L. latine 285.  >
À Christiaen Utenbogard,
le 29 février 1664

[Ms BIU Santé no 2007, fo 166 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Christiaen Utenbogard, docteur en médecine, à Utrecht.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je répondrai ici à votre dernière, écrite le 25e de janvier, mais en peu de lignes à cause du peu de temps qui me presse. Je ne doute pas que vous recevrez par un autre courrier, qui suivra, la liste de livres que j’avais omise et dont vous vous occuperez, comme vous en avez l’habitude, en homme honnête et empressé. [1] Je ne doute pas que, grâce à Joncquet, [2] nous obtiendrons quelque chose du Jardin royal ; [3] mais en attendant, je le complimenterai de votre part. Je salue vos savants compatriotes, Timannus Gesselius, [4] Diemerbroeck, [5] et les autres honnêtes gens qui m’honorent de leur faveur. Je n’ai pas encore vu l’Oratio funebris que M. Vander Linden [6] a prononcée en l’honneur de M. Adolf Vorst, [7] mais elle m’a été envoyée et je la verrai en temps voulu. [2] Vous trouverez ci-inclus un petit billet plié qui contient quelques graines qui vous sont destinées ; il vous apprendra le nom de celui qui vous l’envoie. La guerre de notre roi contre le pape est, dit-on, éteinte ; [8][9] les conditions de paix ne sont pas encore publiées. La Chambre de Justice continue toujours, il y en aura de pendus bientôt. On parle de quelques sergents et receveurs des tailles, et même de trois autres plus renommés, savoir de Catelan, greffier du Conseil, de Lorme et Pellisson, [10][11][12] qui était un des secrétaires de M. Fouquet ; [3][13][14] mais quant à Fouquet lui-même, nulle nouvelle encore. On lit dans Aulu-Gelle cette insigne parole de Caton : [15][16] Fures publici in auro et purpura, privati in laqueo et catena[4] Plus une autre fois. Vale, éminent Monsieur, et aimez-moi.

De Paris, le 29e de février 1664.

Vôtre et sien, [5] G.P.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Christiaen Utenbogard, ms BIU Santé no 2007, fo 166 vo.

1.

V. note [1], lettre latine 278, pour cette commande de livres faite par Guy Patin, qui s’était égarée ou que Christiaen Utenbogard avait oubliée depuis janvier 1663. Patin lui en avait renvoyé une copie avec sa lettre du 18 février 1664.

2.

V. note [5], lettre latine 263, pour l’« Oraison funèbre » d’Adolf Vorst par son collègue Johannes Antonides Vander Linden (Leyde, 1664).

3.

Ce passage en italique est en français dans le manuscrit.

V. notes [54], lettre 222, pour François Catelan, [3], lettre 825, pour Jacques Amproux, sieur de Lorme, et [2], lettre 329, pour Paul Pellisson-Fontanier ; l’instruction du procès de Nicolas Fouquet par la Chambre de justice les mettait tous trois en très fâcheuse posture.

4.

« L’or et la pourpre pour les voleurs du bien public, mais les entraves et les chaînes pour ceux du bien particulier » (Aulu-Gelle, v. note [40], lettre 503).

V. note [5] de Guy Patin contre les consultations charitables de Théophraste Renaudot, pour Caton l’Ancien.

5.

Le contenu de la lettre ne permet pas d’identifier ce « sien » (suus) ; il devait s’agir d’une personne chère à Guy Patin que Christiaen Utenbogard avait mentionnée dans sa dernière du 25 janvier, peut-être leur ami Marten Schoock.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 166 vo.

Cl. viro D. Christ. Utenbogardo, Doct. Med. Ultrajectum.

Postremæ tuæ 25. Ianu. scriptæ sic respondeo, et paucis, Vir Cl. propter temporis
angustias quib. urgeor. Indiculum librorum à me omissum non dubito quin per
alteram sequentem acceperis : de quo ages, ut soles, virum bonum et strenuum.
Nos aliquid ex horto regio, per Ioncquetum habituros non dubito : interea v. eum
per Te salutabo. Eruditos vestros saluto, Tim. Gesselium, Diemerbrokium, et
alios viros bonos, qui mihi favent. Funebrem Orationem pro D. Ad. Vorstio à D.
Vander Linden habitam nondum vidi, sed illa mihi destinata est, et eam suo
tempore videbo. Habes hîc inclusum Epistolium, in quo continentur aliquot semina
Tibi destinata : ex eo cognosces quis ille sit qui ad Te mittit. Regis nostri
bellum adversus Papam dicitur extinctum : conditiones pacis nondum emulgantur.
La Chambre de Iustice continuë tousjours : il y en aura de pendus bientost :
On parle de quelques Sergens et Receveurs des tailles : et mesmes de trois
autres plus renommez, scavoir de Catelan, Greffier du Conseil, de de Lorme
et de Pelisson, qui estoit un des Secretaires de M. Fouquet :
de ipso Fuqueto
nihil adhuc novi. Insigne est adagium dictum Catonis apud Gellium. Fures
publici in auro et purpura, privati in laqueo et catena.
Plura aliàs. Vale
vir præst. et me ama. Parisijs, 29. Febr. 1664. Tuus ut suus, G.P.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 29 février 1664

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(Consulté le 28/03/2024)

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