À Charles Spon, les 21 et 22 novembre 1652

Note [40]

Méprise de Guy Patin : le second des neveux de la duchesse d’Aiguillon, petits-neveux du cardinal ministre, était non pas le duc, mais le marquis de Richelieu, Jean-Baptiste Amador de Vignerod du Plessis (1632-11 avril 1662), maréchal de camp. Abbé commendataire des abbayes de Marmoutier, de Saint-Benoit-sur-Loire et de Saint-Ouen de Rouen, et prieur de Saint-Martin-des-Champs à Paris (v. note [20] des Affaires de l’Université en 1650‑1651 dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris), il venait d’abandonner la soutane pour épouser, le 11 novembre 1652, Anne-Jeanne-Baptiste, filleule de la reine et de Gaston d’Orléans, l’une des huit enfants de Mme de Beauvais (v. note [12], lettre 208) et de Pierre de Beauvais, seigneur de Gentilly.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 174 ro, 11 novembre 1652) :

« Le marquis de Richelieu s’étant rendu amoureux de la petite Mlle de Beauvais, l’épousa le même jour clandestinement et coucha la nuit suivante avec elle dans le Palais-Royal, à l’insu de Mme d’Aiguillon, sa tante ; laquelle en ayant eu avis le lendemain, le fut chercher au Palais-Royal et ne l’y ayant pas trouvé, s’en retourna sans voir la reine, et l’a trouvé couché dans le Petit-Luxembourg où il lui confessa qu’il s’était laissé surprendre, mais qu’il y apporterait tel remède qu’elle jugerait à propos. Il lui avoua qu’il avait fait publier un ban à Saint-Sulpice, sa paroisse, et sa prétendue femme un autre, le 10, à Saint-Eustache, sous le nom de Jehan du Plessis sans y ajouter autre chose que la qualité de baron d’une terre que sa mère possède en Bretagne. Enfin, le 13 au matin, il monta à cheval après avoir envoyé M. le grand maître de l’Artillerie {a} à Mme de Beauvais pour lui dire qu’il ne pouvait pas persister dans le dessein de ce mariage, et sa fille savait bien qu’il ne lui avait rien fait ; celle-ci néanmoins soutient le contraire. Cependant, {b} Mme d’Aiguillon ne fait pas semblant de rien, quoiqu’elle soit bien mortifiée ; et la reine a protesté qu’elle ne l’a su qu’après la chose faite. »


  1. Armand-Charles de La Meilleraye.

  2. Néanmoins.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, les 21 et 22 novembre 1652, note 40.

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(Consulté le 28/03/2024)

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