Annexe
La maison de Guy Patin, place du Chevalier du Guet

En dépit des rudes orages politiques qui secouaient alors la France, la fin de l’année 1650 fut l’une des périodes les plus fastes de la vie de Guy Patin : il avait 49 ans et figurait parmi les plus brillants représentants du clan conservateur de la Faculté, en fidèle séide de son mentor, Jean ii Riolan ; [1] son fils aîné, Robert, [2] y avait été reçu licencié le 18 juillet ; après des années d’attente déçue, celui des trois billets portant le nom de Patin sortait du chapeau lors de l’élection décanale du 5 novembre. [3] Le 2 décembre suivant, il écrivait à André Falconet qu’il avait « une belle maison dans la tête, dont le marché était prêt d’être conclu et qui l’a été aujourd’hui. Elle me coûte 25 000 livres. Il y a toute sorte de commodités, et entre autres une première chambre, ou salle, fort grande et fort claire, où je ferai mon étude. » [4] Patin convoitait cette propriété depuis qu’il y avait soigné Mme de Lubert, [5] morte en août 1650. [1] Le propriétaire en était Marchais le Jeune, [2][6] fils aîné des voisins de Patin dans la rue des Lavandières-Sainte-Opportune, devant l’Étoile, où il logeait depuis 1634. [3][7]

La place du Chevalier du Guet devait son nom au chef du guet royal qui patrouillait dans Paris pour assurer la sécurité des rues. [8] Cet officier municipal y avait son hôtel depuis le xive s. La place et son voisinage ont été rasés en 1853, au moment du prolongement de la rue Jean-Lantier. [4] La place s’ouvrait au nord sur la confluence de la rue du Chevalier du Guet et de la rue Perrin Gasselin. [5] L’ensemble se situait sur le terrain aujourd’hui occupé par la rue Jean-Lantier et par l’îlot qui la sépare de la rue de Rivoli. [6] Les pièces du Minutier central des Archives nationales que j’ai consultées situent la maison des Patin « place du Chevalier du Guet » (liasses et/cii/65, 69 et 80, et/xcii/169), « au carrefour du Chevalier du Guet » (et/lxxv/137) ou « rue et place du Chevalier du Guet » (et/xxxvi/206, et/xxiv/439). [7]

Situation de la maison de Guy Patin, place du Chevalier du Guet à Paris

Détail du plan de Turgot (1734-1739), orienté est-ouest (le nord est à gauche, suivant la règle de l’époque qui prenait le fleuve pour axe de l’image) situant les principales voies

avec leur environnement (rive droite de la Seine, actuel ier arrondissement de Paris). Au sud-est (au-dessus) de la place, on voit les tours du grand Châtelet et le départ du pont au Change (bâti de maisons) qui joint la rive droite à l’île de la Cité.


Relevé et dessin d’Alice Capron-Valat, architecte du Patrimoine, que je remercie très affectueusement pour toute l’aide qu’elle m’a procurée dans la rédaction de cette annexe


D’anciens plans de Paris et deux actes notariés, [8] avec le peu qu’en a dit Guy Patin dans ses lettres, permettent de reconstituer partiellement ce que fut sa maison : « en belle vue et hors du bruit […]. Nos médecins disent que je suis le mieux logé de Paris. » [9] Construite sur trois niveaux (rez-de-chaussée et deux étages) surmontés de combles, cette demeure, en forme de L, semblait formée d’un corps principal de bâtiment orienté est-ouest, en retrait de la place du Chevalier du Guet, flanqué d’une aile qualifiée de gauche, orientée nord-sud ; sa cour intérieure communiquait seule avec le fond de la place (angle sud-ouest) par une porte cochère. Le mur nord du corps principal était mitoyen de la maison occupée par la famille Miron qui, elle, avait sa façade sur le côté ouest de la place. [10] La surface habitable était importante (peut-être une centaine de mètres carrés par niveau), ce qui autorisait Guy Patin à en louer une partie. [11]

Au rez-de-chaussée se trouvaient une écurie, une salle basse, la cuisine, une remise de carrosse et d’autres locaux de service. Les appartements de Guy Patin se tenaient au premier étage ; la pièce principale en était la grande chambre où il avait établi son étude. Chauffé par une grande cheminée, ce cabinet de travail recevait généreusement la lumière du jour au travers de deux grandes fenêtres regardant l’une à l’est, sur la place, et l’autre à l’ouest, vers le Louvre. Les murs en étaient entièrement garnis de tablettes où la plus belle partie des livres de Patin était soigneusement rangée. Le reste de sa collection était remisé dans une chambre attenante. [12] Le second étage et l’autre aile de la maison étaient sans doute réservés aux enfants de la famille encore en âge de vivre avec leurs parents, aux domestiques et à la location. L’inventaire après décès de Robert Patin [9] (fos 1 vo‑9 ro) donne vie à ce logis en détaillant le contenu des parties que Robert Patin y occupait, avec la valeur estimée (prisée) de chaque meuble ou objet. [13]

Inventaire après décès de Robert Patin

« Inventaire sur papier fait le 7 juin 1670

« L’an mil six cent soixante-dix, le samedi septième jour de juin, du matin, à la requête de damoiselle Catherine Barré, [10] veuve de feu noble homme Robert Patin, conseiller et médecin ordinaire du roi, docteur régent en la Faculté de Paris et professeur au Collège royal[11] demeurant place du Chevalier du Guet, paroisse Saint-Germain de l’Auxerrois, [12] fait en son nom et cause [14] de la communauté qui a été entre elle et ledit défunt Sr son mari, sauf toutefois à elle à l’accepter ou y renoncer, ainsi qu’elle avisera bon être par conseil ; que comme tutrice de Louis-Ignace, [13] Jeanne-Catherine, [14] François-Guy et Robert Patin, [15] étant tous quatre enfants mineurs dudit feu Sr Patin et de ladite Damoiselle, et en la présence de noble homme François Bastonneau, [16] conseiller du roi assesseur et premier élu en l’élection de Paris, demeurant au port et paroisse Saint-Landry, [15][17] subrogé tuteur [16] des dits mineurs, et de ladite damlle. < Ledit > Sr Bastonneau, élu, est chargé, par l’avis des parents, des dits mineurs, homologué au Châtelet [18] par sentence y rendue ce jourd’hui, lesdits mineurs < étant > habiles [17] à se dire et porter héritiers du dit défunt Sr leur père, et pour la conservation des droits des dites parties est nommé et de qui il appartiendra. [18] A été, par les notaires garde-nottes du roi notre sire au Châtelet de Paris soussignés, fait inventaire et description de tous les biens meubles, ustensiles et choses, argent monnayé et non monnayé, titres, enseignements, [19] lettres et papiers, et autres effets généralement quelconques laissés et trouvés après le décès dudit défunt sieur Patin en la portion de ladite maison occupée par lui et ladite damlle chez Monsr Patin, père du susdit, place du Chevalier du Guet ; montrés et enseignés par ladite damoiselle et Catherine Richaud servante des dits défunt et veuve, après serment par eux fait de tous lesdits biens, meubles et autres choses délaissées montrer, enseigner et mettre en évidence, sur les peines et droits à eux donnés à entendre par l’un des dits notaires, l’autre présent ; iceux biens, meubles et ustensiles < étant > prisés et estimés par Michel Faguet, huissier, sergent à verge au Châtelet, [19][20] juré priseur et vendeur de biens des ville, prévôté et vicomté de Paris, qui a serment en justice et, en conséquence, fait ladite prisée [20] suivant le cours du marché aux sommes et deniers, [21] selon et ainsi qu’il ensuit, après que le scellé apposé sur lesdits biens et effets par Mr Jacques Legay, [21] conseiller du roi, commissaire enquêteur et examinateur audit Châtelet de Paris, a été par lui révoqué, levé a été et ont signé

