À André Falconet, le 15 décembre 1670

Note [21]

Abraham de Wicquefort (v. note [19], lettre 402) en a parlé dans L’Ambassadeur et ses fonctions… (Amsterdam, Jan Jansson van Waesberge, 1730, tome i, livre i, section xix, page 254) :

« En < décembre de > l’an 1670, arriva à Paris un ambassadeur du roi d’Ardes {a} en Guinée. Il s’appelait Matthieu Lopès, et était âgé de 72 ans ; mais en cet âge, il ne laissait pas de se faire accompagner de trois femmes dont il avait autant de fils, et il était d’ailleurs < autrement > assez bien suivi. Lorsqu’il fit son entrée à Paris, il était dans un carrosse à six chevaux, ses femmes étaient dans un autre, et ces deux carrosses étaient suivis de ceux du roi, de la reine et des princes. Il faisait marcher à la tête de son carrosse douze Nègres, dont le capitaine sonnait du cor au lieu de trompette. Il fit habiller ses femmes et ses fils à la française, et les faisait manger en public. Il était logé à l’hôtel de Luynes et traité aux dépens du roi. La Compagnie des Indes Occidentales, qui ne se promettait pas des avantages médiocres de cette ambassade, fit faire des vestes de brocard d’or pour l’audience. {b} L’ambassadeur, en s’approchant du roi, le salua à la mode de son pays, en se couchant le ventre à terre. Il offrit au roi l’accès et l’entrée de tous les ports et havres du royaume d’Ardes ; de sorte que les Français se flattaient fort de l’espérance du riche commerce de cette côte, et croyaient posséder déjà tout l’or et tout l’ivoire du pays ; mais on n’en a point ouï parler depuis. Les singes de ces pays-là passent en malice et en infidélité ceux des Indes et de tous les autres quartiers du monde. » {c}


  1. Précurseur du Dahomey, le royaume d’Allada était centré sur la ville d’Abomey (actuel Bénin).

  2. Louis xiv accorda son audience à Mathéo Lopès le 19 décembre à Paris.

  3. Lopez repartir en Afrique à la mi-janvier 1671. Cette ambassade a amorcé la traite négrière française.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 15 décembre 1670, note 21.

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(Consulté le 19/04/2024)

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