L. latine 272.  >
À Christiaen Utenbogard,
le 21 décembre 1663

[Ms BIU Santé no 2007, fo 154 ro | LAT | IMG]

Très distingué Monsieur, [a][1]

À la lettre déjà écrite et cachetée pour vous être envoyée, voici que j’en joins une seconde, qui répond à votre dernière, datée d’Utrecht, le 12e de décembre, que j’ai reçue aujourd’hui par la poste ; [1] voie dans laquelle je n’ai certes pas voulu persister, comme étant fort incommode et onéreuse. Quand vous voulez m’écrire, envoyez donc vos lettres à notre ami M. Vander Linden, professeur à Leyde ; [2] il dispose d’un moyen sûr, rapide, avantageux et également court pour en faire parvenir ici, car il a à Paris un fils qui s’applique à étudier la médecine. [3]

J’ignore tout à fait qui est ce M. Lalain ; je ferai pour lui comme je fis des deux autres dont je vous avais écrit : c’étaient un père et son fils, le premier maître des comptes à Paris[4] et le second conseiller en la Cour de Parlement, de la cinquième des Enquêtes ; [5] on les appelle tous deux Monsieur Leschassier, et le père est premier directeur de l’Hôpital Général, et un des premiers de la Chambre des comptes[2][6] J’ai donc vu M. Voest, mais ne m’en souvenais pas ; [7] Dieu le préserve, et saluez-le de ma part. Je salue aussi MM. les deux très distingués Desmarets ; [3][8][9] j’ai depuis longtemps vénéré le très estimable père que je tiens pour une grande étoile. Puisse tout bien aller pour eux deux ; si je puis leur rendre quelque aimable service pour le procès qu’ils ont ici, je le ferai de très bon cœur, en espérant pouvoir leur être utile. J’ai chez moi de nombreux fruits que ce très savant père a tirés de ses veilles ; [4] je me délecte fort à les lire dans les heures que j’ai de reste, et j’en suis toujours sorti meilleur. Malheur à ceux qui se trompent si impudemment en matière sacrée, qui occultent la lumière du plein midi et qui veritatem in iniustitia detinent[5][10] Il y a quelques jours, le commis de M. van Ganguel m’a avisé que des livres allaient bientôt lui arriver de la ville de Saint-Valéry [11] (ce sont sans doute les quatre que l’attends) ; [6][12] il a dit qu’il me les apporterait dès qu’il les aurait reçus ; mais je m’en enquerrai demain matin, quand j’irai le voir pour qu’il vous envoie cette lettre-ci. À la première occasion et dès que je pourrai, je vous enverrai l’opuscule de Saumaise de Manna et saccharo, qui est incomplet et mutilé, [13][14][15] avec d’autres que je vous destine, ainsi que le livre de Jacques Cornuti, l’un de mes collègues, de Plantis Canadensibus ; [7][16] s’il avait vécu plus longtemps, il en aurait écrit d’autres et de meilleurs, mais il est mort durant mon décanat, le 23e d’août 1651, âgé de 50 ans. [17]

