L. latine 308.  >
À Sebastian Scheffer,
le 21 août 1664

[Ms BIU Santé no 2007, fo 175 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Sebastian Scheffer, docteur en médecine, à Francfort.

Très distingué Monsieur, [a][1]

J’ai heureusement reçu tout ce que vous m’avez dernièrement envoyé, ainsi que ce petit paquet de quelques thèses bien choisies, [2] que m’a consciencieusement fait parvenir mon excellent ami M. Du Clos, médecin de Metz, [3] qui est un homme très remarquable ; il m’a écrit à votre sujet en termes admiratifs et fort bienveillants. Écrivez-lui vous aussi de temps en temps, c’est un civil et savant personnage, et un ami serviable ; il se réjouit et tire gloire de vous connaître, mettez donc à profit son amabilité ; si vous le faites, vous ne le regretterez pas, je m’en porte absolument garant. Depuis votre ville, le moyen le plus facile et le plus sûr d’envoyer quelque chose à Paris est de passer par Metz (chez M. Du Clos), et je pense qu’il n’existe pas de voie plus assurée, mieux garantie et plus rapide ; parmi les autres, évitez néanmoins celle de Genève, trop longue, moins sûre et peu commode ; par celle de Metz, thèses, livres et vos lettres pourront m’être envoyés quand vous voudrez. J’ai aussi parfaitement reçu votre autre paquet, confié au libraire de Genève, [4] j’y ai trouvé ce dont vous m’aviez écrit : les 50 exemplaires du livre du très distingué Hofmann, [5] avec le Collegium practicum de Sylvius [6] et quelques parties des Icones virorum illustrium ; mais c’est un ouvrage inachevé, j’en attendrai, le moment venu, l’achèvement et la fin ; dans la 10e partie, j’espère voir quelques-uns des portraits que je vous ai naguère envoyés. [1] Pour votre note montrant que je vous dois 14 thalers et 13 sols[7] j’ai offert cette somme à Pierre Mocquillon, [8] mais il n’a pas voulu l’accepter, préférant que je la destine au miroir qu’on doit vous envoyer ; elle y suffira amplement, mais par quel porteur la faire parvenir à Francfort ? Je n’en ai aucune idée et n’ai trouvé personne pour m’en procurer facilement un qui soit beau et bien choisi. Faites donc en sorte que quelqu’un se charge de ce transport, car les marchands de chez vous ne veulent pas l’assurer, parce que, disent-ils, c’est un objet qui peut se briser. Je ne désapprouve pas leur réponse car c’est une tâche pleine de danger et d’aléas que de transporter si loin un objet qui peut casser à la moindre occasion. Choisissez donc une marchandise qui puisse vous être envoyée plus sûrement et simplement. [Ms BIU Santé no 2007, fo 175 vo | LAT | IMG] Ajoutez à cela qu’on trouve sans peine dans votre ville, me dit-on, un choix de miroirs variés. Il vous appartient d’y réfléchir et de décider. [2] En attendant, souffrez pourtant que je vous demande de m’acheter les opuscules suivants : le Joseph de Aromatariis, Francfort, 1626, in‑4o ; [9] le Paradoxon de morbo Gallico d’Otto Faber et les autres livres qu’il a publiés ; [10][11] la Pathologia spagyrica de Faber ; [12] le traité de Johannes Guidius de Mineralibus, 1627, in‑4o ; [13] l’Oratio de bona mente, Francfort-sur-le-Main, impensis Johannis Davidis Zunneri, 1643, in‑8o[3][14][15] Ce légat romain est venu, il a fait son entrée dans la ville en pompe solennelle, puis est reparti chez lui après trois jours. [4][16] Rien de neuf sur Fouquet : [17] il vit en prison et fruitur Diis iratis, interea victrix provincia ploras[5][18] Je salue MM. les très distingués Lotich, votre père, [19] et Horst. [20] Vale et aimez-moi.

De Paris, le 21e d’août 1664.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Sebastian Scheffer, ms BIU Santé no 2007, fo 175 ro et vo.

1.

V. notes :

2.

V. note [2], lettre latine 296, pour cet achat d’un miroir que Sebastian Scheffer voulait offrir à son épouse, et qui embarrassait fort Guy Patin.

3.

