L. latine 170.  >
À Johannes Antonides Vander Linden,
le 23 juin 1661

[Ms BIU Santé no 2007, fo 104 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johannes Antonides Vander Linden, à Leyde. [a][1]

J’ai à peine plus à vous écrire que ce que je vous ai dit le 13e d’avril, [1] quand je vous envoyai la lettre de notre ami Petit. [2] On imprime son livre de Risu[2] et à Dijon celui de Henri Bourgeois de secanda vena κατ’ ίξιν. [3][3][4] Je pense et espère qu’ils paraîtront tous deux rapidement ; je vous les enverrai pour la nouvelle édition de votre Index[4][5] J’ai ici à vous envoyer les Quæstiones medico-legales de Paolo Zacchias, parues en deux tomes à Lyon ; [6] mais je n’ai pas encore le Galien[7][8] bien que cette veuve me le promette toujours dans un proche avenir. [9] J’ai vu ici le Speculum medicinæ practicum de Melchior Sebizius, récemment publié en deux tomes in‑8o[5][10] Je salue le très distingué et affectueux M. Rompf, [11] et vous recommande la lettre ci-jointe pour la remettre à M. Stevartus. [12] N’avez-vous pas vu la nouvelle Pharmacopæa Rostochiana[6][13] et quelques Opuscula nova de Caspar Bartholin qui, à ce qu’il m’a écrit, me les enverra prochainement ? [7][14] On imprime à Lugdunum Celtarum[8] in‑4o, un nouvel ouvrage posthume de Roderigo de Castro, professeur de Pise, de Signis morborum[9][15] N’avez-vous pas vu le Campus Elysius quæstionum medicarum, publié à Bruxelles par un médecin espagnol ? [10][16] Le Cardan complet en dix tomes in‑fo paraîtra dans l’année qui vient. [11][17] J’ai vu ici deux livres édités à Rome : l’un in‑fo, qui est un commentaire in Prognosticum Hippocratis, l’autre in‑4o, de Peste, dont l’auteur est un médecin français, natif de Bordeaux, Charles Valois Dubourgdieu, qui exerce la médecine à Rome. [12][18][19][20] M. Lantin, conseiller au parlement de Dijon, cherche ici un libraire qui éditerait in‑fo, à ses propres frais, quelques opuscules de feu M. Claude Saumaise, qui traitent de homonymis plantarum, de speciebus antiquorum, etc. [13] Le fils du très distingué auteur, qui est récemment mort tabide en sa Bourgogne, les a laissés au noble et savant M. Lantin pour qu’il les publie. [14][21][22][23]

Vive et vale, très éminent Monsieur.

De Paris, le 23e de juin 1661.

G.P., tout à vous. [15][24]


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johannes Antonides Vander Linden, ms BIU Santé no 2007, fo 104 ro.

1.

Lettre latine 166.

2.

Étourderie de Guy Patin : Pierre Petit n’a rien publié « sur le Rire », mais on imprimait alors ses de Lacrymis libri tres [trois livres sur les Larmes] (Paris, 1661, v. note [8], lettre 717).

3.

« sur la nécessité de la phlébotomie du même côté que la lésion » (dans les « inflammations internes »), ouvrage de Henri Bourgeois resté inédit (v. note [1], lettre 702).

4.

Troisième édition, alors en préparation, des de Scriptis medicis libri duo [Deux livres sur les Écrits médicaux] de Johannes Antonides Vander Linden (Amsterdam, 1662, v. note [29], lettre 925).

Dans sa préface, Vander Linden y reconnaît l’aide qui lui a été procurée par :

excellentissimo D. Guidone Patino, Doctore medico Parisiensi ac Professore Regio, viro, supra quam aut dici queat aut quis nisi experiens credat, nato ad fovendum bonos et artes bonas, ac mihi præter modum et meritum amico.

[le très excellent Guy Patin, docteur en médecine de Paris et professeur royal, homme qui est né pour choyer les nobles arts et ceux qui les pratiquent, et mon ami au delà de la mesure et de ma valeur ; et ce à la fois plus qu’on ne peut le dire, et que ne croit celui qui ne le connaît pas].

Les notices consacrées à Henricus Citadinus (Henri Bourgeois, page 236) et à Petrus Petitus (Pierre Petit, page 533) ne citent pas (et pour cause) les deux ouvrages que Patin mentionnait ici ; sans envisager la possibilité que le premier fût le pseudonyme du second.

5.

V. notes :

6.

« Pharmacopée de Rostock » :

Catalogus Medicamentorum omnium, tam Simplicium quam Compositorum, ut et Chymica arte Præparatorum, quæ in Pharmacopolio Rostochiensi extant, ajecto cujuscunque Medicamenti valore tolerabili…

[Catalogue de tous les médicaments, tant simples que composés, et aussi préparés par l’art chimique, qui se trouvent dans la Pharmacie de Rostock, avec le prix acceptable de chacun d’entre eux…] {a}


  1. Rostock, Johann Richel, 1659, in‑4o) : ouvrage bilingue, latin et allemand, qui procure sans autre commentaire la liste complète et le prix courant des médicaments disponibles à Rostock.