[Ms BIU Santé no 2007, fo 154 vo | LAT | IMG] Le livre de Saumaise est court, il s’attaque à beaucoup de questions sur la manne, mais ne conclut pas : il laisse son lecteur dans le doute, il y mêle beaucoup de mots arabes, et tire beaucoup de choses d’eux, bien que toute notre manne ne soit pas de cette nature et qu’elle n’ait rien de commun avec cette origine. [8] J’ai donné jadis quelques leçons, où je distinguais quatre sortes de manne. La 1re est la manne des Hébreux ou des Chaldéens, parce qu’elle était tombée en pluie sur les fils d’Israël s’enfuyant d’Égypte et errant en Arabie, et ce fut pour eux la nourriture miraculeuse dont il est parlé dans l’Exode, et dont on lit beaucoup de choses chez ses commentateurs. [18][19] La 2e est la manne des Grecs, [20] de Dioscoride [21] et de Galien ; [22] ce sont des miettes d’encens écrasé. La 3e est la manne des Arabes, [23] qui se condense quelquefois dans les régions très chaude après les nuits froides, mais en petite quantité ; en raison de l’éloignement des lieux, elle n’est jamais transportée chez nous ; ajoutez à cela que c’est un médicament très anodin et très doux, qui purge légèrement, pour les enfants et les femmes enceintes ; mais puisqu’une telle manne n’existe pas en toute l’Europe, pas même en Calabre, je ne la prends pas en compte. Les marchands italiens, vauriens rusés et fourbes, boutiquiers très madrés, y ont substitué une 4e manne, qui est celle d’aujourd’hui, avec laquelle ils jettent de la poudre aux yeux de toute l’Europe ; [24] ils la composent avec du sucre liquéfié, et pas du meilleur, du miel clarifié et de la scammonée ou du suc de tithymales, etc. [25][26][27] Il ne se recueille pas en une année entière dans toute l’Arabie une quantité si grande que celle qu’on vend aujourd’hui et qui se trouve aujourd’hui dans l’officine d’un seul de nos boutiquiers. Notre manne n’est donc pas la véritable et légitime manne, mais un médicament fabriqué et frelaté qui trompe aujourd’hui bien des gens, par la stupidité et le laxisme des médecins. Je vous concède tout cela, etc. Voilà pourtant tout ce que je soumets à votre jugement aiguisé et à votre amicale censure. Pour ma part, je n’utilise ce remède qu’en fort petite quantité et rarement car il purge énergiquement en liquéfiant, il ne retranche que des eaux, il augmente l’ardeur fébrile, il excite la soif, etc. ; effets qui sont les marques d’un médicament funeste, et même très mauvais. Je salue le très distingué M. Marten Schoock, [28] et tous ses fils ; [29][30] j’aurai et choierai tout ce qu’il publiera désormais, mais l’attendrai patiemment. J’ai reçu son livre de Fermentatione, j’admire son érudition singulière et si vaste. Je puis véritablement proclamer à son sujet ce que jadis Cicéron, dans ses Lettres à [Ms BIU Santé no 2007, fo 155 ro | LAT | IMG] Atticus[31] a dit de Varron, le plus savant des nobles romains : [32] Mundus is ; [9] il me semble en effet tout savoir, tout connaître, tout comprendre. Dieu fasse qu’un si grand homme vive longtemps et en bonne santé. Je voudrais donc que vous le saluiez de ma part et lui fassiez souvenir d’envoyer ici son fils vers la fin de mars, au printemps nouveau, pour qu’il voie, parcoure et inspecte notre ville, qui est comme l’égale d’un monde, ou plutôt comme un abrégé du monde. Je l’accueillerai en ami, je le recevrai et le nourrirai splendidement, et il séjournera ici chez nous aussi longtemps qu’il le désirera, pendant six mois, pendant un an, s’il veut, et sans avoir aucune dépense à faire : sunt nobis mitia poma, castaneæ molles, etc. [10][33] dona laboratæ Cereris, nec munera Bacchi, nobis deerunt[11][34][35] ni les autres choses nécessaires à la vie. Il verra notre roi et toute la cour si florissante ; [36] jamais il ne regrettera d’avoir vu notre Parlement et les autres compagnies de la ville, et aussi leurs parures et ornements particuliers. Pensez donc à bien l’en aviser. [12] M. Joncquet [37] est mon ami et, avec son aide, j’espère avoir quelque chose venant de ce Jardin royal dont le premier médecin du roi lui a confié le soin. [38][39] Écrivez-moi donc ce que vous désirez, afin que je m’arrange avec lui pour vous l’obtenir. Je n’ai rien voulu vous promettre ni laisser espérer quoi que ce soit venant de Guénault [40] car il n’est ni l’ami de Joncquet [13] ni le mien ; c’est un vieillard, presque octogénaire, tout entier occupé à l’argent et établi dans l’espoir du gain, même le plus ignoble, étant lui-même tout à fait infâme, etc. Je me souviens avoir vu cet Hortus Blesensis, imprimé in‑fo ; [41][42] je l’ai négligé à l’époque parce qu’il était alors question de le rééditer, ce qui se serait sans doute fait si le malencontreux antimoine [43] de Guénault, médicastre cacochyme et vaurien de la pire espèce, n’avait misérablement frappé de mort prématurée Gaston, duc d’Orléans, oncle du roi. [14][44] Mes fils vous saluent et vous font leurs compliments. [45][46] Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

De Paris, ce vendredi 21e de décembre, qui est le jour même du solstice d’hiver, 1663.

