À Charles Spon, le 12 décembre 1642

Note [18]

Mémoires de Henri de Campion (page 164) :

« Le roi, après la mort du cardinal de Richelieu, se servit des mêmes ministres qu’il lui avait donnés, et prit pour chef de son Conseil, à sa place et à sa recommandation, le cardinal Mazarin, sa créature ; homme qui s’était employé heureusement dans plusieurs grandes négociations, d’un esprit souple, accommodant et tout à fait propre pour le cabinet. Quoiqu’il fût italien, le crédit de la France lui avait procuré le cardinalat, et il y avait si longtemps qu’il était à la cour qu’il la connaissait parfaitement. Il savait que la plupart des princes et des grands seigneurs avaient été persécutés par son prédécesseur, qui ne s’était maintenu que par la violence, et jugea qu’un étranger comme lui, sans amis ni parents, devait s’établir par d’autres voies. Il chercha à s’appuyer des plus considérables personnages du royaume »

Un peu plus haut (page 160), Campion, un des hommes de confiance du duc de Beaufort (v. note [14], lettre 93), alors réfugié en Angleterre, donne un éclairage sur la manière dont Louis xiii se comporta à la mort de Richelieu :

« En apprenant cette nouvelle, qui donna aux exilés la joie qu’on peut penser, le duc de Beaufort reçut une lettre de la reine [Anne d’Autriche], près de laquelle il était alors tout à fait bien, et qui le priait de repasser en France. Cela nous fit partir en poste la même nuit, les mêmes que nous étions venus avec le duc. Nous nous embarquâmes à Rye et fûmes mettre pied à terre à Saint-Valéry-en-Caux. Nous y achetâmes des chevaux sans nous faire connaître, ayant appris en arrivant qu’il y avait ordre aux villes d’arrêter tous les Français qui viendraient d’Angleterre. Le roi avait fait ce commandement afin de tenir encore quelque temps les exilés hors du royaume, pour faire croire que ce qui s’était fait pendant la vie du cardinal avait été de son pur mouvement, ne craignant rien tant, alors qu’il se voyait libre, sinon que l’on crût qu’il avait été gouverné par un de ses sujets. Cette fantaisie l’obligea à faire le sévère encore quelques mois contre son sentiment. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 12 décembre 1642, note 18.

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(Consulté le 20/04/2024)

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