L. latine 203.  >
À Willem Canter,
le 11 juillet 1662

[Ms BIU Santé no 2007, fo 111 ro | LAT | IMG]

Au très distingué Willem Canter, docteur en médecine à Utrecht.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Votre lettre m’a été fort agréable. Je promets que je prendrai soin de votre compatriote chirurgien que vous me recommandez. J’irai donc le voir chez l’hôte qui le loge dans le faubourg Saint-Germain. [2][3][4] Assurez bien son père, qui est natif de France, que si je puis contribuer à l’instruction et à l’éducation de son fils, je le ferai très volontiers. [1] Je n’oserais pas promettre mon Liber practicus ou Particularis medendi Methodus[2][5] car le loisir me manque de toute part. Depuis le moment où vous avez quitté la France, j’ai été fait doyen de la Faculté, [6] j’ai déménagé de ma maison trop petite dans une plus grande, [7] et après le décès du très distingué M. Jean Riolan, [8] sur la volonté du souverain, [9] j’ai été fait professeur royal ; [10][11] ce qui a fait que je dois enseigner publiquement dans le Collège royal de Cambrai avec un si grand concours d’auditeurs que je n’aurais jamais pu l’imaginer. [12][13] À de tels empêchements, quantité d’autres s’ajouteront peut-être, ut labor laborem et vara vibiam sequitur[3][14] Je publierai pourtant quelque livre dans les quelques prochaines années si Dieu m’accorde de vivre et d’avoir du loisir ; mais en attendant, vous, très distingué Monsieur, vive et vale, et continuez de nous aimer.

De Paris, le 11e de juillet 1662.

Votre Guy Patin de tout cœur. [4]


a.

Brouillon manuscrit d’une lettre que Guy Patin a dictée à l’intention de Willem Canter, ms BIU Santé no 2007, fo 111 ro ; seules trois corrections sont de la plume de Patin.

1.

V. note [3], lettre latine 202, pour le jeune Johann Droüard d’Utrecht qui était triplement recommandé à Guy Patin : par son père (de prénom inconnu), par Christiaen Utenbogard et par Willem Canter.

2.

Ce « Livre de pratique » ou « Méthode particulière pour remédier » de Guy Patin est resté à l’état de projet, ou du moins, n’a jamais vu le jour et n’a pas laissé de trace manuscrite complète. Il en nourrissait le dessein depuis au moins 1647 (v. note [24], lettre 186, pour le long titre qu’il souhaitait lui donner en 1649). À ce qu’il en a écrit dans sa correspondance, l’objectif principal était de prôner la saignée, et de prouver l’inutilité et les dangers des médicaments purgatifs de trois sortes : ceux que composaient les apothicaires en mélangeant les substances, ceux qui venaient des Arabes (hormis le séné) et ceux que fabriquaient les chimistes.

3.

« étant donné que le labeur succède au labeur et que le plancher suit la poutre [un mal suit l’autre] : Ausone, v. note [4], lettre 915. »

4.

Notre édition ne contient que cette lettre de Guy Patin à Willem Canter et leur correspondance a pu se limiter à ce seul échange de pure courtoisie.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 111 ro.

Cl. Viro Gul. Cantero, Med. Doctori. Ultrajectum.

Pergratæ mihi fuerunt litteræ tuæ, Vir Cl. vestratis chirugi
à Te mihi commendati polliceor me curam habiturum,
ideóque illum invisam apud herum cum quo moratur in
sub
urbio S. Germani : de quo certum facis ejus Parentem,
gente Gallum : ad ejus Filij educationem et instructionem
si quid possim conferre, libentissimè faciam. Librum meum
Practicum, sive particularem medendi m
Methodum non ausim
polliceri, propter otium quod ex omni parte mihi deest :
ab eo tempore quo abijsti è Gallia, factus sum Decanus
facultatis, ædes meas angustiores amplioribus commutavi :
atque post decessum Cl. Viri, D. Io. Riolani, Rege
sic volente,
Professor Regius factus sum, ex quo mihi publicè docendum fuit
in aula Regia Cameracensi, maximo, quod vix unquam
credidissem, Auditorum concursu : talibus impedimentis forsan
et alia succedent, ut labor laborem et vara vibiam sequitur :
aliquid tamen præstabo intra aliquot annos si Deus vitam
et otium indulgerit. Interea v. Tu Vir Cl. vive, et vale, nosque
amare perge. Parisijs, x. Iulij, 1662.

Tuus ex animo Guido Patin


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Willem Canter, le 11 juillet 1662

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(Consulté le 29/03/2024)

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