Vôtre de tout cœur, etc., G.P.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite sans dire à qui il s’adressait : ms BIU Santé no 2007, fos 154 ro‑155 ro ; le destinataire était Christiaen Utenbogard, pour qui Patin reprenait la plume après sa lettre de la veille, mais celle-ci est trop longue pour en faire un simple post-scriptum de la précédente.

1.

Les mots non latins mis en italique sont en français dans le manuscrit.

Guy Patin avait écrit et cacheté la veille sa précédente lettre à Christiaen Utenbogard.

2.

V. notes [3], lettre latine 264, et [1], lettre latine 271, pour le récent voyage de Christophe et Robert Leschassier en Hollande où ils avaient rendu visite à Johannes Antonides Vander Linden et à Christiaen Utenbogard, sur les bonnes recommandations de Guy Patin. Bien qu’il ne le connût pas, il agissait ici de la même façon pour un M. Lalain qui n’est pas réapparu dans sa correspondance.

L’article iii de l’Édit d’établissement de l’Hôpital général, daté d’avril 1656 (v. note [5], lettre 1007) commence par ces mots du roi :

« Nous avons aussi commis et commettons avec eux {a} pour directeurs et perpétuels administrateurs nos amés et féaux Christophe Leschassier, notre conseiller et maître ordinaire en notre Chambre des comptes, […]. »


  1. Avec Pomponne ii de Bellièvre, premier président du Parlement, et Nicolas Fouquet, procureur général, que le roi nommait présidents de la direction de l’Hôpital général.

3.

De retour en Hollande, Abraham Voest ou Woest (Woust, ici, dans le manuscrit), ami de Christiaen Utenbogard (v. note [3], lettre latine 257), avait dû lui raconter que, sur sa recommandation, il était allé voir Guy Patin, mais cette visite ne lui avait pas laissé de souvenir (ou lui avait peut-être été désagréable).

Du mariage de Samuel Desmarets (v. note [14], lettre 76) avec Abigaïl Legrand étaient nés deux fils, prénommés Henri et Daniel. Après avoir été avocat à Paris, Henri (vers 1630-1725) était devenu en 1652 pasteur en Hollande ; depuis 1662, il exerçait son ministère à Delft.

4.

V. note [2], lettre latine 219, pour une marque du grand intérêt que Guy Patin portait aux ouvrages de Samuel Desmarets. Dans sa très volumineuse bibliographie je n’ai trouvé aucun titre contenant le mot elucubrationes (plus communément écrit lucubrationes), qui signifie fruits des veilles studieuses (v. note [2], lettre de François Citois datée du 17 juin 1639).

Le procès des Desmarets à Paris n’a pas laissé de traces que j’aie su trouver.

5.

« retiennent la vérité captive de l’injustice » ; emprunt à saint Paul (Épître aux Romains, 1:18) :

Revelatur enim ira Dei de cælo super omnem impietatem et iniustitiam hominum eorum qui veritatem in iniustitiam detinent.

[Car la colère de Dieu se révèle du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes, dont ceux qui retiennent la vérité captive de l’injustice].

L’invective de Guy Patin a une portée générale, mais pouvait ici plus spécifiquement viser le théologien Gisbertus Voetius, virulent ennemi de Samuel Desmarets et de Christiaen Utenbogard (v. sa lettre datée du 21 août 1656).

6.

Saint-Valéry pouvait être Saint-Valéry-en-Caux (Normandie) ou Saint-Valéry-sur-Somme (Picardie, v. note [5], lettre 850), qui étaient deux ports par où les marchandises venues de Hollande pouvaient arriver par mer.

M. van Ganguel (prénom inconnu) était un marchand ou banquier hollandais installé à Paris. Il apparaît trois fois comme intermédiaire dans les échanges entre Guy Patin et Christiaen Utenbogard. On saura ultérieurement que son commis se prénommait Isaac.

7.

V. notes :

8.

