À Charles Spon, le 25 novembre 1653

Note [10]

Montglat (Mémoires, page 296, année 1654) :

« Le roi ayant abattu la rébellion dans son royaume et réduit le prince de Condé à se réfugier chez les Espagnols, résolut de lui faire son procès par les formes de la justice. Dès la fin de l’année passée, il avait envoyé une commission au Parlement par le chancelier {a} pour ce sujet. La qualité de prince de sang lui donnait le privilège de ne pouvoir être jugé que par le roi présent, tous les pairs de France et toutes les chambres assemblées. Pour satisfaire à cette formalité, le roi fut au Parlement le 19e de janvier, où, quand chacun eut pris sa place, les ducs de Guise, de Joyeuse, d’Épernon et le maréchal de Gramont descendirent de leurs bancs, disant qu’ils ne pouvaient opiner à cause de leur parenté ; mais le roi commanda qu’ils demeurassent et voulut, nonobstant leurs excuses, qu’ils assistassent à ce jugement. Aussitôt, ils remontèrent en leurs places ; et après que Doujat, conseiller de la Grand’Chambre, eut lu les informations, il fut ordonné que le prince de Condé serait ajourné sur la frontière pour comparaître en personne devant le roi dans son Parlement, et qu’il se mettrait dans quinzaine prisonnier dans la Conciergerie du Palais ; que tous ses adhérents seraient pris au corps, et leur procès faits, s’ils ne se représentaient dans le temps. Toutes les formalités ayant été observées, le roi retourna au Parlement le 28e de mars, où l’arrêt fut prononcé contre le prince, par lequel il fut condamné à souffrir la mort, telle qu’il plairait au roi de lui ordonner, comme étant criminel de lèse-majesté ; et qu’en attendant, il serait déchu de toutes charges, dignités et honneurs ; et que tous ses biens seraient confisqués et réunis à la Couronne. Pareil arrêt fut donné contre tous ceux qui tenaient son parti, qui furent condamnés à perdre la tête et les biens. »


  1. Séguier, v. note [35], lettre 334.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 25 novembre 1653, note 10.

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(Consulté le 28/03/2024)

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