chirurgi Parisiensis : il n’y a eu aucun chirurgien de ce nom à Paris, il se cache donc là une erreur. Ligne suivante, il faut lire Rossetti[30][83] Au même endroit, antépénultième ligne, lisez Franciscus Rossettus et Theophilus Raynaudus, savant homme, jésuite à Lyon, polygraphe, toujours en vie, qui a encore beaucoup de livres à mettre au jour, outre les plus de quarante qu’il a déjà publiés en tous genres de savoirs. [31][84][85]

Page 99, où ce traité d’Hermann Conring de Morbis mulierum a-t-il été publié, est-ce à Francfort ? [32][86] Au même endroit, il n’y a rien de plus rare que la véritable superfétation : [33][87][88][89][90][91] je ne l’ai jamais vue, non plus que nos anciens ; et même, je ne la comprends pas, étant donné qu’elle me semble impossible ; de là, je pense, vient que nul n’en a le souvenir et ne la verra sûrement jamais. Les observations contraires que rapportent divers auteurs sont extrêmement suspectes à mes yeux, et même parfaitement erronées ; et je n’ai cure de leur autorité parce qu’ils mentent fort puamment, comme font très souvent ceux qui écrivent des observations médicales, notamment parmi les plus modernes ; mais la honte n’a pas cours en ces matières. [34] [Ms BIU Santé no 2007, fo 97 vo | LAT | IMG]

Page 100, 5e ligne avant la fin, il faut lire Sappho la poétesse. [35][92][93][94][95][96][97][98][99][100][101][102][103][104]

Page 101, ligne 13, scripto alieno[36] Au même endroit, ligne 10, Avicenna, Albucasis[37][105][106]

Page 102, c’est pure fable que la conception puisse se faire par imagination. [38][107] De très sages médecins de Paris, M. Nicolas Piètre et M. René Moreau, [108][109] ont rejeté comme ridicule et parfaitement fausse cette narration qu’on a présentée à Paris il y a 25 ans : je les ai fait venir en consultation chez M. Pierre Seguin, l’ancien maître de l’École, [110][111] et notre avis a été confirmé par un décret solennel du parlement de Grenoble contre cet imposteur qui avait supposé une telle fécondation, et l’avait présentée pour vraie dans un Patin:[iii-a] Guy:Rencontres avec ses correspondants:André Falconet:1656 particulier pour fourber certains médecins de Montpellier. [39][112][113]

Page 104, ligne 4, j’ignore absolument qui est ce Claudius[40][114]

Page 105, je n’ai jamais vu l’opuscule de Deusing de Lacte ; de qui est-il donc ? [41][115]

Page 112, ligne 23, il faut lire Anthropographia de Riolan ; même page, 5e ligne avant la fin, Io. Claudius de La Courvée[42] C’est un médecin français que j’ai jadis ici connu, il vit maintenant en Pologne dans l’entourage de Marie de Gonzague, sérénissime reine de Pologne. [116]

Page 141, 18e ligne, Lusitanus et Muretus : que signifient ces noms ? Pour le premier, s’agit-il d’Amatus ou de Zacutus ? Pour le second, il me semble qu’aucun médecin n’a porté le nom de Muret. [43][117][118][119]

Page 143, 2e ligne, Bavius est-il Bauhin ? 6e ligne, Ingolstadiensi[44][120][121]

Page 147, au milieu, j’ai vu accomplir trois fois la laryngotomie en cette ville, {en ma présence et sur ma prescription,} [45] et elle a toujours réussi, mais jamais sans l’extrême habileté du chirurgien qui opérait : la première fois, ce fut chez un moine ; la deuxième, chez un gentilhomme de la cour, en présence de personnages dignes de toute louange, MM. Nicolas Piètre et René Moreau, très savants docteurs en médecine de Paris, qui consultaient avec moi ; la troisième, chez un marchand de Bordeaux. [46][122][123]

Page 148, 18e ligne, Anthropograph[42]

Page 155, au milieu, j’ai vu en cette ville un jeune homme du Poitou chez qui la malignité de la variole avait pourri la langue et l’avait fait disparaître ; et pourtant, il parlait en jouissant d’une voix bien articulée. Marc Duncan, très savant médecin, a Patin:[iii-a] Guy:Rencontres avec ses correspondants:André Falconet:1656 un petit livre en français sur ce cas admirable, sous le titre d’Aglossostomographie[47][124][125][126]

{Page 156, au-dessous du milieu, je n’ai jamais vu les Disputationes physicæ de Sceleto du très distingué Senguerdius ; je souhaite pouvoir les obtenir par votre intermédiaire.} [48][127] [Ms BIU Santé no 2007, fo 98 ro | LAT | IMG]

Page 197, 24e ligne, à la place de sunt, il faut lire uni membranæ[49][128]

Page 199, 10e ligne, Varolius ; 11e ligne, Chir[50][129][130]

Page 203, 14e ligne, il faut lire Theodori Gazæ error[51][131][132]

{Page 209, 10e ligne, je n’ai jamais vu ces thèses de M. Senguerdius sur le squelette ; mais par quel moyen me les procurer ?} [52]

Page 210, 23e ligne, courtoisie[53][133][134][135]

Page 211, la fin de la 6e ligne est défectueuse. [54]

Page 212, 30e ligne, Ioan. Brodæus[55][136][137][138][139]

Page 213, dernière ligne, deprehendi[56]

Il subsiste dans tout l’ouvrage des fautes typographiques qui méritent toute votre attention dans l’idée d’une seconde édition. [57][140] Pardonnez-moi, très distingué Monsieur, de m’être exprimé si librement. Si quelque chose vous déplaît dans ma lettre, déchirez-la ou jetez-la au feu. Quoi que vous en fassiez, je ne m’en soucie pas, pourvu que vous continuiez de m’aimer comme vous faites, moi que vous connaîtrez toujours comme celui qui vous est entièrement dévoué et favorable, ainsi qu’au très distingué M. Plempius, [141] tout comme au très distingué M. Johannes Antonides Vander Linden, excellent professeur de Leyde et mon très grand ami. Je lui écris fort souvent et, par son intermédiaire, je vous enverrai en cadeau, aux alentours de Pâques, quelque petit présent choisi dans ce qui se présentera chez nous ; mais si vous désiriez quelque chose venant d’ici, écrivez-m’en s’il vous plaît pour me le faire savoir, afin que je me le procure et vous l’expédie. Encore une fois, vale et aimez celui qui est de tout cœur

votre Guy Patin, docteur en médecine de Paris et professeur royal.

De Paris, ce vendredi 28e de janvier 1661.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite et envoyée (v. infra notes [6] et [57], pour en avoir la preuve certaine) à Gerardus Leonardus Blasius, ms BIU Santé no 2007, fos 94 vo et 96 ro‑98 ro.

1.

V. notes :

2.

« Je suis un roi si j’ai attiré cet homme à moi », propos du proxénète Lycus dans Plaute (Pœnulus [Le Petit Carthaginois] vers 671) :

Rex sum, si ego illum hodie ad me hominem adlexero.

[Je suis un roi si j’ai aujourd’hui attiré cet homme à moi].

3.

Locution encore en usage de nos jours : « Junon, dans Homère [L’Iliade, chant v], prend la ressemblance du généreux Stentor [soldat grec lors du siège de Troie], dont la voix était plus éclatante que l’airain et qui seul, lorsqu’il se mettait à crier, se faisait entendre de plus loin que cinquante hommes des plus robustes. Sa voix servait de trompette à l’armée » (Trévoux).

Érasme l’a commentée dans l’adage Stentore clamosior [Plus sonore que Stentor] (no 1237), en citant Juvénal (Satire xiii, vers 112‑113) :

tu miser exclamas, ut Stentora vincere possis,
vel potius quantum Gradivus Homericus…

[Toi, malheureux, tu t’écries, d’une voix qui couvrirait celle de Stentor ou, pour mieux dire, qui égalerait celle du Mars d’Homère…]. {a}


  1. V. note [6], lettre de Reiner von Neuhaus, datée du 1er août 1669, pour Gradivus, épithète de Mars.

4.
V. notes [7], lettre 549, pour Denis Joncquet, [8], lettre 48, pour son doctorat sous la présidence de Guy Patin (le 22 septembre 1639), et [2], lettre 699, pour le jardin botanique qu’il avait planté dans le faubourg Saint-Germain.

5.

« qui en vaut plusieurs autres » : « Un médecin vaut beaucoup d’autres hommes » (Homère, L’Iliade, v. deuxième notule {a}, note [16], lettre 126) ; avec emploi fautif d’Ομερικως (epsilon) pour Ομηρικως (êta) [homérique], dans le manuscrit.

6.

Ioan. Riolanus et Guido Patinus figurent dans la liste des Nomina Authorum qui præcipue in Commentario ad Syntagma anatomicum Veslingii occurrunt [Noms des principaux auteurs cités dans le Commentaire du Syntagma anatomicum (Traité anatomique) de (Johann) Vesling], placée au début du livre de Gerardus Leonardus Blasius (Amsterdam, 1659, v. supra note [1]).

La suite de la lettre est une longue revue des Commentaria de Blasius. La note [57] infra recense sept remarques notables de Patin prises en compte {a} dans la :

Joannis Veslingii Equitis, Professoris quondam Patavini, etc. Syntagma anatomicum, Commentario atque Appendice ex Veterum, Recentiorum, Propriisque, Observationibus, illustratum et auctum a gerado Leon. Blasio Med. Doct. et in Illustri Athenæo Amstel. Profess. Editio Secunda priori emendatior, et locupletior.

[Seconde édition plus riche et correcte que la pécédente du Fondement de l’anatomie de Johann Vesling, chevalier et jadis professeur à Padoue, expliqué et enrichi, par Gerardus Leonardus Blasius, docteur en médecine et professeur en l’illustre Faculté d’Amsterdam, d’un Commentaire et d’un Appendice tiré de ses propres observations, et de celles d’auteurs anciens et modernes].


  1. Afin de ne pas lasser nos bienveillants lecteurs, je leur laisse la liberté de regarder si les multiples autres remarques de Patin ont été suivies d’effet.

  2. Amsterdam, Joannes Janssonius a Waesberge et Elizeus Weyerstraet, 1666, in‑4o, avec un très beau portrait de Blasius. Il a l’index droit pointé vers la page d’un livre d’anatomie posé sur la table auprès de laquelle il est assis. La page suivante donne trois épigrammes In Effigiem Celeberrimi Viri D.D. Greardi Blasii [Sur le Portrait de M. Gerardus Blasius], dont la première est signée Thomas Bartholin :

    Cernitur hoc vultu Blasius, sed pagina mentem
    Prodit, et arbitrium posteritatis habet.
    Seu famam spectes, facilis seu pondera pennæ,
    Virtutem laudat pagina clara Viri.
    Quod jam miramur Libros, tot nomina Blasi<i>
    Scribimus. Hic doctus, quod legat, orbis habet
    .

    [Ce visage montre nettement Blasius, mais ses livres font voir son esprit et le présentent au jugement de la postérité. Que tu considères sa réputation ou le poids de sa plume déliée, ces brillantes pages lfont honneur à la vertu de l’homme. Parce que nous admirons depuis longtemps les livres de Blasius, nous recommandons ses innombrables mérites. Le monde savant a ici de quoi faire ample moisson].


7.

La page 34 des Commentaria de Gerardus Leonardus Blasius concerne l’estomac :

Sed unde cibus comminuitur ? Certe quæ comminuunt, partiumque compagem solvunt, summe debent esse penetrabilia, et quidem acida. Acida autem hoc posse facere patet in succo Citri, Aqua Forti, Aqua Regiâ et similibus variis. Sic Hannibal Aceto saxa comminuit, et ita sibi iter fecit. Et hoc etiam in ipso Ventriculo fieri patet, quod, si quis debilem habeat Ventriculum, aut gravitate ejus torqueatur, adsumptis acidis statim sedetur. Quod et in conviviis observari videmus, dum Cappares aliaque acidiora ad excitandum in Ventriculo appetitum, cibumque comminuendum apponunt.

[Mais comment les aliments y sont-ils broyés ? Ce qui broie et dissout leurs composants doit être extrêmement corrosif et bien sûr acide. Le jus de citron, l’eau-forte, l’eau régale {a} et diverses autres substances de ce genre montrent que les acides peuvent provoquer cela. Voilà comment Hannibal a brisé les rochers avec du vinaigre et a ainsi taillé son chemin. {b} Et la preuve que cela se produit aussi dans l’estomac, c’est que si quelqu’un a l’estomac faible ou si sa pesanteur le tourmente, il est aussitôt soulagé en prenant des substances acides : comme nous voyons souvent pratiquer dans les repas, quand on met sur la table des câpres et d’autres mets plus acides pour exciter l’appétit dans l’estomac et y favoriser le broiement des aliments].


  1. « Liqueur composée d’esprit de nitre et d’esprit-de-sel, dont les chimistes se servent pour dissoudre l’or » (Académie).

  2. Juvénal, Satire x (vers 147‑153) :

    Expende Hannibalem : quot libras in duce summo
    invenies ? Hic est quem non capit Africa Mauro
    percussa oceano Niloque admota tepenti
    rursus ad Æthiopum populos aliosque elephantos.
    Additur imperiis Hispania, Pyrenæum
    transilit. Opposuit natura Alpemque nivemque :
    diducit scopulos et montem rumpit aceto
    .

    [Pesez la cendre d’Hannibal. {i} Combien de livres en compterez-vous pour ce fameux général ? C’est pourtant lui que ne suffit pas à contenir l’Afrique, battue d’un côté par l’Océan maure et confinant de l’autre à la tiédeur du Nil, plus loin encore aux peuples d’Éthiopie et à l’autre région des éléphants. {ii} Il annexe l’Espagne à son empire, il enjambe les Pyrénées. La Nature lui oppose les Alpes et leurs neiges : il ouvre les rochers, il brise la montagne, dissoute par le vinaigre].

    1. V. note [29], lettre 525, pour le général carthaginois Hannibal Barca.

    2. L’Inde.

8.

Polybe (v. note [2], lettre 541) a consacré le livre iii de ses Histoires à Hannibal, où il n’a pas parlé du vinaigre qui a dissous les rochers.

Guy Patin ignorait ou avait oublié le récit de cet épisode héroïque que Tite-Live a donné dans le livre xxi de son Ab Urbe condita [Histoire de Rome] (chapitre xxxvii) :

Tandem nequiquam iumentis atque hominibus fatigatis castra in iugo posita, ægerrime ad id ipsum loco purgato ; tantum nivis fodiendum atque egerendum fuit. Inde ad rupem muniendam per quam una via esse poterat milites ducti, cum cædendum esset saxum, arboribus circa immanibus deiectis detruncatisque struem ingentem lignorum faciunt eamque, cum et vis venti apta faciendo igni coorta esset, succendunt ardentiaque saxa infuso aceto putrefaciunt. Ita torridam incendio rupem ferro pandunt molliuntque anfractibus modicis clivos ut non iuementa solum sed elephanti etiam deduci possent.

[Enfin, après bien des fatigues inutiles pour les hommes et pour les chevaux, on campa sur la crête. Il fallut, pour cela, déblayer les neiges ; on n’y parvint qu’avec des peines inouïes, tant la masse en était profonde et difficile à remuer. On s’affaira ensuite à rendre praticable ce rocher, qui seul pouvait offrir un chemin. Obligés de le tailler, les Carthaginois abattent çà et là d’énormes arbres, les dépouillent de leurs branches, et en font un immense bûcher ; ils y mettent le feu, un vent violent se lève, qui excite la flamme, et ils versent du vinaigre sur la roche brûlante pour la rendre friable. Une fois qu’elle a été calcinée par le brasier, ils y ouvrent une brèche à l’aide de pics en fer et en adoucissent les pentes pour créer un chemin moins abrupt, en sorte que les chevaux et même les éléphants peuvent y passer].

9.

Gerardus Leonardus Blasius avait raison et Guy Patin avait tort de le contredire, tant pour le vinaigre d’Hannibal que pour l’acidité de l’estomac : l’acide chlorhydrique est le principal composant du suc gastrique, indispensable au premier temps de la digestion des aliments ; toutefois, son acidité est telle qu’aucun aliment ne peut en diminuer le pH.

10.

Remarque barrée (mise ici entre accolades) concernant la page 36 des Commentaria :

Fusio itaque chyli a Spiritibus debet provenire, et hoc certum est, videmus enim sanguinem præsentibus spiritibus maxime fluxilem esse, iis absentibus concrescere ; Sic si pars sit frigida et pus in ea generetur, hoc maxime fit, quia sanguis non est fluxilis propter spirituum inopiam aut impeditum affluxum. Ita et in Hydropicis aut Empyematicis videtur fieri quibus aqua aut pus derepente effluit, illi emoriuntur, quod certè non videtur fieri posse, nisi spiritus ibi adfuerint, quia materiam illam fluxilem reddant.

[Il est certain que les esprits {a} doivent provoquer la diffusion du chyle : {b} nous voyons en effet que le sang est extrêmement fluide quand les esprits y sont présents, mais qu’il coagule en leur absence. C’est exactement ce qui arrive quand du pus se forme dans une partie froide : le sang y perd sa fluidité parce que les esprits y font défaut ou parce que leur afflux y est entravé. Voilà donc ce qui semble se produire chez les hydropiques et les porteurs d’empyème : {c} ils meurent quand en eux de l’eau {d} ou du pus {e} s’écoule tout à coup ; ce qui n’apparaîtrait certainement pas possible si des esprits ne se trouvaient au même endroit, parce qu’ils rendent cette matière fluide].


  1. Fluides subtils, comme l’air, l’eau ou l’influx nerveux.

  2. Le chyle (v. note [26], lettre 152) est le fluide nourricier qui se sépare des aliments dans l’intestin grêle pendant la digestion.

  3. Malades ayant une collection de pus dans une cavité naturelle, la plèvre (enveloppe des poumons) surtout, mais aussi le péricarde (enveloppe du cœur) ou le péritoine (enveloppe des viscères abdominaux).

  4. En cas d’hydropisie (v. note [12], lettre 8).

  5. En cas d’empyème (v. note [33] de L’homme n’est que maladie).

En partant de la liquéfaction des aliments dans l’intestin grêle, et étant donné les connaissances de son temps, Gerardus Leonardus Blasius raisonnait plutôt correctement sur la solidification des épanchements fluides à l’intérieur du corps humain (par coagulation du fibrinogène soluble en fibrine insoluble), qui deviennent des empyèmes quand une infection les transforme en pus. La remarque de Guy Patin, préférant « empiriques » à « hydropiques ou porteurs d’empyèmes », méritait en effet d’être rayée car elle était dénuée de toute pertinence.

11.

Page 46 des Commentaria :

Observavit et Riolanus Phlegmonem et Gangrænosin in parte aliqua Ilei produxisse volvulum ; Imo interdum (quod bene notandum moneo) revolvitur intestinum instar digiti Chyrotecæ reduplicati, quod omnimodo obstruit viam intestini, inde vomitus excrementorum per partes superiores. Etiam sæpissimè in scrotum decidit aut inguina unde Hernia.

[Riolan a d’ailleurs observé que le volvulus a provoqué phlegmon et gangrène dans telle ou telle partie de l’iléon ; {a} et même parfois (ce que je vous exhorte à bien noter), l’intestin s’invagine {b} à la manière d’un doigt de gant qu’on retourne ; ce qui obstrue complètement sa lumière et provoque le vomissement de matière fécale par en haut. Très souvent, il engendre une hernie en tombant dans le scrotum ou dans l’aine]. {c}


  1. Seconde partie de l’intestin grêle.

  2. S’enroule sur lui-même.

  3. Cette dernière assertion sur l’origine des hernies (entérocèles, v. note [1], lettre latine 361) est à tenir aujourd’hui pour parfaitement fantaisiste : elles sont liées à une faiblesse (déhiscence) de la paroi abdominale. La torsion de l’anse intestinale emprisonnée dans le sac herniaire est néanmoins une cause commune de volvulus (étranglement herniaire).


Le volvulus {a} est le retournement d’une anse intestinale sur elle-même ou à l’intérieur d’elle-même (dédoublement « en doigt de gant ») {b} en raison d’un obstacle mécanique (bride péritonéale ou tumeur) ; Trévoux :

« C’est un mot latin que l’on donne à la colique que l’on appelle autrement le miséréré, {c} ou passion iliaque. Volvulus, iliaca passio. C’est dans l’iléon que se fait le volvulus et le miséréré, qu’on appelle passion iliaque, dans laquelle on vomit les excréments par la bouche, parce qu’alors les membranes de cet intestin rentrent l’une dans l’autre et font des nœuds qui empêchent le cours des matières. »


  1. Dérivé du verbe latin volvere, « enrouler ».

  2. Reduplicatio [dédoublement] dans le latin de Guy Patin ; le français médical courant emploie aujourd’hui le mot « invagination ».

  3. V. note [5], lettre de Charles Spon, datée du 6 avril 1657.

Guy Patin favorisait à tort la nature inflammatoire de la maladie en écartant absolument le dédoublement mécanique. Cela fondait l’idée de faire avaler au malade de petites boules en or ou en plomb, dont le poids était censé dénouer le volvulus (ce qui sans doute était parfois couronné de succès). Aujourd’hui, l’intervention chirurgicale est la règle.

