L. latine 421.  >
À Johann Daniel Horst,
les 3 et 10 février 1667

[Ms BIU Santé no 2007, fo 213 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Daniel Horst, docteur en médecine, à Francfort.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je n’ai pas encore vu ce noble de Suède nommé M. Pigreus, mais un autre Suédois m’a remis hier, au Collège royal[2] votre paquet avec votre lettre. Je vous remercie pour vos thèses [3] ainsi que pour les bons vœux de Jac. Horst. Dieu vous conserve avec toute votre famille, et surtout votre fils, dont j’ai entièrement lu toute la thèse doctorale. [1][4][5][6] Je souhaite qu’il foule heureusement les traces de ses ancêtres et qu’il les imite, et même qu’il les surpasse, pour autant que ce soit possible ; pour s’y disposer, qu’il médite très souvent sur la hauteur d’un tel exploit, Et pater Æneas, et avunculus excitat Hector[2][7][8] Je me réjouis fort que vous ayez achevé votre Zacchias ; [9] je salue votre compatriote Schönwetter, dont j’attends ce qu’il a expédié à mon intention. [3][10] S’il a besoin de mon assistance, à Paris ou n’importe où en France, je lui offre toute sorte de services et lui promets toute mon aide, tout mon argent et toute ma peine. Faites-lui savoir à quel point je souhaite qu’il veuille bien penser à une nouvelle édition in‑fo des œuvres complètes de Thomas Éraste, [11] qui a été un homme absolument incomparable. [4] Nous voyons ici les préparatifs d’une guerre, mais on ne sait contre qui ; il semble néanmoins qu’elle aura pour théâtre les Pays-Bas espagnols. [12] J’ai ici vu, et souvent rencontré et salué M. le comte de Königsmarck, [13] votre illustre héros qui est ambassadeur de Suède, et j’ai conversé avec lui. C’est à vous que je dois cette faveur, par-dessus quantité d’autres bienfaits, car c’est par vous que j’ai fait la connaissance de M. von Pufendorf, son secrétaire, [5][14] et c’est lui qui m’a introduit auprès d’un si éminent personnage ; ce qui donne raison à l’axiome philosophique, Causa causæ est causa causati[6] J’ai soigné quelques nobles de sa suite, ce pour quoi on m’a gratifié d’honoraires ; [15] je les ai acceptés et vous en remercie. Quand j’en aurai l’occasion, je vous revaudrai ce bienfait et vous traiterai selon la loi du talion. Dieu le conserve avec les siens, tout comme vous, ainsi que notre ami Sebastian Scheffer ; [16] j’attends de lui une lettre et autre chose qu’il a reçu pour moi de M. Schenck, professeur d’Iéna, il y a un an. [7][17] Mais en attendant, très distingué Monsieur, vive et vale, ainsi que les vôtres, et aimez-moi.

De Paris, le 3e de février 1667.

{O fœcunda culpæ et calamitatum sæcula ! [18] Aujourd’hui, un bateau s’est brisé et ouvert au milieu de la Seine et 150 soldats de la garde royale ont péri. O tempora ![8] Dans ma hâte excessive à vous écrire ma dernière, trois choses me sont sorties de la tête.

1. Vous m’avez jadis demandé de vous indiquer un livre écrit en français qui pourrait être utile à bien du monde s’il était traduit en latin. J’ai très souvent réfléchi là-dessus et enfin, après mûre cogitation, je vous réponds franchement et sincèrement que, de tous ceux que nous avons, le meilleur, le plus remarquable et le plus nécessaire est La Sagesse de Pierre Charron. [19] Il a été très souvent publié chez nous en français, mais n’a jamais été traduit en latin. La meilleure édition de toutes est celle d’Amsterdam, qu’on a souvent réimprimée ces dernières années ; la toute première est celle de Bordeaux, qui a paru en 1601, année de ma naissance. [9] J’espère que ce livre sera un jour accessible à tous et à chacun car il est écrit dans un style admirable et avec une méthode logique ; je pense que rien sur terre ne puisse mériter plus véritablement et simplement, aux yeux de tous, le titre d’éthique chrétienne que La Sagesse de Charron.

