À Hugues II de Salins, le 22 mai 1657

Note [6]

Cicéron, Lettres familières, livre vii, épître 26 :

Cum decimum iam diem graviter ex intestinis laborarem neque iis qui mea opera uti volebant me probarem non valere, quia febrim non haberem, fugi in Tusculanum : cum quidem biduum ita ieiunus fuissem, ut ne aquam quidem gustarem. Itaque confectus languore et fame magis tuum officium desideravi quam abs te requiri putavi meum. Ego autem quom omnis morbos reformido tum in quo Epicurum tuum Stoici male accipiunt, quia dicat δυσουρεκα και δυσεντερεκα παθη sibi molesta esse : quorum alterum morbum edacitatis esse putant, alterum etiam turpioris intemperantiæ.

[Voila dix jours que je souffre cruellement des intestins et, ne voulant pas laisser voir que je me portais mal à ceux qui voulaient recourir à mes services, parce que je ne suis pas fiévreux, je me suis enfui dans ma maison de Tusculum ; et j’y ai jeûné depuis deux jours si rigoureusement que je n’ai même pas bu d’eau. Ainsi accablé de langueur et de faim, j’ai plus désiré ton bon souvenir que tu n’as, je pense, besoin du mien. Quant à moi, je redoute fort toutes les maladies, surtout celle que les stoïciens reprochent à ton cher Épicure, quand il se plaint amèrement de dysenterie et de dysurie, car ils pensent que la première vient de la gloutonnerie et la seconde, d’une plus blâmable intempérance].

Guy Patin utilisait ici le mot gonorrhée dans son sens moderne d’infection vénérienne (blennorragie, gonorrhée purulente ou gonococcie, vulgairement appelée chaude-pisse, v. supra notule {c}, note [4]), et non dans celui de spermatorrhée (gonorrhée indolente ou écoulement involontaire de sperme, v. note [11] du Traité de la Conservation de santé, chapitre viii). Cicéron ne parlait que de la gêne à uriner (dysurie éprouvée par Épicure) qui est si marquée dans la gonococcie (liée à l’« intempérance ») que l’argot médical imagé la qualifie de « pisser des lames de rasoir », sans évoquer l’écoulement uréthral (« goutte matinale »). Cette maladie sexuellement transmise, due au gonocoque, est entièrement distincte de la syphilis, due au tréponème pâle, bien qu’elles puissent survenir ensemble (par double contamination).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hugues II de Salins, le 22 mai 1657, note 6.

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(Consulté le 16/04/2024)

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