À Charles Spon, le 8 janvier 1650

Note [30]

Le massacre de la Saint-Barthélemy eut lieu à Paris le 24 août 1572. Le mariage de Henri iii de Bourbon, roi huguenot de Navarre (le futur Henri iv, roi de France en 1589) avec la princesse Marguerite de Valois (que les romanciers ont plus tard plus tard surnommée la Reine Margot, v. note [4], lettre latine 456), sœur du roi de France, Charles ix, célébré le 18 août, avait échauffé les esprits des deux partis, catholique et calviniste. L’assassinat de l’amiral de Coligny, meneur des protestants, le 22 (v. note [156], lettre 166), inaugura une épouvantable tuerie de tout individu, homme, femme, enfant, soupçonné d’adhérer à la Réforme. Elle s’étendit à l’ensemble du royaume et dura plusieurs semaines. Une telle ignominie émut l’Europe tout entière et eut de très durables conséquences. Les raisons profondes du massacre n’ont toujours pas été parfaitement éclaircies, Charles ix et sa mère, Catherine de Médicis, en ont été tenus pour responsables : comment des souverains raisonnables auraient-ils pu sciemment déclencher une telle explosion de haine ? Leur plus grande faute fut certainement de ne pas avoir perçu le danger de la première étincelle et de ne pas avoir su l’étouffer à temps. Charles ix mourut le 30 mai 1574.

L’anagramme citée par Guy Patin avait été composée à l’occasion du Colloque de Poissy (9‑26 septembre 1561, au tout début du règne de Charles ix), organisé par le Chancelier Michel de L’Hospital et par la reine régente Catherine de Médicis pour tenter de réconcilier les partis catholique et protestant. Leurs députations étaient respectivement menées par le cardinal de Lorraine et par Théodore de Bèze, mais aucun accord ne fut trouvé.

Pierre de La Place (président de la Cour des monnaies, 1520-1572), Commentaires de l’état de la religion et république sous les rois Henri et François seconds et Charles neuvième (édition de J.A.C. Buchon, Paris, 1836, livre vii, page 201) :

« Et le 30e dudit mois les prélats s’étant départis sans faire autre chose, alléguant qu’il fallait aller au concile où le pape les appelait, fut ainsi finie ladite assemblée, sans apporter autre fruit […]. Ainsi que ces affaires se traitaient, le nom du roi Charles de Valois (selon l’opinion du vulgaire, car selon vérité, venant les rois à la couronne, ils perdent le surnom de l’apanage) fut tourné par aucuns en telle sorte que, sans perdre ni ajouter une seule lettre, fut trouvé : Va chasser l’idole ; et en autre sorte : chassa leur idole ; sur quoi furent faits quelques vers que je n’ai voulu omettre d’insérer en ce lieu :

“ Du Seigneur la voix
Cria du haut pôle :
Charles de Valois,
Va chasser l’idole.
À cette parole,
Charles de Valois
Chassa leur idole
Et leurs fausses lois.

Roi qui haïr dois,
Chose inique et folle,
Puisque tu connois
Ce qui nous affole,
Joue donc ton rôle,
Charles de Valois,
Va chasser l’idole
Du peuple françois.

Tous ces dieux d’empois,
De pâte et de colle,
Ne sont d’aucun poids
En la sainte école.
À cette parole
Charles de Valois
Chassa leur idole
De pain, pierre et bois. ” »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 8 janvier 1650, note 30.

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(Consulté le 29/03/2024)

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