[Ms BIU Santé no 2007, fo 214 ro | LAT | IMG]

2. Vous avez entendu parler de Melchior Adam, [20] et l’avez même vu et connu. Il a beaucoup écrit sur les vies des jurisconsultes et les théologiens allemands, ainsi que sur celles des médecins ; [10] mais depuis lors, de nombreux autres médecins ont excellé, dont certains sont même déjà morts aujourd’hui. Cela représente un très grand nombre de vies qui, étant réunies, pourraient alimenter un autre tome. Je ne parle pas des vivants, mais de ceux qui sont partis dans l’au-delà depuis environ 50 ans, comme ont été deux ou trois membres de votre famille, [21][22] Daniel Sennert, [23] Caspar Hofmann, [24] Caspar et Johann Bauhin, [25][26] Platter, [27] Stupan, [28] et une infinité d’autres. Je souhaite que quelqu’un des vôtres franchisse le pas et entreprenne chez vous un si bon ouvrage et un travail si fructueux, pour l’honneur de votre Allemagne et l’avantage de la république des lettres. Je vous confie mon vœu, en espérant que vous trouverez quelqu’un pour l’exaucer.

3. Il y a six ans, en 1660, j’ai reçu l’une des vôtres par l’entremise d’un savant noble nommé M. Pentz von Pentzenau, [29] quand il vivait à Paris ; je lui ai prêté quelques livres, [30] il me les a tous rendus, sauf un, savoir le Seldenus, auteur anglais, de Lege naturæ, in‑fo ; [11][31] il m’avait solennellement promis de me le rendre, mais ne s’est jamais exécuté. S’il vit dans votre pays, je vous prie de lui rafraîchir la mémoire sur la faveur que je lui ai faite et sur le livre qu’il ne m’a pas restitué.

Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi, avec tous les vôtres, en particulier votre fils et votre gendre, M. Lorenz Strauss. [32]

À Paris, le 10e de février 1667.

Vôtre en tout, Guy Patin.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johann Daniel Horst, ms BIU Santé no 2007, fo 213 vo‑214 ro.

1.

Le seul Pigreus (ou plutôt Pigræus) à avoir laissé son nom dans les biographies médicales est Pierre Pigray (1531-1613), élève d’Ambroise Paré, qui fut chirurgien des rois Charles ix, Henri iii et Henri iv, et auteur de quelques ouvrages écrits en latin ou en français. Il est peu vraisemblable que le Suédois dont parlait ici Guy Patin fût un de ses descendants.

Le Jac. Horstius que Patin remerciait pour ses vœux ne peut être l’un des Horst cités dans la Correspondance : le seul Jakob qui y figure (v. note [4], lettre latine 86) était mort en 1600. Aucun des autres enfants de Johann Daniel dont j’ai trouvé la trace n’ayant été prénommé Jakob, force est de conclure à un lapsus de Patin, qui voulait parler (comme le prouve la suite de sa lettre) de son ancien auditeur du Collège de France, Georg Horst (v. note [3], lettre latine 98). Après un séjour d’un an à Paris (1664-1665), où son zèle n’avait guère satisfait Patin, il était parti pour Bâle, et y avait très promptement soutenu sa thèse doctorale :

Dissertatio inauguralis de Siriasi. Quam Præside Deo Optimo Maximo pro summis in arte medica Honoribus doctoralibus obtinendis Jussu et Decreto Magnificæ et Nobilissimæ Facultatis Medicæ Basilensis publice ad disputandum die 25 Octobr. anno m dc lxv. proponit Georgius Horstius [Thèse inaugurale sur la Siriase. {a} Le 25 octobre 1665, sous la protection de Dieu tout-puissant, sur l’ordre et la décision de la sublime et très célèbre Faculté de médecine de Bâle, Georg Horst l’a publiquement proposée à la dispute pour obtenir les suprêmes honneurs doctoraux en médecine] (Bâle, Jakob Decker, 1665, une feuille in‑4o, Universitätsbibliothek Basel, cote VD17 23 :697295N ; Husner: Verzeichnis bas. Med. Univ.Schriften, Nr. 1118).


  1. Méningite du nourrisson (v. note [54] de L’Homme n’est que maladie).

La thèse s’ouvre sur cette dédicace :

Viro Magnifico, Nobilissimo, Excellentissimo Dn. Jo. Casparo Bauhino, Philosopho et Medico Celeberrimo, Regis Christianissimi Consiliario, atque in antiqua et florentissima Academia Basiliensi Professori meritissimo, Præceptori et Patrono venerando.

