À Charles Spon, le 1er juillet 1653

Note [6]

Pierre Bourdelot quitta la Suède le 13 juin, « pourvu de 30 000 écus, de boîtes ornées de diamants, de chaînes d’or, d’un service complet de vaisselle d’argent » (Pintard b, page 402). Christine avait aussi obtenu pour lui l’abbaye de Mussay dans le Berry, précédemment détenue par le garde des sceaux Châteauneuf. Ayant reçu du pape les dispenses nécessaires pour posséder des bénéfices, sous condition qu’il exercerait gratuitement la médecine, Bourdelot fit preuve en la circonstance d’une certaine générosité, n’hésitant pas à distribuer des remèdes aux indigents. Au retour de Condé en France, en 1659, il redevint le premier médecin du prince qui lui donna toute sa confiance. Il mourut le 9 février 1685. Les Comment. F.M.P. (tome xiv, fo 70‑71) contiennent la transcription de la lettre que Christine de Suède avait écrite à la Faculté pour lui recommander Bourdelot. Le doyen Paul Courtois en donna lecture à l’assemblée des docteurs régents le vendredi 9 janvier 1654 :

« À Messieurs les doyen et docteurs de la Faculté de médecine de Paris.

Messieurs, Je n’ai pas voulu manquer en cette occasion de vous témoigner l’estime que je fais de votre illustre Faculté, et je n’ai pas voulu laisser partir mon premier médecin sans l’accompagner du témoignage que je suis obligée de donner à la satisfaction du signalé service qu’il m’a rendu. Je crois devoir cette marque de reconnaissance à son mérite et à votre gloire, puisque c’est celle-là seulement qui pourrait récompenser dignement l’obligation que je lui ai de m’avoir sauvé la vie et de m’avoir donné la santé. Ce sont les obligations que j’ai à une personne qui a l’honneur d’être reçue parmi ceux qui composent votre Corps qui, depuis tant d’années, s’est rendu si célèbre. L’expérience m’a confirmé dans l’opinion que j’avais déjà conçue de l’excellence de votre méthode ; et mon propre exemple aurait persuadé un esprit moins {a} sceptique que le mien de l’infaillibilité de vos dogmes. Je les suivrai toujours comme des oracles de la mort et de la vie ; et la probabilité que j’y trouve me fera toujours estimer infiniment vos décrets. Le sieur Bourdelot vous entretiendra plus au long sur ce sujet. Je vous prie de lui ajouter foi lorsqu’il vous dira que je considère votre illustre Faculté comme celle à qui je dois la restauration de ma santé et de ma vie. Je confesserai cette vérité toujours et je vous en demeurerai redevable toute ma vie. De Stockholm, ce 5e juin 1653. Christine. »


  1. Sic pour plus.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er juillet 1653, note 6.

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(Consulté le 28/03/2024)

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