À André Falconet, le 15 août 1651

Note [3]

« Cherche donc la pierre [philosophale] de Lulle, que nul ne trouve intérêt à chercher ; pour moi, tu ne seras pas Lulle, mais Nul. ».

Ce distique de Caerl Utenhove (v. note [7], lettre 414) intitulé In Lullium Alchymistam [Contre Lulle l’alchimiste] se lit dans les Γριφολογια sive Sylvula logogriphorum… [Griphologie ou petites silves (v. note [40], lettre Borboniana 6 manuscrit) des logogriphes (paroles énigmatiques)…] de Nicolas Reusner (Francfort, Palthen, 1602, in‑12, page 148).

Raymond Lulle (Ramon Llull, Palma de Majorque vers 1235-Bougie, Bejaïa en Algérie 1315), théologien, philosophe et alchimiste catalan, fut l’un des personnages les plus contestés de son époque. Considéré par l’Église, de son vivant, comme un illuminé et même un fou, il fut canonisé en 1419. Sa vie et son œuvre forment un tissu assez inextricable d’illuminations et d’obsessions où prédomina celle de convertir les musulmans au catholicisme à l’aide d’une méthode pacifique de persuasion qu’il appela l’Art général du savoir (Ars magna sciendi) et qu’il fit sans cesse évoluer au fil des obstacles qu’il rencontrait dans son application. Il accomplit plusieurs voyages dans le monde arabe jusqu’à périr en martyr, lapidé dans la région de Bougie. Prétendu détenteur du secret de la pierre philosophale qui transformait les métaux en or, il a laissé une masse considérable d’écrits philosophiques, alchimiques et mystiques (dont de nombreux apocryphes) qui lui valurent le titre de doctor illuminatus. Lulle fut l’un des grands inspirateurs de Paracelse.

Ses principaux écrits ont été réunis dans les :

Raymundi Lullii Opera ea quæ ad adinventam ab ipso Artem universalem, Scientiarum Artiumque Omnium Brevi compendio, firmaque memoria apprehendendarum, locupletissimaque vel oratione ex tempore pertractandarum, pertinent. Ut et in eandem quorundam interpretum scripti commentarii : quæ omnia sequens indicabit pagina : et hoc demum tempore coniunctim emendatiora locupletioraque non nihil edita sunt. Accessit huic editioni Valerii de Valeriis Patricii Veneti aureum in artem Lulli generalem opus : Adiuncto indice cum capitum, tum rerum ac verborum locupletissimo.

[Les Œuvres de Raymond Lulle qui touchent à l’art universel qu’il a inventé, en un bref abrégé de toutes les sciences et arts, de manière que la mémoire puisse s’en empare solidement, grâce au très riche discours qui les traite entièrement et sur-le-champ ; avec les commentaires qu’en ont écrits certains interprètes. La page suivante en donne le sommaire complet. Elles sont réunies pour la première fois, non sans avoir été corrigées et enrichies. {a} S’y ajoutent en cette édition : l’ouvrage général de Valerius de Valeriis, gentilhomme vénitien, {b} sur l’art doré de Lulle ; un très copieux index des chapitres, des matières et des mots]. {c}


  1. Valerio da Venezia (Giuseppe Ballardini, vers 1548-1618), moine capucin amateur d’occultisme.

  2. Le sommaire annonce six ouvrages de Lulle et ceux de six de ses commentateurs. Chacun des six livres est représenté par une roue divisée en neuf secteurs chiffrés de B à K (sans J), et introduit par une table synoptique des matières à double entrée.

  3. Strasbourg, héritiers de Lazarus Zetznerus, 1617, in‑8o illustré de 1 109 pages.

    Chacun peut s’en faire une bonne idée en feuilletant Le Fondement de l’artifice universel, de l’illuminé docteur Raymond Lulle. Sur lequel on peut appuyer le moyen de parvenir à l’Encyclopédie ou universalité des sciences, par un ordre méthodique, beaucoup plus prompt et vraiment plus facile qu’aucun autre qui soit communément reçu. Le tout fidèlement traduit au pied de la lettre, de latin en français, suivant l’intention de l’auteur, et mis en lumière par R. L. sieur de Vassi, conseiller du roi aux baillage et prevôté d’Avallon en Bourgogne (Paris, Ant. Champenois, 1632, in‑12 de 374 pages).

    V. notes [21], lettre 500, pour un exemple de la solide dialectique de Lulle, et [6], lettre 487, pour Jean Aubry, son disciple illuminé au xviie s.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 15 août 1651, note 3.

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(Consulté le 24/04/2024)

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