L. latine 446.  >
À Johann Georg Volckamer,
le 29 décembre 1667

[Ms BIU Santé no 2007, fo 221 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Georg Volckamer, à Nuremberg.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je répondrai brièvement à vos deux dernières. Que Dieu tout-puissant vous conserve, ainsi que M. Rolfinck [2] et les autres honnêtes et savantes gens qui m’honorent de leur affection. Je m’étonne et suis préoccupé de ce prix excessif que vous avez dû régler pour le port de l’Aristote ; [1][3] j’ai conté toute l’affaire à M. Picques, [4] il m’a promis d’en écrire et de s’en occuper. Je m’enquerrai des écrits arabes que vous désirez et vous enverrai de bon cœur ce que j’aurai trouvé. J’ai reçu vos disputations académiques, [5] vous en remercie et rembourserai le prix que vous me direz. Saluez, je vous prie, de ma part M. Richter. [6] Mon Carolus voyage pour quelque raison privée ; [7] je pense qu’il est maintenant à Heidelberg, [8] chez M. l’électeur palatin. [9] Peut-être se rendra-t-il en votre ville et vous fera-t-il une visite ; en ce cas, je vous le recommande de la meilleure façon, à condition pourtant qu’il ne vous occasionne aucun embarras. Je vous en écrirai plus quand j’aurai appris qu’il est chez vous. En attendant, je vous prie instamment, ainsi que M. Richter, de lui être favorable. [2] Je salue aussi M. Felwinger, [10] à qui je vous demande d’envoyer la ci-incluse de M. Chapelain, [11] homme remarquable, à qui j’ai loué tant que j’ai pu le père et le fils, [12] et leur érudition hors du commun. Je n’ai à peu près rien à vous dire sur l’état public de nos affaires : notre roi se prépare à une guerre en Flandre au printemps prochain ; [13][14] les affaires portugaises sont troublées par la querelle de la reine [15] et des princes contre leur roi lui-même [16] et contre les Espagnols ; de qua re Deus ipse viderit[3][17] Vale, très distingué Monsieur, et recevez en hôte bienveillant mon Carolus s’il vient vous voir, en attendant que je vous en écrive plus. Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

De Paris, le 29e de décembre 1667.

Tout à vous, G.P.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johann Georg Volckamer, ms BIU Santé no 2007, fo 221 vo.

1.

V. notes [3], lettre latine 429 et [1], lettre latine 438, pour les Aristotelis Opera omnia [Œuvres complètes d’Aristote] éditées par Guillaume Du Val (Paris, 1619).

2.

V. note [133] des Déboires de Carolus, pour le voyage de Charles Patin à Heidelberg, première étape allemande de son périple européen. Son père préférait, et on le comprend sans peine, rester évasif sur le motif de son voyage, qui était en vérité un exil infamant, forcé par les circonstances. Le dernier paragraphe de la lettre à André Falconet datée du 13 septembre 1668 donne de plus amples détails sur son long séjour dans cette ville, puis à Francfort, et sur la bienveillance du Palatin, Karl Ludwig von Wittelsbach, à son égard.

3.

« Dieu seul connaît la vérité de cette affaire » (Cicéron, v. note [9], lettre 66).

V. note [6], lettre 907, pour la destitution du roi du Portugal, Alphonse vi, le 24 novembre 1667, en raison de son incompétence physique et mentale.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 221 vo.

Cl. viro D. Io. Georgio Volcamero, Noribergam.

Duabus tuis postremis, Vir Cl. sic breviter respondebo. Deus Opt. Max. Te
servet, cum D. Rolfincio, et alijs viris bonis ac eruditis, qui nos diligunt. Quod
spectat ad immodicum illud pretium pro vectura Aristotelis, miror et angor : narravi
rem totam D. Picques, qui mihi pollicitus est se de ea re scripturum et operam datarum.
De scriptis Arabicis inquiram, et libenter mittam quæ nactus fuero. Academicas
vestras disputationes accepi, pro quib. gratias ago, et pretium refundam quod volueris.
Saluta quæso D. Richterum, nostro nomine : Carolus meus peregrinatur privata de
quadam causa, puto nunc illum esse Heidelbergæ, apud D. Electorem Palat. forsan
vos adibit, et regionem vestram lustrabit : quod si faciat, illum Tibi de meliore nota
commendo, ea tamen lege ut nullo modo Te gravet : plura scribam quum accepero illum apud
vos esse : eum interea Tibi et D. Richtero officiosissimè commendo : saluto quoque D.
Felwinger, ad quem mittas rogo hîc inclusam Domini Chapelain, viri eximij, apud quem
quantum in me fuit, laudavi patrem et filium, et utriusque eruditionem non vulgarem.
De publico rerum nostrarum statu vix habeo quod dicam : Rex noster sese accingit
ad bellum Belgicum vere proximo : res Lusitanicæ turbantur propter dissidium R
Reginæ et Principum adversus ipsum Regem, et Hispanos : de qua re Deus ipse viderit.
Vale, Vir Cl. et Carolum meum, si te adeat, benigno hospitio excipe, quousq. alias ad
Te scripserim. Vale, Vir Cl. et me ama. Parisijs, 29. Dec. 1667. Tuus totus G.P.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 29 décembre 1667

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(Consulté le 07/05/2024)

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