À Charles Spon, le 3 novembre 1651

Note [18]

Socrate chrétien, par le Sr de Balzac ; {a} et autres œuvres du même auteur. {b}


  1. Jean-Louis Guez de Blazac, v. note [7], lettre 25.

  2. Paris, Augustin Courbé, 1652, in‑8o de 542 pages.

Composé de douze discours touchant à la dévotion, à la philosophie et aux belles-lettres, le Socrate Chrétien est long de 351 pages. Balzac explique ainsi son titre dans l’Avant-propos :

« Qu’on donne donc à mon livre le nom de Socrate, ou plutôt au livre d’un homme duquel je ne suis que le copiste dans la plupart des choses que vous lirez. […] Tout ce que je pense avoir de bon, c’est que j’estime en autrui la vertu que je n’ai pas : je suis du nombre des méchants, mais je suis du parti des gens de bien. Cela étant dit, mon éloge est fait, passons à celui de l’homme qui n’est pas moi mais qui, étant mon docteur et mon ami, a voulu que je justifiasse sa modestie et la mienne en rendant raison du nom que mes autres amis ont donné à notre livre. Ce nouveau Socrate a des qualités qui lui sont communes avec l’ancien […] ; mais au je ne sais rien du philosophe d’Athènes, il ajoute le je sais Jésus-Christ crucifié de l’apôtre des Gentils, et il croit que savoir cela c’est savoir tout. »

Malgré son Apologie contre le docteur de Louvain [Jansenius], à M. de Marca, président au parlement de Pau, depuis conseiller d’État ordinaire, et nommé par le roi à l’évêché de Couserans (pages 353‑386), le Socrate chrétien n’a pas déclenché la dispute que Guy Patin prévoyait. Il doit le peu de réputation qui lui est restée au portrait mordant que Balzac y a tracé (pages 267‑268) de François de Malherbe, {a} son défunt maître :

« Vous vous souvenez du vieux pédagogue de la cour, et qu’on appelait autrefois le tyran des mots et des syllabes, et qui s’appelait lui-même, lorsqu’il était en belle humeur, le grammairien à lunettes et en cheveux gris. N’ayons point dessein d’imiter ce que l’on conte de ridicule de ce vieux docteur. Notre ambition se doit proposer de meilleurs exemples. J’ai pitié d’un homme qui fait de si grandes différences entre pas et point, qui traite l’affaire des gérondifs et des participes comme si c’était celle de deux peuples voisins l’un de l’autre et jaloux de leurs frontières. Ce docteur en langue vulgaire {b} avait accoutumé de dire que depuis tant d’années il travaillait à dégasconner la cour, et qu’il ne pouvait en venir à bout. La mort l’attrapa sur l’arrondissement d’une période, {c} et l’an climatérique {d} l’avait surpris délibérant si erreur et doute étaient masculins ou féminins. Avec quelle attention voulait-il qu’on l’écoutât, quand il dogmatisait de l’usage et de la vertu des particules ? » {e}


  1. V. note [7], lettre 834.

  2. En français.

  3. L’enjolivement d’une phrase.

  4. Malherbe mourut en 1628 à 73 ans, âge qu’il est curieux de qualifier de climatérique car il n’est pas multiple de sept (v. note [27], lettre 146).

  5. « Terme de grammaire : petit mot qui n’a qu’une syllabe ou deux, ou plus ; les articles, les interjections, plusieurs pronoms et adverbes sont des particules qu’on emploie avec grâce en toutes les langues. ; on les appelle proprement particules quand elles ne se déclinent ni ne se conjuguent point ; “ pas ” est une particule négative » (Furetière).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 3 novembre 1651, note 18.

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(Consulté le 25/04/2024)

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