Catherine Barré, Bastonneau, Faguet, Thomas, [22] Pillault. [22][23]

Dans la cave a été trouvé

Item un demi-muid de vin plein, prisé 20 ℔ [livres tournois].

Dans l’écurie

Item Un cheval sous poil bai brun servant à la chaise, âgé de 12 ans ou environ, [23] prisé la somme de 15 ℔.

Dans la cour

Item Une chaise roulante posée sur son train à quatre roues prisée avec le harnais du cheval, le tout livré tel quel, la somme de 60 ℔.
Item Une autre petite chaise à deux roues fort vieille, prisée 25 ℔.

Dans la cuisine

Item Une crémaillère, deux chevrettes, [24] une paire de chenets, deux pelles en fer, une paire de pincettes, deux brosses, un gril, deux lèchefrites, deux réchauds, trois poêles à frire, le tout de fer, prisé ensemble la somme de 100 sols [100 s., soit 5 ℔].
Item Un tournebroche de fer garni de ses cordages, poids et pinces, prisé 6 ℔.
Item Une marmite de fonte et deux de cuivre rouge, garnies chacune de leurs casseroles, prisées ensemble 4 ℔. 10 s.
Item Trois chaudrons de différentes grandeurs de cuivre jaune avec quatre poêlons aussi de cuivre jaune de diverses grandeurs, prisé le tout ensemble 7 ℔.
Item Une grande cuvette, un réchaud avec une petite fontaine de cuivre rouge, prisé le tout ensemble 20 ℔.
Item Une platine à sécher linge de moyenne grandeur, [25] prisée 4 ℔.
Item Une cloche à cuire < les > pommes, [26] deux porte-assiette et six flambeaux, deux écumoires, le tout de cuivre jaune avec une cuiller à pot de cuivre rouge, prisé le tout la somme de 4 ℔ et 10 s.
Item Un porte-plats, assiettes et autres ustensiles de ménage le tout d’étain formant la quantité de 120 livres, prisé à raison de 10 s. la livre, revenant au dit prix à la somme de 60 ℔.
Item Un autre porte-plats et autres ustensiles de ménage, le tout d’étain commun en la quantité de 74 livres, prisé à raison de 8 s. la livre, revenant au dit prix à 29 ℔ 12 s.
Item Une seringue et son étui prisés 30 s. [27]
Item Une petite table en bois de sapin posée sur son chassis, prisée 10 s.
Item Une armoire en bois de chêne à deux guichets fermant à clef, [28] prisée 6 ℔.
Item Une vieille table tirant par les deux bouts avec six chaises assorties, prisé le tout tel quel 4 ℔.
Item Dix planches avec une méchante échelle et un croc de fer, prisé le tout 25 s.

Dans une salle basse attenant l’écurie

Item Deux vieilles tables, l’une ronde pliante, l’une longue, posées chacune sur son chassis, avec un grand banc à voûte de bois de chêne, le tout prisé comme tel quel 50 s.
Item Deux hastiers, [29] quatre tringles et deux bandes de fer avec un trépied, prisé le tout ensemble 60 s.
Item Un méchant bas d’armoire avec une douzaine d’ais de bois de sapin et une boîte en bois pour renfermer une varlope, [30] prisé le tout ensemble 110 s.
Item Une chaise à bras et une autre méchante chaise basse avec un dessus de table de bois noir, prisé 25 s.
Item Une petite couche à hauts piliers avec sa paillasse, [31] petit matelas et couvertures, le tout fort vieil, trois coffres de bahut carré couverts de cuir noir fermant à clef, [32] prisé le tout ensemble 10 ℔.
[…]

Dans la chambre étant au second étage, ayant vue sur la place du dit Chevalier du Guet [33]

Item Une petite paire de chenets à pommes de cuivre, pelles et pincettes et tenailles de fer, prisées ensemble 100 s.
Item Six fauteuils et six chaises en bois de noyer, couverts de tapisserie à fleurs, prisés ensemble 36 ℔.
Item Une table de bois de noyer à colonnes torses avec deux guéridons, prisé ensemble la somme de 6 ℔.
Item Une cassette de nuit, aussi de bois de noyer, garnie de plaques de cuivre doré, ayant une serrure fermant à clef, posée sur son pied à colonnes torses, deux guéridons [34] avec un miroir de toilette garni de sa bordure aussi de bois de noyer, le tout prisé ensemble la somme de 25 ℔.
Item Un grand miroir en glace de Venise de 25 pouces de haut sur 15 pouces de large ou environ, avec sa bordure garnie partout de cuivre doré, [35] prisé avec ses cordons la somme de 60 ℔.
Item Un cabinet de bois muni de deux guichets fermant à clef, sur son pied à deux tiroirs, prisé à la somme de 30 ℔.
Item Une armoire de bois de chêne à six petits guichets fermant à clef, prisée 6 ℔.
Item Une couche à hauts piliers garnie de son enfonçure, paillasse, matelas couvert de futaine et deux dessus de lit et traversin de coutil rempli de plume, [36] deux couvertures de laine, l’une rouge et l’autre blanche, une autre couverture ou courtepointe de toile peinte piquée ; [37] le tour du dit lit ayant des rideaux < et > soubassements, [38] le tout de drap couleur de rose sèche et garni de tapisserie à frange de mollet et doublé de taffetas jaune, [39] avec le dossier et le fond de pareil taffetas ; prisé à la somme de 90 ℔.
[…]
Item Quatre petits rideaux de serge rouge, deux autres rideaux d’alcôve de futaine blanche, prisés avec leurs tringles de fer à 3 ℔.
Item Une petite table pliante à piliers tournés, une petite tablette de bois de noyer à colonnes torses avec un petit miroir garni de sa bordure de bois de noyer, prisé le tout ensemble 4 ℔.
Item Trois morceaux de tapisserie de Bergame avec un autre morceau de même tapisserie, [40] le tout tel quel prisé 4 ℔.

