À Charles Spon, le 20 mars 1649

Note [54]

« dans ce passage Saumaise a dit des balivernes ».

Dans les Animadversiones in Anatomica Laurentii [Remarques sur les œuvres anatomiques de Du Laurens] de son Anthropographie alors sous presse (Opera anatomica vetera… 1649, v. note [25], lettre 146), Jean ii Riolan a écrit (page 656) :

De scriptura coli intestini per ο, non per ω, etiam monuit Cl. Salmasius, lib. de annis Climactericis, et ante viginti quinque annos id annotaveram ex Sebero, in mea Anthropographia : sed non possum tacere de insctia artis, quam novem Medicis Parisiensibus ex probavit Salmasius, p. 731. lib. citati : conabor istam maculam nostræ Scholæ insultam, non acri sapone absterger, sed aqua dulci, quia facile eluetur. […] Non vitupero grates quas persolvit dignas Citesio, sed ipsemet eodem crimine suggillat Medicos Parisienses, libello suo de dolore colico Pictonico, quod ante adventum Medici Milonis, primarij Medici Christianissimi Regis Henrici iv. colicus ille dolor Pictaviensis, ignotus erat Medicis Parisiensibus : Sed velim, uterque discat, (Salmasium et Citesium intelligo) ex Fernelio et Hollerio, nomine colici doloris nothi, istum dolorem designatum fuisse, qui sæpe in paralysim artuum inferiorum, et interdum superiorum desinit. Morbus hic populis Lutetiæ vicinis, iamdudum, Melodunensibus familiaris est, et Endemius, ut etiam populis Aremoricis : etiam frequens occurrit in hac urbe, mediastinis Medicorum notissimus, antequam natus fuisset Citesius.

[Claude Saumaise, en son livre sur les Années climatériques, a même engagé à écrire le nom du gros intestin en y mettant un omicron et non un oméga {a}, et voilà déjà 25 ans que j’avais tiré cette remarque de Seberus, dans mon Anthropographie ; mais quant à son ignorance de l’art médical, je ne puis taire ce que Saumaise a reproché à neuf médecins de Paris, à la page 731 de l’ouvrage cité. J’entreprendrai de laver cette brûlante flétrissure de notre École non pas avec du savon noir, mais avec de l’eau pure, parce qu’elle est facile à effacer. (…) {b} Je ne blâme pas les remerciements mérités dont Saumaise s’est acquitté envers Citois ; {c} mais dans son petit livre sur la colique du Poitou, il accable les médecins de Paris de la même faute parce qu’avant l’arrivée de Milon, premier médecin du roi très-chrétien Henri iv, {d} ils n’auraient pas eu connaissance de cette colique poitevine ; je voudrais pourtant que ces deux-là (j’entends Saumaise et Citois) apprennent que Fernel et Houllier ont donné à cette douleur le nom de colique bâtarde, qui se termine souvent par une paralysie des membres inférieurs, et parfois des membres supérieurs. {e} Cette maladie est ici depuis longtemps courante et endémique chez les habitants de la région parisienne, comme chez ceux de Melun et chez les Bretons ; elle était même survenue communément dans cette ville, et fort bien connue des médecins les moins savants bien avant que Citois fût même né].


  1. Colon (avec un omicron) et non côlon (avec un oméga), comme nous l’écrivons aujourd’hui.

  2. Résumé des propos de Claude i Saumaise rapportés dans la note [53], supra.

  3. V. note [6], lettre 47, pour le livre de François Citois sur la colique du Poitou (Poitiers, 1616).

  4. V. notule {b}, note [6], lettre 97, pour Pierre Milon, premier médecin de Henri iv en 1609-1610.

  5. Une colique suivie de paralysie des membres peut faire penser à la poliomyélite aiguë ou à une polyradiculonévrite aiguë (syndrome de Guillain-Barré).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 54.

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(Consulté le 29/03/2024)

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