Les nombreux termes arabes du texte de Saumaise sont transcrits en caractères romains. Le livre commence par l’étymologie (pages 1‑2) :

Mannam Arabes vocant Man, mellis genus aërii, quod in certarum arborum folia e cælo cadit. Notum est et Hebræorum Man. Quod interpretes dixerunt Μανναν, Mannam. Chaldæus Manna. Arabium quoque interpretes illud Man, quod pro aërio vel roscido melle sumitur, vocaverunt Manna.

[Les Arabes appellent man la manne, sorte de miel aérien qui tombe du ciel sur les feuilles de certains arbres. Elle est aussi connue des Hébreux sous le nom de man. {a} Les traducteurs l’ont appelée manna en grec comme en latin, qui est aussi son nom chaldéen. Les traducteurs des Arabes ont pareillement appelé manna cette man, qu’on tient pour être le miel aérien ou de rosée]. {b}


  1. Littré (DLF) ne connaît que le mot hébreu, sans citer d’étymologie arabe.

  2. V. note [15], lettre latine 109, pour ce miel que Galien appelait drosomel ou aeromel.

Insatisfait de ce qu’il avait lu dans le livre de Saumaise, Guy Patin allait donner à Christiaen Utenbogard sa classification de la manne, telle qu’il l’avait déjà écrite à Florio Bernardi dans sa lettre du 11 octobre 1658, et qu’on la lit dans sa Leçon au Collège de France sur la manne.

9.

« Il est un monde à lui tout seul », passage difficile et discuté, à la fin de la lettre xxvi, livre xv des Lettres à Atticus de Cicéron :

Varroni, quemadmodum tibi mandavi, memineris excusare tarditatem litterarum mearum. Mundus is. Tu M. Ennius quid egerit de testamento (curiosus enim) facias me velim certiorem..

[N’oublie pas de faire mes excuses à Varron {a} pour le retard que je mets à lui répondre. Il est un monde à lui tout seul. Renseigne-moi plus précisément (car j’en suis crurieux) sur ce que M. Ennius fait de son testament]. {b}


  1. V. note [1], lettre 14, pour Varron, Cicéron et Atticus.

  2. Mundus is est la formule lapidaire que Guy Patin a précédemment utilisée (v. note [2], lettre 14) en la développant : Is est mundus doctrinæ et thesaurus eruditionis locupletissimus [C’est un monde de science et le plus opulent trésor d’érudition].

    La citation se lit ainsi à la en bas de la page 568, première partie, des M. Tullii Ciceronis Epistolæ ad T. Pomponium Atticum ex fide vetistissimorum codicum emendatæ, studio et opera Simeonis Bosii Prætoris Lemovicensis… [Lettres de M. Tullius Cicéron à T. Pomponius Atticus, corrigées sur la foi des plus anciens manuscrits, par les soins et le travail de Simeo Bosius, magistrat de Limoges] {i} (Limoges, Hugo Barbous, 1560, in‑8o), avec ce commentaire (seconde partie, pages 350‑351) :

    Corrupte, ante editionem nostrum, hîc legebatur, Mundus istum. M. Ennius quid egerit etc. nos, auctore Crusellino, emendavimus, Mundus is. Tu, M. Ennius quid egerit etc. στικτεον enim post, Mundus is. Varronem scribit mundum esse, non quod purus et nitidus sit, sed quod suis libris res omnes divinas, et humanas, tanquam mundus, complexus sit. Scripserat enim Varro libros rerum divinarum, et rerum humanarum, ut ex Nonnio, et antiquis auctoribus, qui eos libros citant, intelligimus.

    [Par corruption, avant notre édition, se lisait ici Mundus istum. M. Ennius quid egerit, etc., {i} que nous avons corrigé, d’après Crusellinus, {ii} en Mundus is. Tu, M. Ennius quid egerit etc., car il y a un point après Mundus is. Il {iii} écrit que Varron est un monde à lui seul, non parce qu’il est lumineux et brillant, mais parce qu’en ses livres, il a réuni toutes les affaires divines et humaines, comme pour en faire un monde. Varron avait en effet écrit des livres des affaires divines et des affaires humaines, comme nous l’apprenons de Nonius {i} et des anciens auteurs qui citent ses ouvrages].