Dans la chambre ayant vue sur la cour attenant celle ci-dessus

Item Une armoire en bois de sapin à deux guichets fermant à clef, prisée à 6 ℔.
Item Une autre armoire de bois de chêne fermant à quatre guichets et deux tiroirs, avec un autre petit buffet à l’antique [41] fait à deux guichets aussi fermant à clef, prisé le tout ensemble tel quel la somme de 9 ℔.
Item Deux autres armoires de bois de chêne, à chacune deux guichets fermant à clef, prisées ensemble 30 ℔.
Item Un vieux coffre de bois de chêne, une petite table de même bois et un vieux bois de lit imparfait, prisé le tout ensemble 50 s.

Dans un petit bouge [42] attenant la susdite chambre

Item Une petite couche à hauts piliers garnie de son enfonçure, paillasse, matelas, lit et traversin de coutil rempli de plume, une couverture de laine rouge, trois rideaux en housse de serge rouge ; [43] le tout tel quel prisé la somme de 16 ℔.
Item Une autre couche à bas piliers garnie de son enfonçure, paillasse, matelas, lit et traversin de coutil rempli de plume, une couverture de laine blanche ; prisé le tout ensemble aussi comme tel quel la somme de 15 ℔.
Item Un vieux coffre de bahut carré fermant à clef, deux cassettes de bois blanc ; un chauffoir, une marmite, une claie, le tout en zinc blanc ; prisé le tout ensemble 30 s.

Dans une des armoires de ladite chambre sur la cour a été trouvé ce qui suit

Item Une soutane et un long manteau de pou-de-soie, [44] une robe de chambre de velours à ramages doublée de panne, [45] le tout à l’usage du dit défunt < Robert Patin >, prisé ensemble à la somme de 36 ℔.
Item Une longue robe et une soutane, le tour de drap de Hollande, mise avec deux autres longues robes de camelot noir, [46] lesquelles étant aussi en l’usage du dit défunt, prisées ensemble avec un bonnet carré 18 ℔.

Dans une autre armoire de la même chambre

Item Un paquet dans lequel il y a quatre vieux habits à usage d’homme et deux doublures de manteau, le tout fort vieil, prisé ensemble 12 ℔.
Item Un manteau de pou-de-soie doublé de revêche, [47] un justaucorps de drap bleu garni de galon d’argent et aussi doublé de revêche rouge, une culotte de drap gris, une autre culotte et une casaque de toile avec deux pourpoints de toile blanche ; [48] prisé le tout ensemble comme tel quel 55 ℔.
Item Une pièce de grosse futaine contenant douze aunes, [49] prisée 6 ℔.
Item Dans une autre armoire de ladite chambre, quatre vieux habits et trois manteaux faits de drap et de camelot noir avec deux justaucorps de drap, l’un gris et l’autre noir ; prisé le tout ensemble avec six vieux chapeaux la somme de 10 ℔.
Item Une robe de docteur étant d’écarlate avec ses parements de velours noir et la fourrure d’hermine aussi couverte d’écarlate, prisée la somme de 50 ℔.
Item Six paires de souliers, dont deux paires neuves et les autres vieilles, prisées ensemble 4 ℔ 10 s.

Dans le coffre étant dans la même chambre

Item Quatre paires de draps de toile de chanvre prisées ensemble la somme de 18 ℔.
Item Quatre nappes et deux douzaines de serviettes tant pleines qu’ouvrées, prisé le tout ensemble la somme de 15 ℔.
Item Seize chemises de toile de chanvre, dont onze à usage d’homme et cinq à usage de femme, le tout tel quel prisé ensemble 32 ℔.

Dans le cabinet noir étant en la chambre qui regarde sur la rue

Item Cinq [un mot illisible] chemises de toile de lin à usage d’homme prisées ensemble 12 ℔.
Item Un peignoir et deux paires de manchettes, quatre rabats unis, un autre rabat de vieille dentelle d’Angleterre ; prisé le tout ensemble 3 ℔ 10 s.
Item Un morceau de dentelle de France prisé 3 ℔.

Dans l’armoire à six guichets étant en la même chambre

Item Un grand bassin rond, une aiguière, [50] une salière carrée à branches, un vinaigrier, trois flambeaux, deux porte-assiettes, deux autres petits flambeaux, une paire de mouchettes, [51] quatre cuillers, trois fourchettes, un tire-moelle ; [52] le tout d’argent, poinçon de Paris, pesant ensemble 21 marcs et demi, [53] prisé à raison de 26 ℔. le marc, revenant au dit prix la somme de 559 ℔.
Item Une nappe de toile de chanvre, deux caleçons et une camisole prisés ensemble 3 ℔. [54]
Item Huit livres de fil de chanvre en pelote et 30 livres de filasse, prisé le tout ensemble 10 ℔.

Dans la cassette étant dans ladite chambre

Item Deux toilettes de moire rouge, [55] un étui à peignes garni d’un miroir, une boîte à poudre, une brosse, le tout garni d’un galon d’or et d’argent, prisé ensemble 10 ℔.
Item La vaisselle d’argent que ladite damlle < Catherine Patin > s’était réservée pour son usage suivant la déclaration qu’elle m’a faite sur le procès-verbal du dit commissaire lors de l’apposition du scellé, savoir une aiguière, trois petits flambeaux, deux tasses de cuivre doré, quatre fourchettes et quatre cuillers, un sucrier, le tout aussi d’argent, poinçon de Paris, pesant ensemble 16 marcs 5 onces, l’ensemble prisé à la même raison de 26 ℔. le marc, revenant le tout au dit prix la somme de 433 ℔ 18 s. 6 d. [deniers].

Dans un coffre étant dans le bouge attenant les susdites deux chambres a été trouvé

Item Trois pièces de tapisserie d’Auvergne à pentes [56] ouvragées avec deux entre-fenêtres, le tout faisant dix aunes ou environ et deux aunes et demi de haut, [57] prisées ensemble et comme telles quelles la somme de 70 ℔.
Item Deux tapis de table, l’un de tapisserie à l’aiguille et l’autre de moquette, [58] tel quel prisé l’ensemble 6 ℔.

