À Claude II Belin, le 12 janvier 1632

Note [5]

«&bsp;Scaliger le père a écrit bien d’autres ouvrages que son livre sur la subtilité : certes ses commentaires du petit livre d’Hippocrate sur les insomnies, d’Aristote sur l’histoire des animaux in‑fo, des livres d’Aristote sur les plantes, in‑4o ; mais aussi un livre de lettres, 13 livres sur les origines de la langue latine in‑8o, les poèmes complets in‑8o […] sept livres poétiques in‑8o […] des observations sur Théophraste in‑fo […] une oraison funèbre pour la mort du fils d’Andectus, in‑8o ; voilà ce que je crois bien être les œuvres complètes de Scaliger père, et il ne m’a pas été difficile de les retrouver. »

Un « volume plus gros que les épithètes » signifie que l’ouvrage vaut bien mieux qu’un amas de simples ornements de style : « L’épithète appartient proprement à la poésie et à l’éloquence […]. Retranchez d’une phrase l’adjectif, elle est incomplète, ou plutôt c’est une autre proposition ; retranchez-en l’épithète, la proposition pourra rester entière, mais déparée ou affaiblie. Telle est la règle générale pour distinguer l’épithète de l’adjectif » (F. Guizot, Dictionnaire des synonymes).

Jules-César Scaliger (Giulio Cesare Scaligero, Riva del Garda, près de Vérone, 1484-Agen 1558), le père de Joseph-Juste (v. note [5], lettre 34), était fils d’un peintre en miniature nommé Benedetto Bordoni et prétendait descendre de la famille des princes della Scala, souverains de Vérone, auxquels il emprunta son nom (v. note [10], lettre 104). Il mena d’abord la vie la plus aventureuse. Vers 1515, plongé dans une profonde misère, il étudiait la théologie et la philosophie à Bologne. À Turin, il se lia intimement avec un médecin de l’armée française et se mit à étudier la médecine, ce qui le mena à apprendre le grec. En 1525, Marc-Antoine de La Rovère, évêque d’Agen, le prit pour médecin et l’emmena dans sa résidence épiscopale. À 43 ans, après avoir été reçu docteur par l’Université de Padoue (mais le fait est discuté), il épousa Andriette de La Roque Loubéjac (v. note [31] du Naudæana 2). En mars 1528, François ier, roi de France, lui accorda ses lettres de naturalisation (v. note [4] du Grotiana 2). Ce fut aussi l’époque où parurent ses premiers ouvrages, ses invectives contre Érasme à propos de Cicéron (v.  note [56] du Faux Patiniana II‑3), et qu’il commença la longue liste de ses publications érudites, et notamment sa remarquable série de commentaires sur l’histoire naturelle telle que l’avaient comprise les anciens, Aristote et Théophraste. Outre sa vanité proverbiale, on lui a reproché la violence et la dureté de ses critiques à l’égard de ses contemporains (G.D.U. xixe s.).

Les ouvrages que Guy Patin citait ici sont dans l’ordre :


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 12 janvier 1632, note 5.

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(Consulté le 24/04/2024)

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