    1. Siméon Dubois ou Du ,Boys (1536-1581), lieutenant général du procureur du roi au siège présidial de Limoges, a correspondu avec Joseph Scaliger.

    2. Une édition de référence aujourd’hui (Nisard, 1841) donne Mundus iste cum M. Ennio quid egerit de testamento… et traduit par « Puisse Mundus avoir raison de celui dont vous me parlez ! Donnez-moi quelques détails… », où Mundus devient le nom propre d’un homme.

      V. infra pour la variante et la justification données par Mongault.

    3. Pierre Crouzeil, docteur en médecine de Poitiers compatriote et contemporain de Bosius, qui a rédigé des commentaires sur le texte de Cicéron.

    4. Cicéron.

    5. Nonnius ou Nonius Marcellus, grammairien latin du ive s.

    Dans les Lettres de Cicéron à Atticus. Avec des remarques, et le texte latin de l’édition de Grævius, {i} par M. l’abbé Mongault {ii} de l’Académie française, et ci-devant précepteur de Monseigneur le duc d’Orléans. Nouvelle édition, revue et corrigée (Paris, veuve Delaulne, 1738, in‑12, tome sixième, page 375), ce passage est transcrit en Mundus istum. M. Ennius quid egerit, etc., et traduit en : « Je souhaite que Mundus l’emporte sur celui dont vous parlez. Mandez-moi, je vous prie, le détail du testament de M. Ennius… », avec cette note 5 :

    « Cicéron ne parle souvent qu’à demi-mot, surtout lorsqu’il s’agit de quelque affaire dont Atticus lui avait écrit ; ainsi, on ne peut que deviner. Après Mundus istum, on peut sous-entendre vincat ou exerceat ; car il paraît par la vingt-neuvième lettre de ce livre que Cicéron s’intéressait à cette affaire de Mundus. Bosius lit ici, après un de ses manuscrits, mundus is. Tu etc., et il dit que Cicéron appelle ainsi Varron à cause de sa grande érudition, quod suis libris res omnes divinas et humanas tanquam mundus complexus sit ; {iii} cela est bien tiré. Ce que fit Cicéron dans la vingt-neuvième lettre, où il ne s’agit plus de Varron, de Mundo si quid scies, {iv} fait voir que Mundus est certainement ici un nom propre. Pline, dans son dix-septième livre, cite un Dorsenus Mundus, et ce nom se trouve aussi dans Horace. »

    1. Johann Georg Grævius (1632-1703).

    2. Nicolas-Hubert Mongault (1674-1746).

    3. V. supra pour le commentaire complet de Bosius.

    4. « si tu sais quelque chose de Mundus ».

    L’emprunt de Patin n’a de sens qu’avec l’interprétation de Bosius, où Mundus est un nom commun, signifiant « monde ».


V. note [3], lettre 723, pour le traité de Marten Schoock « sur la Fermentation » (Groningue, 1663).

10.

Virgile (Bucoliques, églogue i, vers 79‑81):

Hic tamen hanc mecum poteras requiescere noctem
fronde super viridi, sunt nobis mitia poma,
castaneæ molles et pressi copia lactis
.

[Cependant, tu peux cette nuit reposer avec moi sur un lit de feuillage ; nous avons des fruits savoureux, des châtaignes tendres, et du lait en abondance].

11.

« ne nous manqueront ni les dons de la laborieuse Cérès ni les présents de Bacchus » ; Virgile (Énéide, chant viii, vers 179‑181) :

Tum lecti iuvenes certatim aræque sacerdos
viscera tosta ferunt taurorum onerantque canistris
dona laboratæ Cereris Bacchumque ministrant
.

[Alors le prêtre de l’autel et des jeunes gens choisis s’empressent d’apporter les chairs grillées des taureaux, chargent les tables des dons de la laborieuse Cérès et du vin de Bacchus]. {a}


  1. V. notule {b}, note [11], lettre 190, pour Cérès et Bacchus.

12.

Abraham Schoock (v. note [4], lettre latine 202), fils aîné de Marten, étudiait le droit. Il ne donna apparemment pas suite à l’invitation de Guy Patin.