En dépit de sa divergence de vues, Gerardus Leonardus Blasius a transcrit le propos de Patin dans la 2e édition de son commentaire (1666, v. infra note [57‑1]).

12.

Page 76 des Commentaria, « chez un homme qu’on a disséqué à Paris, etc. », sur une phrase de Vesling, Locum habet lien in hypochondrio sinistro situque paulo humilior iecore [La rate se tient dans l’hypocondre gauche et un peu plus bas que le foie] :

Et quidem in sola parte sinistra Hypochondrii, adeo ut nullam sui partem extendat in dextrum latus, secus ac jecur facit. Et si quis in vivo homine velit situm Lienis verum et genuinum scire, brachium sinistrum extendat deorsum leviter et retrorsum, ubi tum flexura cubiti est, locus ejus est. In dextro Hypochondrio Lienem, Jecur contra in sinistro locum, ut et singula vasa ipsorum viscerum substantiam concomitantia, in quodam Parisiis 1650. dissecto habuisse refert Guido Patinus. Similem situm viscerum Romæ observatum testatur Petrus Servius.

[Et strictement dans l’hypocondre gauche, car aucune de ses parties ne s’étend du côté droit, comme fait le foie. {a} Et si l’on veut connaître sa véritable et exacte localisation chez l’homme vivant, on lui fait porter le bras gauche en bas et légèrement en arrière, la rate est alors en regard du pli du coude. {b} Guy Patin rapporte que, chez un homme disséqué à Paris en 1650, la rate se trouvait dans l’hypocondre droit et le foie, au contraire, dans le gauche, et par concomitance de constitution, il en allait de même pour chaque vaisseau des dits viscères. {c} Petrus Servius témoigne avoir observé un disposition semblable à Rome]. {d}


  1. De l’hypocondre droit où il est situé, le foie déborde dans l’hypocondre gauche.

  2. Repère anatomique parfaitement exact.

  3. V. notes [13], lettre 253, et [11], lettre 254, pour le cas de situs inversus, observé en 1650 et publié par Jean ii Riolan en 1652, qui avait fort étonné les médecins parisiens, et toute l’Europe savante après eux.

    Guy Patin n’avait aucun mérite à en tirer. Il a parlé de cette extraordinaire dissection (sans jamais se l’attribuer) dans sept de ses lettres (dont deux en latin, à Christiaen Utenbogard et à Thomas Bartholin) et dans les commentaires de son décanat (v. notes [12] et [13] des Décrets et assemblées de la Faculté de médecine en 1650-1651).

  4. Je ne suis pas parvenu à trouver dans lequel de ses livres Petrus Servius a le premier publié une inversion des viscères du tronc : v. note [42], lettre 101.

13.

V. notes [30], lettre 282, pour les « Opuscules divers et nouveaux » de Jean ii Riolan, et [11], lettre 254, pour la relation du situs inversus qu’il y a donnée.

Gerardus Leonardus Blasius a persisté dans son erreur dans la 2e édition de ses Commentaria (1666, v. infra note [57‑2]), sans citer Pierre Régnier ni Jean ii Riolan.

14.

Page 76, Guy Patin relevait trois coquilles d’imprimerie dans une liste d’auteurs (mise au cas génitif) qui ont disserté sur l’action de la rate : Porthii, Iesseni, […] De la Chambro.

Les fonctions de la rate ne sont probablement pas encore toutes connues, mais elle intervient dans la défense immunitaire (notamment contre certaines infections bactériennes), ainsi que dans la formation du sang (durant la vie fœtale) et dans son épuration (élimination des globules rouges vieillis).

15.

Guy Patin signalait une coquille à la page 77 des Commentaria (sur l’utilité de la rate, organe dit non vital, car son ablation ne provoque pas de maladie apparente) :

Lienem frustra conditum esse voluisse perhibetur Erisistratus, perhibetur et Paracelsus.

[On rapporte qu’Érasistrate a déclaré que la rate est une création inutile, {a} et Paracelse a dit la même chose].


  1. V. note [23], lettre 324.

16.

« ces ânes devant une lyre », v. note [5], lettre 439.

Jan Baptist Van Helmont (Helmontii) fermait la liste de noms cités sur le rôle de la rate dans la note [14]. Ennemi résolu du dogme humoriste hérité d’Hippocrate et Galien, ce novateur débridé avait des idées fort originales sur le rôle digestif, mais aussi « spirituel » de la rate, mise au service des archées (v. seconde notule {b} infra). Cela semble aujourd’hui farfelu, mais mérite d’être connu par qui s’intéresse à la médecine du xviie s. et souhaite comprendre les aversions de Guy Patin ; en voici deux illustrations tirées de son Ortus medicinæ [Naissance de la médecine] (Amsterdam, 1652, v. note [4], lettre 340).

17.

Pour les besoins de sa cause, Guy Patin mettait dans le même sac quatre auteurs qui ont critiqué les excès de Paracelse (v. note [7], lettre 7) avec plus ou moins de virulence, et qui se sont attaqués les uns les autres.

18.

Simple digression de Guy Patin sur la page 79 des Commentaria qui est essentiellement consacrée à l’anatomie des reins, avec des remarques sur ses variations. Dans la 2e édition de son commentaire (1666), Gerardus Leonardus Blasius a néanmoins repris ce propos de Patin (v. infra note [57‑3]).

Les vaisseaux spermatiques (ou testiculaires) sont les veines, artères (nées directement de l’aorte) et lymphatiques qui irriguent les testicules.

19.

Page 80 de ses Commentaria, Gerardus Leonardus Blasius écrivait :

Verum enim non arbitror inquit Barthol. quod tradit Beverovicius et Losellius post illum, uno rene affecto alterum quoque urinam non expurgare ; contrarium enim apparet in iis quibus Ren alteruter tantum calculo grandiori obstruitur, aut ulcere consumptus est ; Et contrarium ac ille existimat, in aliis partibus contingit, uno oculo læso alter videt, consumpto omni pulmonis lobo in una parte, alter respirationem promovet, nisi forte utraque pars a communi causa afficiatur, alioquin enim interdum id tantum fieri fateri coguntur.

[Mais, dit Bartholin, {a} je ne partage pas l’avis de Beverwijk, ni celui de Losellius {b} après lui, que quand un rein est affecté, l’autre cesse aussi de sécréter de l’urine : le contraire s’observe en effet chez ceux dont seulement un des deux reins est obstrué par un gros calcul ou détruit par un ulcère. {c} En outre, Bartholin juge que c’est l’opposé de ce qui se produit dans les autres parties du corps : quand un œil est blessé, l’autre voit ; quand tous les lobes du poumon sont détruits d’un côté, l’autre assure la respiration ; à moins que par hasard la même cause n’affecte les deux organes, on est tout de même contraint d’avouer que les choses peuvent parfois se passer autrement].


  1. Thomas Bartholin.

  2. V. note [9], lettre 86.

  3. Abcès de nature tuberculeuse ou autre.

V. les lettres des 19 et 30 juillet 1640 de Guy Patin et Jan van Beverwijk (mort en 1647) sur cet intéressant sujet.

20.

V. note [25], lettre 146, pour l’« Anthropographie » de Jean ii Riolan, rééditée pour la 3e fois dans ses Opera Anatomica vetera [Œuvres anatomiques anciennes] (Paris, 1649) ; en voici l’extrait auquel Guy Patin renvoyait Gerardus Leonardus Blasius (livre ii, chapitre xxvi, De Renibus [Les reins], page 144) :

Renes geminos Naturam condidisse dicunt, non tam ad æquilibrium corporis, quam actionis suæ continuitatem, ne uno præpedito et obturato, cessaret humoris serosi profusio : non semel tamen observavi monitus a Foresto, uno Rene obstructo alterum inutilem et vietum reddi, propriaque actione destitutum, urinæ fluxum intercipere, quod confirmatur à doctissimo Ludovico Dureto, commentatio in Coacas, pag. 539. atque id mirum videri debet in Renis unius afflictione sisti urinam, vel micturiendo stillatim ægre transmitti, cum ita comparata sit ratio amborum Renum, ut cessante uno, alter officium suum faciat ; sed magna vis est sympathiæ in societate officij, propterea ex sympathia Renis alterius crebro et parce urina ab ægro emittitur, nam occupati calculo et inflammati cessat officium, et quibus Ren socius elanguet effœtus et frigidus, iis in sæva nephritide urina supprimitur, ut nuper observatum in Illustrissimo Præside Vido Fabro Pibracio, Iurisperitorum eloquentissimo. Eleganter de ista actione emulgendi serum in utroque Rene abolita, differit Ludovicus Mercatus. Eam sortiuntur Renes inter se connexionem, eam etiam in substantia similitudinem, ut facile sit coniicere altero affecto, alterum quoque eundem affectum passurum.

[La Nature, dit-on, a créé deux reins non seulement pour équilibrer le poids du corps, mais aussi pour que la filtration du sérum ne s’interrompe pas quand l’un d’eux est empêché et obstrué. Prévenu par Forestus, {a} j’ai cependant remarqué plus d’une fois que quand un rein est bloqué, l’autre perd sa fonction et se flétrit, et que l’écoulement de l’urine s’interrompt. C’est ce qu’a confirmé le très savant Louis Duret, dans son commentaire sur les Coaques, page 539 : « on doit considérer comme surprenant que l’urine cesse de s’écouler ou ne le fasse plus que goutte à goutte quand un seul rein est atteint, puisque la raison d’en avoir deux est que l’un pallie le défaut de l’autre. Dans le partage d’une fonction, la sympathie {b} exerce cependant une forte influence : c’est à cause d’elle que le malade émet péniblement fort peu d’urine quand un rein, bloqué et enflammé par un calcul, cesse de fonctionner ; et que survient une impitoyable néphrite {c} avec suppression complète d’urine quand l’autre rein, refroidi et épuisé, tombe à son tour en insuffisance, comme nous l’avons récemment observé chez le très illustre président Guy du Faur de Pibrac, le plus éloquent jurisconsulte de son temps. » {d} Ludovicus Mercatus {e} défend avec finesse une opinion différente sur cette abolition de la filtration rénale : comme une communauté de fonction lie les deux reins l’un à l’autre et comme aussi ils sont composés de la même substance, il est aisé de conjecturer que, quand l’un est affecté, l’autre souffre de même].


  1. V. note [13], lettre 401, pour Peter Van Foreest. Jean ii Riolan reprenait ici ce qu’avait écrit avant lui son père, Jean i (v. notule {c}, note [27], lettre latine 4).

  2. V. note [4], lettre 188.

  3. Toute inflammation du rein non liée à un calcul.

  4. Guy du Faur, seigneur de Pibrac, poète et magistrat mort en 1586 (v. note [2], lettre 434).

  5. V. note [1], lettre 656, pour Luis Mercado, médecin des rois d’Espagne, mort en 1599).

    Tout le passage entre guillemets qui précède reproduit, en l’abrégeant, le propos de Louis Duret (v. note [10], lettre 11) sur ce sujet dans ses commentaires des « Prénotions coaques » d’Hippocrate (Paris, 1588, page 539, lignes 26‑33).


21.

À la page 84 des Commentaria, Gerardus Leonardus Blasius dissertait sur ce passage de Johann Vesling, Vesica igitur urinaria est pars infimi ventris organica, quæ susceptum a renibus serum asservat, et tandem vel onere vel acrimonia molestum expellit [La vessie est donc un organe du bas-ventre qui recueille le fluide sécrété par les reins, et qui l’expulse enfin quand il est devenu gênant, soit par son volume, soit par son âcreté] :

Item Calculos et Arenulas, de quibus varii, maxime Tulpius, Bartholin. Fabr. Hildanus, Schenkius, Salmuth, Thonerus, Benivenius. Inderdum et alia asservat, atque excernit ; ut Pilos testibus Galeno, Donato, Hollerio, Tulpio, Schenkio, Florentino ; Vermes, Hollerio, Mundanella, Dodonæo, Barthol. Salmuth etc. Aciculas, Alex. Benedicto, Ioh. Langio. Schenkio, Santorio, Paræo ; Olus Ioh. van Horne ; Paleas hordeaceas, Plutarcho ; Apii radices, Iulio Alexandrino ; Fungos Nic. Florentio ; Musca Zacuto ; Semen Anii, Carbones, et Grana Alkekengi Hildano, etc.

[Pareillement pour les calculs et le sable, dont divers auteurs ont écrit, surtout Tulpius, Bartholin, Fabrice de Hilden, Schenck, Salmuth, Thoner, Beniveni ; {a} l’urine tamise et contient parfois d’autres choses telles que : des poils provenant des testicules (pour Galien, Donati, Houllier, Tulpius, Schenck, Florentinus) ; {b} des vers (pour Houllier, Mundanella, {c} Dodoens, Bartholin, Salmuth, etc.) ; des petites aiguilles (pour Alessandro Benedetti, {d} Johann Lange, Schenck, Santorio, Paré) ; de l’herbe, (pour van Horne) ; de la balle d’orge (pour Plutarque) ; des branches de persil (pour Julius Alexandrinus) ; des champignons (pour Nic. Florentius) ; {e} des mouches (pour Zacutus) ; de la semence d’anis, des charbons, des graines d’alkékenge (pour Hilden) ; {f} etc.]. {g}


  1. Antonio Beniveni, v. infra notule {d}, note [33].

  2. V. note [6], lettre 72, pour les Observationum medicarum rariorum, libri vii [Sept livres d’observations médicales plus que rares] de Johann Theodor Schenck (Lyon, 1644).

    Nicolaus Florentinus, autrement nommé Nicolaus Falcutius ou Niccolo di Francesco Falcucci Fiorentino, est un médecin natif de Florence (1350-1412), auteur d’une encyclopédie médicale intitulée Nicolai Nicoli Florentini philosophi medicique præstantissimi de medica materia septem sermonum liber… [Livre des sept discours de Nicolaus Nicolus Florentinus, très remarquable philosophe et médecin, sur la matière médicale…] (Venise, Junte, 1533, in‑fo, pour le sixième discours, de membris generationis [sur les organes de la reproduction]).

  3. V. note [26], lettre 1020, pour Luigi Mundanella (ou Aloysius Mundella) et ses Epistolæ medicinales… [Épîtres médicales…] (Bâle, 1543).

  4. Alessandro Benedetti (1452-1512), humaniste italien, médecin, anatomiste, philologue et historien, a publié de nombreux ouvrages érudits.

  5. Sic pour Florentinus.

  6. Coquille, anii (génitif d’anium ou d’anius, mots inexistants en latin) au lieu d’anisi (anisum, anis), sans doute si évidente que Guy Patin a préféré en biffer la remarque {mise entre accolades dans ma traduction de sa lettre] ; on est passé tout près de semen asini [semence d’âne]…

    L’Observatio lxxii de Fabrice de Hilden (v. note [7], lettre 62), qu’on lit à la page 254 de ses Opera omnia (Francfort, 1682) est intitulée Semen anisi et acini granorum alkakengi, cum urina excreti [Semence d’anis et baies de grains d’alkékenge excrétés avec l’urine].

    L’alkékenge (coqueret ou coquerelle) est une « plante vivace dont les baies, arrondies, d’un rouge orange, renfermées dans un calice vésiculeux très large et rougeâtre, sont acidulées, légèrement rafraîchissantes et diurétiques » (Littré DLF).

  7. Cet inventaire de ce que la vessie peut contenir, naturellement et surtout contre nature (par maladie, accident ou manipulations perverses), peut rendre le lecteur perplexe, mais n’a rien d’invraisemblable.

22.

Page 85 des Commentaria, ligne 14 :

Sed fieri aditus per imum ventrem ibi potest, ubi nunc satis feliciter administrari Lithotomiam testis est Riolanus in animadv. suis in Vesling.

[Mais quand la sortie (du calcul) peut se faire par le bas-ventre, alors on peut appliquer la lithotomie avec assez de bonheur, comme en témoigne Riolan dans ses remarques sur Vesling]. {a}


  1. Opuscula anatomica nova [Opuscules anatomiques nouveaux] de Jean ii Riolan (Paris, 1649, v. note [25], lettre 146).

Guy Patin s’est plusieurs fois montré justement attaché à la distinction entre cystotomie (du grec κυστις, vessie, et τομη, taille) et lithotomie (λιθος, pierre).

23.

Page 85 des Commentaria, ligne 22, coquille sur le prénom de Volcher Coiter, {a} écrit Voltherus Coiter, dans le commentaire de ce passage de Vesling sur la vessie, Amplitudinem ejus non ætas solùm, sed crebra quoque violentiorque distensio variat. Simplex in homine est, raro veluti sepimento, adjunctique sacculis distincta : {b}

Qualem in puella 35. annorum invenit Voltherus Coiter, et Caspar Bauhinus, nec dissimilem in cadavere Magni Casauboni repertam nobis, descripsit Raphaël Thorius et Brovardus, referentes uno quasi ore in eo vesicam duplicatam notatam esse, quarum altera sinistra adscititia rotundo foramine in dextram erat pervia, quatuor digitorum apices admittente, urina turgens, quam statis vicibus et solito conatu per dextram excernebat, capacitatis ad illam sextuplæ, membranis totidem illi continua, spissis, et reliquis vesicæ majori communibus.

[Voltherus Coiter en a trouvé une chez une femme de 35 ans, tout comme Caspar Bauhin ; Raphaël Thorius, ainsi que Brovardus, nous a décrit celle semblable qu’on a trouvée dans le cadavre du grand Casaubon : {c} comme ils le rapportent quasiment d’une même voix, on a remarqué que sa vessie était dédoublée ; le diverticule placé sur la gauche s’ouvrait dans la partie droite par un orifice arrondi, qui admettait quatre travers de doigt ; se remplissant d’urine qu’il évacuait périodiquement et régulièrement dans la partie droite, il multipliait par six la capacité de la vessie, dont il partageait entièrement les épaisses membranes].


  1. Volcher Coiter (Coyter ou Koyter, Volcherus Coiterus), anatomiste hollandais né à Groningue 1534, mort à Brienne-le-Château (Champagne) en 1576.

  2. « Sa taille varie non seulement selon l’âge, mais aussi selon l’abondance et la plus grande force de sa distension. Comme sa paroi est lâche, il est naturel chez l’homme que des diverticules s’y développent et la cloisonnent ».

  3. À la fin de son Exercitatio in Hippocratis aphorismum de calculo [Essai sur l’aphorisme d’Hippocrate concernant calcul urinaire] (Leyde, 1641, v. note [9], lettre 76), Jan van Beverwijk a transcrit deux relations sur l’énorme dilatation de la vessie qu’on a trouvée à l’autopsie d’Isaac Casaubon (v. note [7], lettre 36) :

    • celle de Raphaël Thorius (v. note [31], lettre 1019), datée de Londres, le 15 juillet 1616 (pages 282‑285) ;

    • et celle du mystérieux Brovardus (v. notule {e}, note [13], lettre 433), intitulée Historia vesicæ monstrosæ, magni Casauboni [Histoire de la prodigieuse vessie du grand Casaubon] (pages 257‑281).

    On trouve aussi ces deux lettres dans la Vita Isaaci Casauboni [Vie d’Isaac Casaubon] qui précède ses Epistolæ [Lettres] (Rotterdam, 1709, v. note [16], dernière notule {a}, du Borboniana 1 manuscrit) avec un dessin anatomique de son illustre vessie.


24.

C’est ce que les médecins appellent aujourd’hui un globe vésical : logé dans l’hypogastre (juste au-dessus du pubis), il a typiquement la forme d’un cœur de carte à jouer, à pointe dirigée vers le bas ; il rend un son mat à la percussion.

25.

La livre des médecins équivalant à environ 400 de nos grammes, on peut estimer aux alentours de 2 litres le volume des urines évacuées par le sondage.

26.

Ce jean Girault, chirurgien spécialiste des maladies et de la taille vésicales, était sans doute fils de Restitut (v. note [17], lettre 455), mais les biographes ont donné le prénom de Jacques à celui qui a le plus brillé.

Quoiqu’il en soit, la durable atonie de la vessie qui a suivi son énorme dilatation correspond à ce qu’on appelle un « claquage vésical », complication ordinaire de sa dilatation excessive et prolongée.

27.

Simple digression oiseuse de Guy Patin sur la page 89 des Commentaria où Gerardus Leonardus Blasius commente l’anatomie des testicules. V. note [11] du Naudæana 1, pour cette anomalie dénommée polyorchidie. Patin a rayé le mot « prêtre ».

Blasius a néanmoins repris ce propos de Patin dans la 2e édition de son commentaire (1666, v. infra note [57‑4]).

28.

Page 94 des Commentaria :

Arterias spermaticas præparantes fœmina quæ masculos peperat, defuisse scribit Barthol. et Tolosanæ in lapidem induratas narrat Fr. Zancher.

[Bartholin a décrit l’absence des artères spermatiques chez une femme {a} qui avait donné naissance à des garçons, et Fr. Zancher {b} raconte que celles d’une Toulousaine présentaient une induration pierreuse].


  1. Chez la femme, les artères spermatiques (v. supra note [18]) portent aujourd’hui le nom d’artères utéro-ovariennes ; elles irriguent les ovaires et les trompes de l’utérus.