Dans le cabinet du second étage qui a vue sur la petite montée au derrière de ladite maison

Item Un coffre-fort de bois de chêne avec serrure fermant à clef, prisé la somme de 15 ℔.
Item Un bas d’armoire de bois de chêne à deux guichets fermant à clef, prisé avec ses deux pieds 40 ℔.
Item Un petit cabinet d’Allemagne garni de plusieurs petits tiroirs, prisé ensemble 100 s.
Item Un autre petit cabinet de bois de canfre [59] garni aussi de ses tiroirs, prisé le tout 4 ℔ 10 s.
Item Un méchant tapis de table avec une petite peau de chamois, prisés ensemble 15 s.
Item Deux petits coutelas à l’antique avec leurs fourreaux et un écrin aussi avec sa sangle, prisés, avec une vieille épée à poignée et garde de fer et aussi une plaque de carabine, à la somme de 6 ℔.
Item Deux épées, l’une à garde d’argent et l’autre dorée, avec un baudrier à frange noire et deux cimeterres, [60] prisé le tout ensemble la somme de 30 ℔.
Item Un petit mousqueton, trois pistolets d’arçon et deux autres de poche, avec un petit cor de chasse, prisé le tout ensemble la somme de 25 ℔.
Item Seize petits tableaux et paysages de diverses représentations avec leurs bordures tant de forme ronde que carrée, et quelques-uns à bordure dorée de très peu de valeur et coût, le tout prisé, avec un almanach imprimé [un mot illisible] son cadre doré, 10 ℔.
Item Une balance avec deux trébuchets dont l’un à l’antique sans balancier, avec un petit étui garni de huit petites pièces servant aux mathématiques avec plusieurs petits morceaux d’argent en plaque ayant servi à quelque garniture et deux morceaux de pièces de six écus blancs, prisé le tout ensemble la somme de 20 ℔.
Item Une boîte de bois blanc en pyramide faite au tour, se démontant en plusieurs morceaux avec une autre en forme ronde peinte en rouge et couverte dans laquelle sont six petites écuelles aussi rouges, prisé ensemble 30 s.
Item Deux coutelières, l’une garnie de six grands couteaux et l’autre de six petits, prisé le tout ensemble la somme de 4 ℔ 10 s.
Item Un petit taureau de bronze sur son piédestal de bois noir avec une petite figure de Cupidon de marbre, prisés ensemble 60 s.
Item Une armoire de bois de chêne à deux tiroirs fermant, six petites boîtes et six ais de bois de sapin servant de tablette, avec une petite tablette et un pupitre de même bois, le tout ensemble prisé 6 ℔.
Item Huit paquets de vieille bougie, prisés l’ensemble 3 ℔.
Item Quatre étuis, dont l’un est un étui de chirurgien garni de sept pinces dont trois sont d’argent, et les autres étuis garnis seulement de ciseaux et poinçons, prisés ensemble la somme de 6 ℔.
Item Quatre grands couteaux et quatre moyens, quatre autres petits couteaux à jambettes, [61] prisés ensemble avec deux paires de ciseaux 4 ℔ 10 s.
Item Cent sept jetons de cuivre jaune et rouge prisés ensemble 12 s.
Item Un bout de soie noire avec deux pieds et demi de ruban, prisé le tout, avec environ deux aunes de galon d’argent, [62] 10 ℔.
Item Quatre paires d’éperons à l’antique avec une vieille plaque de fusil et quelques viroles de fusil, [63] une paire de balances, le tout étant en un petit tiroir, prisé 3 ℔.
Item Une autre petite paire de balances et six rasoirs prisés ensemble 40 s.
Item Deux cent soixante jetons d’argent de diverses grandeurs pesant 6 marcs et 3 onces, prisé à raison de 23 ℔ le marc, revenant au dit prix à la somme de 147 ℔ 2 s. 6 d.
Item Dix médailles d’argent tant grandes que petites, et autres trois fort petites, prisées ensemble 6 ℔.
Item Sept médailles de cuivre rouge de diverses grandeurs, six autres médailles d’étain et huit petites pièces étrangères d’argent de plusieurs grandeurs, prisé l’ensemble 4 ℔.
Item Un double louis d’or et quelques autres pièces d’argent monnayé la valeur de 30 ℔.
Item Cinq bagues d’or ayant chacune une pierre de diverses couleurs, fausses, et une autre bague sans pierre, un petit crucifix d’argent doré et une croix, cinq petites médailles d’argent avec une petite boîte où sont plusieurs rubis faux, prisé le tout ensemble 22 ℔.

Dans le cabinet du premier étage étant au-dessous de celui ci-dessus [64]

Item Deux pièces de tapisserie et un entre-fenêtre, le tout de tapisserie d’Auvergne coûtant huit aunes de couvert ou environ, [65] prisé la somme de 30 ℔.
Item Deux petits flambeaux d’argent prisés la somme de 15 ℔.
Item Quatre vieilles chaises couvertes de tapisserie, deux tables, l’une à deux tiroirs et l’autre ployante, deux morceaux de tapisserie façon de Rouen servant de rideaux de fenêtres avec une douzaine d’ais de sapin servant de tablette ; prisé le tout ensemble 4 ℔.
Item Une montre de cuivre et argent avec un poignard ou couteau, le tout de peu de valeur et coûte en prise 15 s.

Dans le coffre-fort a été trouvé

Item En écus blancs, pièces de 30 s. et de 15, et autre monnaie, 35 ℔ 5 s. et 9 d.
Item Un étui de maroquin de Levant rouge, [66] dans lequel s’est trouvé une cuiller fourchette de vermeil doré et un couteau à manche aussi de vermeil doré, prisé le tout ensemble la somme de 15 ℔.
Item Six douzaines de boutons en vermeil doré propres à garnir un justaucorps, prisé l’ensemble 24 ℔. » [67]

Les greniers de la maison étaient en partie aménagés en cabinets sous les combles. Il est vraisemblable que deux escaliers (montées) sur cour desservaient les étages : un grand, sans doute situé à l’un des angles du corps principal, et un petit, à l’arrière de l’aile, dite gauche, dont il était flanqué. Luxe fort appréciable à l’époque, chaque étage était muni de privés placés au fond de l’aile, [68] dont la descente aboutissait dans une fosse d’aisance creusée dans la cour.

La suite de l’inventaire concerne les papiers et les livres de Robert Patin. Elle m’a été fort utile pour documenter les deux autres annexes où il apparaît : Comment le mariage et la mort de Robert Patin ont causé la ruine de Guy et La bibliothèqe de Guy Patin et sa dispersion.