13.

Guy Patin a ici répété le nom de François Guénault, mais le contexte autorise à le remplacer par celui de Denis Joncquet (v. note [7], lettre 549), démonstrateur au Jardin royal.

V. note [7], lettre latine 280 pour l’épître de l’Hortus regius [Jardin royal] (Paris, 1659) que Joncquet avait dédié à Guénault, alors l’un des plus influents médecins de la cour, avec le premier médecin du roi Antoine Vallot, qui administratait le Jardin.
14.

V. note [74], lettre 332, pour le « Jardin royal de Blois », par Abel Brunier (Paris, 1653 et 1655). Propriétaire du château de Blois, Gaston d’Orléans, frère puîné de Louis xiii, y était mort le 2 février 1660 en sa 52e année d’âge.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 154 ro.

Vir Clarissime,

Iam scriptæ ac obsignatæ Epistolæ ad Te mittendæ, ecce alteram
adjungo, postremæ tuæ responsoriam, datæ Ultraj. 12. Dec. quam hodie
accepi, par la poste : quam quidem viam ut iniquissimam, utpote
carissimam, noli amplius sequi : sed quum voles ad me scribere, mitte tuas
ad Amicum nostrum, D. Vander Linden, Professorem Leidensem, qui certam,
tutam et æquè brevem habet viam ac expeditam ad nos mittendi, propter
Filium quem hîc habet Medicinæ studijs operam dantem.

Quis sit ille D. Lalain, planè nescio : agam de illo cum alijs duobus,
pro quibus ad Te scripseram : illi sunt Pater et Filius : ille, Maistre
des Comptes à Paris
 : hic verò, Conseiller en la Cour de Parlement, de la
cinquiesme des Enquestes
 : uterque vocatur Monsieur Leschassier ; mais le
Père, est premier Directeur de l’Hospital General ; et un des premiers de
la Chambre des Comptes.
Ergo vidi Dominum Woust, nec memineram :
servet eum Deus, et saluta meo nomine. Cl. viros, utrumque D. Maresium
saluto : jamdudum colo Cl. Parentem tanquam magnum sidus : utrique bene
sit : si pro lite quam hîc habent, gratum aliquod officium illis præstare
possim, faciam libentissimè, et utinam prodesse possim : doctissimi Paren-
tis multas Elucubrationes hîc habeo : quarum lectione horis subsecivis
plurimum delector, et semper melior recessi : malis malè sit illis qui tam
impudenter fallunt in re sacra, qui lucem in meridie extinguunt, et
veritatem in injustitia detinent. Ante aliquot dies famulus Domini Van
Ganguel
mihi retulit, se brevi libros aliquot habiturum, ex oppido S de
Saint Valeri :
(haud dubiè sunt illi 4. quos expecto :) quos dixit se mihi
allaturum quamprimùm acceperit : sed de ijs inquiram quum hancce Tibi
mittendam, ad eum deferam, cras ante meridiem. Prima occasione et quam-
primum potero, mittam ad Te Opusculum Salmasij imperfectum et
mutilum, De Manna et Saccharo : cum alijs destinatis : ut et
Iac. Cornuti, Collegæ quondam mei librum de Plantis Canadensibus :
qui si diutius vixisset, alia eáq. meliora scripsisset, sed obijt ille in meo
Decanatu, anno 1651. die 23. Augusti, anno ætatis 50.

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 154 vo.