Trigesimus annus elapsus est, cum studiorum primitias Tibi Genitor meus sacras fecit ; sexagesimus vero agitur, quo Genitor Tuus Avo meo mitram Doctoralem imposuit, et eo ipso hujus seculi anno, quo ridente cœlo, magno Reipublicæ Litterariæ commodo, Tu natus es. Tuo autem sub ductu et tutela, ego quoque nunc ad Doctoralem gradum adspiro, ac proinde thesium harum, utut levidensium, oblatione denuo favorem tuum, et Patris et Avi gratia, imploro, cum voto, ut bene valeas, tecumque vigeat Alma hæc studiorum Nutrix, Augusta hæc Academia, ejusque Senatus Inclutus. Ita vovet alumnus et cliens subjectissimus,
Georgius Horstius
.

[À l’excellent, généreux et très célèbre M. Johann Caspar Bauhin, très illustre philosophe et médecin, conseiller du roi très-chrétien et très estimé professeur en l’ancienne et très florissante Université de Bâle, son très vénérable précepteur et protecteur.

Trente ans se sont écoulés depuis que mon père a fait votre auguste connaissance ; et voici soixante ans que le vôtre a posé le bonnet doctoral sur la tête de mon grand-père, et que, la même année, vous naquîtes, sous un ciel serein, pour l’immense avantage de la république des lettres. {a} Et voici maintenant que, sous votre conduite et votre protection, j’aspire moi-même au grade de docteur ; en vous présentant cette thèse, quoique bien mince, {b} j’implore de nouveau votre faveur, par la grâce de mon père et de mon grand-père, avec le souhait que vous jouissiez d’une belle santé, et qu’avec vous, s’épanouissent cette mère nourricière des étudiants, cette auguste Université, et son illustre Compagnie. Tel est le vœu de votre très dévoué élève et serviteur, Georg Horst]. {c}


  1. L’amitié de Johann Caspar i Bauhin et de Johann Daniel Horst (né en 1616) s’était liée en 1636. En 1606, Gregor ii Horst, grand-père de Georg, avait reçu le bonnet doctoral à Bâle des mains de Caspar Bauhin, père de Johann Caspar i, qui était né la même année.

  2. Gregor Horst avait quitté Paris le 26 août 1665 (v. note [1], lettre latine 309) : apprêtée en moins de deux mois, sa thèse ne pouvait être que mince et ne devait son existence qu’à l’extrême complaisance du tout-puissant Bauhin.

  3. Le nom de Guy Patin ne se lit nulle part dans la thèse qui suit cette dédicace dénuée de grande originalité.

2.

« Et que l’y animent son père Énée et son oncle Hector », Virgile, Énéide (chant iii, vers 342‑343), à propos d’Ascagne [Ascanius], fils d’Énée (v. note [14], lettre d’Adolf Vorst, datée du 4 septembre 1661) et de Créuse, sa première épouse et la sœur d’Hector :

Ecquid in antiquam virtutem animosque virilis
et pater Æneas et avonculus excitat Hector ?

[Son père Énée, son oncle Hector, animent-ils en lui le courage ancestral et un cœur viril ?]

Guy Patin flattait Johann Daniel Horst, mais doutait profondément que son fils Georg fût capable de le surpasser ou même de l’égaler, et moins encore son grand-père, Gregor ii Horst.

3.

V. notule {b}, note [3], lettre latine 380, pour Johann Baptist Schönwetter, libraire-imprimeur de Francfort : remerciant Guy Patin de lui en avoir obtenu le privilège, il lui destinait sans doute un exemplaire des Quæstiones medico-legales [Questions médico-légales] de Paolo Zacchias qu’il avait rééditées avec l’aide de Johann Daniel Horst et qui venaient de paraître (v. note [3], lettre latine 380).

4.

Vivement désirée par Guy Patin, une édition complète des œuvres de Thomas Éraste (Erastus, v. note [31], lettre 6) n’a jamais vu le jour.

5.

Esaias von Pufendorf (Dorfchemnitz, Saxe 1628-1689 Ratisbonne), diplomate allemand au service de la Suède, était le frère et bienfaiteur du philosophe, historien et juriste Samuel von Pufendorf (1632-1694).

6.

« La cause de la cause est aussi cause de ce qui est causé » : syllogisme juridique du Moyen Âge qu’on trouve notamment dans Avicenne (v. note [7], lettre 6) ou Albert le Grand (v. note [8], lettre 133).