Heurs et malheurs d’un propriétaire et d’un père

Pour un médecin sans grande fortune familiale, [69] les 25 000 livres que coûtait la maison représentaient une somme considérable. L’acte de vente conclu entre Marchais le Jeune et Guy Patin en décembre 1650, chez le notaire Pierre Haffrey, est sans doute tapi dans une liasse du Minutier central ; mais en dépit de recherches assidues, je ne suis pas parvenu à le débusquer. Deux faits sont néanmoins établis :

  1. le 24 décembre 1650 (liasse et/cxv/100), sous la forme d’une assignation, Guy Patin, « demeurant auparavant rue des Lavandières, paroisse de Saint-Germain-l’Auxerrois », empruntait 2 000 livres à Anne Lambert, épouse de Jacques Esmery, conseiller du roi en sa Cour des aides, « demeurant rue Sainte-Croix-de-La-Bretonnerie » ; somme que Patin remboursait le 7 août 1653, avec « les arrérages dus de ladite rente depuis le 24e d’août dernier jusques à ce jour » ; [70]

  2. le bail conclu le 2 avril 1669 (liasse et/cii/65) par Guy Patin en faveur de son fils Robert pour une partie de sa maison, place du Chevalier du Guet, déclarait le « présent bail fait moyennant la somme de 500 livres de loyer pour et par chacune des susdites six années que ledit Sr preneur < Robert Patin > a promis et s’est obligé bailler et payer auxdits Sr et damlle bailleurs < Guy Patin et son épouse, Jeanne Patin-Janson >, ou en leur acquêt [71] aux Sr et damlle de Marchais, frère et sœur, en déduction et [un mot illisible] de la rente de 555 ℔, 11 s. et 2 . que lesdits Sr et damlle bailleurs leur doivent par partage de prix de ladite maison » ; ce qui signifie que plus de 18 ans après y avoir emménagé, Guy Patin servait encore une rente conséquente à l’ancien propriétaire de la maison.

À la mort de Robert (juin 1670), Guy Patin ne disposait plus en propre que de deux chambres situées au premier étage de sa maison : pour son plus grand malheur, depuis avril 1669, il n’avait plus accès à son cabinet de travail et à sa très chère bibliothèque (qui ne sont malheureusement pas décrits dans le présent inventaire, bien qu’ils semblent avoir été baillés à Robert).

Après la mort de Guy Patin, sa maison du Chevalier du Guet est entièrement passée dans les mains de Catherine Barré, [72] sa bru, envers qui il avait contracté une énorme dette, comme le montrent deux autres annexes : La bibliothèque de Guy Patin et sa dispersion et Comment le mariage et la mort de Robert Patin ont causé la ruine de Guy.


1.

V. notes 245, et [8], lettre 254, pour Mme de Lubert, et le début des Actes de 1650‑1651 dans les Commentaires de Guy Patin sur son décanat pour son élection, le 5 novembre 1650.

Dans sa lettre latine à Nicolas Heinsius, datée du 14 juillet 1651, Guy Patin caressait l’espoir de recevoir bientôt son ami in nova mea domo, ab anno mihi empta, 30. millib. libr. Turon. clara, pellucida, commodissima et elegantissima [en la nouvelle maison, claire, diaphane, très confortable et très belle, que j’ai achetée l’an passé trente mille livres tournois].

2.

Dans sa lettre du 30 décembre 1650, Guy Patin écrivait à André Falconet :

« Je m’en vais demeurer dans huit jours au logis de M. Marchais le jeune, et je fais ma bibliothèque dans la grande chambre dans laquelle mourut feu Mme de Lubert le mois d’août passé. »

3.

V. note [3], lettre 21, pour le précédent domicile parisien de Guy Patin.

4.

La rue Jean-Lantier (ier arrondissement de Paris) se situe entre les rues des Lavandières-Sainte-Opportune (à l’ouest) et Bertin-Poirée (à l’est). Son ancien segment (ouest) est séparé du nouveau (est) par l’intersection avec la rue des Lavandières (v. plans infra).

V. note [52] du Borboniana 4 manuscrit pour le chevalier du guet, dont l’hôtel jouxtait à l’ouest la maison achetée par Guy Patin.

5.

La rue du Chevalier du Guet (I sur le plan infra) menait vers l’ouest de la place du Chevalier du Guet (H) à la rue des Lavandières (C) ; la rue Perrin Gasselin (J) (ou Pérain Gacelin, du nom que portait le quartier au Moyen Âge) menait à l’est de la place à la rue Saint-Denis (E). La description la plus précise que j’en en ai trouvée est le fo vi de la Topographie historique du Vieux Paris. Plan archéologique depuis l’époque romaine jusqu’au xviie siècle, dressée par Albert Lenoir (Paris, 1906).

L’hôtel du Chevalier du Guet occupait depuis le xiiie s. une vaste parcelle allant du côté ouest de la place homonyme jusqu’à environ la moitié de la distance qui la séparait de la rue des Lavandières. Le terrain qui entourait la demeure initiale fut peu à peu loti et bâti : probablement dès le xve s., une rangée de maisons particulières sépara ainsi l’hôtel de la place. Au début du xixe s., jusqu’à sa destruction, l’ensemble formé par l’ancien hôtel et par ces maisons, qui bordaient la face ouest de la place, avaient été réunies pour former la mairie du ive arrondissement.

Le Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments par Félix et Louis Lazare (Paris, F. Lazare, 1844, page 136) précise que l’arrêt du 12 fructidor an v (29 août 1797) avait fixé une largeur de 9,5 m à la place, et de 6 m à la rue du Chevalier du Guet, et que l’ordonnance royale du 9 décembre 1838 avait porté ces deux largeurs à 10 m.

Les travaux du baron Haussmann (de 1852 à 1868) sont venus à bout de la place et de la rue du Chevalier du Guet, dans l’idée d’y bâtir un cirque, comme il l’a lui-même expliqué dans ses Mémoires (Paris, Victor Havard, 1893, tome iii, pages 540‑541) :

« Or, le dénivellement de tout le quartier environnant la place du Châtelet, motivé par l’abaissement à l’est de la butte que dominait la Tour Saint-Jacques, et par le rechaussement, à l’ouest, du quai de la Mégisserie et de ses abords, avait nécessité la démolition de toutes les maisons comprises, de la rue des Lavandières et la rue des Arcis, entre la ligne des quais et la rue de Rivoli.

L’hôtel de la Chambre des notaires, qui faisait le coin de la place et du quai de la Mégisserie, a été reconstruit au fond de la place dans l’axe du nouveau Pont au Change.

Quant au “ Veau-qui-tette ”, {a} il disparut dans le bouleversement général.

Un grand parallélogramme d’une superficie d’environ 9.400 mètres carrés (près d’un hectare), formé par le prolongement de la rue Saint-Denis, le quai de la Mégisserie, la rue des Lavandières et l’avenue Victoria, pouvait être affecté au cirque.

Sur l’autre côté de la place, un terrain de même largeur, mais beaucoup moins profond, circonscrit par le boulevard de Sébastopol, le quai de Gesvres, une rue d’isolement (la rue Adam) et la portion de l’avenue Victoria bordant le square Saint-Jacques, suffisait à l’installation du Théâtre-lyrique.