  2. Sic pour Sanchez, v. note [9], lettre 58.

29.

Signalement de deux coquilles en haut de la page 96 des Commentaria : dilatione pour dilatatione, et peritonæ pour peritonæo.

30.

Page 96 des Commentaria, sur Johan Vesling disant Mirabilem in gravidis uteri crassitiem efficit : {a}

In gravidis dicit Bartholin Anatom. pag. 162. Galenus, Vesalius, aliique putant uterum, quo magis extenditur, eo magis attenuari. Sed ocularis experientia refragatur, et authoritates Sylvii, Mundelli Chirurgi Parisiensis, […] Rousetti…

[Bartholin dit (Anatom. page 162) {b} que Galien, Vésale et d’autres pensent que l’utérus se dilate d’autant plus qu’il est plus affaibli ; mais l’observation oculaire contredit cela, de même que les autorités de Silvius, de Mundellus, chirurgien de Paris, (…) de Rousset…]. {c}


  1. « Chez les femmes enceintes il apparaît un admirable épaississement de l’utérus » (ce qui est parfaitement vrai).
  2. V. note [7], lettre 311, pour l’Anatomia de Thomas Bartholin (Leyde, 1651), qui mettait sans relâche à jour les Institutiones anatomicæ [Institutions anatomiques] de son père, Caspar i (v. note [1], lettre 306).

    Gerardus Blasius recopiait le bas de la page 162, en regard de la note marginale Error Galeni et Vesalii [Erreur de Galien et Vésale], avec la même liste d’auteurs pour appuyer ses dires, mais les deux premiers [Sylvii, Mundelli Chirurgi Parisiensis] y étaient mis entre crochets.

  3. Dans sa traduction de l’Anatomia, Abraham Du Prat (Institutions anatomiques de Gaspard Bartholin, Paris, 1647, v. note [27], lettre 152) n’y a pas vu d’erreur, écrivant, page 182, « Mundellus Chirurgien de Paris… de Rouset » (en respectant les crochets de Bartholin).

    Une explication plausible est que Bartholin a écrit Mundelli au lieu de Mundellæ (Aloysius Mundella, v. note [26], lettre 1020), et Mundelli Chirurgi Parisiensis au lieu de Rousetti Chirurgi Parisiensis, mais deux inexactitudes mineures subsistent :

    1. François Rousset (v. note [7], lettre 159) n’était pas vraiment chirurgien, mais docteur en médecine de Montpellier et obstétricien ;

    2. son nom latin était Rossetus (et non Rossettus comme écrivait Guy Patin, ici et à la ligne suivante de sa lettre), ainsi qu’en atteste le titre de son plus fameux ouvrage Υστεροτομοτοκιας. (Id est) cæsarei partus Assertio historiologica… Fr. Rosseto authore [Hystérotomotokie, qui est la Revendication historiographique de l’accouchement césarien… Par François Rousset] (Paris, 1590).

    La réédition de Blasius en 1666 ne m’a pas aidé à résoudre cette énigme, car il y a prudemment remplacé les noms des auteurs cités par Anatomici multi [maints anatomistes] (page 102).


31.

Avant-dernier paragraphe, page 96 des Commentaria (à propos de l’ouverture de l’abdomen dans la césarienne) :

De hac vide Th. Barth. Hist. 8 Cent. 2 item Roussetum Reynaudum de partu cæsareo.

[Voyez là-dessus Thomas Bartholin, 8e observation de sa 2e centurie, {a} ainsi que Roussetus Reynaudus sur l’accouchement césarien]. {b}


  1. Partus Cæsareus Mirabilis [Étonnant accouchement par césarienne], page 157 des Historiarum anatomicarum rariarum de Thomas Bartholin (Copenhague et La Haye, 1654, v. note [18], lettre 352) : relation d’une césarienne pratiquée en 1647 par deux médecins, un Anglais dénommé Ireton et Janus Bernhardus Peg (probablement flamand), avec mort de la mère au bout de quatre heures, mais survie de l’enfant.

  2. V. supra, notule {c}, note [30], pour François Rousset et son livre sur la césarienne.

    Comme le lui faisait ici remarquer Guy Patin, Gerardus Leonardus Blasius aurait dû séparer Roussetus (pour Rossetus) de Reynaudus (pour Raynaudus) par un et, pour ne pas laisser croire qu’il s’agissait d’un prénom et d’un nom.

    De fait, le très prolixe R.P. Théophile Raynaud (v. note [8], lettre 71) avait bien publié un De Ortu infantium contra naturam, per sectionem Cæsaream, Tractatio : Qua reliqui item Conscientiæ nodi ad matrem alvo gerentem, ac fœtum, eiusque partum spectantes, solide et accurate expediuntur… [Traité sur la Naissance des enfants contre nature, par l’incision césarienne. Où sont solidement et soigneusement exposés les nœuds mutuels de sentiment entre le fœtus et la mère qui le porte en ses entrailles, et ce qui touche à son accouchement…] (Lyon, Gabr. Boissat, 1637, in‑8o).

32.

Page 99 des Commentaria (lignes 2‑4) :

Legat et hic qui potest, casum octavum elegantissimi Tractatus de Morbis Mulierum à Cl. Conringio olim dictati.

[Ici, que lise qui le peut le 8e cas du très élégant « Traité des maladies des femmes », jadis dicté par le très distingué Conring].

Comme Guy Patin, je ne suis pas parvenu à trouver ce traité d’Hermann Conring qui n’a probablement jamais été imprimé.

33.

Page 99 des Commentaria, paragraphe intitulé Distinguantur : {a}

Ignorantiam adeo summam prodere haud pudet eos, qui cavitatem uteri in duas partes dividunt manifestas, quasi recto ductu duceretur protuberans quædam inæqualitas ab orificio sursum, quæ uterum dividat, in duos velut distinctos et a se invicem separatos sinus atque secessus. Inscitiæ in Anatomicos indicium non parvæ est ; in utero muliebri cellulas quærere ; majoris hinc contendere, posse fœminam fœtus plurimos concipere, superfœtationis enim causa non in utero sed semine quærenda. Monstruosos nasci tametsi rarum sit : rarior tamen superfœtatio est, et adeo quidem rara, ut nonnullis impossibilis habeatur. Cujus tamen manifestum in honesti civis uxore exemplum apparuit. Peperis hæc filium plene gestatum anno 1570. Decemb. die 7. hora decima vespertina, succedentibus omnibus, quæ ad felicem partum requiri solent. Postridie vero qui erat octavum, eadem hora, præter exspectationem obstetricis, ac sui ipsius, peperit eadem fœtum alterum, sed nondum quadrimestrem, utpote cui neque oculi, neque nares, neque os paterent, quem idcirco post conceptum fuisse satis manifestum. Beniven. de Abdit. Morb. causis cap. 3. Superfœtationis exemplum habet et Bernardus Gordonius cap. 2. particulæ vii.

[La honte de leur immense ignorance ne fait pas rougir ceux qui divisent la cavité utérine en deux parties distinctes, comme si une saillie anormale, s’étendant depuis l’orifice jusqu’au fond de l’utérus, y créait deux niches ou sinus bien séparés l’un de l’autre. Chercher de telles loges dans l’utérus de la femme est une preuve de profonde méconnaissance chez de tels anatomistes. Il est pire encore d’en déduire qu’une mère puisse concevoir plusieurs fœtus en même temps, car la cause de la superfétation n’est pas à chercher dans l’utérus, mais dans la semence. {b} Il est certes rare de voir naître des monstres, mais la superfétation est plus rare encore, et si rare même que certains la tiennent pour impossible. Néanmoins, un exemple manifeste en a été rapporté chez l’épouse d’un honnête citoyen : le 7 décembre 1570, à dix heures du soir, elle accoucha à terme d’un fils, avec toutes les suites qui ont coutume de marquer une heureuse délivrance ; mais le lendemain, le 8 à même heure, à la surprise de la sage-femme et bien sûr de la mère, sortit un second fœtus, âgé de moins de quatre mois, comme en attestaient l’absence d’yeux, de nez et de bouche, preuve manifeste du fait qu’il avait été conçu postérieurement au premier. {c} Dans Beniven., de Abdit. Morb. causis, chap. 3, se lit un exemple de superfétation, {d} ainsi que dans Bernardus Gordonius, chap. 2, particule vii]. {e}


  1. Gerardus Leonardus Blasius commentait ce propos de Johann Vesling sur l’utérus :

    Cavitatem intus exiguam obtinet, et simplicem in qua tamen dextræ a sinistris leviter prominula velut linea distinguuntur.

    [À l’intérieur, il possède une cavité étroite et simple, dans laquelle pourtant les parties droites et gauches sont séparées par une légère saillie ressemblant à une ligne].

  2. Tout cela est expliqué dans la suite de la présente note. L’utérus dit bicorne est aujourd’hui une anomalie congénitale bien connue et qui n’a rien d’exceptionnel ; mais elle n’est pas cause de superfétation.

  3. L’italique marque une citation dont je n’ai pas trouvé la source. Blasius l’a entièrement supprimée dans sa réédition de 1666, v. infra notes [34] et [57‑5], notule {a}.

  4. V. note [12], lettre 14, pour le traité posthume d’Antonius Benivenius de abditis nonnulis ac mirandis morborum et sanationum causis [sur quelques causes cachées et merveilleuses de maladies et de guérisons] (Florence, 1507). Le chapitre iii en est intitulée Lapides in tunica epatis reperti [Pierres trouvées dans la tunqiue du foie] (chez une femme qui n’était pas enceinte) ; j’ai vainement cherché, là comme ailleurs dans le livre, un cas de superfétation.

  5. V. note [58] du Traité de la Conservation de santé, chapitre ii, pour Bernard de Gordon, médecin montpelliérain du xiiie s., dont la plupart des écrits ont été réunis dans le Lilium Medicinæ [Lis de médecine], dont j’ai consulté l’édition de Lyon, Guilielmus Rouillius, 1559, in‑8o. Le chapitre ii de sa viiie et dernière particule (section), Quæ de passionibus membrorum generationis in utroque sexu, et antidotis ualentibus a capite ad pedes usque agit, continens capita xxiiii [Qui traite, en 24 chapitres, des maladies des organes de la reproduction dans les deux sexes, et des antidotes qui soignent de la tête aux pieds], et intitulé De satyriasis et priapismo [Du satyriasis et du priapisme], {i} avec cette remarque, pages 602‑603 :

    Quarto notandum, quod cætera animalia abhorrent coitum post conceptum. Primo, quia imaginatiua est propter naturam non propter uoluntatem, et si abundet, transit in pilos, cornua et ungues, quia appetitus est ad speciem et non ad delectationem. In mulieribus est contrarium, appetunt enim non solum propter speciem, sed propter delectationem, et cum hoc abundant in menstruis propter quæ stimulantur, et calfiunt, et cum hoc de delectatione præcedendi recordantur. Ideo accidit, quod quadam mulier peperit unum filium pulchrum, qui assimilabatur uiro suo, et post paucos dies peperit unum turpem qui assimilabatur amasio suo turpi, et hoc non fuisset nisi matrix post coitum fuisset aperta et dilatata. Appetunt igitur auidæ mulieres post coitum.

    [Il faut noter quatrièmement que les autres animaux fuient le coït après la conception. La première raison en est que l’imaginative dépend de la nature et non de la volonté, et si elle est excessive, elle passe dans les poils, les cornes et les griffes, {ii} car l’appétence est vouée à la préservation de l’espèce et non au plaisir. C’est le contraire chez les femmes : elles ont à la fois du désir pour la préservation de l’espèce et pour le plaisir ; elles en ont en abondance pendant les règles, qui les stimulent et les échauffent, et se souviennent du plaisit qu’elles ont éprouvé précédemment. {iii} Ainsi a-t-on vu une femme accoucher d’un beau garçon, qui ressemblait à son mari, et quelques jours après, mettre au monde un autre enfant hideux, qui ressemblait à son hideux amant ; et cela n’a pu se faire sans que la matrice demeurât ouverte et dilatée après le coït. Les femmes avides conservent donc leurs envies après le coït]. {iv}

    1. Page 601 :

      Satyriasis est continua uirgæ erectio cum desiderio et appetitu ad coitum. Priapismus est immoderata et continua erectio sine appetitu et desiderio.

      [Le satyriasis est une érection permanente de la verge avec désir et envie de copuler. Le priapisme est une érection irrépressible et permanente sans désir ni envie]. note [5], lettre 859, pour le dieu Priape qui est à l’origine du mot.

    2. L’imaginative est la « qualité qu’on attribue à une partie de l’âme, qui lui fait concevoir les choses, et s’en former une vraie idée » (Furetière), on dirait aujourd’hui « l’instinct » ; sa projection dans les phanères des animaux, quand il est excessif, me semble à interpréter comme sa transformation en agressivité.

    3. Avant que la grossesse n’ait supprimé leur règles (dont on peut douter qu’elles attisent ordinairement la libido).

    4. Sans adhérer à ces propos, je me suis efforcé de ne pas trahir la pensée de leur auteur en les traduisant.

La superfétation est une rareté obstétricale qui ne mériterait guère de s’y attarder ici si elle n’avait agité les esprits médicaux du xviie s., tiraillés entre l’émerveillement et l’incrédulité.

Le xviie s. ignorait encore les agents de la fécondation (ovule et spermatozoïde), avec une conception abstraite de ce qu’était la semence dans les deux sexes, laissant leur imagination vagabonder sur ses interactions et les caprices de ses aberrations.

34.

La vive et catégorique désapprobation de Guy Patin a convaincu Gerardus Leonardus Blasius de châtrer ce qu’il avait écrit sur la superfétation : v. le début de la note [33] supra. Sans la notion de nidation extra-utérine (alors chaudement disputée), la surfécondité était en effet inacceptable. Elle demeure d’ailleurs un phénomène exceptionnel dont la réalité même est contestée (sauf avis contraire d’un obstétricien qui aurait la gentillesse de m’écrire).

35.

Page 100 des Commentaria, le dernier paragraphe traite du clitoris : {a}

Græcis ita dicitur, atque hinc verbum κλειτοριαζειν, lascivius tractare, quo notatur scelestus mulierum nonnullarum mutuus contactus, quo se invicem ad summam voluptatem et seminis ejaculationem instigant, atque hinc tales mulieres Fricatrices appellantur, cujus libidinis inventrix scribitur Philænis quædam, qua usa etiam sit Sayso Poetria, legatur et Hofman. de usu part. n. 1064.

[Ce mot nous vient des Grecs, il est issu du verbe clitorizein, caresser fort lascivement. On l’emploie pour désigner le contact indécent que certaines femmes ont entre elles, en vue de s’exciter l’une l’autre à l’orgasme et à l’éjaculation de semence ; {b} c’est pourquoi on les appelle fricatrices. C’est un plaisir dont on écrit qu’une certaine Philænis {c} a fait l’invention, et dont la poétesse Sappho {d} a aussi été adepte ; lire sur ce sujet Hofmann de Usu partium, no 1064].


  1. Ma note est volontairement très détaillée car elle aborde un sujet très rarement traité au xviie s., en levant un coin du voile qui couvrait la sexualité féminine.

  2. La plume de Blasius ne divaguait pas : v. notes [1] et [19] du Traité de la Conservation de santé, chapitre viii, pour la semence des femmes et pour ce qu’Hippocrate a écrit sur la jouissance que leur procure son éjaculation.

  3. Φιλαινις, courtisane du ive ou iiie s. av. J.‑C. qui a laissé un traité de pratique amoureuse.

  4. Sappho, Σαπφω, célèbre poétesse grecque de Mytilène sur l’île de Lesbos qui a vécu au viievie s. av. J.‑C. (v. note [44] du faux Patiniana II‑5 pour des détails sur son existence). Guy Patin reprochait à Gerardus Leonardus Blasius d’avoir laissé l’imprimeur écorcher son nom en Sayso.

La référence que donnait Blasius se lit aux pages 334‑335 des Commentarii in Galeni de usu partium corporis humani lib. xvii [Commentaires sur les 17 livres de Galien concernant l’Utilité des parties du corps humain] de Caspar Hofmann (Francfort, 1625, v. note [11] de sa lettre écrite au printemps 1646) :

Locuturus de usu nymphæ seu clitoridis, taciter se refert ad lib. ii. cap. ii. dicitque, factam esse ideo, ut utero sit loco tegumenti, ne facile refrigeretur. De hac re longe alia docebit te Fallop. in Obser.g Varolius l. 4 cap. 4. Bauh. i. Thea. 40. Schenkius tom. 2. l. 4. Obser. 89. alii. Revera enim parvus quidam penis est, qui in lascivioribus adeo excrescit, ut alias delectare possint. Vide Leonem Africanum l. 3. Non putaverim autem, has dici τριβαδας, frictrices, subigatrices : quin potius illas, quæ ολισβον, Aristophani, dictum, circumferebant. Redi ad lib. i. qua de νευροσπαστοις. Has etiam potius, quam qui, quæve manu hymenæum canunt, ut Diogenes Cynicus loquitur apud Galen. 6. Loc. aff. 5. μαλθακους η μαλθακας, molles a D. Paulo vocari crediderim. Hujus libidinis inventrix scribitur fuisse Philænis quædam, qua usa etiam sit Sappho, poëtria. Porro, quibus locis usitata est circumcisio fœminarum, ut apud Æthiopes, præcipue sub Prestigiano (hinc nobis presbyter : aut Preciosus Johannes,) ijs inciditur hæc particula, ut scribit Bellonius 3. observ. 28. Jovius l. 3. sunt, qui putent hanc esse hymenem veterum, sed falluntur. Vide de hoc Riolanum 5. Schol. Anatom. 10.

[Quand il {a} parle de l’utilité des petites lèvres ou du clitoris, il se réfère implicitement au chapitre ii du livre ii, {b} et dit qu’ils sont là pour servir de couverture à l’utérus, afin qu’il ne se refroidisse pas facilement. Fallope en ses Observations, {c} Varole au chapitre 4, livre 4, {d} Bauhin au livre i du Theatrum, 40, {e} Schenck, tome 2, livre iv, observation 89, {f} parmi d’autres, vous auront autrement instruit là-dessus. En vérité, c’est en effet un petit pénis qui, chez les femmes fort lascives, grossit à un tel point qu’elles peuvent se servir de lui pour en faire jouir d’autres. Voyez Léon l’Africain, livre 3. {g} Je ne croirais pourtant pas que c’étaient celles qu’on appelait tribades, fricatrices, subigatrices, {h} mais bien plutôt celles qui se ceignaient d’un godemiché, comme disait Aristophane. Retournez au livre i, là où il est question des marionnettes. {i} Je croirais aussi que ce sont celles, plutôt que ceux, qui célèbrent l’hymen à la main, comme dit Diogène le Cynique dans Galien au chapitre v, livre vi de Locis affectis, {j} et que saint Paul appelle molles. {k} Celle qui a inventé ce genre de volupté est, écrit-on, une certaine Philænis, et que Sappho la poétesse en fut coutumière. En outre, on pratique la circoncision des femmes en certains lieux, comme en Éthiopie où, particulièrement sur l’ordre de Prestigianus (qui est pour nous le Prêtre Jean ou Preciosus Johannes), {l} on leur coupe cette petite partie de leur sexe. Comme écrivent Belon au chapitre xxvii, 3e livre des Observations {m} et Jove au livre iii, {n} certains pensent qu’il s’agit de l’hymen des anciens auteurs, mais ils se trompent ; voyez Riolan au chapitre x de la 5e Scholia Anatomica]. {o}


  1. Le commentaire d’Hofmann porte sur cette phrase de Galien dans le chapitre iii, livre xiv de usu partium (Kühn, volume 4, page 223) :

    Cujusmodi autem pharyngi gargareon propugnaculum, tale est matricibus quæ nympha vocatur, quæ tegit simul ac prohibet colli orificium, quod ad muliebre pudendum pertingit.

    [Comme fait la luette pour le pharynx, ce qu’on appelle la nymphe {i} sert de rempart pour l’utérus : elle couvre l’orifice de son col et empêche toute pénétration dans l’appareil génital féminin].

    1. Le mot grec νυμφη (numphê) désigne la femme qui se couvre d’un voile, soit la fiancée ou la jeune mariée (Bailly), que j’entends ici dans le sens de vulve : v. infra notule {e‑iii} pour une acception anatomique plus restreinte.

  2. Je ne suis pas parvenu à élucider sûrement cette référence : dans le de Usu partium de Galien, le chapitre ii du livre ii porte sur l’anatomie de la main et des doigts (Kühn, volume 3, pages 90‑93) ; en revanche, le chapitre ii du livre i explique que la conformation des parties du corps humain vise généralement à les protéger, en expliquant, par exemple, que l’homme n’a pas de corne parce qu’il a inventé de meilleures armes pour se défendre, sans toutefois appliquer ce principe aux organes génitaux.

  3. Gabriel Fallope {i} a traité du clitoris à la page 299 de ses Observationes anatomicæ [Observations anatomiques] : {ii}

    Avicen. 3. lib. sen 21. circa finem meminit cuiusdam partis in pudendo muliebri sitam, quam virgam vel albathara vocat. Hanc Albucasis lib. 2. cap. 71 tentigen appellat, quæ solet aliquando ad tantum incrementum pervenire, ut mulieres hanc habentes coeant cum aliis, veluti si viri essent. Partem hanc græci κλητοριδα vocarunt, unde verbum κλητοριζειν obscænum diductum est. Anatomici vero nostri penitus neglexerunt, neque verbum quidem de ipsa faciunt.

