À Charles Spon, le 12 décembre 1642

Note [5]

Elogiorum civium Cadomensium centuria prima. Authore Iacobo Cahagnesio Cadomensin Medicinæ Professore Regio [Première centurie d’éloges de citoyens de Caen. Par Jacques Cahaignes, natif de Caen, professeur royal de médecine] (Caen, Jacques Bassi, 1609, in‑4o).

Jacques Cahaignes (ou Cahagnes, Caen 1548-1612) était docteur en médecine et professeur de la Faculté de Caen (mais ne fut pas professeur au Collège de France). Il en a rédigé les statuts et a laissé plusieurs autres ouvrages médicaux (Jourdan in Panckoucke). Son éloge par Daléchamps porte le no 53 (pages 77‑79). C’est un hommage assez plat, dont la fin peut à juste titre irriter ceux qui prisent la précision des biographies :

His aliisque ingenii fœturis insignem doctrinæ famam per Galliam longe lateque propagavit, et gloriæ suæ multis annis supervixit, cum tamen initium gloriæ hominum sit ut plurimum finis vitæ. Adhuc enim vivens legit scriptas de se laudes, et iucundissimum immortalis gloriæ fructum degustavit, cuius dulcedine pellectus, licet iam decurso vitæ spatio terram spectaret, acrius tamen quam unquam alias lectioni et scriptioni vacabat, illos qui in stadio currunt imitatus, qui non quiescunt a cursu donec metam attigerint, imo quo metæ viciniores eo velocius gradum accelerant. Obiit iam plenus annis. Dices, matura fuit illa mors ; non ita est, nam semper mors illorum est immatura qui aliquid immortale parant, qui posteritatis curam habent, et gloriose factis, aut eruditis scriptis sui memoriam extendunt.

[Par ces productions, et bien d’autres, il a propagé de tous côtés en France l’insigne renom de la doctrine, et il a survécu de nombreuses années à sa gloire, bien que la gloire des hommes ne commence le plus souvent qu’avec leur mort. De fait, tant qu’il a vécu, il a lu les louanges qu’on écrivait de lui et s’est délecté du fruit très agréable d’une gloire immortelle, dont la suavité l’a enjôlé. Dans le déclin de la vie il aurait pu se contenter de contempler enfin le monde, mais il s’occupait à lire et à écrire avec plus d’acharnement que jamais, imitant ceux qui courent dans le stade, qui ne se reposent pas de leur effort tant qu’ils n’ont pas atteint le poteau d’arrivée, et même qui accélèrent quand ils approchent du but. Il est mort comblé d’années. Vous direz que cette mort vint à point ; mais non, car la mort vient toujours trop tôt à ceux qui préparent quelque chose d’immortel, qui se soucient de la postérité, et dont les hauts faits ou les écrits savants prolongent glorieusement le souvenir].

Daléchamps n’a fourni les dates de naissance et de mort d’aucun des personnages dont il a écrit l’éloge.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 12 décembre 1642, note 5.

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(Consulté le 29/03/2024)

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