À André Falconet, le 17 mai 1667

Note [3]

Élisabeth d’Alençon (1646-1696), seconde fille de Gaston d’Orléans et de Marguerite de Lorraine, épousait Louis-Joseph de Lorraine, duc de Guise (1650-1671), fils de Louis, duc de Joyeuse et de Françoise-Marie de Valois, seul héritier mâle de la Maison de Guise. À Saint-Germain, le 15 mai, le roi et la reine avaient signé le contrat de mariage, puis assisté le même jour aux fiançailles et au mariage dans la chapelle du château vieux (Levantal).

Mlle de Montpensier, demi-sœur aînée de Mlle d’Alençon, a relaté son entretien avec le roi, à Amiens (20‑23 mai) sur la précipitation de ce mariage (Mémoires, seconde partie, chapitre viii, pages 45‑46) :

« Comme il n’y a que dix-sept lieues d’ici à Amiens, je m’y en allai en un jour. Le lendemain, comme le roi vint dîner, il me dit : “ Je ne vous ai point fait part du mariage de votre sœur parce que ce n’est point moi qui l’ai fait ; je n’y ai que consenti. Votre belle-mère {a} m’est venue voir pour me dire qu’elle souhaitait fort que sa fille épousât le prince Charles. {b} Je lui ai dit que les choses n’étaient point en cet état. Elle m’a répondu : Je souhaite de voir ma fille mariée devant que de mourir. Si Votre Majesté veut bien qu’elle épouse M. de Guise, je le souhaite fort. Je lui ai dit que oui. Mlle de Guise m’en est venue parler. On ne m’a rien demandé, je ne lui ai rien donné. M’en voilà quitte. ” […] On l’amena le dimanche au matin, on les fiança dans ma chambre, puis on les maria, il n’y a pas eu d’autre cérémonie. On avait si peu pourvu qu’ils n’eurent point de carreaux, {c} on alla en chercher, on ne trouva que ceux des chiens de Mme de Montespan, elle vous le contera. ” Mme de Montespan me le conta le plus plaisamment du monde, elle dit : “ J’étais dans la tribune. Quand ils se levèrent à l’Évangile et que je vis les carreaux de mes chiens ainsi honorés et servant à une telle noce, cela me fit rire. ” »


  1. La duchesse d’Orléans, veuve de Gaston.

  2. De Lorraine.

  3. Coussins.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 17 mai 1667, note 3.

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(Consulté le 19/04/2024)

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