    [Vers la fin du Fen xxi du 3e livre, {iii} Avicenne mentionne une partie située dans les organes intimes de la femme qu’il appelle verge ou albathara. Albucasis, au livre 2, chapitre lxxi, {iv} lui donne le nom de tentigen, disant que chez certaines femmes, il peut être si développé qu’il leur permet de copuler avec d’autres de même sexe, comme si elles étaient des hommes. Les Grecs ont appelé cette partie clutorida, d’où on a tiré le verbe obscène clurorizein. Nos anatomistes l’ont cependant profondément négligée et ne lui ont pas même donné un nom].

    1. V. note [16], lettre 427.

    2. Cologne, héritiers d’Arnoldus Birckmannus, 1562, in‑8o de 341 pages.

    3. Fen (chapitre) xxi du 3e livre du Canon d’Avicenne (édition latine de Venise, 1555).

    4. Chirurgie d’Abulcasis (v. infra note [37]), traduite par Lucien Leclerc (Paris, 1861, page 170).
  4. Constantii Varolii, Philosophi ac Medici Bononiensis, Anatomiæ, sive de Resolutione corporis humani ad Cæsarem Mediovillanum Libiri iiii : a Ioan. Baptista Cortesio, in Bonon. Gymnasio Chirurgicam atque Anatomen publice profitente, nunc primum editi, ac V. C. Hieronymo Mercuriali, Medicinam theoricam supraordinariam in eodem Gymnasio docenti, ab eodem nuncupati. Eiusdem Variolii et Hier. Mercurialis De nervis Opticis, nonnullisque aliis, præter communem opinionem in humano capite observatis, Epistolæ. Cum Indice copiosissimo.

    [Quatre livres d’Anatomie de Constanzo Varolio, {i} ou la Description du corps humain à l’intention de Cæsar Mediovillanus ; {ii} mis au jour pour la première fois par Giovanni Battista Cortesi, {iii} professeur public de chirurgie et d’anatomie au Collège de Bologne, qui les a dédiés à Girolamo Mercuriali, {iv} professeur extraordinaire de médecine théorique dans le même Collège. Lettres du même Varolio et de Girolamo Mercuriali sur les nerfs optiques et quelques autres observations faites sur la tête humaine, contre l’opinion commune. Avec un index très copieux]. {v}

    Intitulé De modo applicandi activum passivo, ad hominis generationem [La manière d’unir le passif à l’actif, pour la génération humaine], le chapitre cité est entièrement consacré à la copulation, avec ce passage (pages 98‑99) :

    Scito ergo esse impossibile, utrumque sexum revera in uno individuo reperiri ; sed reperiuntur quidem nonnullæ mulieres habentes membrum virile, ita ut cum aliis mulieribus iungantur, sed illum membrum est imperforatum, sicut dicebam ; in reliquis vero sunt mulieres, et viros admittunt, et genitalia muliebria tantum habent : ac si in utroq. coitu, et cum fœmina, et cum masculo, voluptatem perciperent, et semen emitterent ; hoc esset semper vi seminis ad uterum eiaculati, quatenus fœminæ sunt, et nunquam alio modo. Nec sit tibi mirum, quod cum alia fœmina coeundo, semen emittat ; quia ut intellexisti, contrectatio nymphæ facillime movet semen in mulieribus ipsis.

    [Tenez donc pour une impossibilité qu’un même individu possède les deux sexes en même temps. {vi} On trouve pourtant quelques femmes pourvues d’un membre viril qui leur permet de copuler avec d’autres femmes ; mais ce membre, comme j’ai dit, ne possède pas d’orifice éjaculateur ; pour le reste, ce sont des femmes qui ne sont dotées que d’organes féminins et qui y admettent des hommes. Et si, dans leurs deux sortes d’accouplement, avec une femme ou avec un homme, elles jouissent et émettent leur semence, cela provient toujours d’une éjaculation en direction de leur utérus, puisque ce sont des femmes, et jamais d’une autre manière. Et n’allez pas vous étonner qu’une femme éjacule quand elle s’accouple avec une autre, parce que, comme vous avez compris, les femmes expulsent très facilement leur semence en se caressant la vulve]. {vii}

    1. V. infra note [50].

    2. Secrétaire du frère du pape Grégoire xiii et mécène de l’auteur.

    3. Bologne 1553 ou 1554-Reggio de Calabre vers 1634.

    4. V. note [16], lettre 18.

    5. Francfort, Ioannes Wechelus et Petrus Fischerus, 1591, in‑8o de 172 pages.

    6. Négation de l’hermaphrodisme dit parfait : v. note [2] du Naudæana 3.

    7. En somme, Varolio reconnaissait déjà aux femmes deux manières de libérer leur semence : par la stimulation des parties génitales superficielles (vulve et clitoris) et par celle, profonde, du col utérin (qui était, à son avis, la seule à provoquer le plaisir charnel).
  5. Theatrum anatomicum [Amphithéâtre anatomique] de Caspar i Bauhin (Francfort, 1605, v. notule {b}, note [4], lettre 1024), chapitre xl, De pudendo muliebro, nymphis, clitoride, et labijs [Parties honteuses des femmes, nymphes, clitoris, lèvres], avec cette description anatomique et physiologique du penis muliebris [pénis féminin] (pages 258‑259) :

    Constat enim ex duobus corporibus nervosis (quæ ligamenta quibusdam) foris quidem rotundis, duris et crassis : intus vero spongiosis, cauernosis, ut spiritus influente extendi, eoque dissipato flacescere possit ; acriore crassioreque spirituoso sanguine, ut in viris, refertis : quorum origo ab utroque pubis osse, ad coniunctionem, quæ est cum osse ischii initio distincto, sed quæ aliquantulum progressa circa ossium pubis coniunctionem vniuntur, et penis corpus efficiunt, satis durum et solidum, quod in extremum glandi simile desinit : cui utrinque ad principium musculus paruus adiungitur. Caput ipsius tentigo proprie dicitur, quod tenuissima cute ex nympharum coniunctione veluti præputio tegi videtur ; foramen habet, non tamen peruium : vasa quoque per eius dorsum, non secus ac per penem virilem feruntur. Hoc licet plerunque leuiter tantum sub nymphis latitans, producatur, nec nisi firmiter digitis duobus indice et medio appressis percipiatur, nonnunquam tamen adeo excrescit, ut extra rimam, penis instar propendeat, præsertim cum vestibus attritum et confrictum turget, et virilis penis modo inflammatur, eoque mulieres ad libidinem irritatæ abutuntur, cum aliis mulierib. virorum instar, coeuntes (hinc contemptum virorum vocitant) et confricantes et mutuis coitibus incubis ac succubis sese polluunt.

    [Il est en effet constitué de deux corps musculeux (que certains appellent ligaments), placés de chaque côté, qui sont arrondis, durs et épais ; mais leur intérieur est spongieux et caverneux, de manière à pouvoir se dilater quand l’esprit y pénètre, et se dégonfler après qu’il s’est dissipé. {i} Ce qui les emplit est, comme chez les hommes, un sang spiritueux, fort pénétrant et épais. Ils s’insèrent sur chacun des deux os pubiens, tout près de leur symphyse, mais à distance de leur union avec les ilions. {ii} Le pubis procure une assise solide et stable au clitoris, dont l’extrémité est semblable à un gland, et dont la base est de chaque côté assortie d’un petit muscle. Sa tête, qui est sa partie proprement érectile, est couverte d’une très fine peau qui s’unit à celle des nymphes et équivaut à un prépuce. Il possède un orifice borgne. {ii} Son dos est parcouru de vaisseaux, à l’instar du pénis masculin. La plupart du temps, sa protrusion est discète et il se dissimule sous les petites lèvres : on ne le voit qu’en le faisant saillir par une ferme pression entre deux doigts, l’index et le médius. Il lui arrive portant d’enfler tant qu’il saille hors de son repli, à la manière d’un pénis, notamment quand il est compressé et frotté par les vêtements. Il gonfle et se met alors en érection à la manière d’un pénis viril ; et c’est ainsi que des femmes excitées par le plaisir en abusent, quand elles s’accouplent à d’autres femmes, en lieu d’hommes (dont elles s’attirent ainsi le mépris) : dans leurs étreintes, tour à tour actives et passives, elles se souillent de leurs caresses].

    1. Esprit : influx (liquide) et impulsion vitale.

      Le clitoris est l’appendice visible de l’appareil érectile féminin dont les deux piliers oblongs se trouvent de part et d’autre de la vulve, enfouis sous les petites lèvres.

    2. Avec le sacrum, en arrière, les deux os iliaques composent le squelette du bassin. Chacun d’eux possède trois parties : (1) la plus vaste est l’ilion (aile iliaque), auquel sont soudés (2) l’ischion, en bas, qui s’articule avec la tête du fémur pour former la hanche, et (3) l’os pubien, en avant, qui s’unit à son homologue (par symphyse), pour former le pubis, auquel s’appendent les organes génitaux externes.

    3. Sans canal qui l’unisse à une cavité interne, tandis que chez les hommes, l’orifice du gland ouvre le passage de l’urètre.

      En anatomie, par allusion fort lointaine au sens premier de leur racine grecque (v. infra notule {a‑i}), les nymphes sont deux replis situés à la partie supérieure la vulve, autour de l’orifice urétral, sous le clitoris. Elles doivent leur nom au fait qu’elles guident le jet de l’urine, « comme qui dirait Dames des Eaux » (Furetière).

    4. Ma traduction a sciemment sacrifié la fidélité à l’intelligibilité, mais sans introduire de notions anachroniques.
  6. V. note [6], lettre 72, pour les Observationum medicarum rariorum, libri vii [Sept livres d’observations médicales plus que rares] de Johann Schenck von Graffenberg (Lyon, 1644). Celle du livre iv qui porte le numéro 89 (édition de Francfort, 1600, tome 2, page 59), citée par Hofmann, y correspond à l’Observatio vi du même livre (section consacrée aux organes génitaux externes féminins, page 525), intitulée Mentula muliebris, Hippocrati Κιων, id est, columella, alijs Clitoris, quibusdam Nympha dicta : recens ex veterum scriptis, et neotericorum observatione inuenta, et descripta. {i} Parmi plusieurs autres, on y lit ces remarques dignes d’attention (en dépit de leur piètre latin), que Schenck a empruntées à Vésale : {ii}

    In elatiore muliebris pudendi sede, quæ anteriori pubis ossium regioni innititur, inter pudendi labra, aliasve duas lingularum fere in modum prominulas, eminere scripsi cuticulares carunculas, quæ non omnibus vel eiusdem regionis mulieribus æque sunt magnæ ac proceræ : vti etiam eidem quoque mulieri ambæ non pari semper modo eminent. Quibus vero carunculæ hæ, ad suauiorem indubie affrictum, ac veluti titillationem, et illecebram procreatæ, et in Septentrionalibus mulieribus et pudicis, longe quam in cæteris humiliores, et magis demissæ, donentur nominibus : (inter quæ κλητορις etiam occurrit) et qui apud Ægyptios iam nupturis virginibus (vti etiam omnibus puellis adhuc hodie apud Abdaritas, seu vocati nobis Presbyteri Ioannis gentem, perinde ac masculorum præputium religionis ergo) præscindi soleant : dein qui subinde vestium attritu, veluti in tentiginem actæ tumeant insurgantque, et interdum viro in Venere molestus obsistant, magna ex parte suo loco a me est descriptum. Iam si varios hermaphroditos (quos ego in meis anatomicis scriptis, quod illa ad morbos et monstra non pertinent, prætermisi) perinde atque ego vidisses, aut tum Patauij fuisses, cum vni, qui iam pretio sese aliquando spectandum denudauerat, Pauanellus Chirurgus per parui cuiusdam in lingularum loco consistentis penis, paruorumque illi accumbentium testiculorum resectionem succurreret, isque plane ab ipso mulier, diuulso una utcumque crasso hymene, reddebatur ; fortassis (inquam) propter quendam naturæ lusum in quapiam muliere abs te observatum, alios omnes inscitiæ, modo præter rationem non argueres, nouamque et interim inutilem prorsus partem, ac veluti membrum aliquod, integris alioquin mulieribus haud adscriberes. Existimo namque satis propendentem, et in tentiginem aliquando sese educentem, in hermaphroditis (qui alioquin muliebria habuerunt perfectiora, et qui apud Æginetam aperte describuntur) non semel mihi visum penem, et illum Avicennæ albatharam, Græcorum nimis excendentem, et in morborum classe habitam nympham, mulieri cuipiam ita prouenisse, ut penis ille extra cutem non esset exortus, rudimentaque tantum quædam pusillæ mentulæ haberet. Quæ cum forte fortuna tibi inter secandum occurrit, illa huius tuæ obseruationis causam dedit.

    [Dans la partie supérieure de la vulve, qui s’insère devant l’os pubien, entre les lèvres, j’ai décrit deux ou trois caroncules charnues, {iii} dont les légères saillies forment comme des languettes, et dont la grandeur et la proéminence varient d’une femme à l’autre ; elles sont aussi de taille inégale chez une même femme. Ces caroncules, auxquelles on a donné d’autres noms (dont même celui de clitoris), ont indubitablement été créées pour être fort agréables à frotter et voluptueuses à chatouiller. Nos pudiques femmes du Nord les méprisent, car elles les ont bien moins développées que celles d’ailleurs. Les Égyptiens ont coutume de les couper chez les vierges déjà nubiles (les Abyssins, que nous appelons les sujets du Prêtre Jean, le font encore aujourd’hui à toutes les petites filles, au nom de la religion, comme pour la section du prépuce des garçons). {iv} J’ai en grande partie expliqué ailleurs comment le frottement des vêtements provoque leur gonflement et comme leur érection, et comment cela peut créer un obstacle déplaisant pour l’homme au cours de l’acte vénérien. Si jadis, comme moi, vous aviez vu divers hermaphrodites (dont j’ai omis de parler dans mes écrits anatomiques, {v} car je m’y suis consacré aux maladies et non aux monstruosités), ou si vous aviez été à mes côtés, à Padoue, quand l’un d’eux acceptait parfois de se déshabiller, moyennant rétribution, et quand le chirurgien Pavanellus l’a secouru en lui retranchant celle de ces caroncules qui lui tenait lieu de court pénis, ainsi que les petits testicules qu’il avait à côté, pour en faire entièrement une femme, en lui façonnant en outre un grossier hymen : alors peut-être, vous dis-je, ne prétexteriez-vous pas déraisonnablement ne pas avoir vous-même observé semblable facétie de la nature chez une femme, en méconnaissant tous les autres faits ; et n’en déduiriez-vous pas qu’il s’agit d’une partie nouvelle {vi} et parfois tout à fait inutile, d’un membre dont peuvent se passer les femmes normalement conformées. En outre, j’estime avoir plus d’une fois vu le pénis enfler passablement et parfois se mettre en érection chez des hermaphrodites (qui possédaient au reste tous les attributs féminins, tels qu’Éginète {vii} les a parfaitement décrits). Avicenne lui a donné le nom d’alabathara, {viii} avec une taille qui excédait de beaucoup celle que lui avaient attribuée les Grecs ; et il a appelé nymphe, qui est un état à tenir pour une maladie, à toute femme conformée de sorte que ce pénis soit visible sans avoir à l’extraire des replis de la peau et ressemble à la verge d’un petit garçon. S’il vous arrive d’en voir une en disséquant, cela vous aura donné l’explication de votre observation].

    1. « La Mentule [verge] des femmes, appelée Kiôn par Hippocrate, c’est-à-dire “ petite colonne ”, Clitoris par d’autres, ou Nymphe par certains : découverte et décrite récemment à partir des écrits des anciens auteurs et des observations menées par les modernes. »

    2. Andreæ Vesalii, Anatomicarum Gabrielis Fallopii Observationum Examen [Jugement d’André Vésale (v. note [18], lettre 153) sur les Observations anatomiques de Gabriel Fallope] (Venise, Franciscus de Franciscis, 1564 [année même de la mort de l’auteur], in‑4o), section intitulée In pudendi lingulis [sur les languettes de la vulve] (pages 142‑143).

    3. Du latin caruncula, « petite chair », caroncule sert en anatomie à désigner les petites éminences charnues qui existent en divers endroits du corps : yeux, bouche, etc. Il est à présent bien établi que celles de la vulve, dites myrtiformes (en forme de feuille de myrte), sont les vestiges cicatriciels de l’hymen (ce qui explique leur variabilité) ; mais Vésale, qui les appelait languettes et disait les avoir découvertes, allait profondément se méprendre sur leur origine.

    4. V. note [1], lettre 697, pour le Prêtre Jean, autre nom de l’empereur (négus) des Abyssins (Éthiopiens), dont la mention contraint ici à tenir Abdaritas (forme non attestée en latin, mais qui est figure dans la source imprimée en 1564) pour une coquille, à la place d’Abassinos.

      Cette allusion à la circoncision et à l’excision (des filles vierges) prouve que Vésale ignorait l’origine hyménéale des caroncules (qu’il tenait pour des structures identiques au clitoris).

    5. La Fabrica de Vésale (Bâle, 1543, v. note [18], lettre 153), sur laquelle avaient porté les commentaires de Fallope.

    6. Sans autre traduction possible de l’adjectif nova, il faut croire que Vésale ne s’estimait pas avoir découvert le clitoris, mais avait été le premier (ce qui est vrai) à commettre l’erreur de le ranger parmi ce qu’il appelait les languettes (caroncules) de la vulve. V. infra notule {m} pour la pratique de l’excision en Éthiopie.

    7. Paul d’Égine, v. note [13], lettre 153.

    8. Nom arable qu’Avicenne donnait à la verge des femmes.
  7. Le 3e livre de la Description de l’Afrique par Léon l’Africain {i} contient une description détaillée de la ville de Fez au Maroc {ii} et des mœurs de ses habitants. Le chapitre intitulé Des Devineurs {iii} relève trois catégories de telles gens :

    « La tierce espèce est de femmes qui font entendant au populaire {iv} qu’elles ont grande familiarité avec les blancs démons. Et lorsqu’elles veulent deviner, à l’instance de qui que ce soit, se parfument avec quelques odeurs ; puis (comme elles disent) l’esprit qui est par elles conjuré entre dans leur corps, feignant par le changement de leur voix que ce soit l’esprit, lequel rend réponse par leur gorge. Ce que voyant, l’homme ou la femme qui est venu savoir aucune {v} chose de ce qu’il demande, après avoir eu réponse du démon, laisse quelque don en grande révérence et humilité pour ledit démon. Mais ceux qui se sont acquis, outre leur naturelle bonté, le savoir et expérience des choses, appellent ces femmes sahacat, qui vaut autant dire, comme en la langue latine, fricatrices ; {vi} et à dire vrai, elles sont atteintes de ce méchant vice d’user charnellement les unes avec les autres, ce que je ne saurais exprimer avec vocable plus propre ni qui convienne mieux à icelles ; lesquelles voyant une femme (entre celles qui les vont interroger et se conseiller de leurs affaires) qui ait en soi aucune {v} beauté, elles la prendront en amour, comme ferait un homme ; et au nom de l’esprit, pour récompense et paiement, lui demandent les copulations charnelles, dont celles à qui elles font cette impudique et déshonnête demande, pensant (comme peu rusées) complaire au démon, s’y consentent le plus souvent. Il s’en trouve aussi plusieurs, lesquelles ayant pris goût à ce jeu, et alléchées par le doux plaisir qu’elles y reçoivent, feignent d’être malades ; au moyen de quoi, elles envoient quérir l’une de ces devineresses, et le plus souvent font faire ce message au mari même ; puis soudainement, leur découvrent leur maladie et là où gît le remède ; mais pour mieux couvrir leur méchanceté, font accroire au mari (comme sot et peu rusé qu’il est) qu’un esprit est entré dans le corps de sa femme, la santé de laquelle ayant en recommandation, il faut qu’il lui donne congé de se pouvoir mettre au rang des devineresses et converser sûrement en leur compagnie ; ce qu’elles savent facilement persuader à quelque Jean {vii} qui, s’y consentant, prépare un somptueux festin à toute cette vénérable bande, à la fin duquel l’on se met au bal avec quelques instruments, de quoi jouent les Noirs ; puis la femme a congé de s’en aller là où bon lui semblera ; mais il s’en trouve quelques-uns, lesquels finement s’apercevant de cette ruse, font sortir l’esprit du corps de leurs femmes avec un terrible son de coups sourds et belles bastonnades. D’autres aussi, donnant à entendre aux devineresses être détenus par l’esprit, les déçoivent par même moyen qu’elles ont fait leurs femmes. »

    1. V. note [3], lettre latine 155.

    2. V. note [1], lettre 701.

    3. Édition française de Lyon, Jean Temporal, 1556, in‑fo, tome premier, pages 160‑162.