7.

En réalité, Guy Patin avait demandé qu’on lui expédiât les livres de Johann Theodor Schenck depuis plus de deux ans (v. note [1], lettre latine 420).

8.

Tout ce début de post-scriptum est barré (ici mis entre accolades) dans le manuscrit.

Pour le latin :

V. note [6], lettre 898, pour la catastrophe des soldats noyés par accident dans la Seine lors de manœuvres militaires préparatoires à la guerre de Dévolution (déclarée le 8 mai 1667). Étant donné ses ennuis judiciaires (v. le début des Déboires de Carolus), les correspondances de Guy Patin étaient alors surveillées ; il jugeait sans doute préférable de ne pas délivrer d’information politiquement sensible dans une lettre partant pour Francfort.

9.

La première édition non anonyme de La Sagesse de Pierre Charron {a} était intitulée De la Sagesse livres trois. Par M. Pierre le Charron, Parisien, Chanoine Théologal et Chantre en l’Église Cathédrale de Condom. {b} La dédicace à « Monseigneur, Monseigneur le duc d’Épernon, {c} pair et colonel de l’Infanterie de France » commençait par ces trois phrases :

« Monseigneur, tous sont d’accord, que les deux plus grandes choses qui tiennent plus du ciel, et sont plus en lustre, comme les deux maîtresses du monde, sont la vertu et la bonne fortune, la sagesse et le bonheur. De leur préférence il y a de la dispute ; chacune a son prix, sa dignité, son excellence. À la vertu et sagesse, comme plus laborieuse, suante et hasardeuse, est due par préciput {d} l’estime, la récompense ; à l’heur et bonne fortune, comme plus haute et divine, est due proprement l’admiration et l’adoration. » {e}


  1. Mort en 1603, v. note [7], lettre 73.

  2. Bordeaux, Simon Millanges, 1601, in‑8o de 772 pages.

  3. V. note [12], lettre 76.

  4. Terme de jurisprudence (Charron avait d’abord été avocat) : « avantage qui appartient à quelqu’un dans une chose à partager » (Furetière).

  5. Il était alors courant de ne pas conjuguer au pluriel un verbe ayant deux sujets au singulier.

L’édition d’Amsterdam est celle de Louis et Daniel Elsevier, 1662, in‑12. Jamais, selon mes recherches bibliographiques, ce livre n’a été traduit en latin.

10.

L’historien allemand, Melchior Adam, auteur de biographies savantes parues entre 1610 et 1620 (v. note [42], lettre 1020), est mort en 1622 ; né en 1616, Johann Daniel Horst avait pu le voir, mais sans l’avoir connu à proprement parler.

11.

Ioannis Seldeni de Iure naturali et gentium, iuxta Disciplinam Ebræorum, libri septem [Sept livres de John Selden (v. note [36], lettre 224) sur le Droit naturel et des peuples, suivant l’enseignement des Hébreux] (Londres, Richard Bishop, 1640, in‑fo), dont Guy Patin abrégeait le titre en « sur la Loi de la nature ».

V. note [1], lettre latine 146, pour Johann Heinrich Pentz von Pentzenau, diplomate allemand au service de la Suède.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 213 vo.

Cl. viro D. Io. Danielo Horstio, Med. Doctori, Francofurtum.

Vir Cl.