Liber Salmasij exiguus est, multa attingit dubia de Manna,
nec concludit : dubium suum lectorem relinquit, multa permiscet,
Arabica, et de ex Arabibus multa producit : quamvis totum nostrum Manna
non accedat ad ejus naturam, nec quidquam habeat commune cum genere.
Dedi olim in Auditorio regio lectiones aliquot, in quib. quadruplex
Manna constituebam : 1. est Manna Hebræorum seu Chaldæo-
rum,
quod pluebat in deserto filijs Israel, egressis ex Ægypto,
ac errantibus per Arabiam ; et fuit illis cibus miraculosus : de qua
in Exodo : et apud Interpretes Exodi multa habentur. 2. est
Manna Græcorum, Dioscoridis et Galeni : sunt micæ thuris
elisæ. 3. est Manna Arabum, quod in calidissimis regionibus, post
frigidas noctes, aliquando colligitur, sed exigua copia : ad nos numquam
advehitur propter locorum distantiam : adde quod est levissimum medicamen-
tum, et lenissimum, quod blandè purgat, pueris et prægnantibus. Sed quia nullum
est in tota Europa, tale Manna, nequidem Calabriam excipio, insti-
tores Itali, versipelles et astuti nebulones, callidissimi seplasarij ;
ejus loco, 4. Manna nobis substituerunt, quod est hodiernum, ex
quo toti Europæ fucum faciunt, illúdq. componunt ex saccharo
liquato, non optimo, melle filtrato, et scammonio, vel succo tithy-
malilorum, etc. Nec tanta copia colligitur per annum integrum in universa
Arabia, verum istud Manna Arabum, quanta hodie vænale pro-
stat et hodie reperitur in officina unius ex nostris Seplasiarijs.
Ergo Manna nostrum non est verum ac legitimum Manna, sed
medicamentum fucatum et adulteratum, à quo, Medicorum socordia et
ignavia, multi hodie decipiuntur. Concedo totum, etc. quæ tamen
singula, limato tuo judicio ac amicæ censuræ subijcio : Ego illo vix
utor, et rarò : purgat enim fortiter colliquando, solas aquas detrahit,
caliditatem febrilem adauget, sitim excitat, etc. ^ quæ sunt notæ pravi/ imò pessimi medicamenti. Cl. Cl. virum D. Mart.
Schoockium
, et ejus filios omnes saluto : quidquid in posterum emittet
in lucem, habebo et amplectar, sed patienter expectabo : Ejus librum
de Fermentatione accepi : miror singularem ejus ac tam latè diffusam
eruditionem : de eo 2 possum 1 verè affirmare, quod olim Cicero, in Epistolis ad

u.

Ms BIU Santé no 2007, fo 155 ro.

Atticum, de Varrone, togatorum Romanorum doctissimo, Mundus is :
mihi enim videtur omnia scire, omnia nosse, omnia tenere : utinam vir tantus diu vivat
et valeat ; eum idcirco nomine meo salutes velim, moneásque ut hîc mittat
Filium suum circa finem Martij, vere novo, ut Urbem nostram quasi
parum Orbem, aut saltem quasi Orbis Epitomem, videat, lustret, inspiciat ;
amicè illum excipiam, et opipare habebo fovebóque, et hîc apud nos hære-
bit quamdiu volet, per sex menses, per annum, si voluerit, et absque ullis
sumptibus : sunt nobis mitia poma, castaneæ molles, etc. dona laboratæ
Cereris, nec munera Bacchi, nobis deerunt, nec alia ad vitam requisita.
Regem nostrum totámq. aulam florentissimam videbit : Senatum nostrum,
et alios Urbis ordines, imò ejus decora et ornamenta singula vidisse num-
quam dolebit : cogita ergo de illo monendo. D. Ioncquet est amicus meus,
et ejus ope spero me aliquid habiturum ex horto illo regio, cujus curam
sibi demandatam habet à primario Regis Medico : scribe igitur quid cupias,
ut de eo habendo cum eo agam : noli quidquam Tibi polliceri nec sperare per
Guenaltum : neq. enim est amicus Guenalti, nec meus : senex est, pene
octogenarius, totus ad rem attentus, et in spe lucri etiam turpissimi, tur-
pissimus ipse positus : etc. Hortum illum Blæsensem memini me vidisse,
typis mandatum in folio : quem tunc neglexi, quia tunc agebatur de altera
ejus editione locupletiori : quam haud dubiè habuissemus, nisi Gasto, Dux
Aurelianensis, Regis patruus,
immatura morte per Guenalti, pessimi
nebulonis et cacochymici Medicastri infelix stibium miserè perijsset.
Filij mei Te salutant, et gratias agunt. Vale, Vir Cl. et me ama.
Parisijs, die Veneris, 21. Dec. ipso die brumæ, 1663. Tuus ex animo, etc. G.P.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 21 décembre 1663

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(Consulté le 28/03/2024)

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