À André Falconet, le 8 décembre 1665

Note [6]

La cote de la pistole passait de 11 à 10 livres, soit une dévaluation d’un peu moins de 10 pour cent. On voit bien ici la différence qu’il y avait entre la livre tournois, monnaie de compte sans support matériel, et la pistole métallique, monnaie en or d’échange et de référence.

Plus précisément, l’édit du roi prononcé en décembre 1665 portait réduction des constitutions de rentes du denier 18 (5,5 pour cent) au denier 20 (5 pour cent) :

« Ordonnons que les deniers qui seront ci-après donnés à constitution de rentes ne puissent produire par an plus haut intérêt que celui du denier 20 ; défendons à tous notaires de recevoir ou passer aucuns contrats à plus haute raison, à peine de privation de leur charge, etc., et en conséquence faisons défenses à tous juges de rendre aucuns jugements de condamnation de plus grands intérêts, sous les mêmes peines. »

Le même édit rappelait candidement qu’Henri iv avait réduit les intérêts du denier 14 (7,1 pour cent) au denier 16 (6,3 pour cent) en 1601, puis Louis xiii, du denier 16 au denier 18 (5,5 pour cent) en 1634. En 1665, le rapport des rentes de l’Hôtel de Ville (v. note [8], lettre 39) baissait ainsi du dixième, ainsi que toutes les transactions financières du royaume. L’État vivant à crédit, en accumulant les emprunts, la dévaluation était le moyen le plus efficace pour diminuer les intérêts de sa dette et retarder la banqueroute du Trésor royal.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 8 décembre 1665, note 6.

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(Consulté le 28/03/2024)

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