À André Falconet, le 20 avril 1660
Note [15]
Pedro Tellez y Giron, duc d’Ossone (ou Ossuna, Valladolid 1579-château d’Almeida 1624), après une carrière politique et diplomatique mouvementée auprès des rois d’Espagne Philippe ii puis Philippe iii, fut nommé vice-roi de Naples en 1616. Il s’y signala par son libéralisme et ses bonnes intentions à l’égard du pauvre peuple. Parmi bien d’autres traits, sa légendaire ironie se marqua par l’historiette dont Guy Patin semblait se souvenir : {a}
« Allusion à une action mémorable du duc d’Ossone, vice-roi de Sicile et de Naples. Ce seigneur étant un jour à Naples et visitant les galères du port, eut la curiosité d’interroger les forçats ; mais ils se trouvèrent tous innocents, à l’exception d’un seul, qui avoua de bonne foi que si on lui vait fait justice, il aurait été pendu. Qu’on m’ôte d’ici ce coquin-là ! dit le duc en lui donnant la liberté, il gâterait tous ces honnêtes gens. » {b}
- Les Œuvres de M. Boileau Despréaux, avec des éclaircissements historiques donnés par lui-même, et rédigés par M. [Claude] Brossette, augmentée de plusieurs pièces, tant de l’auteur, qu’ayant rapport à ses ouvrages ; avec des remarques et des dissertations critiques. Par M. [Charles-Hugues Le Febvre] de Saint-Marc. Tome i (Paris, David et Durand, 1747, in‑8o), commentaire sur la Satire xi, vers 5‑6 :
« Entendons discourir sur les bancs des galères,
Ce forçat abhorré, même de ses confrères… »- Composées à partir de 1657, les Satires de Nicolas Boileau (v. note [62] du Faux Patiniana II‑7) ont été publiées pour la première fois en 1666. Rien n’autorise à dire que Patin connût le poète, mais ils avaient peut-être entendu la même anecdote, contée par un tiers.