La lettre que Guy Patin confiait aux bons soins de Johannes Antonides Vander Linden, à l’intention de David Stevartus, n’a pas laissé de trace (v. note [10], lettre latine 143).

7.

Nouvelle étourderie de Guy Patin qui a écrit Caspar Bartholin (mort en 1629) au lieu de Thomas (v. note [5] de sa lettre datée du 20 avril 1661) : les « Opuscules nouveaux » qu’il publiait alors étaient les ve et vie centuries des Historiarum anatomicarum [Observations anatomiques] (Copenhague, 1661, v. note [18], lettre 352).

8.

« Lyon des Celtes » pour la distinguer de Lugdunum Batavorum, « des Bataves », c’est-à-dire Leyde (v. note [9], lettre latine 35).

9.

« sur les Signes des maladies » : v. note [8], lettre 709, pour le Syntaxis prædictionum medicarum [Ordonnance des prédictions médicales] d’Estevan Roderigo de Castro (Lyon, 1661), auteur qui était mort en 1637.

10.

V. note [8], lettre 717, pour l’Elysius iucundarum quæstionum Campus [Champ Élysée de questions plaisantes] de Gaspar dos Reis Franco (Bruxelles, 1661).

11.

V. note [8], lettre 749, pour les « Œuvres complètes » de Jérôme Cardan (Lyon, 1663, par les soins de Charles Spon).

12.

Le médecin pontifical français Charles Valois Dubourgdieu (Carolus Valesius) n’est connu que par trois livres qu’il a publiés.

13.

« des homonymies des plantes, des manières des anciens, etc. » : v. infra note [14], pour un éclaircissement sur ces traités de Claude i Saumaise.

14.

Ce « très distingué fils de l’auteur » [Cl. Authoris Filius] était Claude ii Saumaise, sieur de Saint-Loup, 2e fils de Claude i.

M. Le Goux a donné un éloge de son collègue et ami Jean-Baptiste Lantin (1620-1695), conseiller au parlement de Dijon en 1652, dans le Journal des Sçavans (1695, no xvii, pages 200‑203) ; on y lit (page 203) que Lantin :

« avait promis de traduire l’Anthologie copiée par M. Saumaise sur l’exemplaire manuscrit d’Heidelberg, et d’y joindre un commentaire pour expliquer les épigrammes les plus difficiles. {a} La copie de ce manuscrit lui avait été mise entre les mains avec les autres écrits de M. Saumaise, en exécution du testament de M. de Grigny, son fils aîné, {b} afin qu’il prît soin avec M. de La Mare, conseiller au parlement de Dijon, de les donner au public. Ce fut pour cet effet que M. Lantin envoya depuis aux deux autres fils de M. Saumaise retirés en Hollande le traité que M. leur père avait laissé sur les plantes de même nom. Ils en procurèrent eux-mêmes l’impression à Utrecht, avec une docte préface de M. Lantin. {c} Comme il avait eu de fréquentes et longues conversations avec M. Saumaise, il avait recueilli quantité de bons mots et de remarques d’érudition sorties de sa bouche. Il aurait pu en faire un juste volume. »


  1. L’abbé Papillon (tome premier, page 383) relate que Jean-Baptiste Lantin « était lié d’une amitié intime avec Claude [i] Saumaise qui le vit tous les jours pendant l’espace de quatre années consécutives [1641-1645] que ce grand critique passa à Dijon. Saumaise faisait tant de cas de ses lumières qu’il lui avait confié l’Anthologie copiée de sa main sur un manuscrit d’Heidelberg, afin que M. Lantin l’éclairât par un savant commentaire. »

    Robert Aubreton a consacré un article de 45 pages à La tradition de l’Anthologie Palatine du xvie au xviiie s. (Revue d’Histoire des Textes, bulletin no 11 [1981], 1983). Il y détaille la contribution de Saumaise à son édition.

  2. Dans sa lettre du 22 mai 1657 à Hugues ii de Salins, Guy Patin n’a guère laissé planer de doute sur le fait que le sieur de Grigny et Claude ii Saumaise, sieur de Saint-Loup, étaient alors une seule et même personne. Deuxième fils de Claude i Saumaise, Claude ii était devenu son fils aîné après la mort de son frère le plus vieux, Bénigne-Isaac, en 1655 (v. note [15], lettre 458) et avait alors hérité de la seigneurie familiale de Saint-Loup. Le beau-père de Claude i Saumaise, Josias Mercier portait le titre de sieur de Grigny, localité (située dans l’Essonne, à 23 km au sud-est de Paris) où la famille possédait une propriété ; Claude i Saumaise et son épouse y ont plusieurs fois séjourné (v. notule {f}, note [5], lettre 95).

  3. V. note [5] de la biographie de Claude ii Saumaise, sieur de Saint-Loup, pour les Exercitationes [Essais] de son père de homonymis Hyles iatricæ… [sur les homonymies d’Hylès, le centaure médecin…] (Utrecht, 1689), qui contient aussi une réédition du traité de Manna et saccharo [de la Manne et du sucre] (publié à Paris pour la première fois en 1663, v. note [16], lettre 95, avec l’aide de Guy Patin, v. note [5], lettre latine 254).