Nobilem illum Suecum, Dominum Pigreum, nondum vidi, sed Suecus alter fasciculum
tuum cum Epistola tua pridie mihi reddidit, in Schola regia ; gratias ago pro Thesibus
vestris, ut et pro Precibus Iac. Horstij. Servet Te Deus cum tota familia, et tuo præ-
sertim Filio, cujus Disputationem Doctoralem totam perlegi : utinam Majorum
suorum vestigia feliciter premat, eósq. imitetur, imò et superet, si fieri possit : quod
ut aggrediatur, et sæpius de tanto facinore cogitet, Et pater Æneas, et avunculus
excitat Hector.
De Zacchia vestro ad finem perducto seriò gaudeo : Schonvetterum
vestrum saluto, à quo aliquid expecto ipsi traditum ut mihi redderetur : quod si hîc vel
in tota Gallia, indigeat operâ meâ, omne genus officiorum illi offero, et omnem operam, opus et aut
opem illi polliceor. ^ O utinam vellet cogitare/ de nova editione in fol. omnium. Operum Th. Erasti, viri/ præstantissimi ! Bellicum hîc videmus apparatum, sed contra quem nescitur : videtur
tamen Belgium Hispanicum futurum belli Theatrum. Tuum illum inclitum heroem
et Legatum Suecicum, D. Comitem Königsmarkium, hîc vidi, et sæpius conveni,
salutavi, eiq. colloquutus sum : et hanc gratiam Tibi debeo, supra alia beneficia,
per Te enim mihi innotuit D. de Puffendorf, ei à Secretis, et per ipsum in tanti herois
notitiam perveni : est enim verum axioma philosophicum, Causa causæ est causa causati. ^ Quibusdam è suis ejus nobi-/libus feci Medicinam, eóq. nomine/ mihi decretum fuit oblatum honorarium,/ quod accepi, et pro quo Tibi/ gratias ago. Servet etc. Data occasione/ beneficium referam, et re-/taliabo. ne ingratus videri.
Servet eum Deus cum suis : imò et Teipsum, cum Amico nostro D. Seb. Scheffero :
à quo literas et aliud expecto, quod pro me accepit ante annum à D. Schenkio, Prof.
Ienensi. Interea v. Tu Vir Cl. vive et vale, cum Tuis, et me ama. Parisijs, 3. Febr. 166[7.]
O fœcunda culpæ et calamitatum sæcula ! Hodie 150 milites regiæ cohortis, ex læsa
et adaperta navi perierunt in medio Sequanæ. O tempora !

In ultimis meis duo tria mihi exciderunt præ nimia festinatione. I. Quod olim
à me petijsti, ut indicarem Tibi aliquem librum Gallicè scriptum, qui Latina
veste donatus, utilis esse posset pluribus : de quo sæpius cogitavi : et tandem
post maturam deliberationem, liberè et verè respondeo, omnium nostrorum optimum,
præstantissimum ac utilissimum eum esse qui vulgò vocatur la Sagesse
de Pierre Charon :
qui certè fuit sæpius apud nos editus Gallicè, sed nunquam
Latinè versus : editio v. omnium optima est Amstelodamensis, ibidem sæpius
renovata ab aliquot annis : omnium v. editionum prima est Burdegalensis,
quæ primùm in lucem emissa est natali meo anno 1601. Omnibus et singulis profu-
turum spero huncce librum, quoniam est admirabili stylo et logica methodo
conscriptus, nec ullum esse puto in rerum natura qui apud omnes tam verè et tam facilè
Ethicæ Christianæ titulum promereri possit quàm la Sagesse de Charon.

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 214 ro.

II. 2. Audivisti, imò vidisti et novisti Mel. Adamum ; multa scripsit de vitis Ic.
et Theologorum Germanorum : ut et Medicorum : sed ab eo tempore multi alij intervene-
runt Medici, etiam hodie fato functi : superest numerus amplissimus eorum, ex
quorum vitis collectis posset alter tomus confici ; de viventibus non loquor : eos tamen
intelligo qui ad plures abierunt, ab annis circiter L. quales fuerunt ex tua familia duo aut tres : Dan.
Sennertus, Caspar Hofmannus, Caspar et Io. Bauhinus, Platerus, Stupanus, et alij infiniti : utinam
aliquis apud vos superet, qui tam bonum opus et fructuosum laborem apud vos aggre-
diatur, in vestræ Germaniæ laudem, et Reipublicæ literariæ commodum : votum meum
Tibi indico, utinam per Te aliquis exoriatur, qui me voto damnet. 3. Ante annos 6.
i. anno 1660. unam ex tuis accepi per quendam nobilem eruditum, dictum D. Pentz de
Pentzenau : dum hîc apud nos ille vixit, liquos libros aliquos à me mutuò accepit, quos etiam
reddidit præter unum, nempe Seldenum, scriptorem Anglum, de lege Naturæ, in fol.
sanctè pollicitus erat mihi remissurum, nec tamen præstitit : si vivat ille apud
vos, refrica illi quæso, memoriam accepti beneficij, et libri non redditi. Vale, Vir Cl. et
me ama, cum tuis omnibus, præsertim Filio, et D. L. Straussio, genero tuo. Parisijs,
x. Febr. 1667.

Tuus ad omnia, Guido Patin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Daniel Horst, les 3 et 10 février 1667

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(Consulté le 16/04/2024)

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