    4. Qui font entendre au public.

    5. Quelque.

    6. Fricatrix (pluriel fricatrices) est le féminin néolatin de fricator [celui qui frictionne].

    7. Cocu.
  8. Dérivé du verbe grec tribein, frotter, le mot tribade (« femme impudique, amoureuse d’une autre de son sexe », Furetière) a le même sens que fricatrix (v. supra notule {g‑vi}). Autre mot latin, subigatrix dérive de subigatio, caresse lascive.

  9. Aristophane, Lysistrata, {i} vers 107‑110 :

    « Il ne nous reste pas une ombre de plaisir. Depuis que les Milésiens {ii} nous ont trahis, je n’ai pas même vu le moindre godemiché {iii} pour adoucir nos regrets. »

    1. Sur une grève amoureuse des femmes pour faire cesser une guerre (v. note [34] du Borboniana 7).

    2. Ancien peuple grec de carie (Asie Mineure), habitant la région de Milet.

    3. Équivalent latin (gaude mihi, « pour mon plaisir ») du mot grec olisbos, « phallus de cuir » (Bailly).

    Consacré aux généralités (v. supra notule {b}) et à l’anatomie de la main, le livre i des commentaires de Caspar Hofmann sur le traité de Galien est composé de 25 chapitres. En les parcourant (ainsi que leur source) je n’y ai trouvé d’allusion ni aux marionnettes (neurospastoï en grec, neurospasta en latin), ni à Aristophane, ni à la masturbation.

  10. Renvoi au livre vi du commentaire de Galien sur le traité « des Lieux affectés » d’Hippocrate (Daremberg, volume 2, page 688) :

    « Diogène le Cynique {i} passe pour avoir été le plus ferme de tous les hommes pour toute espèce d’œuvre qui réclamait de la continence et de la constance. Cependant, il usait des plaisirs vénériens, voulant se débarrasser de l’incommodité que produit le sperme retenu, et non rechercher le plaisir que cause son émission. On raconte de lui qu’un jour, ayant demandé à une courtisane de venir le trouver, comme elle se faisait attendre, il donna lui-même avec la main un libre cours à la semence ; quand la courtisane arriva, il la renvoya, lui disant : “ Ma main t’a devancée en célébrant l’hyménée. ” »

    Dans son traité De la Vertu des païens (Paris, 1642), {ii} François i de La Mothe Le Vayer {iii} a qualifié la masturbation cynique de chirurgie, c’est-à-dire d’« opération manuelle » (page 146) :

    « on veut que Diogène ait fait une ordure en lieu public, y exerçant une chirurgie, pour user du terme dont les Grecs expliquent cela, capable de donner de la honte à l’effronterie même, quand l’action ne serait point accompagnée d’un crime détestable. »

    1. V. note [5], lettre latine 137.

    2. V. note [36] du Naudæana 3.

    3. V. note [14], lettre 172.
  11. Saint Paul Première Épître aux Corinthiens (6:10) :

    Neque molles, neque masculorum concubitores, neque fures, neque avari, neque ebriosi, neque maledici, neque rapaces regnum Dei possidebunt. {i}

    [Ni les mous, {ii} ni les hommes qui couchent avec les hommes, {iii} ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les rapaces {iv} ne possèderont le royaume de Dieu].

    1. Latin de la Vulgate.

    2. L’adjectif latin molles, au masculin et au féminin, qualifie les êtres passifs, efféminés ou masturbateurs, mais cette traduction a donné lieu à quantité de variantes ; Caspar Hofmann a ajouté leur traduction en grec (malthakous et malthakas) mais le texte original de saint Paul ne contient pas ces mots.

    3. Saint Paul n’a pas employé ce mot : la Vulgate l’a ajouté.

    4. Autre addition de la Vulgate.
  12. Preciosus Johannes [Précieux Jean] est un autre nom du Prêtre Jean (v. supra notule {f‑iv}) ; le nom de Prestigianus que lui donnait ici Caspar Hofmann est une autre forme de « Prêtre Jean » (en latin ou en abyssin).

  13. Les Observations de plusieurs singularités et choses mémorables, trouvées en Grèce, Asie, Judée, Égypte, Arabie et autres pays étranges, rédigées en trois livres, par Pierre Belon du Mans {i} (Paris, Gilles Corrozet, 1553, in‑4o), tiers livre, chapitre xxix, De la circoncision des Turcs, page 191 vo :

    « Nous savons aussi que les coptes chrétiennes du pays de Prêtre Jean en Éthiopie croyant en Jésus-Christ, sont circoncises ; car étant la loi telle que les femmes doivent recevoir quelque impression de circoncision, ils leur coupent les parties appelées en grec hymenea, en latin alæ, {ii} car ils les trouvent correspondantes au prépuce viril. »

    1. Pierre Belon, mort en 1564, était licencié de la Faculté de médecine de Paris.

    2. Les « ailes », c’est-à-dire les petites lèvres ; mais tous ces termes sont impropres à qualifier le clitoris.
  14. Paul Jove (v. note [2], lettre 533), Historiæ sui temporis (Venise, Cominus, 1553, in‑8o) tome premier, livre xviii (et non iii), page 389 vo, à propos des mœurs abyssines :

    Nec Hebraicæ consuetudinis obliti plane sunt ; utpote qui decidere præputiam, et e pudendis etiam mulierum carunculam præcidere soleant.

    [Et ils ne sont pas oublieux de la tradition hébraïque, étant donné qu’ils ont coutume de couper le prépuce, et même chez les femmes, de trancher la caroncule de la vulve].

    1. V. supra notule {f} pour les languettes ou caroncules vulvaires, dans lesquelles Vésale incluait le clitoris.
  15. Section intitulée Anatomica partium muliebrium, et humani fœtus historia {i} de la Schola anatomica novis et raris observationibus illustrata. Cui adjucnta est accurata Fœtus Humani Historia. Authore Ioanne Riolano Filio, Anat. et Pharm. Profess. Regio {ii} (Paris, Adrien Périer, 1608, in‑8o), chapitre xi (et non v) intitulé De Orificio Cervicis Uteri {iii}, page 310 :

    Post labra intus progrediendo utrimque occurit alata et cartilaginea membranula νυμφη Græcis dicta, longa quidem sed tenuis, nec multum lata, in extremis acuminata, transversum situm obtinens, et secundum longitudinem sita. Hæ cartilagines nonnullis mulieribus, interdum in tantam molem augentur, ut pudorem deformitatemque inducant. Quarum Chirurgiam tradit Paulus Ægineta lib. 6. Eas olim Ægyptii nupturis virginibus antequam prominerent resecare solebant, ut docet Galenus in introductorio. Quod adhuc apud Abderitas seu Præsbiteri Ioannis gentem ex lege Hebræorum observatur : ut narrant Paulus Iovius lib. 3 suæ historiæ et Bellonius observationum lib. 3 cap. 28.

    [Après les grandes lèvres, en progressant en profondeur, on trouve de chaque côté une petite membrane cartilagineuse en forme d’aile, que les Grecs ont appelée nymphe ; {iv} elle est longue mais fine et peu large, pointue à ses extrémités ; attachée obliquement, elle s’étend longitudinalement. Parfois, chez quelques femmes, les nymphes acquièrent un tel volume qu’elles provoquent une honteuse difformité. Paul d’Égine, en son 6e livre, {v} relate leur chirurgie. Jadis les Égyptiens avaient coutume de les couper chez les vierges nubiles avant qu’elles ne deviennent proéminentes, comme nous l’apprend Galien dans son introduction ; ce qui est encore observé chez les Abyssins {vi} ou peuple du Prêtre Jean, selon la loi hébraïque, comme le racontent Paul Jove au livre iii de son Histoire et Belon au chapitre xxviii du tiers livre de ses Observations]. {vii}

    1. « Description anatomique des parties féminines et du fœtus humain. »

    2. « École anatomique illustrée par de nouvelles et rares observations. On y a ajouté la description soigneuse du fœtus humain. Par Jean [ii] Riolan le fils, professeur royal d’anatomie et de pharmacie. »

    3. « L’Orifice du col de l’utérus [la vulve]. »

    4. V. supra notule {e‑ iii}.

    5. Chirurgie (6e livre) de Paul Éginète (Paris, 1855), chapitre lxxx, De la nymphotomie et du cercosis, page 293.

    6. V. supra notule {f‑ iv} pour ma traduction du mot Abderitas (Abdaritas dans Vésale).

    7. V. supra notules {m} et {n} pour ces deux références que Riolan ne contredisait pas.

S’il a atteint ce dernier paragraphe, le bienveillant lecteur saura excuser le gigantisme et l’enchevêtrement de la présente note, la plus longue de notre édition. Je me la suis permise car tous les extraits originaux qu’elle traduit et commente démontrent fort éloquemment, me semble-t-il, que, sous couvert de belle et pure science, les ouvrages de médecine (et plus rarement de morale) étaient parmi les seuls livres à contenir des passages crus (c’est-à-dire puissamment érotiques, selon l’éthique de l’époque), qu’un homme lettré pouvait se procurer autrement que « sous le manteau ».

36.

Page 101 des Commentaria, passage concluant un développement sur l’orgasme féminin et la manière de le provoquer :

De Clitoride Riolan. animadversio repudianda omnino, quod si enim exacta est et naturæ rei conveniens ejus quam tradit Veslingius descriptio, qui novit Riolanus quod eam ex scripto Aliano descripserit ? quæ non proferre Riolanus audet

[La remarque de Riolan sur le clitoris est entièrement à rejeter car la description que Vesling en a faite est exacte et conforme à la nature de la chose. Comment Riolan a-t-il appris qu’il l’aurait tirée de l’écrit d’un autre ? {a} C’est ce que Riolan n’ose pas dévoiler]. {b}


  1. Évidente bévue de l’imprimeur : Aliano [d’Alianus] pour alieno [d’un autre].

  2. La dernière partie des Opera anatomica vetera, recognita, et auctiora de Jean ii Riolan (Paris, 1649, v. note [25], lettre 146) est une série d’Opuscula anatomica nova, dont l’antépénultième est intitulé Animadversiones in Syntagma Anatomicum Ioannis Veslingi, Professoris Anatomici Patavini ; {i} on y lit, page 819, cette remarque de Riolan à Vesling De Clitoride [Au sujet du clitoris] :

    Quantum ex tua relatione de clitoride coniicire possum, ipsam ex alieno scripto describis, nunquam a te accurate investigatam et demonstratam. Incrementum illud enorme, endemium Arabibus Ægyptiisque malum. Id credo ex tua relatione, cum ibi commoratus fueris, et Medicinam exercueris.

    [À lire la représentation que vous en donnez, je peux conjecturer à quel point vous l’avez tirée de ce qu’un autre a écrit, sans avoir vous-même étudié et décrit le clitoris avec soin. Son énorme excroissance est un mal endémique aux Arabes et aux Égyptiens ; voilà ce que me fait croire votre relation, vu l’endroit où vous avez vécu et exercé la médecine]. {ii}

    1. « Remarques sur le Traité anatomique de Johann Vesling, professeur d’anatomie à Padoue ».

    2. De 1632 à sa mort, en 1649, Johann Vesling (v. note [19], lettre 192) avait enseigné l’anatomie et la botanique à Padoue, école rivale de Paris d’où avaient été issus André Vasale ou William Harvey.

37.

Coquilles : Avienna, Albuensis.

Albucasis ou Aboulcassis (Abu Al-Qasim, 940-1013), chirurgien le plus réputé du Moyen Âge musulman, est né et a exercé à Cordoue. Il a laissé un traité de méthode intitulé Kitab al-Tarsif ;Lucien Leclerc en a donné une excellente traduction sous le titre La Chirurgie d’Abulcasis (Paris, J.‑B. Baillière, 1861).

38.

Page 102 des Commentaria, dernier paragraphe :

Sine virili autem semine fœcundari mulieres non credendum. Pomponii enim Melæ narrationem de fœminis Insulanis hirsutis, et sine coitu marium sua sponte fœcundis, fabulosam censet Caranza. De Iucubis {a} res alia, et nos alibi. Sola imaginatione Magdalena d’Auvermont, Hieronymi Augusti de Montelione, Equitis Gallici uxor, Emmanuelem concepisse nuperis annis in Gallia promulgatur, quod suspectum reddidit de Lord Prof. Monspeliensis, et mihi ibidem dissuasit P. Sanchius. Equas vento concipere Lusitanicas, auctores veteres prodiderunt, quos tuetur Lud. Carrius. Sed rectius mentem illorum de fœcunditate equarum et conceptionis celebritate explicat Justinus Epitomator. Barthol. ib. pag. 181.

[On ne doit cependant pas croire que les femmes soient fécondées sans la semence de l’homme. Carranza {b} juge en effet fabuleux le récit de Pomponius Mela sur les habitantes d’une île qui étaient velues et spontanément fécondes sans commerce avec un homme. {c} Quant aux incubes, {d} c’est une affaire qui nous est étrangère. Il y a quelques années, on a publié en France que, par la seule imagination, Madeleine d’Auvermont, épouse de Jérôme Auguste de Montléon, chevalier français, avait conçu un Emmanuel, {e} ce qui a éveillé le soupçon de Delort, professeur de Montpellier, et dont m’a dissuadé P. Sanche, de la même Université. {f} D’anciens auteurs, que défend Lud. Carrius, ont rapporté que le vent fécondait les juments de Lusitanie ; {g} mais Justinus Epitomator tire plus exactement au clair leur pensée sur la fécondité des juments et la solennité de la conception. {h} Bartholin, ibid. page 181]. {i}


  1. Sic pour Incubis.

  2. Alphonsi a Carranza IC. Hispani Tractatus novus et accuratissimus de partu naturali et legitimo : Ubi controversiæ Iuridicæ, Philologicæ, Philosophicæ, Medicæ discutiuntur, ad Fori usum et Praxim, de Partus Conceptione, Formatione : de Fœtu in utero, de Postumis, de Conditione partus, Expositione, Suppositione, Ventre exsecto, Tempore partus vario (ubi et de Anni computatione prolixe agitur) Abortivo, Monstruoso, Numeroso partu, Superfœtatione, Generatione, Succubis. Cui propter argumenti similitudinem, additæ sunt duæ Exercitationes Caroli Annibalis Fabroti, Antecessoris Aqui-sextiensis, de Tempore humani partus, et de Numero puerperii. Item eiusdem Alphonsi a Carranza Diatriba super prima Temporum doctrina, adversus Dionysium Petavium : ubi agitur de Anno Hebræorum, Ægyptorum, Græcorum, Romanorum.

    [Traité nouveau et très exact d’Alphonsus a Carranza, jurisconsulte espagnol, sur l’accouchement naturel et légitime : pour l’usage du tribunal et pour la pratique, y sont débattues les controverses judiciaires, philologiques, philosophiques et médicales sur la conception et la formation de l’enfant : fœtus dans l’utérus, posthumes, {i} condition, abandon, supposition d’enfant, césarienne, date variable de l’accouchement (où il est surtout amplement question du calcul de l’année), moyens de provoquer l’avortement, monstruosités, gémellarité, superfétation, {ii} conception, succubes. {iii} Pour la proximité de leur sujet, y ont été ajoutés deux essais de Charles-Annibal Fabrot, {iv} avocat d’Aix-en-Provence, sur la date de l’accouchement humain et sur le nombre des parturitions ; ainsi qu’un discours du dit Alphonsus a Carranza sur la doctrine primitive des temps, contre Denis Petau, {v} où il est question de l’année chez les Hébreux, les Égyptiens, les Grecs, les Romains]. {vi}

    1. Enfants nés après la mort du père.

    2. v. supra note [33].

    3. Démons similaires aux incubes, v. infra notule {d}.

    4. V. note [3], lettre 126

    5. V. note [6], lettre 54.

    6. Genève, Iohann. de Tournes et Iacobus de la Pierre, 1629, in‑4o de 734 pages.

    Le chapitre i (pages 13‑64) traite de Conceptione, et eius signis et effectibus in Iure : deque Efformatione et Animatione fœtus, et eius Motu [de la Conception, et de ses signes et effets en droit ; et de la formation et animation du fœtus, et de ses mouvements]. La 22e et dernière entrée de son Synopsis est intitulée Conceptio et post viri mortem contingere potest [La conception peut même survenir après la mort du mari], ce qui correspond à la fiction de la conception par imagination.

  3. Pomponius Mela (v. note [32], lettre 527) : Description de la terre, livre iii, chapitre ix, Éthiopie.

  4. Démons nocturnes qui abusent des femmes et ancienne maladie proche de l’épilepsie (v. note [42] de L’homme n’est que maladie).

  5. Un Messie (conçu par l’opération du Saint-Esprit) ; v. infra note [39], pour des éclaircissements sur cette affaire.

  6. Jean Delort, mort en 1637, avait été professeur et doyen de l’Université de médecine de Montpellier ; v. note [55], lettre 223, pour son collègue Pierre i Sanche.

  7. La Lusitanie est l’ancien nom du Portugal.

    Alain Duc (v. infra note [39]) a identifié Ludovicus Carrio (et non Carrius) comme étant l’humaniste flamand Louis Carrion (Bruges vers 1547-Louvain 1595), notamment auteur des Lud. Carrionis Emendationum et observationum libri duo [Deux livres des Corrections et observations de Lud. Carrio] (Paris, Ægidius Beysius, 1583, in‑4o) : le sujet des juments fécondées par le vent est abordé dans le chapitre xvii du livre i (page 155, réédition de Naples, frères Gessarius, 1751, in‑fo), avec de copieuses références à Pline l’Ancien, Solin, Martianus Capella, Virgile, Columella…

  8. V. note [5], 3e lettre de Roland Desmarets, pour Justin, historien latin du iiie ou ive s., et son abrégé des Histoires philippiques de Togue Pompée (v. note [33] du Borboniana 3 manuscrit).

  9. Honnête renvoi de Gerardus Leonardus Blasius à la source qu’il avait intégralement recopiée : pages 181‑182 de la 3e édition de l’Anatomia de Caspar Bartholin par son fils Thomas (Leyde, 1651, v. note [7], lettre 311).

39.

Arrêt notable de la Cour de parlement de Grenoble, donné au profit d’une Damoiselle, sur la naissance d’un sien fils, arrivée quatre ans après l’absence de son mari, et sans avoir eu connaissance d’aucun homme, suivant le rapport fait en ladite Cour par plusieurs médecins de Montpellier, sages-femmes, matrones et autres personnes de qualité (Paris, sans nom, 1637, in‑8o). Cet arrêt concerne l’Emmanuel de Madeleine d’Auvermont (v. supra notule {e}, note [38]) ; il est intégralement reproduit (avec une erreur de date, 1534 pour 1634) dans la Lucina sine concubitu ou la Génération solitaire par Abraham Johnson (1786), rééditée par J. Assézat (Paris, Frédéric Henry, 1865, in‑8o, pages 107‑111).

Thomas Bartholin a encore fait état de cette duperie dans sa 6e centurie d’Historiarum anatomicarum variarum [Observations anatomiques diverses] (Copenhague, 1661) : v. note [5], lettre latine 197).

M. Alain Duc, agrégé de lettres classiques, m’a écrit le 9 janvier 2019 pour m’inviter à modifier ma première traduction de ce passage – ut fucum faceret quibusdam Medicis Monspeliensibus – en y remplaçant « pour jeter de la poudre aux yeux de certains médecins de Montpellier » par « pour fourber certains médecins de Montpellier » ; ce qui est plus léger et certainement plus conforme au style français de Guy Patin. À l’appui de sa proposition, il cite Le Dictionnaire royal, augmenté de nouveau, et enrichi d’un grand nombre d’expressions élégantes… Dernière édition, nouvellement augmentée de la plus grande partie des termes de tous les arts… Par le R. P. François Pomey, de la Compagnie de Jésus (Lyon, Louis Servant, 1716, in‑4o) : on y trouve, page 968, pour Alicui fucum facere le sens de « Tromper quelqu’un finement, ou par de belles paroles », « fourber ». Avec toute ma gratitude envers ce lecteur attentif et érudit, dont la remarque m’a comblé d’aise et fait découvrir un précieux dictionnaire.

V. notes [11], lettre 662, et [5], lettre latine 197, pour deux autres communications fort opportunes d’Alain Duc sur le même sujet, dont la première a identifié le fantasque Sauvage comme étant l’« imposteur » (impostor) qui avait divulgué la supercherie de la conception par imagination.

40.

Page 104 des Commentaria :

Hac de re quid sentiendum sit, mox videbimus, et egregie satis demonstrarunt Deusingius, Harvejus, Claudius, etc.

[Nous verrons bientôt ce qu’il faut penser de cela, et Deusing, {a} Harvey, Claudius, {b} etc., l’ont assez parfaitement démontré].


  1. Anton Deusing a correspondu avec Guy Patin.

  2. Le mot latin mox [bientôt] (v. infra note [42]) permet d’identifier Claudius qui suit à Jean-Claude de La Courvée, auteur du De Nutritione fœtus in utero Paradoxa [Paradoxe concernant la nutrition du fœtus dans l’utérus] (Dantzig, 1655, v. note [19], lettre 418).

41.

Page 105 des Commentaria, vers le bas :

Non sanguine sed lacte fœtum in utero nutriri egregie declarat Cl. Deusingius libello eruditissimo de Lacte. Cujus tamen opinionis suæ adhuc sunt difficultates.