Le Conseil municipal adopta ma proposition de replacer sur ces trois points les théâtres dont la suppression n’était pas jugée possible ; mais, ce ne fut qu’après bien des hésitations, surtout au sujet du cirque et du Théâtre-lyrique. Il comprit finalement qu’il fallait doter le centre de Paris, déshérité sous ce rapport dans le passé, de deux grands théâtres, facilement accessibles de toutes parts et bien à portée des arrondissements de la rive gauche, auxquels l’Odéon ne pouvait suffire, même avec Bobino, le précurseur du Théâtre de Cluny. {b}

C’était un acte équitable et, en même temps, une mesure de bonne édilité. Car ce centre de Paris, si plein de vie dans la journée, semblait mort le soir, et il convenait de ne rien négliger de ce qui pouvait maintenir l’animation qu’y ramenaient chaque semaine les brillantes réceptions de l’Hôtel de Ville. »


  1. Fameuse auberge établie au xvie s. dans le voisinage du Grand-Châtelet.

  2. Aujourd’hui deux théâtres, bâtis dans les années 1860, se font face sur la place du Châtelet : celui du Châtelet (qui a porté le nom de Cirque impérial, en remplacement du vieux Cirque olympique), et celui de la Ville (qu’Haussmann appelait ici Théâtre-lyrique).

6.

Sur notre plan : l’îlot qui forme l’autre côté (sud) de la rue Jean-Lantier la sépare de l’avenue Victoria (B) et du théâtre du Châtelet (G).

7.

V. note [4], lettre latine 242, pour le nom de « carrefour » que Guy Patin donnait à la « place » où il demeurait.

Le tome 2 du Terrier du roi contenu dans le plan du quartier appelé la Ville de Paris conservé aux Archives Nationales, qui contient un cadastre détaillé du centre de la capitale dressé en 1680, montre que la place du Chevalier du Guet était flanquée de 12 immeubles dont quatre formaient le côté ouest avec, du nord au sud :

Patin a confirmé ce plan en disant que la maison de Robert ii Miron (no 3) était mitoyenne de la sienne (lettre à André Falconet du 11 septembre 1665, v. sa note [3]).

Je suis très redevable à ma fille aînée, Alice Capron-Valat, architecte du Patrimoine, de m’avoir fait découvrit l’îlot no 2 du 14e quartier (Louvre), dans le Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), cote F/31/80/22, numérisé sur le Site des Archives de Paris (accessible en cliquant sur le petit œil rouge, à droite de la cote, consulté le 15 décembre 2020), qui donne le plan de la place du chevalier du Guet avant sa destruction. La maison de Patin y correspond au no 9 de la place.

L’aide généreuse et bienveillante de deux conservateurs généraux du patrimoine, Mmes Valentine Weiss, responsable du Centre de topographie parisienne au département du Moyen Âge et de l’Ancien Régime aux Archives nationales, et Hélène Servant, chef du département des patrimoines de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris, m’a permis de connaître très exactement, outre la localisation de la maison de Patin (sur laquelle je m’étais mépris lors de la première édition de la Correspondance), la succession de ses propriétaires durant un siècle (1650-1752), grâce à la précieuse Histoire générale de Paris, Terrier de la censive de l’archevêché dans Paris, 1772. Tome second, deuxième partie, notices nos 2784 à 5479. Publié par Jean de La Monneraye, revu, complété et mis au point par Isabelle Dérens et Hélène Verlet (Paris, 2001, in‑fo, notice 4046, place du Chevalier du Guet) :

« Maison tenant : d’une part à la de (dame) Rousseau, d’autre au sr (sieur) Buffaut, par derrière à M. de Langlerie.

Appt (appartenant) à dlle (damoiselle) Louise-Gabrielle Patin, fille majeure, comme seule hérre (héritière) de Me (Messire) Ignace-Louis Patin, son père, avt (avant), lequel était aussi hérer (héritier) de Me Guy Patin, son aïeul, docteur en médecine, et dlle Jeanne de Janson, son épse (épouse), par représentation de Me Robert Patin, médecin, son père ; lequelsr Guy Patin avait acquis lad. (ladite) maison de sr Jacques Marchais par contrat [Haffrey, {a} 30-xi-1650 ; ensé (ensaisinné) {b} 24-xii]. [Cens : 12 d. par. ; déclon (déclaration) par dlle Patin devant Desmeure, {c} 17-xi-1752]. »


  1. Pierre Haffrey, notaire établi rue Saint-Germain-l’Auxerrois d’avril 1646 à décembre 1652 (étude xiii, salle des inventaires virtuels des Archives nationales).

  2. Mis en possession.

  3. François Desmeures, notaire établi rue Saint-Denis, près de l’église Saint-Sauveur, de mai 1727 à avril 1756 (étude xxx).

Quatre générations successives de Patin ont donc habité la maison :

8.

Mes déductions sont en partie hypothétiques : elles reposent sur la confrontation de plans, conservés aux Archives nationales, et à la Bibliothèque historique et aux Archives de la Ville de Paris, avec les pièces du Minutier central des Archives nationales, contenues dans les liasses numérotées et/cii/65 (bail en faveur de Robert Patin pour une partie de la maison, le 2 avril 1669) et et/cii/69 (inventaire après décès de Robert Patin, juin-août 1670).

Je remercie par avance les historiens du cadastre préhaussmannien qui pourraient avoir l’amabilité de me fournir des renseignements complémentaires.

9.

Lettre de Guy Patin à Claude ii Belin, le 14 janvier 1651.

10.

La seconde aile (petite branche du L) n’est pas décrite dans les extraits de l’inventaire qui sont ici transcrits. Elle n’est que mentionnée dans la note [13], notule {f}, de La bibliothèque de Guy Patin et sa dispersion, où elle est dite « gauche ». Faute d’avoir mis la main sur l’acte de vente (décembre 1650) ou sur une autre archive concernant cette propriété, une description complète de son ensemble me fait encore cruellement défaut, mais peut-être la trouverai-je un jour, grâce à l’aide d’un bienveillant lecteur.

V. supra note [7] pour la mitoyenneté avec la maison des Miron.

11.

Les locataires (hôtes) identifiés de Guy Patin ont été :

12.

V. note [8], lettre 261, pour la description plus détaillée de ces deux pièces que Guy Patin considérait comme sa fons leporum [fontaine des agréments (v. note [3], lettre 833)].

13.

Robert était mort à Cormeilles le 1er juin 1670. L’inventaire de ses biens (dont la minute compte 45 pages, an mc liasse et/cii/69) a été commencé le 7 juin 1670 pour être interrompu le 27 juin en raison d’un désaccord survenu entre les parties sur l’estimation des livres qui composaient la bibliothèque. Il a été repris et terminé le 19 août suivant.

