À Charles Spon, le 16 novembre 1645

Note [11]

Theodori Mayerni Turqueti in Celeberrima Monspeliensi Academia Doct. Medici, et Medici Regii. Apologia. In qua videre est inviolatis Hippocratis et Galeni legibus, remedia Chymice præparata tuto usurpari posse. Ad cuiusdam Anonymi calumnias Responsio.

[Apologie de Théodore Turquet de Mayerne, docteur en médecine de la très célèbre Université de Montpellier et médecin du roi. Où est donné à voir, sans violer les lois d’Hippocrate et de Galien, que les remèdes préparés chimiquement peuvent être employés sans danger. Réponse aux calomnies d’un certain anonyme]. {a}


  1. La Rochelle, sans nom, 1603, in‑8o de 117 pages ; dédiée à Achille i de Harlay, premier président du Parlement de Paris (v. note [19], lettre 469).

Guy Patin dénonçait la supercherie en donnant le nom des véritables auteurs de ce livre, Pierre i Seguin et Martin iii Akakia (v. infra note [12]), mais il inversait l’ordre des choses : ce fut la fausse apologie de Turquet qui provoqua l’anathème que la Faculté lança contre lui. Par son commerce de médicaments chimiques, dont l’antimoine, et par ce faux il contrevenait à la sentence qu’elle avait prononcée en 1566 contre ce remède (v. note [8], lettre 122) ; en outre, il exerçait à Paris avec un doctorat de Montpellier. La Faculté le condamna sans appel (Comment. F.M.P., tome ix, fos 448‑449, traduit du latin) :

« Le Collège des médecins régulièrement réuni en l’Université de Paris, ayant écouté la déclaration des rapporteurs, {a} à qui avait été confiée la mission d’examiner l’Apologie publiée sous le nom de Turquet de Mayerne, {b} la condamne d’un accord unanime, en tant qu’opuscule diffamatoire, rempli d’invectives mensongères et de calomnies impudentes, sauf à avoir pu être proférées par un homme ignorant, effronté, aviné et forcené. Elle juge le même Turquet indigne à jamais de pratiquer la médecine à cause de son irréflexion, de son impudence et de son ignorance de la véritable médecine. Elle exhorte tous ceux qui sont véritablement médecins, qui exercent où que ce soit, à tenir éloigné d’eux et de leur cercle ce même Turquet et semblables monstres d’hommes et d’opinions, {c} et à demeurer fidèles à la doctrine d’Hippocrate et de Galien. Aussi a-t-elle interdit à tout membre du Collège des médecins de Paris de consulter avec Turquet, ni avec ceux qui lui sont semblables. Celui qui y aura contrevenu sera privé des distinctions de la Faculté et des privilèges de l’Université, et rayé du nombre des régents. Fait en l’Université de Paris, le 5 décembre de l’an de grâce 1603. »


  1. Jean i Riolan et Jean Duret.

  2. sub nomine Mayerni Turqueti editam.

  3. similiaque hominum et opinionum portenta.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 16 novembre 1645, note 11.

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(Consulté le 29/03/2024)

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