[Dans son opuscule sur le lait, {a} le très distingué Deusing fait parfaitement voir que, dans l’utérus, le fœtus ne se nourrit pas de sang, mais de lait. Son opinion est pourtant encore entachée d’incertitudes].


  1. V. note [1], lettre 404, pour la leçon publique d’Anton Deusing « sur le lait » et le mouvement du cœur (Groningue, 1651 et 1655).

42.

Page 112 des Commentaria :

43.

Page 141 des Commentaria, vers le milieu :

Rarius tantus calor est cordis, ut ipsum hirsutum fiat et polis refertum, quale […] in latronibus quibusdam insignibus testantur se hoc vidisse Benivenius, Lusitanus et Muretus. Tales vero homines audacissimi sunt, calidissimi et callidissimi, atque ut plurimum scelerati.

[Très rarement, la chaleur du cœur est si grande qu’il se hérisse et couvre de poils, comme (…) Beniveni, {a} Lusitanus {b} et Muret {b} témoignent l’avoir vu de leurs propres yeux chez d’insignes brigands ; de tels hommes sont en vérité fort hardis, fort chauds et fort madrés, et scélérats pour la plupart]. {c}


  1. Antonio Beniveni a relaté, au chapitre lxxxiii de son traité de abditis nonnulis ac mirandis morborum et sanationum causis [sur quelques causes cachées et merveilleuses de maladies et de guérisons] (Florence, 1507, v. supra notule {d}, note [33]), un Cor pilis refertum [Cœur couvert de poils] chez un voleur récidiviste qui avait survécu à une première pendaison, mais qu’on avait de nouveau pendu pour de bon, puis disséqué :

    Hoc idem inventum est in corde Aristomenis Græci, qui solus perhibent integras acies pugnando in fugam vertisse. Est ergo non tantum scelesti ingenij signum sed quandoque etiam raræ fortitudinis.

    [On a trouvé la même chose dans le cœur du Grec Aristomène, {i} dont on raconte qu’en combattant seul il a mis des armées entières en fuite. C’est donc non seulement le signe d’un tempérament criminel, mais aussi parfois d’une rare vaillance].

    1. Roi de Messénie au viie s. av. J.‑C.

  2. Lusitanus pouvait s’appliquer à deux médecins juifs d’origine portugaise, Abraham Zacutus Lusitanus (v. note [7], lettre 68) et Amatus Lusitanus, dont il s’agissait ici : dans la 65e curation (pages 622‑623) de la 6e de ses Curationum medicinalium Centuriæ septem… [Sept centuries de curations médicales…] (Bordeaux, 1620, v. note [2], lettre 232), intitulée In qua agitur de pilis in lingua genitis , satis longis [Où il est question de poils assez longs qui poussent sur la langue], Amatus Lusitanus rapporte avoir disséqué à Ferrare le cadavre d’un homme dont le cœur était entouré de poils, audacissimus tamen hic erat grassator et latro insignis [c’était pourtant un très hardi bandit et un insigne brigand].

  3. Marc-Antoine Muret, humaniste français du xvie s., {i} n’était pas médecin, mais on lit ce propos au chapitre x, livre xii (pages 321‑322) de ses Variarum lectionum libri xv [Quinze livres de Leçons diverses…], {ii} intitulé De quibusdam, qui piloso sunt corde [De certaines gens qui ont le cœur poilu] :

    Ipse quoque memini, cum Venetiis essem, sumptum esse capitis supplicium de nobili quodam latrone, qui cùm à carnifice dissecaretur, corde admodum piloso repertus est. Roboris quidam, astutiæ et calliditatis alij esse id argumentum volunt.

    [Je me rappelle aussi, quand j’étais à Venise, un noble brigand dont on avait tranché la tête ; et quand le bourreau l’a dépecé, on lui a trouvé le cœur fort poilu. Certains veulent que ce soit une preuve de vigueur, et pour d’autres, de ruse et de rouerie].

    1. V. note [31], lettre 97.

    2. Anvers, 1586, v. notule {b}, note [57] du Borboniana 2 manuscrit.

    Ces relations merveilleuses ne sont peut-être pas de pures fables, mais l’effet d’une inflammation (v. note [6], lettre latine 412) aiguë du péricarde (péricardite) avec formation de filaments fibrineux à la surface du cœur (sans relation, autre que fortuite, avec les vertus ou les vices de ceux qui en sont atteints).

    44.

    Signalement de deux coquilles à la page 143 des Commentaria :

    45.

    Traduction entre accolades de mots barrés dans le manuscrit.

    46.

    Page 147 des Commentaria :

    Pro salute hominis (qua nihil est charius) et redimenda vita, nulla non remediorum genera, vel etiam, cum periculo, tentanda, quoniam, ut prudenter persæpe exclamavit Galenus, præsertim, lib. 10. Method. cap. 10. Ubi, unica salutis via est, ea, licet cum periculo, tentanda ; nam, melius est aliquid nos agentes cum periculo, periclitari, quam ægrum, omni spe adempta, certo perire. Quapropter in ea sum sententia, in desperata Angina, Laryngotomiam esse celebrandam : auxilium certe, nec veterum, nec recentiorum placitis adversum.

    [Pour le salut de l’homme (qui est ce qu’il existe de plus cher) et pour le ramener à la vie, il faut essayer tous les genres de remèdes, même s’ils sont dangereux, car, comme l’a proclamé Galien en maints endroits, particulièrement au chapitre x, livre x de la Méthode : « Quand n’existe qu’une seule voie de salut, il faut la tenter, même quand il y a danger ; car il est préférable de prendre un risque en exécutant quelque chose de périlleux, que de livrer le malade à la mort en lui ayant ôté toute espérance. » {a} C’est pourquoi, en cas d’angine désespérée, je suis d’avis qu’on exécute la laryngotomie : {b} c’est un recours qui n’est pas contraire aux préceptes des anciens ni des modernes].


    1. Beau passage de la Méthode pour remédier de Galien, dont René Chartier a fourni une traduction latine légèrement différente (reprise par Kühn, volume 10, page 720) :

      Si igitur insanabilis solidarum partium siccitas est, tum expeditissima in eam per hecticas febres via patet, melius est hominem in frigidam intemperiem transferre, ac sui curationem deinde adhibeamus habere. Qui namque fecerit, is postea noxam oppugnaverit, qui vero mortiferam insistere viam sinet, is desperatam ægrotanti salutem fecerit. Quanto itaque satius est aliquid nonnulla fiducia vel cum periculo facere quam spe adempta certo perire, tanto profecto satius est potentibus præsidiis pugnare quam nihil agere.

      [Quand donc la sécheresse des parties solides est incurable, les fièvres hectiques ouvrent la voie la plus simple : il est alors préférable de plonger le patient dans un état d’intempérie humide, auquel nous recourons pour obtenir sa guérison. {i} Qui aura agi ainsi, qui aura continué à combattre le mal, qui aura véritablement permis de barrer le chemin à la mort, aura procuré un salut inespéré au malade. Quand tout espoir est perdu, l’action sans certitude de réussite, même en prenant des risques, est préférable à une mort certaine, tout autant que se battre avec de puissants remèdes est préférable à ne rien faire].

      1. L’audace de ce recours (qui devait mettre en péril la vie du malade, en changeant un mal pour un autre) échappe aujourd’hui à toute explication médicale rationnelle.

    2. V. note [14], lettre 301, pour le remède héroïque qu’était alors l’ouverture du larynx pour libérer la voie respiratoire supérieure obstruée.


    Dans la 2e édition de son commentaire (1666), Gerardus Leonardus Blasius a relaté les trois cas de laryngotomie que Guy Patin lui avait mentionnés ici (v. infra note [57‑6]).

    47.

    La page 155 des Commentaria traite de la salive (glandes qui la sécrètent, rôle dans la préparation des aliments à la digestion), mais sans mention de la langue.

    En faisant le savant, Guy Patin conduit ici, malgré lui, à découvrir que Marc Duncan (v. note [50], lettre 97), qui aimait à se cacher derrière le titre fictif de sieur de Cérisantes, n’est pas l’auteur, mais le dédicataire (« À Monsieur Duncan, docteur en la Faculté de médecine, professeur en grec et principal en l’Académie de Saumur ») de l’Aglossostomographie, ou Description d’une bouche sans langue, laquelle parle et fait naturellement toutes ses autres fonctions. Par Me Jacques Roland, Sr de Belebat, chirurgien de Monseigneur le Prince, lieutenant du premier barbier chirurgien du roi, commis de son premier médecin et juré à Saumur (Saumur, pour Claude Girard et Daniel de l’Erpinière, 1630, in‑8o).

    Parmi les pièces liminaires, ce sonnet de Louis Aubery Du Maurier (1609-1687) résume l’affaire :

    « Quel miracle nouveau, quelle chose arrivée,
    Que tous les plus savants niaient si vivement,
    Qu’aucun homme ne vit jamais par ci-devant
    De divers mouvements agite ma pensée.

    C’est un enfant duquel la langue étant tombée
    Sans qu’il en restât rien par étrange accident, {a}
    Ne laisse néanmoins de parler aisément,
    Sa parole n’étant nullement empêchée.

    Ce cas est merveilleux, ce miracle est très grand,
    Mais il est surpassé par l’écrit de Roland
    Lequel vivra toujours sur la terre et sur l’onde,

    Car au sein de Duncan que craindre désormais ?
    Sous un tel protecteur on ne périt jamais,
    Pourvu que le savoir demeure en ce bas monde. »


    1. Une petite vérole (variole) à l’âge de 5 ou 6 ans (vpages 2‑3).

    On pourrait se demander si Jacques Roland de Belebat n’était pas un facétieux pseudonyme de Marc Duncan, mais la BnF (cote RC‑A‑93373) conserve son portrait, « maître chirurgien âgé de 40 ans – 1630 », signé Foucher, attribué à Nicolas Foucher (1653-1733, ce qui est incompatible avec la date du dessin). Roland est aussi auteur d’un autre livre intitulé Antiloimie, ou Contre-peste, œuvre chirurgique qui traite des moyens de préserver et de guérir chacun de la maladie pestilentieuse… (Rouen, Claude le Villain, 1630, in‑12, pour la seconde édition).

    Gerardus Leonardus Blasius a repris le propos de Guy Patin dans la 2e édition de son commentaire en 1666 (v. infra note [57‑7]).

    48.

    Passage entre accolades que Guy Patin a rayé dans son manuscrit comme étant inopportun.

    Page 156 des Commentaria, à propos des sept vertèbres cervicales :

    egregie explicavit Cl. Senguerdius Disputat. Phys. de Sceleto Quarta, pro qua summa cum laude respondit præstantissimus Juvenis Ludovicus de Keyser, discipulus meus diligentissimus.

    [le très distingué Senguerdius l’a remarquablement expliqué dans sa 4e Thèse d’histoire naturelle sur le squelette, à laquelle a répondu avec félicitations Ludovicus de Keyser, très brillant jeune homme, mon élève très zélé].

    En 1658, Arnold Senguerdius a présidé au moins sept thèses de médecine à Amsterdam sur ce sujet du squelette. Il les a réunies dans son Osteologia Corporis Humani [Ostélologie du corps humain] (Amsterdam, Joannes Janssonius, 1662, in‑12) ; les vertèbres cervicales y sont décrites dans le chapitre ix, De Vertebris Colli [Vertèbres du cou] (pages 83‑93).

    49.

    Page 197 des Commentaria, à propos de l’œil et de la vision :

    Non possum recipere, inquit Riolan. animadv. Choroidem et Uveam geminam tunicam constituere, ista duo nomina sunt {a} conveniunt, quæ vel uvea vel choroides dicitur. Futilis omnino animadversi, cum cuivis vel leviter Linguæ Latinæ gnaro constet Cl. Veslingium hic neutiquam geminam hanc tunicam facere, licet diversa nomina ejus anteriori, posteriorique tribuat parti.

    [Je ne puis admettre, dit Riolan, la remarque que la choroïde et l’uvée forment une double tunique : ces deux mots conviennent à une seule et même membrane qu’on appelle soit uvée, soit choroïde. Remarque parfaitement futile car il apparaîtrait à quiconque connaît, même superficiellement, la langue latine, {b} que le très distingué Vesling ne distingue nullement deux feuillets à cette membrane, bien qu’il attribue deux noms différents à ses parties antérieure et postérieure]. {c}


    1. Le mot sunt est à remplacer par uni membranæ : légitime correction demandée par Guy Patin, pour éviter que la proposition ne contienne deux verbes, sunt et conveniunt.

      Le texte original et correct se lit dans le paragraphe intitulé Ligamentum ciliare [Ligament ciliaire] des Animadversiones in Syntagma Anatomicum Ioannis Veslingi [Remarques sur le Traité anatomique de Johann Vesling, professeur d’anatomie à Padoue] de Jean ii Riolan (page 827 de ses Opuscula anatomica nova, v. supra notule {b}, note [36]) :

      Sed non possum recipere, choroidem et uveam geminam tunicam constituere, ita ut uvea sit anterior, choroides postica. Ista duo nomina uni membranæ conveniunt, quæ vel uvea, vel choroides dicitur.

      [Je ne puis admettre (votre affirmation) que l’uvée et la choroïde sont deux membranes distinctes, disposées en sorte que l’uvée soit en avant et la choroïde en arrière. Ces deux mots désignent une seule et même membrane qu’on appelle soit uvée, soit choroïde].

    2. Ce propos, peu amène à l’égard de Riolan, donne du piquant à la remarque de Patin.

      Gerardus Leonardus Blasius voulait subtilement ergoter sur le sens de l’adjectif geminam employé par Vesling ; mais geminus veut bien dire jumeau, double, et ne laisse planer aucun doute sur le fait que Vesling voulait distinguer la choroïde de l’uvée, alors que l’une est une partie de l’autre.

    3. La choroïde est la partie postérieure de la tunique moyenne de l’œil, placée entre la rétine à l’intérieur et la sclérotique à l’extérieur ; avec l’iris et le corps ciliaire, placés en avant, elle forme l’ensemble qu’on appelle l’uvée (à cause de sa ressemblance avec un grain de raisin, uva en latin). Riolan avait donc raison contre Vesling.

    50.

    Page 199 des Commentaria, Guy Patin corrigeait deux références à propos du vitré, humeur visqueuse, d’aspect comparable au blanc d’œuf cru, qui emplit le globe oculaire.

    51.

    Page 203 des Commentaria, sur les fonctions du nez :

    Magnus Theodori error, vertentis apud Aristotelem : Non posse in pectus trahi spiritum nisi naribus.

    [La grande bévue de Théodore, {a} traduisant dans Aristote : On ne peut inspirer l’air dans la poitrine autrement que par les narines]. {b}


    1. Theodorus Gaza Thessalonicensis [de Thessalonique], philosophe et grammairien grec du xve s., a traduit du grec en latin plusieurs ouvrages d’Aristote.

    2. La citation d’Aristote se trouve au début du chapitre vii de son opuscule De la respiration ; en voici la traduction exacte :

      « De plus, en parlant de la respiration qui se fait par les narines, il {i} croit parler de la respiration la plus importante. Mais il y a tout ensemble, et la respiration par l’artère {ii} qui vient de la poitrine, et la respiration par les narines ; et sans la première, les narines ne sauraient du tout respirer à elles seules. Les animaux, quand on les prive de la respiration qui se fait par le nez, ne souffrent pas, tandis qu’ils meurent si on les prive de la respiration par l’artère. »

      1. Empédocle, philosophe et médecin sicilien du ve s. av. J.‑C. (v. première notule {b}, note [32] du Faux Patiniana II‑3).

      2. La trachée-artère (qui conduit l’air des cavités respiratoires supérieures aux poumons).

    52.

    Page 209 des Commentaria, sur l’anatomie de la partie supérieure de l’humérus :

    Accuratius ossis hujus superiores appendices exhibuit Senguerdius Disput. Phys. de Sceleto septima.

    [Senguerdius décrit plus exactement les appendices supérieurs de cet os dans sa septième disputation physique sur le squelette]. {a}


    1. Arnold Senguerius a décrit l’os sphénoïde (v. notule {a}, note [15], lettre 752) dans le chapitre ix, De Ossibus Cranii [Os du crâne] (pages 55‑56), de son Osteologia Corporis Humani [Ostélologie du corps humain] (Amsterdam, 1662, v. supra note [48]), référence déjà rayée plus haut, portant sur un ensemble de thèses que Guy Patin avait précédemment cité.

    53.

    Page 210 des Commentaria, touchant et poétique passage à propos de l’ulna (ou cubitus, un des deux os de l’avant-bras) qui apparaît dans l’expression latine ulnis amplecti (serrer dans les bras, embrasser) :

    Omnium horum signa facimus complexu ulnarum : amoris, favoris, obsequii. Nutricibus nihil prius, quam alumnos suos ulnis excipere, gestare, favere, tueri. Alumni vicissim matri adhærescere solent et earum parvis adducere colla lacertis, ut Naso 6. Metaph. {a} 626. canit. Conjugis amplexum venuste et pudenter exposuit Claudianus ii. in Eutr. 187. Advolat, et niveis reducem complectitur ulnis, Infunditque animo furiale per oscula virus. Sic apud Papinium i. Achill. 574. Thetis, nil mali timens, Achilles occupat ora canentis, Et ligat amplexus, et mille per oscula laudat. Adulatoribus proprium focillare et gestibus verbisque cultum atque obsequium profiteri, servitium simulare, focilia velut ad amplexum protendere, genua tangere, caput inclinare, denique pedibus mirifice saltare. Ea tamen maxima hodie urbanitas habetur. Ita olim dicebant sequiori et adulationibus corruptissimo ævo Romano, quod Gallice nunc courtosie.

    [En embrassant, nous marquons tous ces sentiments : amour, faveur, soumission. Rien de plus important pour les nourrices que de prendre, porter, cajoler, protéger leurs enfants dans leurs bras. En retour, les enfants ont coutume de s’agripper à leur mère et de serrer son cou dans leurs petits bras, comme chante Ovide au livre vi, vers 626 des Métamorphoses. {b} Au livre ii des Invectives contre Eutrope, vers 187, Claudien a exprimé avec grâce et pudeur l’étreinte de l’épouse : Advolat, et niveis reducem complectitur ulnis, Infunditque animo furiale per oscula virus. {c} Ainsi dans Stace, au livre i de l’Achilléide, vers 574, Achille, sans que Thétis n’y craigne aucun mal, occupat ora canentis, Et ligat amplexus, et mille per oscula laudat. {d} C’est le propre des flatteurs de réconforter, et d’offrir hommage et déférence par les gestes et par les mots, de simuler la soumission, de tendre les bras comme pour étreindre, de fléchir les genoux, d’incliner la tête, et enfin de danser bizarrement d’un pied sur l’autre. {e} On tient cependant aujourd’hui tout cela pour des marques d’extrême politesse ; à tel point que ce qu’on disait bien autrement jadis des basses flatteries, au temps si corrompu des Romains, correspond aujourd’hui à ce qu’on nomme courtoisie en français]. {f}


    1. Sic pour Metamorph. [Métamorphoses d’Ovide, Publius Ovidius Naso], coquille que Guy Patin a omis de relever.

    2. Vers 625‑626 :

      Attulit et parvis adduxit colla lacertis
      mixtaque blanditiis puerilibus oscula iunxit
      .

      [Il lève, il tend ses petits bras pour l’embrasser. Suspendu à son cou, il lui donne de tendres baisers, il lui prodigue les douces caresses de l’enfance].

    3. « Elle [la déesse Bellone, v. note [3], lettre latine 29] accourt au-devant de lui [le guerrier Targibile], le serre dans ses bras blancs comme neige pour fêter son retour, et par ses baisers fait entrer dans son âme le poison de la fureur » (Claudien loc. cit., vers 187‑188).

    4. « s’empare de la bouche [de Déidamie] en train de chanter et l’honore de mille baisers » : Stace (Publius Papinius Statius, v. note [3], lettre 1012), lAchilléide, vers 575‑576.

      Les vers 564‑565 expliquent l’allusion à Thétis, mère d’Achille (v. notule {b}, note [48] du Borboniana 9 manuscrit) :

      Namque ut virgineo stetit in grege durus Achilles
      exsolvitque rudem genitris digressa pudorem…

      [Car à peine le noble Achille fut-il mêlé à cette troupe de vierges, à peine les dernières paroles de sa mère eurent-elles dissipé sa pudeur farouche…] (car il y choisit pour compagne la belle Déidamie).

    5. Amusante allusion au petit ballet de la révérence.

    6. Avec la correction de Patin : courtoisie au lieu de courtosie.

    54.

    Page 211 des Commentaria, à propos de l’extrémité inférieure (distale) de l’ulna (v. supra note [53]), qui porte le nom de styloïde cubitale :

    Notat Fallop. Expos. de ossib. c. 27. illam prominentiam stylyformem manifestissimam esse in simia, non ita in homine ; quod cum Cl. Sen- {a} non ita accipiendum judico, quasi ipse neget eum processum in homine dari.

    [Au chapitre 27 de ses Explications sur les os, Fallope {b} remarque que cette styloïde est très proéminente chez le singe, mais n’est pas telle chez l’homme ; ce que je juge, avec le très distingué Sen- {a}, ne pas devoir être admis de la sorte, comme si Fallope niait que l’homme est doté de ce processus].


