À André Falconet, le 28 mai 1649

Note [13]

Annonce d’un fameux ouvrage (non signé) que Guy Patin a toujours attribué être de Jean ii Riolan :

Curieuses recherches sur les Écoles en médecine de Paris et de Montpellier, nécessaires d’être sues pour la conservation de la vie. Par un ancien docteur en médecine de la Faculté de Paris. {a}


  1. Paris, Gaspard Meturas, 1651, in‑8o.

    Jean Chartier a dénoncé Patin comme en étant le véritable auteur (v. note [5] du Procès l’opposant à Patin).


La préface Au lecteur sage et désintéressé donne le motif de l’ouvrage :

« Mon cher lecteur, je vous donne ces remarques pour vous faire voir quelle a été la dignité des deux écoles de médecine les plus célèbres et vous montrer en même temps les avantages que la Faculté de Paris a sur celle de Montpellier, comme sur toutes les autres du monde. Cet ouvrage fut conçu dans la chaleur d’un procès que l’autorité d’un arrêt {a} n’a pu terminer ; et si Théophraste Renaudot se formalise de se voir mêlé dans ce discours, il doit considérer que les écrits diffamatoires dont il a déchiré notre École demeurent toujours, et que ce n’est pas assez que le Parlement ait condamné ses injustes entreprises si on n’efface encore les traits de sa langue et de sa plume. »


  1. Août 1642, v. note [52], lettre 101.

Le corps du livre est d’un seul tenant, sans division en parties ni chapitres. Il commence sur le même ton que la préface (avec respect de l’italique d’origine) :

« Enfin Théophraste Renaudot a tant fait par ses poursuites, écritures et chicaneries qu’il a fait réussir son grand dessein et chef-d’œuvre, qui était d’attirer dans son parti l’École de Montpellier et nous mettre aux mains les uns contre les autres, puis se retirer hors de la presse pour voir jouer les coups d’escrime, se rire de nos querelles et disputes très dangereuses pour le public, particulièrement dans la ville de Paris où il avait entrepris de brouiller et détruire totalement la vraie médecine pour y introduire celle de Théophraste Paracelse, {a} son bon maître, qu’il faisait enseigner dans son Bureau d’adresse, assisté d’une troupe de jeunes gens soi-disant médecins de Montpellier qui déclamaient par médisances et calomnies contre les médecins de Paris, particulièrement par la plume de Théophraste Renaudot, leur chef et conducteur. Tout cela s’est fait au vu et au su de toute la ville de Paris et de la France. Les libelles diffamatoires ont été imprimés et distribués avec ses gazettes par tout le royaume, jusqu’aux pays étrangers. Les médecins de Paris se voyant ainsi attaqués et déchirés, leur École et leur doctrine horriblement diffamée, n’ont pu se taire, ont reparti à toutes ces calomnies et injures atroces pour réparer les brèches qu’on voulait faire à leur honneur, sans offenser l’École de Montpellier qu’ils ont toujours par leurs écrits respectée et reconnu avoir produit de savants hommes en la médecine, tant en la théorie qu’en la pratique, selon le climat {b} du pays. Nous n’avons jamais prétendu leur prescrire la méthode d’exercer la médecine en leur pays : en cela et en tout notre procédé, nous avons été plus équitables qu’eux, qui veulent dans notre climat nous forcer à suivre leur forme de pratiquer, mais cela n’est qu’un incident. Notre plus grand crime, c’est d’avoir empêché que tous ces jeunes gens, tout fraîchement forgés docteurs à Montpellier, ne demeurassent en notre ville, et là former École contre la nôtre, qui est dresser Autel contre Autel {c} à la ruine de la vie de nos concitoyens. Les ordonnances de nos rois, les arrêts de la Cour de Parlement, la coutume ancienne de plus de cinq cents ans, nous ont donné ces privilèges. Pourquoi donc endurerons-nous que de jeunes gens présomptueux, ignorants, malicieux nous viennent braver jusque dans nos maisons ? qu’ils publient par tout que nous sommes des ignorants en médecine, que nous faisons mourir les malades par la saignée, et par nos médecines puantes et horribles ? »


  1. Le véritable nom de Paracelse était Philippe-Auréole-Théophraste Bombast von Hohenheim (v. note [7], lettre 7).

  2. Climat : inclination.

  3. V. note [37] de L’ultime procès de Théophraste Renaudot.

Toute la suite est à l’avenant, et le lecteur moderne y est étonné par la violence des arguments avancés contre les opposants à la pure orthodoxie de la Faculté de médecine de Paris. Par endroits, le style ressemble si fort à celui de Patin dont on est tenté d’admettre qu’il a bien dû y mettre la main.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 28 mai 1649, note 13.

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(Consulté le 29/03/2024)

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