    L’épître dédicatoire est intitulée Celsis ac Præpotentibus Fœderatæ Belgicæ Ordinibus nec non Illustri ac Potenti ejusdem Fœderatæ Belgicæ Senatui Ludovicus Salmasius Claudii Filius dedicat consecratque [Louis Saumaise, (quatrième des cinq) fils de Claude (i), dédie et consacre (cet ouvrage) aux très brillants et très puissants Ordres des Provinces-Unies ainsi qu’à leur puissant Sénat], et signée Hagæ Comitis m dc lxxxviii [de La Haye, 1688]. Elle annonce le contenu de l’ouvrage :

    Ille in Plinium summo per complures annos studio commentatus fuerat, pars præcipua et utilissima, cum ad illam naturalis Historiæ partem pertineat, quæ in Herbariæ rei ac remediorum cognitione versatur.

    [Pendant de nombreuses années, il (Claude i Saumaise) avait fait des commentaires sur Pline (l’Ancien) ; la partie principale et la plus utile, pour ce qui touche à cette section de l’histoire naturelle, en est consacrée à la botanique et à la connaissance des remèdes].

    Cette épître est suivie des Joannis Baptistæ Lantini, Senatoris Diovionensis, ad Commentarium de homonymis Hyles Jatricæ Prolegomena [Préface de Jean-Baptiste Lantin, conseiller au parlement de Dijon, pour le commentaire sur les homonymes d’Hylès, le centaure médecin].

15.

La note de Guy Patin qui suit le brouillon de cette lettre à Johannes Antonides Vander Linden n’en faisait pas partie ; en voici la traduction :

« “ Au très distingué M. Johan Georg Volckamer, docteur en médecine à Nuremberg.

Tandis que j’attends de vos nouvelles, etc. ” Je lui ai écrit ce 1er de décembre 1661, par la voie de M. Vander Linden, mais je n’en ai gardé aucune copie ; il m’a seulement fait entendre que ma lettre avait été aspergée d’eau, etc. »

Insignifiant en apparence, ce mémorandum montre que Guy Patin ne conservait pas les brouillons ou copies de toutes ses lettres (comptant sur sa bonne mémoire pour s’en rappeler l’existence et même les premiers mots), et que les aléas de leur transport provoquaient parfois leur perte (ici une destruction par dégât des eaux).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 104 ro.

Clariss. viro D.D. Io. Ant. Vander Linden, Leidam.

Vix habeo quod ad Te scribam, præter ea quæ scripsi 13. Aprilis, cum
ad Te misi Epistolam nostri Petiti : cujus novus liber excuditur de Risu,
ut et alter Divione, Henr. Citadini de secanda vena κατ’ ιξιν. Puto
ac spero utrumque brevi proditurum, quos statim ad Te mittam pro tui
Indicis nova editione. Hîc habeo P. Zacchiæ Quæst. Medicolegales, 2. tomis
edit. Lugd. Tibi mittendas : Galenum v. nondum habeo : licet ista vidua
semper in proximum polliceatur. Hîc vidi M. Sebizij Speculum Medicinæ practicum,
2. tomis in 8. nuper editum. Cl. et amantissimum virum D. Romphium saluto,
et hîc inclusam commendo tradendam D. Stuart. Vidistine ne novam
Pharmacopæam Rostochianam ? et aliquot Opuscula nova Casp. Bartholini,
quæ scripsit ad me proximè missurum. Lugduni Celtarum currit sub prælo,
in 4. novum Opus posthumum Rod. Castrensis, Prof. Pisani, de signis
morborum. Vidistine Campum Elysium Quæst. Medicarum, Bruxellis editum,
authore quodam Medico Hispano. Ante annum prodibit Cardanus totus, x.
tomis in folio. Hîc duos vidi libros Romæ editos, unum in folio, qui est commen-
tarius in Prognosticum Hipp.
alterum in 4. de Peste : authore quodam Medico
Gallo, Burdegadelensi, Carolo Valesio du Bourgdieu, qui Romæ Medicinam profitetur.

Vive, et vale, vir præstantissime. Parisijs, 23. Iunij, 1661. Tuus totus G.P.

Quæritur hîc Bibliopola, à D. Lantin, Senatore Divionensi, qui proprijs
sumptibus edat in folio aliquot Opuscula του μακαριτου Cl. Salmasij :
qui sunt de homonymijs plantarum, de speciebus antiquorum, etc. Cl.
Authoris Filius, qui nuper obijt in Burgundia sua tabidus, isthæc edenda
reliquit D. Lantin, viro nobili et literato. Vive, etc.

Clar. viro D.D. Io. G. Volcamero, Medicinæ Doctori, Noribergam.

Dum tuas expecto, etc. scripsi ad illum die 1. Dec. 1661. Per Dominum de Lindenam, sed
nullum retinui exemplar, utpote quæ dumtaxat ραϊομον meam significabat, etc.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johannes Antonides Vander Linden, le 23 juin 1661

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(Consulté le 24/04/2024)

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