Robert Patin, sa femme et leurs quatre enfants (v. note [16], lettre 985) avaient en partie occupé depuis avril 1669 les trois niveaux de la maison. Je ne suis pas parvenu à réconcilier exactement la description donnée dans l’inventaire de 1670 avec celle du bail établi en 1669 (v. note [13] de La bibliothèque de Guy Patin et sa dispersion), ce qui m’a (pour le moment) découragé d’imaginer un plan complet de la maison des Patin. La pièce qui fait le plus cruellement défaut est la grande salle qui servait d’étude à Guy Patin : elle figure comme baillée à Robert, mais l’inventaire ne fait état que du cabinet attenant.

14.

Cause : « droit acquis à quelque personne par quelque titre que ce soit, vente, cession, donation, succession, confiscation, etc. Ainsi on dit “ ses héritiers ou ayants cause ” » (Furetière).

15.

Le port Saint-Landry, aujourd’hui quai aux Fleurs, sur la rive nord de l’île de la Cité, face à l’Hôtel de Ville, appartenait à la paroisse Saint-Landry qui se trouvait dans l’actuel périmètre occupé par l’Hôtel-Dieu (v. note [5], lettre 369).

16.

Subrogé tuteur : « second tuteur que les parents nomment pour assister à la confection de l’inventaire d’un défunt que fait faire le vrai tuteur, où il paraît en qualité de contradicteur légitime ; il défend aussi aux actions que la veuve ou le tuteur ont à discuter avec ses mineurs ; hors de là, il n’a point de fonction » (Furetière).

17.

En capacité.

Les enfants du couple étaient les héritiers légitimes de leur père. Sa veuve ne jouissait que de son douaire (vnotre glossaire) et des biens qu’elle possédait en propre.

18.

Et lui appartiendra le pouvoir d’en décider.

19.

Enseignements : « titres, preuves, marques qu’on donne de quelque chose : “ Cette partie a justifié son droit par de bons titres et enseignements ” » (Furetière).

20.

Prisée : « valeur d’une chose estimée par autorité de justice » ; la prisée était commise à un priseur, « officier qui met le prix aux choses, les sergents à verge [v. note [140] des Déboires de Carolus] du Châtelet sont creés jurés priseurs et vendeurs de meubles » (Furetière).

21.

Denier : « titre de l’argent, comme le carat est celui de l’or » (Furetière).

22.

Étienne Thomas, notaire (étude lvii), a exercé rue de la Calandre du 27 août 1653 au 31 décembre 1674.

V. note [12] de La bibliothèque de Guy Patin et sa dispersion pour le notaire Louis Pillault.

23.

Chaise : « voiture pour aller assis et à couvert tant dans la ville qu’à la campagne. Un petit carrosse coupé [ouvert à l’avant] s’appelle une chaise roulante » (Furetière).

24.

Chevrette : « petit chenet de fer qui a quatre pieds et qui n’a point de branche élevée qui arrête le bois qu’on met dessus » (Furetière).

25.

Platine : « ustensile de ménage qui sert à étendre, à sécher et à dresser le menu linge. Les rabats, les cravates empesés se sèchent sur la platine. La platine est faite d’un rond de cuivre jaune fort poli » (Furetière).

26.

Cloche : « vaisseau et ustensile qui a la figure d’une cloche. On fait cuire des fruits sous une cloche de fer qu’on fait rougir » (Furetière).

27.

Probablement une seringue de médecin, servant à administrer les clystères (lavements).

28.

Guichet : porte d’armoire.

29.

Hastier : « grand chenet à plusieurs crans, où on mettait plusieurs broches ensemble les unes sur les autres »(Furetière).

30.

Les ais sont des pièces de bois scié en longues lames (v. note [4], lettre 118) et une varlope est un « grand rabot qui sert à rendre le bois fort uni » (Furetière).

31.

Une couche est un bois de lit.

32.

Coffre de bahut : « coffre couvert de cuir dont le couvercle est arrondi » (Furetière). L’ameublement de cette salle basse attenant l’écurie fait penser qu’elle pouvait servir à loger une servante de la maison.

33.

En 1670, le second étage ici décrit était le troisième niveau du corps de maison principal, où logeaient Robert Patin et sa famille. Le premier étage restait réservé à ses parents, Guy et Jeanne Patin (chambre du couple, cabinet et bibliothèque du père), et ne faisait pas partie de l’inventaire, hormis un cabinet décrit plus bas.

Les passages non transcrits ([…]) concernent les interactions des priseurs avec la veuve de Robert, Catherine Barré (dont toutes les feuilles portent le paraphe ou la signature), ou les raisons pour lesquelles ils ont temporairement suspendu leur inventaire. François Bastonneau, tuteur des quatre enfants du couple (v. note [18] de la Bibliothèque de Guy Patin et sa dispersion), y assistait aussi et en a signé la minute.

34.

Cassette de nuit : coffret où les dames rangeaient leurs objets de toilette et de parure.

Guéridon : « meuble de chambre qui sert à porter des flambeaux, des vases etc. Il est composé d’un pilier ou colonne de bois ou d’argent entre deux pièces rondes, l’un par bas pour le soutenir, et l’autre par en haut pour porter ce qu’on met dessus » (Furetière).

35.

Environ 67,5 x 40,5 centimètres : banals aujourd’hui, les miroirs de Venise de cette taille étaient alors des articles coûteux, car uniquement fabriqués par les verriers de Murano.

36.

enfonçure de lit (couche) : ses bois, soit le cadre et les traverses qui recevaient et soutenaient les paillasses (l’ensemble formant ce qu’on appelle maintenant un sommier).

Futaine : « étoffe de fil et de coton, on se sert de futaine pour couvrir des matelas » (Furetière).

Coutil : « toile faite de fil fort délié et fort pressée qui sert à enfermer de la plume pour faire des lits, des traversins et des oreillers parce qu’elle est extrêmement forte et serrée. Les coutils doivent être faits de bon fil de chanvre et sans étoupe [filasse de chanvre ou de lin]. Ils sont marqués à huit, neuf et dix rais, qui ont leurs longueurs et largeurs ordonnées par les statuts des tapissiers, selon les villes où on les fabrique » (ibid.).

37.

Courtepointe : « grande couverture de lit qui traîne jusqu’à terre. Ce mot vient par corruption de contrepointe, du latin contra et punctum, parce qu’autrefois ces couvertures étaient piquées » (Furetière).

38.

Soubassement : « garniture d’étoffe qu’on met au bas d’un lit quand les rideaux ne vont pas jusqu’à terre » (Furetière).

39.

Mollet : « petite frange large d’un travers de doigt, qui sert à garnir les ameublements. On en fait d’or, de soie et de laine » (Furetière).

