À Thomas Bartholin, les 24 et 26 août 1662

Note [16]

François Combefis (Marmande 1605-Paris 1679), patrologue et philologue dominicain, riposta au livre du R.P. Théophile Raynaud avec la :

Recensiti auctores, bibliothecæ Patrum concionatoriæ, in iis, obiter fere insinuata, strictimque delibata Cyriacorum Immunitas, a censura ementiti auctoris, Petri de Valle Clausa. F. Franciscus Combefis, Congregationis S. Ludovici Ordinis F.F. Prædictorum strictioris observantiæ prolusit, necessariaque satisfactione reposuit.

[Censure cachée d’un auteur déguisé, Pietro della Valle, qui a critiqué les auteurs de la Bibliothèque des pères prêcheurs, et a insinué contre eux, en effleurant, rapidement et presque comme en passant, l’impunité des cyriaces {a}. François Combefis, de la Congrégation de Saint-Louis de l’Ordre des frères prêcheurs {b} de la très stricte observance, s’y est exercé et y a fait entrer ce qui est nécessaire à leur disculpation]. {c}


  1. V. supra note [15].

  2. Congrégation de jacobins (dominicains) réformés fondée à Paris en 1613, établie dans le couvent de l’Annonciation, rue Saint-Honoré.

  3. Paris, N. Foucault, 1662, in‑8o.

D’emblée, l’adresse Candido lectori [bienveillant lecteur] lève l’anonymat de Théophile Raynaud et le couvre d’opprobre :

Tantorum utraque militia religiosissimorum eruditissorumque Virorum ad me delata vota, cum primum Lugdunensi PP. S. Collegio emissus, ac partim auctore amicos donante, partim charius per submissos vendente (ut nec sordes desiderarentur) ementio nomine Petri de Valle Clausa, vero autem ac explorato, Fr. Theophili Raynaudi veterani Sodalis, Regia passim urbe, ipsaque, quanta est, Gallia, famosus in Cyricos (sic ineptienti nuncupatos, cum vellet Dominicanos) Libellus percrebuit, tantæ querelæ, iis ipsis indignantibus ac frementibus, qui ipsum pridem Theophilum colerent, ac Societate amice uterentur ; ut nec ipse dissimulare potuerim, aut non morem vel ex parte illorum sanioribus consiliis gerere, quidpiam saltem obiter, fereque desultorie velitando, dum eius, quam Deo auspice ad umbilicum perduxi Bibliothecam Patrum Concionatoriam, Auctores recenseo ; id debiti exoluens, cuius ne pridem, flatigantibus amicis, reum existimabam.

[Nombre d’éminents hommes, les plus religieux et les plus savants, des deux congrégations {a} m’ont fait part de leurs vœux, dès que le saint Collège des pères de Lyon m’eut envoyé le fameux libelle contre les cyriaces (ainsi qu’on veut stupidement y appeler les dominicains), que son auteur a répandu partout à Paris et dans la France entière, sous le nom mensonger de Pietro della Valle Clausa, qui est en vérité et sûrement celui du frère Théophile Raynaud, vétéran de la Compagnie de Jésus, à la fois pour se faire des amis, et pour en vendre plus cher les exemplaires (et pour que les acheteurs ne manquent pas de quoi se torcher). Lesdits pères, qui jadis ont vénéré ledit Théophile et l’ont aimablement mis au service de leur Compagnie, se sont tant indignés et ont tant frémi d’une si vive querelle que je n’ai pu refuser d’exécuter la volonté de la partie la plus sensée des leurs. {b} Du moins, chemin faisant et en attaquant ce père à sa manière, presque comme à la voltige, ai-je donc, avec l’aide de Dieu, parcouru entièrement la bibliothèque des frères prêcheurs, pour y relever ce qu’on écrit ses auteurs. C’est l’obligation que j’estimais devoir depuis longtemps aux amis qui me le demandaient instamment].


  1. Jésuites et dominicains.

  2. Le libelle de Théophile Raynaud, ici classé parmi les jésuites insensés, a visiblement pu contribuer à sa mise à l’écart de la Compagnie de Jésus : v. note [3], lettre 757, pour le témoignage de Balthazar de Monconys sur les curieuses circonstances de la mort du jésuite à Lyon en octobre 1663.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Thomas Bartholin, les 24 et 26 août 1662, note 16.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1240&cln=16

(Consulté le 29/03/2024)

Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.