    1. Sixième ligne défectueuse : Sen- est à compléter en Senguerdium, Arnold Senguerdius, auteur d’une Osteologia [Ostéologie] (Amsterdam, 1662, v. supra note [48]), chapitre xix, De Ossibus Manus [Os de la main], page 135 ; le sens de la phrase n’est pas autrement altéré.

    2. Gabrielis Fallopii… expositio in librum Galeni de ossibus… [Explication de Gabriel Fallope (v. supra notule {c}, note [35])… sur le livre des os de Galien…] (Venise, Simon Galignanus de Jatera, 1570, in‑4o), pages 63, chapitre xxviii (et non xxvii), De cubito et radio [Le cubitus et le radius] :

      Addit quod cubitus habet prominentem particulam, quæ στυλοειδης dicitur, quia est ueluti columna, quæ est manifestissima in simia : non ita in homine.

      [Il (Galien) ajoute que le cubitus possède une petite saillie, qu’on appelle styloïde parce qu’elle ressemble à une colonne, laquelle est nettement plus proéminente chez le singe que chez l’homme].


    55.

    Page 212 des Commentaria, à propos de la moelle osseuse des phalanges des doigts, sur ce passage de Johann Vesling, Exterius rotunda, interius complata sunt : {a}

    Per exterius hic author partem manus externam, per interius internam denotat. Ast quæri et hic posset, num hæc ossicula in sua interiori cavitate medullæ experta sint, nec ne ? Galenus ejusve asseclæ varii affirmativam tuentur acriter, ut ex Galen. com. ii. de fract. c. 8 et 1. de usu part. 15. videre est. Alii contra ut Vesalius, Columbus, Ioh. Bordæus lit. 6. {b} Misc. cap. 14. plurimive Recentiorum, expresse negant. Et meo judicio apposite satis, qui enim illorum opinionem assumemus, cui sensus ipse manifete reclamat.

    [Par en dehors, l’auteur désigne ici la partie externe de la main et par en dedans, sa partie interne. {c} On pourrait aussi se demander ici si ces petits os contiennent ou non de la moelle en leur cavité interne. Galien et divers de ses disciples défendent énergiquement qu’ils n’en ont pas, comme on voit au chapitre 8 du 2e Commentaire de Galien sur les fractures, {d} et au livre i, chapitre 15, de son traité sur l’Utilité des parties. {e} D’autres au contraire, comme Vésale, Colombo, {f} Bordæus {g} (livre  des Mélanges, chapitre 14) et plusieurs auteurs modernes nient cela expressément ; et ce assez justement à mon avis, car nous adoptons leur opinion comme étant celle que l’observation justifie manifestement]. {h}


    1. « [Ces os] sont arrondis en dehors, aplatis en dedans ».

    2. Sic pour lib. 6.

    3. La position dite anatomique de la main est la supination (paume en avant), avec le pouce à l’extérieur (en dehors) et l’auriculaire à l’intérieur (en dedans).

    4. Galien a écrit trois commentaires in Hippocratis librum de Fracturis [sur le livre des Fractures d’Hippocrate]. Gerardus Leonardus Blasius renvoyait à ce passage du deuxième (Kühn, volume 18b, page 432) :

      adjungimus et duris, quandoquidem medulla carent, cava minimum sunt et a lapillis parvis non abhorrent.

      [pour ceux qui sont durs, nous ajoutons d’une part qu’ils ne contiennent pas de moelle, puisqu’ils n’ont qu’une petite cavité, et d’autre part, qu’ils s’accompagnent volontiers de sésamoïdes].

      Les sésamoïdes sont des « os fort petits placés dans les jointures des doigts pour les fortifier et empêcher qu’ils ne se disloquent » (Furetière).

    5. Le traité de Galien de Usu partium corporis humani [de l’Utilité des parties du corps humain] est composé de 17 livres (commentés par Caspar Hofmann en 1625, v. supra note [35]). Blasius renvoyait à la fin du chapitre 15 (Excellence du mode d’articulation des doigts) du 1er livre (La main, Daremberg, volume 1, page 140) :

      « Mais pourquoi les os des doigts sont-ils denses, durs et sans moelle ? C’est sans doute parce qu’ils sont nus {i} et, par conséquent, très exposés ; or, pour des corps exposés aux lésions par suite de l’absence de protection extérieure, c’était un très grand correctif qu’une structure particulière qui les rend plus difficilement vulnérables. » {ii}

      1. Entourés par peu de chair et de muscles.

      2. Note de Daremberg :

        « Vésale […] et, après lui, Columbus […] reprochent avec raison à Galien d’avoir cru que les os des doigts n’ont pas de moelle ; ils sont à cet égard dans la même condition que tous les os longs, et il est difficile de comprendre comment il a pu commettre une pareille erreur, puisqu’il lui suffisait de briser une phalange de singe, ainsi que le fait remarquer Columbus. »

    6. V. supra notules {a}, note [14], pour Realdo Columbo, et {f‑ii}, note [35], pour André Vésale, contemporains et tous deux anatomistes de Padoue au xvie s.

    7. Sic pour Brodæus (comme Guy Patin en faisait justement la remarque). Jean Brodeau (Tours vers 1500-1573), critique et philologue français (dont Patin a cité plusieurs descendants, v. notes [10] et [13], lettre 310), était fils d’un valet de chambre du roi Louis xii.

      Il est auteur des Miscellaneorum libri sex. In quibus, præter alia scitu dignissima, plurimi optimorum autorum tam Latinorum quam Græcorum loci, vel depravati hactenus restituuntur, vel multo quam antea a quoquam est factum rectius explicantur [Six livres des Mélanges. Où, outre d’autres choses très dignes d’être sues, de nombreux passages des meilleurs auteurs, latins comme grecs, sont soit rétablis car ils étaient jusqu’ici corrompus, soit expliqués beaucoup plus correctement que quiconque ne l’a fait auparavant] (Bâle, Johannes Oporinus, 1555, in‑8o). Blasius renvoyait au chapitre 14, Nonnulla ad corpus humanum spectantia [Quelques faits concernant le corps humain] (livre sixième, pages 230‑232), avec cette remarque :

      Cum autem digitorum ossa medullæ expertia apud insignos medicos lego, parum admodum medullæ habere, non nullam prorsus, interpretor.

      [Puisque je lis chez d’insignes médecins que les os des doigts sont dénués de moelle, j’interprète cela comme voulant dire qu’ils en contiennent fort peu, mais n’en sont pas entièrement dépourvus].

    8. Les phalanges possèdent bel et bien une cavité qui contient de la moelle, tissu dont nul n’avait encore sérieusement compris être celui qui produit la plus grande partie des globules du sang (sanguification ou hématopoïèse, v. notule {d}, note [5], lettre latine  369).

    56.

    Page 213 des Commentaria, Gerardus Leonardus Blasius citait textuellement un long passage de la 7e thèse ostéologique d’Arnold Senguerdius, qu’on retrouve dans son Osteologia [Ostéologie] (Amsterdam, 1662, v. supra note [48]), chapitre xxi, De Ossibus Pedis [Os du pied (membre inférieur)], pages 141‑142, à propos de l’extrémité supérieure du fémur :

    Præter caput et cervicem, hic attendi solent duo processus, trochanteres, Latinerotatores, dicti, quorum unus externus, alter internus est. Externus extrorsum protenditus, magna cavitate sejuncus a capite, cui opponitur : multo major est altero processu : unde etiam rotator magnus vocatur. Internus igitur multo minor est, qui ideo rotator minor nominatur. Hic inferius situm habet a parte postica, sub capite extra cervicem, spectat et inclinatus est retrorsum. […]

    Præter duos hos processus, tertium adhuc observavi, quod tuberculum est, magnitudine cedens duobus superioribus processibus : hic tertius processus, opponitur rotatori minori, in exteriore quodammodo parte situm habet sub rotatore majore. Sub hoc minimo processu, impressio vel sinus datur longus, non multum excavatus, unde initium sumit linea deorsum tendens et os quodammodo acuminans.

    [Outre la tête et le col, on y trouve ordinairement deux éminences, qu’on appelle trochanters, rotateurs en latin, dont l’un est externe et l’autre interne. {a} L’externe est touné vers le dehors, séparé par une grande cavité de la tête, à laquelle il est opposé ; il est beaucoup plus gros que l’autre, ce qui lui vaut d’être appelé grand trochanter. L’interne, bien plus petit, est donc appelé petit trochanter : situé en dedans , sous la tête et hors du col, il s’oriente vers l’arrière. (…)

    En plus de ces deux éminences, j’en ai toujours observé un troisième : plus petit que les deux autres ci-dessus, il est placé sur la face opposée au petit trochanter, sous le grand trochanter. Sous cette toute petite éminence, se trouve une dépression, ou sinus peu profond, d’où prend naissance une crête osseuse qui se dirige vers le bas]. {b}


    1. La racine grecque, trokhazein « courir », désigne une autre fonction que la racine latine, rotare « faire tourner », mais elles sont toutes deux pertinentes : sur le grand trochanter s’insèrent les muscles pyramidal, et moyen et petit fessiers ; et sur le petit trochanter, le psoas-iliaque. Ces importantes masses musculaires assurent la rotation de la hanche et sa flecion sur le bassin, mouvements requis pour courir.

    2. Ce troisième trochanter n’a pas survécu à Deusing : il porte le nom de tubercule prétrochantérien. La remarque de Blasius prend dès lors tout son sens :

      Processum hunc à Cl. Senguerdio hic descriptum in non paucis subjectis à Viro illo Cl. monitus inquisivi, eumque semper adesse reprehendi.

      [Là, le très distingué Senguerdius a décrit la présence d’une éminence chez bon nombre d’individus ; sur ses dires, je l’ai cherchée et mis en doute {i} sa présence constante].

      1. Guy Patin demandait de remplacer reprehendi [j’ai mis en doute] par deprehendi [j’ai constaté] ; mais l’anatomie moderne a donné raison à Blasius en oubliant le troisième trochanter de Senguerdius.

    57.

    La réédition de 1666 (v. supra note [6]) honore Guy Patin de sept renvois dans les Nomina Authorum, qui præcipue in Commentario ad Syntagma Anatomicum Veslingii occurrunt [Noms des principaux auteurs qui sont cités dans le commentaire du Syntagma anatomicum de Vesling] ; on y trouve autant de mentions au contenu de la présente lettre.

    1. Pages 45‑46 :

      Ruptis internis tunicis etc.] Observavit Riolanus Phlegmonem et Gangrænosin in parte aliqua Ilei produxisse volvulum. Imo censet Cl. Guido Patinus Inflammatoriam dispositionem Ilei intestini semper hunc producere morbum, adeoque plurimos evadere per venæsectionem, fotus tepidos, semicupium ex aqua tepida, et enemata emollienta. Idem ante annos 30 in auriga cujusdam Archiepiscopi, ex Vovulo demortuo, totum hoc intesinum corruptum, nigrum et gangræna conspersum vidisse, litteris mihi indicavit. Interdum revolvitur intestinum instar digiti chyrotecæ reduplicati, quod omnimodo obstruit viam intestini, inde vomitus excrementorum per partes superiores. Reduplicationem hanc omnino ficticiam dici nominatus Patinus, quam numquam videre potuit. At bis terve eam in cadaveribus dissectis cum Claris. Præceptore meo J. Walæo observavi. Etiam sæpissime in scrotum decidit aut inguina unde Hernia.

      [Par rupture des tuniques internes, etc. | {a} Riolan a observé que le volvulus provoque le phlegmon et la gangrène en quelque partie de l’iléon. {b} Le très distingué Guy Patin pense au contraire qu’une disposition inflammatoire de l’iléon provoque cette maladie, tant et si bien que plusieurs en ont réchappé grâce à la phlébotomie, aux cataplasmes tièdes, au demi-bain d’eau tiède et aux lavements émollients. Le même m’a indiqué dans une de ses lettres avoir vu cet intestin totalement corrompu, noir et parsemé de gangrène, il y a 30 ans, chez le cocher d’un archevêque qui était mort de volvulus. {c} Parfois, l’intestin se dédouble en se retournant sur lui-même à la manière d’un doigt de gant, ce qui y obstrue complètement la lumière et il en résulte le vomissement d’excréments par en haut. Le susdit Patin m’a dit que cette duplication est tout à fait fictive et qu’il n’a jamais pu l’observer ; mais je l’ai vue deux ou trois fois sur des cadavres que j’ai disséqués avec Jan de Wale, {d} mon très éminent maître. Très souvent aussi, l’iléon se loge dans le scrotum ou dans l’aine, provoquant la formation d’une hernie]. {e}


      1. Commentaire de ce propos de Vesling : unde ruptis internis tunicis lethali volvulo ansam præbet [ce qui expose l’anse (intestinale) à un volvulus létal par rupture de ses tuniques internes].

      2. V. supra note [11].

      3. Cette lettre de Patin est aujourd’hui perdue. Quand le volvulus n’est pas promptement levé, l’arrêt de la circulation sanguine dans l’intestin étranglé provoque sa nécrose, suivie de la mort du malade.

      4. V. note [6], lettre 191.

      5. Honnête et scrupuleux commentateur, Blasius n’en exprimait pas moins son désaccord avec Patin quant à l’origine mécanique des occlusions de l’intestin grêle, et les progrès de la médecine lui ont donné raison.

    2. Pages 67‑68 :

      In Hypochondrio sinistro] Et quidem in sola parte sinistra Hypochondrii, adeo ut nullam sui partem extendat in dextrum latus, secus ad jecur facit. In dextro Hypochondrio Lienem, Jecur contra in sinisro locum, ut et singula vasa ipsorum viscerum substantiam concomitantia, in quodam Parisiis 1650. dissecto habuisse literis refert Guido Patinus.

      [Dans l’hypocondre gauche | {a} Et exclusivement dans la partie gauche de l’hypocondre, tant et si bien qu’aucune de ses parties ne s’étend vers le côté droit, ce qui la distingue du foie. {b} Guy Patin relate dans une lettre {c} qu’à Paris, en 1650, on a disséqué un quidam qui avait la rate dans l’hypocondre droit et le foie du côté gauche, chacun de ces deux viscères étant accompagné de ses propres vaisseaux].


      1. Commentaire de ce propos de Vesling : Locum habet lien in hypochondrio sinistro [La rate est située dans l’hypocondre gauche].

      2. Situé dans l’hypocondre droit, le foie, qui est bien plus volumineux que la rate, s’étend en partie vers l’hypocondre gauche.

      3. V. supra note [12].

    3. Pages 74‑75 :

      Est dispar numerus etc.] Ao. 1624. Spigelio juvenculam 13. annorum dissecanti gemina occurrit arteria emulgens dextra, teste Rodio in mantissa. Sic in subjecto mense Martio 1656. à Johanne van Horne publice dissecto, Arteria hæc dextri lateris duplex reperiebatur, diversis locis ex Aorta orta, et diversis etiam locis ad distantiam duorum digitorum Reni inserta. […] In sinistra parte arteriæ emulgentis quatuor ramos Ao. 1638. invenit Veslingius. Tres arterias in subjecto a Falcob. 1647. dissecto vidimus. In vasis renum, Ureteribus, et vasis Spermaticis admodum ludere naturam autopsia edoctus confirmat Cl. Patinus.

      [Le nombre est impair, etc. | {a} L’an 1624, au témoignage de Rhodius in Mantissa, Spigelius, {b} en disséquant une jeune fille de 13 ans, a trouvé une double artère rénale droite. Pareillement, au mois de mars 1656, en disséquant publiquement un cadavre, Jan van Horne avait observé deux artères rénales du même côté, nées de l’aorte à deux niveaux distincts et arrivant aussi séparément dans le rein à deux doigts de distance l’une de l’autre. (…) En l’an 1638, Vesling a vu une artère rénale gauche scindée en quatre rameaux. En 1647, nous avons vu trois artères dans un sujet que disséquait Falcoburgius. {c} Instruit par l’autopsie, le très distingué Patin confirme que la nature est fort versatile dans la disposition des vaisseaux rénaux, des uretères et des vaisseaux spermatiques]. {d}


      1. Commentaire de ce propos de Vesling : Non raro tamen Emulgentium vasorum et dispar numerus est, et progressus ad renes inæqualis [Il n’est cependant pas rare que le nombre des vaisseaux rénaux soit impair et que leur trajet vers les reins soit asymétrique].

      2. V. notes [18], lettre 352, pour la Mantissa anatomica [Annexe anatomique] de Johannes Rhodius (publiée par Thomas Bartholin à Copenhague, 1661), et [5], lettre 115, pour Adriann van de Spiegel.

      3. Adrianus Falcoburgius (van Valckenburg ; Leyde 1581-ibid. 1650), médecin hollandais.

      4. V. supra note [18].

    4. Page 89 :

      Binos] Numero bini sunt. Raro unus tantum et magnus : et tales etiam ad procreandum aptos esse experientia docet. Rarius, tres, ut in Agathocle Siciliæ Tyranno, et familiis nonnullis Italiæ et Germaniæ proprium, rarissime quatuor. Novisse se, mihi per litteras indicavit Patinus, Flandrum quendam, qui unicum habebat testem, in medio scroto positum, sed ebriosum et libidinosum ; imo alium, qui tres habebat tota vita salacissimum et libidinosissimum.

      [Une paire | {a} Ils sont au nombre de deux. Rarement, il n’y en a qu’un seul, et de grande taille, et l’expérience nous enseigne même que de tels hommes sont aptes à procréer. Plus rarement, il y en a trois, comme chez Agathocle tyran de Sicile, {b} ou comme particularité en quelques familles d’Italie et d’Allemagne. Il est rarissime qu’il y en ait quatre. Dans une lettre, Patin m’a dit connaître un Flamand qui n’avait qu’un seul testicule, placé au milieu du scrotum, mais qui était ivrogne et libidineux ; et même un autre qui en avait trois et qui, durant toute sa vie, avait été extrêmement paillard et débauché]. {c}


      1. Commentaire de ce propos de Vesling sur les testicules : Binos efformavit divinus opifex, ut in muneris quod obeunt necessitate alter in alterius laguentis aut deficientis suppetias veniret [Le divin créateur nous en façonné une paire afin que, dans la nécessité de la charge dont elles s’acquittent, la seconde supplée à la première quand elle est fatiguée ou déficiente].

      2. Agathocle de Syracuse, cruel tyran puis roi de Sicile (de 304 à 289 av. J.‑C.).

      3. V. supra note [27].

    5. Page 106 :

      Distinguntur] Male adeoque faciunt illi qui cavitatem uteri in duas partes dividunt manifestas, quasi recto ductu duceretur protuberans quædam inæqualitas ab orificio sursum, quæ uterum dividat in duos velut distinctos et a se invicem separatos sinus atque secessus. Inscitiæ in Anatomicis indicium non parvæ est, in utero muliebri cellulas quærere, majoris, hinc contendere, posse fœminam fœtus plurimos concipere, nihil enim tam rarum quam vera superfœtatio, quam cum Cl. Patino aliisque neque unquam vidi, neque possibilem judico, licet varii contrarium sustinere conentur.

      [Sont séparées | Ont donc tort ceux qui divisent la cavité de l’utérus en deux parties manifestes, comme si quelque saillie protubérante s’étendait en ligne droite depuis le col jusqu’au fond pour séparer l’utérus en deux sinus et compartiments comme distincts et isolés l’un de l’autre. Chez les anatomistes, ce n’est pas une preuve de mince ignorance que d’aller chercher des chambres dans l’utérus humain ; et pis encore, d’en tirer l’affirmation que la femme peut concevoir plusieurs fœtus, car rien n’est plus rare que la véritable superfétation. Tout comme le très distingué Patin et d’autres, je ne l’ai jamais vue et la tiens pour impossible, même si divers auteurs tentent de soutenir le contraire]. {a}


      1. V. supra notes [33], pour la formulation initiale de ce paragraphe (où Blasius a supprimé l’observation qu’il y rapportait et les auteurs qu’il y citait), et [34], pour la remarque de Guy Patin qui a convaincu Blaius de nier la superfétation.

    6. Page 165 :

      Larynx] Multa in gravissimis affectionibus, sæpe ob mortis evitandum periculum, vel etiam temere experiuntur Medici. Hac ratione in suffocante Angina, quam strangulatoriam quidam appellarunt, omnibus methodo legitima frustra tentatis, Laryngotomiam s. Sectionem asperæ arteriæ sub larynge instituunt. Hac de operatione digna lectu est observatio quam quæst. 3. cap. 3. proponit Nicol. Fontanus. Cl. Patinus ter vidit eam celebratam in urbe Parisiensi, et semper successit, 1. in Monacho, 2. in Aulico, præsentibus et in consilium ab eodem adhibitis diligentissimis D.D. Nic. Pietreo, et Mich. de la Vigne Doctoribus Medicis Paris. eruditissimis. 3. In quodam Mercatori Burdegalensi.