Taffetas : « étoffe de soie mince et unie » (ibid.).

40.

« Tapisserie grossière faite d’un tissu de laine, de fil ou de coton sur le métier, sans représenter aucunes figures. On les appelle maintenant tapisseries de Rouen. Il y a apparence que la première fabrique vient de la ville de Bergame » (Furetière).

41.

À l’ancienne mode.

42.

Bouge : « petite chambre ou garde-robe qui accompagne une plus grande » (Furetière).

La chambre richement meublée ayant vue sur la place était celle de Robert et Catherine Patin ; celle qui avait vue sur la cour et le bouge attenant devaient être pour leurs enfants (v. note [16], lettre 985).

43.

« On appelle un lit en housse celui qui a des pentes (v. infra note [56]) qui vont jusqu’en bas ou qui se suspendent sur des bâtons, qui n’a point de rideaux qui se tirent sur des tringles » (Furetière).

La serge est « une étoffe commune et légère de laine croisée » (ibid.).

44.

V. note [28], lettre 514, pour la soutane.

pou-de-soie : « étoffe de soie unie et sans lustre » (Furetière).

45.

Panne : « étoffe toute de soie dont les filets traversants sont coupés et forment une espèce de poil qui est plus long que celui des velours et plus court que celui de la peluche. Les pannes sont de même soie, qualité et largeur que le velours façonné. On appelle souvent de bons bourgeois des manteaux doublés de panne parce que c’est leur vêtement d’hiver le plus ordinaire » (Furetière).

46.

Camelot : « étoffe faite ordinairement de poil de chèvre, avec laine ou soie » (Furetière).

47.

Revêche : « étoffe de laine qui n’est point croisée, mais qui est une espèce de frise ou de ratine [laine] frisée à poil long et qui est moins serrée » (Furetière).

48.
Furetière :

49.

Environ 14,2 mètres.

50.

Aiguière : « vaisseau rond et quelquefois couvert, propre à servir de l’eau sur la table. Il faut que son corps soit cylindrique car s’il est plus enflé en un endroit qu’en un autre, on l’appelle alors pot à l’eau » (Furetière).

51.

Mouchettes : « ustensile qui sert à moucher les chandelles et les bougies » (Furetière).

52.

Tire-moelle : « petit instrument d’argent de la forme d’un manche de cuiller, mais creusé en gouttière dans sa longueur, dont on se sert à table pour tirer la moelle d’un os » (Furetière).

53.

Un marc, ou huit onces, pesait un peu moins de 250 grammes.

54.

Caleçon : « vêtement qui couvre les cuisses, qu’on attache à la ceinture et qu’on met sur la chair nue. Il est ordinairement de toile ; mais on en fait aussi de chamois, de taffetas, etc. » (Furetière).

camisole : « petit vêtement qu’on met la nuit ou pendant le jour entre la chemise et le pourpoint pour être plus chaudement. Il ne va d’ordinaire que jusqu’à la ceinture. Il s’en fait de toile, de futaine, de coton, de ratine, de chamois, de soie, d’ouate, etc. » (ibid.).

55.

Toilette : « linges, tapis de soie ou d’autre étoffe, qu’on étend sur la table pour se déshabiller le soir et s’habiller le matin » (Furetière).

Moire : « étoffe tout de soie, tant en chaîne qu’en trame » (ibid.).

56.

Pente : « bande qui pend autour d’un ciel de lit, sur le haut des rideaux » (Furetière).

57.

Environ 12 mètres de long sur 3 de haut (ce qui donne une idée sur la hauteur de plafond du 2e étage).

58.

Moquette : « étoffe de laine qui se travaille à la manière du velours » (Furetière).

59.

Camphrier (v. note [27], lettre 503).

60.

Cimeterre : « grosse épée et pesante, qui ne tranche que d’un côté et qui est un peu recourbée par le bout » (Furetière). Le mot vient du persan scimitarra.

61.

Jambette : « petit couteau [canif] qui se replie dans le manche pour le porter plus commodément dans la poche sans avoir besoin d’autre étui » (Furetière).

62.

Deux pieds et demi équivalent à 81 centimètres, et deux aunes, à 2,3 mètres.

63.

Un fusil était primitivement un mécanisme servant à enflammer la poudre : « platine d’acier qu’on applique aux armes à feu vers la culasse, qui fait du feu quand on lâche le chien sur la couverture du bassinet. » La platine était « la plaque où s’attachent le ressort et le chien ». Le fusil était un progrès sur le rouet (briquet à ressort) qui l’a précédé. Le sens du mot a évolué vers celui de « longue arme à feu qui a pour platine un fusil vers la culasse » (Furetière). Les viroles étaient les anneaux métalliques servant à fixer le canon de l’arme sur son armature en bois.

64.

Cette pièce au premier étage de l’aile droite était le cabinet de travail de Robert Patin, où se trouvaient les livres qui lui appartenaient en propre ; elle avait antérieurement accueilli ceux de son père qui, faute de place, n’étaient pas rangés dans la grande salle attenante (v. note [14] de La Bibliothèque de Guy Patin et sa dispersion).

65.

Environ 9,5 mètres, pouvant correspondre au périmètre des cloisons et murs de ce cabinet (sans compter sa porte et ses fenêtres).

66.

Le maroquin est un cuir de chèvre ou de bouc apprêté avec de la noix de galle ou du sumac. Le maroquin de Levant était celui qu’on apportait teint du Proche-Orient.

67.

Le total des biens prisés s’élève à la somme de 2 344 ℔ 10 sols 9 deniers.

68.

« On appelle un privé un retrait, un lieu particulier où on va à ses nécessités naturelles » (Furetière) ; v. notule {g}, note [13] de La bibliothèque de Guy Patin et sa dispersion.

69.

VComment le mariage et la mort de Robert Patin ont causé la ruine de Guy.

70.

Dans l’intervalle, les décès successifs de sa belle-mère, Catherine Janson, en juillet 1650, et de son beau-père, Pierre, en janvier 1651, avaient pu accroître de 60 000 livres le patrimoine des Patin (v. notes [9] et [10], lettre 280) ; mais une autre grosse somme fut dépensée en 1651 pour racheter (15 000 livres, v. note [16], lettre 264) et sans doute embellir la propriété de Cormeilles (v. note [5], lettre 11).

71.

En leur profit.

V. note [13] de La Bibliothèque de Guy Patin et sa dispersion, pour l’énumération des parties de sa maison que Guy Patin louait à Robert, en application de ce bail de 1669.

72.

V. note [27] de La bibliothèque de Guy Patin et sa dispersion.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Annexe. La maison de Guy Patin, place du Chevalier du Guet

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(Consulté le 20/04/2024)

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