V. note [4], lettre latine 304, pour :

Le dernier livre que désirait Guy Patin ne traitait ni de médecine ni d’histoire naturelle, mais de littérature et de morale : Iohannis Petri Lotichii. De bona mente Oratio [Discours de Johann Peter Lotich sur le bon esprit] (Francfort-sur-le-Main, « aux frais de Johann David Zunner » [imprimeur allemand, 1610-1653], 1643, in‑8o de 34 pages).

4.

Le roi avait donné sa première audience officielle au cardinal Flavio Chigi le 29 juillet 1664 à Fontainebleau (v. note [6], lettre 789). Après que Louis xiv lui eut donné son audience de congé, le 5 août (Popoff), le légat fit son entrée dans Paris le 9 août, puis s’en retourna aussitôt à Rome.

5.

« il jouit du ciel irrité contre lui, tandis que, ô province, tu es victorieuse et c’est toi qui gémis » (Juvénal, v. note [19], lettre 247).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 175 ro.

Cl. viro D. Seb. Scheffero, Med. Doctori, Francofurtum.

Quæcumque ad me nuper misisti, Vir Cl. feliciter accepi, ut et
exiguum illum fasciculum selectarum quarundam Theseωn, quas ad me
sedulò misit D. du Clos, medicus Metensis, amicus meus optimus, et ipse vir
præstantissimus : qui de Te magnificè et admodum benevolè ad me scripsit,
Tu quoque aliquando ad illum scribe : est vir eruditus, civilis ac utilis amicus :
de tua notitia gaudet ac gloriatur ille, Tu v. ejus amicitia utere ac fruere : quod si
feceris, certò Tibi spondeo, numquam pœnitebit : facillima est illa via, ut et
tutissima, ex Urbe vestra per Metensem, (ad D. du Clos) aliquid transmittendi
Parisios, nec ullam aliam esse puto certiorem, tutiorem aut breviorem : verùm
inter alias, apage illam Genevensem, nimis longam, minùs tutam, atque
difficiliorem : per illam viam Metensem poterunt mitti Theses, libri, ut et
Epistolæ tuæ, quando volueris. Quod spectat ad alterum fasciculum, Genevensi
Bibliopolæ traditum, eum optimè accepi, in quo reperi quæ scripseras, Cl. Hofmanni
libri L. exemplaria : cum Sylvij Collegio pract.ico, et Iconum virorum illus-
trium partibus aliquot : sed est Opus imperfectum, cujus perfectionem et
finem, à Te, suo tempore expectabo : in cujus parte x. spero videre aliquam partem
eorum quæ 2 ad Te 1 antehac misi. De tua schedula, per quam debeo 14. Imperiales
cum aliquot 13. assibus, obtuli summam P. Moquillon, quam noluit accipere, ut-
pote destinatam Speculo tibi mittendo, quod quidem facilè comparabitur,
sed quo vectore perveniet Francofurtum ? certè non video, nec habeo quemquam
illud facile emam pulchrum et electum, Tu v. effice ut aliquis vecturæ
provinciam sibi assumat : hoc enim renuunt vestrates mercatores, propter,
ut inquiunt, materiam frangibilem : nec improbo tale responsum, est enim
periculosæ plenum opus aleæ, tale quid tam procul transvehere, quod
minima de causa frangi potest : aliam igitur mercem elige quæ tutiùs et faciliùs
mittatur.

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 175 vo.

mittatur : adde quod, ut audio, facilis est in vestra Urbe, variorum speculo-
rum optio et delectus : de quibus singulis tuum est videre atque decernere.

Interea v. patere ut Te rogem, pro mihi emendis sequentibus libellis :
Iosephus Aromatarijs, Francof. 1626. 4. Otho Faber, in paradoxis de
morbo Gallico, et alia quæ edidit.
Fabri Pathologia Spagirica. Io Guidij
de mineralibus. 1627.
in 4. Oratio de bona mente : Francof. ad Moenum,
Impensis Io. Davidis Zunneri. 1643. 8.
Legatus ille Romanus venit, solemni
pompa Urbem ingressus est, et post triduum ad suos reversus. De Fuqueto,
nihil novi : vivit in carcere, et fruitur Dijs iratis, interea victrix provincia
ploras.
Cl. viros saluto, D. Parentem tuum, Lotichium et Horstium. Vale,
et me ama. Parisijs, 21. Aug. 1664. Tuus ex animo, Guido Patin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 21 août 1664

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(Consulté le 25/04/2024)

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