      [Le larynx | {a} Les médecins tentent bien des choses, et même témérairement, dans les affections les plus graves, souvent pour écarter un péril de mort. Voilà pourquoi, dans l’angine suffocante, que certains ont appelée étranglante, quand tout a été tenté sans succès en utilisant la méthode régulière, ils procèdent à la laryngotomie ou section de la trachée-artère au-dessous du larynx. Sur cette opération, l’observation que présente Nicol. Fontanus, question 3, chapitre iii est digne d’être lue. {b} Le très distingué Patin l’a vu pratiquer trois fois à Paris, et toujours avec succès : 1. chez un moine ; 2. chez un gentilhomme de la cour, en présence des très diligents MM. Nicolas Piètre et Michel de La Vigne, très savants docteurs en médecine de Paris, et après avoir consulté avec eux ; 3. chez un marchand de Bordeaux]. {c}


      1. Commentaire de ce propos de Vesling au sujet de la trachée-artère [aspera arteria] :

        Larynx vero pars superior, et velut caput est, ad formandam exprimendamque vocem, cartilaginibus, et musculis diversis constructa .

        [Le larynx forme sa partie supérieure, et comme sa tête, pour façonner et faire sortir la voix ; il est construit de divers muscles et cartilages].

      2. Nicolai Fontani Observationum rariorum Analecta [Recueil d’Observations plus que rares de Nicolaus Fontanus] (Amsterdam, Henricus Laurentius, 1641, in‑4o, ouvrage dédicacé au roi Louis xiii). Nicolas Fontaine ou Fonteijn, médecin d’origine française a exercé la médecine à Amsterdam. À la fin du deuxième paragraphe de sa lettre, Guy Patin a mentionné son parent (probable fils), Isaac de La Fontaine (v. note [23], lettre 504).

        Nicolas Fontaine a publié une dizaine d’ouvrages médicaux entre 1633 et 1645. L’Exemplum iii (pages 9‑15) de ses Observationum, dont Blasius conseillait la lecture, est intitulé Utrum Laryngotomia, in Angina, sit celebranda ? [Faut-il pratiquer la laryngotomie dans l’angine ?] (avec trois gravures fort démonstratives) : femme atteinte d’obstruction laryngée suffocante (dont tous les signes et symptômes sont soigneusement décrits) que Fontanus et son ami Zacutus Lusitanus ne sont parvenus à sauver qu’avec l’aide de la laryngotomie pratiquée in extremis par un chirurgien.

      3. V. supra note [46].

    7. Page 171 :

      Sermonis prompturarium] Non quod unica et sola per se sensa exprimere et sermonem formare possit, cum concurrant et oris palatum, dentes, narium foramina, aliæque partes variæ, sed quia primaria et principalis pars est, unde et idiomata varia Linguæ solent appellari, quod a lingua pronuncientur. Rarum est quod mihi literis retulit Patinus, vidisse se in urbe Parisiensi adolescentem quendam Pictaviensem, cui lingua exciderat variolarum malignitate corrupta et exesa, qui tamen loquebatur articulatasque voces proferebat, circa annum 1631. quo de casu libellum gallicum scripsit Marcus Duncanus, Medicus Salmuriensis eruditissimus, sub titulo Aglossostomographiæ.

      [Le magasin de la parole | {a} Non pas parce qu’elle peut à elle toute seule et de son propre chef former et exprimer la parole, puisqu’y concourent à la fois le palais, les dents, les cavités nasales et diverses autres parties, mais parce qu’elle en est l’organe premier et principal ; d’où vient que dans divers langages on a coutume d’appeler langues ce qui est prononcé par la langue. Dans une lettre, Patin m’a relaté une rareté, ayant vu à Paris, vers l’an 1631, un jeune homme du Poitou dont la malignité de la variole avait fait perdre la langue, après l’avoir pourrie et rongée ; il parlait pourtant et prononçait des mots articulés. Sur ce cas, Marc Duncan, très savant médecin de Saumur, a écrit un petit livre en français, intitulé Aglossostomographie]. {b}


      1. Commentaire de ce propos de Vesling :

        Est autem Lingua sermonis promptuarium, cibique deglutiendi ac stomacho præparandi adminiculum.

        [Mais la Langue est le magasin de la parole, et l’assistant qui aide à déglutir la nourriture et à la préparer pour l’estomac].

      2. V. supra note [47], pour ce livre et la méprise de Patin sur son auteur véritable.

    s.

    Ms BIU Santé no 2007, fo 94 vo.

    O me fe Cl. viro D. Ger. Blasio Medicinæ Prof. Amstelodamum.

    O me felicem et fortunatum, Vir sapientissime, qui quum
    nescirem Te vivere, amorem tamen tuum promerui, quem agnosco tum
    ex tuis literatissimis literis, tum ex duplici libro quem misisti, pro quib. singulis
    gratias ago quam possum maximas, quousq. occasionem nanciscor
    idoneam easdem referendi, quod faciam et supra cumulum si
    possim. De amore illo in me tuo, quem patefecisti in editione
    utriusq. Operis, nempe Enchir. D. Riol. et Syntagm. Io. Veslingij,
    abunde mihi gratulor, et Tibi gratias ago ; hæc erat fati mei ratio,
    ut beneficium et laudes acciperem ab ijs hominib. quos nequidem 2 natos
    scirem, nec 1 notos haberem. Præter hæc omnia, quæris ut Amicorum
    meorum albo Te inseram : quod certè si patior, ridiculus sim ; imò
    meum est à Te gratiam istam ambire, quam si possim obtinere,
    mecum optimè agetur. Rex sum, inquit ille apud Plautum, si
    hunc hominem ad me pellexero
     : imò v. me fortunatum reputo, et in
    posterum reputabo, 2 voceq. 1 Stentorea felicitatem meam ubique
    prædicabo, si gratiam illam mihi feceris, mihiq. quod facis, amicum
    esse volueris, et amorem illum tuum gratissimum mihi perennaveris,
    cujus promerendi gratia, nihilum efficiam.

    De Cathedra Botanica quam obstinuisti in Gymnasio vestro,
    Tibi gratulor ex animo : eandem cum ipsam habeo, à 7. annis, in Schola
    regia Cameracensi, loco Viri Cl. του μακαριτου D. Riolani, qui me
    quamvis tànto munere indignum, successorem vivens et videns sibi
    delegit, cum bona venia Regis nostri Christianissimi, regioq.
    diplomate, ut in talibus fieri amat :

    t.

    Ms BIU Santé no 2007, fo 96 ro.

    Sed Botanicæ meæ duæ aliæ comites interveniunt, nempe Anatomica et
    Pharmaceutica Professio
     : in qua triplici exercenda, defungendóq. munere versari
    soleo quotannis à Martio mense usque ad Augustum. Habemus hîc Collegam,
    quem olim, ante annos 23. ordine meo, Doctorem renuntiavi, Dion. Ioncquet,
    qui habet hortulum varijs stirpib. plenissimum ; ille aliquando scripsit ad D.
    Worstium, Prof. Leidensem, quem habet sibi amicissimum : si putes hîc apud
    nos semina quædam prostare quæ cupias, scribe, illa enim impetraturum me
    spero, vel prece, vel pretio, ut ad Te mittam, quod faciam libentissimè.
    Tale aliquid antehac misi Ultrajectum, ad amicum meum summum, D. Christianum
    Utenbogardum
    , Medicinæ Doctorem eximium, virum optimum, et omnium bonorum
    amore dignissimum, quem si nosti, ex animo saluto : si non nosti, forsan in
    posterum nosse non tædebit, est enim vir præstantissimus, et ut tecum
    Ομερικως agam, πολλων ανταξιος αλλων : eum itaque Tibi commendo, et
    amore tuo dignum profiteor atque prædico. Alios adhuc habeo viros illustres,
    in Batavia tua mihi amicissimos, nempe D.D. Vander Linden et Worstium,
    Leidæ : juniorem Romphium, Hagæ : D. Isaacum de la Fonfaine, Amstelodami ;
    D. Stuartum, Nic. Heinsium, et alios, quos omnes pancraticè valere cupio.

    Sed priusquam huic epistolio finem imponam, de tuo Commentario
    in Veslingij Syntagma
    aliquid dicam, si volueris, quod aliquando totum perlegere fert
    animus, et faciam postquam compactum habuero. Interea v. quod Cl. Virum
    Riolanum nostrum sæpius nuncupaveris atque laudaveris, gratias ago Tibi
    quam possum maximas : vir enim fuit optimus, eruditissimus, rei Anatomicæ
    studiosissimus, adeóq. omnium literatorum amore et benevolentia dignissimus.
    Ea v. quæ sequuntur,/ in bonam partem sumas/ velim ; sin minus scripta/ nolim et indicta sunt.

    Pag. 34. Sic Annibal aceto saxa comminuit, et ita sibi iter fecit.
    Legitur hoc apud Iuven. gravissimum Satyricum : sed vereor ne sit fig-
    mentum poeticum : hoc enim videtur impossibile, et indictum alijs, præ-
    sertim Auctori gravissimo Polybio. Adde quod multi nullum quidquam
    acidum habent in ventriculo : et tamen bellè concoquunt.

    Pag. 36. post medium. Hydropicis aut Empyematicis : mallem
    Empyricis.
    Pag. 46. ad finem. Volvulum sæpius vidi in hac Urbe :
    ad cujus υπαρξιν nullam reduplicationem admitto, nec veram esse
    autumo : inflammatoria dispositio ilei facit hunc morbum : multi
    eradunt per venæ sectionem, fotus tepidos, semicupium ex aqua tepida,
    et enemata emollientia. Si qui v. obierint, quod ut plurimum fit ex
    neglecta curatione initio morbi, totum nigrum et gangrænosi conspersum
    atque corruptum percipitur intestinum, in dissecto cadavere : nec
    unquam istudam videre potui fictitiam reduplicationem ; quæ quamvis dare tam
    tabem ac tantum affectum gratificare non posset. Pro me facit inspectio
    cadaverum, et accurata inquisitio causæ morbificæ, quæ numquam mihi imposuit.
    Apage sufflones Chymistas et alios medicastros, qui ex ficta reduplicatione,
    globulos aureos, vel plumbeas pilulas in tali affectu commendant, et per
    insitiam cau veræ propriæq. causæ, miseros ægros in Orcum præcipitant.

    u.

    Ms BIU Santé no 2007, fo 96 vo.

    Pag. 76. In quodam Parisijs dissecto, etc. Quis Tibi, Vir Cl.
    rem istam de me indicaverit, nescio. Sic se res habet. Anno
    1650. initio mei Decanatus, mense NovDecembri, propter nobi illustrem
    quendam virum in rheda necatum, tres latro ex sicarijs ad supplicium
    rotæ damnasti sunt. Ex trib. cadaveribus unum à me Decano indultum
    fuit, ^ ut moris est/ per Sena-/tuconsultum, Mag. Petro Regnier, Medicinæ Doctori Paris. et Chirurgiæ Pro-
    fessori, super quo demonstrarentur Operationes Chirurgicæ. In utroq.
    hypochondrio detectaprehensa fuit varietas situs utriusq. visceris : lien dex-
    trum occupabat, hepar sinistrum, et utraque pars sua habebat
    vasa propria et distincta. De re tam mirabili, et rara, sed non nova,
    Tractatum peculiarem scripsit D. Riolanus, qui habetur inter
    ejus Opuscula varia et nova, hîc edita anno 1652. quem si non
    habeas, facilè mittam : ut ex eo viso, textum tuum illustres in
    alterius editionis spem et expectationem.

    Ead. pag. legendum est Posthij, Iessenij, de la Chambre.

    Pag. 77. Erasistratus, non Erisistratus. Sæpius peccavit
    passim in nominibus proprijs tuus Typographus. Interdum nominasti laudasti duos
    nebulones, qui nec nominari nec laudari redargui merentur : illi sunt infa-
    mis impostor Paracelsus, et alter agyrta Helmontius. Abeant
    isti in malam crucem, et res suas sibi habeant isti fraudum et dolo-
    rum Chymisticorum patroni : neq. enim nostra refert quid illi
    asini ad Lyram, de controversijs nostris senserint. De Helmontio
    res omnibus est manifesta, qui vitam ejus novunt. De Paracelso,
    statim vicero si consulantur Th. Erastus, Gesnerus, Sennertus,
    Freitagius, Sonerus, et alij passim Germani, qui hominem nebulonem istum
    graphicè depinxerunt. Dicam verbo : planè sunt indigni duo isti nebulones
    qui laudentur, necquidem qui reprehendantur à Dogmaticis.

    Pag. 79. In vasis renum, in ureteribus et vasis spermaticis,
    admodum ludit atque variat Natura : nec mirum ; varietas enim
    ista facilè percipitur in dissectione cadaverum : quam sæpius
    me deprehendisse memini.

    Pag. 80. Ubi de Beverovicio. Certum est interdum uno rene affecto, alte-
    rum statim trahi in consensum : sed istud non est perpetuum : multos
    enim vidi qui ad ultimam usque vitæ periodum facilè et copiosè minge-
    runt, qui tamen unicum habebant renem sanum, alterum v. effetum,
    marcidum, putrem, ulceratum, exesum, etc. de quo olim scripsi ad
    Io. Beverovicium, amicum singularem. Talem difficultatem
    attigit Riolanus in noster, Anthropographiæ pag. 144.

    v.

    Ms BIU Santé no 2007, fo 97 ro.

    Pag. 84. Schenkio, Florentino, etc. quis est ille Florentinus ? an
    Thadæus Nicolaus ? Ibid. Mundanella ? : an potiùs Mundella ? Fungos Nic.
    Florentino
     ? an Florentino ? Senem Anij, an Anisi ?

    Pag. 85. Lin. 14. pro Lithotomiam, mallem cystotomiam : secatur
    enim vesica, non ipse lapis. Ibid. lin. 22. Volcherus.

    Amplitudinem vesicæ penè incredibilem vidi die Dominico, 23. Oct. 1650.
    in opulento mercatore, M. B. 36. annorum, 1650. continua et maligna febre labo-
    rante : cui, quamvis mingeret, fuit immissus catheter, propter dolorem et tumorem
    retundum supra hypogastrium : per quem, uno et eodem impetu, libræ quinque
    fætentis urinæ effluxerunt, et aliquid supra, sine ulla vi, absque ullo dolore,
    circa decimam matutinam : eadem arte, eandem quoque copiam reddidit ea
    ipsa die, circa novam vespertinam, me præsente et præcribente. Et istud
    symptoma, nempe parcior urinæ effluxus propter præsentem urinæ vesicæ imbe-
    cillitatem et άτονίαν, fuit xv. dierum, per quos, ter per diem, accedebat
    ad eum peritissimus artifex Io. Giraut, qui eodem immisso cathetere vesicam
    deplebat : tandem extincta febre, et confirmatis partibus, per copiosam
    venæ sectionem, multoties repetitam catharsim, idoneam victus legem,
    et semicupij usum, feliciter convaluit, et sibi suisq. restitutus fuit : et
    adhuc hodie valet pancraticè et athleticè.

    Pag. 89. Novi Sacerdotem quendam Flandrum, qui unicum habebat testem,
    sed ebriosum ac libidinosum. Alium novi qui tres habebat, tota vita
    salacissimum, et libidinosissimum.

    Pag. 94. Lege Sanchez, erat Medicus Tolosanus, Marranus.

    Pag. 96. lin. 2. dilatatione. ibid. peritonæo. Lin. 16. Mundelli Chi-
    rurgi Parisiensis
    . Nullus fuit Chirurgicus ejus nominis Lutetiæ, ideoque
    latet mendum. Linea sequente lege Rossetti. Ibid. lin. ante-
    penultima, lege Franc. Rossettum, et Theophilum Raynaudum,
    virum eruditum, Iesuitam Lugdunensem, polygraphum, adhuc supers-
    tem, qui multos adhuc habet libros edendos, præter eos quos jam
    edidit supra 40. in omni genere disciplinarum.

    Pag. 99. Ubinam fuit editus iste Tractatus Herm. Conringij de morbis
    mulierum ?
    an Francofurti ? Ibid. Nihil tam rarum quàm vera superfœtatio,
    quam neq. unquam vidi, nec ullus ex nostris Senioribus : imò, eam non intelligo,
    utpote quæ mihi videtur impossibilis : unde factum puto, ut nullus ejus
    meminerit, quippe qui numquam eam videbit. Quæ contrà adferuntur à varijs,
    admodum mihi suspecta sunt, imò falsissima, nec me moratur eorum authoritas,
    quum putidissimè mentiantur : quod faciunt sæpissimè qui 2 Observationes 1 Medicas
    scribunt, præsertim ex Recentioribus. Sed nullus pudor in rebus.

    w.

    Ms BIU Santé no 2007, fo 97 vo.

    Pag. 100. lin. v. sub finem, lege Sapho Poetria.

    Pag. 101. lin. 13. scripto alieno. Ibid. lin. x. Avicenna, Albucasis.

    Pag. 102. per Imaginationem fieri conceptionem planè fabulosum est, et
    tanquam ridicula atque falsiss. fuit explosa narratio quædam Parisios delata
    ante annos 25. à sapientissimis Medicis Parisiensib. M. Nic. Pietreo,
    et M. Renato Moreau, quos ea de causa in consilium adhibui apud
    M. Petrum Seguinum, Antiquiorem Scholæ Magistrum : fuitq. nostrum
    consilium solemni Decreto Senatus Gratianopolitani confirmatum,
    adversus quendam impostorem, qui talem conceptionem supposuerat,
    et scripto peculiari tanquam veram finxerat, ut fucum faceret
    quibusdam Medicis Monspeliensibus.

    Pag. 104. lin. 4. quis sit iste Claudius, planè nescio.

    Pag. 105. Deusingij libellum de lacte numquam vidi. Cujus est ?

    Pag. 112. lin. 23. lege Anthropographia Riolani. Ibid.
    lin. v. ante finem, Io. Claudius de la Courvée. Ille est Medicus
    Gallus, qui 2 nunc se vivit in Polonia, 1 quem hîc olim novi : in
    comitatu 2 Serenissimæ Reginæ Polonorum, 1 Mariæ Gonzagæ.

    Pag. 141. lin. 18. quid sibi volunt ista duo nomina, Lusita-
    nus et Muretus ?
    de primo, an Amatus, an Zacutus ? de 2. an
    nullus mihi videtur fuisse Medicus, dictus Muretus.

    Pag. 143. lin.2. Bavium, an Bauhinum ? lin. 6. Ingol-
    stadiensi.

    Pag. 147. in medio. Ter vidi celebratam laryngotomiam in
    hac Urbe, me præsento ac præscribente : et semper successit, sed
    non absque summa peritia Chirurgi Operantis. 1. fuit in Monacho,
    2. in Aulico, præsentib. et in consilium, mecum adhibitis viris
    omni laude majorib. Magg. Nicolao Pietreo, et Renato Moreau,
    Doctorib. Medicis Paris. eruditissimis. 3. in quodam Mercatore
    Burdegalensi.

    Pag. 148. lin. 18. Anthropograph.

    Pag. 155. in medio. Vidi in hac Urbe juvenem quendam
    Pictaviensem, cui lingua exciderat à variolarum malignitate
    corrupta : et tamen loquebatur, et articulata voce fruebatur.
    De quo casu mirabili libellum Gallicum scripsit Marcus Duncanus,
    Medicus eruditissimus : sub titulo Aglossostomographiæ.

    Pag. 156. post medium. Cl. Senguerdij Disp. Physicas de
    Sceleto,
    nunquam vidi : utinam per Te possem habere.

    x.

    Ms BIU Santé no 2007, fo 98 ro.

    Pag. 197. lin. 24. pro sunt, legendum uni membranæ.

    Pag. 199. lin. x. Varolius. lin. xi. Chir.

    Pag. 203. lin. 14. lege Theodori Gazæ error.

    Pag. 209. lin x. Disputationes illas de Sceleto D. Senguerdij, num-
    quam vidi : sed quis modus habendi ?

    Pag. 210. lin. 23. courtoisie.

    Pag. 211. lin. 6. latet mendum in fine.

    Pag. 212. lin. 30. Ioan. Brodæus.

    Pag. 213. lin. ult. deprehendi.

    In toto opere multa supersunt
    sphalmata typographica, tua
    animadversione dignissima in
    alteram Editionem. Ignosce, Vir
    Cl. si tam liberè tecum
    loquor : quod si hac mea Epistola
    aliquid habeatur quod Tibi
    displiceat, eam proscinde, aut in
    ignem conijce, mihi enim perinde totum erit quidquid egeris, modò mihi
    amorem tuum, quod ardenter opto, constanter desrvaveris. Vive igitur
    Vir Cl. vale, et me, quod facis, amare perge, quem semper experieris
    Tibi et Cl. Plempio faventissimum et addictissimum, ut et Cl. viro D. Io.
    Ant. Vander Linden
    , apud Leidenses Professori eximio, mihiq. amicissimo :
    ad quem sæpius scribo, et per quem circum Parschalia, munusculum ali-
    quod mittam Tibi pro αντιδωρω ex ijs quæ hîc occurrent. Si v. hîc
    aliquid habeatur prostet quod cupias, scribe si placet, ut intelligam quænam sint
    illa sint, quæ mihi comparem, ut ad Te mittam. Iterum vale, et me
    ama,

    Tuum ex animo Guid. Patinum, Doct. med. Paris. et Prof. R.

    Datum Parisijs, die Veneris, 28. Ianu. 1661.


    Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Gerardus Leonardus Blasius, le 28 janvier 1661

    Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1187

    (Consulté le 29/03/2024)

    Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.