À André Falconet, le 22 octobre 1660

Note [2]

En 1605, Henri de Rohan (1579-1638, v. note [16], lettre 34) avait épousé Marguerite de Béthune (1595-1660), fille de Maximilien i de Sully. De ce mariage étaient nés neuf enfants, dont un seul survécut : une fille prénommée Marguerite qui, en épousant contre la volonté de sa mère, en 1645, Henri de Chabot, donna naissance à la branche des Rohan-Chabot.

Tancrède de Rohan (1639-1649) ne fut jamais que le fils putatif du couple, un de ces êtres malheureux dont la naissance équivoque est un scandale pendant leur vie pour devenir un problème historique après leur mort. Suivant le témoignage de la duchesse de Rohan, sa mère, on cacha sa naissance dans la crainte que Richelieu ne le fît enlever pour le faire élever dans la religion catholique. La princesse Marguerite, qui passait dans le monde pour la fille unique du duc de Rohan, craignant de perdre l’immense succession de sa Maison, fit enlever en 1638 Tancrède, son frère, qui fut conduit en Hollande où il demeura chez un marchand jusqu’en 1645. Les mémoires du temps sont remplis de détails romanesques sur l’existence de ce jeune homme qui fut reconnu solennellement par la duchesse douairière pendant que sa sœur faisait rendre contre lui un arrêt du Parlement lui interdisant de se dire le fils et l’héritier du feu duc de Rohan. Lors de la Fronde, Tancrède avait embrassé le parti du Parlement et été tué dans une embuscade près de Vincennes. Tout porte à croire que Tancrède était un enfant adultérin de Marguerite de Béthune, qui ne se piquait guère de fidélité envers son mari. Il serait étrange en effet, si Henri de Rohan avait connu son existence et l’avait regardé comme son fils, qu’il n’eût point fait mention de lui dans son testament (G.D.U. xixe s.).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 22 octobre 1660, note 2.

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(Consulté le 24/04/2024)

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